H. Vaillant-Carmanne (p. 96-111).


II. Virgile.


La poésie française, devenue si sage avec le disciple de Sénèque, restait poésie quand même, ou du moins voulait paraître telle : et pour cela elle devait se fleurir d’images. Mais n’ayant pas l’imagination exubérante, ni un sentiment bien vif de la nature, elle devait cueillir ses plus beaux ornements dans les livres plus que dans les champs.

Par les bois et les prés les bergers de Virgile
Fêtaient la poésie à toute heure, en tout lieu[1].

Les poètes modernes se mirent à la suite de ces bergers, et depuis l’œuvre latine de Pétrarque jusqu’aux Italiens et aux Français de la période classique, ils ont répété, ou adapté à de nouveaux besoins, les dialogues de Tityre et de Mélibée et de leurs confrères en « bergerie ». Quand on eut renoncé aux ambitions épiques qu’inspirait l’Énéide autant que l’Iliade, on continua à admirer et à imiter les Églogues, et de l’Énéide elle-même on retint toujours quelques vers lapidaires, et des images poétiques. Celles-ci s’étalaient dans toutes les œuvres du poète latin en végétation luxuriante :

Et les cytises de Virgile
Ont embaumé tout l’univers[2].

On éprouvait particulièrement le besoin de recourir à un si précieux modèle, à une époque où la poésie française se sentait encore jeune et novice : Desportes, Duperron, Bertaut le traduisent, et même « feu M. le cardinal du Perron disoit souvent que nos rois devroient proposer un prix à diverses personnes de capacité choisie pour traduire à l’envi les plus dignes orateurs et poètes latins, sur tous Virgile ; étant d’un effet très fructueux à l’enrichissement de notre langue, d’essayer à colleter celle qui la surpasse, et la colleter en l’écrivain qui surpasse ses compagnons[3] ».

Malherbe et ses amis connaissaient trop la poésie latine pour ne pas se souvenir souvent du classique dont on apprenait les vers par cœur : quand Balzac et d’autres viennent, après la mort tragique de son fils, l’engager à accepter le dédommagement offert par les meurtriers, ils se souviennent du vieil Évandre, et appellent l’offre faite

solatia luctus
Exigua ingentis, misero sed debita patri
[4].

Malherbe lui-même cite ou adapte des vers de l’Énéide et des Églogues dans ses lettres à Peiresc et à Colomby, et dans son commentaire sur Desportes[5] ; il reconnaît un vers de Virgile que Sénèque citait sans indiquer l’auteur[6], et il a souvent l’occasion, comme nous l’avons vu, de mettre, au cours de sa traduction, des vers latins en vers français. Il n’admirait pas sans réserve le grand poète latin, il ne lui donnait même pas la première place[7] : cela ne l’a pas empêché de s’en souvenir et de s’en servir.

Et reprendre Homère et Virgile
Cela se peut facilement :
Mais bien qu’il soit d’avis contraire,
De croire qu’il puisse mieux faire,
Cela ne se peut nullement.

Ainsi disait Berthelot de Malherbe : celui-ci a souvent essayé de « faire » comme Virgile, et il a parlé des rois de France comme le poète latin faisait parler les personnages de ses Églogues. C’était déjà la mode chez les poètes français du XVIe siècle, et aussi chez les Italiens, et depuis les Henriot et les Margot des Églogues de Ronsard, jusqu’à Marie-Antoinette qui joue à la bergère, la houlette et les brebis ont été la poésie de la royauté. Malherbe a, comme tout le monde, chanté sur tous les tons :

Houlette de Louis, houlette de Marie[8].

Pour célébrer la régence de la reine mère, il peint la France d’après le modèle de la première Églogue :

Rien n’y gémit, rien n’y soupire
Chaque Amarille a son Tityre,
Et sous l’épaisseur des rameaux,
Il n’est place où l’ombre soit bonne,
Qui soir et matin ne résonne
Ou de voix, ou de chalumeaux[9].

Dans le Ballet de Madame, — la pièce que Malherbe préfère entre toutes ses œuvres — les grands personnages ont tous des noms d’églogue : « la grande bergère », Pan, Mopse[10] ; et le suprême éloge des « travaux » de Louis et de Marie est ainsi exprimé :

Sont-ce pas des effets que même en Arcadie,
Quoi que la Grèce die,
Les plus fameux pasteurs n’ont jamais égalés ?[11]

Malherbe n’avait pas seulement ces préoccupations bucoliques dans les « récits de bergers » dont on lui demandait les paroles pour les ballets royaux ou princiers : il prenait goût lui-même aux « bergeries » : « Un jour ils s’entretenoient Racan et lui de leurs amours qui n’étoient qu’amours honnêtes, c’est-à-dire du dessein qu’ils avoient de choisir quelque dame de mérite et de qualité pour être le sujet de leurs vers… Le plaisir que prit M. de Malherbe en cette conversation lui fit promettre d’en faire une Églogue, ou entretien de bergers, sous les noms de Mélibée pour lui et Arcas pour Racan, et je me suis étonné qu’il ne s’en est trouvé quelque commencement dans ses manuscrits, car je lui en ai ouï réciter près de quarante vers[12] ». Ainsi Malherbe s’exerçait lui-même dans le genre où devait briller son élève Racan. Dans les plus belles des stances où il célébrait le roi ou la reine, il se souvenait, sinon des bergers de Virgile, du moins de leurs paroles, et il promettait d’après le poète d’Auguste la félicité à son prince. L’Églogue IV surtout, dans laquelle on révérait l’annonce d’une rénovation du monde, a été pour lui une réserve précieuse d’éloges fleuris et de promesses hyperboliques. Quand il dédie les Larmes de Saint-Pierre à Henri III, il applique à celui-ci l’antithèse que l’Églogue appliquait au

nascenti puero, quo ferrea primum
Desinet ac toto surget gens aurea mundo
[13] :

Henri, de qui les yeux et l’image sacrée
Font un visage d’or à cette âge ferrée[14].

Il applique surtout les souvenirs de l’Églogue quand il doit annoncer un brillant avenir. Déjà Ronsard et Régnier, comme le chantre de Marcellus, et comme d’ailleurs tous les anciens qui ont décrit l’âge d’or, promettaient à leurs rois que « les chênes durs sueraient la liqueur rousse du miel épais[15] ». Malherbe promet à ses maîtres non seulement la conquête de Memphis, du Gange, et d’autres encore, mais aussi les miracles virgiliens : sous la reine mère on verra

sans l’usage des charrues
Nos plaines jaunir de moissons[16].

C’est plus même que n’en disait Ronsard[17], et ce n’est pas tout. Un autre jour, prophétisant encore, Malherbe écrivit :

Tout y sera sans fiel, comme au temps de nos pères,

puis, se ressouvenant du fameux vers :

Occidet et serpens et fallax herba veneni[18],

il corrigea en ces termes :

Tous venins y mourront comme au temps de nos pères,
Même ceux des vipères,
Et l’aconite bu n’empoisonnera pas[19].

Ce n’était pas encore assez beau ; et pour faire une promesse bien symétrique, le patient versificateur écrivit enfin :

Et même les vipères
Y piqueront sans nuire, ou n’y piqueront pas.

Il trouve aussi dans l’Églogue IV la formule de la suprême abondance : Omnis feret omnia tellus, et la rend en un alexandrin :

La terre en tous endroits produira toutes choses.

Puis, frappé sans doute de cette idée, il la développe avec plus d’empressement que de logique :

Tous métaux seront or, toutes fleurs seront roses,
Tous arbres, oliviers,
L’an n’aura plus d’hiver, le jour n’aura plus d’ombre,
Et les perles sans nombre
Germeront dans la Seine au milieu des graviers[20].

Ménage lui-même devait convenir qu’« ainsi la terre en tous endroits ne produiroit pas toutes choses[21] », et Balzac n’a pas perdu cette occasion de se moquer de son maître : « Je ne suis pas de l’opinion de notre Malherbe… Je n’ai nul sujet de vouloir mal aux œillets, aux violettes, aux tulipes et aux lys particulièrement[22] ». Ce n’est vraiment qu’à la pauvreté d’imagination de Malherbe qu’il fallait vouloir mal : une fois qu’il ne raisonne plus, le sage Normand n’est plus à l’aise. Il a beau copier Virgile, les fleurs qu’il y cueille trouvent dans son esprit sensé un terrain trop ingrat : l’hyperbole elle-même s’y déforme, quand le poète doit parler à vide, et qu’il n’est pas soutenu par un sujet plus grave qu’un récit de berger, et par des événements plus importants qu’un ballet. Il en était autrement quand, ayant à parler des victoires de Henri IV et des espérances que donnait le règne naissant, le poète officiel avait de lointaines et discrètes réminiscences de l’Églogue IV, n’en retenant que les idées applicables à la France, et les voyant, comme il faisait celles de Sénèque et d’Horace, à travers le monde moderne. La Prière pour le roi allant en Limousin présente des analogies avec l’Églogue, et Malherbe n’a pas eu. besoin de faire des efforts pénibles pour ressembler au poète latin. L’éloge du prince est amené de la même façon des deux côtés :

… quae sit poleris cognoscere virtus (v. 26) :
<quiconque…>… il peut assez connoître
Quelle force a la main qui nous a garantis[23].

Le triste passé n’est pas encore complètement effacé : manent sceleris vestigia nostri (v. 13) :

… ces objets qui des choses passées
Ramènent à nos yeux le triste souvenir[24].

Mais la méchanceté qui reste est impuissante (vestigia… irrita), et Malherbe peut parler des « vaines fureurs ». Le roi

…qui si dignement a fait l’apprentissage
De toutes les vertus propres à commander…
.................
À nous donner la paix a montré son courage,

et il réalise en quelque sorte ce que Virgile promettait au jeune prince :

Pacatumque reget patriis virtutibus orbem (v. 17).

Le bonheur promis n’a pas besoin d’hyperboles merveilleuses, c’est un bien dont on regarde déjà l’accomplissement comme une réalité prochaine :

Toute sorte de biens comblera nos familles[25].

La fertilité de la terre n’est pas décrite avec l’exubérance virgilienne[26], mais elle en garde certaines traces :

La moisson de nos champs lassera les faucilles[27],

et comme chez le poète ancien[28] la nature se surpasse elle-même :

Et les fruits passeront la promesse des fleurs.

Les termes classiques : cingere muris oppida… telluri infindere sulcos (v. 32 et 33) sont appliqués avec infiniment d’à propos au royaume de Henri IV :

La terreur de son nom rendra nos villes fortes,
On n’en gardera plus ni les murs ni les portes…
Le fer mieux employé cultivera la terre.

Malherbe met dans l’avenir du dauphin autant d’espoir que Virgile dans celui de Marcellus :

Hinc, ubi jam firmata virum te fecerit aetas (v. 37)… :

Cependant son Dauphin, d’une vitesse prompte,
Des ans de sa jeunesse accomplira le compte[29].

Une gloire plus qu’humaine est réservée à l’un comme à l’autre :

Ille deum vitam accipiet, divisque videhit

Permixtos heroas, et ipse videhitur illis (v. 15 et 16) : de même le dauphin

De faits si renommés ourdira son histoire
Que ceux qui dedans l’ombre éternellement noire
Ignorent le soleil, ne l’ignoreront pas :

« pensée payenne de la gloire, indécente, disait Lefebvre de Saint-Marc, dans une pièce où l’on adresse la parole à Dieu, et où l’on parle d’un prince chrétien[30] » : ce qui montre que la théologie de Malherbe reste un peu, malgré tout, celle de Virgile. À part cette inconséquence de l’idée payenne de la gloire dans une poésie en forme de prière, la poésie virgilienne (si tant est qu’elle ait agi directement) n’a donné à la Prière pour le roi allant en Limousin rien que l’auteur n’ait admirablement approprié à son sujet : et ainsi « ces visions fraîches qui passent sur un fond d’épopée[31] » reflètent peut-être discrètement et avec bonheur le décor enchanté de la fameuse Églogue.

Si le poète politique, en Malherbe, a toujours une certaine grandeur et utilise avec succès les souvenirs classiques, il n’en est pas de même du poète amoureux ou élégiaque. Dans ce dernier rôle, il est aussi gauche qu’un berger qui aurait une cuirasse sous sa houppelande, et il. ne voit les fleurs que comme elles sont décrites dans les livres anciens. Déjà dans les Larmes sur la mort de Geneviève Rouxel, il parlait de

la pourprée fleur
Qui prend du sang d’Adon le suc et la couleur[32],

et quand il se fait l’entremetteur de Henri IV dans ses stances pour Alcandre, il reprend encore

Les herbes dont les feuilles peintes
Gardent les sanglantes empreintes
De la fin funeste des rois[33],

puis il exprime la douleur d’Alcandre selon la formule classique :

Et ce que je supporte avecque patience,
Ai-je quelque ennemi, s’il n’est pas sans conscience,
Qui le vît sans pleurer[34] ?

Comme tout cela reste vain, Alcandre se consume de souffrance et n’a plus « que les os et la peau », comme dira La Fontaine ; Malherbe exprime cela bien plus savamment. Tandis que Ronsard et Desportes disaient qu’ils n’avaient plus que les os[35], ou qu’ils avaient la peau collée sur les os[36], Alcandre fleurit sa maigreur d’une image virgilienne :

Aussi suis-je un squelette,
Et la violette
Qu’un froid hors de saison
Ou le soc a touchée
De ma peau séchée
Est la comparaison[37].

Cette image, Malherbe l’affectionne. Quand, après la mort du roi, il décrit la douleur de la reine, en des vers si laborieux qu’ils n’étaient pas finis au bout de dix-huit ans, il recourt aux hyperboles les plus extravagantes[38] et encore une fois à la comparaison classique :

Et sa grâce divine endure en ce tourment
Ce qu’endure une fleur que la bise ou la pluie
Bat excessivement[39].

Il s’en sert aussi pour faire dire à Étienne Puget qui regrette la mort de sa femme :

Comme tombe une fleur que la bise a séchée,
Ainsi fut abattu ce chef-d’œuvre des cieux[40].

Dans tous ces vers il se souvient évidemment de ses auteurs français, italiens et surtout latins. En effet, l’Énéide, comme au reste déjà l’Iliade, comparait le guerrier blessé à la fleur déchirée ou flétrie, et les vers latins présentent tous les termes que Malherbe utilise avec tant d’empressement : ainsi Euryale, percé d’un coup d’épée, s’affaisse, ensanglanté

Purpureus veluti cum flos succisus aratro
Languescit moriens, lassove papavera collo
Demisero caput, pluvia cum forte gravantur
[41] ;

et le jeune Pallas — dont Balzac et ses amis se souvenaient à la mort du jeune Malherbe — est représenté

Qualem virgineo demessum pollice floreno,
Seu mollis violae, seu languentis hyacinthi
Cui neque fulgor adhuc, necdum sua forma recessit[42].

Cette image — qu’il ne faut pas toujours confondre avec celle, aussi répandue, de la brièveté de l’éclat des fleurs et de la vie humaine — on la retrouve chez les poètes de tous les temps, chez Pétrarque[43], chez le Tasse parlant d’Armide[44], dans les Amours de Marie[45] et dans bien d’autres sonnets de Ronsard. Elle est même souvent appliquée au même sujet, et Brizeux, plein de réminiscences virgiliennes, appelle encore Louise, morte « à sa quinzième année » :

Fleur des bois par la pluie et le vent moissonnée[46].

Seulement, cette image est amenée chez les divers écrivains par des raisons diverses. Chez les uns, elle est l’expression spontanée d’une imagination fleurie ; chez les autres, elle est le ressouvenir des classiques, utilisé tantôt avec un sentiment réel de la nature et de l’art, tantôt avec la complaisance d’un versificateur heureux de faire une belle description, comme Desportes quand il montre Damon blessé

Comme un bouton de rose en avril languissant,
Qui perd sa couleur vive, alors que la tempeste
Ou l’outrage du vent lui fait baisser la teste ;
Ou comme un jeune lys, de la pluye aggravé.
Laisse pendre son chef, qui fut si relevé[47].

Malherbe, lui, n’a guère d’imagination, il n’aime pas non plus la nature :

Il y devient plus sec, plus il voit de verdure,

et s’il parle des fleurs à tout propos, ce n’est pas pour le plaisir de les décrire, mais uniquement pour remplir ses vers. Toutes ces pièces qu’il écrit sur commande, il les fait avec lenteur, avec effort, cherchant dans tous ses souvenirs « un trait qui lui paraîtra triable ». Il n’est pas étonnant qu’il ait été parfois si gauche. Sainte-Beuve, écrivant à un âge où il était encore tout plein de ses études latines et de sa double rhétorique, disait de Millevoye mourant : « Il incline la tête, comme fait la marguerite coupée par la charrue, ou le pavot surchargé par la pluie[48] ». Il mettait « la marguerite » parce qu’il avait regardé les champs : Malherbe ne regarde que les livres et le Louvre, et fait rimer « violette » à « squelette ».

Virgile présentait en outre, dans « son langage qui est tout épigramme[49] », bien des vers lapidaires et des pensées fines dont les poètes classiques, et surtout Racine, devaient faire leur profit.

Mais c’est à Horace plus qu’à Virgile, nous allons le voir, que Malherbe demandait les vers bien frappés et les pensées profondes. Il a encore bien des images et des fictions qu’on trouve déjà dans l’Énéide ou les Églogues ou les Géorgiques : « la discorde aux crins de couleuvres[50] », les fleuves considérés comme des êtres cornus[51], les vents messagers des amants[52], la comparaison de l’Alphée[53], reprise encore par Voltaire ; les soleils pour les jours[54] tournure déjà familière à Ronsard, le souvenir de Mycènes[55] et d’autres. Mais tous ces éléments sont aussi bien ceux de toute la poésie antique et de la renaissance. Si l’on peut en dire autant des bergers et des images poétiques, il n’en est pas moins sûr que Malherbe connaissait les bergers et les images de Virgile, et l’on a vu ce que tout cela devenait chez lui. La poésie bucolique a pu mettre un peu de fraîcheur dans les grands vers où Malherbe était soutenu par l’importance du sujet politique, mais quand le poète cherche dans ses souvenirs ce qu’il doit dire, il ne manie pas très habilement la greffe virgilienne, et à cet égard il sent moins bien que Ronsard le « naturisme » et l’art descriptif de la poésie antique.

  1. A. de Musset, Idylle (Poésies nouvelles, p. 122).
  2. Sully-Prudhomme, Stances et Poèmes, I, p. 8.
  3. Mlle De Gournay, Dédicace au roi des Versions de Virgile (1619), cf. Ch. Urbain, Nicolas Coeffeteau, p. 263, et G. Grente, Jean Bertaut, p. 269 sqq. — C’est encore pour lire Virgile que Catherine de Vivonne eut un moment l’idée d’apprendre le latin (voy. G. Lanson, Littérature française et littérature espagnole au XVIIe siècle, dans la Revue d’histoire littéraire de la France, 1896, p. 49).
  4. Virg., Énéide, XI, 63. Balzac, Entretien XXXII.
  5. Malh., II, 112, 484, IV, 77, 377, 468. Une sentence de Virgile se trouve même adaptée (Malh., III, 34) de façon à faire, comme dira un Malherbe policé,
    Au latin dans les mots braver l’honnêteté.
  6. Malh., II, 241. Sénèque, De Benef., VII, 23.
  7. C’est au point que Racan (Malh., I, LXX) ne le mentionne même pas dans la liste des Latins que son maître « estimait ». — Malherbe reprenait en Virgile l’expression Euboïcis Cumarum allabitur oris : « C’est comme si on disoit : aux rives françaises de Normandie ». (Arnould, Anecdotes inédites sur Malherbe, p. 37 ; Racan, p. 59). — Virgile était du reste appris par cœur au XVIIe siècle (Mennung, Sarasin’s Leben u. Werke, t. I, p. 25).
  8. Malh., I, 229. — Ménage (éd. de Malh. avec commentaire, p. 529) « a ouï dire à Racan que Malherbe sur la fin de ses jours préféroit cette pièce à toutes ses autres ».
  9. I, 215.
  10. i, 231 et 232. Pan est le maréchal d’Ancre. Mopsus est le nom d’un berger de Virgile, et aussi, du reste, de deux devins ; un personnage du même nom figure dans l’Aminte de Tasse, dont Malherbe s’est peut-être souvenu plus que de Virgile ; — et son Arcadie se ressent probablement de celle de Sannazar.
  11. i, 229. Cf. Virg., Égl. IV, 58 et 59 :
  12. Racan, l. c., p. LXXXVI.

    Pan etiam Arcadia mecum si judice certet,
    Pan etiam Arcadia dicat sejudice victum.

  13. Égl. IV, v. 8 et 9.
  14. Malh., I, 5.
  15. Ronsard (éd. Blanchemain), t. IV, p. 79. Régnier, Satire I, v. 27-30. Virg., Égl. IV, v. 30 : Et durae quercus sudabunt roscida mella. De même Ov., Met., I, 112.
  16. Malh., I. 215. cf. Virg., Égl. IV, 28 et Ov., Met., I, 110.
  17. « Le froment jaunira par leurs blondes campagnes. » (Rons., IV, 25.)
  18. Virg., Égl. IV, 24.
  19. Malh., I, 232. « Aconite » pour : poison en général se trouve aussi dans Virgile, et dans (Ov., Met., I, 147), et dans Ronsard (t. IV, p. 24).
  20. Malh., I, 232-233.
  21. O. c., p. 532.
  22. Entretien V, chap. 2.
  23. Malh., I, 70.
  24. id., I, 71.
  25. id., I, 73.
  26. Molli paulatim flavescet campus arista (Égl. IV, 28).
    Non rastros patielur humus, non vinea falcem
    (IV, 40).

  27. Sur l’influence de ce passage sur Racan, voy. Arnould, Racan, p. 158, n. 2.
  28. Ipsa tibi blandos fundent cunabula flores
    ...............
    Incultisque rubens pendebit sentibus uva.

  29. Malh., I, 74. La Prière de Malherbe compte exactement le double de vers de l’Églogue : 126 (Égl. 63).
  30. Poésies de Malherbe, éd. Saint-Marc (1757), p. 448.
  31. Brunot, l. c., p. 54.
  32. Gasté, La jeunesse de Malh., p. 45.
  33. Malh., I, 151 : cf. inscripti nomina regum flores dans les vers 106 de l’Églogue III de Virgile, dont Malherbe cite le vers 103 dans son commentaire sur Desportes (IV, 468) : « Si quelqu’un me démêle ceci, erit mihi magnus Apollo. »
  34. Quis talia fando
    Myrmidonum Dolopumve aut duri miles Ulyssi
    Temperet a lacrymis ?

    (Énéide, II, 6-8).
  35. Je n’ay plus que les os, un squelette je semble…

    Ronsard, t. VII, p. 312.
  36. Desportes, éd. Michiels, p. 493.
  37. Malh., I, 164.
  38. Les pleurs de la reine,
    C’est la Seine en fureur qui déborde son onde
    Sur les quais de Paris (I, 479).

    De même déjà la mère de Geneviève Rouxel « épuisait son cerveau en un ruisseau de pleurs » (Gasté, o. c., p. 43), et une Consolation retrouvée dans l’exemplaire de Martial de Malherbe (Bourrienne, o. c., p. 195) dit que consoler la personne éprouvée c’est affronter l’orage de la mer Égée. C’était là une tradition poétique qui remontait à la Pléiade (Du Bellay, Olive, sonnet 95 ; Chamard, J. Du Bellay, p. 187) et à l’Italie.

  39. Malh., I, 179.
  40. id., I, 223.
  41. Énéide, IX, 434-436. On a encore voulu voir une réminiscence de ce passage dans les vers de Hérédia (Hist. de la l. et de la litt. fr. de Petit de Julleville, t. VIII, p. 44).
  42. Énéide, XI, 63.
  43. Come fior colto (Pétrarque, In morte di Madonna Laura, canz. III, pièce 6, v. 10).
  44. Jérusalem délivrée, chant XX, CXXVIII, v. 5 et 6 :

    Ella radea quasi fior di mezzo inciso
    Piegando il lento collo : ei la sostenne.

  45. Sonnet :

    Comme on voit sur la branche… :
    Mais batue ou de pluye ou d’excessive ardeur…

    Cf. Ronsard, t. I, p. 36 :

    Comme un beau lys, au mois de juin, blessé
    D’un rais trop chaud, languit à chef baissé,
    Je me consume au plus vert de mon âge.

    C’était du reste le lieu commun le plus rebattu de la poésie française du temps de Malherbe.

    Une grande quantité de ces images ont été groupées par M. H. Guy, Mignonne, allons voir si la rose… Réflexions sur un lieu commun (Bordeaux 1902).

  46. Brizeux, Marie, La chaîne d’or (Le convoi de Louise). Brizeux est imprégné de souvenirs de Virgile, ce qui s’explique par son éducation (v. Souriau, Les cahiers d’écolier de Brizeux, 1904). Sur l’image de la rose, voir plus loin le chap. VIII : Sources françaises.
  47. Desportes, éd. Michiels, p. 318.
  48. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. I, p. 410.
  49. Montaigne, Essais, III, 5.
  50. Malh., I, 186 ; cf. Énéide, VI, 280.
  51. id., I, 93 et 110. Énéide, VIII, 77.
  52. id., I, 169.
  53. id., I, 114.
  54. id., I, 58.
  55. id., I, 33. Le souvenir de Mycènes, Malherbe l’aurait aussi bien trouvé dans Sénèque (Malh., II, 517).