Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/14

(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 60-62).


XIV

LES DEUX ÉLITES


Eurydice, ma tourterelle, tu as raison de regarder sympathiquement Orphée et Bathylle.

Gorgophone et Pasiphaé sont de folles Bacchantes : Briséis a bien fait de les retenir et j’approuve Kléobuline qui les a fouettées d’orties, car elles allaient commettre un attentat contre nous-mêmes.

N’arrachons point les yeux aux jeunes hommes qui s’entrebaisent.

Loin de les déchirer, sourions franchement à leurs lèvres jointes. Ils sont nos frères et nos alliés. Favorisons leur secte, encore trop peu nombreuse.

Nos voisins Orphée et Bathylle ont l’air charmant. Si vous les rencontrez, Ismène et toi, ô sage Eurydice, ne refusez point une brève promenade, en couples parallèles, n’ayez pas peur de causer musique et poésie.

Que le bétail humain croisse et multiplie ! Hellas a besoin de guerriers pour chasser les Turcs.

Mais Sapphô veut que deux élites — les jouvenceaux d’un côté, les adolescentes de l’autre — cultivent, chacune à sa façon, dans une stérilité créatrice, la résurrection de l’idéal Androgyne.