Les doctrines chimiques en France du début du XVIIe à la fin du XVIIIe siècle/Table

TABLE DES MATIÈRES


SECTION PREMIÈRE :
La doctrine chimique avant Lémery.


CHAPITRE PREMIER


C. Analyse du cours de Béguin. — But pharmaceutique de la science. — Sa théorie chimique. — Comment les principes des chimistes peuvent être hétérogènes, sans être incompatibles avec les éléments du médecin. — Leur réelle signification. — Chacun d’eux est le symbole abstrait d’une classe de corps. — Impossibilité de les obtenir purs, le laboratoire de Béguin ressemble à une cuisine — Ses connaissances expérimentales. — Il s’intéresse aux remèdes d’origine métallique. 
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G. Analyse du cours de Lefèvre. — Il nous guide dans une métaphysique spiritualiste qui domine sa doctrine chimique. — Problème méthodologique posé. — La chimie est-elle une science ou un art ? Quel est son objet ? Doit-elle être spéculative ou expérimentale. — Rapport entre la théorie et l’expérience. — Comment la théorie éclaire la pratique. — L’esprit universel et incorporel dont tous les corps sont des modifications spécifiées par des ferments. — Des possibilités contenues en cet esprit. — Son origine date de la création. — La nature ne peut ni le détruire ni le créer. — Aussi le chimiste n’observe que des transformations. — Les ferments sont mal définis et leur action peu claire. — La décomposition des mixtes. — Les cinq principes découverts par le sens. — Ces principes existaient dans le mixte et ne viennent pas de la transmutation de cette substance. — Les propriétés spécifiques des cinq principes. — Opposition des opinions chimiques et péripatéticiennes. — Et discussions de leurs arguments. — Les éléments étudiés en tant que constituant l’Univers. — Application des théories. — Généralités sur les mixtes animaux, végétaux, minéraux. — La transmutation des corps, et par conséquent des métaux est possible. — La méthode opératoire. 
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H.Glaser est un disciple de Lefèvre, mais il insiste plus sur la technique chimique que sur la théorie métaphysique. — Il signale des difficultés dans la nomenclature et même dans les concepts d’esprits et de soufre. — Examen des procédés de la chimie. — Des instruments chimiques. — Des opérations chimiques. — Quelques exemples d’expériences. 
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I. Le cours de Thibault vise à l’empirisme et à la pratique. — Description du laboratoire et des manipulations. — Des instruments du feu. — Exemples d’expériences. — Dans ces explications et raisonnements il se réfère à des théories que nous ignorons et sous prétexte d’empirisme il ne nous en livre que les conclusions extrêmes. 
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J. Un mot sur le cours de Malbec de Tressel qui désire défendre l’ancienne chimie contre la philosophie corpusculaire. — Les cours de chimie analysés ne contiennent pas toute la philosophie chimique de l’époque. — Autres travaux. — Comment la philosophie corpusculaire aspire à la possession de la chimie. — Apparente indépendance de l’œuvre de Lémery. — Travail classique. — Il est immédiatement accessible. — Il n’exige de notre imagination qu’un effort dans le même sens. — Toutefois le vainqueur a assimilé le vaincu. — Pour nous en rendre compte il faudra suivre l’évolution de chapitres spéciaux. 
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CHAPITRE II


L’évolution du règne métallique d’après les alchimistes du xviie siècle 
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A. Rôle de la philosophie des métaux dans la théorie chimique au xviie siècle. — Un grand nombre de chercheurs s’adonnaient au perfectionnement des métaux, à leur transmutation en or. — Ils continuaient malgré les échecs répétés à se lancer dans la même voie. — Passions accessoires qui contribuaient à maintenir leur état d’esprit. — Motif principal : leur attitude était appelée par la théorie scientifique alors admise. 
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B. Les métaux forment une classe naturelle de corps. — Leurs similitudes et leurs différences. — Analogies établies par les anciens entre les astres errants, les métaux et les parties du corps humain. — Théorie médicale qui s’y rapporte. — Scepticisme des principaux chimistes en ce qui concerne cette astrologie. — Les effluves du soleil mûriraient cependant les métaux. — Ces différents êtres sont un même corps à des stades différents de sa formation. — La transmutation a donc une tendance naturelle à se produire, comme un fruit a une tendance à mûrir, elle rencontre cependant certaines résistances. — C’est pour paralyser cette résistance et laisser la nature agir que le chimiste travaille. — Vue d’ensemble sur la doctrine. 
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C. Les moyens d’action des alchimistes. — Dissertation sur l’obscurité de ces auteuts. — Ce qu’il y a de commun dans leurs procédés. — Usage d’un ferment ou pierre philosophale qui communique à l’or la propriété de se multiplier ou de se nourrir. — Spécificité de la semence d’or. — Comparaison entre elle et celle des animaux ou des plantes. 
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D. Si les métaux ont une forme spécifique, la transmutation est-elle possible ? Oui, disent les alchimistes, les espèces vivantes ne sont pas fixes et varient constamment. — Les diverses correspondances établies par les alchimistes entre la vie des êtres organisés et la transmutation des métaux sont-elles conciliables entre elles ? Elles n’ont pas la même valeur. — La première suggère l’art alchimique, la deuxième établit sa possibilité, la troisième exprime qu’il n’est pas logiquement absurde. — Opinion du chimiste Lefèvre sur la théorie alchimique. 
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E. Les hypothèses générales sur la constitution chimique des métaux. — Examen des théories qui, au lieu d’isoler les métaux, les trouvaient semblables aux autres corps de l’univers. — Elles s’accordent à admettre que la transmutation des métaux est logiquement possible et en fait irréalisable. — Les chimistes mécanistes pensèrent d’ailleurs rapidement que la figure de la particule d’un corps permet de déduire ses propriétés. — Incompatibilité de la philosophie mécanique avec la doctrine hermétique. — Cette dernière est considérée comme une superstition. 
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F. Doctrines spéciales aux alchimistes sur la composition des métaux. — Ils sont formés de deux substances : le soufre et le mercure. — Peu à peu le mercure devint le seul constituant fixe des métaux. — Les différences entre les différents métaux proviennent d’impuretés accidentelles, bu de corps spéciaux caractérisant chacun d’eux. — Effondrement du théorème primitif sous le poids des doctrines accessoires. — On ne comprend plus le principe alchimique. 
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G. La doctrine alchimique n’a jamais été admise par l’unanimité des savants. — Elle fut victorieusement attaquée au xviie siècle par la philosophie cartésienne qui proclamait l’éternelle similitude du monde matériel. — Le concept de perfection de l’or devient inintelligible. — En dehors de son théorème fondamental, l’alchimie ne présentait aucune construction solide, de là son manque de résistance. — Les lacunes de notre exposé d’ensemble. — Comment cette doctrine a persisté, en sous-courant, jusqu’à nos jours. — A-t-elle joué un rôle bienfaisant dans la formation de la science ? — Exposé du problème que l’historien livre au philosophe. 
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CHAPITRE III


Aperçu des principales théories émises par les iatro-chimistes 
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A. L’anarchie intellectuelle du début du xviie siècle. — Grand nombre d’hypothèses émises. — Comment chacune d’elle aspire à remplir le champ de la pensée humaine. — Comment leur éclosion simultanée les empêche de s’imposer et de dominer leurs rivales. — Impossibilité de fournir une classification rationnelle des hypothèses dues à la liberté d’interprétation de la Nature. — Origines diverses de leurs fondations. — Méthode arbitraire de rangement pour faciliter la lecture de leurs exposés. 
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B. Malgré leurs affirmations orgueilleuses, les savants de la Renaissance subissent l’influence de la tradition. — Exemple de Paracelse. — Il introduisit la chimie dans la médecine et se moque du déterminisme astrologique. — Il établit cependant une liste de correspondances entre les astres errants et les parties de notre corps, d’où une manière toute nouvelle de se représenter l’homogénéité du monde — L’on établit ensuite des analogies entre des corps quelconques ayant entre eux n’importe quelle ressemblance. — Évolution historique des doctrines, conforme à leur évolution logique. — Exemples tirés des paracelsistes médecins et chimistes. — Comment dans certains cas l’influence de Paracelse et celle du néoplatonisme peuvent se rejoindre et s’additionner. — Considérations générales sur les doctrines analogiques. — Elles excitent l’esprit humain au travail mais sont incapables de satisfaire entièrement notre raison. 
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C. Grande renommée passagère de Van Helmont. — Caractères principaux de sa philosophie. — Analyse sommaire de son œuvre. — Point de vue négatif. — Réaction contre les théories d’Aristote et de Galien enseignées dans les écoles. — Réaction contre le déterminisme astrologique. — Comment la philosophie de Van Helmont tend en conséquence à se réduire à une chimie. — Point de vue positif. — Van Helmont prend comme base de ses doctrines les affirmations de la Genèse, les illuminations de son esprit et les constatations faites au laboratoire. — Comment la science est révélée au savant. — Discussion de la théorie des quatre éléments. — Discussion de la théorie des trois principes. — Les corps créés n’ont qu’un principe matériel et ce principe matériel est l’eau. — Preuve de cette assertion — Les corps soumis à l’action de la liqueur alcahest sont tous transmués en eau. — Considérations sur l’alcahest. — La spécification des différentes substances est due à l’action de ferments spirituels. — Comment ces ferments peuvent condenser la matière de l’eau et faire varier sa densité. — Conservation de la quantité de matière. — L’air est intransmuable en eau ; c’est un corps simple, lieu des trans formations physiques. — Les fluides aériformes ou Gaz ne sont pas de l’air mais ils sont dus à une atténuation de la matière universelle ou eau, — Quelques mots sur les gaz. — Remarque sur l’homogénéité de la doctrine. 
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D. L’influence de Van Helmont. — Il est difficile de la déterminer exactement. — L’alliance préconisée entre la Bible et l’expérience a provoqué jusqu’au milieu du xviiie siècle l’apparition de nombreux ouvrages qui débordent de beaucoup la science chimique. — L’attaque des doctrines de l’École a préparé le terrain où s’est développée la philosophie mécanique. — Comment Borrichius a interprété librement cette théorie que l’eau est la seule matière des corps. — Comment Boyle l’a traduite dans le langage corpusculaire. — Comment la recherche de l’alcahest a-t-elle été considérée par les chimistes ? — Boyle reconnaît que cette liqueur est une promotion de la théorie. — Certains chimistes ont confondu ce corps merveilleux avec la pierre philosophale ou avec la panacée universelle. — La philosophie mécanique a ôté au concept d’alcahest toute sa signification. — Un mot sur l’influence des autres idées de Van Helmont. — Sa théorie du feu et de la combustion fait réfléchir les chimistes. — Développement de la notion d« gaz. — Comment sa doctrine instinctive de la conservation de la quantité de matière est devenue une base de la chimie. 
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E. Les doctrines théosophiques et mystiques de la Renaissance ont donné naissance à une chimie expérimentale et pharmaceutique. — Opposition des médecins aux progrès de la nouvelle science. — Quelques exemples de polémiques entre docteurs et chimistes. — Comment la chimie finit par s’imposer à tous. — Comment elle dut lutter contre les charlatans nombreux qui faisaient d’elle un éloge exagéré. — Comment elle prétendit dominer toute la science humaine. 
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F. Comment la doctrine chimique prétendit expliquer tous les phénomènes du monde et de l’être humain. — Exposé de quelques idées de Sylvius. — Ressemblances et différences avec le système de Paracelse. — Cette philosophie susceptible de prendre différentes formes. — Exposé du système de Tachénius sur le dualisme acide-alcali. — Un mot sur les progrès de cette doctrine. — Comment se forme le concept d’alcali. — Comment le dualisme une fois posé a tendu à s’assimiler au monde entier. — Les chimistes voulurent voir partout des acides et des alcalis. — Ces corps existent-ils dans les métaux. — Opinions de Boyle, de André et de Bertrand. — Comment cette théorie a détruit celle des quatre éléments et comment elle a fait prendre les trois principes pour une première approximation. — Objections formulées par Robert Boyle contre ce nouveau dualisme. — Il est trop simple pour s’adapter à l’expérience et trop vague pour représenter quelque chose à notre esprit. — Objections formulées par Bertrand. — Le fait supposé que l’acide et l’alcali sont indécomposables ne prouve pas que ces corps soient métaphysiquement simples, puis tous les corps ne sont pas formés d’acide et d’alcali. — Enfin l’alcali n’est peut-être pas un corps primitif. — D’après sa doctrine, qui est la doctrine cartésienne, il n’y a d’autres êtres simples que la matière et le mouvement. — Opinion sur le dualisme des chimistes de laboratoire. — Opinion des médecins empiriques. — Comment, par une ingénieuse hypothèse, André a voulu relier l’acide et l’alcali à la philosophie corpusculaire. 
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G. Exemple d’une violente dispute médico-chimique. La querelle de l’antimoine. — Violence de la polémique. — Raisonnement des partisans et des ennemis de ce minéral. — Exemples pris dans les ouvrages publiés par les médecins. — Dissertation de Lamy qui termina la dispute. — Comment la composition chimique de ce corps démontre qu’il ne contient aucun poison. 
 219
H. Les exemples des paragraphes précédents sont choisis au milieu de bien d’autres. — Les doctrines examinées ont été stylisées, réduites à leur terme essentiel. — Considération sur la philosophie chimique qui a été partiellement la destructrice de la philosophie d’autrefois. 
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CHAPITRE IV


Le développement de la philosophie mécanique et son influence sur la théorie chimique 
 229
A. Origine de la philosophie mécanique. — Deux sectes de savants essayaient sans succès d’abattre la philosophie de l’École : 1° les chimistes, 2° les atomistes. — Origine purement métaphysique de la philosophie corpusculaire. — Exemple de Gassendi. — Comment Robert Boyle l’a appliquée à la chimie. — L’usage du microscope donne à cette philosophie un prestige sans cesse accru. — On espère atteindre l’insécable atome. — Le succès de la philosophie cartésienne contribue à propager les doctrines corpusculaires. — Aperçu de la philosophie de la matière chez Descartes. — La matière confondue avec l’étendue. — Impossibilité du vide. — Conséquences de cette manière de voir. — Chaque être est décrit en fonction de son milieu et du monde entier. — Impossibilité de décrire les corps à un moment donné sans en retracer l’histoire. — Exemples tirés de l’œuvre de cartésiens. — La fiction de Descartes concernant la création. — Comment certains chimistes ont su utiliser cette fiction. — Analyse de l’œuvre de Duncan. — Comment l’atomisme physiologique de Descartes a impressionné médecins et chimistes. — Comment, conservant ses figures, il ont abandonné les calculs mathématiques qui s’y rapportent. — Différences fondamentales entre les cartésiens et les atomistes : les uns en réduisant la matière à l’espace enlèvent l’individualité des particules qui sont susceptibles de transmutation ; les autres, en admettant la stabilité de l’univers, admettaient aussi la stabilité de l’atome. — Les atomistes voulurent réduire la théorie chimique à l’étude des figurations de leurs molécules. — Caractères communs des doctrines atomistes. — Lutte contre les doctrines anciennes. — Mépris et inintelligence systématique de ces doctrines. — La philosophie mécanique étant facilement accessible aux hommes cultivés et de plus traduisant plus exactement l’expérience que les anciennes doctrines, les a facilement supplantées. — Vulgarisation de la chimie. — Vue d’ensemble. 
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B. Considérations générales sur les causes du succès de la philosophie mécanique. — Cause de la grande influence de Robert Boyle. — Comment la doctrine corpusculaire prit avec lui possession de la science. — Analyse du chimiste sceptique. — Sa critique des éléments d’Aristote et des principes de Paracelse. — Sa conception du corps simple nous parait très moderne. — Restriction apportée par Boyle à la notion du corps simple. — Les différents moyens d’analyser un même mixte aboutissent-ils au même résultat ? — N’y a-t-il qu’une seule matière qui prend dans des circonstances différentes des aspects différents ? — Analogies et différences entre cette manière de présenter l’hypothèse de l’unité de la matière chez Boyle et chez Van Helmont. — Résumé de l’argumentation sur laquelle Boyle tente d’établir la philosophie corpusculaire. — Comment cette argumentation traduit les superstitions populaires et toutes les hypothèses explicatives. 
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C. Comment la philosophie de Robert Boyle a été accueillie par l’Académie des Sciences. — Citation caractéristique de Fontenelle. — Cette philosophie admise par les savants cultivés. — Résistances des chimistes. — Hypothèses cosmologiques bizarres de Glauber ou Beccher. — Théorie raisonnée de Du Clos. — L’analyse chimique est impuissante dans la majorité des cas à atteindre l’élément. — Les principes constituants des mixtes sont les mêmes que les principes constituants du monde. — Ils sont au nombre de trois : la terre, l’eau, l’air. — Leurs qualités communes. — Leurs qualités spécifiques. — Immutabilité de ces éléments. — Ils sont agités par le feu qui provoque leurs réactions diverses. — Le système de Boyle étant plus facilement accessible et moins obscur que celui de Du Clos, le premier s’imposa presque sans discussion 
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D. La puissance du mécanisme fut telle qu’on n’en discuta plus la valeur. — Il laissait indéterminées les figurations des particules de chaque corps. — Exemple des variations que la détermination des formes moléculaires introduit dans la théorie chimique. — Les différentes explications des phénomènes de la nature sont souvent incompatibles entre elles. — L’impossibilité de reconnaître quel est le véritable système, a conduit Perrault à proclamer le droit à l’incohérence de la physico-chimie. — Il n’est pas suivi sur ce terrain par les philosophes et chimistes. — Déclarations de Régis. — Le mécanisme a en effet séduit les esprits parce qu’il prétendait former du monde un tableau homogène. — Quelles sont les lacunes de ce chapitre qui seront comblées par les suivants. 
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SECTION DEUXIÈME :
La théorie chimique à l’époque de Lémery.


CHAPITRE V


La théorie de Lémery
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A. L’œuvre de Lémery paraît, à première vue, indépendante de celle de ses prédécesseurs ; elle semble inspirée par l’esprit classique et cartésien. — Élimination des termes techniques. — Des tours de main. — Dédain pour toute doctrine qui ne peut se déduire logiquement du sens commun. — L’intelligible confondu avec le mécanique. — Opposition aux anciennes doctrines que la nouvelle philosophie trouve absurde. — Ceux qui les ont professées peuvent-ils avoir été de bonne foi ? — Confusion entre l’astrologie, l’alchimie et le paracelsisme. — Les données fondamentales du mécanisme frappent à mort, sans les combattre, les hypothèses alors admises. — Pourquoi celles-ci n’ont offert aucune résistance ; — elles étaient trop compliquées et s’effondraient sous le poids des additions et compléments. — D’autre part, les explications psychologiques des phénomènes matériels semblent absurdes, si la matière est réduite à l’étendue. — Du point de vue négatif le cartésianisme de Lémery a fait une bienfaisante œuvre d’assainissement. 
 283
B. La philosophie mécanique tenta de faire rentrerons son cadre étroit la diversité des phénomènes naturels. — Examen du mécanisme de Lémery. — Son indétermination concernant les propriétés premières de la matière. — Ces corpuscules ont les propriétés des corps que nous connaissons à notre échelle. — Le lecteur peut ne point apercevoir le vague de l’hypothèse fondamentale que Lémery applique sans jamais l’exposer. — Exemples pris dans le cours de chimie. — Théorie des acides et dés alcalis. — Théorie de la structure du mercure. — Théorie de la dissolution, de l’or dans l’eau régale. — Exemple d’un désaccord entre deux partisans de la philosophie corpusculaire au sujet de cette dissolution d’or. — Accord des partisans des nouvelles doctrines pour triompher de l’iatro-chimisme. — Frédéric Hoffmann a cependant reconnu que le mécanisme traduisait en son langage les opinions des anciennes écoles. 
 292
C. Alliance de la philosophie mécanique et de l’empirisme expérimental. — Recherche de quelques êtres simples auxquels on peut ramener toute la théorie chimique. — Définition des cinq principes en lesquels un artiste sait résoudre les corps. — Ils se découvrent dans les corps organiques et non dans les minéraux. Cette théorie est due à une généralisation des résultats obtenus dans la distillation des plantes. — On essaye de l’étendre à tous les mixtes. — On ne sait comment l’appliquer aux métaux qui, depuis Paracelse, jouaient dans la chimie un rôle considérable. — Il faut créer pour eux une discipline particulière. — Lémery les considère provisoirement comme des corps simples. — La théorie des cinq principes perd peu à peu de sa généralité et de son importance. 
 307
D. Ni la décomposition des corps en cinq principes, ni la philosophie mécanique ne dévoilent l’ordre de la pensée de Lémery. — Comment déterminer cette théorie. — Difficultés insurmontables contre lesquelles nous nous heurtons. — Étendue de la chimie. — Nous sommes réduits à des conjectures pour replacer l’expérience sous sa description théorique. — Indétermination des expressions de sens commun — Exemple de ces indéterminations. — Ce que signifiait le mot antimoine. — Correspondance entre l’étiquette d’une fiole à réactif avec le corps désigné. — Les différents sens du mot vitriol. — Les instruments de laboratoire ne nous sont qu’incomplètement connus, et surtout nous ne pouvons savoir exactement comment les chimistes travaillaient. — Enfin Lémery décrit les opérations successivement sans chercher à les relier par des lois générales. 
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E. Comment la pensée de Lémery essaye de dominer l’ensemble delà chimie et de relier les faits entre eux. — Plan du livre. — Généralités. — Les minéraux. — Étude successive des métaux en commençant par les plus précieux. — La théorie de la formation d’une substance métallique non invoquée dans chaque étude spéciale. — La théorie de la décomposition de certains métaux donnée à titre d’espérance, non de réalité. — Étude des préparations. — Théorie de la formation du cinabre et théorie de la précipitation du chlorure mercureux, données à titre d’exemple. — Connaissance à peu près exacte des propriétés analytiques des métaux. — Étude des acides et alcalis minéraux. — Théorie du déplacement de l’ammoniac gazeux par un alcali tel que la chaux. — Étude du vitriol et de son acide. — Comme cet acide échauffe les liqueurs, ne contient-il aucune particule de feu ? — Considérations sur l’ensemble de la chimie minérale. — Un mot sur les végétaux. — Les animaux. — Exemple caractéristique de la méthode. — Théorie mécanique de l’action du venin de la vipère. — Audace de cette méthode. — Bien que, en ce qui concerne les substances organiques, elle soit restée stérile, c’est dans l’étude de l’organisme qu’elle a pris naissance avant de s’appliquer aux minéraux où elle a été féconde. 
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CHAPITRE VI


Essai sur la chimie expérimentale 
 339
A. Vue théorique des résultats obtenus. — Raisons pour lesquelles notre tableau est incomplet. — Changement provisoire de méthode. — Au lieu de chercher la métaphysique de la matière qui est à la base de la doctrine chimique, il faut pénétrer dans le laboratoire et voir les faits aux prises avec la théorie. — Difficultés de l’emploi de cette nouvelle méthode qui ne peut être utilisée que partiellement. — Aperçu des points principaux qui en découleront. — Les résidus actuellement inexplicables par la théorie ne sont que partiellement cause des modifications de la théorie. — Les causes plus puissantes et dominatrices. — Quelles sont elles ? — Plan de ce chapitre. 
 341
B. Les remèdes étudiés dans l’officine du pharmacien sont d’origine organique. — Méthode pharmaceutique des premières analyses chimiques. — L’inorganique modelé sur l’organisé. — L’expérience pour les Paracelsistes était purement symbolique. — Au XVIIe siècle, l’analyse type était celle du végétal. — Exemples. — Les cinq principes des chimistes. — Doutes de Du Clos relativement aux doctrines courantes. — Grand nombre d’analyses de plantes qui ne donnent aucun résultat. — Constatation de cet échec fait par Lémery. — Doutes sur la fixité de ces principes. — La théorie de l’unité de la Matière détruit l’ancienne manière de voir et laisse le champ libre aux nouvelles. — Le feu, agent de destruction ou de transmutation. 
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C. Importance des doctrines concernant la nature du feu. — Est-il une substance ou un accident ? — Théorie mécaniste de Descartes. — Quelques cartésiens conservent cependant le soufre de Paracelse. — L’air est nécessaire à la combustion. — Citation de Malebranche. — Expériences de Boyle qui rapprocha la combustion de la respiration. — Pourquoi les savants s’accordaient à nier tout rôle chimique à l’air, principe purement mécanique. — Les particules igno-aériennes de Mayow et de Hooke. — Pourquoi elles eurent peu de succès. — Les calcinations métalliques ne sont reliées aux combustions que dans les théories modernes. — Il faut les étudier séparément 
 362
D. Définition de la calcination. — Sa place dans la théorie de l’opération chimique. — Augmentation paradoxale du poids des métaux calcinés. — Problème dont au xviie siècle on n’apercevait pas l’importance fondamentale ! — Solution en marge de la théorie régnante. — Interprétation par l’analogie des êtres vivants et des métaux. — Les chaux privées d’âme. — Cardan et Biringuccio. — Interprétations diverses par l’adjonction de corps étrangers. — Opinion de Robert Boyle. — La matière de la lumière s’ajoute à celle du métal. — Approbation de Nicolas Lémery, de Homberg, de Louis Lémery. — Cette théorie n’est pas reliée à une théorie de la combustion. — Preuve. — Question posée par Lémery « Pourquoi les chaux métalliques sont-elles incombustibles ? » — Hypothèse de Jean Rey. — L’air s’ajouterait aux métaux. — Raisons de l’insuccès de cette hypothèse. — Elle est basée tout d’abord sur une démonstration sans valeur d’une évidence de sens commun. — Poids, masse, densité, pesanteur. — L’auteur admet les quatre éléments d’Aristote abandonnés des chimistes. — Conceptions cosmologiques et chimiques archaïques. — Objection et adhésion modérée de Mersenne. — La théorie de la calcination de Rey n’est pas une théorie de la combustion. — D’autre part elle heurtait la théorie courante qui refusait à l’air toute propriété chimique. — Critique de Lémery qui préfère la théorie de Boyle. — Critique des expériences de Boyle par Chérubin, qui aboutit à des conclusions semblables à celles de Rey. — L’auteur se heurte aux mêmes obstacles. — Doctrine de Du Clos. — Ce sont des corps étrangers contenus dans l’air qui s’ajoutent aux métaux. — Théorie qui n’eut aucun succès immédiat, mais qui fut reprise au xviie siècle par Privat de Molières et le P. Beraut. À cette théorie, ces savants ajoutent la doctrine stahlienne et font de la calcination une double décomposition. — Changement que lui fit subir Lavoisier
 372
E. La question que nous venons d’examiner est seule connue des historiens, et pourtant elle n’a qu’un rôle secondaire à l’époque que nous étudions. — Deux exemples des efforts des savants pour réaliser l’analyse et la synthèse. — Décomposition prétendue du soufre par Homberg. — Recomposition par Geoffroy. — Succès de l’interprétation que Geoffroy donna à son expérience. — Comment Stahl crut fabriquer le soufre. — Comment la prétendue synthèse du soufre amène les chimistes à tenter la synthèse du fer. — Expériences de Geoffroy. — Contestation de l’interprétation de Geoffroy par Louis Lémery. — Destruction de la nouvelle théorie sur la constitution des métaux. 
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F. Aperçu de quelques expériences qui ont fait progresser la chimie. — La découverte du phosphore. — Généralisations auxquelles ce corps donna lieu. — Explications météorologiques. — Explication des curiosités naturelles par la chimie. — Les volcans de Nicolas Lémery. — Immensité du travail fourni. — Coup d’œil sur l’œuvre de Homberg. — Forces respectives des acides et des alcalis. — Les acides et les résines. — Les déplacements des métaux les uns par les autres. — Dissolution de l’argent par les acides. — Les- acides sont-ils oui ou non des modifications d’une même substance ? — Essai de Geoffroy pour classer toutes les réactions. — Défiance des mécanistes contre une manière de voir qui ignore leur doctrine. — Cette manière de voir nouvelle adoptée par les newtoniens. — Loi de Geoffroy. Base de la théorie des affinités. — Résumé par Fontenelle de la théorie de Geoffroy
 410


CHAPITRE VII


Triomphe et éparpillement des philosophies corpusculaires et mécaniques dans l’élaboration de la théorie chimique 
 421
A. Vue d’ensemble sur le triomphe de la philosophie mécanique. — Elle n’est plus discutée dans son ensemble car elle est admise comme une irrésistible évidence. — Rôle du théoricien réduit à celui de commentateur ou de polisseur. — Les indéterminations que la doctrine laisse subsister sont les seuls sujets des désaccords entre les chimistes. — Exemple : Qu’est-ce que le froid ? — Réponses hétérogènes fournies à ce problème. — Autres exemples. — La structure présumée des acides. — Énumération complète de tous les détails supposables. — Absorbés par les détails, les chimistes ne précisent pas les réponses qu’ils donnent aux questions métaphysiques : vide, dureté, etc. — Leurs particules sont semblables à la matière que nous observons à notre échelle. — Dans les limites ainsi définies ils donnèrent libre cours à leur imagination et souvent ne s’accordèrent pas. — Une seule théorie chimique est précise dans ses données primordiales : celle de Nicolas Hartsoeker
 423
B. Le système atomistique d’Hartsoeker. — Ses deux éléments. — Les atomes insécables du second élément sont doués de figures différentes et immuables. — C’est la seule cause des différences entre les substances matérielles. — Discussion d’Hartsoeker et de Leibniz au sujet de l’étendue et de la dureté des particules. — Conséquences théoriques de la métaphysique d’Hartsoeker. — Immutabilité et spécificité de l’atome, et par suite du corps simple. — Genèse du concept moderne du corps simple. — Pour découvrir la figure de chaque particule, Hartsoeker fait intervenir les propriétés les plus variées. — Exemples détaillés de sa méthode. — Théorie de la structure des molécules d’eau. — Théorie de la structure des sels. — Tendances permanentes de l’atomistique que nous découvrons à travers son œuvre. — Résoudre toute la nature en petits corps qui peuvent être dessinés et sculptés. — Mais en se précisant l’atomisme s’éloigne de l’empirisme qui l’avait d’abord inspiré. — Il devient romanesque et s’écroule sous le luxe de détails accumulés. 
 434
C. Complication progressive de la philosophie mécanique. — Comment elle s’éparpille en une foule de doctrines incompatibles. — En même temps qu’elle s’effrite d’elle-même, de nouvelles philosophies aspirent à la renverser. — Critique au nom de l’empirisme. — Girard Goris. — Critiques adressées, non contre la doctrine, mais contre ses formes trop précises et trop naïves. — Citation de Pascal. — Transformation que ses adeptes font subir au mécanisme pour le mettre à l’abri de ces critiques. — Le mécanisme considéré comme but et non comme méthode. — Exemple de Frédéric Hoffmann. — Rigidité des axiomes. — Modération des applications. — Théorie des sels. — Théorie de la dissolution. — Il fait intervenir le mouvement continu et rapide du solvant au lieu de donner une image statique de la structure du nouveau corps. — La structure moléculaire posée et non plus décrite. — Exemple de Louis Lémery. — Théorie statistique de la dissolution. — Critique de Privat de Molières contre l’ancien mécanisme. — Ses partisans ignoreraient la mécanique scientifique. — Nouvelle manière d’expliquer la réaction chimique par les tourbillons cartésiens. — Son peu de succès. — Cette théorie résiste aux critiques. — C’est que le mécanisme n’est plus une philosophie à la mode. — D’ailleurs les nouvelles doctrines, sans renier le mécanisme, ajoutèrent à cette philosophie ce qu’il fallait pour la compléter et en faire une science de la Nature. 
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Liste des noms propres et des ouvrages cités. 
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