Les Quatre Évangiles (Crampon 1864)/Évangile selon S. Marc

Traduction par Augustin Crampon.
Tolra et Haton (p. 175-246).


LE SAINT ÉVANGILE


DE JÉSUS-CHRIST


SELON

SAINT MARC





CHAPITRE PREMIER


PRÉDICATION DE JEAN-BAPTISTE (Matth. iii, 1 sv. ; Jean, i, 26 sv.). — BAPTÊME DE JÉSUS ; TENTATION AU DÉSERT (ibid.). — VOCATION DE PIERRE, ANDRÉ, JACQUES ET JEAN (Matth. iv, 13 ; Luc, v, 1 sv.). — DÉMON CHASSÉ (Matth. vii, 28, 29 ; Luc, iv, 31 sv.). — GUÉRISON DE LA BELLE-MÈRE DE SAINT PIERRE (Matth. viii, 14-17 ; Luc, iv, 37 sv.). — DIVERS MIRACLES, GUÉRISON D’UN LÉPREUX (Matth. viii, 1 sv. ; Luc, v, 12.).


1 Commencement de l’Évangile[1] de Jésus-Christ, Fils de Dieu[2]. Selon ce qui est écrit dans le prophète Isaïe[3] : « Voilà que j’envoie mon ange devant vous ; il vous précédera et vous préparera le chemin. » « Une voix a retenti au désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers : » Jean[4] parut dans le désert, baptisant et prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés. Tout le pays de la Judée et tous ceux de Jérusalem venaient à lui, et, confessant leurs péchés, ils recevaient de lui le baptême dans le fleuve du Jourdain. Or Jean était vêtu de poils de chameau ; il avait autour de ses reins une ceinture de cuir, et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage ; et il prêchait ainsi : Un plus puissant vient après moi, et je ne suis pas digne, me prosternant devant lui, de délier sa chaussure. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau, mais lui vous baptisera dans le Saint-Esprit[5].

9 Or il arriva qu’en ces jours-là Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et comme il sortait de l’eau, il vit les cieux ouverts, et l’Esprit-Saint descendant comme une colombe et se reposant sur lui. Et du ciel une voix se fit entendre : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis mes complaisances.

12 Et aussitôt l’Esprit[6] le poussa[7] dans le désert. Et il y demeura quarante jours et quarante nuits, et fut tenté par Satan ; il était parmi les bêtes sauvages, et les anges vinrent le servir[8].

14 Après que Jean eut été mis en prison, Jésus vint en Galilée, prêchant l’Évangile du royaume de Dieu, et disant : Le temps[9] est accompli, et le royaume de Dieu est proche ; faites pénitence et croyez à l’Évangile[10]. Passant un jour le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer (car ils étaient pêcheurs). Et Jésus leur dit : Venez à ma suite, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui étaient dans une barque, raccommodant leurs filets. Il les appela au même instant ; et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les mercenaires[11], ils le suivirent. Ils vinrent à Capharnaüm, et dès lors, entrant aux jours de sabbat dans la synagogue, il instruisait le peuple. Et ils s’étonnaient de sa doctrine, car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme les Scribes.

23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur[12], qui s’écria : Qu’y a t-il de commun entre nous et vous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre[13] ? Je sais qui vous êtes, le Saint de Dieu[14]. Mais Jésus, lui parlant avec empire : Tais-toi, dit-il, et sors de cet homme. Et l’esprit impur, l’agitant violemment, sortit de lui en jetant un grand cri. Tous furent saisis d’étonnement, de sorte qu’ils se demandaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Quelle est cette doctrine nouvelle ? Car il commande en maître[15] même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. Et sa renommée se répandit rapidement dans tout le pays de Galilée.

29 Sortant alors de la synagogue, ils vinrent dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit, ayant la fièvre : ils lui parlèrent d’elle aussitôt. Il s’approcha et la fit lever, la prenant par la main ; au même instant la fièvre la quitta, et elle se mit à les servir.

32 Sur le soir, après le coucher du soleil[16], ils lui amenèrent tous les malades et les démoniaques, et toute la ville était assemblée devant la porte. Il guérit beaucoup de malades affligés de diverses infirmités, et il chassa beaucoup de démons, mais il ne leur permettait pas de dire qu’ils le connaissaient[17]. Se levant de grand matin, il s’en alla prier en un lieu désert. Simon et ceux qui étaient avec lui le suivirent ; et l’ayant trouvé, ils lui dirent : Tous vous cherchent. Il leur répondit : Allons dans les villages et les villes d’alentour, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis venu. Et il prêchait dans leurs synagogues, parcourant la Galilée entière, et chassait les démons.

40 Un lépreux vint à lui, l’implorant à genoux et disant : Si vous voulez, vous pouvez me guérir. Ému de compassion, Jésus étendit la main, et, le touchant, lui dit : Je le veux, soyez guéri. Et dès qu’il eut parlé, la lèpre quitta cet homme et il fut guéri. Aussitôt Jésus le renvoya, en lui disant d’un ton sévère : Gardez-vous d’en parler à personne ; mais allez vous montrer au Prince des prêtres[18], et offrez pour votre guérison ce que Moïse a ordonné, afin que cela leur soit un témoignage. Mais cet homme étant parti, se mit à raconter et à publier partout ce qui s’était passé : de sorte que Jésus ne pouvait plus paraître dans une ville ; il se tenait dehors en des lieux déserts, et l’on venait à lui de tous côtés.


CHAPITRE II


GUÉRISON D’UN PARALYTIQUE (Matth. ix, 1 sv. ; Luc, v, 17 sv.). — VOCATION DE SAINT MATTHIEU (Matth. ix, 9 sv. ; Luc, v, 27 sv.). — POURQUOI LES DISCIPLES DE JÉSUS NE JEÛNENT PAS (ibid.). — ÉPIS CUEILLIS LE JOUR DU SABBAT (Matth. xiii, 1 sv. ; Luc, vi, 1 sv.)


1 Quelques jours après, Jésus revint à Capharnaüm. Et lorsqu’on sut qu’il était dans la maison, il s’y assembla un si grand nombre de personnes, que l’espace même en dehors de la porte ne les pouvait contenir ; et il leur prêchait la parole de Dieu[19]. Alors on lui amena un paralytique porté par quatre hommes. Et, comme ils ne pouvaient le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent le toit au-dessus du lieu où il était, et par l’ouverture descendirent le lit où gisait le paralytique[20]. Jésus, voyant leur foi[21], dit au paralytique : Mon fils, vos péchés vous sont remis. Or, il y avait là quelques Scribes assis, qui pensaient dans leur cœur : Comment cet homme parle-t-il ainsi ? Il blasphème. Qui peut remettre les péchés, que Dieu seul[22]) ? Aussitôt Jésus, connaissant dans son esprit[23] ce qu’ils pensaient en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi pensez-vous ces choses dans votre cœur ? Lequel est le plus facile de dire au paralytique : Vos péchés vous sont remis, ou de lui dire : Levez-vous, prenez votre lit et marchez ? Mais afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je vous le commande (dit-il au paralytique), levez-vous, prenez votre lit, et vous en allez dans votre maison. Et aussitôt celui-ci se leva, et, prenant son lit, il s’en alla en présence de tous, de sorte que tout le peuple était dans l’admiration et rendait gloire à Dieu, disant : Jamais nous n’avons rien vu de semblable.

13 Jésus sortit de nouveau du côté de la mer ; et tout le peuple venait à lui, et il les enseignait. Or, ayant vu sur son passage Lévi[24], fils d’Alphée, assis à un bureau de péage, il lui dit : Suivez-moi ; et, se levant, il le suivit. Il arriva que Jésus étant à table dans la maison de cet homme, beaucoup de publicains et de pécheurs y mangeaient avec lui et ses disciples ; car un grand nombre d’entre eux le suivaient aussi. Les Scribes et les Pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les publicains et les pécheurs, dirent à ses disciples : D’où vient que votre Maître mange et boit avec des publicains et des pécheurs ? Entendant cela, Jésus leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades ; car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.

18 Les disciples de Jean et les Pharisiens jeûnaient souvent. Ils vinrent le trouver et lui dirent : Pourquoi, tandis que les disciples de Jean et ceux des Pharisiens font beaucoup de jeûnes[25], vos disciples ne font-ils pas de même ? Jésus leur répondit : Les conviés aux noces[26] peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Aussi longtemps qu’ils ont l’époux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé, et ils jeûneront en ces jours-là. Personne ne coud une pièce d’étoffe neuve à un vieux vêtement : autrement la pièce neuve emporte quelque chose de l’autre, et la déchirure devient plus grande ; et personne ne met de vin nouveau dans des outres vieilles : autrement, le vin rompant les outres, le vin se répandra et les outres seront perdues. Mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves[27].

23 Il arriva encore[28] que le Seigneur passant le long des champs de blé un jour de sabbat, ses disciples, tout en s’avançant, cueillaient des épis. Et les Pharisiens lui dirent : Pourquoi font-ils, le jour du sabbat, ce qu’il n’est pas permis de faire ? Il leur répondit : N’avez-vous pas lu ce que fit David pressé par le besoin, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui l’accompagnaient ? Comment il entra dans la maison de Dieu, au temps du grand-prêtre Abiathar[29], et mangea les pains de proposition dont il n’était permis de manger qu’aux prêtres seuls, et en donna même à ceux qui étaient avec lui ? Il leur dit encore : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. C’est pourquoi[30] le Fils de l’homme est maître même du sabbat.


CHAPITRE III


MAIN DESSÉCHÉE (Matth. xii, 9 sv. Luc, vi sv.). — DIVERSES GUÉRISONS (ibid.). — ÉLECTION DES APÔTRES (Matth. x, 1 sv.). — JÉSUS CONFOND LES SCRIBES (Matth. xii, 24 sv. Luc, xi, 15 sv.). — MÈRE ET FRÈRES DE JÉSUS. (Matth. xii, 46 sv.).


1 Jésus étant entré une autre fois dans la synagogue, il s’y trouva un homme qui avait la main desséchée. Et ils[31]l’épiaient pour voir s’il ferait une guérison le jour du sabbat, afin de l’accuser. Et il dit à l’homme qui avait une main desséchée : Tenez-vous là debout au milieu ; puis il leur dit : Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou du mal, de sauver la vie à quelqu’un, ou de la lui ôter ? Et ils se taisaient. Alors, les regardant avec colère, contristé de l’aveuglement de leur cœur, il dit à cet homme : Étendez votre main. Il l’étendit, et sa main devint saine. Les Pharisiens, étant sortis, allèrent aussitôt s’entendre avec les Hérodiens sur les moyens de le perdre.

7 Mais Jésus se retira vers la mer avec ses disciples, et une foule nombreuse le suivit de la Galilée et de la Judée, de Jérusalem, de l’Idumée et d’au delà du Jourdain[32] ; ceux des environs de Tyr et de Sidon, apprenant les choses qu’il faisait, vinrent aussi à lui en foule. Et il dit à ses disciples de tenir une barque prête, à cause de la multitude, pour n’en pas être accablé ; car il en guérissait un grand nombre, de sorte que tous ceux qui avaient quelque mal se jetaient sur lui pour le toucher. Les esprits impurs, en le voyant, se prosternaient devant lui et s’écriaient : Vous êtes le Fils de Dieu[33] ; et il leur défendait avec de grandes menaces de révéler qui il était.

13 Étant monté ensuite sur une montagne, il appela à lui ceux que lui-même voulut ; et ils vinrent à lui. Il en établit douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher, leur donnant le pouvoir de guérir les maladies et de chasser les démons. C’étaient : Simon, à qui il donna le nom de Pierre, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, qu’il nomma Boanergès, c’est-à-dire, fils du tonnerre[34], André, Philippe, Barthélémi, Matthieu, Thomas, Jacques, fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Zélé, et Judas Iscariote, qui le trahit[35].

20 Ils vinrent à la maison[36], et la foule s’y assembla de nouveau, de sorte qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas. Ce que les siens[37] ayant appris, ils vinrent pour se saisir de lui, car ils disaient : Il a perdu l’esprit. Mais les Scribes[38] qui étaient venus de Jérusalem, disaient : Il est possédé de Béelzébub, et c’est par le prince des démons[39] qu’il chasse les démons. C’est pourquoi Jésus, les ayant assemblés, leur disait en parabole : Comment Satan[40] peut-il chasser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne saurait subsister ; et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne saurait subsister. Si donc Satan s’élève contre lui-même, il est divisé ; il ne pourra subsister, et sa puissance touche à sa fin. Nul ne peut entrer dans la maison du fort et enlever ses meubles, si auparavant il ne l’enchaîne ; et alors il pillera sa maison. En vérité, je vous le dis, tous les péchés seront remis aux enfants des hommes, même les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais celui qui aura blasphémé contre l’Esprit-Saint, n’obtiendra jamais de pardon ; il sera coupable d’un crime éternel[41]. Jésus leur parla ainsi, parce qu’ils disaient : Il est possédé de l’esprit impur.

31 Sa mère et ses frères[42]étant venus, ils se tinrent dehors et l’envoyèrent appeler. Or le peuple était assis autour de lui, et on lui dit : Votre mère et vos frères sont là dehors, qui vous cherchent. Il leur répondit : Qui est ma mère et qui sont mes frères ? Et, regardant ceux qui étaient assis autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère.


CHAPITRE IV


ROYAUME DE DIEU COMPARÉ À LA SEMENCE (Matth. xiii, 1 sv. ; Luc, viii, 5 sv. ; À UNE LAMPE (Matth. v, 15 ; Luc, viii, 16) ; À UNE PLANTE QUI CROÎT, À UN GRAIN DE SÉNEVÉ (Matth. xiii, 31 ; Luc, xiii, 19). — TEMPÊTE APAISÉE (Matth. viii, 23 ; Luc, viii, 22).


1 Jésus vint une autre fois enseigner au bord de la mer, et une grande multitude s’assembla auprès de lui, de sorte que, montant dans une barque, il se tenait sur la mer, et toute la multitude était à terre le long du rivage. Et il les instruisait de beaucoup de choses en paraboles, et il leur disait en enseignant :

3 Écoutez. — Celui qui sème sortit pour semer. Et pendant qu’il semait, des grains tombèrent le long du chemin, et les oiseaux du ciel vinrent et les mangèrent. D’autres tombèrent sur un terrain pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils levèrent aussitôt, parce que la terre était peu profonde[43]. Mais le soleil s’étant levé, la plante, brûlée par sa chaleur et n’ayant point de racine, se dessécha. D’autres grains tombèrent parmi les épines, et les épines crûrent et les étouffèrent, et ils ne donnèrent point de fruit. D’autres tombèrent dans une bonne terre, et, montant et croissant, donnèrent leur fruit, les uns trente pour un, les autres soixante, les autres cent. Et il disait : Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.

10 Lorsqu’il se trouva seul, les douze disciples qui étaient avec lui l’interrogèrent sur cette parabole[44], et il leur dit : À vous il a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu[45] ; mais pour ceux qui sont dehors[46], tout est caché sous des paraboles, de sorte que voyant de leurs yeux ils ne voient point, entendant de leurs oreilles ils n’entendent point : de peur que, se convertissant, ils n’obtiennent le pardon de leurs péchés. Il ajouta : Vous ne comprenez pas cette parabole ? Comment donc entendrez-vous toutes les paraboles ? Celui qui sème, sème la parole. Le chemin, ce sont les hommes en qui on sème la parole, et ils ne l’ont pas plus tôt entendue, que Satan vient et enlève la parole semée dans leurs cœurs. Pareillement, le terrain pierreux où tombe la semence, ce sont ceux qui, entendant la parole, la reçoivent aussitôt avec joie ; mais ils ne la laissent pas prendre racine en eux, ils sont inconstants : que surviennent la tribulation et la persécution à cause de la parole, ils succombent aussitôt. Les épines qui reçoivent la semence, ce sont ceux qui entendent la parole ; mais les sollicitudes du siècle, et l’illusion des richesses, et les autres convoitises entrant dans leurs cœurs, étouffent la parole, et elle ne porte point de fruit. Enfin la bonne terre où tombe la semence, ce sont ceux qui entendent la parole et la reçoivent, et produisent du fruit, l’un trente, l’autre soixante, et l’autre cent.

21 Il leur disait encore : Apporte-t-on la lampe pour la mettre sous le boisseau ou sous le lit[47] ? N’est-ce pas pour la mettre sous le chandelier ? Car rien de caché qui ne soit révélé, rien de fait en secret qui ne vienne au grand jour. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.

24 Il leur disait encore : Prenez garde à ce que vous entendez. Selon la mesure avec laquelle vous aurez mesuré, on vous mesurera, et avec surcroît. Car on donnera à celui qui a déjà, et à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera ôté[48].

26 Il disait encore : Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme qui jette en terre de la semence. Il dort pendant la nuit, il vaque à ses affaires pendant le jour, et la semence germe et croît sans qu’il sache comment. Car la terre produit d’elle-même du fruit : d’abord de l’herbe, puis un épi, et l’épi ensuite s’emplit de froment. Et quand le fruit est mûr, aussitôt on y met la faucille, parce que c’est le temps de la moisson[49].

30 Il disait encore : À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu ? Ou par quelle parabole le représenterons-nous ? Il est semblable à un grain de sénevé qui, lorsqu’on le sème, est la plus petite de toutes les semences que l’on confie à la terre ; et lorsqu’on l’a semé, il monte et devient plus grand que toutes les plantes, et étend si loin ses rameaux que les oiseaux du ciel peuvent se reposer sous son ombre.

33 Il les[50] enseignait ainsi sous diverses paraboles, selon qu’ils pouvaient l’entendre. Car il ne leur parlait point sans paraboles, et en particulier il expliquait tout à ses disciples.

35 Or, ce même jour[51], sur le soir, il leur dit : Passons à l’autre bord. Et laissant le peuple, ils emmenèrent Jésus dans la barque où il était assis, et d’autres barques l’accompagnaient. Alors il s’éleva un vent impétueux qui poussait les flots dans la barque, de sorte qu’elle s’emplissait d’eau. Lui cependant était à la poupe, dormant sur un oreiller[52] ; et ils le réveillèrent et lui disent : Maître, n’avez-vous point de souci que nous périssions ? Et s’étant levé, il commanda au vent, et dit à la mer : Tais-toi, calme tes fureurs. Et le vent s’apaisa, et il se fit un grand calme. Et il leur dit : Pourquoi êtes-vous effrayés ? N’avez-vous pas encore de foi ? Et ils furent saisis d’une grande crainte, et ils se disaient l’un à l’autre : Qui donc est celui-ci, que le vent et la mer lui obéissent ?


CHAPITRE V


JÉSUS CHASSE D’UN POSSÉDÉ UNE LÉGION DE DÉMONS QUI ENTRENT DANS DES POURCEAUX (Matth. viii, 28 sv. Luc, viii 26 sv.) — IL GUÉRIT L’HÉMORRHOÏSSE ET RESSUSCITE LA FILLE DE JAÏRE (Matth. ix, 18 sv. Luc, viii, 41 sv.).


1 Ayant passé la mer, ils arrivèrent au pays des Géraséniens[53]. Et comme Jésus descendait de la barque, tout à coup vint à lui, du milieu des sépulcres, un homme[54]possédé d’un esprit impur. Il faisait sa demeure dans les sépulcres ; et nul ne le pouvait tenir lié, même avec des chaînes. Car ayant eu souvent les fers aux pieds et les mains enchaînées, il avait rompu ses chaînes et brisé ses fers, et personne ne le pouvait dompter. Sans cesse, le jour et la nuit, il errait au milieu des sépulcres et sur les montagnes, criant et se meurtrissant avec des pierres. Voyant de loin Jésus, il accourut et l’adora ; et jetant un grand cri, il dit : Qu’y a-t-il de commun entre vous et moi, Jésus, fils du Dieu très-haut ? Je vous adjure au nom de Dieu, ne me tourmentez point. Car Jésus lui disait : Esprit impur, sors de cet homme. Et il lui demanda : Quel est ton nom ? Et il lui dit : Mon nom est Légion, parce que nous sommes plusieurs ; et il le priait instamment de ne point le chasser hors de ce pays[55]. Or il y avait là, le long de la montagne, un grand troupeau de porcs qui paissaient. Et les esprits suppliaient Jésus, disant : Envoyez nous dans ces pourceaux, afin que nous y entrions. Il le leur permit aussitôt, et les esprits impurs, sortant du possédé, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau, d’environ deux mille, courut impétueusement se précipiter dans la mer et s’y noya. Ceux qui les gardaient s’enfuirent, et allèrent tout raconter dans la ville et dans les champs, et on sortait pour voir ce qui était arrivé. Ils vinrent à Jésus, et virent celui que les démons tourmentaient, assis, habillé et sain d’esprit, et ils furent saisis de crainte. Et ceux qui avaient été témoins du prodige leur ayant raconté ce qui était arrivé au possédé et aux pourceaux, ils se mirent à prier Jésus de s’éloigner de leur pays[56]. Comme il montait dans la barque, celui que le démon avait tourmenté le conjura de lui permettre de le suivre. Jésus ne le lui permit point ; mais il lui dit : Allez dans votre maison, auprès des vôtres, et annoncez-leur les grandes choses que le Seigneur, dans sa compassion pour vous, a faites en votre faveur[57]. Il s’en alla, et se mit à publier dans la Décapole les grandes choses que Jésus avait faites pour lui : et tous étaient dans l’admiration.

21 Jésus ayant de nouveau traversé la mer dans la barque, comme il était près du rivage[58], une grande foule s’assembla autour de lui. Il vint un chef de synagogue[59], nommé Jaïre, qui, le voyant, se jeta à ses pieds ; et il le priait avec instance[60], disant : Ma fille est à l’extrémité ; venez, imposez votre main sur elle, afin qu’elle guérisse et qu’elle vive. Et il s’en alla avec lui, et une grande multitude le suivait et le pressait.

25 Alors une femme affligée d’un flux de sang depuis douze années, et qui, après avoir beaucoup souffert de plusieurs médecins, et dépensé tout son bien, n’en éprouvait aucun soulagement, mais se trouvait dans un état pire, ayant entendu parler de Jésus, vint dans la foule par derrière et toucha son vêtement. Car elle disait : Si je touche seulement son vêtement, je serai guérie. Et aussitôt la source du sang tarit, et elle sentit en son corps qu’elle était guérie de son infirmité. Au même moment, Jésus connaissant en lui-même qu’une vertu était sortie de lui, se retourna vers la foule et dit : Qui a touché mes vêtements ? Ses disciples lui dirent : Vous voyez la foule qui vous presse de tous côtés, et vous demandez : Qui m’a touché ? Et il regardait autour de lui pour voir celle qui l’avait touché. Cette femme, tremblante de crainte, sachant ce qui s’était passé en elle, vint se jeter à ses pieds, et lui dit toute la vérité. Et il lui dit : Ma fille, votre foi vous a sauvée ; allez en paix, et soyez guérie[61] de votre infirmité.

35 Il parlait encore, lorsqu’on vint dire au chef de synagogue : Votre fille est morte, pourquoi fatiguer davantage le Maître ? Mais Jésus, ayant entendu cette parole, dit au chef de synagogue : Ne craignez point, croyez seulement. Et il ne permit pas que personne le suivît, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, frère de Jacques. Comme ils arrivaient à la maison du chef de synagogue, il vit une troupe confuse de gens qui pleuraient et qui poussaient de grands cris ; et, étant entré, il leur dit : Pourquoi tout ce bruit et ces pleurs ? La jeune fille n’est pas morte, mais elle dort[62]. Et ils se riaient de lui. Mais lui, les ayant tous renvoyés, prit le père et la mère de la jeune fille et ceux qui étaient avec lui, et entra dans le lieu où la jeune fille était couchée. Et lui prenant la main, il lui dit[63] : Talitha cumi, c’est-à-dire, jeune fille, lève-toi (je te le commande). Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher, car elle avait douze ans ; et ils furent frappés de stupeur. Et Jésus leur défendit fortement d’en rien dire à personne ; puis il ordonna de donner à manger à la jeune fille[64].


CHAPITRE VI


JÉSUS EST SANS HONNEUR DANS SA PATRIE (Matth. xiii, 53 sv.). — MISSION DES APÔTRES (Matth. x, 5 sv. Luc, ix, 1 sv.). — SAINT JEAN-BAPTISTE DÉCAPITÉ (Matth. xiv, 1 sv. Luc, ix, 7). — MULTIPLICATION DES CINQ PAINS (Matth. xiv, 13 ; Luc, ix, 10 ; Jean, vi, 1). — JÉSUS MARCHE SUR LES EAUX (Matth. xiv, 22 ; Jean, vi, 16). — MALADES GUÉRIS PAR LE CONTACT DE SON VÊTEMENT (Matth. xiv), 31).


Étant parti de là[65], Jésus vint dans son pays[66], et ses disciples le suivirent. Un jour de sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue ; et beaucoup de ceux qui l’entendaient, admirant sa doctrine, disaient : D’où lui viennent toutes ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et d’où vient que tant de merveilles se font par ses mains ? N’est-ce pas là le charpentier[67], fils de Marie, frère de Jacques, de Joseph, de Jude et de Simon[68] ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient de lui. Jésus leur dit : Un prophète n’est sans honneur que dans sa patrie, dans sa maison, et dans sa famille. Et il ne put faire là aucun miracle[69], si ce n’est qu’il guérit quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonnait de leur incrédulité[70] ; il allait cependant enseigner dans les villes d’alentour.

7 Alors, appelant les Douze, Jésus commença à les envoyer deux à deux, et il leur donna puissance sur les esprits impurs. Il leur commanda de ne rien porter en chemin qu’un bâton seulement[71], ni sac, ni pain, ni argent dans leur ceinture ; mais de marcher avec des sandales, et de ne se point munir de deux tuniques. Et il leur dit : En quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de ce lieu. Et quiconque refusera de vous recevoir et de vous écouter, sortez de là et secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux. Étant donc partis, ils prêchaient qu’on fit pénitence, chassaient beaucoup de démons, oignaient d’huile beaucoup de malades[72], et ils étaient guéris.

14 Or, le roi Hérode entendait parler de Jésus (car son nom était devenu célèbre), et il disait : Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts, c’est pourquoi des miracles sont opérés par lui. Mais d’autres disaient : C’est Élie ; et d’autres : C’est un prophète, semblable aux anciens prophètes. Ce qu’Hérode ayant entendu, il dit : Jean, que j’ai fait décapiter[73], est ressuscité d’entre les morts. Car ce roi avait envoyé prendre Jean[74], et l’avait fait mettre en prison chargé de fers, à cause d’Hérodiade, femme de Philippe, son frère, qu’il avait épousée ; parce que Jean disait à Hérode : Il ne vous est pas permis d’avoir la femme de votre frère. Aussi Hérodiade lui tendait des embûches[75], et voulait le faire périr ; mais elle ne le pouvait pas. Car Hérode, sachant que c’était un homme juste et saint, le vénérait et veillait sur sa vie ; il faisait beaucoup de choses d’après ses conseils et l’écoutait volontiers. Mais un jour opportun arriva, le jour de la naissance d’Hérode, où il fit un festin aux grands de sa cour, aux tribuns militaires et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodiade étant entrée, dansa[76], et plut tellement à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, que le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai. Et il ajouta avec serment : Quoi que ce soit que tu me demandes, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume[77]. Elle sortit[78], et dit à sa mère : Que demanderai-je ? Sa mère lui répondit : La tête de Jean-Baptiste. Aussitôt, revenant près du roi en grande hâte, elle lui fit cette demande : Je veux que vous me donniez tout à l’heure, dans un plateau, la tête de Jean-Baptiste. Le roi en fut contristé : néanmoins, à cause de son serment et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut point l’affliger d’un refus[79]. Il envoya un de ses gardes[80] et lui commanda d’apporter la tête de Jean dans un plateau ; et le garde, l’ayant décapité dans la prison, apporta sa tête dans un plateau, et la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. Ce que les disciples de Jean ayant appris, ils vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un sépulcre.

30 De retour près de Jésus, les Apôtres lui rendirent compte de tout ce qu’ils avaient fait et de tout ce qu’ils avaient enseigné. Et il leur dit : Venez à l’écart, dans un lieu désert, et prenez un peu de repos. Car il y avait un tel concours de personnes qui venaient et s’en allaient, que les Apôtres n’avaient pas même le temps de manger. Et, montant dans une barque, ils se retirèrent à l’écart dans un lieu désert.

33 On les vit s’éloigner et plusieurs le surent[81], et ils accoururent au même lieu par terre de toutes les villes voisines, et arrivèrent avant eux. Et lorsque Jésus sortit de sa solitude[82], il vit une grande multitude, et il en eut compassion, parce qu’ils étaient comme des brebis sans pasteur, et il commença à leur enseigner beaucoup de choses. Mais lorsque déjà le jour était avancé, ses disciples vinrent lui dire : Ce lieu est désert, et la nuit approche. Renvoyez-les, afin qu’ils aillent dans les hameaux et les villages voisins, et y achètent de quoi manger. Il leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Et ils lui dirent : Irons-nous donc acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ? Il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Allez et voyez. Et, s’en étant instruits, ils lui vinrent dire : Cinq pains et deux poissons. Alors il leur commanda de les faire tous asseoir, en diverses bandes, sur l’herbe verte ; et ils s’assirent par groupes de cent et de cinquante. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel il les bénit[83], puis il rompit les pains et les donna à ses disciples, pour qu’ils les présentassent au peuple ; et il partagea entre tous les deux poissons. Tous mangèrent et furent rassasiés, et ils remportèrent douze corbeilles pleines des morceaux restés des pains et des poissons. Or, ceux qui mangèrent étaient au nombre de cinq mille hommes.

45 Aussitôt Jésus obligea ses disciples de monter dans la barque, et de passer avant lui de l’autre côté du lac[84], vers Bethsaïde[85], pendant qu’il renverrait le peuple. Et après qu’il l’eut renvoyé, il s’en alla sur la montagne pour prier. Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et lui seul à terre. Et voyant qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer (car le vent leur était contraire), vers la quatrième veille de la nuit[86], il vint à eux marchant sur la mer ; et il voulait les devancer[87]. Mais eux, le voyant marcher sur la mer, crurent que c’était un fantôme et poussèrent un cri. Car tous l’avaient aperçu et étaient effrayés. Aussitôt il leur parla et leur dit : Ayez confiance, c’est moi, ne craignez point. Il monta ensuite avec eux dans la barque, et le vent cessa, et leur étonnement était au comble[88] ; car ils n’avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était aveuglé[89].

53 Après avoir traversé le lac, ils vinrent au territoire de Génésareth et y abordèrent. Et dès qu’ils furent sortis de la barque, les gens du pays reconnurent Jésus[90]. Et parcourant toute la contrée, ils lui apportèrent les malades dans des lits, partout où ils entendaient dire qu’il était. Et en quelque lieu qu’il entrât, dans les villages, dans les hameaux et dans les villes, ils mettaient les malades sur les places publiques, et le priaient de les laisser seulement toucher la houppe de son manteau ; et tous ceux qui la touchaient étaient guéris[91].


CHAPITRE VII


SCANDALE DES PHARISIENS, LEUR HYPOCRISIE ET LEURS MAXIMES PERVERSES (Matth. xv, 1 sv.). — LA CHANANÉENNE (ibid.). — GUÉRISON D’UN SOURD-MUET (Matth. xv, 30).


1 Les Pharisiens et plusieurs Scribes, venus de Jérusalem, vinrent ensemble trouver Jésus. Et ayant vu quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées, ils les en blâmèrent[92]. Car les Pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans s’être à plusieurs reprises lavé les mains, suivant en cela la tradition des anciens. Et lorsqu’ils reviennent de la place publique, ils ne mangent pas sans s’être lavés. Ils pratiquent encore beaucoup d’observances traditionnelles, la purification des coupes, des vases pour la boisson, des vases d’airain, et des lits[93]. Les Pharisiens et les Scribes lui demandèrent donc : Pourquoi vos disciples ne gardent-ils pas les traditions des anciens, mais prennent leur repas avec des mains impures ? Il leur répondit : Isaïe

a bien prophétisé de vous, hypocrites, lorsqu’il dit : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Vain est le culte qu’ils me rendent, enseignant des maximes et des ordonnances humaines[94]. » Car vous négligez la loi de Dieu, et vous observez avec soin la tradition des hommes, purifiant les vases et les coupes et faisant beaucoup d’autres choses semblables. Il est beau, ajoutait-il, d’anéantir ainsi la loi de Dieu, pour observer votre tradition ! Car Moïse a dit : « Honore ton père et ta mère ; » et : « Celui qui maudira son père et sa mère, qu’il soit puni de mort. » Et vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : « Tout corban, c’est-à-dire tout don fait à Dieu de mon bien, vous profite ! » il est dispensé de rien faire davantage pour son père ou sa mère : annulant la parole de Dieu par une tradition dont vous êtes vous-mêmes les auteurs. Et vous faites encore beaucoup d’autres choses semblables.

14 Et appelant de nouveau le peuple[95], Jésus leur dit : Écoutez-moi tous, et comprenez. Il n’est rien d’extérieur à l’homme qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme : que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. Lorsqu’il eut quitté la foule et fut entré dans la maison, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole[96]. Et il leur dit : Vous aussi, avez-vous si peu d’intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller, parce que cela n’entre point dans le cœur, mais va au ventre, et est rejeté au lieu secret, par un travail où tous les aliments se purifient[97]. Mais, disait-il, ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les pensées mauvaises, les adultères, les fornications, les homicides, les vols, l’avarice, les méchancetés, la fraude, les impudicités, l’œil malin[98], le blasphème, l’orgueil, l’aveuglement. Tous ces maux sortent du dedans et souillent l’homme.

24 Il partit ensuite de ce lieu, et s’en alla vers les confins de Tyr et de Sidon. Et étant entré dans une maison, il désirait que personne ne le sût, mais il ne put demeurer caché. Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit impur, n’eut pas plutôt appris qu’il était là, qu’elle vint se jeter à ses pieds[99]. C’était une femme d’entre les Gentils, syro-phénicienne de nation[100] ; et elle le priait de chasser le démon hors de sa fille. Il lui dit : Laissez d’abord les enfants se rassasier ; car il n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. Elle lui répondit : Il est vrai, Seigneur ; mais les petits chiens mangent sous la table les miettes des enfants. Et il lui dit : À cause de cette parole, allez, le démon est sorti de votre fille. Étant retournée à sa maison, elle trouva sa fille reposant sur son lit, et comprit que le démon l’avait quittée.

31 Des confins de Tyr, Jésus revint par Sidon vers la mer de Galilée, et traversa le pays de la Décapole. Là, ils lui amenèrent un sourd-muet, et le priaient de lui imposer les mains. Jésus, le tirant à part hors de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et de sa salive sur la langue[101] ; et levant les yeux au ciel, il poussa un soupir et dit : Ephephta, c’est-à-dire ouvrez-vous. Et aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia, et il parlait distinctement[102]. Jésus leur défendit d’en rien dire à personne. Mais plus il le leur défendait, plus ils le publiaient ; et leur admiration allant toujours croissant, ils disaient : Il a bien fait toutes choses[103], il a fait parler les muets et entendre les sourds.


CHAPITRE VIII


MULTIPLICATION DES SEPT PAINS (Matth. xv, 32 sv.). — SIGNE DEMANDÉ ET REFUSÉ (Matth. xvi, 1 sv.) — LEVAIN DES PHARISIENS (ibid.). — GUÉRISON D’UN AVEUGLE. — CONFESSION DE SAINT PIERRE (Matth. xvi, 13 sv. Luc, ix, 18 sv.). — JÉSUS PRÉDIT SA PASSION, ET PRÊCHE LA CROIX ET LE RENONCEMENT À SOI-MÊME (ibid.).


1 En ce jour-là, comme la foule était grande encore et n’avait pas de quoi manger, Jésus appela ses disciples et leur dit : J’ai compassion de ce peuple, car voilà trois jours déjà qu’ils sont avec moi, et ils n’ont rien à manger. Et si je les renvoie dans leur maison sans nourriture, les forces leur manqueront en chemin ; car plusieurs d’entre eux sont venus de loin. Ses disciples lui répondirent : Comment pourrait-on les rassasier de pain dans ce désert ? Et il leur demanda : Combien de pains avez-vous ? Ils dirent : Sept. Alors il commanda à la multitude de s’asseoir sur la terre, prit les sept pains, et, rendant grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les distribuer, et ils les distribuèrent au peuple. Ils avaient en outre quelques petits poissons ; il les bénit aussi, et commanda de les distribuer. Et ils mangèrent et furent rassasiés, et de ce qui resta de morceaux, ils remportèrent sept corbeilles. Or ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille, et il les renvoya.

10 Montant aussitôt dans une barque avec ses disciples, il vint dans le pays de Dalmanutha[104]. Et les Pharisiens l’étant venu trouver, commencèrent à disputer avec lui, lui demandant, pour le tenter, un signe du ciel. Mais, poussant un profond soupir, il dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un prodige ? En vérité, je vous le dis, il ne sera point donné de prodige à cette génération. Et les laissant, il remonta dans la barque et passa de l’autre côté de la mer.

14 Or, les disciples oublièrent de prendre des pains, et n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque. Et Jésus leur donna cet avertissement : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens et du levain d’Hérode[105]. Sur quoi raisonnant entre eux, ils disaient : Nous n’avons point de pain[106]. Jésus s’en aperçut et leur dit : Pourquoi vous entretenez-vous de ce que vous n’avez point de pain ? N’avez-vous donc encore ni sens ni intelligence ? Votre cœur est-il encore aveuglé ? Avez-vous des yeux pour ne point voir, des oreilles pour ne point entendre ? Et ne vous souvenez-vous point, quand je rompis les cinq pains entre les cinq mille hommes, combien vous remportâtes de corbeilles pleines de morceaux ? Ils lui dirent : Douze. Et quand je rompis les sept pains entre les quatre mille hommes, combien vous remportâtes de paniers pleins de morceaux ? Ils lui dirent : Sept. Comment donc, ajouta-t-il, ne comprenez-vous pas encore[107] ?

22 Ils arrivèrent à Bethsaïde[108], et on lui amena un aveugle qu’on le pria de toucher. Prenant la main de l’aveugle, Jésus le conduisit hors du bourg, lui mit de sa salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, lui demanda s’il voyait quelque chose. Cet homme leva les yeux et dit : Je vois des hommes qui marchent, semblables à des arbres. Jésus mit de nouveau les mains sur ses yeux, et il commença à voir[109], et il fut si bien guéri, qu’il voyait distinctement toutes choses. Alors il le renvoya dans sa maison, en disant : Allez en votre maison[110], et si vous entrez dans le bourg, ne parlez de ceci à personne.

27 De là, Jésus se rendit avec ses disciples dans les villages qui entourent Césarée de Philippe[111], et sur le chemin, il leur adressa cette question : Qui dit-on que je suis ? Ils lui répondirent : Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste, d’autres Élie, d’autres un des Prophètes. Alors il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Pierre prenant la parole lui dit : Vous êtes le Christ. Et il leur défendit avec menace de dire cela de lui à personne.

31 En même temps, il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrit beaucoup, qu’il fût rejeté par les Anciens, par les Princes des prêtres[112] et les Scribes, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât trois jours après. Et il leur parlait ainsi sans voile. Alors Pierre, le prenant à part, commença à le reprendre. Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, gourmanda Pierre, disant : Retire-toi de moi, Satan ; car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes. Et appelant le peuple avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il se renonce lui-même[113], qu’il prenne sa croix et me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; et celui qui perdra sa vie pour l’amour de moi et de l’Évangile, la sauvera. Et que servirait à l’homme de gagner le monde entier et de se perdre soi-même[114] ? Et que donnera l’homme en échange de soi-même[115] ? Celui qui aura rougi de moi et de mes paroles parmi cette génération adultère[116] et criminelle, le Fils de l’homme aussi rougira de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec les anges saints. Et il ajouta : En vérité, je vous le dis, parmi ceux qui sont ici, quelques-uns ne goûteront point la mort, qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu venant dans sa puissance[117].


CHAPITRE IX


TRANSFIGURATION (Matth., xvii, 1 sv. ; Luc, ix, 28 sv.) — AVÈNEMENT D’ÉLIE (ibid.). — GUÉRISON D’UN POSSÉDÉ (ibid.). — PASSION PRÉDITE (ibid.). — QUI SERA LE PLUS GRAND (Matth., xviii, 1 sv. ; Luc, ix, 46 sv.). — LE SCANDALE (Matth., xviii, 6 ; Luc, xvii, 2 sv.).


1 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les conduisit sur une haute montagne, seuls, en un lieu écarté ; et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants et blancs comme la neige, d’une blancheur telle qu’aucun foulon sur la terre ne saurait l’égaler. Et Élie et Moïse leur apparurent conversant avec Jésus. Prenant la parole, Pierre dit à Jésus : Maître, il nous est bon d’être ici ; faisons trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Élie. Il ne savait ce qu’il disait, car ils étaient saisis de crainte. Et une nuée les couvrit de son ombre, et de la nuée sortit une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. Aussitôt, regardant tout autour, ils ne virent plus personne, si ce n’est Jésus seul avec eux. Comme ils descendaient de la montagne, il leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts. Et ils retinrent cette parole en eux-mêmes[118], se demandant ce que voulait dire : Jusqu’à ce qu’il soit ressuscité d’entre les morts.

10 Ils l’interrogèrent alors et lui dirent : Pourquoi donc[119] les Pharisiens et les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne auparavant ? Il leur répondit : Élie viendra auparavant, et rétablira toutes choses[120] ; et il faut aussi que ce qui est écrit du Fils de l’homme s’accomplisse, qu’il souffre beaucoup et soit méprisé. Mais je vous le dis, Élie est déjà venu (et ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu), ainsi qu’il est écrit de lui[121].

13 Étant retourné vers ses disciples[122], il vit autour d’eux une grande foule, et des Scribes disputant avec eux. Et aussitôt tout le peuple, voyant Jésus, fut saisi d’étonnement et de frayeur[123], et accourant, ils le saluaient. Et il leur demanda : De quoi disputez-vous ensemble ? Un homme de la foule répondit : Maître, je vous ai amené mon fils, qui est possédé d’un esprit muet[124]. Partout où l’esprit s’empare de lui, il le jette contre terre, et l’enfant écume et grince des dents, et il se dessèche ; j’ai dit à vos disciples de le chasser, et ils ne l’ont pu. Jésus s’adressant à eux, dit : O race incrédule, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous souffrirai-je[125] ? Amenez-le moi. Et ils le lui amenèrent. Et sitôt qu’il eut vu Jésus, l’esprit le tourmenta, et, jeté contre terre, il se roulait en écumant. Jésus demanda au père de l’enfant : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Depuis son enfance, dit le père. Souvent l’esprit le jette dans le feu et dans l’eau pour le faire périr ; si vous pouvez quelque chose, ayez pitié de nous et nous secourez. Jésus lui dit : Si vous pouvez croire, tout est possible à celui qui croit. Aussitôt le père de l’enfant s’écria, disant avec larmes : Je crois, Seigneur ; aidez mon incrédulité. Et Jésus, voyant le peuple qui accourait en foule, menaça l’esprit impur, lui disant : Esprit sourd et muet, je te le commande, sors de cet enfant, et ne rentre plus en lui. Alors poussant un grand cri, et l’agitant avec violence, il sortit de l’enfant, qui devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient : Il est mort. Mais Jésus le prenant par la main et le soulevant, il se leva. Lorsqu’il fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent : Pourquoi n’avons-nous pu le chasser ? Il leur dit : Cette sorte d’esprit ne peut être chassé que par la prière et le jeûne[126].

29 Étant partis de là, ils traversèrent la Galilée, et il voulait que personne ne le sût. Cependant il enseignait ses disciples et leur disait : Le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir, et le troisième[127] jour après sa mort il ressuscitera. Mais ils ne comprenaient point cette parole, et ils craignaient de l’interroger[128].

32 Ils vinrent ensuite à Capharnaüm[129], et lorsqu’ils furent dans la maison, il leur demanda : De quoi parliez-vous en chemin ? Mais ils se taisaient parce qu’ils avaient dans le chemin disputé ensemble qui d’entre eux était le plus grand. Et s’étant assis, il appela les Douze et leur dit : Celui qui veut être le premier se fera le dernier de tous, et le serviteur de tous. Et prenant un enfant, il le mit au milieu d’eux ; et, après l’avoir embrassé, il leur dit[130] : Quiconque[131] reçoit en mon nom un enfant comme celui-ci me reçoit ; et quiconque me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais celui qui m’a envoyé.

37 Jean, prenant la parole[132], lui dit : Nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en votre nom, et qui ne vous suit pas, et nous l’en avons empêché. Ne l’en empêchez point, dit Jésus ; car personne ne peut faire de miracle en mon nom, et aussitôt après parler mal de moi. Car qui n’est pas contre vous, est pour vous. Et quiconque vous donnera un verre d’eau en mon nom, parce que vous êtes au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense[133].

41 Et quiconque scandalisera un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou la meule qu’un âne tourne, et qu’on le jetât dans la mer. Que si votre main vous scandalise[134], coupez-la : il vaut mieux pour vous entrer mutilé dans la vie, que d’aller, ayant deux mains, dans la géhenne, dans le feu inextinguible, où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint jamais. Et si votre pied vous scandalise, coupez-le : il vaut mieux pour vous entrer boiteux dans la vie éternelle, que d’être jeté, ayant deux pieds, dans la géhenne du feu inextinguible, où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint jamais. Et si votre œil vous scandalise, arrachez-le : il vaut mieux pour vous entrer avec un seul œil dans le royaume de Dieu, que d’être jeté, ayant deux yeux, dans la géhenne du feu, où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint jamais. Car tous seront salés par le feu, comme toute victime doit être salée par le sel[135]. Le sel est bon ; mais si le sel s’affadit, avec quoi lui donnerez-vous de la saveur[136] ? Ayez en vous ce sel, et gardez la paix entre vous[137].


CHAPITRE X


INDISSOLUBILITÉ DU MARIAGE (Matth., xix, 1 sv.). — PETITS ENFANTS BÉNIS. — LE JEUNE HOMME QUI ASPIRE A LA PERFECTION (Matth., xix, 16 sv. ; Luc, xviii, 30 sv.). — DANGER DES RICHESSES (ibid.). — RÉCOMPENSE DE LA PAUVRETÉ VOLONTAIRE (ibid.). — PASSION PRÉDITE (Matth., xx, 17). — AMBITION DES ENFANTS DE ZÉBÉDÉE (ibid.). — UN AVEUGLE PRÈS DE JÉRICHO.


Étant parti de ce lieu[138], Jésus vint aux confins de la Judée, par le pays situé au delà du Jourdain ; et le peuple s’assembla de nouveau près de lui, et, suivant sa coutume, il recommença à les enseigner. Des Pharisiens s’approchant lui demandèrent pour le tenter : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ? Et il leur répondit : Que vous a ordonné Moïse ? Ils dirent : Moïse a permis d’écrire un acte de répudiation, et de la renvoyer. Jésus leur répondit : C’est à cause de la dureté de votre cœur qu’il vous a donné cette loi. Mais au commencement de la création « Dieu fit l’homme mâle et femelle. » « A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et ils seront deux en une seule chair[139]. » Ce que Dieu donc a uni, que l’homme ne le sépare point. Ses disciples l’interrogèrent encore dans la maison sur le même sujet, et il leur dit : Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l’égard de la première. Et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle se rend adultère[140].

13 Et ils lui présentaient des petits enfants pour qu’il les touchât. Mais ses disciples repoussaient avec de rudes paroles ceux qui les présentaient. Jésus les voyant fut indigné, et leur dit : Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les empêchez point, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu, n’y entrera point[141]. Et les embrassant, et imposant ses mains sur eux, il les bénissait.

17 Comme il sortait pour se mettre en chemin, un homme accourut, et se jetant à genoux devant lui, lui dit : Bon Maître, que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle ? Jésus lui dit : Pourquoi m’appelez-vous bon ? Nul n’est bon, que Dieu seul[142]. Vous connaissez les commandements : « Ne commets point d’adultère, ne tue point, ne dérobe point, ne porte point de faux témoignage, abstiens-toi de toute fraude, honore ton père et ta mère. » Il lui répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Jésus le regardant, l’aima et lui dit : Une seule chose vous manque[143] ; allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel[144] ; puis venez, et suivez-moi. Mais, affligé de cette parole, il s’en alla triste, car il avait de grands biens.

23 Et Jésus, jetant ses regards autour de lui, dit à ses disciples : Que difficilement ceux qui ont des richesses entreront dans le royaume des Cieux ! Comme les disciples étaient étonnés de ce discours, Jésus reprit : Mes petits enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile qu’un chameau passe par le chas d’une aiguille, qu’un riche entre dans le royaume de Dieu. Et ils s’étonnaient encore plus, et se disaient l’un à l’autre : Qui peut donc être sauvé ? Jésus les regardant, dit : Aux hommes cela est impossible, mais non à Dieu ; car tout est possible à Dieu.

28 Alors Pierre, prenant la parole : Voici, dit-il, que nous avons tout quitté pour vous suivre. Jésus répondit : En vérité, je vous le dis, nul n’aura laissé sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, sa mère, ou ses enfants, ou ses champs à cause de moi et à cause de l’Évangile, qui ne reçoive maintenant, en ce siècle même, cent fois autant, maison, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec les persécutions, et dans le siècle à venir la vie éternelle[145]. Et plusieurs qui étaient les premiers[146], seront les derniers[147], et plusieurs qui étaient les derniers, seront les premiers.

32 Or, ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem[148], et Jésus marchait devant eux, et ils le suivaient pleins d’admiration et de crainte. Jésus, à nouveau, prenant à part les Douze, commença à leur dire ce qui devait lui arriver. Voilà que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux Princes des prêtres, aux Scribes et aux Anciens ; ils le condamneront à mort et le livreront aux Gentils ; ils l’insulteront, et cracheront sur lui, et le flagelleront, et le feront mourir : et il ressuscitera le troisième jour.

35 Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, s’approchèrent de lui, disant : Maître, nous désirons bien que vous fassiez pour nous ce que nous vous demanderons[149]. Que voulez-vous, leur dit-il, que je fasse pour vous ? Ils dirent : Accordez-nous que nous soyons assis dans votre gloire[150], l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche. Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé[151] ? Ils lui répondirent : Nous le pouvons. Mais Jésus leur dit : Le calice qu-e je dois boire, vous le boirez en effet, et vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ; mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est point à moi de vous l’accorder ; ce sera le partage de ceux à qui mon Père l’a préparé[152].

41Entendant cela, les dix autres s’indignèrent contre Jacques et Jean. Mais Jésus, les ayant fait venir, leur dit : Vous savez que ceux qui paraissent les chefs des nations leur commandent en maîtres, et que les grands exercent sur elles l’empire. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais quiconque voudra devenir le plus grand se fera votre serviteur ; et quiconque, parmi vous, voudra être le premier, se fera l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rédemption d’un grand nombre[153].

46 Ils vinrent ensuite[154] à Jéricho ; et comme il partait de Jéricho avec ses disciples et une grande multitude, le fils de Timée, Bartimée l’aveugle, était assis sur le bord du chemin, mendiant. Ayant entendu dire que c’était Jésus de Nazareth, il s’écria : Jésus, fils de David, ayez pitié de moi. Et plusieurs le gourmandaient pour le faire taire ; mais lui criait encore plus haut : Fils de David, ayez pitié de moi. Alors Jésus, s’arrêtant, ordonna qu’on le fît venir. Et ils l’appelèrent en lui disant : Aie confiance, lève-toi, il t’appelle. Celui-ci, rejetant son manteau, s’élance et vient à Jésus. Et Jésus lui dit : Que voulez-vous que je vous fasse ? L’aveugle lui dit : Maître, que je voie. Jésus lui dit : Allez, votre foi vous a guéri. Et aussitôt il vit et il le suivait dans le chemin.



CHAPITRE XI


ENTRÉE DE JÉSUS-CHRIST DANS JÉRUSALEM (Matth., xxi, 1 sv. ; Luc, xix, 29 sv.). — FIGUIER STÉRILE (ibid.). — VENDEURS CHASSÉS DU TEMPLE (ibid.). — PUISSANCE DE LA FOI (ibid.). — JÉSUS CONFOND LES PHARISIENS (Matth. xxi, 23 sv. ; Luc, xx, 1 sv.).


1 Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et de Béthanie[155], près de la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez au village qui est devant vous[156], et, sitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel nul homme ne s’est encore assis : détachez-le et me l'amenez. Et si quelqu’un vous dit : Que faites-vous ? répondez : Le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il le laissera aller[157]. Et, s’en étant allés, ils trouvèrent l’ânon dehors, devant la porte, entre deux chemins, et ils le détachèrent. Quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : Que faites-vous, de détacher cet ânon ? Ils répondirent comme Jésus leur avait commandé, et ces gens les laissèrent l’emmener. Et ils conduisirent l’ànon à Jésus, et ils mirent dessus leurs manteaux, et il s’assit dessus. Un grand nombre étendaient leurs vêtements le long de la route ; d’autres coupaient des branches d’arbres et en jonchaient le chemin. Et ceux qui marchaient devant, et ceux qui suivaient, criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne de David notre père, qui va commencer[158] ! Hosanna au plus haut des cieux ! Et il entra à Jérusalem, dans le temple ; et ayant observé toutes choses, comme déjà l’heure était avancée, il s’en alla à Béthanie avec les Douze[159].

12 Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim. Et, voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il s’avança pour voir s’il n’y trouverait pas quelque fruit ; mais après s’en être approché, il n’y trouva que des feuilles ; car ce n’était pas le temps des figues[160]. Et il dit au figuier : Que jamais nul ne mange plus de ton fruit[161] ! Ce que ses disciples entendirent.

15 Ils vinrent ensuite à Jérusalem. Et, étant entré dans le temple, il commença à chasser ceux qui vendaient et achetaient dans le temple, et il renversa les tables des banquiers, et les sièges de ceux qui vendaient des colombes, et il ne souffrait pas que personne transportât aucun objet par le temple. Et il les enseignait, disant : N’est-il pas écrit : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour les nations[162] ? » Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Ce qu’ayant entendu[163], les Princes des prêtres et les Scribes cherchaient comment ils le feraient périr ; car ils le craignaient, parce que tout le peuple admirait sa doctrine. Le soir étant venu, il sortit de la ville[164].

20 Le lendemain matin, en passant[165], ils virent le figuier desséché jusqu’à la racine. Et Pierre, se ressouvenant, lui dit : Maître, voilà que le figuier que vous avez maudit a séché. Jésus leur répondit : Ayez 23. foi en Dieu. En vérité, je vous le dis, quiconque dira à cette montagne : Lève-toi, et te jette dans la mer, et n’hésitera point dans son cœur, mais croira que tout ce qu’il aura dit doit se faire, cela lui sera fait. C’est pourquoi, je vous le dis, tout ce que vous demanderez dans la prière, croyez que vous l’obtiendrez, et il vous sera accordé. Et lorsque vous serez debout pour prier[166], si vous avez quelque chose contre quelqu’un, remettez-le lui, afin que votre Père qui est dans les cieux vous remette aussi vos péchés. Que si vous ne remettez point aux autres, votre Père qui est dans les cieux ne vous remettra pas non plus vos péchés.

27 Ils vinrent de nouveau à Jérusalem. Et comme il marchait dans le temple, les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens s’approchèrent de lui, et lui dirent : Par quelle autorité faites-vous ces choses ? Qui vous a donné puissance pour les faire ? Jésus leur répondit : Je vous ferai, moi aussi, une question ; répondez-moi, et je vous dirai par quelle puissance je fais ces choses. Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. Mais ils faisaient en eux-mêmes cette réflexion : Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru[167] ? Si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple ; car tous tenaient Jean pour un véritable prophète. Ils répondirent donc à Jésus : Nous ne savons. Et moi, dit Jésus, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.


CHAPITRE XII


PARABOLE DES VIGNERONS HOMICIDES ET DE LA PIERRE ANGULAIRE (Matth. xxi, 33 sv. ; Luc, xx, 9 sv.). — RENDRE A CÉSAR CE QUI EST A CÉSAR (Matth. xxii, 15 sv. ; Luc, xx, 20 sv.). — RÉSURRECTION DES MORTS (ibid.). — LE PLUS GRAND DES COMMANDEMENTS (ibid.). — LE MESSIE, FILS ET SEIGNEUR DE DAVID (ibid.). — HYPOCRISIE DES SCRIBES (Matth. xxiii, 5 sv. ; Luc, xx, 43 sv.). — OFFRANDE DE LA PAUVRE VEUVE (Luc, XXi, 1-4.).


1 Et Jésus commença à leur parler en paraboles : Un homme planta une vigne[168], l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; et l’ayant louée à des vignerons, il partit pour un pays lointain. Au temps de la vendange, il envoya un serviteur aux vignerons pour recevoir d’eux du fruit de sa vigne. Et l’ayant pris, ils le battirent, et le renvoyèrent les mains vides. Il leur envoya encore un autre serviteur, et ils le blessèrent à la tête, et le chargèrent d’outrages. Il en envoya un troisième qu’ils tuèrent ; ensuite plusieurs autres, et ils battirent les uns, et tuèrent les autres. Enfin, ayant un fils unique qui lui était très-cher, il le leur envoya le dernier, disant : Ils respecteront mon fils. Mais les vignerons se dirent l’un à l’autre : Voici l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera pour nous. Et s’étant saisis de lui, ils le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne. Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra, il exterminera les vignerons et donnera sa vigne à d’autres[169].

10 N’avez-vous point lu cette parole de l’Écriture : « La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient, est devenue le sommet de l’angle : c’est le Seigneur qui a fait cela, et nos yeux le voient avec admiration ? » Et ils cherchaient à se saisir de lui, sachant qu’il les avait en vue dans cette parabole ; mais ils craignirent le peuple, et le laissant, ils s’en allèrent.

13 Et ils lui envoyèrent quelques-uns des Pharisiens et des Hérodiens[170], pour le surprendre dans ses paroles. Lesquels étant venus, lui dirent : Maître, nous savons que vous êtes véridique, et n’avez souci de personne ; car vous ne considérez point la condition des hommes, mais vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité. Est-il permis de payer le cens à César, ou devons-nous ne le point payer ? Connaissant leur malice, il leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier[171], que je le voie. Ils le lui apportèrent ; et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? De César, lui dirent-ils. Alors Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et il les remplit d’admiration.

18 Des Sadducéens, qui nient la résurrection, vinrent aussi à lui, et ils l’interrogeaient, disant : Maître, Moïse nous a donné cette loi, que si un homme meurt, laissant une femme sans enfants, son frère doit prendre sa femme et susciter des enfants à son frère[172]. Or il y avait sept frères ; le premier prit une femme, et mourut sans laisser d’enfants. Le second la prit ensuite, et mourut aussi sans laisser d’enfants. Il en arriva de même au troisième, et chacun des sept la prit à son tour et ne laissa point d’enfants. Enfin, après eux tous, mourut aussi la femme. Lors donc qu’au temps de la résurrection ils ressusciteront, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme ? car tous les sept l’ont eue pour épouse. Jésus leur répondit : Ne voyez-vous pas que vous êtes dans l’erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ? Car, après la résurrection des morts, les hommes n’auront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges dans le ciel. Et touchant la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du Buisson[173], ce que Dieu lui dit : « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? » Il n’est point le Dieu des morts, mais des vivants. Vous vous trompez donc beaucoup[174].

28 Un des Scribes, qui avait entendu cet entretien, voyant qu’il leur avait bien répondu, s’approcha et lui demanda quel était le premier de tous les commandements. Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est celui-ci : « Écoute, Israël : le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et de toutes tes forces[175]. » C’est là le premier commandement. Le second lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même[176]. » Aucun commandement n’est plus grand que ceux-là. Le Scribe lui dit : Bien, Maître, vous avez dit selon la vérité qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui ; que l’aimer de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toutes ses forces, et aimer son prochain comme soi-même vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices[177]. Jésus, voyant qu’il avait répondu avec sagesse, lui dit : Vous n’êtes pas loin du royaume de Dieu. Et personne n’osait plus l’interroger.

35 Et Jésus, enseignant dans le temple, disait : Comment les Scribes disent-ils que le Christ est fils de David ? Car David lui-même parle ainsi par l’Esprit-Saint : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds. » Ainsi David lui-même l’appelle son Seigneur, comment donc est-il son fils ? Et une foule nombreuse prenait plaisir à l’entendre.

38 Et il leur disait en enseignant : Gardez-vous des Scribes[178], qui aiment à marcher vêtus de longues robes et à être salués dans les places publiques ; qui aiment les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les festins ; qui dévorent les maisons des veuves sous le semblant de longues prières : ils recevront un jugement plus rigoureux.

41 S’étant assis vis-à-vis du tronc, il regardait de quelle manière le peuple y jetait de l’argent[179], et plusieurs riches en jetaient beaucoup. Et une pauvre veuve étant venue, elle y mit deux petites pièces valant ensemble le quart d’un as[180]. Jésus, appelant ses disciples, leur dit : Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres dans le tronc. Car tous ont mis de leur abondance, mais cette femme à mis de son indigence même, tout ce qu’elle avait, tout ce qui lui restait pour vivre[181].


CHAPITRE XIII


PROPHÉTIE DE LA RUINE DE JÉRUSALEM. — SIGNES AVANT-COUREURS DE CETTE CATASTROPHE ET DU DERNIER AVÈNEMENT DE JÉSUS-CHRIST (Matth. xxiv ; Luc, xxi).


1 Lorsque Jésus sortait du temple[182], un de ses disciples lui dit : Maître, voyez quelles pierres et quels bâtiments ! Jésus lui répondit : Vous voyez toutes ces grandes constructions ? Il n’y sera pas laissé une pierre sur une autre pierre qui ne soit renversée. Lorsqu’il se fut assis sur la montagne des Oliviers, en face du temple[183], Pierre, Jean et André l’interrogèrent en particulier : Dites-nous quand ceci arrivera, et quel sera le signe que toutes ces choses commenceront à s’accomplir ? Jésus leur répondit[184] :

6 Prenez garde que nul ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ils en séduiront un grand nombre[185]. Lorsque vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre, ne craignez point ; car il faut que ces choses arrivent : mais ce n’est pas encore la fin. On verra se soulever peuple contre peuple, royaume contre royaume, et il y aura des tremblements de terre en divers lieux. Ce sera le commencement des douleurs. Mais prenez garde à vous-mêmes. Car ils vous traduiront devant leurs tribunaux, vous serez battus dans les synagogues, et vous comparaîtrez devant les gouverneurs et les rois, à cause de moi, en témoignage pour eux. Et il faut qu’auparavant l’Évangile soit prêché à toutes les nations[186]. Lors donc qu’on vous emmènera pour vous faire comparaître, ne pensez point d’avance à ce que vous direz ; mais ce qui vous sera donné à l’heure même, dites-le. Car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit-Saint. Le frère livrera son frère à la mort, et le père son fils ; les enfants s’élèveront contre leurs parents, et les mettront à mort. Et vous serez en haine à tous à cause de mon nom. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation présente où elle ne doit pas être — que celui qui lit, entende, — alors que ceux qui sont dans la Judée s’enfuient sur les montagnes. Et que celui qui est sur le toit ne descende pas dans la maison, et n’y entre point pour emporter quelque chose. Et que celui qui sera dans les champs ne revienne point pour prendre son manteau. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que ces choses n’arrivent point en hiver. Car il y aura, en ces jours, des tribulations telles qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde, que Dieu créa, jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais. Et si le Seigneur n’avait abrégé ces jours, nulle chair ne serait sauvée ; mais, à cause des élus qu’il a choisis, il a abrégé ces jours. Alors si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, il est là, ne le croyez point. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes ; et ils feront des signes et des prodiges, jusqu’à séduire, s’il se pouvait, les élus mêmes. Vous donc, prenez garde : voilà que je vous ai tout prédit. Mais en ces jours, après cette tribulation, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles du ciel tomberont, et les vertus qui sont dans les cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées avec une grande puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges rassembler ses élus des quatre vents, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Écoutez une comparaison prise du figuier : Quand ses rameaux sont déjà tendres et qu’il pousse ses feuilles, vous savez que l’été est proche. Ainsi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le Fils de l’homme est près, qu’il est à la porte. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Ce jour et cette heure, nul ne les connaît, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul[187]. Prenez garde, veillez et priez ; car vous ne savez quand ce temps viendra. Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un lointain voyage, laissa sa maison, donnant pouvoir à ses serviteurs, à chacun son emploi, et recommandant au portier de veiller. Veillez donc (car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin), de peur que, tout à coup, il ne vous trouve endormis. Or, ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.



CHAPITRE XIV


COMPLOT DES JUIFS (Matth. xxv, 1 sv. Luc, xxiii, 1 sv.). — PARFUM RÉPANDU SUR LA TÊTE DE JÉSUS (Matth. ibid. ; Jean, xii, 1-8). — JUDAS PROMET DE LE LIVRER (ibid.). — DERNIÈRE CÈNE ; INSTITUTION DE L'EUCHARISTIE (ibid.). — RENIEMENT DE SAINT PIERRE PRÉDIT (ibid. Jean, xviii, 1). — AGONIE AU JARDIN DES OLIVIERS (Matth. xxvi, 36 sv. Luc, xxii, 40 sv.). — JÉSUS TRAHI PAR JUDAS ET CONDUIT CHEZ CAÏPHE (ibid. Jean, xviii, 3 sv.). — PIERRE LE RENIE ET FAIT PÉNITENCE (ibid.).


1 C’était la Pâque et les Azymes deux jours après : et les Princes des prêtres et les Scribes cherchaient comment ils se saisiraient de Jésus par ruse, et le feraient mourir. Mais, disaient-ils, que ce ne soit pas pendant la fête, de peur qu’il ne s’élève quelque tumulte parmi le peuple.

3 Comme il était à Béthanie[188], dans la maison de Simon le lépreux, à table, une femme s’approcha, tenant un vase d’albâtre plein d’un parfum de nard pur d’un grand prix ; et ayant rompu le vase[189], elle répandit le parfum sur sa tête. Plusieurs s’indignèrent en eux-mêmes, disant : A quoi bon perdre ainsi ce parfum ? On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et le donner aux pauvres. Et ils se courrouçaient contre elle. Mais Jésus dit : Laissez-la, pourquoi l’inquiétez-vous ? C’est une bonne action qu’elle a faite à mon égard. Car vous avez toujours les pauvres avec vous, et toutes les fois que vous voudrez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. Ce que cette femme a pu, elle l’a fait ; elle a d’avance parfumé mon corps pour la sépulture. En vérité, je vous le dis, dans le monde entier, partout où sera prêché cet Évangile, on racontera ce qu’elle a fait, et elle en sera louée.

10 Et Judas Iscariote, un des Douze, s’en alla vers les Princes des prêtres pour le leur livrer[190]. L’ayant écouté, ils se réjouirent, et promirent de lui donner de l’argent. Et il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer.

12 Le premier jour des Azymes[191], où l’on immolait la Pâque, ses disciples lui dirent : Où voulez-vous que nous vous préparions ce qu’il faut pour manger l’Agneau pascal ? Et il envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le. Et quelque part qu’il entre, dites au maître de la maison : Le Maître vous mande : Où est le lieu où je dois manger l’Agneau pascal avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande salle meublée : préparez-nous là le repas pascal. Ses disciples s’en allèrent et vinrent dans la ville ; et ils trouvèrent les choses comme il leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.

17 Sur le soir, il vint avec les Douze. Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus leur dit : Je vous le dis en vérité, un de vous, qui mange avec moi, me trahira[192]. Et ils commencèrent à s’attrister et à lui dire chacun : Est-ce moi[193] ? Il leur répondit : C’est l’un des Douze qui met avec moi la main dans le plat. Pour le Fils de l’homme, il s’en va, ainsi qu’il est écrit de lui : mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme sera trahi ! Il vaudrait mieux pour cet homme qu’il ne fût pas né.

22 Et pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, et l’ayant béni, il le rompit et le leur donna, en disant : Prenez, ceci est mon corps. Et, ayant pris le calice et rendu grâces, il le leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour un grand nombre[194]. En vérité, je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu[195]. Et après le chant de l’hymne, ils s’en allèrent sur la montagne des Oliviers.

27 Alors Jésus leur dit : Vous serez tous scandalisés cette nuit à cause de moi, car il est écrit : « Je frapperai le pasteur, et les brebis seront dispersées. » Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée. Pierre lui dit : Quand tous se scandaliseraient à cause de vous, moi jamais. Jésus lui dit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq ait chanté deux fois[196], trois fois tu me renieras. Mais Pierre insistait encore plus : Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point. Et tous les autres disciples dirent la même chose.

32 Ils vinrent ensuite en un lieu appelé Gethsémani[197], et il dit à ses disciples : Demeurez ici pendant que je prierai. Et ayant pris avec lui Pierre, Jacques et Jean, il commença à être dans la crainte et l’abattement. Et il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; demeurez ici, et veillez.

35 Et s’étant un peu avancé, il se prosterna contre terre, et il priait que cette heure, s’il se pouvait, s’éloignât de lui. Et il dit : Abba[198], Père, tout vous est possible, éloignez de moi ce calice ; cependant, non ce que je veux, mais ce que vous voulez. Il vint ensuite à ses disciples[199], et les trouvant endormis, il dit à Pierre : Simon, vous dormez ! N’avez-vous pu veiller une heure ? Veillez et priez, afin que vous n’entriez point en tentation. L’esprit est prompt, mais la chair est faible. Il s’en alla de nouveau, et pria, disant les mêmes paroles.

40 Étant revenu, il les trouva encore endormis (car leurs yeux étaient appesantis), et ils ne savaient que lui répondre. Il vint une troisième fois, et leur dit : Dormez maintenant, et reposez-vous. C’est assez, l’heure est venue ; voici que le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons ; celui qui doit me trahir est près d’ici.

43 Il parlait encore, lorsque Judas Iscariote, un des Douze, arriva, et avec lui une grande troupe armée d’épées et de bâtons, envoyée par les Princes des prêtres, les Scribes et les Anciens. Or le traître leur avait donné ce signe : Celui que je baiserai, c’est lui, saisissez-le, et emmenez-le avec précaution. Étant venu, aussitôt il s’approcha de lui, disant : Salut, Maître ; et il le baisa. Les autres mirent la main sur lui, et le saisirent[200]. Un de ceux qui étaient là, tirant une épée, en frappa un des serviteurs du Grand-Prêtre, et il lui coupa une oreille. Jésus, prenant la parole, leur dit : Vous êtes venus, comme à un voleur, avec des épées et des bâtons pour me prendre. J’étais tous les jours[201]parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point pris. Mais il fallait que les Écritures s’accomplissent. Alors ses disciples l’abandonnant, s’enfuirent tous. Un jeune bomme le suivait, couvert d’un linceul[202] ; ils se saisirent de lui, mais, laissant le linceul, il s’enfuit nu de leurs mains.

53 Ils menèrent Jésus chez le Grand-Prêtre[203], où s’assemblèrent tous les Prêtres, les Scribes et les Anciens. Pierre le suivit de loin jusque dans la cour du Grand-Prêtre, et, assis près du feu avec les serviteurs, il se chauffait. Cependant les Princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mourir, et ils n’en trouvaient point. Car 56. plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne s’accordaient pas. Enfin quelques-uns se levant, portèrent contre lui ce faux témoignage : Nous l’avons entendu dire : « Je détruirai ce temple bâti de la main des hommes ; et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera point de la main des hommes[204]. » Mais sur cela même leur témoignage ne s’accordait point. Alors le Grand-Prêtre se levant au milieu de l’assemblée, interrogea Jésus, disant : Vous ne répondez rien à ce que ceux-ci déposent contre vous ? Mais Jésus se taisait, et il ne répondit rien. Le Grand-Prêtre l’interrogea de nouveau, et lui dit : Êtes vous le Christ, le Fils du Dieu béni ? Jésus lui dit : Je le suis, et vous verrez le Fils de l’homme, assis à la droite de la majesté de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Alors le Grand-Prêtre, déchirant ses vêtements[205], dit : Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous avez entendu le blasphème, que vous en semble ? Tous jugèrent qu’il était digne de mort. Et quelques-uns commencèrent à cracher sur lui, et à voiler sa face, et à le frapper du poing, en lui disant : Prophétise ; et les valets le souffletaient.

66 Pendant que Pierre était en bas dans la cour, une servante du Grand-Prêtre vint ; et ayant vu Pierre qui se chauffait, le regardant, elle dit : Vous aussi, vous étiez avec Jésus de Nazareth. Mais il le nia, en disant : Je ne sais ni ne comprends ce que vous dites. Et comme 69. il sortait dans le vestibule[206], le coq chanta. La servante l’ayant encore aperçu dit à ceux qui étaient présents : Celui-ci est de ces gens-là. Mais il le nia de nouveau. Un peu après, ceux qui étaient là dirent à Pierre : Vous êtes certainement un d’entre eux, car vous aussi vous êtes Galiléen[207]. Alors il commença à dire avec imprécation et avec serment : Je ne connais point cet homme dont vous parlez. Et aussitôt le coq chanta encore. Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite « : Avant que le coq chante deux fois, trois fois tu me renieras ; » et il se mit à pleurer.



CHAPITRE XV


JÉSUS DEVANT PILATE. — BARABBAS. — COURONNE D'ÉPINES. — CALVAIRE. — MORT DE JÉSUS-CHRIST. — SA SÉPULTURE. (Matth. xxvii ; Luc, xxiii ; Jean, xviii, 28 ; xix, 1 sv.)


Dès le matin[208], les Princes des prêtres tinrent conseil avec les Anciens et les Scribes, et tout le Sanhédrin, et liant Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Et Pilate l’interrogea[209] : Ètes-vous le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Vous le dites. Et les Princes des prêtres portant contre lui diverses accusations, Pilate l’interrogea de nouveau, disant : Vous ne répondez rien ? Voyez de combien de choses ils vous accusent. Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate en était dans l’admiration.

6 Chaque année, à la fête de Pâque, il avait coutume de leur accorder la délivrance d’un prisonnier, de celui qu’ils demandaient. Or, il y avait dans la prison, avec d’autres séditieux, un nommé Barabbas, qui avait tué un homme dans une sédition. Le peuple s’étant donc rassemblé, commença à demander ce qu’il leur accordait toujours[210]. Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous délivre le roi des Juifs ? Car il savait que c’était par envie que les Princes des prêtres l’avaient livré. Mais les Pontifes excitèrent le peuple à demander qu’il leur délivrât plutôt Barabbas. Pilate, leur parlant de nouveau, dit : Que voulez-vous donc que je fasse du roi des Juifs[211] ? Mais de nouveau[212] ils crièrent : Crucifiez-le. Pilate, cependant, leur disait : Mais quel mal a-t-il fait ? Et eux criaient encore plus : Crucifiez-le. Pilate donc, voulant complaire au peuple, leur accorda la délivrance de Barabbas ; et après que Jésus eut été battu de verges[213], il le leur livra pour être crucifié.

16 Les soldats le conduisirent dans la cour du prétoire et rassemblèrent toute la cohorte. Et l’ayant revêtu d’un manteau d’écarlate, ils lui mirent une couronne d’épines entrelacées. Et ils commencèrent à le saluer, disant : Salut, roi des Juifs. Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils crachaient sur lui, et fléchissant le genou, ils l’adoraient. Après s’être ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent le manteau d’écarlate, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.

21Un certain Simon, de Cyrène, père d’Alexandre et de Rufus[214], passant par là, en revenant de sa maison des champs, ils le contraignirent de porter sa croix. Et ils le conduisirent jusqu’au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire, le lieu du Calvaire. Et ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il n’en prit point. Et l’ayant crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, les jetant au sort, pour savoir ce que chacun aurait. Il était la troisième heure lorsqu’ils le crucifièrent[215]. Et la cause de son supplice était ainsi écrite : Roi des Juifs[216]. Et ils crucifièrent avec lui deux voleurs, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche ; et cette parole de l’Écriture fut accomplie : Il a été mis au rang des criminels. Et les passants le blasphémaient, branlant la tête et disant : Toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, et descends de la croix. Les Princes des prêtres avec les Scribes, le raillant aussi, se disaient l’un à l’autre : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même. Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous croyions. Et ceux qui avaient été crucifiés avec lui l’outrageaient aussi.

33 A la sixième heure, les ténèbres se répandirent par toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. Et, à la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri, disant : Eloï, Eloï, lamma Sabacthani, c’est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné[217] ? Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’entendant, disaient : Il appelle Élie. Et l’un d’eux courut emplir une éponge de vinaigre, et l’ayant mise au bout d’un roseau, il la lui présenta pour boire, en disant : Laissez ; voyons si Élie viendra le détacher de la croix. Mais Jésus, ayant jeté un grand cri, expira. Et le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centurion qui était debout devant lui, voyant qu’il avait expiré en jetant un grand cri, dit : Vraiment cet homme était Fils de Dieu. Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin, parmi lesquelles étaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques le Mineur et de Joseph, et Salomé[218], qui le suivaient lorsqu’il était en Galilée, et pourvoyaient à ce qui lui était nécessaire, et plusieurs autres, qui étaient venues à Jérusalem avec lui.

42 Le soir étant déjà venu, comme c’était la Préparation, ou veille du sabbat, Joseph d’Arimathie, qui était du grand conseil et fort considéré, et qui attendait, lui aussi, le royaume de Dieu, vint hardiment trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Pilate s’étonnait qu’il fût mort sitôt. Il fit venir le centurion, et lui demanda s’il était déjà mort. Lorsqu’il s’en fut assuré par le rapport du centurion, il donna le corps à Joseph. Et Joseph, ayant acheté un linceul[219], détacha Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul, et le déposa dans un tombeau qui était taillé dans le roc, et roula une pierre à l’entrée du tombeau. Or Marie-Madeleine et Marie, mère de Joseph, regardèrent où on le mettait.


CHAPITRE XVI


RÉSURRECTION DE JÉSUS-CHRIST. — DIVERSES APPARITIONS. — MISSION DES APÔTRES. — ASCENSION (Matth. xxviii ; Luc, xxiv ; Jean, xx).


1 Lorsque le sabbat fut passé[220], Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour venir embaumer Jésus. Et de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vinrent au sépulcre[221], le soleil étant déjà levé. Elles se disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre de devant l’entrée du sépulcre ? Mais, regardant, elles virent que la pierre, qui était très-grande, avait été ôtée. Et entrant dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis à droite[222], vêtu d’une robe blanche, et elles furent saisies de frayeur. Il leur dit : Ne craignez point, vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié : il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où ils l’avaient mis. Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il va devant vous en Galilée ; là vous le verrez, comme il vous l’a dit[223]. Sortant aussitôt du sépulcre, elles s’enfuirent, car le tremblement et la peur les avaient saisies ; et elles ne dirent rien à personne[224] à cause de leur crainte.

9 Or, Jésus étant ressuscité[225], le matin, le premier jour de la semaine, il apparut premièrement à Marie-Madeleine, de laquelle il avait chassé sept démons. Et elle alla l’annoncer à ceux qui avaient été avec lui, et qui s’affligeaient et pleuraient. Eux, entendant qu’il vivait et qu’elle l’avait vu, ne crurent point. Il se montra ensuite sous une autre forme à deux d’entre eux qui étaient en chemin, et s’en allaient à la campagne[226]. Ceux-ci vinrent l’annoncer aux autres disciples ; et ils ne les crurent pas non plus[227].

14 Enfin il apparut aux Onze[228] lorsqu’ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, de n’avoir pas cru ceux qui avaient vu qu’il était ressuscité. Et il leur dit[229] : Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné. Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : Ils chasseront en mon nom les démons ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains sur les malades, et ils seront guéris.

19 Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé[230], fut élevé dans le ciel, où il est assis à la droite de Dieu. Et eux, étant partis[231], prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant leur parole par les miracles qui l’accompagnaient.

  1. C’est-à-dire, l’Évangile, l’heureuse nouvelle de la venue du Messie commença ainsi, savoir, par la prédication de Jean-Baptiste, vers. 2-4.
  2. Fils unique de Dieu, par nature, et non par adoption. L’Évangéliste commence par dire de qui est fils celui dont il va raconter l’histoire ; et l’on reconnaît de suite le disciple de saint Pierre, qui, le premier des Apôtres, confessa la divinité du Sauveur par ces paroles célèbres : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Matth. xvi, 16.
  3. Des deux citations qui suivent, la première est de Malachie (iii, 1), la seconde d’Isaïe (xl, 3). Saint Marc ne nomme qu’Isaïe, qui figure le premier en tête des livres prophétiques, comme s’il avait dit : Dans le livre des Prophètes.
  4. Liaison : Selon ce qui est écrit… Jean parut, etc. — L’an 778 de Rome, 25 de l’ère vulgaire, 15 de Tibère associé à l’empire, 12 de Tibère seul empereur, au commencement de l’automne.
  5. Voy. Matth. iii, 11 note, et Baptême de S. Jean dans le Vocabulaire.
  6. L’Esprit-Saint.
  7. Saint Marc aime les expressions fortes et énergiques. De même au vers. suivant : Il était parmi les bêtes sauvages, c’est-à-dire sans aucun commerce avec les hommes.
  8. À la fin des 40 jours. On était alors entre le milieu et la fin de janvier. Saint Jean seul (i, 29 ; iii, 31) raconte les événements qui suivent jusqu’à l’automne, où Jean-Baptiste fut mis en prison, et où Notre-Seigneur retourna en Galilée.
  9. Marqué par les Prophètes.
  10. Au Messie venu sur la terre.
  11. Ce détail fait supposer une certaine aisance dans la famille de Zébédée.
  12. Il suffirait de ce récit pour réfuter ceux qui ne veulent voir dans les énergumènes de l’Évangile que des malades ordinaires. Au vers. 32, saint Marc distingue encore de la manière la plus nette les malades et les possédés.
  13. Seriez-vous déjà venu pour juger le monde, et pour nous renfermer éternellement dans l’enfer ?
  14. Le Messie : comp. Dan. ix, 24.
  15. Sans avoir recours aux rites et aux adjurations en usage dans les exorcismes. Patrizzi.
  16. On avait voulu laisser passer le jour du sabbat. Les Hébreux comptaient les jours d’un coucher du soleil à l’autre.
  17. Fritsche : de parler de lui, ce qu’ils eussent fait, parce qu’ils le connaissaient.
  18. Il ne s’agit pas du grand-prêtre. En grec, au prêtre.
  19. L’Évangile.
  20. Les toits étaient plats. Ces gens arrivèrent soit par un escalier en dehors de la maison, soit par le toit des maisons voisines ; puis, enlevant les briques ou les tuiles au-dessus de l’endroit où était Jésus, qui prêchait sans doute dans le cénacle ou salle à manger, ils, etc.
  21. Jésus pardonne au malade à la considération non-seulement de sa foi, mais encore de celle des autres. « À quelque prix que ce soit, ô mon Sauveur, je veux vous aborder pour obtenir votre indulgence ; si je ne puis entrer par la porte, je me ferai descendre par le toit ; je tenterai les voies les plus difficiles, je ne vous aborderai pas seul ; j’aurai avec moi des intercesseurs semblables à ceux qui descendirent ce paralytique aux pieds du Sauveur, et dont la foi le toucha. » Bossuet. Ce passage confirme le dogme catholique de la Communion des Saints.
  22. Cela est vrai, et, rapproché des vers. 9 et 10, prouve tout à la fois que Jésus se dit Dieu et l’est en effet.
  23. Shallow : L’Esprit de Jésus-Christ, c’est l’Esprit-Saint. Patrizzi : Par lui-même, sans que personne le lui révélât.
  24. Appelé aussi Matthieu, l’Évangéliste.
  25. Il s’agit de jeûnes non commandés par la loi.
  26. Litt. les fils des noces, peut-être, au moins en grec, avec le sens plus restreint de paranymphes, ou compagnons de l’époux : voy. Matth. xxv, 1.
  27. Sens : les Apôtres ne sont pas encore assez forts pour que j’exige d’eux des choses difficiles.
  28. Un peu après Pâque, l’an 27 de l’ère vulgaire.
  29. Le premier livre des Rois (chap. xxi) le nomme Achimélech, père d’Abiathar, qui ne devint grand-prêtre qu’un peu plus tard. On a donné beaucoup d’explications de cette différence de nom ; la plus simple est de supposer qu’Achimélech avait pour surnom Abiathar.
  30. Le sabbat a été institué pour que l’homme pût rendre à Dieu les hommages qu’il lui doit et réparer ses forces par le repos. C’est pourquoi, en faveur des besoins de l’homme, etc.
  31. Les Scribes et les Pharisiens (Luc, vi, 7).
  32. De la Pérée.
  33. Le Fils unique de Dieu, son Fils par nature et non par adoption. En ce dernier sens, saint Jean, dans sa première Épitre, appelle tous les chrétiens fils de Dieu ; mais qu’il s’agisse ici de toute autre chose, d’une qualité propre à Jésus, c’est ce que le contexte démontre, et ce que l’article qui accompagne toujours en grec le mot Fils, prouve d’une manière péremptoire.
  34. Soit à cause de leur éloquence sublime et entraînante, soit à cause de l’ardeur de leur zèle : voy. Luc, ix, 54. Plus tard, ce zèle purifié et sanctifié par l’Esprit-Saint en fit deux infatigables prédicateurs de l’Évangile.
  35. André et Philippe sont les seuls qui aient un nom grec. Thomas, c’est-à-dire jumeau, en grec Didyme, comme l’appelle saint Jean (ix, 16). Thaddée, le même que Jude et Lebbée.
  36. À Capharnaüm, après le discours prononcé par Jésus dans un lieu uni (saint Luc, vi 17, sv.), et que le père Patrizzi distingue du Sermon sur la Montagne.
  37. Ses parents : voyez Jean, vii, 5.
  38. Ce qui suit jusqu’à la fin du chap. arriva dans l’automne de l’an 28 de l’ère vulgaire. Notre-Seigneur était venu à Jérusalem pour la fête des Tabernacles, et se trouvait alors dans quelque ville de Judée, où il avait chassé un démon (Matth. xii, 22, 23 ; Luc, xi, 14).
  39. Et c’est par Béelzébub, prince des démons, etc. Voy. ce mot dans le Vocabulaire.
  40. Satan, c’est-à-dire, adversaire, qui tend des embûches, nom propre du diable.
  41. 1. Notre-Seigneur ne dit pas que celui qui blasphème contre le Saint-Esprit ne peut pas être pardonné, mais simplement qu’il ne le sera jamais. Il n’y a pas de péché que Dieu, autant qu’il est en lui, refuse de pardonner. 2. Si donc Dieu refuse de pardonner un péché, la cause de ce refus n’est pas en lui, ou, comme parlent les théologiens, dans sa volonté antécédente et absolue ; elle est uniquement dans le pécheur endurci qui repousse la grâce du pardon. 3. Cette disposition du pécheur est justement appelée blasphème contre le Saint-Esprit ; car la grâce qu’il repousse est partout présentée, dans le Nouveau-Testament, comme un don de l’Esprit-Saint, et quoi de plus injurieux à l’Esprit-Saint, et par conséquent de plus blasphématoire contre lui, que le refus obstiné de ses dons ? 4. À ses calomniateurs Jésus avait répondu, au moins indirectement (Matth. xii, 28), qu’il chassait les démons par la vertu de l’Esprit-Saint qui était en lui ; eux, néanmoins, continuaient d’attribuer au démon ce qu’il faisait par la vertu de l’Esprit-Saint, et de prendre, en quelque sorte, l’Esprit-Saint pour le démon lui-même : n’était-ce pas blasphémer contre le Saint-Esprit et rejeter ses dons de la manière la plus indigne ? 5. Jésus, prévoyant qu’ils ne changeront jamais de sentiments, les avertit de la damnation éternelle qui les attend ; toutefois, il parle en général : Celui qui aura, etc., parce que le même sort est réservé à ceux qui imiteront leur endurcissement. Patrizzi.
  42. Le Père Patrizzi pense que ce qui suit n’est pas le même fait que raconte saint Luc, viii, 19 sv.
  43. Les racines ne pouvant s’allonger beaucoup, toute la vigueur se portait du côté de la tige. Patrizzi.
  44. En grec : Ceux qui étaient autour de lui avec les Douze, c’est-à-dire plusieurs disciples et les Apôtres. — Saint Marc rapproche de la parabole son explication, qui ne fut donnée qu’après le vers. 34, lorsque Jésus revint à la maison : comp. Matth. xiii, 36.
  45. La doctrine cachée sous ces paraboles.
  46. Qui ne veulent pas être mes disciples.
  47. Il s’agit ici des lits ou divans sur lesquels les anciens s’étendaient pour prendre leurs repas. Sens des vers. 21-23 : Ma doctrine ne doit pas rester secrète, mais être prêchée partout : comp. Matth. xiii, 52.
  48. Sens des vers. 24-25 : Si vous vous servez d’une mesure grande, on vous mesurera avec une plus grande ; si vous vous servez d’une mesure petite, on vous mesurera avec une plus petite : Dieu sera plus miséricordieux que les miséricordieux, plus sévère et plus inflexible que les hommes implacables et sans pitié. On peut aussi donner à ces deux vers. un sens moins général, et les regarder, avec le P. Patrizzi, comme la suite des vers. 21-23 : Plus les Apôtres montreront de zèle à répandre parmi les hommes les enseignements de Jésus-Christ, plus le Sauveur les fera croître dans la connaissance de sa céleste doctrine.
  49. L’homme, ce sont les prédicateurs de l’Évangile ; la semence, c’est l’Évangile, la doctrine de Jésus-Christ ; la terre, les hommes ; la moisson, le jugement. Le royaume de Dieu (l’Église) une fois fondé, croîtra jusqu’à la fin du monde, de telle sorte que ses accroissements ne devront pas être attribués aux prédicateurs, mais à Dieu seul (vers. 27). C’est la pensée de saint Paul, I Cor. iii, 6, 7, 9. La même parabole peut s’appliquer au royaume de Dieu dans chaque chrétien en particulier.
  50. Les, c’est-à-dire le peuple. Patrizzi.
  51. Les locutions en ce jour-là, aussitôt, dans saint Marc, comme alors, en ce temps-là, dans saint Matthieu, n’ont pas toujours une signification précise : ce sont le plus souvent de simples transitions. Ainsi ce qui suit n’est pas le fait indiqué par saint Matthieu xiii, 53, mais arriva plus tard, probablement dans l’hiver qui commence la vingt-huitième année de l’ère vulgaire.
  52. C’est le seul endroit de l’Évangile où il soit question du sommeil de Jésus.
  53. Ici et Matth. viii, 28 ; Luc, viii, 26, le texte grec offre une triple leçon : Gergéséniens, Géraséniens et Gadaréniens. Gadara, capitale de la Pérée, au S.-E. de la pointe méridionale du lac de Génésareth, à 11 kilomètres de Tibériade, célèbre par ses thermes et habitée en majeure partie par des païens, appartenait à la Décapole : c’est certainement dans le voisinage et sur le territoire de cette ville qu’eut lieu la guérison des possédés racontée par les synoptiques. La ville de Gérasa (Gazer), aux limites orientales de la Pérée, semble trop éloignée du lac de Génésareth pour que les expressions de l’Évangile puissent lui convenir : cette leçon paraît donc fautive. Origène seul parle d’une ville de Gergésa, située dans le voisinage de Gadara ; le témoignage de ce Père, fondé sans doute sur une tradition plus ancienne, fait croire au savant Griesbach qu’il faut lire Gadaréniens dans saint Matthieu, et Gergéséniens dans saint Marc et saint Luc.
  54. Saint Matthieu dit deux. L’un se présenta aussitôt que Jésus sortit de la barque, et l’autre un peu après. C’est du premier seulement que parle saint Marc, ainsi que saint Luc.
  55. De ne point l’empêcher d’exercer sa puissance dans ce pays.
  56. À cause de la terreur qu’il leur inspirait.
  57. Jésus évite le bruit et l’éclat quand il fait un miracle au milieu des Juifs ; mais dans le pays des Géraséniens, peuple idolâtre, il commande de publier le prodige qu’il vient d’opérer : pour nous apprendre, dit le père Patrizzi, à fuir la célébrité, si ce n’est quand l’honneur de Dieu demande le contraire.
  58. Probablement à Capharnaüm : comp. Luc, viii, 40.
  59. On appelait ainsi, non-seulement le président ou chef de la synagogue, mais encore ceux qui formaient son conseil. Jaïre était probablement un de ces derniers.
  60. Le récit de saint Marc est plus détaillé que celui de saint Matthieu, mais ne lui est point contraire.
  61. Pour toujours.
  62. Sa mort, qui va cesser dans un instant, est semblable à un sommeil.
  63. En syro-chaldéen. Talitha, propr. jeune fille de trois ans, dans l’usage ordinaire, jeune fille en général.
  64. Pour que nul ne doutât de sa résurrection.
  65. De Capharnaüm.
  66. À Nazareth. Ici et Matth. xiii, 54, Nazareth est justement appelée la patrie de Notre-Seigneur, qui avait passé dans cette ville les trente premières années de sa vie. Sa naissance à Bethléem, où il ne resta que quelques jours, était un pur accident, providentiel, il est vrai, et capital dans les desseins de Dieu, mais que beaucoup pouvaient ignorer ou avoir oublié après un si long temps. Cette manière de parler n’exclut donc en aucune façon la naissance de Jésus à Bethléem, racontée par saint Matthieu, clairement indiquée par saint Luc (iv, 16), et supposée par saint Jean (vii, 42). Lorsque l’empereur Adrien, né quarante-trois ans après la mort de Jésus-Christ, voulut profaner le berceau du Dieu des Chrétiens, ce ne fut pas à Nazareth, mais à Bethléem, qu’il fit construire un sanctuaire d’Adonis, sur l’emplacement même de la grotte sacrée, — Ce qui suit (1-16) arriva dans les premiers mois de l’an 28 de l’ère vulgaire.
  67. Notre-Seigneur lui-même exerça cette profession jusqu’à l’âge de trente ans.
  68. Voyez Frères de Jésus dans le Vocabulaire.
  69. Non que Jésus manquât de puissance mais parce que les habitants de Nazareth manquaient de foi. Deux choses, en effet, dit très-bien Victor d’Antioche, sont nécessaires à la perpétration du miracle : la puissance dans celui qui l’opère, et la foi dans celui qui en est l’objet ; l’absence de l’un de ces deux éléments paralyse l’autre.
  70. Ce que raconte saint Luc chap. iv, 22, s’était passé un an auparavant. Voy. ibid. 28, 29.
  71. Saint Matthieu et saint Luc : Ni bâton. Plusieurs explications ont été données pour concilier saint Marc avec les deux autres synoptiques. Allioli : Les Apôtres pouvaient avoir un bâton ; mais, s’ils venaient à le perdre, ils ne devaient pas se mettre en peine de s’en procurer un autre. Patrizzi : Beaucoup de manuscrits grecs et de Pères lisent dans saint Matthieu et saint Luc : des bâtons. Victor d’Antioche : Notre-Seigneur a pu permettre dans la suite ce qu’il avait défendu d’abord, et saint Marc seul aurait mentionné cette permission. Corn. Lapierre : Saint Matthieu et saint Luc parlent d’un bâton capable de servir d’arme défensive ; saint Marc, d’un bâton destiné uniquement à servir d’appui.
  72. « Cette onction sacrée des malades (l’Extrême-Onction) a été instituée par le Christ, Notre-Seigneur, comme un sacrement véritable et proprement dit de la Loi Nouvelle, insinué par saint Marc (vi, 13), recommandé aux fidèles et promulgué par saint Jacques. » Concile de Trente, Sess. xiv, c. 1.
  73. Après l’été de l’an 27 de l’ère vulgaire.
  74. Après l’automne de l’an 26 de l’ère vulgaire.
  75. Josèphe parle du mariage adultère d’Hérode, et dépeint Hérodiade comme une intrigante qui exerçait une grande influence sur ce faible monarque et le portait à faire des folies.
  76. À cette époque, les danses mimiques, importées de la Grèce, étaient en vogue dans l’empire romain ; elles avaient passé dans les mœurs des princes juifs, et les festins se terminaient toujours par ce divertissement.
  77. On sait que la promesse de la moitié du royaume était une formule de serment en usage dans l’antiquité.
  78. Les femmes n’assistaient point aux repas officiels.
  79. L’histoire rapporte plusieurs faits semblables, par exemple, quand Agrippine fit exécuter Paulina Lollia. Antoine se faisait apporter la tête des proscrits pendant ses repas, et Fulvia prit la tête de Cicéron sur ses genoux, pour lui percer la langue avec des aiguilles (Dion Cassius).
  80. Les gardes du roi étaient jadis chargés des exécutions.
  81. Le bruit de leur départ et du lieu où ils se dirigeaient se répandit.
  82. Voyez Jean, vi, 3, 5. Patrizzi : de la barque.
  83. C’est ce que tous les Israélites avaient coutume de faire avant de prendre leur repas.
  84. La raison en est sans doute Jean, vi, 15.
  85. Après avoir abordé à Capharnaüm, ibid. 17.
  86. Un peu avant le lever du soleil.
  87. Jésus fit comme s’il voulait passer outre à côté d’eux.
  88. « Nous voyons dans l’Écriture que tantôt l’Église est bâtie sur une pierre immobile (Luc, vi, 48), et tantôt comme un navire qui flotte au milieu des ondes au gré des vents et des tempêtes : si bien qu’il paraît qu’il n’est rien de plus faible que cette Église, puisqu’elle est ainsi agitée ; et qu’il n’est rien aussi de plus fort, puisqu’on ne la peut jamais renverser, et qu’elle demeure toujours immuable, malgré les efforts de l’enfer. L’Évangile nous la représente ici parmi les flots, portée de çà et de là par un vent contraire. Et, ce qui est plus surprenant, c’est que Jésus, qui est son appui, semble l’abandonner à la tempête, il s’approche et il veut passer, comme si son péril ne le touchait pas. Toutefois, ne croyez pas qu’il l’oublie : il permettra bien que les flots l’agitent, mais non pas qu’ils la submergent, ni qu’ils l’engloutissent. Il commande aux vents, et ils s’apaisent ; il entre dans le navire, et il arrive sûrement au port : afin que nous entendions qu’il n’y a rien à craindre pour l’Église, parce que le Fils de Dieu la protège. » Bossuet.
  89. Le miracle de la multiplication des pains n’avait pas suffi pour leur montrer dans Jésus un Dieu. Mais ce nouveau prodige dissipa leur aveuglement : voyez Matth. xiv, 33.
  90. Patrizzi : surent qu’il était revenu dans leur pays ; la nouvelle s’en répandit promptement.
  91. Les faits racontés dans les vers. 55 et 56, se sont passés aux environs de Pâque, l’an 28 de l’ère vulgaire ; car il ne semble pas que, cette année-là, Jésus ait été célébrer cette fête à Jérusalem. Patrizzi.
  92. Le gr. omet les en blâmèrent, et après la parenthèse des vers. 3-4, continue la phrase au vers. 5.
  93. On voit par ces explications que saint Marc écrit pour d’autres que pour les Juifs. Voy. aussi vers. 11.
  94. Isaïe, xxix, 13.
  95. En gr. et appelant tout le peuple.
  96. La sentence exprimée au vers. 15.
  97. C.-à-d. où disparaissent les immondices qu’ils laissent après eux.
  98. L’envie.
  99. Saint Marc passe sous silence les détails donnés par saint Matthieu, xv, 23, 24, c’est-à-dire, ce qui se passa hors de la maison.
  100. La partie du pays de Chanaan non occupée par les Israélites, s’appela Phénicie. Mais depuis que la Judée, la Phénicie, la Galilée, la Syrie proprement dite, etc., formaient la province romaine de Syrie, on disait, pour distinguer ces divers peuples, les Syriens-Juifs ou Syro-Juifs, les Syro-Phéniciens, etc.
  101. Ces moyens par eux-mêmes ne pouvaient contribuer à la guérison de ce malade ; mais Jésus les emploie pour provoquer l’attention, et montrer quelle vertu merveilleuse la divinité communiquait à sa chair adorable.
  102. Ce sourd-muet, nous disent les Pères, c’est l’humanité non régénérée, ne pouvant ni entendre la doctrine du salut, ni publier les louanges de Dieu. Voilà pourquoi l’Église catholique, dès la plus haute antiquité, regardant ce que fit Jésus à l’égard du sourd muet comme une action symbolique, a adopté un rit semblable dans les cérémonies du baptême.
  103. C’est-à-dire, selon Kuinœl, il ne fait partout que du bien.
  104. Saint Matthieu, dans la contrée de Magédan, à l’E. de la mer de Tibériade, et voisine de Gérasa. Dalmanutha, nommé par saint Marc seul, était aussi dans cette région (Patrizzi) ; ou bien c’était le nom du district auquel appartenaient Magédan et Gërasa (Allioli).
  105. Saint Matthieu, des Sadducéens. Il est probable qu’Hérode Antipas était attaché aux opinions de cette secte.
  106. Dans leur pensée, Jésus craignait qu’ils ne se fussent procuré ou ne se procurassent du pain auprès des Pharisiens et des Sadducéens.
  107. Savoir, que je n’ai pu vous parler d’un pain matériel ; car ces miracles prouvent que vous ne devez avoir aucun souci de ce qui regarde la nourriture du corps.
  108. En Galilée. Aucun autre Évangéliste ne parle de ce miracle.
  109. En grec : Il le fit voir, ou lever les yeux.
  110. Le grec omet : Allez en votre maison.
  111. L’ancienne Panéas, ville située près d’une des sources du Jourdain qui sort d’une grotte nommée Panéum. Agrandie et ornée d’édifices nouveaux par le tétrarque Philippe, fils d’Hérode le Grand, elle fut appelée Césarée en l’honneur de Tibère, et Césarée de Philippe pour la distinguer de Césarée de Palestine, bâtie par Hérode au bord de la mer, et résidence du procurateur romain.
  112. Chefs des vingt-quatre familles ou classes de toute la race sacerdotale. Voy. ce mot dans le Vocabulaire.
  113. C’est-à-dire qu’il ne se connaisse plus lui-même, qu’il accepte les souffrances, qu’il embrasse pour Jésus-Christ ce qu’il y a de plus contraire aux inclinations de la nature, comme s’il ne s’agissait pas de lui-même, mais de quelqu’un dont il ne connaîtrait pas même le nom. Patrizzi.
  114. « Cette vie est une tempête ; il faut soulager le vaisseau, quoi qu’il en coûte, car que sert de tout sauver, si soi-même il faut périr ? Voyez ce marchand qui dispute s’il jettera dans la mer ses riches ballots : Aveugles, tu les vas perdre et te perdre encore toi-même par-dessus. » Bossuet.
  115. Dans les vers. 35-37, au lieu de vie, soi-même, il y a en grec et en latin le mot âme, parce que Notre-Seigneur ne parle pas seulement de la vie du corps, mais de la vie en général, et que, sous l’image de la vie corporelle, il veut faire songer à la vie éternelle, au salut de l’âme.
  116. Infidèle à Dieu, dont la nation juive était comme l’épouse.
  117. Le père Patrizzi, après saint Léon le Grand, entend ce vers. de la transfiguration qui eut lieu six jours après. Cette prédiction eut aussi son accomplissement dans la résurrection et l’ascension glorieuse du Sauveur. Dans le texte grec ce vers. commence le chap. ix.
  118. C’est-à-dire l’imprimèrent dans leur mémoire, Meyer ; Fritzche : sans la communiquer à d’autres. Le premier sens nous paraît plus naturel. — Ils ne comprenaient sans doute pas encore qu’il fallait que le Christ souffrît et mourût.
  119. Donc se rapporte aux derniers mots du chap. précédent. Les Apôtres ont vu le règne ou le royaume de Dieu dans sa puissance (Notre-Seigneur transfiguré), et ils se demandent où est Élie qui doit précéder son avénement.
  120. C’est-à-dire fera que les Israélites se convertissent et reconnaissent Jésus pour le Messie (Malach., iv, 6). Mais auparavant doit s’accomplir une autre parole des Écritures annonçant la passion et la mort du Christ.
  121. Au reste Élie, qui viendra en personne pour préparer mon second avénement, est venu, dans la personne de Jean-Baptiste, préparer la voie à mon premier avénement.
  122. Le lendemain de la transfiguration, dit saint Luc (ix, 37).
  123. Le visage de Jésus conservait sans doute encore un reflet de la gloire de sa transfiguration. Meyer.
  124. D’un démon qui le rend muet et épileptique (Matth., xix, 14).
  125. Jésus reproche au peuple son incrédulité, qui avait mis obstacle au miracle.
  126. Le jeûne soumet la chair à l’esprit, la prière unit l’âme à Dieu : ainsi, l’homme devient un ange qui commande à la chair et au démon. Eusébe d’Emèse. Le P. Patrizzi remarque que ces deux moyens ne sont pas moins nécessaires au possédé qu’à l’exorciste.
  127. On voit en quel sens Notre-Seigneur dit ailleurs, qu’il restera trois jours et trois nuits dans le tombeau.
  128. Ce qu’ils ne comprenaient pas, c’était moins les paroles que la chose elle-même, savoir, comment celui qu’ils regardaient comme le Fils de Dieu, viendrait à souffrir et à mourir. « Tant ils s’étaient, dit Bossuet, rempli l’imagination des opinions judaïques touchant le règne pompeux de leur Messie. »
  129. Vers la fin de l’été de l’an 28 de l’ère vulgaire. Comp. Matth., xvii, 23.
  130. Suppléer ici les vers. 3 et 4 de saint Matthieu, xviii.
  131. Mais ces disciples humbles et petits comme des enfants, je veux qu’on les accueille et qu’on les honore.
  132. Les vers. 37 sv., sont une digression occasionnée par une question de saint Jean.
  133. Ce verset, dit le père Patrizzi, fait partie de la digression qui commence au vers. 37, et signifie : Si un verre d’eau froide donné en mon nom ne doit pas rester sans récompense, à plus forte raison l’acte de celui qui aura, en mon nom, chassé les démons.
  134. Notre-Seigneur passe du particulier au général.
  135. Le feu conservera le corps des damnés, comme le sel ici-bas préserve de la corruption ; il les brûlera sans les consumer. Ainsi s’accomplira, dans ces victimes de la justice, ce qui était commandé dans la loi au sujet des offrandes de farine : « Vous assaisonnerez avec le sel tout ce que vous offrirez en sacrifice. » Lévit, ii, 13. Kenrich.
  136. Cette sentence, qui se trouve Matth, v, 13, ne semble venir ici que parce qu’il est question de sel au vers. 48. Cependant le père Patrizzi la rattache à ce qui précède, en prenant le mot sel dans le sens figuré de pensée de l’enfer.
  137. Cette exhortation à la paix se rapporte au vers. 33.
  138. De Capharnaüm.
  139. Gen., i, 27. — Ibid., ii, 24. Le raisonnement est clair Notre-Seigneur fait une citation de la Genèse, qui prouve que la femme tirée de l’homme lui doit être unie en une même chair, que tel est le dessein du Créateur, comme l’attestent les paroles d’Adam, inspirées de Dieu.
  140. Entre le vers. 12 et le vers. 13 se placent les faits racontés au chap. m, 22, 35. Ce qui suit (vers. 13-31) arriva au commencement de l’an 29 de l’ère vulgaire. Patrizzi.
  141. Les mots royaume de Dieu ont ici deux sens ; ils désignent : 1° la doctrine et la morale de Jésus-Christ ; 2° le ciel.
  142. Le but de cette réponse est d’élever plus haut les pensées du jeune homme, et de l’amener à se demander si Jésus ne serait pas le Fils de Dieu.
  143. Pour être parfait (Matth., xix, 21).
  144. A cet homme ami des richesses, Jésus présente le ciel comme un trésor.
  145. Telle est la récompense des i religieux et des religieuses qui trouvent dans la maison de leur ordre des pères et des frères, des mères et des sœurs, etc. Cassien.
  146. En richesses et en honneurs.
  147. Dans le siècle à venir.
  148. Au commencement de mars de l’an 29 de l’ère vulgaire, c'est-à-dire dans le dernier mois de la vie de Jésus.
  149. Ce fut leur mère Salomé qui fit cette demande à Jésus (Matth. xx, 20) ; mais ses enfants l’accompagnaient, et elle ne faisait qu’exprimer leurs désirs.
  150. Quand vous régnerez comme Messie.
  151. Calice et baptême sont des expressions métaphoriques qui désignent les souffrances et la mort de Jésus.
  152. Patrizzi : Il m’appartient de le donner, il convient que je le donne, non à vous, mais à ceux à qui mon Père l’a préparé.
  153. (4)
  154. Le jeudi 10 mars de l’an 29 de l’ère vulgaire. En entrant dans la ville, Jésus guérit un aveugle (Luc, xviii, 36 sv.) : il loge chez Zachée, et le lendemain, 11 mars, au moment où il sort de Jéricho, il guérit un autre aveugle. Voy. Matth. xx, 34, note. — Bartimée, c’est-à-dire fils de Timée. Ces sortes de mots composés n’étaient pas des noms, mais des surnoms tirés du nom du père, plus usités cependant et plus connus que les noms eux-mêmes. C’est ainsi que Jean et Nathanaël sont souvent désignés sous les surnoms de B[...] et de Barthélemy.
  155. En grec. De Jérusalem à Bethphagé, de Béthanie. Bethphagé était situé entre Jérusalem et Béthanie. — Parti de Jéricho, le 11 mars, Jésus arriva à Béthanie le 12, et fit son entrée à Jérusalem le 13, un dimanche.
  156. Bethphagé.
  157. Le Seigneur ou le Maître, c’est Jésus. On voit quelle était la vénération du peuple pour le Sauveur.
  158. Les Juifs se figuraient que Jésus, le Messie, allait restaurer la royauté israélite, et commencer un règne glorieux comme celui de David.
  159. Ne s’agirait-il pas ici d’une sorte d’inspection faite avec autorité par le Messie qui venait d’entrer en triomphe dans Jérusalem, et qui aurait, vu l’heure avancée, remis au lendemain la correction des abus ? Voy. vers. 15.
  160. Les figues, en Judée, n’ont une certaine grosseur que vers la fin d’avril, et ceci se passait le lundi 14 mars.
  161. Voy. Matth. xxi, 19, note.
  162. Isaïe, lvi, 7 ; Jérém. vii, 11.
  163. Les paroles de Notre-Seigneur étaient pour eux un reproche indirect de leur négligence à sauvegarder la sainteté du temple.
  164. Pour aller passer la nuit à Béthanie.
  165. Le lendemain, mardi, en revenant à Jérusalem. C’est à ce jour qu’il faut rapporter Matth. xxi, 20-22.
  166. Liaison : Il faut, en outre, pour être exaucé, pardonner au prochain ses offenses. « On obtient tout ce qu’on demande, dit Bossuet, si on le demande avec un cœur plein de foi en Dieu, et en paix avec les hommes. »
  167. Comp. Jean, i, 7.
  168. Comp. Isaïe, v, 2 ; Ps. lxxix, 9-17. Cette parabole est en partie historique (vers-1-6), en partie prophétique (vers. 7-9).
  169. Voy. l’explication de cette parabole Matth. xxi, 41.
  170. Hérode et ses courtisans se trouvaient à Jérusalem pour la fête de Pâque (Luc, xxiii, 7).
  171. Un denier d’argent, ce que tout Juif devait payer chaque année au peuple romain.
  172. Deutér. xxv, 5-10. De là la distinction entre la descendance naturelle et la descendance légale, distinction d’où il faut partir pour concilier entre elles les deux généalogies de Notre-Seigneur, données par saint Matthieu et saint Luc.
  173. C’est-à-dire l’endroit où il est parlé du buisson ardent (Exod. iii, 4 ; c’est de cette manière, dit Jablonski, que les anciens docteurs juifs, dont les livres n’étaient pas divisés en chapitres et en versets, indiquaient leurs citations.
  174. Les Sadducéens niaient la résurrection parce que, regardant l’âme comme matérielle, ils croyaient qu’elle ne survivait pas au corps, et que, par conséquent, la mort anéantissait l’homme tout entier. C’est ce dernier point, base de leur système, que réfute le Sauveur. Dieu n’est pas le Dieu des morts, c’est-à-dire de ceux qui n’existent pas, dont il ne reste plus rien ; mais des vivants, au moins quant à leur âme : voilà la majeure du raisonnement. Pour que la conséquence soit légitime, il faut que la mineure soit prise dans le même sens que la majeure ; ainsi il ne faut pas expliquer : Je suis le Dieu qu’ont adoré, etc. ; mais : Je suis le Dieu qu’adorent Abraham… Or, qui oserait soutenir, contre l’autorité du Fils de Dieu, que ces paroles n’ont pas été dites dans ce dernier sens ? Patrizzi. Comp. les endroits parallèles de saint Matthieu et de saint Luc.
  175. Deut. vi, 4, 5. « Il ne se faut pas tourmenter l’esprit à comprendre la vertu de chacune de ces paroles, ni à distinguer, par exemple, le cœur d’avec l’âme, ni l’un ni l’autre d’avec l’esprit, ni tout cela d’avec la force de l’âme… Il faut seulement entendre que le langage humain étant trop faible pour expliquer l’obligation d’aimer Dieu, le Saint-Esprit a ramassé tout ce qu’il y a de plus fort pour nous faire entendre qu’il ne reste plus rien à l’homme qu’il puisse se réserver pour lui-même ; mais que tout ce qu’il a d’amour et de force pour aimer, se doit réunir en Dieu. » Bossuet.
  176. Lévit. xix, 18.
  177. Ces dernières paroles du Scribe montrent qu’il a bien compris ce qu’il y avait de nouveau dans la réponse de Notre-Seigneur.
  178. Surtout des Scribes de l’école des Pharisiens. Comp. Matth. xxiii.
  179. Pour l’entretien du temple et du culte.
  180. Ces petites pièces valaient à peine un de nos centimes. Saint Marc, écrivant pour les Romains, évalue en monnaie romaine l’offrande de la veuve juive.
  181. « Heureux les chrétiens d’avoir un maître qui sait si bien faire valoir les bonnes intentions de ses serviteurs ! Aussitôt qu’il voit cette veuve qui n’a donné que deux petites pièces, ravi de sa libéralité, Jésus appelle ses disciples, comme à un grand et magnifique spectacle. » Bossuet.
  182. Le mardi 15 mars, vers le soir.
  183. La face antérieure du temple, au haut du mont Moria, était tournée vers l’est, du côté du mont des Oliviers, en sorte que Jésus, assis sur cette dernière montagne, le visage tourné vers l’ouest, était en face du temple.
  184. Le Père Patrizzi, adversaire du double sens littéral dans l’Écriture, partage ce chapitre en quatre alinéas : 1° Vers. 5-13, signe de la fin du monde ; 2° vers. 14-20, époque de la ruine du temple ; 3° Vers. 21-32, signe du second avénement de Jésus-Christ ; 4° Vers. 33-37, avertissement de s’y préparer. Voyez Matth. xxiv, 4, note.
  185. Le Père Patrizzi entend ce vers. des diverses sectes ou hérésies qui se sont produites ou se produiront jusqu’à la fin du monde.
  186. Ce verset, dit le Père Patrizzi, interrompt la suite des vers. 9-11, et semble devoir être placé après le vers. 13, comme conclusion de la première partie de ce discours : comp. Matth. xxiv, 14.
  187. « Par les choses que le Fils ne sait pas, il faut entendre celles qu’il ne sait pas pour son Église, et qu’il ne doit point révéler. » Bossuet. — Malachie (ii, 1) appelle Jésus-Christ l’Ange du Testament, ou de l’Alliance, c’est-à-dire, l’ambassadeur envoyé de Dieu pour son alliance avec les hommes, Or un ambassadeur ne doit dire que ce qu’il a mission de révéler : tout le reste, qu’il le sache ou non, il l’ignore. Patrizzi.
  188. Ce qui est raconté au verset 3 sv. arriva le samedi précédent, 12 mars. Saint Marc le place ici, comme expliquant ce qui poussa Judas à livrer son Maître à ses ennemis, et reliant les vers. 1-2 avec les vers. 10-11.
  189. D’après un antique usage qui consistait à briser la vaisselle dont on s’était servi pour traiter un personnage distingué.
  190. Mercredi 13 nisan, 16 mars.
  191. Notre-Seigneur prédit trois fois dans le cénacle la trahison de Judas : 1° pendant le souper Matth. xxvi, 21-23 ; Marc, xiv, 18-21 ; 2° après l’institution de l’Eucharistie. Luc, xxii, 21-23 ; 3° Jean, xiii, 21-26.
  192. Le premier des sept jours des Azymes était le 15 nisan. Mais comme on commençait dès la veille à s’abstenir de pain fermenté, dans l’usage on appela ainsi le 14 nisan, qui tombait cette année-là le jeudi 17 mars.
  193. En grec : Est-ce moi ? Et un autre : Est-ce moi ?
  194. Le vers. 24 doit se placer après les mots rendu grâces du vers. 23.
  195. Voy. Matth. xxvi, 19, note.
  196. Le coq chante deux fois pendant la nuit, la première fois après le milieu de la nuit, la seconde au point du jour. Dans l’usage ordinaire, c’est ce dernier chant qu’on appelle proprement chant du coq, et c’est ainsi que parlent les autres Évangélistes ; ils ne sont donc pas en désaccord avec saint Marc.
  197. Gethsémani, c’est-à-dire, pressoir d’olives ou à huile, était un enclos ou verger, planté d’oliviers, à l’est de Jérusalem, où le Sauveur allait habituellement passer la nuit quand il avait, durant le jour, enseigné dans le temple. Aussi Judas connaissait parfaitement ce lieu. On montre encore de nos jours, dans la proximité du pont qui mène de la porte St-Étienne au mont des Oliviers, au-delà du torrent de Cédron, sous le nom de Djesmanié, un enclos où se trouvent quelques vieux oliviers, et que l’on donne avec raison comme l’ancien Gethsémani.
  198. Abba, nom syro-chaldaïque qui signifie père.
  199. Les trois disciples nommés vers. 33.
  200. Ce verset, dans l’ordre des faits, vient après le vers. 49.
  201. Tous les jours qui viennent de s’écouler.
  202. Sans doute quelque gardien ou valet de la ferme de Gethsémani, réveillé au bruit de tout ce monde. Saint Marc mentionne cet incident pour montrer quel danger il y avait à suivre Jésus cette nuit-là.
  203. 1° Caïphe, le grand-prêtre de cette année (Jean, xviii, 13), et Anne, son beau-père, avaient tous deux le titre de grand-prêtre. 2° Anne et Caïphe vivaient habituellement, ou se trouvaient cette nuit-là, pour la manducation de l’Agneau pascal, dans la même maison. Ces deux points admis (voy. la note du vers. 68), S. Matthieu xxvi, 57, S. Marc ici, et S. Jean xviii, 13, se concilient sans peine. Patrizzi.
  204. Voy. Jean, ii, 19.
  205. Signe, chez les Juifs, d’une grande douleur ou d’une vive indignation.
  206. Le vestibule était l’entrée du palais ; on le traversait pour entrer dans la cour. — Où et quand eurent lieu les trois reniements de saint Pierre ? Le premier arriva certainement avant que Notre-Seigneur ne fût conduit devant Caïphe (Jean, xviii, 17). Mais la comparaison des quatre Évangiles fait naître quelques difficultés par rapport aux deux autres. La solution la plus simple est d’admettre avec le Père Patrizzi, qu’Anne et Caïphe se trouvaient dans la même maison. En effet, il est bien remarquable que les Évangélistes, dans le récit qu’ils font des trois fautes de saint Pierre, supposent à peu près le même lieu, et qu’ils ne disent pas que Jésus fut envoyé par Anne dans la maison de Caïphe, mais chez ou devant Caïphe. Ainsi les trois reniements ont eu lieu dans la cour et sous le vestibule de la maison où se trouvaient Caïphe et Anne : le 1er avant le premier chant du coq (voy. vers. 30) ; le 2e, un peu après, et le 3e environ une heure après le 2e, immédiatement avant le second chant du coq, pendant que Jésus était devant Caïphe.
  207. Le grec ajoute : Et votre langage, votre accent, s’accorde avec celui des Galiléens.
  208. Comp. Luc, xxii, 66-71.
  209. Avant ce vers. 2 il faut placer ce qui est raconté Jean, xviii, 28-29 ; Luc, xxiii, 2 ; Jean, xviii, 33.
  210. En grec : Le peuple commença à demander à grands cris, etc.
  211. En grec : De celui que vous appelez roi des Juifs.
  212. Ils avaient fait entendre ce cri pour la première fois, soit au vers. 8 (texte gr.), soit au vers. 11.
  213. La flagellation et le couronnement d épines eurent lieu après ces mots du vers. 14 : Quel mal a-t-il fait ? Voy. Matth. xxviii, 26, note.
  214. Ce Rufus était à Rome quand saint Marc y composait son Évangile (Rom. xvi, 13).
  215. Comment saint Jean (xix, 14) dit-il qu’il était environ la sixième heure quand Pilate condamna Jésus ? Chez les Hébreux, heure, dit Grotius, il y avait trois heures de la journée particulièrement consacrées à la prière : la troisième, la sixième et la neuvième, et c’étaient celles qui, dans le commun usage, servaient à marquer les divisions du temps : on rapportait à l’une ou à l’autre ce qui se passait dans l’intervalle, Ainsi saint Marc rapporte le crucifiement à la troisième heure, parce qu’il eut lieu entre la troisième et la sixième (entre neuf heures et midi). Vers la sixième la sentence s’exécute, le ciel s’obscurcit ; à la neuvième heure, Jésus expire. Saint Jean, qui ne marque qu’un seul moment pour toute la scène, le prend vers le milieu du temps qu’elle dura. Wallon.
  216. L’inscription complète était : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
  217. Ce sont les premiers mots du Ps. xxi. Saint Matthieu les cite d’après l’hébreu, afin que l’application de ce passage à Notre-Seigneur soit plus évidente ; saint Marc les rapporte en syro-chaldaïque, comme il est probable que Notre-Seigneur les prononça, « Ce n’est que par plaisanterie, ajoute le Père Patrizzi, et non par une erreur véritable, que les Juifs dirent : Il appelle Élie. Car les sons du mot Eloï, et ceux du mot Élie en hébreu, sont si différents, qu’il est impossible de confondre. Mais cette opinion ne nous paraît rien moins que certaine ; les Juifs qui ont pensé à Élie étaient sans doute des Juifs hellénistes, présents à Jérusalem pour la fête. Un rapprochement quelconque dans le son a suffi pour les induire en erreur.
  218. La mère des fils de Zébédée.
  219. Le Père Patrizzi (De Evang. lib. III, diss. l) prouve que les Juifs pouvaient, un jour de fête, acheter un objet, mais sans en débattre ni en payer le prix, et donner la sépulture.
  220. Le soir, après le coucher du soleil.
  221. Cette visite des saintes femmes au sépulcre est la même dont parle saint Matthieu, xxviii, 5 ; mais elle diffère de celle que racontent saint Luc, xxiv, 1, et saint Jean, xx, 1, 2. Voy. Luc, xxiv, 1, note.
  222. Par rapport aux saintes femmes qui entraient dans le sépulcre.
  223. L’Ange ne dit pas que les Apôtres ne verront pas le Sauveur avant leur arrivée en Galilée. Ils demeurèrent au moins huit jours à Jérusalem après la résurrection (Jean, xx, 26), puis partirent pour la Galilée (Matth. xxviii, 16), où ils restèrent environ quatre semaines.
  224. Ce mot ne désigne pas les Apôtres (voy. Matth. xxviii, 8), mais les personnes qu’elles rencontrèrent en route.
  225. Les vers. 9-11 viennent, dans l’ordre des temps, avant le vers. 2 ; le fait est raconté avec plus de détails par saint Jean, xx, 11-17.
  226. Au bourg d’Emmaüs, appelé campagne par opposition à la ville de Jérusalem. Voy le beau récit de saint Luc, xxiv, 13-32.
  227. Comp. Luc, xxiv, 33-35.
  228. A Jérusalem, après leur retour de Galilée.
  229. Il leur avait dit la même chose en Galilée, quelques jours auparavant (Matth. xxviii, 19).
  230. Les conduisit à Béthanie, ville située sur le mont des Oliviers, non loin de Gethsémani, où sa passion avait commencé, et là, il fut élevé, etc. (Luc, xxiv, 50). L’ascension eut lieu le jeudi, 28 avril, an 29 de l’ère vulgaire.
  231. Après la Pentecôte.