Émile Bouillon.
À M. GASTON PARIS
HOMMAGE
DE RECONNAISSANCE ET D’AFFECTION

TABLE DES MATIÈRES


qu’est-ce qu’un fabliau ? — dénombrement, répartition chronologique et géographique des fabliaux
I. 
La forme du mot : fabliau ou fableau ? 
 25
II. 
Définition du genre : Les fabliaux sont des contes à rire en vers ; dénombrement de nos contes fondé sur cette définition : leur opposition aux autres genres narratifs du moyen âge, lais, dits, romans, etc. 
 28
III. 
Qu’il s’est perdu beaucoup de fabliaux : mais ceux qui nous sont parvenus représentent suffisamment le genre 
 37
IV. 
Dates entre lesquelles ont fleuri les fabliaux : 1159-1340 
 40
V. 
Essai de répartition géographique : que les fabliaux paraissent avoir surtout fleuri dans la région picarde 
 42
la question de l’origine et de la propagation des fabliaux
idée générale des principaux systèmes en présence
I. 
Position de la question : force singulière de persistance et de diffusion que possèdent les fabliaux et, en général, toutes les traditions populaires ; d’où ce problème : comment expliquer la présence des mêmes traditions et, plus spécialement, des mêmes contes, dans les temps et les pays les plus divers ? 
 45
II. 
Qu’on ne saurait séparer la question de l’origine des fabliaux du problème plus compréhensif de l’origine des contes populaires en général. C’est ce que montrera l’exposé des diverses théories actuellement en conflit 
 51
III. 
Théorie aryenne de l’origine des contes : les contes populaires modernes renferment des détritus d’une ancienne mythologie aryenne 
 53
IV. 
Théorie anthropologique : ils renferment des survivances de croyances, de mœurs abolies, dont l’anthropologie comparée nous donne l’explication 
 57
V. 
Théories des coïncidences accidentelles 
 62
VI. 
Théorie orientaliste : les contes dérivent, en grande majorité, d’une source commune, qui est l’Inde des temps historiques 
 67
VII. 
Que cette dernière théorie seule nous intéresse directement : car, seule, elle donne une solution au problème des fabliaux ; mais aucune des théories en présence ne peut la négliger : car, vraie, elle les ruine toutes 
 69
exposé de la théorie orientaliste et plan d’une
critique de cette théorie
I. 
Historique de la théorie : Ses humbles commencements de Huet à Silvestre de Sacy ; ses prétentions et son succès depuis Théodore Benfey 
 72
II. 
Ses arguments sous sa forme actuelle : Les contes, soutient-elle, nés dans l’Inde, sont parvenus en Europe, par voie littéraire et par voie orale, au moyen âge. Car : 1° Absence de contes populaires dans l’antiquité ; 2° Influence au moyen âge des grands recueils orientaux traduits en des langues européennes ; rôle des Byzantins, des Arabes, des Juifs ; 3° Survivance de croyances indiennes ou bouddhiques dans nos contes ; 4° Les versions occidentales de nos contes apparaissent comme des remaniements des formes orientales 
 79
III. 
Plan d’une réfutation, qui reprendra, dans les chapitres suivants, chacun de ces arguments 
 86
les contes populaires dans l’antiquité et dans
le haut moyen âge
I. 
Qu’il est téméraire de conclure de la non existence de collections de contes dans l’antiquité à la non existence des contes eux-mêmes 
 91
II. 
Les fables dans l’antiquité. Résumé des théories émises sur leur origine, destiné à mettre en relief cette vérité, trop souvent méconnue par les indianistes, que, lorsqu’on a fixé les dates des diverses versions d’un conte, on n’a rien fait encore pour déterminer l’origine du conte lui-même 
 93
III. 
Exemples de contes merveilleux dans l’antiquité : a) en Égypte ; b) en Grèce et à Rome : Midas, Psyché, les contes de l’Odyssée, Mélampos, Jean de l’Ours, le Dragon à sept têtes, le fils du Pêcheur, Glaucos, etc. 
 106
IV. 
Exemples de nouvelles et de fabliaux dans l’antiquité : Zariadrès. Les Fables Milésiaques. La comédie moyenne. Une narration de Parthénius. Silhon et Palléné. Contes d’Apulée, d’Athénée. Formes antiques des fabliaux du Pliçon, du Vair palefroi, des Quatre souhaits Saint-Martin, de la Veuve infidèle, etc. 
 113
V. 
Exemples de contes dans le haut moyen âge : examen de la collection dite le Romulus Mariae Gallicae 
 121
l’influence des recueils de contes orientaux
réduite à sa juste valeur
I. 
Que les fabliaux représentent la tradition orale, et que leurs auteurs ne paraissent avoir rien emprunté, consciemment du moins, aux recueils orientaux traduits en des langues européennes 
 127
II. 
Quels sont les contes que le moyen âge occidental pouvait connaître par ces traductions de recueils orientaux, et quels sont ceux qu’il leur a réellement empruntés ? Possibilité, légitimité, utilité de cette recherche 
 130
III. 
Analyse de tous les recueils de contes du moyen âge traduits ou imités des conteurs orientaux : 1° de la Discipline de clergie, 2° du Dolopathos, 3° et 4° des Romans des Sept Sages occidental et oriental ; 5° du Directorium humanae vitae ; 6° de Barlaam et Joasaph. — Résultat de ce dépouillement : nombre dérisoire de contes qui paraissent à la fois dans les recueils orientaux et dans la tradition orale française. Comme contre-épreuve, grand nombre de contes communs à des collections allemande et française 
 133
IV. 
Portée assez restreinte de toute cette démonstration. Que, du moins, nous avons dissipé un idolum libri, funeste à beaucoup de folkloristes 
 143
examen des traits prétendus indiens ou bouddhiques
qui survivraient, selon la théorie orientaliste,
dans les contes populaires européens
I. 
Quelques contes où les orientalistes ont cru reconnaître des survivances de mœurs indiennes ou de croyances bouddhiques montrent la vanité de cette prétention : 1° les épouses rivales dans les récits populaires ; 2° le cycle des animaux reconnaissants envers l’homme ; 3° le fabliau de Berengier ; 4° un conte albanais ; 5° la nouvelle de Frederigo degli Alberighi et de Monna Giovanna ; 6° le Meunier, son fils et l’âne 
 149
II. 
Qu’il existe, à vrai dire, des contes spécifiquement indiens et bouddhiques ; mais que ces contes restent dans l’Inde et meurent dès qu’on veut les en retirer : histoire du tisserand Somilaka ; histoire de la courtisane Vâsavadattâ, etc 
 158

monographies des fabliaux qui se retrouvent
sous forme orientale.
les formes orientales sont-elles les formes-mères ?
. 
Le fabliau des Tresses.
I. 
Les versions orientales. a) Le récit du Pantchatantra ; b) le même récit dans divers remaniements du Calila ; c) le même récit plagié par divers conteurs modernes. — Dans toutes ces versions, le conte, copié de livre à livre, reste immuable ; d) que le germe du conte n’est point dans le Vetâlapantchavinçâti 
 166
II. 
Les versions occidentales. a) Le fabliau comparé aux formes orientales. Supériorité logique de la forme française. — b) Qu’il nous est impossible, en fait, de décider laquelle est la primitive, de la version sanscrite ou de la version française — Discussion de la méthode qu’il convient d’employer pour ces comparaisons de versions. — c) Les différentes versions européennes, toutes indépendantes des formes indiennes. Mobilité, variété des éléments du récit sous ses formes européennes, en contraste avec l’immobilité des formes orientales 
 181
suite de nos enquêtes sur les divers fabliaux
attestés dans l’orient
I. 
Fabliaux qu’il nous faut écarter : la Housse partie, la Bourse pleine de sens, le dit des Perdrix 
 201
II. 
Monographies des fabliaux qui se retrouvent sous quelque forme orientale ancienne. Rejet aux appendices, pour éviter de fastidieuses redites, des contes d’Auberée, de Berengier, de Constant du Hamel, du Pliçon, du Vilain Asnier, du Vilain Mire. — Étude spéciale de quatre fabliaux : A, le lai d’Aristote ; B, les Quatre souhaits Saint-Martin ; C, le lai de l’Epervier ; D, les Trois Bossus Ménestrels 
 203
sous quelles conditions des recherches sur l’origine
et la propagation des contes populaires
sont-elles possibles ?
I. 
L’hypothèse de l’origine indienne écartée, les contes procèdent-ils pourtant d’un foyer commun ? Que peut-on savoir de leur patrie, une ou diverse, et de leurs migrations ? — Direction incertaine et hésitante des recherches contemporaines 
 251
II. 
Que les contes dont on recherche désespérément l’origine et le mode de propagation ne sont caractéristiques d’aucun temps, d’aucun pays spécial 
 254
III. 
Pour ces contes, que peut-on espérer des méthodes de comparaison actuellement en honneur ? Critique de ces méthodes : leur stérilité montrée par un dernier exemple, tiré de l’étude du fabliau des Trois dames qui trouvèrent un anneau 
 261
IV. 
Conclusions générales 
 273
V. 
Que ces conclusions ne sont pas purement négatives 
 285
étude littéraire des fabliaux
que chaque recueil de contes et chaque version
d’un conte révèle un esprit distinct,
significatif d’une époque distincte
Projet de notre seconde partie. Chaque recueil de contes a sa physionomie propre : ainsi les novellistes italiens ont taché de sang les gauloiseries des fabliaux ; d’où un intérêt dramatique supérieur 
 289
Chaque version d’un même conte exprime, avec ses mille nuances, les idées de chaque conteur et celle des hommes à qui le conteur s’adresse. Exemples : le fabliau du Chevalier au Chainse. du xiiie siècle français au xive siècle allemand, du xive siècle à Brantôme et à Schiller, de Brantôme à M. Ludovic Halévy 
 291
Étude similaire tentée pour le fabliau de la Bourgeoise d’Orléans 
 299
l’esprit des fabliaux
I. 
Examen du plus ancien fabliau conservé, Richeut 
 304
II. 
L’intention des conteurs : un fabliau n’est qu’une « risée et un gabet ». De quoi riait-on ? 
 309
III. 
Fabliaux qui supposent une gaieté extrêmement facile et superficielle 
 311
IV. 
Fabliaux qui n’impliquent que « l’esprit gaulois » : caractéristique de cet esprit 
 313
V. 
Fabliaux qui, outre l’esprit gaulois, supposent le mépris profond des femmes 
 319
VI. 
Fabliaux obscènes 
 325
VII. 
Les fabliaux et l’esprit satirique. — Résumé 
 326

la versification, la composition et le style des fabliaux
Absence de toute prétention littéraire chez nos conteurs : leur effacement devant le sujet à traiter 
 341
De là, les divers défauts de la mise en œuvre des fabliaux : négligence de la versification ; platitude et grossièreté du style 
 344
De là, aussi, ses diverses qualités : brièveté, vérité, naturel 
 347
Comment l’esprit des fabliaux a trouvé dans nos poèmes son expression adéquate 
 356
place des fabliaux dans la littérature du xiiie siècle
. 
Que l’esprit des fabliaux représente l’une des faces des plus significatives de l’esprit même du moyen âge 
 358
I. 
Littérature apparentée aux fabliaux 
 359
II. 
Littérature en contraste avec les fabliaux 
 364
III. 
Deux tendances contradictoires se disputent la poésie du xiiie siècle : comment concilier ces contraires ? 
 364
à quel public s’adressaient les fabliaux
I. 
Les fabliaux naissent dans la classe bourgeoise, pour elle et par elle 
 371
II. 
Pourtant, indistinction et confusion des publics : les plus aristocratiques — d’où les femmes ne sont point exclues — se plaisent aux plus grossiers fabliaux 
 376
III. 
Cette confusion des publics correspond à une confusion des genres : l’esprit des fabliaux contamine les genres les plus nobles 
 382
les auteurs des fabliaux
I. 
Poètes amateurs : Henri d’Andeli, Philippe de Beaumanoir 
 387
II. 
Poètes professionnels : 1) les clercs errants 
 389
. 
2) les jongleurs : Rutebeuf 
 399
. 
3) les ménestrels attitrés à la cour des grands : Jean de Condé, Watriquet de Couvin, Jacques de Baisieux 
 418
Conclusion 
 427

Liste alphabétique de tous les poèmes que nous considérons comme des fabliaux 
 436
Notes comparatives sur les fabliaux 
 442
Notes sur les auteurs des fabliaux 
 477
Index alphabétique 
 487