Les Avadânas, contes et apologues indiens/29

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 120-121).


XXIX

LES VILLAGEOIS ET LA CONQUE MARINE.

(Rien ne se fait tout seul.)


Jadis, il y avait un royaume où l’on n’avait jamais entendu les sons de la conque marine. Un jour, un homme, qui savait en jouer, arriva dans ce royaume ; étant entré dans un village, il prit sa conque, et, après l’avoir fait résonner trois fois, il la posa à terre. Les villageois et villageoises ayant entendu les sons de la conque, éprouvèrent une vive émotion. Ils accoururent et lui dirent : « Quel est ce son tantôt triste et plaintif, tantôt doux et harmonieux ? »

Cet homme leur montra la conque et dit : « C’est le son de cet objet. »

Les villageois touchèrent la conque avec la main et s’écrièrent : « C’est vous qui produisez des sons, car, toute seule, la conque est muette. »

L’homme prit la conque, et en joua trois fois de suite ; puis il la posa à terre. Les villageois lui dirent alors : « Les sons charmants que nous venons d’entendre ne sont point dus à la vertu de la conque, car elle ne résonne qu’avec l’aide des mains, de la bouche et du souffle de l’homme. »

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Fo-pan-ni-pan-king, en sanscrit : le Parinirvan’a soûtra expliqué par le Bouddha, livre I.)