Les Avadânas, contes et apologues indiens/105

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 100-101).


CV

L’OISEAU À DEUX TÊTES

(De ceux qui perdent deux choses à la fois.)


Jadis, sur le mont Himavat, il y avait un oiseau nommé Djwandjiva[1]. Il avait un seul corps et deux têtes. L’une de ces têtes mangeait constamment des fruits exquis, pour procurer à son corps le bien-être et la santé. L’autre tête en conçut un sentiment de jalousie et se dit à elle-même : « Pourquoi cette tête mange-t-elle constamment des fruits exquis, tandis que je n’en ai jamais obtenu un seul ? »

Elle prit aussitôt un fruit vénéneux et le mangea, de sorte que les deux têtes périrent en même temps.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Tsa-pa’o-thsang-king, livre III.)
  1. En chinois Kong-ming-niao. Le mot sanscrit Djwandjiva, que les dictionnaires bouddhiques donnent pour synonyme de Kong-ming-niao, désigne évidemment ici un oiseau fabuleux.