Les Avadânas, contes et apologues indiens/104

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 98-99).


CIV

LE MARCHAND ET LA PEAU DE CHAMEAU.

(Des hommes stupides.)


Un marchand s’était mis en voyage pour les affaires de son négoce, mais, au milieu de la route, un de ses chameaux mourut. Or, le chameau portait une grande quantité de choses précieuses, et entre autres du coton fin et moelleux, d’une qualité supérieure. Voyant le chameau mort, le marchand le dépouilla aussitôt de sa peau, la laissa, et, avant de continuer sa route, il fit asseoir ses deux fils et leur dit : « Gardez bien la peau de ce chameau ; prenez garde qu’elle ne se mouille et ne pourrisse. »

Quelques jours après, il tomba une pluie torrentielle. Ces deux hommes, dont l’esprit était borné et stupide, se servirent d’une belle pièce de coton pour recouvrir cette peau. Le coton fut entièrement mouillé et pourrit. Il y avait bien une immense différence entre le prix de la peau et celui du coton, mais comme ils étaient tout à fait stupides, ils couvrirent la peau du chameau avec une belle pièce de coton.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : le Livre des cent comparaisons, partie I.)