Les Avadânas, contes et apologues indiens/106

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (2p. 102-104).


CVI

L’HOMME ET LE VOLEUR.

(De ceux qui perdent deux choses à la fois.)


Il y avait jadis deux hommes qui voyageaient ensemble dans des plaines désertes. L’un d’eux portait un vêtement de coton. Au milieu de sa route, il rencontra un voleur qui le dépouilla de son vêtement. Son compagnon s’enfuit et se cacha au milieu des herbes. Celui qui avait perdu le vêtement de coton, y avait caché d’avance une pièce d’or. Il dit alors au voleur : « Ce vêtement ne vaut guère qu’une pièce d’or ; permettez-moi de le racheter à ce prix.

— Où est la pièce d’or ? » demanda le voleur.

À ces mots, le volé chercha dans le vêtement, la prit et la lui montra en disant : « Cette pièce est d’or pur ; si vous ne me croyez pas, il y a au milieu de ces herbes un excellent essayeur d’or[1] ; vous pouvez aller le consulter. »

Ce que voyant le voleur, il lui reprit son vêtement et disparut. Cet homme stupide perdit ainsi son vêtement et sa pièce d’or.

(Extrait de l’ouvrage intitulé : Pe-yu-king, ou le Livre des cent comparaisons, partie II.)
  1. C’était précisément son ami par qui il espérait d’être secouru.