Les Œuvres de François Rabelais (Éditions Marty-Laveaux)/Avertissement2

COMMENTAIRE.


AVERTISSEMENT.


Le plan que nous nous sommes tracé a singulièrement restreint l’étendue des matières auxquelles ce Commentaire s’applique.

Réservant pour la Table des noms propres les éclaircissements relatifs aux pays & aux personnages réels ou imaginaires, pour le Glossaire explication des mots difficiles, nous ne laissons ici que les remarques qui n’ont pu trouver place dans une de ces deux séries alphabétiques. Ces remarques ont presque exclusivement pour objet :

La Constitution du texte,

Les Variantes,

Les Sources,

Les Imitations.


La Constitution du texte est des plus simples :

En tête de chaque livre se trouve le fac-simile du frontispice de l’édition que nous suivons. C’est, pour chacune des quatre premières parties, la révision définitive fixée par Rabelais lui-même ; pour la cinquième partie, la première des publications faites après sa mort.

Comme je l’ai déjà dit dans l’Avertissement du tome I, je me suis attaché à reproduire avec exactitude le texte, l’orthographe, & même la ponctuation des éditions originales. Ce système, enfin adopté pour les textes, qu’il n’est plus de mode d’altérer, commence à prévaloir aussi quant à l’orthographe, mais est, je dois en convenir, fort discuté en ce qui touche la ponctuation. J'ai indiqué les motifs qui me l’ont fait préférer, même à cet égard ; j’y reviendrai avec plus de détails, &, je l'espère, avec des preuves décisives, dans l’Introduction grammaticale qui précédera le Glossaire.

Néanmoins, comme les éditions du XVIe siècle sont loin d’être d’une correction absolue, il a fallu quelquefois faire disparaître une erreur évidente, ou substituer à une leçon obscure, une leçon plus claire, tirée des éditions antérieures. C’est à ces besoins que pourvoient celles de nos notes qui sont relatives au texte ; ajoutons tout bas qu’elles corrigent aussi à l’occasion, plus commodément que ne le ferait un errata ordinaire, les fautes, par bonheur assez peu nombreuses, qui ont échappé soit à nous, soit à l’imprimeur.

Les Variantes qui présentent un certain intérêt historique ou littéraire ont été toutes reproduites dans ce commentaire ; les unes indiquent les concessions que Rabelais a été contraint de faire & les réserves relatives qu’il a dû apporter à une indépendance qui nous semble aujourd’hui si absolue ; les autres nous font pénétrer dans les secrets de sa composition, & nous montrent les diverses retouches qui ont donné à ses peintures le mouvement & la vivacité de coloris que nous admirons. Les variantes philologiques ou orthographiques de quelque importance trouveront place sous chaque mot dans le Glossaire ; les différentes formes des noms propres seront indiquées dans la Table spéciale qui leur est consacrée. Cette distribution méthodique des variantes nous a paru en augmenter l’utilité[1].

Les Sources auxquelles Rabelais a puisé sont indiquées, soit par un simple renvoi, soit par une citation in extenso.

Les Imitations ont été recueillies dans les œuvres de nos écrivains classiques, tels que Molière, La Fontaine, Racine, Voltaire, Beaumarchais, & aussi jusqu’en des écrits de second ou de troisième ordre, très-peu importants en eux-mêmes, mais où l’on observera peut-être avec intérêt la continuité d’emploi des mêmes effets comiques & la persistance de quelques plaisanteries consacrées.

Nous avons fait entrer dans le Commentaire, par dérogation à nos principes, quelques explications techniques étendues, qui n’auraient pu trouver place dans le Glossaire que sous une forme très-abrégée. Elles sont tirées, soit d’ouvrages généraux qui consacrent d’assez longs développements à l’examen de certains passages de Rabelais, tels que l’Histoire du costume en France, par M. Jules Quicherat, soit de monographies, telles que Rabelais et l’architecture de la Renaissance, par M. Lenormand, De la numismatique de Rabelais, par M. Cartier, &c., &c.

Les difficultés du texte étant beaucoup plus nombreuses en certains endroits que dans d’autres, les notes se trouvent fort inégalement réparties.

L’étendue des préliminaires qui précédent chaque livre & quelques chapitres, tels que celui des Jeux & de la Bibliothèque de Saint-Victor, est aussi très-variable. Nous n’avons suivi en cela que les nécessités du sujet, sans nous préoccuper d’une symétrie un peu puérile, à laquelle se sont trouvés astreints, presque à leur insu & par la force même des choses, les commentateurs qui, dans leurs éditions, ont placé les notes au bas des pages.


  1. Le relevé des variantes, même les moins importantes, disposées dans l’ordre où elles se présentent, aurait occupé dans notre édition une place fort considérable, qui nous a paru pouvoir être mieux employée.

    Ce travail, entrepris avec beaucoup de zèle dans l’édition de Rabelais de la Bibliothèque elzévirienne, a été textuellement reproduit dans le tome VI du Rabelais de la collection Jannet & dans le tome III de l’édition de MM. L. Lacour & A. de Montaiglon. Il nous a été d’un très-grand secours, & nous en avons, presque en toute circonstance, constaté l’exactitude ; mais il est loin d’être complet. Les trois premières pages du Prologe (édition de la Bibliothèque elzévirienne, tome I, pages 3-5), contiennent cinq variantes ; les sept suivantes ont été omises :


    Page 3, ligne 185 : ou dialoge. Avant 1535 :
    Page 5, ligne 11 : au sens. Avant 1537 :
    on dialoge.
    Page 4, ligne 18 : vouſtre aduis. Avant 1535 :
    Page 5, ligne 11 : au sens. Avant 1535 :
    Page 5, ligne 11 : au sens. Avant 1537 :
    voſtre aduis.

    Page 4, ligne 26 : enſigne. Avant 1535 :  enſeigne.

    Page 5, ligne 11 : au sens. Avant 1535 :
    Page 5, ligne 11 : au ſens. Avant 1535 :
    Page 5, ligne 11 : au sens. Avant 1537 :
    ou ſens.

    Page 5, ligne 26 : qui le induict. Avant 1535 :  qui l’induict.

    Page 3, ligne 185 : ou dialoge. Avant 1535 :
    Page 5, ligne 11 : au sens. Avant 1537 :
    qui induict.

    Page 5, ligne 27 : quel bien pretend il. Avant 1535 :  quel bien pretendt il.


    Quant à la cinquième variante relative aux mots Heſpanole et Heſpane (page 5, lignes 5 et 4) elle a été relevée un peu confusément, car l’édition antérieure à 1555 et celle de 1555 portent Hiſpanole et Hiſpane, et celle de 1537 Hiſpagnole et Hiſpagne.

    Nous avons négligé dans ce relevé les variantes purement orthographiques nous nous en sommes tenu aux textes cités par l’éditeur, qui s’est, à notre avis, montré un peu trop exclusif dans son choix. L’édition de Gargantua & de Pantagruel, publiée en 1542 par Dolet, méritait peut-être qu’on s’y arrêtât. Si les nombreuses différences qu’elle présente peuvent être négligées dans l’établissement du texte, elles sont du moins importantes à signaler pour l’histoire de la langue.