Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume III/Chapitre VII/IV


 
Traduction de James Darmesteter

Édition : Musée Guimet. Publication : Ernest Leroux, Paris, 1893.
Annales du Musée Guimet, Tome 24.


INTRODUCTION
Introduction aux fragments des Nasks perdus


INTRODUCTION

AUX FRAGMENTS DES NASKS PERDUS

Pour terminer la traduction de l’Avesta, nous donnons dans ce volume tous les fragments des Nasks qui sont venus à notre connaissance, les uns déjà publiés, les plus considérables inédits. Nous avons déjà dit l’importance qu’ont ces bribes de texte, comme témoins du grand Avesta’. Nous les divisons en buit séiies.

I. FuAG.MENTs DE Westerga.vrd. — Co sout Ics neuf fragments publiés par Westergaard dans son édition de l’Avesta (pages 33 1-33 i) : nous y joignons les§§ 37-42 du Yt. XXII de Westergaard. II. E«AGME.NTS CITÉS DANS LE Fur/uiiig ZËND PEULvi. — Ccs fragments sont tirés de l’édition du Farbang, par llaug et Iloshangji [An o/d Zaud-Pahlavi Glossari/, Bombay, 1867). Ils sont au nombre dd 70, dont 23 se retrouvent dans l’Avesta proprement dit, 47 sont nouveaux. III. Fragments cités dans le Commentaire peulvi di : Yasna ^édition Spiegel). — 8 fragments, dont 3 citations déjà connues, 5 nouvelles. IV. Fragments cités dans le Commentaire peiilvi du Vendidad édition Spiegel). — 84 fragments-, dont 21 déjà connus, 63 nouveaux. 1. Voir pp. viii-i.

2. En comptant pour fragment tout texte indépendant. V. Fragments Tahmi ;bas. — Ces 53 fragments, dont 10 seulement sont déjà connus, sont tirés d’une sorte de catéchisme pehlvi, en questions et réponses, contenu dans un manuscrit irani qui appartient à Tahmuras Dinshawji Anklesaria’. Le manuscrit est relativement récent, il date de l’an 1629, mais remonte à un manuscrit de l’an 1478 environ- et, quoique unique, présente le texte dans un état suffisamment correct. Les textes zends sont des citations faites au cours des réponses : la copie qui m’est communiquée ne contient que le texte zend avec sa traduction ; mais, malgré l’absence du contexte, la traduction pehlvie suffit généralement à rétablir le sens-’.

Malgré sa correction relative, le texte est souvent corrompu et nous n’avons pour le corriger que les variantes latentes contenues dans la traduction peblvie. Je n’ai pas essayé de dresser un texte critique et ne l’ai corrigé que dans les cas oîila baibarie de la forme voilait le sens. Dans les autres cas, j’ai cru devoir respecter les formes les plus-corrompues et m’abstenir d’introduire les corrections les plus évidentes, de crainte de donner un texte trop correct et plus idéal que réel. Je n’ai pas craint de multiplier les citations de la traduction peblvie, qui était mon seul secours pour traduire et qui est le seul critérium aux mains du lecteur pour apprécier ma traduction. Je l’ai donnée tout entière dans les cas où je renonçais à traduire, afin de laisser à un successeur plus heureux le matériel nécessaire pour reprendre le problème.

1. Les questions et réponses sont au nomljre de 58, mais il y en a 5 qui n’ont point de citations zendes (les Questions I,II, III, IV, LY). J’ai conservé les numéros d’ordrede l’original pelilvi. Les subdivisions, marquées de numéros araires, sont déterminées par la succession du texte zend et de la traduction pelilvie. — Cerlainsfragments consécutifs forment un sens continu et semblent avoir formé un seul et même passage (XIII-XIV-XV ; XXV-X.XVI ; XXX-XXXI ; XXXMI-XXXVIII ; XLYI-XLVIl-XLVIIl-XLlX).

2. Il est daté du jour Farvardîn, mois Avân, de l’an 978, après la 20" année de Yazdgard, c’est-à-dire de l’an 1629 ; écrit par Frêdûn Marzpàn, qui l’a copié sur ua manuscrit de Gopatshûh Rustam, celui-ci ayant copié un manuscrit de Kai Ivhosrav Syàvakhsh : ce dernier parait comme signataire d’un- document envoyé aux l’arsis de l’Inde en 1478. (Renseignements communiqués par M. Talimucas à M. Ycst.) 3. Une fois la citation zendo est donnée en abrégé : pour ce passage lieureusement (fr. XXXV), M. Tahmuras a joint le contexte pehlvi, question et réponse (autre Pursis/in Complet, §XXX1X). VI. Ij : .SiruHjjislun ze.nd. — Li’ lennii tle ^liranrjistdn ou (>ivro des Mrauigs (livre des cérémonies rituelles) s’applique à deux lexlcs difTéreiils, un texlo zeud cl un loxic pclilvi. l,o loxle zeud est un chapiln’ d’im des sept Nasks dntiques, le Ifùspdrain : le contenu de ce texte est connu iiidirf ^temonl par l’analyse du iJînkart (VIII, 29) el la plus grande partie du l^vxle mt>me t’st connue directement parles citations du iVww<y/.ç/r//jpehIvi. Le Niranfi’tstdn pehlvi est un vaste traité sur le rituel, dont le rapport au Niru/ir/is/iin zeud est à peu près, mais non absolument, celui du Vendidud peiilvi au Vendidad zend : c’est-à-dire qu’il contient le texte zend, avi’f tradiiclioii pt lilvie, et avec un large commentaire, dans lequel il traite lin grand nombre de questions connexes et au cours duquel il cite nombre de textes zends étrangers au texte principal. La traduction de ces textes présente les plus grandes difficidlés, d’abord à cause de la corruption du texte, puis et surtout à cause du caractère technique des idées que nul elfort de philologie ne saurait déterminer. Une traduction définitive du zend ne sera possible qu’après une traduction complète du livre pehlvi. Cependant, avec l’aide de la traduction peblvie et une étude générale du contexte pehlvi, je crois avoir réussi à fournir une base d’étude qui ne sera pas inutile pour l’avenir. Je me suis d’abord attaché à distinguer le texte principal, ([ui est la base du livre, des citations insérées au cours du commentaire. Ce départ est facile à faire, parce que le texte principal est seul traduit en pehlvi, tandis que les textes secondaires n’ont généralement pas de traduction. Ce sont tantôt des formules récitées dans les cérémonies et que le contexte pehlvi indique suffisamment ; tantôt des textes cités ;i l’appui de telle ou telle assertion et introduits avec les formules ordinaires qui annoncent une citation ’. Ce départ une fois établi, l’on obtient un texte zend suivi, qui correspond au texte analysé par le Dîukart, mais qui ne le reproduit pastoul entier. Si l’on compare le contenu de notre texte avec l’analyse qu’eu donne le Dinkarl. on voit que le Nirangistàu pehlvi ne traduit et commente que 1. Voir par exemple le § 28 qui n’appartient pas au texte principal (note 2) ; ou §.i(j, note 9. — Je donne les textes secondaires eu caractère moyen ; la plupart sont des formules de l’.Vvesta déjà connues : il y a quelques textes nouveaux, mais l’absence de traduction pehlvie m’a généralement empèclié de rétablir le texte et de trouver le sens. les deux premiers tiers environ du Airangistàn zend. Plus exactement, le livre zend conlenait cinq Fargards : le livre pehlvi ne porte que sur les trois premiers’. Enfin le commencement du Mrangistân pehlvi- semble porter sur un texte étranger au Nirangislân zend, car le texte qu’il commente concorde mal avec le début du Nîrangistàn zend, tel que le donne l’analyse du Uînkart : il semble répondre au chapitre qui précède le Nirangistân dans le Nask Hûspâram, c’est-à-dire à YErpatistdn, ou Livre du Prêtre enseignante Le Nirangislân pehlvi n’est donc pas le commentaire direct du Nîrangistàn zend, bien qu’il repose sur un commentaire de ce livre* : c’est un livre de seconde formation qui repose à la fois sur le Commentaire pehlvi deYErpatisld7i et sur le Commentaire pehlvi duNùwiffistdn proprement dit. Il est probable qu’il faut même placer un nouvel intermédiaire entre le hvre actuel et ces deux Commentaires : carie premier Fargard du livre pehlvi se réfère h l’Exposé de Veshagsdir{Cdshta/c-iPêshaffsa)’), le second Fargard se réfère à l’Exposé de Sôshyans [Chhtak-î Sôshyans).Le livre existait déjà au ix" siècle : car il est cité dans le Dddistdn (LXVI, ). Voici le contenu du texte ztnd, avec la concordance de l’analyse du Dînkart.

Fargard I.
Première partie.

. 1-9. Le prêtre en exercice hors de chez lui (Dk. Erpatistàa ?). II. 10-18. L’étudiant prêtre ( ?i5» ?V/.).

Seconde partie.

1. 19-27. Le Zôl et leRâspl (Dk. Nîrangîslàn, 1). II. 28. Le Darùn( ?"^/f/., 2).

. Correspondant aux §§ 1-lG du Dhikarl. L& premier Fargard va de § 1 à S 40 (Dk. 1-6) : le second du § 41 à § 84 (Dk. 7-14) ; le second de § 85 à § 103 (Dk. 15). 2. Les §§ 1-18.

3. Analysé dans le Dhikarl, VUl, 28.

4. Comme l’analyse même du Dlnkart, dont une partie (par exemple §§ 11-12) résume le commentaire pehlvi et non le texte zend. m. 29-30. De l’abslenlioii des liqueurs forles durant le sacrifice {ib’td., 3). IV. 31-37. Delarécilalion des Gâlhas [ibuL, 4). V. 38-40. Du sacrifice dont le Zùl et le Ilàspl sont en élat de péché capilal {ibid., 0-6).

Faugard II.

1. 41-45. Du péché de non-célébration des Gàbànbàrs [ibid.y 7-8). lï. 46-0 1. Limite des divers Gàhs [ibid.., 9). a. 46. Gâh Ushahin.

b. 47-48. Gâh Ilàvan.

c. 49. Gâh Hapitvan.

d. 50. Gâh Uzayèrin.

e. 51. Gâh Aiwisriithrim.

III. 52-64. Lesuffrandosdu ( ;àhâiibàr( ;<îi/(/., 10). IV. 65-71. Des libations [ibid., 11). V. 72-84. Fonction et place du Zot el desRàspîs dans le sacrifice [ibid.^ 13-14).

Fargard 111.

I. 85-96. Du Kosti et du Sadéré {ibid., 15). II. 97-109. Pré[)aralion du Baresman {ibid., 16). Le texte que nous donnons reproduit essentiellement celui d’un manuscrit appartenant à .M. Tahrauras, corrigé çà et là d’après un manuscrit appartenant au D’ lloshangji. Ce sont les deux seuls maimscrits indépendants connus : celui de Tahmuras forme une classe à lui seul : tous les autres uuuuiscrils connus jusqu’à présent dérivent du manuscrit Hoshangji, écrit en 1097 de Yazdgard par Jamasp Asa, sur le manuscrit apporté d’Iran en 1090 par le fameux Jamasp Vilayali. Le manuscrit Tahmuras a perdu ses deinières feuilles, mais il est plus complet dans le corps du livre et plus correct’.

A. Le Comité du fond pour la piiblicalion des textes pehlvis, que j’ai fait fondera Bombay en janvier 1887, a entrepris la publication en ptiologravure du Nirangisl ;

. Malhoureusemeul, le Comité, dirigé par des préoccupations qui n’avaient rien de scieiitiliciuo, a pris pour base le manuscrit inférieur. T. ni. n Yll. Fragments divers. — Ce sont 7 fragments isolés, trouvés dans divers manuscrits. On pourra sans doute en augmenter le nombre. Le texte de la plupart de ces fragments est mal assuré. ll. VAoffcmaidé. — « L’Ao^p/ ?mf(/f’,ditle Dastùr Jàmâspji, est un traité qui inculque une sorte de résignation sereine à la mort». Il est composé de 29 citations zendes, suivies de paraphrases ou de développements en parsi. Cinq seulement de ces citations appartiennent à l’AvesIa publié : 24 sont nouvelles. 31. Geiger a publié (Erlangcn, 1879) une excellente édition de V Aoffemaidê àonllahsise es[ un manuscrit de 1497. Le Dasiûr Jàmâspji possède deux manuscrits pehlvis àeV A offemaklé doalM. West a eu la bonté de me faire une copie. Bien qu’ils ne soient pas l’original du parsi, car ce sont des transcriptions récentes faites sur le parsimême, ils peuvent fournir des corrections et des additions utiles, ayant été faits sur un manuscrit parsi différent du nôtre’.

TEXTES PARSIS

11 n’y a point de littérature parsie au sens propre du mot. Les textes dits parsis sont des textes pehlvis dépouillés de l’élément sémitique et transcrits en caractères persans ou zends. C’est la lecture plus ou moins fidèle d’un texte pehlvi-. Ces transcriptions n’ont eu lieu que pour les textes d’un intérêt général et populaire. C’est pourquoi nous croyons utile de donner ici quelques spécimens de cette lilléralure. VAogcmuidê nous en a donné un premier spécimen, dans l’éloquence sermonnaire. Nous y ajoutons : 1° Un spécimen de Patet, c’est-à-dire d’une de ces longues listes de péchés dont la confession sauve au moins de l’enfer. Je donne le Patet tel qu’on le récite en Iran, d’après l’édilioii du Khorda-Avesla de Tîr Andâz. 1. Je ne donne pas ici les textes douteux ou apocrypiies, tels que les Vaètha dont j’ai publié un spécimen dans le Journal asiatique (1886, II, 184 sq.), ou les textes zends du Vajarkard dlnl (publié par l’esholan Baliraniji, Bombay, 1S48). 2. Etudes iraniennes, J, 38 sq. 2o L’Afrin Gâhânbâr ; remaniement de l’Afrîngân Gâhânbâr, augmenté de détails sur les six actes de la création correspondant aux six époques de l’année (donné d’après l’Avesta Tamâm, en caractères gujratis, publié à Bombay : le ms. 50 du Supplément persan, pp. 1-21, contient un texte pazend d’un maniement plus commode, mais incorrect. La traduction sanscrite de l’Afringân Gâhânbâr, publiée dans les Études iraniennes, II, 324-330, a incorporé l’Afrin dans ses gloses).

3o Le Namâzi Ormazd ou Prière à Ormazd, spécimen d’une série de cinq prières, très populaires chez les Parsis d’Iran (d’après le Khorda-Avesta de Tîr Andâz et l’Avesta Tamâm de Bombay). M. Sachau a déjà publié le texte et un essai de traduction de ces prières d’après un manuscrit du British Muséum, malheureusement très fautif (Add. 8996, 45 b : dans ses Neue Beitræge, Comptes rendus de l’Académie de Vienne, 1873, pp. 828 sq.). J’ai choisi le Namâzi Ormazd à cause de son importance historique : il présente des formules qui se retrouvent dans le rituel juif et soulève un problème intéressant dans la question des rapports littéraires des deux religions.





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