Le Poulailler/Chapitre38

Librairie agricole de la Maison rustique (p. 345-348).

CHAPITRE VII

Expositions publiques et marchandes.

On connaît l’effet produit sur le goût et la connaissance des animaux de basse-cour par plusieurs expositions publiques et officielles.

Des expositions particulières, dirigées sous les auspices d’une Société d’amateurs et d’éleveurs, à l’instar de celles qui sont si florissantes en Angleterre, finiraient de développer ce goût si attrayant, et fourniraient à beaucoup de personnes l’occasion d’employer utilement leurs loisirs.

Nous pensons qu’un jour une Société doit se fonder dans ce but, et nous donnons à l’avance quelques conseils sur la façon d’organiser les premières expositions.

Si l’on veut considérer comme une chose utile cette occupation qui consiste à élever des volailles, à étudier leurs races, à chercher leur amélioration par le croisement, il faudra s’occuper d’abord et le plus énergiquement des races dont l’élève entrera dans les exploitations agricoles. Les autres races, nous le savons bien, présentent mille attraits par la variété de leurs formes, de leurs mœurs, de leur plumage, et nous sommes bien loin d’en conseiller l’abandon, puisque d’ailleurs leur entretien répond à un besoin évident, celui de la curiosité ; mais les races de production sont aussi variées, aussi admirables dans leurs formes, aussi curieuses dans leurs habitudes, et, de plus, elles ont pour elles de réunir l’utile à l’agréable ; elles donnent en même temps de beaux animaux et une excellente et copieuse nourriture.

On sait le prix qu’il faut mettre maintenant à une belle et bonne volaille. Il n’y a donc pas à craindre de perdre en élevant, si l’on élève sagement. Pendant longtemps encore, et jusqu’à ce que les races précieuses soient reconstituées et répandues, les beaux sujets élevés dans de bonnes conditions se vendront fort cher et trouveront un placement très-avantageux.

Nous n’en doutons pas, on verra des animaux bien autrement intéressants que ceux envoyés même aux dernières expositions ; mais des mesures indispensables doivent être prises, si l’on veut le concours sincère.

Outre les dispositions à prendre pour l’aménagement des animaux, il en est d’autres qu’on ne saurait négliger, si l’on veut atteindre le but proposé.

La première condition est de ne point considérer une exposition comme un marché où l’on vient apporter des volailles et les vendre à l’aide du prestige que donne nécessairement une admission sanctionnée par un jury. Aussi ne faut-il admettre que dans une proportion limitée le nombre des lots présentés par chaque individu. En effet, de quoi s’agit-il ? D’exciter, par l’émulation, les éleveurs à perfectionner les races, en faisant connaître, par la comparaison, les résultats obtenus et ceux vers lesquels on doit tendre.

Quelle raison y a-t-il alors d’admettre six et huit lots d’une même espèce, provenant d’un même exposant, ainsi qu’une multitude de sujets ridicules et inutiles, qui égarent le public et compliquent, d’une façon nuisible à tous, le travail du jury ! Deux lots au plus doivent être admis d’une même espèce, puisque l’éleveur mettra certainement dans ces lots ce qu’il aura de mieux, et qu’il ne peut d’ailleurs avoir qu’un seul prix dans chaque catégorie. La seconde condition est l’âge des animaux admis. En effet, comment faire concourir ensemble des animaux de tous âges ? L’utilité, le beau de la chose, n’est pas d’envoyer une poule de quatre ou cinq ans boursouflée par la graisse, et n’étant plus bonne qu’à être mise au pot. On doit avant tout considérer que c’est au moment où les animaux sont dans l’état le plus propre à la reproduction ou à la consommation qu’ils doivent être livrés à l’examen du public, et, pour cela, une mesure est indispensable : c’est de n’admettre que les animaux de l’année précédente. Cette mesure a, en outre, l’avantage de mettre tous les concurrents sur un terrain égal.

Pour éviter les encombrements causés par les animaux inutiles et hideux, il est aussi nécessaire de limiter, pour les grosses espèces au moins, le poids au-dessous duquel on n’admettra plus, et de bien déterminer les catégories, afin de ne pas admettre la même espèce sous des noms différents.

Pour vérifier, pour contrôler les désignations, le poids, l’âge des animaux envoyés, il faut un jury d’admission.

La question des aménagements n’est pas moins importante et méritera tous les soins des personnes chargées de cette partie de l’exposition.

Les galeries de cabanes ou parquets doivent être disposées de façon à montrer au même jour et dans les mêmes conditions tous les animaux de même espèce. Sauf meilleur avis, voici la disposition qu’elles doivent affecter (fig. 117) :

Au rez-de-chaussée, on mettrait tous les lapins, canards, oies, dindons, en laissant pour les oies et dindons des compartiments doubles.

Au premier étage, on mettrait toutes les poules, grosses et moyennes, dans un ordre réglé suivant un classement justifié par l’importance de leurs produits.

Au deuxième étage. A, on mettrait tous les pigeons, ainsi que les petites espèces de poules, et, pour forcer ces animaux à se montrer aux visiteurs, on rétrécirait les cabanes par derrière, B.

De plus, à cet étage supérieur, dont le plafond serait plus bas que celui des autres étages (ce qui permettrait de hausser un peu celui du rez-de-chaussée, dans lequel la vue pénètre difficilement), on ajouterait des perchoirs mobiles, C, où les pigeons iraient naturellement se percher, ainsi que la plupart des poules et coqs de petite race.

Nous espérons que, si une Société s’établit en France, elle suivra, en partie au moins, les excellents règlements adoptés par les Sociétés anglaises.
Grav. 117. — Cage à exposition.