Le Poulailler/Chapitre39

Librairie agricole de la Maison rustique (p. 349-350).



CHAPITRE VIII

Commerce de volailles de race.


Il me reste à toucher quelques mots des établissements où s’exerce à Paris le commerce des volailles de race ; mais ma tâche ne sera pas longue, car on peut dire, à coup sûr, que ce commerce n’a d’importance réelle que dans deux maisons, celle de M.  Baker, de Londres, nouvellement établie à Paris, avenue de l’Impératrice, et celle de M.  Gérard, déjà ancienne, et établie à Grenelle, près Paris.

Ces deux maisons font à elles seules plus d’affaires en une année que toutes les autres réunies n’en font peut-être en dix ans.

M.  Gérard est le véritable marchand de poules indigènes et surtout françaises ; on ne peut imaginer ce qui lui a déjà passé par les mains de houdan, de crèvecœur, de la flèche, de bréda, etc., etc. Son établissement est, au reste, le plus vaste, le plus connu et le plus achalandé qu’il y ait en Europe. C’est chez M.  Gérard que, depuis dix ans, tous les grands amateurs se sont fournis de gibier vivant gros et petit, oies de Toulouse, canards, vaches bretonnes, etc., etc., et l’on a peine à concevoir comment une réputation aussi ancienne a pu laisser place au nouvel établissement fondé par M.  Baker.

Il est vrai de dire que le nombre des amateurs a considérablement augmenté, et que M.  Baker arrivait avec une réputation déjà établie de marchand honnête, instruit et plein de distinction ; que, depuis quelques années, il s’était fait connaître par de brillantes ventes publiques, où l’on avait trouvé de magnifiques sujets des espèces nouvellement introduites en France par ses soins ; qu’on avait eu maintes fois occasion de voir ses produits dans nos expositions publiques, où il partageait les prix avec M.  Gérard, et qu’enfin l’on avait été à même de juger combien ses relations étaient agréables et pleines de convenance.

Aussi c’était déjà pour tout le monde une vieille connaissance, et son établissement a-t-il été tout de suite en pleine activité.

C’est chez lui certainement que se trouve le plus splendide assortiment de volailles de toutes espèces, tant gallinacées que palmipèdes, d’oiseaux d’agrément pour les parcs, volières, pièces d’eau, etc. Un grand nombre de porcs anglais de petites races ont été envoyés par lui, cette saison même, à des cultivateurs ou amateurs de nos départements ; il vient de commencer la vente de moutons southdowns, provenant des sources les plus pures, et pour lesquels il a déjà reçu de nombreuses commandes ; mais ce qui sera vraiment intéressant, c’est qu’il va introduire et vendre en France ces charmants chevaux de petites races, qui semblaient jusqu’à présent être le partage exclusif des Anglais, parce que nous n’avions pas d’intermédiaires chez qui nous puissions nous les procurer. Combien de familles aisées se privaient du plaisir de donner à leur fils déjà grandet ce merveilleux cadeau, ce cadeau rêvé, désiré, et qu’on ne savait comment réaliser, un petit cheval vivant !


FIN.