Le Mahâbhârata (traduction Fauche)/Tome 2/La mort de Çiçoupala

Traduction par Hippolyte Fauche.
(tome 2p. 466-488).


LA MORT DE ÇIÇOUPALA



Vaîçampayana dit :

À la vue de cette foule de rois semblables à une mer toute émue de fureur, Youddhishthira d’adresser les paroles suivantes à Bhîshma, le plus grand des sages, le vieux grand-oncle des princes nés de Kourou ; tel le meurtrier des Asouras, Pourouhoûta à la splendeur immense parle à Vrihaspati : 1418-1419.

« Ce grand océan de rois est soulevé par la colère ; dis-moi, grand-oncle, quelle marche nous devons suivre ici, de manière que mon sacrifice ne trouve point d’obstacle et que le salut des créatures soit assuré partout. Dis-moi tout cela, vénérable ayeul, à l’instant même. » 1420-1421.

À ces paroles d’Youddhishthira, le fils d’Yama, versé dans la science du devoir, le grand-oncle des Kourouides, Bhîshma de répondre en ces termes : 1422.

« Ne crains pas, tigre de Kourou ! Un chien est-il capable de tuer un lion ? J’ai bien étudié avant ce jour ma route en cette affaire, et j’ai choisi le chemin le plus fortuné. 1423.

» Laisse crier tous ces rois de compagnie ! Tels que des chiens rassemblés aboient dans le sommeil du lion, tels ces rois sont devant le lion de Vrishni endormi ; mais les chiens en colère, mon enfant, aboient-ils en face du lion réveillé ? 1424-1425.

» En effet, Atchyouta est comme un lion, enseveli dans le sommeil. Tant qu’il ne se réveille pas, le puissant roi de Tchédi peut, faire jouer à tous ces chiens le rôle de lions ? 1426.

» Tout insensé qu’il est, Çiçoupâla est le plus formidable de tous ces princes et, mon fils, il désire de toute son âme précipiter ces rois dans les demeures d’Yama.

» Mais Adhokshadja veut, il est certain, rejeton de Bharata, enlever à Çiçoupâla cette puissance, qui réside en lui. 1427-1428.

» Oui ! avec ta permission, fils de Kountî, telle est, ô le plus intelligent des êtres doués de l’intelligence, la mauvaise pensée du roi de Tchédi sur tous les rois de la terre. 1429.

» L’invincible Krishna veut donc affranchir tous ceux, qu’il tient courbés sous la crainte, afin que la pensée du souverain de Tchédi soit ainsi confondue. 1430.

» Car, Youddhishthira, la naissance et la mort de tous les êtres, qui sont en quatre espèces dans les trois mondes, c’est Mâdhava lui-même ! » 1431.

À peine, noble Bharatide, eut-il ouï ce langage, l’auguste roi de Tchédi fit entendre à Bhîshma ces paroles aux amères syllabes : 1432.

« Vieillard et opprobre de ta race, que tu es, comment ne rougis-tu pas de semer la peur chez tous les rois en offrant à leurs yeux ces nombreux épouvantails ? 1433.

» Mais il te sied de parler ainsi, à toi, qui es dans la condition des eunuques. En effet, grâces à toi, ô le plus grand des Kourouides, les princes de Kourou, dont tu es le chef, sont maintenant une chose, qui n’a plus un caractère kshatrya. Ils ressemblent à un navire attaché avec un navire, à un aveugle, que mènerait un aveugle ! 1434-1435.

» Notre âme est encore toute émue du récit, que tu nous as fait, des prouesses de cet homme, dont le premier début fut le meurtre de Poûtanâ ! 1436.

» Comment cette langue de toi, Bhîshma, ne s’est-elle pas brisée en une centaine de morceaux, quand il te prit fantaisie de commencer, orgueilleux et stupide, cet éloge de Kéçava ? 1437.

» Vieux, comme tu es dans la science, tu commences les louanges de ce prince là, où des hommes plus jeunes, Bhîshma, trouvent sujet pour un blâme ! 1438.

» S’il a tué dans son enfance la Çakouni, ou, sous les formes de cheval et de taureau, deux Asouras, qui n’étaient point habiles à combattre, qu’y a-t-il en cela d’étonnant, Bhîshma ? 1439.

» Si, d’un coup de pied, il a renversé un char, un assemblage de bois sans âme ! qu’y a-t-il en cela de merveilleux, Bhîshma ? 1440.

» S’il a porté, sept jours durant, le Govarddhana, une montagne, qui n’est pas autre chose qu’une fourmillière, je ne regarde pas encore ce fait comme étonnant, Bhîshma !

« Il a mangé en jouant sur le front de la montagne une masse énorme de nourriture ! » Ce qui nous a causé le plus d’étonnement, Bhîshma, c’est de t’entendre nous tenir ce langage ! 1441-1442.

» Quoi ! ce qu’il y a de plus fort, homme, qui sais les devoirs, c’est qu’il a bien dîné ! « Il a tué Kansa ! » dis-tu. Ce n’est pas encore une chose très-merveilleuse.

» Peut-être n’as-tu pas ouï dire aux sages la sentence, que je vais t’apprendre, à toi, qui sais le devoir, Bhîshma, homme abject dans la race de Kourou : 1443-1444.

« Celui, qui veut manger ses aliments, celui, qui veut conserver sa maison, ne fera tomber ses armes ni sur les femmes, ni sur la race bovine, ni sur les brahmes. »

» C’est ainsi que les vertueux sages ont toujours instruit dans le monde les hommes de bien ; mais cette vérité, on la voit toute fausse en toi, Bhîshma. 1445-1446.

» Tu dis, comme un ignorant, ô le dernier des Kourouides, en célébrant Kéçava, qu’il est élevé dans la science, qu’il est avancé en âge, qu’il est plus que moi. 1447.

» Puisqu’il est honoré sur ta parole, Bhîshma, comment a-t-il mérité ces louanges, l’homme, que souillent le meurtre d’une femme et celui d’un taureau ? 1448.

» Tu dis : « Il est le meilleur des êtres intelligents, il est le seigneur du monde ! » Et Kéçava de le croire sur ta parole ! 1449.

« Tout cela est ainsi ! » pense-t-il. Ce qu’il y a de vrai, c’est que tout cela est faux. Parce qu’on chante beaucoup, on ne commande pas au chantre des hymnes. Tous les êtres suivent leur nature, comme le vautour la trace du feu des sacrifices. 1450.

» Ta nature est peut-être du plus bas degré, ou plutôt il n’y a point à en douter ; aussi approuves-tu la mauvaise nature de ces Pândouides, 1451.

» Entre qui le plus digne des honneurs, c’est Krishna, et desquels tu es même l’instructeur. Homme vertueux, tu ne connais pas la vertu ! Tu es sorti de la route des gens de bien ! 1452.

» Quel homme, le plus instruit des savants, quel homme, ayant la conscience de sa vertu, eût fait, Bhîshma, ce que tu as fait, après que tu eus considéré les règles du devoir ? 1453.

» Comment, s’il te plaît, orgueilleux de ta science, as-tu pu ravir une jeune fille vertueuse, nommée Ambâ, de qui l’amour s’était donné à un autre ? 1454.

» Aussi Vitchitravîrya, ton frère, fidèle à suivre le sentier des gens de bien, ne voulut-il pas accepter cette vierge, enlevée par toi, Bhîshma ! 1455.

» Et malgré toi, orgueilleux de ta science, il engendra des fils au sein de ses deux épouses dans la route foulée par les hommes de bien. 1456.

» Quelle obligation de caste, Bhîshma, te fait garder la continence ? Il n’y en a pas d’autre sans doute que le délire ou l’impuissance ! 1457.

» Je ne vois un incrément de toi nulle part ; et toi, qui parlais ainsi devoir, je ne te vois pas honorer une vieille épouse. 1458.

» L’oblation, l’aumône, la lecture, les sacrifices accompagnés de nombreux honoraires, tout cela ne vaut pas la seizième partie du mérite obtenu par un fils. 1459.

» En vain multiplie-t-on ses vœux et ses jeûnes, Bhîshma : ce sont de stériles pratiques, en vérité ! quand on n’a pas de fils. 1460.

» Tu n’as point de fils, tu es vieux, tu suis un faux devoir ; tu recevras aujourd’hui la mort de tes parents, comme le cygne de l’apologue. 1461.

» Je vais te dire entièrement cette fable, si tu veux m’écouter, Bhîshma, telle que jadis elle me fut racontée par des hommes versés dans la science. 1462.

» Il était donc autrefois un vieux cygne, habitant sur les confins de la mer. Parlant beaucoup des vertus, n’en mettant guère dans sa conduite, il instruisait les oiseaux. 1463.

» Suivez le devoir ! ne quittez pas le devoir ! » Telles étaient les paroles que l’apôtre de vérité, Bhîshma, ne cessait de répéter aux volatiles. 1464.

« Les oiseaux, qui sillonnaient les eaux de la mer, payaient ses leçons avec des vivres, et les autres, Bhîshma, s’entredisaient : « Ce que nous entendons est l’essence même du devoir ! » 1466.

» Tous les oiseaux, sans exception, ayant déposé leurs œufs auprès de lui, s’en allaient, Bhîshma, sans défiance, plonger dans les ondes marines. 1466.

» Mais le scélérat de cygne, attentif à son affaire, mangea tous les œufs de ces imprudents volatiles. 1467.

» Certain docteur ailé, voyant détruites les pontes, tantôt des uns, tantôt des autres, se douta de la chose et le surprit un jour. 1468.

» À la vue de cette perfidie, l’oiseau, pénétré de la plus vive douleur, s’en fut dénoncer le cygne hypocrite à tous les volatiles. 1469.

» Ceux-ci, accourus près de lui, voient le crime de leurs yeux et mettent à mort, ô le plus grand des Kourouides, le cygne à la fausse vertu. 1470.

» Tu es semblable au cygne, Bhîshma ; ces rois sont eux-mêmes les oiseaux : ils t’arracheront la vie dans leur colère, comme a péri le volatile. 1471.

» Les hommes, versés dans les Pourânas, chantent un couplet, Bhîshma, fait sur ce même sujet : je vais te le réciter en entier, fils de Bharata. 1472.

« Tu te plains, oiseau coupable, de perdre la vie ; mais un fait couvre ta voix : les œufs, que tu as mangés ! »

» J’estimais beaucoup le roi Djarâsandha à la grande vigueur. Il n’entra pas dans une lutte avec Krishna :

« C’est un esclave ! » pensa-t-il dans son dernier combat. 1473-1474.

» La mort, donnée à Djarâsandha, est le fait d’Arjouna, de Bhîmaséna et de Kéçava. Qui peut la regarder comme une belle action ? 1475.

» Entrer par une autre voie que la porte, se déguiser en brahme : était-ce là révéler au monarque Djarâsandha de la puissance en Krishna ? 1476.

» L’homme vertueux fit verser l’eau pour laver les pieds afin qu’elle fût donnée en sa présence à ce misérable, sans discerner le caractère de Brahma, attaché à sa personne. 1477.

« Mangez ! » dit le roi à Dhanandjaya, à Bhimaséna, à Krishna ; et celui-ci fit alors, descendant de Rourou, une chose en opposition avec ce caractère. 1478.

» S’il est, comme tu penses, le créateur du monde, comment, insensé, n’aurait-il pas su que le caractère de Brahma était absolument inséparable de sa personne ? 1479.

» Je m’étonne que les fils de Pândou, jetés par toi hors du sentier des hommes vertueux, puissent dire de cette action : « Elle est bonne ! » 1480.

» Cependant non ! cela ne doit pas m’étonner dans ces hommes, auxquels tu enseignes toutes choses, toi, rejeton de Bharata, qui es un vieillard et qui ressembles à une femme ! » 1481.

Quand il eut écouté ce dur et long discours aux syllabes amères, l’auguste Bhîmaséna, le plus fort des hommes forts, s’enflamma de courroux. 1482.

Ses yeux, naturellement grands et larges, rouges, semblables à la fleur du lotus, rougirent encore plus dans le feu de la colère. 1483.

Tous les rois virent ses sourcils contractés dessiner sur son front un arc à trois branches, tels que la Gangâ aux trois lits, roulant sur le Trikoûta. 1484.

Ils virent sa bouche, qui mordait ses lèvres de colère, comme la bouche de la mort, qui, au temps où expire un youga, veut dévorer tous les êtres. 1485.

Au moment qu’il s’élançait, Bhîshma aux longs bras arrêta vite le héros indigné : tel Kârtikéya est retenu par Çiva. 1486.

Le mouvement de Bhîshma pour contenir Bhîma fit rentrer sa colère dans le calme aussi promptement qu’un gourou, noble Bharatide, éteint celle de son disciple avec ses diverses paroles. 1487.

Le valeureux dompteur des ennemis ne désobéit point à sa voix : telle, dans la saison pluvieuse, la mer ne franchit pas ses rivages. 1488.

Inébranlable dans son courage, cette colère de Bhîmaséna ne put alors émouvoir, sire, l’héroïque Çiçoupâla.

En vain Bhîma se leva-t-il en sursaut mainte et mainte fois, l’autre ne s’en inquiéta pas davantage qu’un lion irrité ne pense à une gazelle. 1489-1490.

Voyant la colère de Bhîmaséna aux effrayants exploits, l’auguste roi de Tchédi lança en riant ces paroles : 1491.

« Lâche-le, Bhîshma ! Que ces monarque le voient tous consumé à l’instant par ma puissance, comme une sauterelle par le feu ! » 1492.

À ces mots du roi de Tchédi, Bhîshma, le plus grand des Kourouides et le plus excellent des êtres, doués de l’intelligence, tint ce langage à Bhîmaséna : 1493.

« Au moment, où ce prince, jadis à trois yeux et à quatre bras, naquit dans la famille du roi de Tchédi, il poussa des cris et forma des sons pareils aux braiements d’un âne.

» À ce bruit, son père et sa mère de trembler avec tous leurs parents ; et, voyant ce qui faisait de lui un objet de répulsion, ils pensèrent à l’abandonner ! 1494-1495.

» Alors une voix, non formée dans un corps, s’adressant au roi, le cœur défaillant par le trouble de ses pensées, articula ces mots devant son épouse, ses ministres et son archibrahme ; 1496.

« Roi des hommes, c’est ton fortuné fils, qui vient de naître avec une force éminente ; il ne faut donc pas que cela t’épouvante. Veille sans trouble sur ton nourrisson !

» Certes ! ni la Mort, ni Kâlane menacent ton fils de longtemps, roi des hommes ; mais un jour la Mort, armée d’un javelot, se lèvera pour lui donner la mort ! » 1497-1498.

» À peine eut-elle ouï ces mots, qu’exprimait une cause invisible, la mère dit, consumée par sa tendresse pour son fils : 1499.

« Qui vient de prononcer sur mon fils ces paroles ? Je t’adore, les mains réunies à mes tempes : ajoute encore un seul mot. 1500.

» Dis-le dans la vérité ! Que tu sois un adorable Dieu ou un autre, je désire l’entendre. Quelle sera un jour cette mort de mon fils ? » 1501.

» Alors cet être invisible de parler une seconde fois en ces termes : « Qu’un roi le prenne dans son sein ! Si deux bras vigoureux tombent de cet enfant sur le sol de la terre, comme deux serpents à cinq têtes, et si l’œil de superfétation, placé au milieu du front, disparaît, le prince, de qui la vue aura produit cette merveille, sera la mort de ton fils ! » L’enfant après ces mots fut appelé Tryaksha, celui, qui a trois yeux, et Tchatourbhoudja, qui a quatre bras. 1502-1503-1604.

» Tous les rois de la terre vinrent à Tchédi, amenés par le désir de voir ce nouveau-né. À mesure qu’ils arrivaient, le monarque de les honorer suivant qu’ils en étaient dignes.

» Alors il mit l’enfant sur le sein à chacun de ces princes. Son fils passa ainsi tour à tour dans les bras de mille rois individuellement, et l’on ne vit pas s’accomplir ce que l’oracle avait annoncé. Le récit en fut porté jusqu’à Dwâravatî aux oreilles de Çankarshana et de Djanârdana, les deux Yadouides à la grande force. Ils s’en allèrent donc à la ville de Tchédi voir la princesse Yadouide, sœur de leur père et mère de cet enfant. 1505-1506-1507-1508.

» Balarâma et Kéçava se prosternent suivant l’étiquette, selon ce qu’exigeait la prééminence, devant le monarque et leur tante, ils s’asseoient, ils s’enquièrent de leurs affaires et de leur santé. 1509.

» Les deux héros furent honorés alors avec affection et de la manière la plus distinguée. Ensuite, la reine de poser elle-même son fils sur le sein de Dâmaudara. 1510.

» À peine est-il placé dans son giron, les deux bras de superfétation tombent à terre et le troisième œil disparaît au milieu du front. 1511.

» À ce spectacle, la mère toute émue, effrayée, sollicite une grâce de Krishna : « Accorde-moi, dit-elle, Krishna aux longs bras, une grâce dans la peur, qui agite mon esprit.

» Tu es la confiance des malheureux ; tu donnes la sécurité à ceux, qu’agite la crainte. » Le rejeton d’Yadou répondit à ces mots : 1512-1513.

« Ne crains pas, vertueuse reine ; tu n’as aucune chose à redouter de ma part. Quelle grâce t’accorderai-je ? Que veux-tu que je fasse, sœur de mon père ? 1514.

» J’accomplirai ta demande, possible ou même impossible ! » À ces paroles, elle dit à Krishna, le rejeton d’Yadou : 1515.

« Supporte à cause de moi, puissant seigneur, cent offenses de Çiçoupâla. Sache, tigre d’Yadou, que c’est là cette grâce, que j’implore. » 1516.

Krishna lui répondit :

« Je m’engage, sœur de mon père, à supporter cent offenses de ton fils, dont chacune serait digne de mort : ne livre plus, ton âme au chagrin. » 1517.

» Voilà pour quelle raison, héros, fier de la grâce, qu’il a reçue de Govinda, ce criminel Çiçoupâla à l’étroite intelligence te défie maintenant au combat. 1518.

» C’est pour cela que le roi de Tchédi n’a pas eu la pensée de provoquer Atchyouta ; et cet arrangement des choses est sans doute ce que s’est proposé Krishna, le maître du monde. 1519.

» En effet, quel roi sur la terre, Bhîmaséna, aurait pu m’insulter aujourd’hui comme l’a fait cet opprobre de sa famille, dont l’âme est assiégée par la mort ! 1520.

» Ce guerrier aux longs bras est assurément une portion de la semence de Hari, que veut déjà reprendre l’Être disséminé partout. 1521.

» C’est pourquoi, tigre de Kourou, cet insensé monarque de Tchédi pousse, comme un tigre, ces clameurs désordonnées, sans penser à nous tous. » 1522.

Le roi de Tchédi ne put supporter ces paroles de Bhîshma et, dans sa colère, il jeta cette réponse au fils de Çântanou : 1523.

« Puissions-nous trouver dans nos ennemis, Bhîshma, cette même puissance, qui est dans Krishna ! lui, de qui tu es, comme un barde, toujours prêt à réciter les louanges ! 1524.

» Si ton âme se complaît à vanter les autres, Bhîshma, laisse de côté ce Djanârdana et vante les rois ! 1525.

» Loue ce magnifique Vâhlîkain, le plus vertueux des princes, qui, à sa naissance, déchira la terre ! 1526.

» Lui, qui, régnant sur les contrées d’Anga et de Vanga, est égal pour la force à l’Immortel aux mille yeux ! Loue, Bhishma, ce Karna, de qui le bras manie un si grand arc ! 1527.

» Lui, auquel un Dieu fit, héros aux longs bras, deux célestes pendeloques et une cuirasse naturelle, d’une splendeur telle que le soleil adolescent ! 1528.

» Lui, par qui l’invincible Djarâsandha, l’image de Pourandara, fut vaincu dans une lutte et sentit briser son corps ! 1529.

» Allons, Bhîshma ! loue Drona et Açvatthâman, ces deux héros, fils et père, les plus saints des brahmes et qui ne cessent jamais de mériter des éloges ! 1530.

» L’un ou l’autre de ces deux, à mon avis, détruirait la terre avec tous ses êtres animés ou inaniuiés, sans qu’il en restât rien, dans sa colère ! 1531.

» En effet, je ne vois pas un monarque égal à Drona dans la bataille ; je n’en vois pas un seul égal à Açvatthâraan : et tu ne sens pas le désir, Bhîshma, de louer ces deux personnes ! 1532.

» Je ne vois sur la terre, que bornent les mers, aucun homme, qui soit pour eux un adversaire de force égale. Je ne parle pas de l’Indra des rois, Douryodhana aux longs bras, 1533.

» Du monarque Djayadratha au courage inébranlable, guerrier consommé dans la science des armes ! Je tais encore Drouma, l’instituteur des Kimpouroushas, héros d’une vaillance renommée dans le monde, et Ip vieux maître des enfants de Bharata, et Kripa le Çaradvatide ! 1534-1535.

« Pourquoi, gardant le silence sur Roukmi à l’immense vigueur, le plus grand des homuies, le plus éminent de tous ceux, qui tiennent un arc, n’as-tu d’éloges que pour Kéçava ? 1536.

» Pourquoi, couvrant du silence l’énergique Bhîshmaka, et Dantavakra à la grande vigueur, le monarque de la terre, n’as-tu d’éloges que pour Kéçava ? 1537.

» Pourquoi ne loues-tu pas Bhagadatta, Yoûpakétou et Djayatséna le Magadhain, Virâta et Droupada, Çakouni à la grande force ? 1538.

» Couvrant de ton silence Vinda et Anouvinda, ces deux rois d’Avanti, le sublime roi du Pândya, Çwéta, et Çankha, à la bien haute fortune, et le fier Vrishaséna, et le vaillant Ékalavya, et l’héroïque Kalingain à la vigueur immense, pourquoi n’as-tu d’éloges que pour Kéçava ? Comment ne sais-tu pas louer Çalya et les autres souverains de la terre, 1539-1540.

» Si ta pensée, Bhîshma, n’aime à vivre qu’au milieu des éloges ? Ne pourrais-je pas dire, moi, Bhîshma, ce que peut-être tu n’as pas ouï dire à ces vieillards, qui s’entretenaient jadis sur le devoir ? 1541.

« Blâme de soi, louange de soi ! éloge d’autrui, blâme d’autrui ! cette conduite n’est pas celle des gens honnêtes. » Ces paroles, que nous avons entendues, elles s’adressent à toi, Bhîshma ! 1542.

» Personne n’approuve que tu prennes, sans cesse, Bhishma, un sujet d’éloges, que tu ferais mieux d’abandonner, ce Kéçava, pour lequel ton dévouement est folie ! 1543.

» Comment, par un simple désir, peux-tu mettre tout l’univers dans un méchant pâtre, dans un homme occupé du soin des troupeaux ! 1544.

» Cette pensée de toi, rejeton de Bharata, ne convient pas à la nature : il en est d’elle comme d’un oiseau, dont précédemment j’ai déjà raconté l’histoire. 1545.

» Ce boûlingaçakouni, ainsi qu’on l’appelle, habite sur le versant opposé de l’Himàlaya. On n’entend jamais de lui, Bhîshma, autre chose que des paroles, dont le sens est un blâme : 1546.

« Ne faites pas de vol ! » Il a continuellement ces recommandations au bec ; et lui, de qui le vol est l’occupation habituelle, il ne s’aperçoit pas qu’il vole ! 1547.

» Car le boûlinga sans réflexion arrache de sa gueule au lion, qui mange, un morceau de chair, Bhishma, pris déjà entre ses dents. 1548.

» Assurément, il se rassasie aux dépens du lion, qui a faim. Les paroles que tu dis, Bhîshma, sont du même genre. 1549.

» Tu te gorges, il est sûr, aux dépens de ces rois, qui meurent de faim l Homme, de qui les actes sont exécrés dans le monde, tu n’as pas ton pareil sur la terre ! » 1550.

À peine eut-il entendu ces piquantes paroles du roi de Tchédi, Bhîshma répondit ces mots, en présence et à l’ouïe de Çiçoupâla : 1551.

« Je ne prends jamais rien sur la table de ces monarques avides ; et je fais de ces rois aussi peu de cas que d’un brin d’herbe ! » 1552.

À ce langage, tous les rois de s’écrier ; les uns de s’horripiler, ceux-là de gourmander Bhîshma. 1553.

Les autres guerriers disent à ces paroles : « C’est un méchant, un orgueilleux, un vieillard ! Ce Bhîshma ne mérite pas tant de patience ! 1554.

» Allons, princes ! qu’on immole cet insensé Bhishma comme un vil bétail ! ou brûlons tous de concert ce furieux dans un feu d’herbes sèches ! » 1555.

Le grand oncle des Kourouides entendit ces paroles, et le sage Bhîshma répondit en ces termes à ces rois de la terre ; 1556.

« Je ne suis pas encore à la fin des paroles, que j’ai commencées. Écoutez, monarques, tout ce qui me reste à dire. 1557.

» Immolez-moi comme un bétail ou brûlez-moi dans un feu d’herbes sèches, mon pied n’en aura pas moins été mis tout entier sur vos têtes ! 1558.

» Voici l’immortel Govinda, que vous avez honoré. Toi, de qui la pensée court au-devant de ta mort, hâte-toi de provoquer au combat ce Krishna, le meurtrier de Madhou, aux mains armées de la massue et du tckakra ; et bientôt mordant la poussière, tu vas rentrer dans le corps de cet ineffable Dieu ! » 1559-1560.

À ces mots de Bhîshma, le roi de Tchédi à la bravoure immense, brûlant de combattre avec le Vasoudévide, jeta ces paroles à Krishna : 1561.

« Je te défie ! Viens, Djanârdana, combattre avec moi, afin que je t’arrache maintenant la vie, à toi, accompagné de tous les fils de Pândou ! 1562.

» Je tuerai avec toi les Pândouides jusqu’au dernier, Krishna, sans parler de ces rois, qui te rendent les honneurs, à toi, qui n’est pas un roi ! 1563.

» Il faut que je tue ceux, qui t’accordent stupidement ces hommages, comme si tu les méritais, à toi, insensé, qui ne les mérites pas, à toi, qui es un esclave, Krishna, et qui ne trônes pas entre les rois ! » 1564.

Il dit et le tigre des rois se tint dans une attitude irritée et menaçante. Krishna, auquel ces paroles étaient adressées, fit entendre ces mots, dont un langage doux fut le prélude, à tous les rois et aux Pândouides, rangés devant ses yeux : 1565.

« Princes, le fils de Sâtwatî est notre ennemi acharné. En vain le caressons-nous, sans lui faire aucun mal, cette âme cruelle n’a pour nous aucune bonté. 1566.

» Sur la nouvelle que nous étions allés à la ville du Prâdjyotisha, cet artisan de crimes est venu incendier notre Dwârakâ. Tandis que le roi du Bhodja se divertissait au mont Raîvata, lui, sans considérer qu’il était le fils de sa sœur, il a tué ou conduit prisonniers à Tchédi tous les princes, ses vassaux. Dans un criminel dessein et pour jeter un obstacle au sacrifice de mon père, il a enlevé le cheval, environné de gardes, mis en liberté et destiné à être immolé dans un açva-médha. Il a ravi l’épouse du pénitent Babhrou, qui était pour lui sans amour et revenait de son voyage dans le Souvira. 1567-1568-1569.

» Caché sous le voile de la magie, n’a-t-il pas, cet artisan d’iniquités, ravi à mon oncle même, pour le roi du Kâroûsha, la sainte Bhadrâ, qu’Oudjayanî vit naître ?

» J’ai supporté, en considération de la sœur de mon père, cette bien grande douleur ; mais, par bonheur, voici une offense, qui m’est faite ici en présence de tous les rois !

» Vos majestés sont témoins de la violente injure, que je reçois maintenant : jugez par elle de toutes celles, qu’il a pu me faire loin de vos yeux ! 1570-1571-1572.

» Mais il me sera impossible de supporter l’offense, que ce présomptueux, digne de mort, m’a faite aujourd’hui en pleine assemblée des rois. 1573.

» L’insensé, qui désirait la mort, osa demander Roukmini ; mais il n’a pas obtenu sa main, comme un indigne çoûdra n’obtient pas l’audition des Védas ! » 1574.

Aussitôt qu’ils eurent ouï ces paroles et d’autres du Vasoudévide, tous les monarques se mirent à blâmer de concert le roi de Tchédi. 1575.

Mais à peine eut-il entendu ce langage de Krishna, l’auguste Çiçoupâla de pousser un rire éclatant et de parler en ces termes : 1576.

« Comment n’as-tu pas honte, Krishna, de citer Roukminî, surtout devant ces rois assemblés ; elle, qui me fut accordée avant qu’elle ne devint ton épouse ? 1577.

» Quel homme de bon sens autre que toi, meurtrier de Madhou, oserait jamais, au milieu des gens de bien, parler d’une femme, qui, avant d’être la sienne, fut l’épouse d’un autre ? 1578.

» Supporte-moi, Krishna, ou, si tu m’en crois, ne me supporte pas : de ta colère ou de ta faveur, que peut-il m’arriver de toi ? » 1579.

À peine eut-il parlé de cette manière, que l’ineffable meurtrier de Madhou inclina son esprit à la pensée du tchakra, qui déchire l’orgueil des Daîtyas. 1580.

Au même instant, le disque terrible vint se mettre dans sa main ; et l’Adorable, qui maniait habilement la parole, articula ces mots à haute voix : 1581.

« Écoutez-moi, princes de la terre ! Pour quelle raison ai-je tant pardonné ? J’ai dû tolérer cent offenses à la demande de sa mère ! 1582.

» J’ai acquitté ce qu’on a sollicité de moi, sires, mais le nombre est enfin arrivé au complet ; je vais le tuer maintenant sous vos yeux mêmes, rois de ce monde ! »

Il dit et, dans sa colère, soudain le plus grand des Yadouides enleva la tête au roi de Tchédi avec ce tchakra, qui déchire les ennemis. 1583-1584.

Le guerrier aux longs bras de tomber comme une montagne frappée de la foudre. Aussitôt les rois virent le corps du roi de Tchédi lancer au dehors une suprême lumière, 1585.

Telle que si le soleil même, grand roi, s’envolait du ciel ! La splendeur éclatante s’inclina pour saluer l’ineffable aux yeux de lotus bleu, adoré dans les mondes ; elle s’absorba toute en lui-même. Et, puissant monarque des hommes, tous les rois, qui en furent les témoins, regardèrent comme un prodige que cette lumière se fût mêlée au corps du héros aux longs bras et du plus grand des enfants de Manou. Un ciel serein versa la pluie, et la foudre tomba flamboyante d’une atmosphère sans nuages, 1586-1587-1588.

La terre de trembler au moment où Krishna abattit le Tchédien, et qui que ce fût parmi tous ces rois n’osa dire un seul mot. 1589.

Quelques-uns, muets comme si la mort eût passé dans le canal de leur voix, les yeux fixés avec colère sur Djanârdana, se broyaient les doigts avec les doigts de leurs mains. 1590.

Les uns, pleins de fureur, se mordaient les lèvres avec les dents ; les autres donnaient en secret des éloges au rejeton de Vrishni. 1591.

Ceux-ci étaient au plus haut point de la colère, ceux-là dans l’indifférence ; mais les grands rishis de s’avancer vers Kéçava et de le combler d’éloges. 1592.

Les brahmes magnanimes et les puissants maîtres de la terre vantaient hautement cette prouesse de Krishna, qui réjouissait leurs yeux. 1593.

Il dit avec révérence aux cinq frères, les fils de Pândou : « Honorez de funérailles, sans tarder, l’héroïque souverain, de qui Damaghosha fut père. » 1594.

Ceux-ci d’exécuter aussitôt ces ordres de leur auguste cousin. Le fils de Prithâ ensuite de sacrer avec tous les rois sur le trône des Tchédiens le fils du prince défunt. Ces choses terminées, le monarque enfant de Kourou fit resplendir son beau sacrifice, duquel avait disparu l’obstacle, entreprise cause de plaisir, agréable aux plus excellents, opulente de tous les biens, regorgeante de richesses et de grains en abondance, 1595-1596-1597.

Pleine de mets et de toutes les sortes d’aliments. Youddhishthira conduisit donc à sa fin le grand sacrifice du râdjasoûya sous la protection vigilante de Kéçava. 1598.

Djanârdana aux longs bras, Çaâuri l’adorable garda le sacrifice jusqu’à son complet achèvement, armé du tchakra, de la massue et de l’arc Çârnga. 1599.

Ensuite, quand le bain de l’avabhrita eut purifié le vertueux Youddhishthira, il s’approcha du guerrier devenu monarque universel et lui tint ce langage : 1600.

« Tu grandis, ô bonheur ! prince, qui sais le devoir ! Tu as obtenu l’empire du monde entier. Par toi se trouve augmentée la gloire d’Adjamîtha et des Adjamîthides !

» Par cet acte solennel, Indra des rois, tu as accompli un bien grand devoir. Honorés de toutes choses en tous nos désirs, nous te disons adieu, tigre des hommes ! 1601-1602.

» Nous retournons dans nos royaumes : veuille donc nous donner ton congé. » Ces paroles des rois entendues, Youddhishthira, le fils d’Yama, 1603.

Après qu’il eut rendu à tous ces rois les honneurs, qu’ils méritaient, parla en ces termes à tous ses frères : « C’est l’amitié seule, qui a conduit vers nous tous ces princes. 1604.

» Ces rois formidables retournent dans leurs provinces et viennent de me faire leurs adieux. Accompagnez, s’il vous plaît, ces plus grands des rois jusqu’aux frontières de leurs états ! » 1605.

Connaissant la volonté de leur frère, les Pândouides, observateurs du devoir, accompagnèrent tous les rois, celui-ci d’un côté, celui-là d’un autre, honneur, dont ces princes étaient bien dignes. L’auguste Dhrishtadyoumna sehàtade suivre Virâta ; 1606.

Arjouna d’escorter le magnanime héros Yajnaséna, et Bhîmaséna aux grandes forces d’accompagner Bhishma et Dliri tarâshtra. 1607.

Sahadéva, le souverain des batailles, marcha sur les pas du vaillant Drona et de son fils : celui de Soubala et son père eurent Nakoula pour compagnon, 1608.

Les fils de Draâupadî et de Soubhadrâ firent cortège aux héroïques rois des montagnes ; d’autres princes accompagnèrent d’autres souverains. 1609.

Comblés de semblables honneurs, les brahmes de s’en aller par milliers. Une fois partis ces Indras des rois et tous les brahmes : 1610.

« Reçois mes adieux, rejeton de Kourou, dit le majestueux Vasoudévide à Youddhishthira ; je vais retourner à Dwârakâ. 1611.

» Tu as heureusement accompli ce râdjasoûya, le plus grand des sacrifices. À ces mots, Dharmarâdja fit cette réponse à Djanârdana : 1612.

« C’est grâce à ta faveur, Govinda, que j’ai célébré le plus éminent des sacrifices ; c’est grâce à ta faveur que l’ordre entier des rois est réduit sous ma puissance. 1613.

» Chargés des tributs les plus riches, ils sont accourus auprès de moi ! Comment donc ma voix pourra-t-elle, mortel sans péché, t’accorder ce congé pour ton départ ?

» Car en ton absence, héros, je ne trouve de plaisir dans aucune chose. Quoi qu’il en soit, il faut nécessairement que ta majesté s’en aille à sa ville de Dwârakâ ! » 1614-1616.

À ces mots, accompagné d’Youddhishthira, Hari à l’âme juste, à la vaste renommée, se rendit chez Prithâ et lui dit joyeux : « Tes fils, sœur de mon père, ont obtenu aujourd’hui l’empire universel. 1616.

» Ils sont riches, ils sont au comble de leurs vœux : que la satisfaction soit ton partage ! Puis-je avec ta permission m’en retourner à Dwârakâ ? » 1617.

Kéçava de saluer Soubhadrâ et Draâupadî ; puis, étant sorti du gynœcée, accompagné d’Youddhishthira, 1618.

Il se purifia, récita les prières et se fit dire par ses brahmes les formules pour l’heureux succès du voyage. Alors Dârouka aux longs bras de s’approcher avec le char, qu’il avait attelé, véhicule léger, artistement travaillé, pareil à la beauté des nuages. Quand il vit près de lui ce char, dont Garouda était le drapeau nompareil, 1619-1620.

Poundarîkâsha à la grande âme décrivit autour de lui un pradakshina ; il monta et s’achemina vers la cité de Dwâravatî. 1621.

Youddhishthira, le fils d’Yama, le favori de la Fortune, suivait à pied, accompagné de ses frères, le tout-puissant Vasoudévide. 1622.

Après que Hari aux yeux de lotus bleu eut dirigé un instant le char sans pareil, il dit à Youddhishthira, le fils de Kountî : 1623.

« Sois toujours sans négligence, roi des hommes, et défends tes peuples, comme les éléments entretiennent le nuage, comme les brahmes veillent sur un grand arbre. 1624.

» Que tes parents te soient tous soumis, tels que les Immortels au Dieu, qui regarde avec mille yeux ! » Dès qu’ils se furent unis par une alliance, salué et donné congé l’un à l’autre, le fils de Pândou et Krishna de s’en aller chacun du côté où s’élevait sa demeure. Après le départ du plus grand des Yadouides pour Dwâravatî, ces deux princes, Douryodhana, seul roi, et Çakouni, le fils de Soubala, continuèrent d’habiter dans le céleste palais. 1626-1626-1627.