Traduction par André Bellessort et Thekla Hammar.
Nilsson (p. 135-145).

CHAPITRE X
CONTES FANTASTIQUES

Je n’ai rien pour vous, chers lecteurs, que des histoires vieilles et presque oubliées : des légendes que, dans la chambre où les petits étaient assis sur de bas tabourets, leur contaient des conteuses aux cheveux blancs ; — des récits qu’autour du feu de la cuisine les valets et les tenanciers se rapportaient, pendant que la vapeur montait de leurs vêtements trempés et qu’ils étendaient, avec leurs couteaux à gaine de cuir, leur beurre sur leur pain mou ; — des aventures d’autrefois que les vieux messieurs, assis sur leur chaise à bascule, évoquaient à la fumée des grogs chauds. Et l’enfant qui avait écouté la conteuse, et les tenanciers, et les vieux messieurs, s’ils s’approchaient ensuite de la fenêtre et s’ils regardaient tomber le soir d’hiver, ne voyaient point de nuages à l’horizon ; mais les nuages étaient des Cavaliers qui parcouraient l’espace en des charrettes bancales ; et les étoiles, étaient des bougies allumées dans le vieux manoir de Borg, et le rouet, qui ronflait dans la pièce voisine, celui d’Ulrika Dillner. La tête des enfants était pleine de ces revenants, et, quand vous les envoyiez au grenier sombre chercher du lin et des biscuits secs, alors leurs petits pieds volaient pour revenir vite à la cuisine éclairée ; car là-haut, dans les ténèbres, ils sentaient s’agiter autour d’eux toutes les histoires du méchant maître de Fors qui avait fait un pacte avec le Diable.

La poussière du méchant Sintram repose depuis longtemps dans le cimetière de Svartsiœ ; mais personne ne croit que Dieu ait son âme, comme le dit l’inscription de la pierre.

Pendant qu’il vivait, il était de ceux qui reçoivent d’étranges visites. Les longs après-midi des dimanches pluvieux, un lourd carrosse attelé de chevaux noirs s’arrête devant leur perron. Un monsieur élégant et noir en descend. On voit l’hôte et l’inconnu chasser, avec les cartes et les dés, les heures traînantes et désespérément monotones. La partie se poursuit jusqu’à minuit passé, et, à l’aube, quand l’étranger quitte la maison, il laisse toujours derrière lui quelque cadeau funeste.

Oh, ces gens sinistres que visitent les mauvais esprits et qui, là où ils vont, se font précéder par de terribles phénomènes et des bruits avant-coureurs ! Quel pouvait bien être ce gros chien noir qui, du temps de Sintram, rôdait à Fors ? Ses yeux étincelaient horriblement, et sa longue langue sanglante pendait hors de ses crocs. Un jour, au moment où les valets allaient sortir de l’office, après avoir pris leur dîner, il avait gratté à la porte, et toutes les servantes avaient crié d’épouvante ; mais le plus fort et le plus rude des valets avait arraché du feu une bûche enflammée et la lui avait lancée dans la gueule. Alors il s’était enfui en poussant des hurlements lugubres, au milieu des flammes et de la fumée. Et les traces de ses pas sur la route laissaient des lueurs phosphorescentes.

Et n’était-il pas formidable que, chaque fois que le maître de Fors s’en revenait chez lui, les bêtes qui le traînaient se fussent métamorphosées ? On l’avait vu partir avec des chevaux, et, au retour, la nuit, sa voiture était attelée de taureaux noirs. Les gens qui demeuraient au bord de la route apercevaient d’énormes cornes noires se profiler sur le ciel nocturne. Ils entendaient des beuglements et s’effrayaient des gerbes d’étincelles que les sabots et les roues faisaient jaillir de la poussière du chemin.

Ah, il est certain que les petits pieds des enfants avaient de bonnes raisons pour se hâter à travers le grenier sombre ! Songez donc : si quelque chose d’horrible, si celui dont on n’ose pas prononcer le nom, avait surgi tout à coup d’un coin ténébreux ! Ce n’était pas seulement aux méchants qu’il se montrait. Ulrika Dillner ne l’avait-elle pas vu ? Et Anna Stiernhœk ne savait-elle pas comment il leur était apparu ?

Pauvre Ulrika Dillner ! Les rires des jeunes gens avaient peut-être sonné trop insolemment à ses oreilles, et les souliers de satin des jeunes filles avaient sans doute foulé et froissé son vieux cœur aimant. Elle fut prise d’un irrésistible désir d’avoir le titre et la dignité d’une femme mariée. Et, le méchant Sintram lui ayant demandé sa main, elle se sépara de ses amis de Berga et de ses chères besognes.

Ils s’étaient fiancés à la Noël ; ils se marièrent en février. Anna Stiernhœk demeurait alors dans la famille du capitaine Uggla et pouvait la remplacer. Elle partit sans remords.

Sans remords, oui : mais le repentir ne tarda guère. Les vastes salles du domaine de Fors étaient pleines d’un froid lugubre ; et, dès que la nuit tombait, Ulrika fris sonnait et se mourait de nostalgie.

Or, un dimanche du mois de mars, que Sintram n’était pas rentré dîner après la messe, elle alla s’asseoir à son clavecin. C’était son unique consolation. Ce clavecin, où l’on voyait peints un joueur de flûte et une bergère, était son bien, l’héritage de ses parents. Elle lui confiait ses peines, et il la comprenait. Savez-vous ce qu’elle jouait ? Tout ce qu’elle connaissait de musique : une polska. Avant que ses mains se fussent raidies à manier les cuillers et les couteaux et les instruments de cuisine, elle avait appris cette polska qui lui était toujours restée dans les doigts. Et elle la jouait chaque fois qu’elle avait besoin de parler à son clavecin.

Les passants sur la route auraient cru que le méchant Sintram donnait un bal à ses amis, tant l’air était allègre et joyeux. Aux sons de cette polska, jadis, l’insouciance et la gaîté entraient et menaient le branle dans la maison de Berga, et la faim en sortait sur un pas de danse. Nul ne l’entendait sans éprouver le long des jambes des démangeaisons de fringuer. Mais la pauvre Ulrika la joue et pleure.

Entourée de serviteurs maussades et de bêtes furieuses, elle soupire après des visages amis et des bouches souriantes. C’est ce désir désespéré que doit exprimer la vive polska ; et ses notes jaillissantes doivent traduire aussi les regrets amers d’une vieille fille qui se repent d’avoir été vaniteuse et d’avoir souhaité le mariage.

Naguère, quand cette polska sonnait, Gösta Berling entraînait la jeune comtesse Dohna ; Marianne Sinclair se laissait emporter par ses admirateurs ; et autrefois la Commandante d’Ekebu ouvrait le bal avec le noble Altringer. Ulrika les revoit, tous ces couples qu’unissaient la jeunesse et la beauté. C’était sa polska qui faisait brûler leurs joues et briller leurs yeux. Comme tout cela est loin ! Il faut que ces mêmes notes aujourd’hui étouffent tant de doux souvenirs. Il faut aussi qu’elles bercent un cœur qui éclate d’angoisse ; car la bonne Ulrika ne peut voir sans épouvante et sans détresse le chien noir rôder autour d’elle, ni les fermiers gémir, ni ricaner les serviteurs.

Tout à coup elle entendit son mari rentrer et s’asseoir dans son fauteuil à bascule. Elle connaissait si bien son balancement habituel qu’elle ne retourna pas même la tête. Cependant ce craquement continu du plancher finit par recouvrir les sons de la musique. Et il lui sembla que le clavecin répondait à ses plaintes par d’aigres éclats de rire. Et elle s’arrêta de jouer au milieu d’une mesure ; et, se levant, elle se retourna…

L’instant d’après, elle gisait évanouie sur le parquet. Ce n’était pas son mari qui était assis là, c’était un autre, c’était l’Autre, celui qu’on n’ose pas nommer, celui qui ferait mourir de peur les enfants, s’ils le rencontraient au sombre grenier.

L’âme qui a été nourrie de contes fantastiques peut-elle jamais se délivrer de leur hantise ? Le vent de la nuit hurle dehors ; un laurier-rose et un caoutchouc fouettent les piliers du balcon de leur feuilles dures. Le ciel se recourbe menaçant sur la longue crête des montagnes, et moi, qui suis assise seule devant ma table, la lampe allumée, et les stores baissés, moi qui suis vieille maintenant et qui devrais être raisonnable, je sens les mêmes frissons me courir le long du dos que la première fois que j’entendis cette histoire. Involontairement, je fouille du regard les coins obscurs de ma chambre pour me persuader que personne ne s’y cache. C’était le grand étonnement de mon enfance qu’Ulrika Dillner eût survécu à cet après-midi : moi, j’en serais morte.

Par bonheur, Anna Stiernhœk arriva à Fors. Grâce aux soins de la jeune fille, Ulrika reprit connaissance. Mais elle tremblait et pleurait ; les rides de son visage s’étaient encore creusées ; les larmes ruisselantes défrisaient ses boucles à l’anglaise, et les sanglots secouaient son corps maigre. Anna se décida brusquement à emmener cette infortunée qu’un séjour prolongé sous le toit de Sintram rendrait folle. Ulrika se réjouit et s’épouvanta : non, jamais elle n’oserait quitter son mari. Si elle avait le malheur de s’éloigner, ne lancerait-il pas son chien noir sur ses traces ? Mais Anna, moitié par des menaces et moitié par des plaisanteries, vainquit sa résistance ; et, une demi-heure plus tard, les deux femmes étaient assises dans un traîneau.

Anna conduisait, la vieille Disa trottait. L’état des chemins était mauvais, car on touchait déjà aux derniers jours de Mars. Ulrika ne se sentait pas d’aise de se retrouver dans le traîneau de ses maîtres, derrière le cheval de Berga qui était une bête de confiance. Et, comme elle avait une bonne humeur et un esprit courageux, elle avait cessé de pleurer quand on passa devant Arvidstorp ; elle commença de sourire à Hôgsberg, et, arrivée à Munkerud elle contait des souvenirs de jeunesse.

À ce moment-là, le traîneau entra dans des contrées désertes, sur un chemin rocailleux tout en montées et en descentes. Il dévalait le long d’une pente rapide, quand Ulrika se tut subitement et saisit le bras d’Anna.

— Regarde ! dit-elle.

Elle fixait des yeux éperdus sur un grand chien noir assis au bord de la route, et qui disparut à toute vitesse dans le bois. Anna eut à peine le temps de le voir.

— Va, va ! Fouette le cheval, dit Ulrika. Sintram sait déjà que je suis partie.

Anna essaya de tourner la chose en plaisanterie ; mais Ulrika ne se laissa pas calmer.

— Nous entendrons bientôt ses grelots ! Nous les entendrons avant d’être parvenues au sommet de la prochaine colline.

En effet, comme Disa s’arrêtait pour souffler un instant au haut d’Elofsbacken, un bruit de sonnailles se fit entendre du pied de la colline. Alors la pauvre Ulrika frémit, gémit, sanglota. Anna voulut, d’un coup de fouet, mettre Disa au galop, mais celle-ci, tournant la tête, lui envoya un regard chargé d’étonnement. Eh quoi, voulait-on lui apprendre quand il était temps de marcher ou de courir, à elle qui connaissait chaque pont, chaque barrière, chaque côte, depuis plus de vingt ans ?

Les grelots se rapprochaient toujours.

— C’est lui ! C’est lui ! gémissait Ulrika.

Les tintements devenaient par moment si étrangement forts qu’Anna se retourna pour voir si le cheval de Sintram ne touchait pas déjà leur traîneau ; et, par moment aussi, les sons se mouraient. Les deux femmes les entendaient tantôt à droite, tantôt à gauche ; mais elles n’apercevaient personne. Comme dans la nuit, au retour d’une fête, les grelots chantent des airs de danse, et s’interpellent et se répondent, et remplissent la forêt de leur carillon, ainsi l’invisible traîneau ébranlait tous les échos à la fois de sa musique surnaturelle.

Il n’y avait pas bien longtemps qu’Anna avait fait ce même chemin, poursuivie par des loups. Leurs dents luisaient dans l’obscurité, et la jeune fille avait pensé que ses membres seraient broyés et déchirés ; cependant elle n’avait pas eu peur. Jamais elle n’avait vécu une nuit plus magnifique. Le cheval était fort et beau ; beau et fort, l’homme qui partageait à ses côtés la joie de l’aventure. Mais, avec ce vieux cheval d’aujourd’hui et cette compagne tremblante, elle se sentait impuissante et prête à pleurer.

Ce carillon énervant lui était insupportable : elle arrêta le traîneau et en descendit.

Alors elle entrevit dans le crépuscule qui les envahissait une tête de cheval, puis une voiture et enfin Sintram. Ils ne semblaient pas être venus sur la route : ils semblaient avoir surgi, morceau par morceau, fantasmagorie se détachant de la pénombre.

Anna jeta les rênes à Ulrika et alla droit à Sintram.

— Tiens, dit-il, quelle chance ! Ma chère demoiselle Stiernhœk, permettez-moi de transporter dans votre traîneau mon compagnon. Il devait se rendre à Berga, ce soir, et moi, je suis pressé de rentrer.

— Où est-il, votre compagnon ? demanda Anna.

Sintram souleva brusquement le tablier du traîneau et montra à la jeune fille le corps d’un homme endormi.

— Il est un peu ivre, reprit Sintram, mais qu’est-ce que cela fait ? Il ne se réveillera pas. D’ailleurs, c’est une vieille connaissance, notre ami Gösta Berling.

Anna frissonna.

— Voyez-vous, je vais vous dire quelque chose, murmura Sintram. Celle qui abandonne son bien-aimé le vend au diable. C’est ainsi que je suis tombé, moi, sous les griffes du Malin. On s’imagine que le sacrifice est toujours beau, et l’amour toujours coupable.

— Que voulez-vous dire, demanda Anna très troublée. De quoi parlez-vous ?

— Vous n’auriez pas dû laisser Gösta partir.

— Dieu le voulait.

— Oui, l’amour est un péché ! Le bon Dieu, comme vous dites, n’aime pas que les gens soient heureux. Il envoie des loups. Mais si ce n’était pas lui, si ce n’était pas Dieu… Ah ! Ah ! Vous ne songez pas que c’est peut-être moi qui ai sifflé mes petits agneaux gris des grands fjells norwégiens pour effrayer le jeune homme et la jeune fille. Ah ! si c’était moi ? Si j’avais sifflé mes petits agneaux gris !… Réfléchissez à cela.

— Ne m’entraînez pas au doute, dit Anna d’une voix mal assurée.

— Regardez, fit Sintram en se penchant sur le jeune homme, regardez son petit doigt. C’est là que nous avons pris le sang dont nous signâmes notre contrat. Petite blessure, mais inguérissable. Il est à moi : l’amour seul pourrait le délivrer.

Anna Stiernhœk tente de s’arracher à la fascination sinistre. C’est de la folie, de la folie ! Personne ne peut signer des pactes avec l’Esprit du Mal. Mais elle ne parvient pas à dominer et à gouverner ses pensées. L’ombre plus épaisse de la nuit l’étouffe : et la forêt se dresse autour d’elle, si sombre et si muette !

— Vous pensez peut-être, continue Sintram, qu’il n’y a plus grand chose à détruire en lui ? Ne le croyez pas… A-t-il oppressé les paysans, trahi ses amis, triché au jeu ? A-t-il jamais été l’amant d’une femme mariée ?

— Je crois que le Maître de Fors est le diable en personne.

— Faisons un échange. Prenez-le, épousez-le, sauvez-le, gardez-le ; mais donnez votre argent à ceux de Berga. Je vous cède le beau jeune homme… Non, non, ce n’est pas Dieu qui vous a envoyé les loups, l’autre nuit… Faisons un échange.

— Et que voulez-vous en échange ?

Sintram grimaça un sourire.

— Ce que je veux ? Je me contente de peu. Donnez-moi la vieille femme qui est là, dans votre traîneau.

— Tentateur, s’écria Anna, va-t-en ! Trahirai-je une vieille amie qui s’est confiée à moi ? Te la laisser, à toi, pour que tu la rendes folle !

— Voyons, voyons : un instant de réflexion ! Entre cet homme jeune et beau et cette dame déjà très mûre, qui prendrai-je ?

Anna eut un éclat de rire désespéré.

— Vous voulez que nous échangions des âmes comme on troque des chevaux à la foire de Brobu ?

— C’est cela même. Mais on peut traiter d’autre manière.

Et il se mit à appeler sa femme d’une voix haute et perçante. Et, à l’horreur de la jeune fille, Ulrika obéit immédiatement, descendit du traîneau et s’approcha.

— Quelle femme docile ! dit Sintram. Ce n’est certes pas la faute de Mlle Stiernhœk, si elle vient quand son mari l’appelle. Et maintenant, je vais enlever Gösta Berling de mon traîneau et je l’abandonne. Qui le veut le ramasse !

Il s’inclinait vers le corps du jeune homme, quand Anna, prise d’une inspiration soudaine, lui souffla à l’oreille.

— Au nom de Dieu, va-t-en ! Ne sais-tu donc pas qui t’attend, chez toi, dans ton fauteuil à bascule ? Oses-tu bien faire attendre ce Monsieur-là ?

L’effet de ces paroles sur Sintram acheva de bouleverser Anna. Il se jeta dans son traîneau, fouetta son cheval et l’excita par des cris sauvages. Et le traîneau descendit la côte à fond de train, et des traînées d’étincelles éclataient sur la mince couche de glace du mois de Mars.

Anna Stiernhœk et Ulrika, de nouveau seules sur la route, n’échangèrent pas un mot. Les regards de la jeune fille étaient farouches : elle n’avait rien à dire à la pauvre femme qu’elle avait rachetée au prix de son aimé. Elle aurait voulu pleurer, crier, se rouler sur le chemin. Autrefois elle avait savouré la douceur de l’abnégation ; aujourd’hui elle n’en sentait plus que l’amertume. Qu’était le sacrifice de son amour, à côté du sacrifice de son amant ?

Elles arrivèrent à Berga dans le même silence ; mais, quand la porte du salon s’ouvrit, pour la première fois de sa vie, Anna Stiernhœk s’évanouit. Gösta Berling et Sintram, installés tranquillement autour d’un plateau de grogs, y buvaient depuis au moins une heure…

Plus tard, les Uggla obtinrent de Sintram qu’Ulrika Dillner resterait à Berga. Il céda avec bonhomie, ne voulant, dit-il, ni la folie ni la mort de sa pauvre femme. Je ne demande point que personne croie à ces vieilles histoires. Elles peuvent n’être que mensonge et invention. Mais le regret qui fait gémir et crier le cœur, comme le parquet de Fors sous le dur balancement de l’hôte mystérieux ; mais le doute, qui carillonne aux oreilles comme les grelots d’enfer qu’Anna avait entendus dans la forêt déserte, quand seront-ils, eux aussi, invention et mensonge ?