L’Encyclopédie/1re édition/SAUT

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SAUT, s. m. (Gymnas.) un des cinq exercices qui composoient le pentatle. Le saut consistoit ou à franchir un fossé, quelque élévation ou quelque espace marqué. Ainsi, les anciens distinguoient plusieurs sortes de sauts, comme on peut le voir dans Mercurialis, liv. II. ch. xj. il suffit de dire ici, pour ne point ennuyer le lecteur d’une compilation de termes scientifiques, que celui qui sautoit le mieux & le plus loin, obtenoit le prix. (D. J.)

Saut de l’outre, (Antiq. Rom.) le saut de l’outre, étoit un jeu d’exercice des gens de la campagne, dont Virgile & Athénée font mention. L’adresse de ce jeu consistoit à demeurer de bout sur l’outre après avoir sauté. (D. J.)

Saut de niagara, (Hist. nat. Géog.) c’est ainsi que l’on nomme une cascade formée par la chûte des eaux du fleuve de saint Laurent, qui produit un des spectacles les plus étonnans qu’il y ait au monde. Suivant les descriptions que les voyageurs du Canada nous en ont données, cette cascade forme la figure d’un fer à cheval, coupé en deux par une île fort étroite, & qui peut avoir un demi-quart de lieue de longueur ; ce qui fait deux nappes d’eau d’une largeur considérable, & que l’on juge avoir à-peu-près cent vingt piés de hauteur perpendiculaire. Cette prodigieuse cascade est reçue sur un rocher qu’elle a creusé, comme on en juge par le bruit qu’on entend, qui ressemble à celui d’un tonnerre souterrain ou éloigné. La riviere se ressent très-long-tems de la secousse qu’elle éprouve par cette chûte précipitée, dont le fracas se fait entendre à une distance très grande ; d’ailleurs l’eau divisée & atténuée par la violence de sa chûte, forme un brouillard épais que l’on apperçoit de fort loin, & qui sert encore à relever un spectacle si merveilleux.

Saut de breton, voyez l’article Embrassade.

Saut, en Musique, est tout passage d’un son à un autre par dégrés disjoints. Voyez Degré & Disjoint. Il y a saut régulier qui se fait toujours sur un intervalle consonnant ; (voyez Consonnance & Intervalle), & saut irrégulier, qui se fait sur un intervalle dissonnant. Cette distinction vient de ce que toutes les dissonnances, excepté la seconde qui n’est pas un saut, sont plus difficiles à entonner que les consonnances ; observation nécessaire dans la mélodie, pour composer des chants faciles & agréables. (S)

Saut, (Danse.) se dit d’un pas de ballet, des danses par-haut, où l’on éleve en même tems son corps & ses deux piés en l’air pour friser la cabriole ; ce qu’on fait ordinairement à la fin d’un couplet, & pour marquer les doubles cadences.

Le saut simple ou pas sauvé, c’est lorsque les jambes étant en l’air ne font aucun mouvement, soit qu’on le fasse en-avant, en-arriere, ou de côté.

Le saut battu, c’est lorsque les jambes étant en l’air, les talons battent une ou plusieurs fois l’un contre l’autre : & quand on les passe l’une par-dessus l’autre par trois fois, cela s’appelle entrechat.

Le saut de basque, est un coupé sauté en tournant ; on appelle aussi le saut majeur, cabriole, lorsqu’on remue les piés en l’air ; quelques-uns l’appellent cadence. Voyez Coupé, Cabriole, &c.

Saut, un pas & un saut, (Manége.) est un des sept airs ou mouvemens artificiels d’un cheval. Il est composé, pour ainsi dire de trois airs, savoir le pas, qui est d’aller terre à terre ; le lever, qui est une courbette, & le tout finit par un saut. Voyez Air & Sauts.

Le pas, à proprement parler, met le cheval en train, & lui donne la facilité de se dresser pour sauter ; de même qu’une personne qui court avant de sauter, afin de le faire plus haut & plus loin.

Dans toutes sortes de sauts, le cavalier ne doit donner aucune aide avec les jambes ; mais seulement le bien soutenir de la bride, quand il s’éleve du devant, afin qu’il puisse se lever plus haut en-arriere : quand il commence à lever du derriere, il faut le soutenir un peu du devant, & l’arrêter sur le tems, comme s’il étoit suspendu en l’air, marquant le mouvement avec la main de la bride, de sorte qu’on le prenne comme une balle au bond ; c’est-là le grand art de sauter.

On appelle le saut de l’étalon, le moment où il couvre la jument.

Saut de loup, terme de Terrassier, fossé que l’on fait au bout d’une allée ou ailleurs, pour en défendre l’entrée sans ôter la vue. (D. J.)