L’Encyclopédie/1re édition/EMBRASSADE, EMBRASSEMENT
EMBRASSADE, EMBRASSEMENT, synon. Je penserois que l’embrassade est l’action vive des bras, qu’on jette au cou de quelqu’un en démonstration d’amitié. Ce mot va plus à l’empressement extérieur qu’aux sentimens de l’ame, & désigne plûtôt l’action brusque des bras que la cordialité. Les marquis oisifs, dit Saint-Evremond, payent le monde en embrassades ; c’est pourquoi le Misantrope dans Moliere, déclare qu’il ne hait rien tant que ces affables donneurs d’embrassades frivoles.
Embrassement, signifie l’action d’embrasser, de quelque cause qu’elle parte. Aussi l’on dit également de saints embrassemens & des embrassemens mal-honnêtes, de tendres & de faux embrassemens.
Les embrassemens qu’on se faisoit à Rome dans la place publique, n’étoient, ainsi que parmi nous, qu’un commerce de vaines bienséances, où la bonne-foi ne regnoit pas davantage. Cette maniere ordinaire de se saluer, devint à la fin si incommode par le nombre de gens dont on n’osoit refuser les embrassemens, que Tibere les défendit par un édit. Cependant cette défense plus ridicule que l’embrassade, ne subsista pas long tems, puisque Martial se plaint encore de cette coûtume comme d’une étrange vexation. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.