L’Encyclopédie/1re édition/PARADOXE

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PARADOXE, s. m. en Philosophie, c’est une proposition absurde en apparence, à cause qu’elle est contraire aux opinions reçues, & qui néanmoins est vraie au fond, ou du-moins peut recevoir un air de vérité. Voyez Proposition.

Ce mot est formé du grec παρὰ, contra, contre, & δόξα, opinion.

Le système de Copernic est un paradoxe au sentiment du peuple, & tous les savans conviennent de sa vérité. Voyez Copernic.

Il y a même des paradoxes en Géométrie : on peut regarder comme tels les propositions sur les incommensurables & plusieurs autres, &c. on démontre, par exemple, que la diagonale d’un quarré est incommensurable avec son côté, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune portion d’étendue si petite qu’elle soit, fût-ce de ligne qui soit contenue à-la-fois exactement dans le côté d’un quarré & dans la diagonale. La Géométrie de l’infini fournit un grand nombre de paradoxes à ceux qui s’y exercent. Voyez Asymptote, Incommensurable, Infini, Différentiel, &c. (O)

Paradoxe ou Paradoxologue, (Hist. anc.) c’étoit chez les anciens une espece de mimes ou de bateleurs, qui divertissoient le peuple avec leurs bouffonneries. Voyez Pantomime.

On les appelloit aussi ordinaires, à cause apparemment que parlant sans étude ou préparation, ils étoient toujours prêts.

Ils étoient encore appellés nianicologices, c’est-à-dire des conteurs de sornettes d’enfant ; & outre cela arétalogices, du mot ἀρετὴ, un virtuoso, en ce qu’ils parloient beaucoup de leurs rares talens & des merveilleuses qualités qu’ils s’attribuoient.