L’Encyclopédie/1re édition/FIRMAMENT

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FIRMAMENT, s. m. (Astronomie.) en termes d’astronomie ancienne, est le huitieme ciel, la huitieme sphere où les étoiles fixes sont attachées. V. Sphere.

On l’appelle le huitieme ciel, par rapport aux sept cieux des planettes qu’il environne.

Dans plusieurs endroits de l’Ecriture, le mot firmament signifie la moyenne region de l’air. Plusieurs anciens ont crû aussi-bien que les modernes, que le firmament est d’une matiere fluide ; mais il paroît que ceux qui lui ont donné le nom de firmament, le croyoient d’une matiere solide. Harris & Chambers.

En effet c’étoit un des axiomes de la philosophie ancienne, que les cieux devoient être solides ; Aristote prétendoit que la solidité étoit une chose attachée à la noblesse de leur nature, & nécessaire pour leur conserver l’incorruptibilité, qu’on regardoit comme une de leurs propriétés essentielles. D’un autre côté cependant, comme il falloît que la lumiere passât au-travers, cela obligeoit à faire les cieux de crystal. Et voilà l’origine de tous les cieux de crystal de l’astronomie ancienne. Voyez Ciel & Crystal. Toutes ces chimeres sont aujourd’hui entierement proscrites, & bien dignes de l’être ; on ne donne plus le nom de firmament qu’à cette voûte céleste, & de couleur bleue, où les étoiles nous paroissent comme attachées. Dans la vérité les étoiles ne sont attachées à aucune surface sphérique. C’est notre imagination & nos sens qui nous trompent là-dessus. V. Etoile, Vision, &c. Toutes les étoiles étant à une prodigieuse distance de nous, nous les jugeons à la même distance, quoiqu’elles ne le soient pas. Voyez Apparent, ainsi nous les jugeons rangées sur une surface sphérique, abstraction faite-de quelques causes particulieres qui nous font juger cette surface applatie. À l’égard de la couleur bleue du firmament, cette couleur n’est autre chose que celle de l’atmosphere vûe à une très-grande profondeur. Elle est la même que celle de l’eau de la mer. Apparemment l’air & l’eau ont la propriété de laisser passer à une grande profondeur les rayons bleus, en plus grande quantité que les autres. Voyez Bleu & Couleur. Pour déterminer la vraie figure apparente de la voûte azurée du firmament, il faudroit avoir résolu ces deux problèmes, dont on n’a jusqu’ici que des solutions très-bornées & très-incompletes, pour ne pas dire très-peu exactes & très-fautives. 1o. Un objet étant placé au-delà de l’atmosphere, & envoyant à nos yeux des rayons qui se brisent à-travers de l’atmosphere, trouver le lieu où l’on verra cet objet. 2o. Déterminer suivant quelle loi un objet placé à la même distance, nous paroît plus ou moins éloigné, à proportion qu’il est plus loin ou plus près de notre zénith. Voilà pour les Géometres Physiciens une ample & belle matiere à s’exercer. On peut voir les tentatives & les conjectures que nous ont données sur la solution de ce grand & beau problème, M. Smith, dans son optique, & après lui M. de Mairan, dans les Mém. de l’Acad. de 1740.

Quelques théologiens appellent firmament, le ciel étoilé, pour le distinguer du ciel empyrée, qu’ils imaginent être au-dessus, & dont ils font la demeure des bienheureux. Voyez Empyrée. (O)