L’Encyclopédie/1re édition/BATARDE ou BASTARDELLE

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BATARDE ou BASTARDELLE, s. f. en Marine ; on appelle ainsi les galeres qui ont l’extrémité de la poupe plate & élargie, pour les distinguer de celles qui ont l’extrémité de la poupe aiguë, qu’on appelle subtiles.

Batarde, Bastarde, (voile) en Marine, c’est la plus grande des voiles d’une galere ; elle ne se porte que lorsqu’il y a peu de vent, parce que de vent frais, les voiles ordinaires suffisent. (Z)

* Batarde (laine) en Bonneterie ; c’est ainsi qu’on appelle la seconde sorte parmi celles qui se levent de dessus le vigogne. Il se dit aussi des laines communes du Levant.

Batarde, (pâte) en terme de Boulanger biscuitier ; c’est celle qui, n’étant ni dure ni molle, a pris une certaine consistance qui n’est connue que de l’ouvrier, & qu’on ne peut guere expliquer aux autres.

Batarde, (largeur en Draperie.) se dit de celle des draps ou autres étoffes, qui n’est pas conforme aux ordonnances. Ainsi les draps d’une aune demi-quart, sont de largeur bâtarde & sujets à confiscation.

Batarde, seconde sorte de dragée fondue au moule ; elle est entre la petite royale & la grosse royale. Voyez l’article Fonte de la dragée au moule.

Batardes, en terme de Rafineur de sucre, sont les sucres produits des sirops qui sont émanés des matieres fines. Voici la maniere dont on les travaille : la cuite s’en fait comme celle des sucres primitifs, on transporte la cuite dans des rafraîchissoirs, en allant de l’un à l’autre, c’est-à-dire, en mettant à la ronde dans chacun d’eux le même nombre de bassins. Voyez Bassin d’empli. Avant d’être emplis, les formes bâtardes sont trempées, tapées, sondées & plantées. Voyez ces mots à leur article. Le rafraîchissoir d’où on commence à prendre la cuite, est remué sans cesse & à force de bras par un seul ouvrier, pendant que d’autres portent la cuite, & n’en versent dans chaque forme que le tiers d’un bassin. Il faut deux serviteurs pour emplir une rangée. Voyez Serviteur. Ils commencent chacun par un bout, se rejoignent au centre, vont de forme en forme regagner leur bout, d’où ils reviennent ensemble au centre, pour retourner au bout, & continuent cette maneuvre jusqu’à ce que les formes soient mises à hauteur. Voyez Mettre à hauteur. On les remplit en observant la même maneuvre, afin de mêler le sirop avec le grain qui tombe toûjours au fond du rafraîchissoir, malgré le mouvement qu’on lui donne. Ensuite quand elles sont froides, on les monte. Voyez Monter. On les met sur le pot, sans les percer ; mais après les avoir détapées, voyez Detaper, on les couvre de terre, on les change ; on les plante, mais on ne les plamote point. Les bâtardes sont rafinées avec les matieres primitives, & les sirops qu’on en a recueillis servent à faire des vergeoises. Voyez tous ces mots à leur article.

Batarde, en terme de Rafinerie de sucre ; c’est une grosse forme qui tient quelquefois jusqu’à deux cents livres de matiere : on emplit les bâtardes des sirops recuits, qui produisent une espece de sucre que l’on appelle aussi bâtardes. Voyez Batardes.

Batarde, (lime.) en terme de Bijoutier, sont celles qui sont d’un degré au-dessous des rudes, & dont on ne fait usage qu’après elles. Il y en a de toutes grandeurs & de toutes formes.

Batarde (Ecriture.) Voyez Ecriture.

Demi-Batardes, en terme de Bijoutier, sont des limes, qui ne sont ni trop rudes, ni trop douces ; mais qui tiennent le milieu entre les limes bâtardes & les douces. Il y en a de plusieurs grandeurs & de plusieurs formes.