Homélies sur Lazare/Deuxième Homélie

Œuvres complètes de Saint Jean Chrysostome (éd. M. Jeannin, 1894)
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HOMÉLIE SUR LAZARE.

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DEUXIÈME HOMÉLIE.

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ANALYSE.

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Saint Chrysostome, ayant remarqué que le parallèle du mauvais riche avec le pauvre Lazare avait produit un bon effet sur le peuple, le continue dans le discours suivant. – Il commence par détruire une erreur populaire venue des païens, selon laquelle ceux qui mouraient de mort violente devenaient des démons. – Si Jésus-Christ appelle les Juifs fils du diable, c’est qu’ils irritaient les œuvres du diable ; c’est par le péché et non par la mort violente que les hommes peuvent devenir semblables au démon. – Description touchante de la mort du pauvre Lazare et de celle du mauvais riche – Dureté de celui-ci opposée à la charité d’Abraham. – Loi de l’aumône. – Un pauvre a-t-il besoin de pain, il faut lui en donner, fût-il le plus méchant des hommes.
1. J’ai admiré votre charité, lorsque tout récemment je parlais de Lazare ; je l’ai admirée en vous voyant d’une part applaudir à la résignation du pauvre Lazare, et de l’autre détester la cruauté inhumaine du riche : voilà des indices non équivoques d’une – âme généreuse. En effet., lors même que nous ne pratiquerions pas la vertu, nous arriverons certainement à la pratiquer, si nous savons l’estimer et la louer ; et lors même que nous ne fuirions pas le vice, nous arriverons certainement à le fuir, si nous savons le blâmer. Donc, puisque vous avez accueilli mes paroles avec ces dispositions excellentes, je vais vous expliquer le reste de la parabole. Naguère, vous avez vu Lazare à la porte du riche, aujourd’hui voyez-le dans le sein d’Abraham ; vous l’avez vu entouré et léché parles chiens, voyez-le escorté par les anges ; naguère vous l’avez vu dans la pauvreté, voyez-le dans les délices ; vous l’avez vu souffrant la faim, voyez-le dans l’abondance de toutes choses ; vous avez vu ses combats, voyez sa couronne ; vous avez vu ses travaux, voyez sa récompense ; voyez-le, riches et pauvres : riches, afin que vous n’estimiez pas trop la richesse sans la vertu ; pauvres, afin que vous ne regardiez pas la pauvreté comme un mal : aux uns comme aux autres, Lazare donne une grande leçon. Si Lazare a enduré sa misère sans irritation, quelle indulgence mériteront ceux qui s’irritent au sein de l’opulence ? S’il rendit grâces à Dieu dans la faim et dans tous les maux qui l’affligeaient, quelle excuse allégueront ceux qui dans leur abondance ne veulent pas s’acquitter de ce devoir ? Enfin quel pardon obtiendront-ils, ces pauvres qui s’impatientent et se révoltent à cause de leur pauvreté, tandis que Lazare, traînant sa vie à la porte du riche dans la faim, dans la misère, dans l’abandon, dans une maladie qui ne le quitte pas, Lazare méprisé de tout le monde, Lazare ne pouvant voir personne qui partageât ses souffrances, Lazare nous apparaît si parfaitement sage et résigné ?
Apprenons de lui à ne pas regarder tous les riches comme heureux, et tous les pauvres comme malheureux. Bien plus, s’il faut dire la vérité, le vrai riche n’est pas celui qui a beaucoup amassé, mais celui qui n’éprouve pas le besoin de beaucoup de choses ; le vrai pauvre n’est pas celui quine possède rien, mais celui qui convoite tout : telle est la définition de la pauvreté et de l’opulence. Si donc vous voyez quelqu’un convoiter beaucoup, tenez-le pour le plus pauvre des hommes, lors même qu’il posséderait les richesses de l’univers ; si vous voyez quelqu’un ne pas être sujet au besoin de mille et mille choses, tenez-le pour le plus opulent des hommes, lors même qu’il ne posséderait rien. C’est par les dispositions de l’esprit, et non par l’étendue des biens qu’il convient d’apprécier la pauvreté et l’opulence. Si quelqu’un était dévoré d’une soif inextinguible nous ne dirions pas qu’il se porte bien, quand même il vivrait dans l’abondance, quand même il serait entouré de fleuves et de fontaines (à quoi servirait en effet cette affluence d’eau, si la soif ne peut pas être apaisée?). Appliquons ce raisonnement aux riches. N’allons pas croire que ces gens, qui sont toujours dévorés par une insatiable convoitise, qui ont toujours soif des biens d’autrui, jouissent d’une parfaite santé d’âme ni d’une abondance réelle ! Celui qui ne peut mettre un terme à ses désirs, pourra-t-il jamais jouir en repos, lors même qu’il parviendrait à s’entourer de toutes les jouissances ? Ceux au contraire qui savent dire c’est assez qui se contentent de leur propre sort, qui ne sont pas à regarder d’un œil d’envie la prospérité d’autrui, ceux-là doivent se considérer comme les plus opulents des hommes, lors même qu’ils seraient dans la plus complète indigence. Le plus riche mortel est en effet celui qui, n’éprouvant pas le désir d’avoir ce qui appartient à un autre, se tient pour satisfait de ce qu’il possède lui-même. Mais revenons, s’il vous plaît, au sujet que nous avons entrepris : Il arriva, dit l’Évangéliste, \it, que Lazare mourut et qu’il fut emporté par les anges. (Luc. 16, 22)
Ici, je veux guérir vos âmes d’une funeste maladie : beaucoup de gens simples s’imaginent que les âmes de ceux qui périssent de mort violente deviennent des démons. Cela n’est pas ; non ! cela n’est pas. Ce ne sont pas les âmes de ceux qui périssent de mort violente, mais les âmes de ceux qui vivent dans le péché, qui deviennent des démons : je ne veux pas dire qu’elles changent de substance, mais que leur volonté imite la malice de celle des démons. Voilà ce que Jésus-Christ indiquait aux Juifs, quand il leur disait : Vous êtes les enfants du démon. (Jn. 8, 44) S’il les appelait enfants du démon, ce n’était pas qu’ils en eussent pris la nature, mais parce qu’ils en faisaient les œuvres. C’est pourquoi, le Christ ajoutait : Car vous accomplissez les désirs de votre Père. (Id) Et Jean-Baptiste encore leur disait : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? Faites donc de dignes fruits de pénitence et ne pensez pas dire : « Nous avons Abraham pour père ! » La sainte Écriture a coutume de nommer lois de parenté, non pas celles qui découlent de la nature, mais plutôt celles qui viennent de la communauté de vertu ou de vice, de telle sorte qu’elle vous nomme fils ou frères de celui à qui vous ressemblez par les mœurs.
2. Mais pour quel motif le démon a-t-il fait naître cette croyance détestable ? Ce fut une tentative pour renverser la gloire des martyrs ! Comme ils sont morts de mort violente, il voulut, en répandant ce préjugé, donner d’eux une mauvaise opinion. Il n’a pas réussi, puisque les martyrs conservent encore la gloire qui leur appartient ; mais il a obtenu un autre résultat abominable : à l’aide de cette croyance, il a persuadé aux magiciens, ses serviteurs empressés, d’égorger de jeunes enfants, dans l’espoir qu’ils en feraient des démons, et qu’en retour ils en obtiendraient quelques bons offices[1]. Cela n’est pas : non ! cela n’est pas ! Mais pourquoi donc les démons disent-ils : Je suis l’âme d’un tel moine? Moi, je ne crois pas cela, précisément parce que les démons le disent. ils ne font que tromper ceux qui les écoutent.
Aussi saint Paul leur imposait-il silence, lors même qu’ils disaient vrai, de peur que, sous le couvert de la vérité, ils ne prissent occasion de mélanger le mensonge avec elle, et de se rendre dignes de foi. Et, de fait, comme les démons s’écriaient un jour : Voilà des hommes qui sont les serviteurs du Très-Haut, qui annoncent la voie du salut (Act. 16, 17), l’Apôtre indigné apostropha énergiquement cet esprit de python et lui ordonna de sortir. Et pourtant quel mal y avait-il à dire : Ces hommes sont les serviteurs du Très-Haut ? Aucun assurément. Mais, parce que la plupart des gens simples ne sauraient faire le discernement entre les choses que disent les démons, il enleva d’un seul coup à ceux-ci le droit de se faire croire. Tu es du nombre des infâmes, semble-t-il dire ; tu n’es pas maître de parler à ton gré : tais-toi, ferme ta bouche : ce n’est pas à toi de prêcher, c’est la fonction des apôtres ; pourquoi usurpes-tu un ministère qui ne t’appartient pas ? Garde le silence ; tu es frappé d’infamie. Le Christ en usa de même : lorsque les démons lui disent : Nous savons qui vous, êtes (Mrc. 1, 24 ; Luc. 4, 34), il les reprend avec une grande véhémence pour nous apprendre à ne jamais croire le démon, lors même qu’il dirait la vérité. Ainsi donc, n’écoutons pas le démon, même quand il dit la vérité : fuyons-le, détournons le visage. C’est dans les divines Écritures, et non de la bouche des démons que nous nous instruirons avec exactitude des dogmes vrais et salutaires. Pour vous convaincre que l’âme séparée du corps ne tombe pas sous la tyrannie du démon, écoutez ce que dit saint Paul : Celui qui est mort est délivré du péché, c’est-à-dire, il ne pèche plus. Or, si le démon ne peut faire violence à l’âme lorsqu’elle habite le corps, il est évident qu’il ne le peut pas davantage lorsqu’elle en est sortie. Comment pèche-t-elle donc, dites-vous, si elle ne soufre pas violence ? Les âmes pèchent volontairement et librement, elles se livrent elles-mêmes ; elles ne sont ni contraintes ni tyrannisées. C’est ce que prouve l’exemple de tous ceux qui ont déjoué les machinations du diable : il eut beau tout bouleverser, il ne put persuader à Job de proférer un seul mot de blasphème.
Il est donc évident que nous sommes maîtres d’ajouter foi ou non aux suggestions du démon, et que nous ne subissons de sa part ni contrainte ni tyrannie. non seulement ce que nous venons de dire, mais aussi la parabole que nous expliquons montre clairement que les âmes séparées du corps ne séjournent pas ici-bas, mais qu’elles sont emmenées immédiatement. Et comment ? Écoutez l’Évangéliste : Or il arriva que Lazare mourût et fut emporté par les anges. (Luc. 16, 12) Là-bas sont entraînées et les âmes des justes et les âmes des pécheurs : la preuve en est fournie par cet autre riche dont les champs avaient produit d’abondantes récoltes : Que ferai-je  ? dit-il en lui-même. J’abattrai mes greniers et j’en construirai de plus grands. (Luc. 18, 12) Quelle funeste résolution I Oui vraiment, il a abattu ses greniers ; car les greniers, à l’abri de tout pillage, ce ne sont pas des murailles, ce sont les entrailles des pauvres ! Et lui, sans songer à ces derniers, s’occupait de murailles ! Aussi, Dieu lui dit-il : Insensé, cette nuit même on va te redemander ton âme ! Là, on dit que l’âme est emmenée par les anges ; ici, on la redemande. Les anges emmènent le riche comme un prisonnier, ils escortent Lazare comme un vainqueur. L’athlète, que l’on voit dans l’arène, couvert de blessures et arrosé de sang, n’a pas plus tôt reçu la couronne sur le front que les spectateurs l’accueillent de mille louanges, le conduisent en sa demeure au milieu des applaudissements, des félicitations, de toutes les marques de l’admiration. C’est ainsi que les anges emmenèrent alors Lazare, pendant chie des puissances redoutables, envoyées sans doute exprès, redemandaient l’âme du riche. L’âme en effet ne s’achemine pas d’elle-même et spontanément vers l’autre vie ; cela ne lui serait pas possible. Si, pour passer d’une ville à l’autre, nous avons besoin d’un guide, à plus forte raison, l’âme séparée du corps, et forcée d’émigrer vers la vie future, aura-t-elle besoin qu’on lui ménage des conducteurs. C’est pourquoi il arrive souvent, à l’heure du trépas, que tantôt elle semble surnager et tantôt couler à fond : elle a peur, elle frémit, lorsqu’elle est sur le point de quitter son corps et de partir. La conscience de nos fautes, il est vrai, nous aiguillonne sans cesse par le remords ; mais elle le fait surtout à cette heure où nous devons être emmenés d’ici-bas vers ce juge et ce tribunal redoutables. Alors, si l’on a volé, si l’on a trompé, si l’on a diffamé, si l’on s’est fait sans motif l’ennemi de quelqu’un, ou si l’on a commis quelqu’autre mauvaise action, la foule entière des péchés se rassemble, se place devant les yeux et à cette vue, l’âme sent comme la pointe acérée d’un aiguillon qui la déchire. Les prisonniers sont constamment livrés à la honte et à la douleur, mais c’est surtout le jour qu’ils doivent sortir et être traînés à la barre de leur juge, c’est lorsque, debout devant les grilles du tribunal, ils entendent venir de l’intérieur la voix qui les condamne, c’est alors qu’ils sont glacés de terreur et qu’ils ne valent guère mieux que s’ils étaient morts. Ainsi en est-il de l’âme : elle sent, il est vrai, une vive douleur et une poignante anxiété au moment où elle pèche ; mais c’est bien autre chose, lorsque, arrachée du corps, elle est sur le point de partir de ce monde.
3. Vous vous taisez, en entendant ces vérités ! Je vous sais bien plus de gré de ce silence que de tous vos applaudissements.
Les applaudissements et les louanges me donneraient peut-être plus de célébrité ; mais ce silence vous rend plus modestes. Les choses que je dis sont attristantes, je le sais ; mais leur utilité est grande, au-dessus de toute expression. Si le riche dont nous parlons avait eu quelqu’un pour lui faire de semblables exhortations, au lieu des flatteurs qui ne donnent conseil que pour se mettre en faveur et qui entraînent aux jouissances sensuelles, il ne serait pas venu dans cet enfer où je vous l’ai montré, il ne subirait pas d’intolérables tourments, il ne serait pas inconsolable dans ses regrets ; en lui parlant tous de manière à gagner ses bonnes grâces, les adulateurs l’ont livré aux flammes. Ah ! plût à Dieu que l’on pût toujours traiter de ces vérités et parler continuellement de l’enfer ! Dans toutes vos paroles, dit l’Écriture, souvenez-vous de vos fins dernières, et vous ne pécherez jamais. (Sir. 7, 40) Et ailleurs : Préparez vos œuvres pour le départ, et soyez prêts à vous mettre en route. (Pro. 24, 27) Si vous avez dérobé quelque chose, restituez, et dites avec Zachée : Je rends au quadruple ce que j’ai dérobé. (Luc. 19, 8) Si vous avez calomnié, si vous vous êtes fait les ennemis de quelqu’un, réconciliez-vous avant d’arriver devant votre juge. Débarrassez-vous de toutes vos entraves en ce monde, afin que, libres de mauvaises affaires, vous puissiez là-bas regarder en face le tribunal suprême.
Tant que nous sommes en ce monde, nous avons de belles espérances : lorsque nous en serons sortis, il ne sera plus en notre pouvoir de nous repentir ni de nous purifier de nos péchés. Il faut donc toujours être prêt au départ. Qu’arriverait-il s’il plaisait au Maître de nous appeler ce soir ou demain ? L’avenir nous est caché, afin que nous nous tenions constamment sous les armes et prêts à partir, à l’exemple de notre Lazare, dont la patience et la résignation étaient continuelles, et qui, pour cette raison ; fut emmené avec tant de gloire.
Le riche lui aussi mourut, et il fut enseveli, ou plutôt il l’avait toujours été, car son âme était demeurée enfouie dans son corps comme dans un tombeau et enveloppée de sa chair comme d’un sépulcre. Enchaîné par l’ivrognerie et la bonne chère, comme par un lien de fer, il l’avait réduite à l’oisiveté et à l’état de cadavre. Ne passez pas trop vite, mon cher frère, sur cette parole : Il fut enseveli. Considérez-moi ces tables recouvertes d’argent, ces lits, ces tapisseries, ces ornements et tout ce qu’il y a dans la maison ; les parfums, les aromates, l’abondance de bon vin, les mets si friands et si variés, les cuisiniers, les flatteurs, les gardes, les domestiques, toute cette pompe enfin : la voilà qui disparaît et s’évanouit. Tout n’est plus que cendre et poussière, que pleurs et lamentations ; personne ne peut désormais secourir ni ramener cette âme qui s’en va. On put voir alors quelle est l’impuissance de l’or et des grands biens. Ce riche avait une suite nombreuse de serviteurs, et il fut emmené complètement dépouillé et absolument seul ; de toute son opulence il ne put emporter la moindre chose ; il fut emmené délaissé de tous et sans défenseur. Aucun de ceux qui le servaient, aucun de ceux qui volaient autrefois à son secours, n’était présent pour l’arracher aux supplices et aux châtiments ; brusquement séparé de tous les siens, il fut pris seul pour subir d’intolérables tourments. Oui, vraiment : Toute chair est comme l’herbe, et toute la gloire de l’homme est comme la fleur de l’herbe : l’herbe sèche et la fleur tombe ; mais la parole du Seigneur demeure éternellement. (Isa. 40, 8) La mort est venue, et elle atout éteint ; elle l’a saisi comme un captif et l’a emmené baissant les yeux, couvert de ; honte, n’osant parler, frissonnant de crainte, comme s’il n’avait joui qu’en rêve de toutes ses délices passées. Bien plus, le riche implore le secours du pauvre ; et il désire partager la table de cet affamé d’autrefois qui gisait exposé à la dent des chiens. Les choses avaient bien changé ; et tout le monde put reconnaître lequel des deux était pauvre et lequel était riche, et que Lazare était le plus opulent, et le riche le plus indigent de tous. Sur la scène nous voyons des acteurs prendre le rôle de rois et de généraux, de médecins et de rhéteurs, de sophistes et de soldats, quoiqu’ils ne soient rien de tout cela. Eh bien ! dans la vie présente la pauvreté et l’opulence ne sont également que des masques de théâtre. Si vous assistez à un spectacle, et si vous voyez un acteur jouer le rôle de roi, vous ne le regardez pas comme heureux-, vous ne croyez pas qu’il soit roi, vous ne souhaitez pas de devenir ce qu’il est. Mais sachant que c’est un de ces hommes qui n’ont d’autre domicile que la place publique, un cordier, peutêtre, un forgeron ou quelque personnage pareil, vous ne mesurez pas son bonheur à son rôle et à son vêtement, vous ne jugez pas de son rang par ces objets extérieurs ; mais vous le méprisez à cause de sa condition réelle. De même, considérez ce monde comme un théâtre où vous êtes assis, et en voyant les acteurs qui jouent sur cette scène, si vous apercevez beaucoup de riches, ne les regardez pas comme véritablement riches, mais comme jouant le rôle de gens riches. Car de même que l’acteur qui joue sur la scène le rôle de roi ou de général est souvent le domestique de ceux qui vendent des figues ou des raisins sur le marché ; de même celui que vous croyez riche est souvent très pauvre. En effet, si vous enlevez son masque, si vous dévoilez sa conscience et si vous descendez dans son cœur, vous y trouverez une grande indigence de vertu, et vous reconnaîtrez le moins honorable des hommes. Dans les théâtres, lorsque le soir est venu et que les spectateurs se sont retirés, les acteurs quittent la scène et déposent l’habillement demandé par leur rôle ; et ceux qui semblaient à tout le monde être des rois ou des généraux ; apparaissent désormais ce qu’ils sont véritablement. De même, lorsque la mort est venue, et que le spectacle de ce monde a cessé, tous les masques de la richesse et de la pauvreté sont déposés, et ceux qui les portaient s’en vont clans l’autre vie. Là, jugés seulement d’après leurs œuvres, ils apparaissent, les uns véritablement riches, les autres, pauvres ; les uns honorables, les autres méprisables.
4. Et souvent il arrive que tel qui sur la terre était rangé au nombre des riches se trouve là-bas le plus pauvre de tous : c’est ce qui arriva au riche dont nous parlons. Lorsque le soir, c’est-à-dire, lorsque la mort fut venue ; lorsqu’il fut sorti du spectacle de la vie présente et qu’il eut déposé son masque de théâtre, il apparut comme le plus pauvre de tous, et tellement pauvre qu’il n’avait pas même une goutte d’eau à sa disposition ; il en réclamait une, et il ne put faire accueillir sa demande. Y a-t-il une pauvreté comparable à la sienne ? Au reste, écoutez le récit évangélique : Levant les yeux, il dit à Abraham : Père, ayez pitié de moi, et envoyez Lazare afin qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et qu’il en fasse tomber une goutte dans ma bouche. (Luc. 16, 24) Voyez-vous ce que c’est que l’affliction ? Lorsque Lazare était près de lui, le mauvais riche passait ; maintenant qu’il est éloigné, il l’appelle ; il considère avec un soin empressé, malgré la distance qui l’en sépare, celui que souvent il ne daignait pas même regarder quand il entrait dans sa maison ou qu’il en sortait. Mais pour quelle raison levait-il les yeux ? Plus d’une fois peut-être ce riche avait dit : « Qu’ai-je besoin de religion et de vertu ? Tous les biens coulent sur moi comme d’une source abondante, je jouis d’une brillante prospérité et d’un immense crédit, et je n’ai rien à craindre des événements imprévus : Pourquoi m’appliquerai-je à la vertu ? Ce pauvre, qui passe sa vie dans les exercices de la piété et de la justice, endure des maux innombrables. » C’est ce qu’un grand nombre de personnes disent encore maintenant. Dieu voulant donc extirper complètement ces mauvais raisonnements, leur fait voir que le vice doit s’attendre à un châtiment, tandis 'qu’une couronne de gloire est réservée aux couvres de religion.
Le riche ne vit pas Lazare seulement pour ce motif : ce fut encore afin qu’il souffrît, mais bien plus vivement, ce que le pauvre avait souffert le premier. De même que Dieu avait rendu plus violente l’épreuve de celui-ci en le plaçant sous le vestibule d’un homme riche et en le rendant témoin des jouissances d’autrui ; de même il rendit plus cruel le châtiment du riche en lui faisant voir de l’enfer où il gisait les délices de Lazare, afin que ses tourments devinssent plus intolérables, non-seulement par la nature du supplice, mais encore par leur comparaison avec la gloire de Lazare. Lorsque Dieu eut chassé Adam du Paradis terrestre, il lui fit habiter un lieu qui se trouvait en face, afin que la vue continuelle de ce Paradis, en renouvelant son affliction, lui rendît plus sensible la perte des biens qu’il ne possédait plus. Il plaça de même le riche en face de Lazare pour qu’il vît de quels biens il s’était privé lui-même J’avais envoyé à ta porte, semble-t-il lui dire, le pauvre Lazare, afin qu’il fût pour toi une leçon de vertu et une occasion de pratiquer l’humanité ; tu n’as pas daigné en profiter, tu n’as pas voulu user à propos de ce moyen de salut : qu’il serve désormais à augmenter ton supplice et tes tourments. Ceci nous apprend que tous ceux que nous avons offensés et à qui nous avons fait tort se trouveront alors face à face avec nous. Cependant le riche n’avait pas opprimé Lazare ; il ne lui avait pas enlevé ses biens, mais il ne lui avait pas donné une part des siens. Or, si celui qui n’use pas généreusement de ses biens trouve un accusateur dans celui à qui il n’a pas fait l’aumône, celui qui a ravi le bien d’autrui, quel pardon obtiendra-t-il, quelle excuse alléguera-t-il lorsqu’il se verra entouré de toutes parts par ceux qu’il aura opprimés ? Là, on n’aura besoin ni de témoins, ni d’accusateurs, ni de preuves, ni de pièces de conviction, mais les choses elles-mêmes apparaîtront à nos yeux telles que nous les aurons faites.
Voilà l’homme, dira le juge, et voilà ses œuvres. Eh bien ! c’est aussi un vol que de ne pas faire l’aumône avec ses biens. Cette parole vous paraît peut-être étonnante ; mais n’en soyez pas surpris ; je vais vous citer le témoignage des divines Écritures : elles disent que non-seulement ravir les biens d’autrui, mais refuser de donner part aux autres dans les biens qu’on possède est un vol, une usurpation, une spoliation. Voici ce témoignage. Dieu réprimandant les Juifs par la bouche d’un prophète, s’exprime ainsi : La terre a donné ses fruits et vous n’avez pas apporté les dîmes ; mais ce que vous avez ravi au pauvre est dans vos maisons. (Mal. 3, 10) C’est comme s’il disait : Parce que vous n’avez pas offert les oblations habituelles, vous avez ravi ce qui est au pauvre. Et par ces paroles, il montre aux riches qu’ils ont en leur possession les biens des pauvres, quand même ils n’auraient fait que recevoir l’héritage paternel, quand même ils se seraient procuré leur richesse de quelqu’autre manière. Et ailleurs Dieu dit encore : Ne dépouillez pas le pauvre de sa subsistance. (Sir. 4, 1) Or, le spoliateur ravit le bien d’autrui, car la spoliation consiste à prendre et à retenir le bien d’autrui. Cela nous enseigne donc que si nous ne faisons pas l’aumône nous serons punis à l’égal des spoliateurs. Les richesses appartiennent au souverain Maître, de quelque manière que nous les amassions ; et si avec elles nous assistons les indigents, nous obtiendrons en retour la plus magnifique opulence. Si Dieu vous a destinés à posséder de grands biens, ce n’est pas pour que vous les consumiez dans la prostitution, dans l’ivrognerie, dans la bonne chère, dans la somptuosité des vêtements, dans la mollesse ; c’est pour que vous en fassiez la distribution aux pauvres. Si un receveur public, au lieu de s’occuper des sujets auxquels il a reçu ordre de distribuer l’argent royal, le fait servir à ses propres jouissances, il est livré au supplice et à la mort. Le riche, lui aussi, est receveur de trésors qui doivent être distribués aux pauvres ; il a charge de les répartir aux indigents qui, comme lui, sont les serviteurs du Maître. S’il en absorbe pour lui-même plus qu’il n’est nécessaire, il subira dans l’autre vie de cruels supplices : ses possessions ne sont pas à lui seul, elles sont à ses frères.
5. Ménageons donc ces biens comme biens d’autrui, si nous voulons qu’ils deviennent nôtres. Mais de quelle façon les ménager comme biens d’autrui ? En ne les employant pas à des usages inutiles ou purement personnels, en les déposant avec une sage mesure entre les mains des pauvres. Fussiez-vous dans l’opulence, si vous dépensez plus qu’il n’est nécessaire, vous rendrez compte des biens qui vous ont été prêtés. Il se passe dans les palais des grands quelque chose de semblable. Beaucoup d’entre eux confient leurs trésors à certains serviteurs ; mais ces hommes de confiance ne font que garder ce qui leur a été remis, ils n’en usent pas ; ce n’est que sur l’ordre de leur maître qu’ils les distribuent à ceux qui leur sont indiqués. Vous aussi, agissez de cette sorte. Vous avez reçu la fortune plus abondamment que d’autres : ce n’est pas pour que vous en jouissiez seul, mais afin que vous en soyez pour les autres le fidèle économe.
Il n’est pas inutile d’examiner pour quel motif le riche voit Lazare dans le sein d’Abraham et non pas auprès d’un autre juste. Abraham fut hospitalier : c’est donc pour le confondre de son inhospitalité que le riche voit Lazare avec Abraham. Ce patriarche en effet était toujours à guetter les passants pour les emmener sous sa tente ; le riche au contraire ne regarda que d’un œil méprisant le pauvre qui gisait dans sa propre demeure ; et, tandis qu’il avait à sa disposition un tel trésor et un moyen de salut si efficace, il passait chaque jour à côté sans y faire attention, et, dans son indigence, il dédaignait de recourir au patronage de ce pauvre. Abraham n’était pas de ce caractère, il agissait tout différemment. Assis à la porte de sa maison, il prenait comme au filet tous les passants semblable au pêcheur qui, jetant son filet dans la mer, amène au rivage parfois un poisson et parfois aussi de l’or et des perles, le patriarche, voulant prendre des hommes, prit des anges ; et (chose merveilleuse !) cela sans le savoir.
Voilà ce que rappelle saint Paul, quand il fait l’éloge d’Abraham en ces termes : Gardez-vous de négliger l’hospitalité : c’est par elle que certains hommes ont eu pour hôtes des anges, sans le savoir. (Heb. 13, 2) Il fait bien de dire sans le savoir. Si Abraham l’avait su, en les accueillant avec tant de bienveillance, son action n’aurait eu rien de grand, rien d’extraordinaire. Mais il mérite tout éloge, parce que, ne sachant pas quels étaient ces passants, et les regardant comme des hommes, comme de simples voyageurs, il les invita avec tant d’ardeur à entrer dans sa demeure. Si donc vous montrez, vous aussi, un vif empressement lorsque vous recevez un hôte illustre et distingué, vous ne faites rien de merveilleux : l’homme le plus inhospitalier se voit souvent forcé, par le mérite de l’hôte qu’il reçoit, de montrer toute sorte de bienveillance. Mais, quand nous recevons avec une abondante charité les premiers venus, des gens vils et abjects, alors nous faisons une action vraiment grande et digne d’admiration. C’est pourquoi le Christ a dit à la louange de ceux qui agissent de cette sorte : Tout ce que vous aurez fait à un seul de ces petits, c’est à moi-même que vous l’aurez fait. Et encore :Ainsi ce n’est pas la volonté de votre Père qu’aucun de ces petits périsse. (Mat. 25, 45) Et encore : Si quelqu’un scandalisait un de ces petits, mieux vaudrait pour lui qu’on mît à son cou une meule de moulin et qu’on le jetât dans la mer. (Id) Partout le Christ tient grand compte des petits et des humbles. Pénétré lui-même de cette vérité, Abraham ne demandait pas aux passants (comme nous faisons maintenant) quels ils étaient et d’où ils venaient : il les accueillait tous sans distinction. Celui qui exerce l’hospitalité ne doit pas demander compte de la vie ; il n’a qu’à porter remède à la misère et à pourvoir aux besoins.
Le pauvre n’a qu’une seule recommandation son indigence, sa détresse ; ne lui demandez rien de plus. Fût-il le plus pervers de tous les hommes, s’il manque des aliments nécessaires, nous devons apaiser sa faim. Voilà ce que le Christ nous ordonne de faire, quand il dit : Soyez semblables à votre Père qui est dans les cieux : il fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants.; il fait tomber sa pluie sur les justes et sur les pécheurs. (Mat. 5, 45) L’homme compatissant est le port de salut pour tous ceux que presse le besoin ; le port s’ouvre à toutes les victimes du naufrage, il les sauve toutes ; il reçoit dans son sein tous ceux que le danger menace, qu’ils soient bons, qu’ils soient mauvais, qu’ils soient tout ce que vous voudrez. Vous aussi, lorsque vous voyez un naufragé de la misère, ne lui faites pas subir un jugement, une enquête sur les faits et gestes de sa vie mais remédiez vite à sa peine. Pourquoi vous, susciter à vous-mêmes des embarras ? Dieu vous a déchargés de toute sollicitude et de toute curiosité à cet égard. Que de paroles se diraient souvent, que de difficultés surgiraient, si Dieu nous ordonnait d’examiner avec soin la vie et la conduite de chaque pauvre avant d’accorder l’aumône ! Nous sommes délivrés de tout ce souci : pourquoi donc nous donner des inquiétudes superflues ? Autre est la charge de juge, autre celle d’homme aumônier I L’aumône ne mérite son nom[2] que parce que nous la faisons même aux indignes. C’est à quoi saint Paul nous exhorte en ces termes : Ne vous lassez jamais de faire du bien à tous, mais principalement aux serviteurs de la foi. (Gal. 6, 9) Si nous recherchons curieusement, pour les écarter, ceux qui sont indignes, nous ne mettrons pas facilement la main sur ceux qui sont dignes ; si au contraire nous donnons part dans nos bienfaits même aux indignes, alors ceux qui sont dignes, ceux dont la vertu compense la malice de tous les autres s’offriront à nous. C’est ce qui arriva au bienheureux Abraham qui n’examinait pas d’un regard inquisiteur quels étaient les passants. il lui fut accordé de recevoir les anges. Soyons donc ses imitateurs, ainsi que ceux de Job, un de ses descendants ; car celui-ci mit en pratique avec un zèle parfait les exemples de magnanimité que lui avait donnés son ancêtre : c’est pourquoi il disait : Ma porte était ouverte à tout venant. (Job. 31, 32) Elle n’était pas ouverte à celui-ci et fermée à celui-là ; elle était ouverte à tous indifféremment.
6. Faisons de même, je vous en conjure ; n’examinons rien avec plus de souci qu’il ne faut. Pour que le pauvre soit digne de l’aumône, sa pauvreté suffit : si quelqu’un vient à nous avec cette – recommandation, n’en cherchons pas davantage. C’est à l’homme que nous donnons, et non pas à sa conduite : ayons compassion de lui, non pas à cause de sa vertu, mais à cause de sa misère, si nous voulons attirer sur nous la grande miséricorde de Dieu et nous concilier ainsi malgré notre indignité sa bienveillance. En effet, si nous allions vouloir juger du mérite de nos semblables et examiner scrupuleusement leur conduite, Dieu agirait de même à notre égard, et en exigeant des comptes de nos frères nous perdrions tout droit à la bonté d’en haut. Car, dit l’Esprit-Saint\it, vous serez jugés conformément à la manière dont vous aurez jugé les autres. Mais revenons à notre sujet. Le riche, voyant Lazare dans le sein d’Abraham, s’écria : Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez Lazare !
Pour quelle raison ne s’adresse-t-il pas à Lazare ? C’est, je pense, parce qu’il fut couvert de confusion et qu’il rougit de honte ; de plus il pensait que Lazare gardait un fidèle souvenir de la conduite qu’il avait tenue à son égard. Il se dit en lui-même : Si lorsque je jouissais d’une si grande opulence, et sans qu’il m’eût jamais offensé, je n’ai eu que du mépris pour cet homme qui souffrait de si grands maux, et ne lui ai pas même fait part de mes miettes, à plus forte raison lui, que j’ai tant méprisé, n’acquiescera-t-il pas à la faveur que je réclame. Ici ce n’est pas une accusation que je porte contre Lazare, car il n’était pas dans ces dispositions, bien loin de là ; mais je dis que ce fut cette crainte qui porta le riche à ne pas recourir à lui, mais à Abraham, qu’il croyait ignorer ce qui s’était passé. Il réclamait l’intervention de ce doigt que souvent il avait laissé lécher par les chiens. Et quelle fut la réponse d’Abraham ? Mon fils, tu as reçu les biens pendant ta vie. Remarquez la sagesse, remarquez la bienveillance du Juste. Il ne lui dit pas : Barbare, cruel, scélérat, après avoir causé à cet homme de pareilles douleurs, tu parles maintenant de bienveillance, de miséricorde et de pardon ! Est-ce que tu ne rougis pas de honte ? Que lui dit-il donc ? Mon fils, tu as reçu les biens. En effet, il est écrit : N’augmentez pas le trouble de l’âme qui est dans la peine. (Sir. 4, 3) Il a bien assez de son supplice, n’insultons pas à son malheur. Et pour que vous ne pensiez pas qu’il gardait le souvenir du passé, et qu’il empêcha pour cette raison Lazare de partir, Abraham nomme le riche son fils, et cette appellation suffit à sa justification. Ce qui est en mon pouvoir, semble-t-il dire, je te le donne ; mais aller d’ici vers toi est chose impossible. Tu as reçu les biens. Pourquoi ne dit-il pas tu as pris, mais, tu as reçu ? Ici je vois s’ouvrir devant moi une mer immense de considérations. Afin donc de conserver avec soin tout ce qui a été dit, déposons en lieu sûr les paroles d’aujourd’hui et celles que j’ai prononcées récemment, et que les choses que nous avons dites vous disposent à prêter une oreille plus bienveillante encore aux choses que nous dirons plus tard. Si vous le pouvez, souvenez-vous de tout ; si vous ne le pouvez pas, souvenez-vous au moins, je vous conjure, de ceci, qui remplacera tout le reste, à savoir, que refuser aux pauvres une part dans nos propres biens, c’est frustrer les pauvres, c’est leur enlever leur vie : les biens dont nous sommes détenteurs ne sont pas seulement à nous, mais aussi à eux. Si notre âme est ainsi disposée, nous nous dessaisirons volontiers de nos richesses ; et, après avoir nourri en ce monde le Christ souffrant de la faim, après nous être amassé là-haut un opulent trésor, nous pourrons entrer en possession des biens futurs par la grâce et par la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent, avec le Père et l’Esprit-Saint, honneur, puissance et gloire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

  1. Voyez la note page 167, tome 1.
  2. Allusion au sens étymologique du terme eleemosune.