Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Nom/Paragraphe 95

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 233-234).
§ 95. Flexion du nom.

a Un nom, en passant de l’état absolu à l’état construit, en prenant les finales du pluriel ou du duel, en prenant les suffixes, subit généralement des modifications dans sa vocalisation. L’ensemble de ces modifications pour un même nom constitue sa flexion. Ces modifications sont causées par le déplacement, la diminution ou la suppression du ton. Elles sont soumises aux lois exposées dans la Phonétique ; l’application ainsi que les anomalies seront signalées à propos des divers paradigmes.

b On verra que, dans plusieurs types de flexion, la vocalisation n’est pas la même avec les suffixes lourds כֶם, כֶן, הֶם, הֶן, et avec les suffixes légers ; il y a un thème du nom avec suffixes lourds et un thème avec les suffixes légers. Généralement le thème avec suffixes lourds est l’état construit, et le thème avec suffixes légers est le thème de l’état absolu, p. ex. : cst. מַלְכֵי, מַלְכֵיכֶם ; abs. מְלָכִים, מְלָכַי (cf. § 96 A b N). Le thème avec suffixes légers est souvent moins abrégé que l’état construit (ainsi dans l’exemple cité) ; parfois même le thème avec suffixes lourds est moins abrégé que l’état cst., p. ex. pluriel abs. מַצֵּבוֹת stèles, cst. מַצְּבוֹת, מַצֵּבֽוֹתֵיהֶם (et מַצֵּֽבֹתָם).

c Pour la répartition des voyelles, on remarquera une grande différence entre le nom et le parfait sans suffixes. De deux voyelles moyennes qui peuvent tomber, dans le nom c’est la première, dans le parfait c’est la seconde qui tombe (§ 30 e), p. ex. :

Nom : דָּבָר, דְּבָרִם ; זָקֵן, זְקֵנָה, זְקֵנִים.

Parfait : קָטַל, קָֽטְלָה, קָֽטְלוּ ; — כָּבֵד, כָּֽבְדָה, כָּֽבְדוּ.

Mais le parfait avec suffixes répartit les voyelles comme le nom, p. ex. :

Nom : דְּבָרֵךְ, דְּבָֽרְךָ.

Parfait : קְטָלֵךְ, קְטָֽלְךָ.

d Entre le nom et le verbe il y a une différence remarquable dans le traitement de l’a tonique en syllabe fermée finale. Dans le verbe ◌ַ est voyelle contextuelle, ◌ָ voyelle pausale : קָטַל, קָטָ֑ל. Dans le nom on a généralement ◌ָ à l’état absolu (en contexte et en pause), et ◌ַ à l’état construit : דָּבָר, דָּבָ֑ר ; cst. דְּבַר. C’est ainsi qu’au nifal on a au parfait נִקְטַל, au participe (forme nominale) נִקְטָל. À l’infinitif on a la voyelle ◌ַ (p.-ê. à l’analogie du futur) : שְׁכַב § 49 c, הֻגַּשׁ[1]. Le futur יִצְחַק il rira devient, comme nom propre, יִצְחָק Isaac. Dans le nom, le ◌ַ s’imposant pour l’état cst., le ◌ָ devait être employé à l’état absolu, non seulement en pause, mais encore en contexte. Dans le verbe, au contraire, l’alternance ◌ַ, ◌ָֽ a servi à distinguer la forme contextuelle de la forme pausale (§ 42 b).

  1. Cf. מַסַּע § 49 e.