Gargantua et Pantagruel (Texte transcrit et annoté par Clouzot)\CL23

COMMENT NOUS FUT DÉCOUVERT LE PAYS DE LANTERNOIS.

Mal traités et mal repus au pays de Satin, naviguâmes par trois jours : au quatrième en bonheur approchâmes de Lanternois. Approchants, voyons sur mer certains petits feux volants : de ma part, je pensais que fussent non lanternes, mais poissons, qui, de la langue flamboyants, hors la mer fissent feu, ou bien lampirides (vous les appelez cicindèles), là reluisants comme au soir font en ma patrie, l’orage venant à maturité. Mais le pilote nous avertit que c’étaient lanternes des guets, lesquelles autour de la banlieue découvraient le pays, et faisaient escorte à quelques lanternes étrangères, qui, comme bons cordeliers et jacobins, allaient là comparaître au chapitre provincial. Doutants[1] toutefois que fût quelque pronostic de tempête, nous assura qu’ainsi était.


  1. Craignant.