Traduction par Albert Savine.
P.-V. Stock (p. 217-229).


CHAPITRE XXII

LA FUITE À TRAVERS LA LANDE : LA BRUYÈRE


Après une marche de plus de douze heures, sans arrêt à travers un pays très fatigant, nous nous trouvâmes, le matin, à l’extrémité d’une chaîne de montagnes.

Devant nous s’étendait une région basse, accidentée, déserte, qu’il nous fallait traverser.

Le soleil se leva bientôt. Il nous donnait droit dans les yeux.

Un brouillard léger, ténu, sortait du sol marécageux, comme une fumée, de sorte que, disait Alan, il eût pu y avoir là vingt escadrons de dragons, sans que nous nous en doutions.

Nous nous assîmes donc dans un creux au flanc de la colline, jusqu’à ce que le brouillard se fût dissipé, et après avoir fait un repas composé de drammach, nous tînmes un conseil de guerre.

— David, me dit Alan, voici la question. Resterons-nous tranquilles ici jusqu’à la nuit, ou faut-il nous risquer et aller de l’avant.

— Bon, dis-je, je suis fatigué, c’est vrai, mais je pourrais faire encore autant de chemin, si c’était tout.

— Oui, répondit Alan, mais ce n’est pas même la moitié.

Voici où nous en sommes.

Appin est pour nous une mort certaine.

Tout le Sud est aux Campbells, il ne faut donc pas y songer ; il reste le Nord, mais à quoi cela nous avancera-t-il d’aller au Nord ?

À rien puisque vous vous proposez d’aller à Queen’s ferry, et que de mon côté je cherche à retourner en France.

Eh bien, alors, en route pour l’Est.

— En route pour l’Est, fis-je d’un ton joyeux.

Mais je pensais à part moi :

« Mon homme, si vous vouliez bien aller vers un des points cardinaux et me laisser prendre le point opposé, cela vaudrait infiniment mieux pour nous deux. »

— Bon, dit Alan, à l’Est, nous aurons des marécages, vous savez.

Une fois arrivés là, nous ne ferons que faire la culbute et nous relever.

Là-bas, dans cette contrée chauve, nue, plate, comment se tirer d’affaire ?

Si les habits rouges montent sur une hauteur, ils nous apercevront à des milles de distance et pour comble de malheur, comme ils sont à cheval, ils nous auront bientôt forcés à la course.

Ce n’est pas un bon endroit, David, et je puis bien vous le dire, il est pire encore en plein jour que pendant la nuit.

— Alan, répondis-je, je vais vous dire quel parti j’ai pris.

Appin, c’est pour nous une mort certaine. Nous n’avons ni trop d’argent, ni trop de vivres. Plus on mettra de temps à chercher, plus on aura de chances de deviner où nous sommes.

C’est une chance à courir.

Je vous donne ma parole de marcher en avant jusqu’à ce que nous n’en puissions plus.

Alan fut charmé.

— Il y a, dit-il, des moments où vous êtes trop bizarre, trop Whig, pour être une société qui convienne à un gentilhomme comme moi, mais il y en a d’autres où vous pétillez comme des étincelles, et alors, David, je vous aime comme un frère.

Le brouillard monta en se dissipant, et découvrit devant nous cette plaine unie et déserte comme la mer, à part les oiseaux des landes et les vanneaux qui voltigeaient au-dessus.

Bien loin vers l’Est, une harde de daims se mouvait ; on eût dit autant de points noirs.

Une grande partie de la surface était nuancée de rouge par la bruyère ; une autre partie fort étendue aussi était semée de rocs, de fondrières et d’étangs à tourbe.

Par place, on voyait des taches noires qu’avaient laissées des feux allumés, qui avaient dénudé le sol.

Dans un autre endroit, toute une forêt de pins morts se dressaient comme une troupe de squelettes.

Jamais homme ne vit un désert d’aspect aussi terrible, mais du moins il était libre de troupes, ce qui était l’essentiel pour nous.

Nous nous lançâmes donc à travers cette solitude, pour entreprendre notre voyage fatigant et tortueux dans la direction de l’Est.

Tout autour, comme vous vous en souvenez, se dressaient les montagnes, du haut desquelles on pouvait nous apercevoir d’un moment à l’autre.

Il nous fallait, en conséquence, nous tenir dans les parties basses de la lande, et quand elles ne se trouvaient pas sur notre chemin, nous avancer sur la partie nue avec d’extrêmes précautions.

Parfois, pendant une demi-heure de suite, nous devions ramper d’un fourré de bruyère à l’autre, comme font les chasseurs pour s’avancer à bonne portée d’un daim.

De plus, c’était un beau jour, avec un soleil ardent. L’eau emportée dans la bouteille à eau-de vie ne tarda pas à manquer.

En somme, si j’avais pu soupçonner quel travail ce devait être que de ramper à plat ventre la moitié du temps et de passer l’autre à marcher en se courbant presque jusqu’aux genoux, j’aurais certainement reculé devant une entreprise mortellement fatigante.

Nous passâmes toute la matinée à nous avancer péniblement et à nous reposer, pour avancer encore, et vers midi nous nous allongeâmes pour dormir dans un épais massif de bruyère.

Alan monta la première garde, et il me sembla que je venais à peine de fermer l’œil quand il me réveilla pour le remplacer.

Nous n’avions pas de montre pour nous régler. Alan planta dans le sol une tige de bruyère pour nous en tenir lieu, et aussitôt que l’ombre de cette tige arriverait à une certaine limite, je saurais qu’il fallait le réveiller.

Mais à ce moment-là j’étais si fatigué, que j’aurais dormi douze heures sans interruption.

J’avais la sensation du sommeil encore toute fraîche. Mes articulations dormaient même quand mon esprit veillait. L’odeur chaude de la bruyère et le bourdonnement des abeilles sauvages étaient pour moi comme des potions soporifiques.

De temps à autre, je faisais un mouvement brusque et je m’apercevais que j’avais sommeillé.

La dernière fois que cela m’arriva, il me sembla que je revenais de plus loin, et je crus que le soleil avait fait un grand pas dans le ciel.

Je regardai la branche, et à cette vue je faillis pousser un cri, car je compris que j’avais manqué à une mission de confiance.

Je perdis la tête, tant j’étais effrayé et honteux, et quand je regardai, autour de moi dans la lande, ce que je vis était bien fait pour m’ôter tout courage.

Car ce n’était ni plus ni moins qu’une troupe de cavalerie, qui était descendue dans la plaine pendant notre sommeil, et qui partant du Sud-Est avançait vers nous en se déployant en éventail, tout en lançant les chevaux dans les endroits où la bruyère était la plus épaisse.

Lorsque j’eus réveillé Alan, il jeta un premier regard vers les soldats, le second fut pour la branche et la position du soleil.

Il fronça les sourcils et eut un coup d’œil brusque, soudain, qui exprimait à la fois la colère concentrée et l’inquiétude. Mais à cela se bornèrent ses reproches.

— Qu’allons-nous faire maintenant, demandai-je.

— Il nous faudra jouer aux lièvres. Voyez-vous cette montagne par là, dit-il en indiquant le ciel vers le Nord-Est.

— Oui, fis-je.

— Bon, alors, dit-il, dirigeons-nous de ce côté. Elle se nomme le Ben-Alder ; c’est une montagne sauvage et déserte, pleine de bosses et de creux, et si nous y arrivons avant le matin, nous pourrons encore nous en tirer.

— Mais, Alan, m’écriai-je, il nous faudra passer au milieu même des soldats.

— Je le sais de reste, dit-il, mais si nous sommes refoulés jusqu’à Appin, nous sommes deux hommes morts. Ainsi, mon ami, David, montrez votre agilité.

En disant ces mots, il se mit à courir à quatre pattes avec une incroyable rapidité, comme si c’était sa manière naturelle d’aller.

Et pendant tout ce temps, il continua à gagner par des détours les parties basses de la lande, qui nous cachaient le mieux.

Quelques endroits avaient été brûlés, ou du moins effleurés par le feu ; il en sortait à notre figure, qui touchait presque le sol, une poussière aveuglante, étouffante, aussi ténue que de la fumée.

Depuis longtemps nous manquions d’eau, et cette façon de courir sur les mains et les genoux occasionne une faiblesse, une fatigue si écrasante, que les articulations vous font souffrir cruellement ; et que les poignets cèdent sous votre poids.

D’espace en espace, il est vrai, se présentait un gros massif de bruyères, où nous pouvions nous allonger quelque temps, reprendre haleine, et en écartant un peu le feuillage, regarder les dragons, en arrière de nous.

Ils ne nous avaient pas aperçus, car ils continuaient à se diriger en avant.

C’était un demi-régiment, à ce qu’il me semble, et ils couvraient deux milles, tout en battant le terrain à fond partout où ils passaient.

Je m’étais réveillé juste à temps. Un peu plus tard, il nous aurait fallu fuir au-devant d’eux, au lieu de nous échapper de côté.

Même dans ce cas, la moindre malchance pouvait nous trahir.

De temps à autre, quand un grouse se levait de la bruyère avec un battement d’aile, nous restions aussi immobiles que des morts, et n’osant pas même respirer.

Les douleurs aiguës et la faiblesse que je ressentais dans le corps, l’inquiétude qui me travaillait le cœur, les écorchures de mes mains, les élancements que me causait aux yeux et dans la gorge ce nuage incessant de poussière et de cendres, tout cela devint enfin si insupportable que j’eusse volontiers renoncé à tout effort.

La crainte, que m’inspirait Alan, me donnait assez de faux courage pour persévérer.

Quant à lui, vous devez vous rappeler qu’il était chargé d’un grand manteau. Il était devenu d’abord d’un rouge cramoisi, puis cette rougeur s’était parsemée de plaques blanches, à mesure qu’il avançait. Son haleine était rauque et parfois sifflante et lorsqu’il me chuchotait quelques indications à l’oreille pendant nos haltes, il le faisait d’une voix qui n’avait rien d’humain.

Néanmoins, il ne laissait voir aucun signe d’abattement, il n’avait rien perdu de son activité, et j’étais obligé, quoi que j’en eusse, d’admirer l’endurance de cet homme.

À la fin, dès que la nuit s’annonça, nous entendîmes le son d’un clairon, et en regardant derrière nous à travers la bruyère, je vis que les troupes commençaient à se rassembler.

Un peu après, elles firent un feu de bivouac, et campèrent pour la nuit, vers le milieu de la lande.

À cette vue, je demandai, je suppliai qu’on s’arrêtât et qu’on dormît.

— On ne dormira pas cette nuit, dit Alan. À partir de maintenant, vos maudits dragons vont cerner la lande, et il ne sortira d’Appin que les oiseaux. Nous avons passé parmi eux, il s’en est fallu d’une seconde, allons-nous perdre le terrain gagné ? Non, non, quand le jour se lèvera, il nous trouvera vous et moi dans un lieu sûr, au Ben-Alder.

— Alan, lui dis-je, ce n’est pas la volonté qui me manque, c’est la force. Si je le pouvais, je le ferais, mais aussi vrai que je vis, cela m’est impossible.

— Bon alors, dit Alan, je vous porterai.

Je le regardais pour voir s’il plaisantait, mais non.

Le petit homme était d’un sérieux glacial.

La vue de tant de résolution me fit honte.

— Marchez devant, dis-je, je vous suivrai.

Il me jeta un coup d’œil qui disait clairement :

— Bravo, David !

Et il se remit en marche de toute sa vitesse.

Il faisait un peu plus frais, et même un peu plus sombre, mais pas beaucoup plus, à mesure que la nuit s’avançait.

Le ciel était sans un nuage.

On était encore au commencement de juillet, et très au Nord.

Au moment des ténèbres les plus grandes, il eût fallu de très bons yeux pour lire, mais à cela près, j’ai vu des journées plus sombres à midi en hiver.

Une forte rosée tomba, détrempant la lande autant qu’une pluie, et cela me rafraîchit un peu.

Quand nous nous arrêtâmes pour reprendre haleine, et que j’eus le temps de regarder autour de moi la clarté et la douceur de la nuit, les formes des montagnes, qui ressemblaient à des êtres endormis, le feu qui se mourait derrière nous et formait une tache brillante au centre de la lande, une fureur me monta soudain à la pensée que je devais me traîner tout pantelant et manger la poussière comme un ver.

D’après ce que j’avais lu dans les livres, je pense que bien peu de ceux qui ont tenu une plume ont connu réellement la fatigue.

Sans cela ils en eussent parlé avec plus de force. Je ne me souciais point de ma vie, tant passée que future. Je me souvenais à peine qu’il y eût au monde un garçon nommé David Balfour. Je ne pensais aucunement à moi-même. J’étais préoccupé d’abord de chaque nouveau pas à faire, et qui serait le dernier.

J’y pensais avec désespoir et je songeais avec haine à Alan, qui en était la cause.

Alan, qui était un soldat, faisait ce qu’il avait à faire. Le rôle de l’officier consiste à obliger les hommes à persévérer dans un travail qui les conduit à un but qu’ils ne connaissent pas, alors qu’ils préféreraient s’étendre là où ils se trouvent et se faire tuer, s’ils avaient la liberté de choisir.

Et je crois pouvoir dire que j’eusse fait un assez bon simple soldat, car en ces dernières heures-là, il ne me vint jamais à l’esprit que j’eusse à choisir. Je crus que je n’avais qu’à obéir aussi longtemps que j’en serais capable, et à mourir en obéissant.

L’aube du jour parut enfin, après des années, à ce qu’il me semblait.

À ce moment-là, nous avions échappé aux dangers les plus pressants, et nous pouvions marcher debout comme des hommes, au lieu de ramper comme des bêtes.

Mais, grand Dieu ! quel couple nous devions former, ployés en deux comme des grands-pères, chancelant comme de petits enfants, et aussi pâles que des morts !

Nous ne nous disions plus un mot. Chacun de nous avait la bouche close, ne songeant qu’à regarder devant lui, soulevant un pied et le laissant retomber, comme les gens qui lèvent des poids dans une fête de village.

Et tout le temps les oiseaux des landes criaient leur « pi-ip » à travers la bruyère.

Mais peu à peu la lumière devenait plus claire à l’Orient.

Je dis qu’Alan faisait comme moi.

Ce n’est point que j’aie jamais regardé de son côté, car je n’avais pas trop de mes yeux pour diriger mes pas, mais évidemment l’accablante lassitude devait l’avoir rendu aussi hébété que moi, et sans doute il ne se rendait pas compte de la direction, sans quoi nous ne serions pas allés donner comme des aveugles dans une embuscade.

Voici comme cela se fit.

Nous descendions une colline couverte de bruyère, Alan marchait devant et je le suivais à un ou deux pas de distance, comme un joueur de violon et sa femme, quand tout à coup la bruyère fit entendre un bruit de froissement, trois ou quatre hommes déguenillés en bondirent, et l’instant d’après, nous étions étendus sur le dos, la gorge menacée d’un poignard.

Je crois bien que cela me fut indifférent.

La douleur qui résultait de ce brutal traitement se noyait dans les douleurs que je ressentais partout, et j’étais trop content de ne plus marcher pour me préoccuper d’un poignard.

J’étais étendu, regardant la figure de l’homme qui me tenait.

Je me souviens qu’elle paraissait noire dans la lumière du soleil et qu’il avait les yeux de couleur claire, mais je n’avais pas peur de lui.

J’entendis Alan et un autre chuchoter en gaélique, mais ce qu’ils se dirent ne comptait pas pour moi.

Alors les poignards furent relevés.

On nous enleva nos armes et on nous mit face à face, assis sur la bruyère.

— Ce sont les gens de Cluny, dit Alan ; nous ne pouvions pas tomber mieux. Nous allons rester ici avec ces hommes qui sont ses gardes avancées jusqu’à ce qu’ils puissent avertir le chef de mon arrivée.

Cluny Macpherson, le chef du clan Vourich, avait été un des principaux officiers dans la grande révolte d’il y a six ans.

Sa tête était mise à prix, et je le croyais depuis longtemps en France avec les autres chefs de cette entreprise désespérée. Mais si fatigué que je fusse, je fus si surpris de ce que j’apprenais, que je me réveillai à moitié.

— Comment ? m’écriai-je, Cluny est encore ici ?

— Oui, il y est, dit Alan, il est toujours dans son propre territoire, toujours soutenu par son domaine ; le roi George ne serait pas traité autrement.

Je crois que j’en aurais demandé plus long, mais Alan m’imposa silence.

— Je suis un peu fatigué, me dit-il, et je ne serais pas fâché de dormir un peu.

Et sans plus, il s’étendit la face contre terre, dans un épais tapis de bruyère, où il parut s’endormir aussitôt.

Il m’était impossible de l’imiter.

Avez-vous entendu les sauterelles grinçant dans le gazon en été ?

Bon, j’avais à peine fermé les yeux, que tout mon corps et surtout la tête, le ventre, les poignets me donnèrent la même sensation que s’ils étaient bourrés de sauterelles grinçantes.

Je dus rouvrir aussitôt les yeux, me rouler, retomber, me mettre sur mon séant, retomber encore, regarder le ciel qui m’éblouissait, ou contempler les sentinelles sauvages et déguenillées de Cluny, qui regardaient furtivement par-dessus la colline, tout en jacassant en langue gaélique.

Voilà qui me tint lieu de repos jusqu’au retour du messager.

Alors, comme il paraît que Cluny serait enchanté de nous recevoir, nous devions nous remettre debout et partir.

Alan était dans d’excellentes dispositions. Son sommeil l’avait beaucoup ragaillardi. Il avait grand’faim et envisageait avec plaisir la perspective d’une gorgée à boire et d’une tranche de rôti bien chaud, dont le messager avait dû lui dire quelques mots.

Quant à moi, j’avais des nausées rien qu’à entendre parler de manger.

Je m’étais jusqu’alors senti lourd comme un cadavre.

Maintenant j’éprouvais une sorte de légèreté effrayante qui ne me permettait pas de marcher au pas.

J’allais à la dérive comme un fil de la Vierge.

Le sol me paraissait fait d’un nuage ; les nuages avaient l’air d’être de la plume ; l’air me semblait agité par un courant, comme la pente d’un ruisseau et me portait tantôt dans un sens, tantôt dans un autre.

Et néanmoins un sentiment d’horrible désespoir pesait sur mon esprit, et j’étais sur le point de pleurer de mon impuissance.

Je vis Alan froncer les sourcils en me regardant.

Je supposai que c’était de colère, et cela me fit passer dans le cœur un léger éclair de crainte, comme celle que peut éprouver un enfant.

Je me souviens encore que je souriais et je ne pouvais m’en empêcher, malgré tous mes efforts, car je pensais que ce n’était ni l’endroit, ni le moment convenables.

Mais mon bon compagnon n’avait dans l’esprit que des sentiments de bonté.

Un moment après, deux des serviteurs me prirent dans leurs bras, et je fus transporté à une allure qui me paraissait des plus rapides, mais qui en réalité, je puis le dire, fut assez lente, à travers un labyrinthe de ravins et de défilés terribles, jusqu’au cœur de ce massif montagneux qu’on nomme le Ben-Alder.