Discussion:Le Magasin des enfants

Dernier commentaire : il y a 19 jours par Nivopol dans le sujet Éditions multiples : choix, priorités, organisation

Éditions multiples : choix, priorités, organisation modifier

Bonjour à toutes et à tous,

Je commence par reprendre ici la discussion entamée sur Discussion Livre:Leprince de Beaumont - Le Magasin des enfants, 1843.djvu.

@PetiPandaRou, @Wikisa24, @LadyBirdy38, @FreeCorp, tout d’abord, je fais suite aux discussions entamées pendant l’atelier Autrices.

La situation éditoriale de ce texte est compliquée. À première vue, on a plusieurs fac-similés sur Wikisource (WS), encore d’autres éditions très nombreuses existantes ailleurs, et comme ce sont aussi des contes indépendants, ils peuvent exister par eux-mêmes dans d’autres recueils.

Je pense qu’on peut séparer le problème en quatre parties.

  1. Quelle édition considérer comme prioritaire pour créer une édition Wikisource propre ?
  2. Reste-t-il des morceaux d’anciennes éditions WS en espace principal et est-ce pertinent de reprendre leurs transcriptions pour les parties concernées de l’ouvrage (encore du Match & Split à faire) ?
  3. Pour les travaux sur les fac-similés qui ne seront pas privilégiés, chacun ayant été à peine commencé, pourra-t-on les exploiter ?
  4.  Comment synthétiser cette situation proprement sur la page autrice de JMLB, ou des pages d’œuvre et de désambiguation par exemple ?

Et pour commencer, ici, je vais tenter de m’intéresser au point 1.

Les éditions du Magasin des enfans modifier

Évidemment, un grand succès de librairie et des éditions à foison.

Identifier l’original modifier

Ce petit article de Gallica date l’œuvre de 1756, de même que la page autrice, à laquelle il a pu servir de source. Mais son compère date l’abrégé de La Belle et la Bête de 1757, bien que le conte soit indiqué dans toutes les éditions que j’ai pu trouver. Enfin, la plus vieille édition de la BNF est un tome 1 de 1758 qui n’a pas été numérisé.

La recherche commence bien, n’est-ce pas ? Et pourtant tout le monde, de Wikipédia aux travaux universitaires sur Cairn, indique que l’original est de 1756. Il y a cependant un indice, c’est à Londres, et je pense qu’on a la réponse dans ce mémoire de M2 ENSSIB. L’édition de 1756 serait en français, mais sous un titre anglophone, The Young Misses Magazine, par un imprimeur anglais. Malheureusement la BNF ne semble répertorier que sa 3e édition de 1776. En fait, l’auteur du mémoire n’a pas pu identifier d’exemplaire survivant de 1756. De plus, bien que le mémoire indique un texte en français, les facs-similés que j’ai trouvé des éditions subséquentes sont bien traduits en anglais.

En fait, je ne trouve absolument pas si clair, sans voir les premières éditions, laquelle des deux langues est l’originale. Le mémoire semble annoncer le français, mais indique aussi à un autre endroit : « Madame Leprince de Beaumont le rédige en 1755 avec la volonté de donner à ses nobles élèves anglaises un texte pédagogique adapté à leurs jeunes années et à leur niveau d'anglais. » Ensuite une partie est dédiée aux traductions et je n’y ai pas vu mention de passage du français à l’anglais ou vice-versa. Dans toutes les notices, j’ai repéré une mention de traduction vers l’anglais par JMLB elle-même, 1 point pour le français, mais aussi on voit que les éditions d’avant celle de Foa utilisent des noms de personnage anglais, 1 point for English, tie break!. Bon, sinon, comme JMLB a fait elle-même les deux… ce n’est probablement pas un drame.

Mais, tout de même, l’original en français est donc soit l’édition de John Nourse de 1756, soit celle de Jean-Baptiste Réguillat de 1758.

Des éditions complètes de l’œuvre de base sous le titre Le Magasin des enfans modifier

Et on remercie bien le mémoire cité plus haut. Non exhaustif. En France et relativement officielles pour commencer.

  • 1758, Jean-Baptiste Réguillat, Lyon (sur microfiche à la BNF), en 4 tomes, avec privilège royal, donc monopole et dépôt légal.
  • 1761, 1763 : rééditions du même. La BNF a numérisé une page d’une de ces trois-là, on peut la voir ici, notons l’effort pour mettre l’accent sur Lady Sensée.
  • 1762, 1767, 1771 et 1785, Jean-François Bassompierre, édité pour Paris mais imprimé en Belgique par l'imprimeur-libraire liégeois J. Vanden Berghen. La 1762 semble être la première édition parisienne mais c’est pas clair.
  • 1768, 1773 (exemplaire à la Bibliothèque de Lyon), Étienne Rusand, Lyon, en 2 volumes pour 4 tomes, avec un second privilège pour la 2e (celui de Réguillat/Ponthus était terminé ?).
  • 1768, 1778, 1780, 1787, 1789, Pierre Bruyset-Ponthus, Lyon, en 2 volumes pour 4 tomes, qui a racheté le privilège de Réguillat.

À partir de là, ça devient encore plus confus. Mais globalement, JMLB meurt en 1780, l’édition de référence potentielle au sens de la dernière du vivant de l’autrice se trouve potentiellement parmi les précédentes.

Il y a aussi des éditions étrangères et des contrefaçons diverses. Parfois avec reprise du nom d’un autre éditeur connu.

Pour les facs-similés existants, les plus anciens seraient :

  • 1767, François Grasset, Lausanne, Suisse, sur Google Books.
  • 1768, une édition pirate marqué Pierre Gosse, La Haye, mais en fait de Lausanne ? sur la bibliothèque de Lyon, la BNF a une 1760 du genre.
  • 1772, Jean-Pierre Heubach, Lausanne, Suisse sur Google Books, premier volume sur 4 (1 par tome ici).
  • 1788, imprimée à Paris pour F. Esslinger, Francfort, sur Google Books, 4 volumes.

Ensuite, c’est la Révolution, l’autrice est morte, tout le monde se met à rééditer n’importe quoi, et si vous pensiez que c’était le bazar, bienvenue en enfer. Globalement, comptez que toutes les villes plus grandes que Tarbes et tous les arrondissements possibles ont leur édition, et qu’il y en a potentiellement plusieurs par an.

C’est de cette période que proviennent les autres fac-similés sur WS :

  • 1798 un tome 1 d’une édition en 4 tomes, Veuve Rusand, Lyon, c’est le plus vieux de Gallica, on y retrouve les autres tomes.
  • 1801 les deux volumes d’une édition en 2, par Billois, Paris, de l’Internet Archive, visiblement importés deux fois. Notez que le mémoire ne cite Billois qu’à partir de 1803 !

Des éditions revues à partir de 1830 modifier

Ça redevient intéressant avec les éditions modifiées à partir de 1830.

  • 1834, l'édition dite « des Frères Barbou » est actualisée de la géographie et géopolitique notamment, visiblement faite en réalité par Léonard Barbou, Limoges.
  • 1839, frères Lebigre, Paris, idem.
  • 1843, 1862, Bédelet, Paris : des éditions réduites, composées d’extraits.
  • 1843, édition modernisée et augmentée par Eugénie Foa, c’est celle de notre atelier qui est donc sur cette page d’index. Elle va connaître elle-même un gros succès et des rééditions par douzaines en Europe pendant plus de 20 ans. Les noms des personnage y sont francisés. Sur Gallica, l’édition de 1843, la nôtre et celle de 1847 sont disponibles. La seconde est dite plus riche en illustrations, chez un autre imprimeur. Elles sont rééditées même au XXe siècle.
  • 1844, Desesserts, Paris, revue par Ortaire Fournier : Sur Google Books
  • 1859, Jules Rostaing, sous pseudonyme de Mme J.-J. Lambert, reprise de la francisation des noms, illustrée par Télory. C’est l’édition qui sert de base au mémoire de master cité plus haut. Sur Gallica.
  • 1860, édition modernisée par Louise Swanton-Belloc, réaugmentée en 1865 et 1883, 1865 sur Gallica.

À partir de là (dès 1863 au moins), sauf exception, la plupart du temps les éditions sont simplement une compilation des contes, sans les commentaires dialogués. Elles sont régulières jusqu’à maintenant. On retrouve des éditions modernes complètes, notamment de la version de Foa.

Mais aussi modifier

Il y a des éditions éclatées des contes dans d’autres recueils dès 1778. Besoin d’en dire plus ?

Il y a des éditions multiples sous le titres original en anglais.

C’est déjà bien trop long.

Commentaire personnel sur la pertinence des exemplaires sur WS modifier

Mon opinion, c’est que des trois, l’exemplaire de 1843 est le plus intéressant.

Premièrement, c’est l’édition de Foa, dont le travail est fort logiquement absent des deux autres, et mérite lui aussi d’être mis en avant.

Deuxièmement, cette édition est en elle‑même une des plus importantes et intéressante de l’ouvrage initial. La modernisation de Foa a eu un franc succès, son travail est reconnu et l’édition est riche. Au contraire, les éditions de 1798 et 1801 n’ont pas l’air de se distinguer parmi toutes celles, très nombreuses, de la période 1789-1830. Elles n’ont pour elles que d’être celles dont les numérisations semblent les plus accessibles depuis longtemps.

Troisièmement, elle est complète en un seul fac-similé, de bonne qualité. On ne peut pas en dire autant des autres, bien qu’il soit toujours possible d’importer les tomes 2, 3 et 4 de l’édition de 1798 depuis Gallica.

Commentaire personnel sur le choix d’une édition de référence modifier

Cependant, nous sommes d’accord que les fac-similés déjà sur WS ne sont pas forcément les meilleurs choix. En effet, mon opinion serait que plusieurs éditions de ce texte méritent d’être priorisées à parts égales.

Écartons tout d’abord l’éléphant dans le couloir : on peut argumenter qu’aucune de ces éditions n’est une priorité pour WS (par rapport à d’autres ouvrages), car JMLB bénéficie déjà d’une exposition non négligeable et cet ouvrage est déjà disponible dans plusieurs rééditions commerciales modernes comme de fac-similés de l’ancien.

Mais si on devait l’éditer sur WS, je dirais qu’il est intéressant à parts égales de disposer d’une édition de l’œuvre originale du 18e siècle, attribuée seulement à JMLB, ainsi que d’une édition modernisée et augmentée du 19e montrant l’évolution du matériau (selon, d’ailleurs, la volonté exprimée de JMLB elle-même). Je ne saurait exactement laquelle privilégier parmi celles de Foa, Rostaing et Swanton Belloc, mais Foa semble à première vue un bon choix, par l’importance et l’impact que lui accorde les travaux modernes, le fait qu’elle augmente sans se contenter d’actualiser, tout en étant une des premières à le faire. Néanmoins des experts pourraient apporter des arguments en faveur des deux autres.

Dans un second temps, il me semblerait intéressant de disposer aussi d’un exemplaire des deux autres éditions modernisées citées, et peut‑être aussi de celle de Barbou, plus légère mais montrant un intermédiaire temporellement plus proche de l’original.

Cependant, pour le choix d’une édition originale, celle de 1798 ne semble avoir pour elle que sa disponibilité sur Gallica. Si on devait en choisir une aujourd’hui, les fac-similés plus anciens mais de bonne facture, comme celle de 1767, pourraient lui être préférés. Ici, il faudrait soit un critère clair (prendre la plus ancienne, ou la plus proche de la mort de JMLB, par exemple) soit comparer proprement chacune de celles disponibles. Évidemment, il serait aussi envisageable que d’autres exemplaires soient numérisés.

C’est encore plus clairement le cas pour l’édition augmentée par Foa, dont la seconde édition de 1847 est disponible, faite du vivant de l’autrice, et semble supérieure. Elle aurait donc pu être prise plutôt que celle de 1843.

Nivopol (d) 5 mai 2024 à 22:26 (UTC)Répondre

Revenir à la page « Le Magasin des enfants ».