Discussion:Fragment (Vielé-Griffin)

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Informations sur l’édition de Fragment (Vielé-Griffin)

Édition : Anthologie des écrivains français, par Léon Adolphe Gauthier-Ferrières, 1919


Source : GoogleUS


Contributeur(s) : Enmerkar 14 juillet 2008 à 11:39 (UTC)Répondre


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gallica

--Le ciel est par dessus le toit Parloir 19 septembre 2019 à 15:56 (UTC)Répondre



Dis encore : « Christ Dieu, mon âme ne vaut-elle
Pas une goutte du Vrai Sang qu’un prêtre épanche,
Et n’as-tu pas souci de mon âme immortelle ? »

Grise-toi de l’encens croulant en avalanche
Du chœur vers le parvis où dans l’ombre tu pries,
Et voici que soudain ton âme est toute blanche !

Jusqu’au ciboire d’or gemmé de pierreries,
Où gît le Pain vivifiant, avance et mange :
Car Christ ne perdra pas Celles qu’il a nourries.

Sens au fond de ton être abject s’éveiller l’ange,
Entrevois, un instant, le Ciel pour qui les sages
Ont dédaigné la terre et l’amour de sa fange ;

Et des Voix te diront d’extatiques messages…


O vision d’un soir et la royale escorte
Des archanges joueurs de harpe et des cent vierges…
Mais le ciel des élus a refermé sa porte ;


C’est dans l’aube d’argent la mort lente des cierges…
Et la banalité des choses et des hommes,
Cloaque où pour jamais, pauvre cœur, tu t’immerges.

Brise ton crucifix, sème aux vents les atomes
De l’Idéal futile et suis la tourbe lente ;
Car nous ne savons pas même ce que nous sommes.

Elle est bien morte, va, ta belle foi vaillante ;
Ta barque à tout jamais cargue sa double voile ;
Dans la stagnation passive d’une attente,

Et sur toi lentement le firmament se voile,
C’est l’heure douloureuse où s’enténèbre l’âme,
Le regret sans espoir et la nuit sans étoile,

Et c’est l’obscurité qui pèse comme un blâme.

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