Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 3/141-150

Fascicules du tome 3
pages 131 à 140

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 3, pages 141 à 150

pages 151 à 160


Décime, Δεκάτη, le sacrifice qu’ils faisoient en même temps. Voyez Rosæus, Archæolog. Atticæ, L. V, C. 5.

DÉCIME. s. f. sing. ou DÉCIMES. s. f. plur. Le pluriel se dit plus ordinairement. On verra néanmoins dans la suite de cet article que le singulier se dit aussi. Decima, Decimæ. Ancien droit, ou subvention que les Rois ont levée sur leurs sujets, tant Laïcs qu’Ecclésiastiques, dans les grandes nécessités de l’Etat, comme au temps de Charles-Martel, pour se défendre contre les Sarrasins ; au temps de Philippe-Auguste contre les Infidèles : & cette taxe fut alors appelée Saladine. Cette contribution, qu’on appeloit décimes, se prenoit spécialement, & même uniquement dans la suite, sur les Ecclésiastiques. Sous quelque prétexte les Rois l’exigeoient du Clergé, mais par la permission du Pape, & quelquefois les Papes à leur tour, & du consentement du Roi. Pour les décimes que les Papes levoient comme un tribut presque ordinaire, sur-tout tant qu’ils résidèrent en Avignon, le Concile de Constance les retrancha, & ordonna qu’on ne les leveroit plus à l’avenir que du consentement universel des Prélats. A l’égard de celles qu’on payoit au Roi, on les accorda si fréquemment, qu’elles devinrent un subside ordinaire. Le Clergé n’y consentoit que pour dix ans, que l’on continuoit quand ils étoient expirés.

La première Ordonnance qui porte institution de décimes, est de Philippe-Auguste, à qui elles furent accordées l’an 1188 dans un Concile tenu à Paris. Louvet rapporte cette Ordonnance dans son Histoire de Beauvais, T. II p. 309. Elle est en Latin suivant l’usage de ce temps-là : le mot decima s’y trouve plusieurs fois au singulier. Sous le règne de S. Louis en 1267. les décimes furent encore levées pour la conquête de la Terre-Sainte. En 1274 le II. Concile de Lyon les ordonna pour le même sujet. Philippe-le-Hardi les leva en 1275. Philippe-le-Bel les leva aussi en 1304. Paul-Emile rapporte dans son Histoire la Chartre ou l’Ordonnance qui les établit ; elle est du 12 Avril 1304. Le Roi l’adresse aux Evêques, Abbés, Doyens, Prieurs, &c. de son Royaume : cette Ordonnance est en Latin. Les décimes furent encore levées en 1306, 1312, 1315, 1337. Froissard parle à la page 55 du premier volume de son Histoire d’une décime qui fut levée en 1355. sous le règne du Roi Jean. Cet Auteur l’appelle dixième. Enfin ces taxes sont devenues perpétuelles sur le Clergé par des transactions faites en 1516, avec le Roi François I. Cette taxe a été appelée Pascaline. Depuis par un contrat fait à Poissi en 1561. elles ont été converties en rentes de seize cens mille livres, qui sont les rentes de l’Hôtel de Ville sur le Clergé. Dans les Mémoires du Clergé on trouve que ces décimes, de la façon qu’elles se lèvent aujourd’hui, ont été accordées par une Bulle du Pape Léon X. de l’an 1516. sous prétexte d’une Croisade pour aller faire la guerre au Turc, où le Roi devoit aller en personne avec le titre d’Empereur d’Orient, que le Pape lui accorda ; & cette décime fut accordée pour un an seulement. Le Roi envoya alors dans les Provinces des Commissaires pour en faire la taxe, qui dure encore aujourd’hui. Les décimes extraordinaires consistent en une autre taxe qu’on fait tous les cinq ans sur les Bénéfices pour le présent, ou don gratuit que le Clergé fait au Roi pour les frais de l’assemblée, pour les pensions & gratifications que fait le Clergé à diverses personnes, aux Séminaires, &c. Le Clergé accorda trois fois au Roi Louis XIII. des décimes extraordinaires, ou dons gratuits : savoir, en 1621, 1626, 1628. Cet argent fut employé à faire la guerre aux Huguenots. Depuis ce temps-là il ne s’est point tenu d’assemblée ordinaire du Clergé qui n’ait fait au Roi un présent considérable.

Les Receveurs & Contrôleurs des décimes sont des Officiers commis par le Clergé pour recevoir ces deniers. Le Bureau des décimes est une Chambre Ecclésiastique établie en chaque Diocèse pour régler les taxes & les difficultés qui arrivent sur le payement des décimes. Leurs appellations ressortissent en un Bureau général établi à Paris, qui se tient au Palais.

Décimes, dixmes & dixième, sont trois mots qui ont la même origine, ils viennent de decimus, mot formé de decem, dix ; mais dans l’usage ils ont une signification différente. Décimes signifie ce que les Ecclésiastiques donnent de leurs biens Ecclésiastiques au Roi pour les guerres saintes, ou pour les besoins de l’Etat. Dixmes signifie ce que les fidèles donnent aux Ministres de l’Eglise pour les entretenir. Dixième ou dixième denier signifie la dixième partie des revenus que le Roi leve sur son peuple. Voyez Dixme & Dixième.

DÉCIMER. v. a. Terme de l’ancienne Milice des Romains, qui, pour punir les Légions entières qui avoient manqué à leur devoir, faisoient tirer au sort chaque dixième soldat, & le faisoient mourir, pour donner l’exemple aux autres. Decimare, decimum quemque sorte ductum plectere, supplicio afficere. On l’a quelquefois fait en France.

Décimé, ée. part. pass. & adj. Decimus quisque sorte ductus.

DÉCIMEUR. s. m. Le P. Sanlecque s’est servi de ce mot pour Décimateur, qui seul est en usage.

DÉCINTRER, ou DÉCEINTRER. v. a. Terme de Maçonnerie. Oter les cintres de charpente sur lesquels on a construit une voûte. Arcum ligneum struendo desuper fornici accommodatum destruere, evenere, tollere. Il ne faut décintrer que quand les voûtes sont séches & bien affermies.

DÉCINTROIR, ou DÉCEINTROIR. s. m. Espèce de marteau qui a deux taillans, mais qui sont tournés en divers sens, dont les maçons se servent pour équarrir les trous commencés avec le têtu, ou pour écarter les joints des pierres dans les démolitions. Mallei genus.

DÉCIRER. v. a. Oter la cire. Nous n’osâmes nous hasarder d’embrasser notre ami d’Aubeville en l’état qu’il étoit. Mais si-tôt

Qu’au logis il fut retiré,
Débotté, frotté, déciré,
Et qu’il nous parut délassé,
Il fut promptement embrassé.

Voyage de Bach. & Chapelle.

DÉCISIF, ive. Qui décide, qui résoud, qui prononce en dernier ressort. Decretorius. Une loi, une autorité, une pièce, une raison décisive, sont les choses qui décident un procès. Combat décisif. Pugna decretoria. Vos manières fougueuses & décisives sont insupportables. S. Evr. Ces censeurs qui se donnent voix décisive sur tous les Ouvrages, découragent les Auteurs par la chaleur de leurs préventions. La Bruy. Quand on est médiocrement sage, on ne s’avise point de faire le décisif. P. Rap. L’humeur ferme & décisive du Cardinal étoit propre à surmonter toutes les difficultés. Fléch. C’est un défaut trop ordinaire que de prononcer des arrêts décisifs sur le salut & la damnation des autres. S. Evr. Il est dangereux de déférer à la raison l’autorité décisive dans les matières de foi. Id. Remarquez que ces pieux ignorans, qui vantent tant leur humilité, sont d’ordinaire les plus décisifs. Id. Rien n’est plus incivil que le ton décisif que prennent les Savans dans la conversation. Ils s’imaginent être en droit de prononcer en dernier ressort sur tout. Bell. On dit un air décisif, non pas pour marquer l’air du visage, mais le caractère d’esprit d’un Auteur qui décide librement, hardiment. On a reproché à Lambin son air décisif dans l’explication des choses les plus obscures, & les plus difficiles qui se rencontrent dans les Anciens. Ménage. Ton décisif a souvent le même sens, & l’on entend par cette expression le caractère décisif de l’esprit d’un homme, le ton décisif de sa voix, ou le ton de sa voix qui frappe les oreilles. Bacon, ancien Docteur Anglois de l’Ordre des Carmes, est surnommé le Docteur décisif, ou le Docteur résolu, Doctor resolutus. Ce mot appliqué aux personnes se prend rarement en bonne part.

DÉCISION. s. f. Loi d’un Supérieur qu’on doit suivre. Decisio. Les décisions de l’Eglise sont les règles de notre croyance. Les décisions du droit sont les fondemens de la Jurisprudence. Les décisions de l’Empereur Justinien sont les 50 Ordonnances qu’il fit après la publication du premier Code, pour décider les grandes contestations qu’il y avoit entre les Jurisconsultes.

Décision, se dit quelquefois des avis, des résolutions, des autorités des Savans qui aident aux Juges à décider. Les décisions de la Rote sont les arrêts de la Jurisdiction établie à Rome. Les décisions de Boëtius, & d’autres Jurisconsultes. Le Parlement a déjà fait la décision de notre affaire par un arrêt rendu sur la même espèce.

Décision, se dit aussi de certains préjugés, ou avantages qu’on tire dans quelque affaire par quelque incident qu’il y survient. Cet arrêt interlocutoire est la décision de mon procès. Ce titre, que le hasard m’a fait trouver, est la décision de notre différent. Ce coup doit faire la décision de la partie. Du succès de cette querelle dépendoit la décision de tout ce qu’il y avoit de différens à vider. Vaug.

☞ Ce mot considéré comme synonyme de résolution, désigne un acte de l’esprit qui se déclare après avoir examiné une affaire. Il est rare que les décisions aient chez les femmes d’autre fondement que l’imagination & le cœur.

Décision, résolution. La décision, dit M. l’Abbé Girard, est un acte de l’esprit, & suppose l’examen. La résolution est un acte de la volonté, & suppose la délibération. La première attaque le doute, & fait qu’on se déclare. La seconde attaque l’incertitude, & fait qu’on se détermine. Nos décisions doivent être justes, pour éviter le repentir. Nos résolutions doivent être fermes, pour éviter les variations.

☞ Il semble que la résolution emporte la décision, & que celle-ci puisse être abandonnée de l’autre ; puisqu’il arrive quelquefois qu’on n’est pas encore résolu à entreprendre une chose pour laquelle on a déjà décidé ; la crainte, la timidité, ou quelque autre motif s’opposant à l’exécution de l’arrêt prononcé.

☞ En fait de science, on dit la décision d’une question, & la résolution d’une difficulté. C’est ordinairement dans les endroits où l’on décide le plus qu’on prouve le moins. Dans les Ecoles on répond à toutes les difficultés, & on y en résout très-peu.

DÉCISIONNAIRE. s. m. Qui décide avec assurance. Je me trouvai l’autre jour dans une compagnie, où je vis un homme bien content de lui. Dans un quart-d’heure il décida trois questions de morale, quatre problêmes historiques, & cinq points de physique : je n’ai jamais vu un décisionnaire si universel : son esprit ne fut jamais suspendu par le moindre doute. Lettr. Pers.

DÉCISIVEMENT. adv. D’une manière décisive. Il n’est pas rare de trouver des ignorans qui parlent décisivement sur une affaire. Les gens de Cour prétendent juger décisivement de la délicatesse des plaisirs, S. Evr. Le Duc de Créqui eut ordre de parler décisivement au Nonce, tant sur l’affaire de Castres, que sur les autres points dont, &c. L’Abbé Regn.

DÉCISOIRE. adj. m. Se dit seulement au Palais, du serment d’une partie qui décide le différent. Decretorius. La partie s’en est rapportée au ferment dédisoire du défendeur.

DECIUS. s. m. Nom d’homme. Decius. Il faut conserver ce nom, comme nous l’avons dit, excepté pour l’Empereur Dèce. Les Decius étoient une famille plébéienne, mais considérable dans Rome, & qui donna plusieurs Consuls à la République.

DÉCIZE. Ville de France, dans le Nivernois. Decetia, Dececia. Elle est située dans une île à l’embouchure de la rivière d’Atron, dans la Loire. On a trouvé dans Décize plusieurs médailles Romaines, qui font connoître qu’il est ancien. On prononce communément Dzize.

DÉCIZELER. v. a. Terme des Eaux & forêts. On fait décizeler & empiler les bois qui ont été enfoncés dans l’eau.

DECKENDORFF, ou TECKINDORFF. Ville d’Allemagne, dans la Basse-Bavière, à une bonne portée de fusil du Danube.

DÉCLAIRER. v. a. Mot de la façon de Marot. Déclarer. Declarare.

Voix argentine, haute & claire,
Ta bonne grâce me déclaire
Que tu ne chantes pas sans art. Marot.

La rime l’a porté à faire ce mot pour déclarer.

☞ DÉCLAMATEUR. s. m. Qui déclame, qui prononce un discours, un ouvrage, qui récite en public. Declamator. C’est un excellent, un mauvais déclamateur. Ce mot n’a rapport qu’au ton & aux gestes. Bon déclamateur, qui prononce avec les tons. & les gestes convenables.

☞ Chez les Romains on appeloit déclamateurs, les Rhéteurs qui faisoient des exercices d’éloquence dans leurs écoles.

☞ Nous appelons aussi déclamateur, un Orateur plus occupé du choix des paroles, du ton & des gestes, que des pensées & de la composition. Dans ce sens il se prend toujours en mauvaise part. Cet Avocat n’est qu’un déclamateur. Juvénal s’emporte fort contre les déclamateurs de son temps. Juvénal n’est lui même dans ses satyres qu’un déclamateur. God. Lucien a cela des déclamateurs, qu’il veut tout dire, & qu’il ne finit pas toujours où il faut. Ablanc. La plupart des déclamateurs se persuadent qu’il est de l’essence d’un beau discours de durer plus d’une heure, & qu’on est obligé de les écouter sans s’ennuyer. S. Evr. Les déclamateurs ont été les premiers corrupteurs de l’éloquence. Id. Un déclamateur n’est pas obligé d’alléguer un argument démonstratif, mais seulement un raisonnement vraisemblable, ou éblouissant. Jusqu’à ce qu’il revienne un homme qui prêche avec un style nourri des Saintes Ecritures, les Déclamateurs seront suivis. La Bruy. On ne sauroit assez blâmer ces Historiens qui veulent faire les Déclamateurs, & qui interrompent le cours de la narration pour faire valoir leur éloquence. Fléch.

Tous ces pompeux amas d’expressions frivoles
Sont d’un Déclamateur amoureux de paroles. Boil.

On appelle style de Déclamateur, un style plus figuré & plus ampoulé qu’il ne convient au sujet. Acad. Fr.

DÉCLAMATION. s. f. Discours fait pour être prononcé en public, & sur le ton d’Orateur. Declamatio. Les déclamations de Quintilien. Il se dit particulièrement de ces exercices & déclamations qui se font par les écoliers pour apprendre à parler en public. Une Déclamation contre Annibal, contre Pyrrhus, &c. La déclamation parmi les Grecs étoit devenue un art de parler indistinctement sur toutes sortes de matières, de faire paroître juste ce qui étoit injuste, & de triompher des meilleures raisons. Ce genre de déclamations étoit très-propre à corrompre les esprits, en les accoutumant à cultiver l’imagination, plutôt qu’à former le jugement, & à chercher plutôt des vraisemblances pour éblouir, que de solides raisons pour persuader. S. Evr. Les déclamations n’ont été introduites que pour exercer l’esprit des jeunes gens sur des sujets qui puissent tomber dans l’usage ordinaire. S. Evr.

Déclamation. Dans quelques Collèges signifie une petite pièce de Théâtre, composée ordinairement de quelques scènes seulement, sans distinction ni pluralité d’actes, qui se fait pour exercer les écoliers, & les former à parler en public. Declamatio. On ne fait des Déclamations qu’en Rhétorique & en Seconde.

Déclamation. Se prend aussi pour l’art de prononcer un discours avec les tons & les gestes convenables ; prononciation & action de celui qui déclame. C’est une des principales parties de l’Orateur. Cet Orateur a la déclamation belle, noble, &c. froide & mauvaise.

☞ On le dit en mauvaise part des termes pompeux & figurés employés dans un ouvrage, & dans un sujet qui ne les comporte pas. L’Orateur a mis trop de déclamation dans cette pièce. Projicit ampullas & sesquipedalia verba.

Déclamation signifie encore invective contre une personne ou une chose. Infectatio, objurgatio, acerrima reprehensio. Vos déclamations sont trop aigres ; elles irritent, & ne corrigent personne. Tout le plaidoyé de cet Avocat n’a été qu’une perpétuelle déclamation contre ses parties.

DÉCLAMATOIRE. adj. Qui appartient à la déclamation. Declamatorius. Il y a de grands mots qui n’appartiennent qu’au style déclamatoire, de d’autres qui ne se disent qu’en style familier.

DÉCLAMER, v. a. Réciter en public, ou sur un théâtre quelque discours, quelques vers avec les gestes & les tons convenables. Declamare. Cet Auteur déclame bien les vers, mais il n’entre pas dans les passions. Ce Prédicateur sait bien déclamer, mais il ne sait pas émouvoir.

Déclamer signifie aussi parler avec chaleur contre quelqu’un, ou contre quelque chose. In aliquem invehi, aliquem infectari, contra, in aliquem declamare. Les Dévotes ne manquent jamais de déclamer contre les coquettes ; elles les déchirent en toutes les compagnies. On souffre qu’un homme déclame en général contre les vices, mais il ne faut pas qu’il déclame contre les personnes. Je n’entends pas déclamer contre un Ordre que je révère. Patru. Dans ce sens il est neutre.

Déclamé, ée. Discours bien déclamé.

DÉCLARATIF, ive. adj. Terme de pratique. Acte qui déclare quelque chose. Declarans, significans, declarandi, significandi vim habens. Il y a eu un Bref déclaratif, une Bulle du S. Pere déclarative de son intention sur l’affaire qui lui a été proposée. Un titre qui n’est pas attributif du droit, mais seulement déclaratif.

C’est aussi un terme de Grammaire. J’appelle conjonctions déclaratives, celles dont on se sert d’ordinaire pour mieux faire entendre, & pour mieux éclaircir quelque chose ; & ces conjonctions sont, savoir, à savoir, c’est-à-savoir, comme, par exemple, c’est-à-dire, &c. L’Ab. Regnier.

☞ DÉCLARATION. s. f. C’est en général un acte, un discours par lequel on déclare quelque chose, un acte par lequel on fait connoître ce qui étoit ignoré. Declaratio. Déclaration d’amour, de mariage. Les paroles les plus obscures d’un homme qui plaît donnent plus d’agitation, que des déclarations ouvertes d’un homme qui ne plaît pas. Cet homme a fait sa déclaration à ses amis qu’il ne se mêleroit point de leur différent.

Déclaration du Roi. C’est une loi par laquelle le Roi explique, réforme, ou révoque une Ordonnance, ou un Edit. Ce sont des Lettres-patentes du Prince, par lesquelles il déclare sa volonté sur l’exécution d’un Edit, ou d’une Ordonnance précédente, pour l’interpréter, la changer, l’augmenter, ou la diminuer. Declaratio, significatio, denunciatio. Il y a des Déclarations de François I. sur l’Ordonnance de l’abréviation des procès. Les Déclarations sont datées du jour qu’elles sont données au lieu que les Edits ont seulement la date du mois. Les Déclarations se scellent seulement en cire jaune, & les Edits en cire verte. La Déclaration est fort différente des Edits, Loix, Ordonnances & Constitutions. Voy. ces mots.

Déclaration de guerre. C’étoit chez les Romains un acte public fait par les Héraux ou Féciaux, qui signifioient aux ennemis les griefs que l’on avoit contr’eux, & qu’on les exhortoit à réparer, sans quoi on leur déclaroit la guerre. Si ces premières démarches étoient inutiles, la guerre étoit résolue dans le Sénat ; après quoi un des féciaux portoit une javeline, brûlée par le bout & ferrée, sur les frontières des ennemis ; & en présence au moins de trois personnes âgées de 14 ou 15 ans, il leur déclaroit la guerre, en lançant cette flèche ou javeline sur leurs terres : ce qui étoit regardé comme le premier acte d’hostilité. voyez Héraut & Fécial.

☞ Aujourd’hui les déclarations de guerre se font avec moins de cérémonies. Les Rois ne font que publier des manifestes, dans lesquels ils exposent leurs griefs & les raisons qu’ils ont de faire la guerre. Declaratio, denunciatio belli. Les actes d’hostilité précédent souvent la déclaration de guerre.

Déclaration, en termes de Palais, est un acte de démission de quelque droit en faveur de quelque autre. Abdicatio. Ce Procureur a été adjudicataire de cette terre, & en a fait sa déclaration en faveur d’un tel.

Déclaration signifie quelquefois une contre-lettre. Cet homme a fait une obligation simulée de deux mille écus sous le nom d’un de ses amis, lequel en même temps lui en a donné la déclaration, pour dire une contre-lettre. Scriptum contrarium, contra scriptum. On dit aussi au Palais, qu’un homme a fait sa déclaration à l’Audience ; qu’on lui a donné acte de sa déclaration ; qu’il a été renvoyé absous après sa déclaration. Declaratio.

On dit aussi, intenter une action en déclaration d’hypothèque, quand on fait assigner un tiers acquéreur d’un héritage pour le voir déclarer affecté & hypothéqué aux dettes de son vendeur.

Déclaration de dépens, ou de dommages & intérêts, est un dénombrement ou mémoire qu’on donne par articles, des frais faits en un procès, ou des dommages soufferts à son occasion, & dont on a obtenu condamnation contre sa partie, afin de les taxer. Declaratio, significatio, denunciatio. On dit aussi en ce même sens, donner une déclaration de ses biens & effets, une déclaration par tenans & aboutissans des héritages d’une telle Seigneurie, pour dire, en donner un mémoire & un dénombrement exact, avec désignation des bornes & des limites.

Déclaration. Terme de commerce & de douaire, état ou facture des marchandises qui sont dans les balles, ballots, ou caisses que les Marchands font entrer dans le Royaume, ou en font sortir. Les Marchands, Voituriers ou conducteurs des marchandises sont obligés de faire leur déclaration sur le registre du Bureau des Fermes, ou d’en apporter une signée du Marchand ou propriétaire, qui demeurera au Bureau, & qui sera encore transcrite sur le registre, & signée des Voituriers, s’ils savent écrire.

DÉCLARATOIRE. adj. m. & f. Acte, ou clause qui déclare juridiquement quelque chose. Significans, declarans. Il y a eu plusieurs actes déclaratoires de la volonté du Testateur qui confirment son testament. Sentence déclaratoire.

☞ DÉCLARER, v. a. Dans la signification la plus étendue, c’est faire connoître ce qui étoit ignoré ; c’est sous ce point de vue qu’on peut le regarder comme synonyme des verbes découvrir, manifester, révéler, déceler, que nos Dictionnaristes confondent. Mais déclarer c’est proprement dire les choses exprès & de dessein, pour en instruire ceux à qui on ne veut pas qu’elles demeurent inconnues. Declarare, indicare. Les criminels déclarent presque toujours leurs complices. Conscios prodere. Voyez les autres verbes à leurs articles particuliers. Un tel a déclaré son mariage, après l’avoir tenu long-temps secret. Déclarer ses desseins. Consilia promere.

☞ Un Souverain déclare un général, déclare des Ambassadeurs, pour dire qu’il les nomme publiquement pour exercer ces fonctions. Renunciare. Proditus Imperator. Général nommé, déclaré. Il déclare le jour de son départ, il annonce, il déclare tout haut qu’il partira tel jour. Indicere.

Déclarer signifie aussi faire connoître par un acte public, par autorité publique. Une Bulle contraire aux anciens Canons & à nos libertés est déclarée abusive. Un criminel est déclaré atteint & convaincu du crime dont il étoit accusé. Un mariage où les cérémonies de l’Eglise n’ont pas été observées, est déclaré nul, est cassé, rompu, dissous.

Déclarer, avec le pronom personnel, se prend dans différentes acceptions. Se déclarer signifie quelquefois s’expliquer ; dire ce qu’on pense. Il n’a pas voulu se déclarer la dessus. Mentem suam aperire.

☞ En parlant des maladies, c’est se montrer, se manifester. Manifestum esse. La maladie s’est déclarée ; c’est une fluxion de poitrine. La petite vérole commence à se déclarer.

☞ Se déclarer signifie encore faire connoître par quelque acte extérieur, par quelque démonstration, qu’on prend le parti de quelqu’un contre un autre, qu’on se tourne de son côté. Patrocinari alicui, suffragari. Dans les disputes littéraires le public se déclare toujours pour celui qui a raison, ou se déclare toujours pour les malheureux. Se déclarer pour le sentiment de quelqu’un. Ad alicujus sententiam transire. La victoire alloit se déclarer pour nous, lorsque, &c.

☞ C’est encore prendre parti dans une guerre commencée. Ce prince voudroit bien garder la neutralité ; mais on le forcera à se déclarer.

Déclaré, ée. part.

DÉCLAVER. v. n. & a. Terme de Musique. Oter une clef, pour en substituer une autre. Clavem mutare, clavem clavi subsistuere. Le changement de clefs se fait en musique pour réduire au mode naturel le mode le plus figuré, sans toucher aux notes. C’est ce qui a fait appeler cette opération déclaver. En France & en Italie on s’est habitué à déclaver mal certains modes sans qu’il y ait en cela aucun profit.

DÉCLENCHER, v. a. Déclencher une porte, c’est lever la clenche pour l’ouvrir.

Ce mot est composé du nom clenche, & de la proposition ou syllabe de.

DÉCLIC. Espèce de ressort qu’on attache à un bélier ou mouton d’une pesanteur extraordinaire, dont on se sert pour enfoncer des pieux. On éleve ce mouton avec un tour entre deux ou quatre pièces de bois, longues de 25 ou de 30 pieds. Quand ce bélier est monté en haut, on tire une petite corde qui détache un déclic, & fait tomber le mouton sur la tête du pieu. Voy. Mouton.

DÉCLIN. s. m. Diminution de force & de vigueur, l’état d’une chose qui tire vers sa fin. Il est sur le déclin de son âge, de sa vie. Ingravescens ætas. Le déclin du jour. Vesper, inclinans in vesperum dies. Nous sommes sur le déclin de la lune. Decrescentia. L’Empire Romain étoit sur son déclin, quand les François conquirent les Gaules. Imperii senectus. Le jugement n’est tout-à-fait formé, & n’arrive guère à sa perfection, que quand les autres puissances de l’ame sont sur leur déclin & sur leur retour. Costar. On s’en servoit autrefois pour dire le penchant d’une montagne. En ce dernier sens il est vieux.

Déclin. En médecine, c’est le temps d’une maladie en général, ou d’un paroxyfme en particulier, dans lequel la nature gagne le dessus sur la maladie, & où il se fait une rémission des symptômes, à la suite du plus haut période de la maladie. DecUnado, decrementum. Dict. de James. Il le pria de se donner un peu de repos, du moins jusqu’à ce que la fièvre fut sur son déclin. Boun.

Déclin se dit encore du ressort d’une arme à feu, par lequel le chien s’abat sur le bassinet. Le déclin du pistolet, du fusil se débande.

Déclin de la sève, en agriculture, est quand la sève cesse d’être fort abondante. Certaines greffes ne réussissent que quand on les fait au déclin de la sève.

DÉCLINABLE. adj. qui s’applique aux noms qu’on peut décliner. Nomen quod declinari, quod inflecti potest. Ce nom n’est pas déclinable en plusieurs cas.

DÉCLINAISON. s. f. Terme de Grammaire. Declinatio. Inflexion des noms selon leurs divers cas, comme nominatif, génitif, &c. Première, seconde déclinaison. Déclinaison, par rapport aux langues dont les noms reçoivent différens changemens, soit au commencement, soit au milieu, soit à la fin, est l’expression de tous ces changemens dans un certain ordre, & par certains degrés qu’on appelle cas : & par rapport aux langues, dont les noms ne reçoivent point de changemens dans un même nombre, la déclinaison est l’expression des différens états où un nom se trouve, & des différens rapports qu’il a ; cette différence de rapports se marque par des particules qu’on appelle articles, le, la, de, du, de la, à, des, aux.

Déclinaison, en termes d’Astronomie, est l’éloignement ou la distance des astres de l’équateur. La déclinaison du Soleil, quand il est au Solstice, est de 23 degrés & demi. On peut savoir chaque jour la déclinaison du soleil. Koh. La déclinaison méridionale est la distance d’une étoile à l’équateur vers le pôle méridional. La déclinaison septentrionale est la distance d’une étoile à l’équateur vers le pôle méridional. La déclinaison est vraie ou apparente. La déclinaison vraie d’une planète est la distance du vrai lieu d’une planète à l’équateur. La déclinaison apparente est la distance du lieu apparent d’une planète à l’équateur. Voy. Apparent. Tous les grands cercles de la sphère, qui passent par les deux pôles & par une étoile, s’appellent cercles de déclinaison, parce que l’on compte sur eux la distance des étoiles à l’équateur, que l’on nomme déclinaison, qui est le complément de leur distance aux pôles. Le cercle de déclinaison qui passe par les pôles & le zénith, s’appelle plus particulièrement méridien. Cassini.

En termes de Gnomonique, on dit que la déclinaison d’un mur, d’un cadran vertical, est de tant de degrés, quand il s’en manque tant de degrés qu’il ne regarde directement un des quatre points cardinaux de l’Horison. Ainsi la déclinaison d’un plan est l’arc de l’Horison compris entre le méridien du lieu, & le vertical perpendiculaire au plan.

Déclinaison, en termes de Marine, est la variation de l’aiguille aimantée, quand elle ne se tourne pas précisément vers le Nord, & qu’elle décline ou vers l’Orient ou vers l’Occident. On dit que Robert Norrman, Anglois, est le premier qui ait découvert la déclinaison de l’aimant. Elle est inégale & incertaine, jusques-là qu’elle varie dans le même Méridien ou Parallèle. La déclinaison de l’aimant se fait différemment en différens endroits de la terre ; c’est à-dire, qu’il décline plus dans un endroit que dans un autre ; qu’en un même endroit il décline tantôt plus, tantôt moins ; tantôt vers l’Est, tantôt vers l’Ouest ; qu’enfin il y a des endroits où cette déclinaison augmente ou diminue tous les ans fort sensiblement, & d’autres où elle ne change qu’insensiblement. Jusqu’ici les raisons de ces déclinaisons si différentes & si inégales ont paru inexplicables. Sur le grand Banc sa déclinaison va jusqu’à 22 degrés & demi. Quand elle est orientale, ou du côté d’Orient, on dit que l’aiguille nordeste. Quand elle est occidentale, on dit qu’elle nordoueste ; & sur la Méditerranée on dit qu’elle grécalise ou qu’elle maëstralise. Elle n’a point de déclinaison à l’île de Corvo, qui est la dernière des Açores. C’est pourquoi l’on y a voulu mettre le premier Méridien. La déclinaison change aussi en différens tems. A Paris, elle étoit orientale de huit degrés en 1610, & de trois degrés en 1640. Il n’y avoit aucune déclinaison en 1666. En 1695, il y avoit 6 degrés 48 minutes au Nordouest. Depuis l’année 1695, la déclinaison a augmenté tous les ans d’environ 11 minut. Nordouest. On a supputé qu’au mois d’Octobre 1697, elle étoit de sept degrés douze minutes Nordouest. En 1699, M. de la Hire la trouva de huit degrés dix minutes. Tout cela s’entend à l’égard de Paris. Voy. Aiguille aimantée & Boussole.

DÉCLINANT, ante. adj. Qui décline. Remittens, declinans. Un mal déclinant, qui est sur sa fin. Un cadran déclinant, qui ne regarde point directement un des points cardinaux de l’Horizon. Un astre déclinant de tant de degrés.

DÉCLINATOIRE, ad. Terme de pratique, qui se joint ordinairement avec fins & exceptions. Fins & exceptions déclinatoires sont des moyens qu’on allègue pour décliner une jurisdiction. Exceptio, præscriptio juris depellens actorem sua petitione. Il faut proposer les exceptions déclinatoires avant que de contester au principal ; car, après avoir reconnu le Juge devant lequel on a été assigné, il n’est plus temps de décliner sa Jurisdiction. Barre déclinatoire, fins déclinatoires. Terme de Palais Voyez Barre.

☞ Il est aussi substantif masculin. Faire signifier un déclinatoire ; demander son renvoi. Le déclinatoire doit être jugé à l’audience sur le champ, ou après un délibéré.

Déclinatoire ou déclinateur. s. m. Terme de géométrie. C’est un instrument inventé pour trouver les déclinaisons d’une muraille, lorsqu’on y veut faire des cadrans au soleil, ou pour quel qu’autre usage que ce soit. Instrumentum Geometricum ad deprehendendas, observandas, intelligendas declinationes. C’est un demi-cercle divisé en deux fois 90 degrés, tant à droite qu’à gauche, à-peu-près en la manière des demi-cercles rapporteurs. On applique sur le centre de ce demi-cercle une petite règle mouvante, sur laquelle on pose un cadran pour prendre les déclinaisons.

DÉCLINER. v. n. ☞ Aller en diminuant, pencher vers sa fin. Inclinare, declinare. Le jour commence à décliner. Inclinat dies, inclinat se sol. La fortune, la maladie, les forces d’un malade déclinent. L’âge décline. Vergit ætas.

Décliner, v. a. Signifie en Grammaire, varier un nom, le faire passer par tous ses cas, soit par le moyen de l’article, comme en François, soit par le changement de terminaison, comme en Latin, Declinare. On dit proverbialement & figurément qu’un homme ne sçait pas décliner son nom, pour dire qu’il est fort ignorant.

On dit familièrement que ceux qui vont faire des visites à des gens dont ils ne sont point connus, sont obligés de décliner leur nom. Il me fâche fort d’aller voir cet homme-là tout seul, il me faudra décliner mon nom.

Ce mot vient du Latin declinare, formé de κλίνειν, ou d’ἐκκλίνειν.

Décliner, en termes de Palais, signifie, Eviter la Jurisdiction d’un Juge, par-devant lequel on est assigné, & demander son renvoi ailleurs. Il est assigné au Parlement mais il a décliné & demandé son renvoi devant son Juge ordinaire. Voyez Renvoi, Committimus.

Décliner, en termes de Gnomonique, est neutre, & se dit des lignes & surfaces qui s’éloignent des points cardinaux du ciel qu’ils regardent le plus. Ainsi on dit qu’un cadran vertical décline de tant de degrés de l’orient, du couchant, &c. quand il s’en manque tant de degrés qu’il ne regarde directement l’orient ou l’occident. On dit aussi que le mur ou la surface sur laquelle il est décrit, décline de pareil nombre de degrés.

En termes de Marine, on dit que l’aiguille de la boussole décline de tant de degrés, quand elle ne se tient pas directement sur la ligne du Midi, ou ne tend pas au point du Nord, mais s’en écarte à droit ou à gauche de pareil nombre de degrés. On dit aussi qu’elle nordoueste, si elle décline du côté du couchant ou de l’ouest, & qu’elle nordeste, si elle décline du côté du levant ou de l’est. On a su long-temps que l’aiman attiroit le fer avant que de savoir qu’une aiguille aimantée se tournoit vers le Nord. Après cette découverte on supposoit que l’aiguille se tournoit directment au Nord, sans jamais décliner. Enfin on a trouvé, par des observations plus exactes, non-seulement qu’elle déclinoit, mais même que cette déclinaison changeoit assez sensiblement tous les ans. Il y a près de cent ans que l’aiguille nordestoit à Paris, c’est-à-dire, déclinoit vers l’Est de sept ou huit degrés ; depuis ce tems, la déclinaison s’est toujours approchée de l’Ouest. En 1703, cette déclinaison étoit de près de neuf degrés vers l’Ouest. Cette déclinaison fait qu’une aiguille aimantée est inutile pour placer un cadran solaire, à moins qu’on ne connoisse de quel côté elle décline, & de combien de degrés. Par exemple, à Paris pour bien placer un cadran en 1702, lorsque l’aiguille nordouestoit de huit degrés cinquante minutes, il falloit que le nord de l’aiguille répondît non pas à la ligne du midi, mais à celle de 11 heures 13 minutes. Voyez ci-dessus déclinaison.

En termes d’Astronomie, on dit que le Soleil ou quelque autre astre décline quand il s’éloigne de l’équateur, soit en-deçà, soit au delà, lorsque par son mouvement journalier il décrit un cercle parallèle à l’équateur.

☞ DÉCLINÉ, ée. part.

DÉCLIQUER. v. n. Vieux mot. Caqueter, dégoiser. Il a signifié aussi Réciter.

☞ DÉCLIQUETER. Terme d’horlogerie, c’est dégager le cliquet des dents de son rochet.

DÉCLIVE, adj. m. & f. Declivis. Ce qui est en pente, ce qui forme un plan incliné dont la ligne est entre la ligne perpendiculaire & la ligne horisontale. Ce mot n’est pas en usage, & devroit y être pour exprimer la pente prise en descendant.

DÉCLIVITÉ. s. f. Situation d’une chose qui est en pente ; pente d’une ligne ou d’un plan incliné, prise en descendant : terme nécessaire pour distinguer la pente prise en montant, acclivitas, de la pente prise en descendant, declivitas. Le mot clivus renferme les deux. Les parties supérieures de l’eau d’une rivière, & éloignée des bords, peuvent couler par la seule cause de la déclivité. Fontenelle. Mais les parties inférieures qui frottent contre le fond, ne seroient pas suffisamment mues par une si petite déclivité. Id. Clivus. Pente.

DÉCLORRE. v. a. Oser la clôture. Déclorre son champ, son jardin. Il se dit peu, & ne se dit que des lieux qui sont ordinairement clos. Recludere.

Déclos, ose. part. Qui n’est pas clos, ou dont partie de la clôture est tombée. Ce jardin est déclos en deux endroits.

DÉCLOUER. v. a. Oter les clous qui attachent quelque chose. Détacher quelque chose en arrachant les clous qui l’attachent. Refigere. Il faut déclouer les pentures de cette porte pour les attacher ailleurs. On le dit aussi des clous qui se détachent eux-mêmes. Solvi. Cela s’est décloué, il y faut mettre de nouveaux clous.

Décloué, ée. part. Refixus.

DÉCOCHEMENT. s. m. Action par laquelle on tire une flèche. Emissio.

DÉCOCHER, v. a. Tirer, lancer une flèche, un coup d’arbalète, & de tout autre arme de trait. Emittere, vibrare. Jupiter décocha sa foudre contre les Géants. On décocha contre lui une flèche de deux coudées. Vaug.

Décocher, se dit aussi de l’oiseau de proie lorsque du haut d’un arbre, ou d’un rocher, il part comme un trait pour venir fondre sur le gibier. Ab alto devolare cum impetu.

☞ On dit figurément ou poëtiquement décocher les traits de sa colère, de sa vengeance contre quelqu’un. Il décocha tous les traits de sa colère. Ce satyrique a décoché un trait fort piquant contre lui. Il se dit aussi des choses que l’on donne avec excès & d’une manière fatigante. Cet homme est civil jusqu’à l’excès, à chaque porte il vous décoche un compliment. S. Evr. Ici il est familier.

Décoché, ée. part.

DÉCOCTION. s. f. Breuvage médicinal, fait d’une ou de plusieurs plantes ou autres drogues que l’on fait bouillir ensemble pour en tirer le jus. Decoctum, decoctura. Les potions, les teintures, les apozèmes, &c. sont des décoctions.

☞ On appelle aussi décoction, l’eau dans laquelle on fait bouillir les herbes, les racines, les fleurs, &c. pour servir à divers usages. Faire infuser du senné dans une décoction de chicorée : faire une décoction pour un lavement.

DÉCOËFFER ou DÉCOIFFER, v. a. Oter la coëffure. Une femme de chambre décoëffe sa maîtresse. Capitis tegmen tollere. Cette femme est décoëffée, elle ne veut parler à personne.

Décoëffer signifie souvent déranger la coëffure, mettre les cheveux en désordre. Perturbare capillos mulieris. Le vent l’a toute décoëffée.

☞ On dit, en parlant de deux femmes qui se prennent aux cheveux en se querellant, qu’elles se sont décoëffées l’une l’autre.

☞ On a dit autrefois, en parlant des hommes, se décoëffer, pour dire ôter son chapeau pour saluer.

Se Décoëffer ou décoiffer. Outre le sens propre qui signifie, ôter sa coëffe ou sa coëffure, ôter son chapeau, il se dit figurément pour, Se détacher de quelqu’un, se défaire de la passion qu’on avoit pour lui, des liaisons qu’on avoit avec lui. Abjicere, nuncium remittere. Se décoëffer de quelqu’un, se déprendre. Il est du style familier.

Je ne m’en peux décoëffer,
Je pense que c’est un enfer,
Dont jamais je ne sortirai. Marot.

On dit aussi en débauche, Décoëffer les bouteilles, pour dire, les boire, les vider. Lagenam exsiccare. Proprement décoëffer une bouteille, c’est en ôter le bouchon & la filasse qui l’enveloppe. Resignare.

Décoëffer. Terme d’Artificier, qui signifie, ôter le couvercle qu’on avoit mis sur l’amorce d’un artifice, pour empêcher que le feu ne s’y introduisît trop tôt.

Décoëffé, éer. part.

DÉCOIGNOIR. s. m. Terme d’imprimerie. C’est une pièce de bois faite en forme de coin, qui sert à serrer & desserrer les formes. Cuneus.

DÉCOLLATION. s. f. Action par laquelle on coupe la tête. Ce mot n’est guère en usage que pour exprimer le martyre de St Jean-Baptiste.

☞ On le dit même plus souvent de la fête qu’on célèbre en mémoire de son martyre que du martyre même. Dies sacra quâ capitis B. Joannis-Baptistæ aliscissi memoria recolitur.

☞ On le dit de même des tableaux dans lesquels la tête de S. Jean- Baptiste est représentée séparée du tronc. Tabelli amputatum B. Joannis-Baptistæ caput exhibens, repræsentans.

DÉCOLLEMENT. s. m. Action par laquelle on décolle, ou une chose collée se détache. Reglutinatio. La menuiserie de placage a cela d’incommode, qu’elle est sujette au décollement.

Décollement. Terme de Charpenterie. Entaille pratiquée du côté de l’épaulement, pour dérober la mortoise. Ainsi faire un décollement, un tenon, c’est en couper une partie du côté de l’épaulement, afin qu’étant moins large on ne voie pas la mortoise ; cette mortoise demeurant cachée par l’endroit où l’on a fait le décollement. Tenuatio cardinum a lateribus.

DÉCOLLER, v. a. Couper la tête à quelqu’un par autorité de Justice. Caput amputare, abscindere. On décolle les Gentilshommes qui ont fait des crimes capitaux. Il n’est pas si usité que couper la tête, ou couper le cou.

Mon pere à l’injustice autrefois immolé,
Quoique innocent fut décollé,
Disoit l’autre jour à Lycante,
Ergaste dont le pere avoit été pendu.
Lycante, après l’avoir de sang froid entendu,
Lui répondit, la corde étoit donc bien tranchante. Le Brun.

Décoller, en termes de Jardinage, se dit d’un arbre dont la tige a été séparée du pied à l’endroit où la greffe étoit appliquée, soit par une altération que la sève y auroit causée, en ne trouvant plus de dispositions à monter du sujet dans cette greffe, soit par quelque autre accident. Les Jardiniers disent, cet arbre est décollé. Cette greffe se décolle, c’est-à-dire, se sépare de son sujet. Le vent a décollé toutes les greffes qui avoient poussé avec force, ainsi que les bourgeons des arbres étêtés.

DÉCOLLER, v. a. se dit encore de l’amputation que l’on fait d’une certaine portion d’un tuyau dont on fait une plume à écrire. On taille la pointe de la plume, suivant qu’elle le doit être ; on coupe le petit bout, & ensuite on la décolle, afin que la quantité d’encre que l’on prend soit visible, & qu’on n’y en laisse qu’autant qu’il en faut pour qu’elle ne tombe pas sur le papier.

Ce mot, en ce sens, vient de la préposition de, qui, dans la composition, signifie division, séparation ; & collum, le cou.

Décoller, signifie aussi séparer une chose collée. Deglunitare, reglunitare. L’humidité décolle les images qui sont collées contre les murailles. La menuiserie de placage se décolle à l’humidité & à la chaleur, quand on y approche du feu.

Décoller. Terme de Billard. Il a deux sens : 1o. Il se dit de la bille lorsqu’elle se détache de la bande, qu’elle s’en éloigne. On décolle une bille en la frappant d’une autre. 2o. Il signifie s’éloigner par-dehors de la bande du billard. Les joueurs disent souvent à ceux qui les voient jouer, de décoller, c’est-à-dire, de leur laisser le tour du billard libre. Décollez le billard.

Décollé, ée. part.

Ce mot, au second sens, vient du grec κόλλα, selon Nicod. On a dit aussi en Latin decollatio. Ménage.

☞ DÉCOLLETER, v. a. Découvrir la gorge. Nudare. Il y a des femmes qui aiment à se décolleter.

DÉCOLLETÉ, ée. part. Qui a la gorge ou la poitrine trop découverte. La modestie ne permet pas aux femmes d’être décolletées. Ah ! il y avoit là une immodeste Sabine, décolletée, qui… si ces nudités-là sont scandaleuses pour la jeunesse. Regnard. Retour imprévû, Sc. 17. à la fin.

DÉCOLLEUR. s. m. Nom en usage sur les vaisseaux qui vont à la pêche des morues, pour signifier celui des Matelots dont l’emploi est de couper la tête des morues aussi tôt qu’elles ont été pêchées.

DÉCOLORER, v. a. Faire perdre de la couleur. Decolorare, Colorem alicujus rei eluere, diluere. L’Epouse dit dans le Cantique : Ne prenez pas garde à mon teint ; le soleil m’a décolorée, m’a fait perdre de ma blancheur.

Décoloré, ée. part. Decoloratus, decolor. Qui a perdu sa couleur. Fruit décoloré ; lèvres décolorées ; fleurs décolorées.

DÉCOMBRES. s. m. pl. Pierres, plâtras, gravois qui demeurent après qu’on a fait ou démoli un bâtiment, ou après qu’on a fouillé des terres. On le dit particulièrement des moindres matériaux de la démolition d’un bâtiment, pierres, plâtras, recoupes, &c. qui ne sont de nulle valeur. Rudera. On se sert des décombres pour combler, ou élever un terrein, ou pour affermir les aires des chemins. La police ordonne de les enlever sur le champ pour ne point embarrasser les rues.

☞ On appelle aussi Décombres & vidanges d’un attelier, tous les copeaux & petits bouts de bois qui proviennent de la coupe & du travail des bois.

Décombres signifie aussi ce qu’on tire de dessus une carrière pour trouver la bonne pierre ; & ç’a été la première signification de ce mot.

Du Cange dit que le mot de combri a été premièrement dit des bois & des arbres coupés dans les forêts, qui ferment le passage des chemins ; & qu’ensuite on a appelé combres le bois du faîtage d’un toît : & on a appelé premièrement décombres le vieux bois d’un toît démoli ; ce qui s’est étendu depuis aux autres matériaux des démolitions.

DÉCOMBRER. v. a. Oter les décombres, les ordures, & les autres embaras qui bouchent quelque canal, ou qui occupent quelque terrain. Purgare, vacuare rudera, asportare, truderare. Il faut décombrer cet égoût, cet évier, ce tuyau, ce soupirail qui sont bouchés. On n’a pas encore décombré la cour de ce bâtiment ; on n’en a pas ôté les décombres.

Décombrer. v. a. Vieux mot que Nicod dit être composé de Dès & combrer, pour signifier, mettre à délivrance une chose où empêchement a été donné ; comme si l’on disoit, Oter le combre ou encombre, ou empêchement.

Décombré, ée. part.

☞ DÉCOMPOSER, v. a. Terme de Chimie. Réduire un corps à ses principes : séparer les parties dont il est composé. Resolvere, dissolvere. C’est la même chose qu’analyser. voyez{ ce mot. La Chimie enseigne à décomposer les corps naturels par le moyen du feu, & à les réduire en leurs plus petites parties.

Décomposer, en méchanique. Décomposer le mouvement d’un corps, décomposer les forces. C’est changer un mouvement en deux ou plusieurs autres, dont on peut supposer qu’il est formé. Quand une puissance ne peut exercer toute sa force à cause d’un obstacle qui l’arrête en partie, il faut la décomposer en deux autres, dont l’une soit entièrement anéantie par l’obstacle, & dont l’autre ne soit nullement arrêtée par l’obstacle. Quand plusieurs puissances se nuisent en partie, il faut les décomposer en deux ou plusieurs autres puissances, dont les unes se détruisent tout-à-fait, & les autres ne se nuisent nullement.

Décomposer se dit encore dans plusieurs parties des mathématiques, lorsqu’il est question de diviser un tout en plusieurs parties. On décompose un polygone en triangles, pour en trouver la surface : une équation en plusieurs membres, pour la résoudre, &c. Lorsque les parties sont inconnues, & que la grandeur entiere est inconnue, alors on décompose, s’il m’est permis de me servir de ce terme, c’est-à-dire, qu’on résout en ses parties la grandeur proposée, qu’on examine. P. Lamy.

Décomposer se dit aussi en médecine, en parlant des humeurs du corps humain composées de molécules dont les parties intégrantes se séparent les unes des autres, & se résolvent en un fluide plus atténué. Ainsi la fièvre décompose le sang, le dissout.

☞ On l’emploie aussi avec le pronom personnel. Tous les corps se décomposent, se résolvent dans les principes donc ils sont composés.

Le plus fort de ces grands maîtres
Se sert de tout son esprit,
A soutenir que des êtres
La seule forme périt ;
Que le corps se décompose,
Qu’il se fait de chaque chose
Des arrangemens divers,
Et que toujours la matière,
Infinie, active, entière,
Circule dans l’Univers. Des-Houl.

Décomposer. On peut transporter ce mot aux choses spirituelles, pourvû qu’on le fasse sobrement. Décomposer une idée, décomposer un raisonnement ou un discours ; c’est ce que l’on dit plus communément en faire l’analyse. Voyez ce mot.

Décomposé, ée. part.

DÉCOMPOSITION. s. f. Terme de Pharmacie & de Chimie. Analysis. C’est la même chose qu’analyses ou dissolution ; mais une dissolution qui ne fasse pas simplement changer de nature aux corps qui sont dissous, mais qui fasse trouver les principes chimiques qu’ils renferment. L’arrangement des parties dans les corps doux ne paroît pas seulement par leur analyse, ou leur décomposition, mais encore par leur composition. Lemery. Quelquefois décomposition se prend pour toute sorte de dissolution & de séparation de parties. La décomposition est proprement le métier de l’Artiste, pour purifier la matière de ses hétérogénéités. La tradition fondée sur des expériences réitérées est une voie beaucoup plus sûre pour nous convaincre des propriétés d’une plante, que son analyse chimique, & la décomposition de ses principes. Faire analyser des matières, afin que par leur décomposition on mette en évidence ce qu’elles ont de particulier. Homberg. Acad. des Sc. 1703. Mem. p. 31.

Décomposition d’un mouvement, des forces. Voy. Décomposer en Méchanique.

Décomposition du sang, des humeurs. Voy. Décomposer en Médecine. Resolutio, dissolutio.

DÉCOMPÔTER. v. a. Terme de coutume. Changer le compôt d’une terre, ou l’ordre des années auxquelles elle doit travailler ou se reposer. Agri sationes immutare, annos sationis immutare. il est défendu aux Fermiers de décompôter les terres, c’est à-dire, de faire travailler celles qui doivent être en friche.

DÉCOMPT. s. m. Terme de Coutumes, qui veut dire imputation.

DÉCOMPTE. s. m. Somme à déduire & à retenir par ses mains sur une plus grande qu’on paye. Subductio. On le dit particulièrement des soldats & ouvriers, & autres gens à qui l’on a avancé quelque partie de leur solde, ou de leurs journées, ou à qui l’on retient quelque chose pour leurs habits & leurs autres nécessités. Faire le décompte aux soldats, c’est supputer l’argent retenu ou avancé sur la solde, pour payer le surplus, c’est payer en retenant ce qu’on a avancé.

DÉCOMPTE, signifie aussi la taxe, le déchet qu’on trouve sur une somme. Imminutio, subductio. Je croyois qu’il y avoit mille francs dans ce sac, mais il y a dix écus de décompte.

On dit figurément qu’on trouvera du décompte dans une affaire, pour dire, qu’elle ne sera pas aussi avantageuse qu’on l’espère.

DÉCOMPTER. v. a. Déduire, rabattre ce qu’on a avancé sur quelque somme due. Subducere.

Décompter, signifie au figuré, rabattre de la bonne opinion qu’on avoit de quelque chose, de la grande espérance qu’on avoit de quelque entreprise, alors il s’emploie absolument. Imminuere, minuere. On m’avoit donné une grande opinion de cet Ouvrage ; mais après sa lecture j’ai trouvé qu’il y avoit beaucoup à décompter. Il espéroit s’enrichir dans cette entreprise, mais il y a bien à décompter.

Décompté, ée. part. Subductus, imminutus. Une somme décomptée.

DÉCONCERT. s. m. Défaut d’intelligence, d’accord. Pour conserver la paix dans le mariage, il faut que les deux esprits soient d’accord, & le déconcert de l’un ou de l’autre suffit pour en troubler l’harmonie. Ecole du Monde.

☞ On ne trouve point ce mot dans les bons Ecrivains, & celui qu’on vient de citer n’est pas d’un auteur qui soit d’un grand poids.

DÉCONCERTER v. a. Interrompre, troubler un concert. Interrumpere, perturbare. Il y avoit deux Musiciens ivres qui déconcertèrent tous les autres. Il ne faut qu’une voix discordante pour déconcerter toutes les autres.

Déconcerter, se dit au figuré pour ruiner les desseins, rompre les mesures prises par quelqu’un. Consilia frangere, confringere. La perte de cette bataille déconcerta tout le parti ennemi. Cette alliance déconcerta les desseins de Mahomet. Bouh. Ils ne connoissoient ni cette valeur sage que la raison éclaire, ni cette égalité d’ame qu’aucun événement ne déconcerte. De la Motte. Il n’étoit éloigné de son armée que de quarante lieues, lorsqu’il apprit que son entreprise alloit être déconcertée par la terreur qui s’étoit répandus parmi les siens. P. Catrou.

Déconcerter, se dit aussi à l’égard des personnes qu’on rend muettes, auxquelles on fait perdre contenance. Perturbare. Déconcerter quelqu’un par des paroles, le démonter. Differre aliquem dictis. Cet Avocat fut tout déconcerté, quand on lui fit voir clairement qu’il alléguoit faux. La cabale fut fort déconcertée, lorsqu’elle se vit convaincue de calomnie. S. Evr. On y joint aussi le pronom personnel. Se déconcerter, Desciscere a se ipso. Elle a un maintien sérieux, mais naturel qui ne se déconcerte point. Id.

Déconcerté, ée. part. J’étois tremblant, interdit & déconcerté par la seule pensée qu’il s’agissoit d’un mariage. Perturbatus.

DÉCONFÈS. Vieux mot qui signifie intestat, ou qui n’a point fait de testament. Intestatus.

Ce mot déconfès dans son origine veut dire, qui ne s’est point confessé, & dans l’usage il veut dire, qui n’a point fait de testament. On trouve dans la Charte des privilèges de la Rochelle de l’an 1227. ces mots, sive testatus, sive intestatus, expliqués par ceux-ci, id est, sive confessus, sive non. La raison pourquoi l’on appeloit déconfès celui qui n’avoit point fait de testament, est qu’autrefois c’étoit la coutume que ceux qui étoient en danger de mort fissent un don à l’Eglise ; & s’ils y manquoient, on leur refusoit les Sacremens & la sépulture en terre sainte ; d’où l’on a appelé déconfès, c’est-à-dire, non confessé, celui qui n’avoit point fait de don à l’Eglise par testament. Cet usage est aboli. Voyez M. Du Cange sur le Chap. 87. des Etablissemens de France, & son Glossaire sur le mot Intestatus ; Fleta, L. II. ch. 57. §. 10. Cironius sur les Testamens, &c.

DÉCONFIRE. Vieux mot. Tailler en pièces les ennemis. Hostes fundere, prosternere, profligare. Charles Martel fut assez heureux pour déconfire 375000 Sarrasins sans perdre que 1500 hommes. La Fontaine a dit à feu M. de Vendôme :

Qui n’aimeroit un Mars plein de bonté ?
En telles gens ce n’est pas qualité
Trop ordinaire ; ils savent déconfire,
Briller, raser, exterminer, détruire,
Mais qu’on m’en montre un qui sache Marot ?

Déconfire, se dit figurément, & par plaisanterie pour réduire quelqu’un à ne savoir plus que dire, que faire, ni quelle contenance tenir. Sternere, perturbare, elinguem reddere. Ce pauvre répondant fut déconfit quand on lui présenta sa signature.

Déconfit, ite. part. Perturbatus, victus, stratus, profligatus. Ces mots vieillissent, & ne peuvent plus entrer que dans le comique.

DÉCONFITURE. s. f. Déroute générale d’une armée. Clades, strages. Quand les premiers bataillons furent rompus, on vit une déconfiture générale des troupes qui prirent la fuite. Ce mot a vieilli. Il vient de l’Italien sconfitta.

Déconfiture, terme de Jurisprudence, signifie l’insolvabilité d’un débiteur, dont les biens sont saisis & qui a plusieurs créanciers, qu’il n’est pas en état de satisfaire, après discussion faite de tous ses biens. Ferr. Il faut donc pour qu’un homme soit déconfit & insolvable, que tous ses biens tant meubles qu’immeubles aient été saisis & vendus publiquement, eu égard à la qualité de ses biens & dettes par lui dues à ses créanciers saisissans & opposans.

☞ En cas de déconfiture, l’usage est que les meubles sont en premier lieu contribués, en sorte que les créanciers hypothécaires y prennent d’abord à proportion de leurs créances par concurrence avec les créanciers chirographaires, & viennent ensuite sur les immeubles par ordre de leurs hypothèques.

☞ Si les créanciers étoient colloqués en premier lieu sur le prix des immeubles, cela seroit bien différent, puisqu’ils toucheroient moins dans la contribution des meubles, sur lesquels ils ont autant de droit que les créanciers chirographaires.

☞ Les créanciers chirographaires & hypothécaires qui ne peuvent pas être payés, viennent à contribution au sol la livre.

☞ A l’égard des créanciers chirographaires qui sont privilégiés, ils ne viennent point à contribution, & n’ont qu’à se servir de leur privilège.

Déconfiture, dit Loisel dans ses Institutes est quand le débiteur fait rupture & faillite, ou qu’il y a apparence que ses biens, tant meubles, qu’immeubles, ne suffiront pas au payement de ses dettes. Selon la Coutume de Paris, art. 180. le cas de la déconfiture est quand les biens du débiteur tant meubles qu’immeubles, ne suffisent pas aux créanciers apparens. Inopiæ creditoribus denunciatio, bonorum creditoribus cessio. La perte de deux vaisseaux a causé la déconfiture de ce marchand. En quelques endroits on dit rompture pour déconfiture.

Déconfiture, se dit encore figurément en style burlesque de tout accident fâcheux, imprévu, qui rompt nos mesures, qui fait du chagrin.

Vous en parlez fort à votre aise,
Habitans de ce beau canton :
Mais il vous faut, ne vous déplaise,
Adoucir un peu votre ton,
Et plaindre la déconfiture,
Qui contre tout droit & raison,
Prêts à monter dans la voiture,
Nous fit rentrer dans la maison. P. Du Cerc.

Il parle d’une goutte qui survint à quelqu’un, & qui empêcha une promenade, un voyage de plaisir.

DÉCONFORT. s. m. Abattement d’esprit, découragement d’une personne qui se voit sans secours. Infractio animi. Il est vieux, & ne peut entrer que dans le burlesque.

DÉCONFORTER, v. a. Décourager, abattre l’esprit par quelque affliction. Affligere, infringere alicujus animum, debilitare. Ce revers de fortune, cette perte l’a tout déconforté.

On y joint aussi le pronom personnel, se déconforter, s’attrister demesurément. Gravissimè lugere, mœrore se conficere. Cette femme se déconforte voyant son mari à l’agonie. Un ami qui se déconforte. Voit. Ce mot a vieilli.

Déconforté, ée. part. Afflictus, infractus animo.

DÉCONSEILLER. Conseiller à quelqu’un de ne pas faire une chose, le détourner de la faire par ses raisons. Dissuadere alicui quidpiam. Tous les amis ont eu beau lui déconseiller le voyage d’Orient, il y a voulu aller, & il y est mort. Le succès de cette affaire est si incertain, que je ne vous conseille ni ne déconseille de l’entreprendre. Il le vouloit obliger à déconseiller lui-même ce qu’il venoit de commander de la part du Roi. Ablanc.

DÉCONTENANCER, v. a. Faire perdre contenance à quelqu’un. Perturbare. Avec le prénom personnel, se décontenancer, perdre contenance. Dans la chaleur, dans la dispute, il lui a fait des reproches, des objections si fortes, qu’elles l’ont décontenancé. Les jeunes gens qui entrent nouvellement dans le monde, se décontenancent aisément.

Décontenancé, ée. part. Qui a perdu contenance, ou qui de soi-même n’en a point. Ce jeune homme est décontenancé en compagnie. Voy. Contenance.

DÉCONVENUE, s. f. Vieux mot qui signifioit malheur, mauvaise aventure. Il lui a conté sa déconvenue. Infelicitas, calamitas, infortunium. Le Cavalier en désordre sortit en déroute, croyant être ensorcelé, & ce qui vous patoîtra plaisant, c’est qu’il mouroit d’envie de me conter sa déconvenue. Madame de Sév. Ce mot est encore bon dans le style badin.

DÉCORATEUR. s. m. Homme expérimenté dans le dessein, la Peinture, l’Architecture, la Sculpture, la Perspective, qui invente, ou qui exécute, & dispose des ouvrages d’architecture peinte, comme pour les arcs de triomphe, les fêtes publiques, les décorations pour les balets, Comédies, Canonisations, les Pompes funèbres & autres spectacles. Scenæ instructor. Décorateur de l’Opéra, de la Comédie.

DÉCORATION. s. f. Ornement dans les Eglises & autres lieux publics : ce qui décore un bâtiment, un arc de triomphe, &c. au dehors, au dedans. On le dit principalement des ornemens d’Architecture, de Peinture, de Sculpture. Scenæ apparatio, exornatio, apparatus, choragium. Les ordres d’Architecture contribuent beaucoup à la décoration ; mais il faut que les parties que ces ordres renferment, aient les proportions & les ornemens convenables, sans quoi l’ordre le mieux exécuté apporteroit de la confusion plutôt que de la richesse. Fel. Les Echevins doivent appliquer leurs soins à la décoration de la ville.

On le dit pareillement de la scène des théâtres. Les Opéra, les pièces de machines, doivent changer plusieurs fois de décorations, conformément au sujet. Les Anciens avoient de deux sortes de décorations pour leurs théâtres ; l’une s’appeloit versatilis, tournante ; elle avoit trois faces, qu’on présentoit suivant le besoin les unes après les autres ; l’autre s’appeloit ductilis, coulante ; elle consistoit à faire paroître une nouvelle décoration en tirant ou faisant couler celle qui étoit devant. Cette sorte de décoration de théâtre est en usage aujourd’hui, & apparemment avec plus de succès que chez les Anciens qui étoient obligés de tirer un rideau quand ils faisoient quelque changement de décoration, au lieu que chez nous le changement se fait en un moment, & presque sans qu’on s’en apperçoive.

On appelle décoration de jardin, l’ordonnance de toutes les pièces qui composent la variété d’un Jardin, & en rendent l’aspect agréable.

☞ On peut encore appeler décoration, les ornemens qui contribuent à embellir un jardin, les figures, les vases, les canaux, les cascades, les treillages, &c. Enfin les changemens de scènes occasionnés par les différentes fleurs des trois saisons, du printemps, de l’été & de l’automne appartiennent encore à la décoration des jardins.

Décoration, se dit aussi dans un sens un peu figuré. Apparatus. La dévotion est une bienséance de la vieillesse, ou de la mauvaise fortune, c’est un changement de décoration & de théâtre. De Vill.

Il se dit aussi, par rapport aux personnes, des marques d’honneur & de dignité. Le Roi avant que de l’envoyer en Ambassade, l’a fait Chevalier de l’Ordre, pour lui donner une décoration.

DÉCORDER. v. a. Détortiller une corde, séparer les cordons qui la composent. Funem retexere. On a décordé ce cable.

Décorder les moules, terme de Perruquier. C’est lorsque les cheveux ont été suffisamment cuits dans le four, ôter les ficelles qu’on avoit mises sur les moules pour assujettir les cheveux, & les empêcher de se défriser. Encyc.

Décordé, ée. part. pass. & adj. Retextus.

DÉCORE. s. f. Vieux mot. Illustration, décoration, gloire, honneur. Decus, honor, gloria.

DÉCORER. v. a. Orner. Décorer une ville, un théâtre. Exornare. On le dit pareillement des théâtres, des places & autres lieux publics. On le disoit autrefois des personnes. Cette Dame étoit décorée de toutes sortes de vertus. En ce dernier sens il est hors d’usage.

On le dit encore des personnes en parlant des Titres, des Dignités qu’on leur confère pour les honorer. La Pairie décore bien une maison. Le cordon bleu décore bien un Gentilhomme, Acad. Fr.

Décoré, ée. part.

DÉCORIR. v. n. Vieux mot. Couler. On dit aussi décorer dans le même sens.

DÉCORTICATION. s. f. Terme de pharmacie. C’est l’action d’ôter l’écorce ou la peau d’une racine, d’un fruit, d’une sémence, ou de telle autre chose semblable. Decorticatio. Dict. de James.

☞ DÉCORUM. s. m. Terme latin dans son origine, mais depuis si long-temps naturalisé en France, que nous ne devons plus le regarder comme étranger. C’est une qualité du beau qui paroît en être, surtout dans les mœurs, le charme le plus frappant, c’est-à-dire, la décence qui doit y régner, la convenance, l’accord, l’harmonie, le juste assortiment de tous les traits qui le composent, par rapport aux circonstances des temps, des lieux, des personnes. Ainsi il embrasse toute la vie humaine, toutes les conditions, tous les états, tous les âges, tout ce qui nous convient actuellement, & tout ce qui peut nous convenir dans toutes les autres situations où nous nous trouvons placés.

☞ On confond ordinairement ce qu’on appelle décorum dans les mœurs, avec ce qu’on appelle honnête. Ciceron lui-même avoue que la distinction en est subtile, qu’elle se trouve plutôt dans la pensée que dans la chose même. Decorum cogitatione magis a virtute potest quàm re separari. Mais en approfondissant un peu ces deux idées, on y apperçoit des différences, qui, pour être délicates, n’en sont pas moins réelles.

☞ Nous entendons par l’honnête en morale, une parole ou une action qui est de sa nature conforme à la raison ou à la loi naturelle.

☞ Nous entendons par décorum la convenance de cette parole ou de cette action, à la personne, au temps, au lieu, à toutes les circonstances qui l’accompagnent.

☞ Ainsi par honnête nous entendons proprement quelque chose d’absolu. C’est la substance du beau dans les mœurs, laquelle est toujours la même pour toute sorte de personnes.

☞ Nous entendons au contraire par décorum quelque chose de relatif. C’est un assemblage de bienséances, d’attentions ou d’égards, qui se peuvent diversifier à l’infini, selon les différens rapports que nous pouvons avoir dans la société les uns avec les autres.

☞ Pour nous former de ces deux objets des idées encore plus distinctes, dit le P. André, ou du moins plus sensibles, on peut dire que l’honnête est dans la conduite, comme le dessein dans le tableau ; & le décorum, comme la distribution convenable des couleurs : que l’honnête est dans les mœurs, comme la beauté des tons dans la Musique, & le décorum, comme les accords bien assortis d’une pièce musicale : que l’honnête est dans une action, comme le vrai des pensées dans un discours ; & le décorum, comme la justesse ou l’élégance de l’expression : enfin, que l’honnête est comme le fond ou la matière du beau moral ; & le décorum, comme la forme ou la façon qu’on lui donne pour paroître avec toutes les grâces qui lui conviennent.

☞ Quand on parle ici de bienséances, on n’entend pas ces bienséances arbitraires, dont chaque peuple s’est formé un cérémonial à sa mode, mais ces bienséances essentielles commandées à tous les hommes par la voix de la nature, & dont l’exacte observation fait le plus beau spectacle de la société. Elles donnent de la grâce aux vertus les plus austères : elles rendent vertueuses les actions les plus indifférentes : elles couvrent même en patrie l’horreur des plus vicieuses, en y conservant jusque dans le vice un air de respect pour la vertu. C’est l’application constante à les bien observer dans sa conduite qui fait proprement ce qu’on appelle un honnête homme : c’est au contraire l’ignorance ou le mépris des égards qu’elles nous prescrivent qui nous fait donner un nom bien différent. Nous sommes dans le monde comme sur un théâtre, où le décorum est toujours la première des règles ; & quelque personnage que nous y fassions, celle donc les Spectateurs nous pardonnent moins le violement.

DÉCOUCHER, v. n. Coucher hors de la maison, ou hors de l’endroit où l’on couche ordinairement. Domesticum cubile derelinquere, foris cubare. Un domestique ne découche point sans la permission de son Maître. Il y a trois jours que ce jeune homme découche.

☞ Quand on dit qu’un homme ne découche pas d’avec sa femme, on entend qu’il couche toujours dans le même lit qu’elle.

☞ On dit activement découcher quelqu’un, être cause qu’il quitte son lit. On ne doit point découcher le Maître de sa maison. Il s’est découché pour moi.

Découché, ée. Lecto depulsus.

DÉCOUDRE. v. a. Je décous, tu décous, il découd, nous décousons. Je décousis, j’ai décousu, je découdrai, que je découse, que je décousisse, je découdrois, décousant. Désassembler ce qui étoit joint par une couture. Dissuere. Découdre un habit, une doublure, une jupe. Il vaut mieux découdre que déchirer. Dissuere magis decet quàm discindere.

☞ On le dit figurément en parlant des plaies qui se font en long avec un instrument tranchant. Il lui a décousu le ventre d’un coup de sabre. Diffindere, discindere.

☞ De même, en termes de chasse, on le dit des plaies que font les sangliers en déchirant le ventre des chiens avec leurs défenses. Ce sanglier d’un coup de défense a décousu le ventre à un de nos chiens.

☞ Dans une signification neutre, on dit en découdre dans le style figuré & proverbial, en parlant de gens qui se disputent à quelque combat que ce soit, au jeu, à un procès, à une dispute ou contestation, à tout exercice qui a l’air de combat. Voilà des cartes, un trictrac, des fleurets, &c. nous allons en découdre. Voulez-vous que nous en décousions ? Vous n’entendez à aucun accommodement, vous voulez plaider : eh bien, il en faudra découdre.

☞ Se découdre, se dit des choses dont la couture manque, vient à se défaire. Cette doublure s’est décousue, commence à se découdre.

☞ Au figuré, mais dans le style familier seulement, on dit que (qs affaires se décousent, quand elles vont mal. Malè se habere.

☞ On dit, de deux amis qui se refroidissent l’un pour l’autre, que leur amitié commence à se découdre. Dissuitur, dirumpitur, dissolvitur amicitia. Ac. Fr.

Découdre, se dit figurément. Interrompre la suite d’une affaire, la prospérité d’une fortune. Disturbare, evertere, labefactare. On a fait trois banqueroutes a ce Marchand, ses affaires commencent à se découdre. Cette famille commence à se découdre, il en est mort deux ou trois des meilleures têtes.

Découdre, en termes de marine, c’est détacher quelque pièce du bordage pour découvrir ce qui est défectueux sous ces pièces. Solvere, dissolvere.

Décousu, ue. part. Il a les significations du verbe. Dissutus. On dit qu’un homme est fort décousu, quand il est mal vêtu & déchiré.

On dit figurément, que les affaires d’une maison, d’un Etat, sont décousues, lorsqu’elles vont mal, qu’elles sont en désordre, accisus, inclinatus. On le dit aussi de tout ce qui est mal assorti, mal joint. Dissutus, assutus, malè dissutus. Son discours n’étoit rempli que de raisonnemens hors d’œuvre, & de lambeaux décousus. S. Evr. Un style décousu, sans liaison.

DÉCOULANT, ante, qui découle. Ce mot n’est en usage que dans cette phrase de l’Ecriture Sainte ; la terre de promission étoit une terre découlante de lait & de miel.

DÉCOULEMENT. s. m. Mouvement d’une chose liquide qui coule lentement, goutte à goutte selon sa pente naturelle. Fluxio, fluxus. Le découlement des eaux d’une goûtière, le découlement des humeurs, de la pituite. Il n’est guère d’usage ailleurs.

DÉCOULER. v. n. Couler lentement, goutte à goûte & de suite. Fluere. Il s’est fait une légère blessure, & il en découle quelques gouttes de sang. Dans les chaleurs l’eau découle par les pores. Les cristaux, les minéraux, se forment des sucs qui découlent par les veines de la terre. Cette huile de parfum descendit sur toute la barbe, & découla jusque sur le bord de l’habit. Port. R.

Ce mot vient de descolare, qui se trouve au même sens dans la basse Latinité. Voy. Acta Sanct. April. T. 2. p. 831. A & E, où le P. Pabebroch dit que l’on trouve aussi scolare. Je croirois plutôt que descolare se seroit fait de colare, qui signifie filtrer, passer une liqueur au travers de quelque chose, & de la préposition de, ou des ; les choses que l’on filtre tombent goutte à goutte.

Découler, se dit aussi figurément en choses spirituelles & morales. C’est de la miséricorde infinie de Dieu que découlent toutes les graces que nous recevons. Les Manichéens ne pouvoient convenir que les biens & les maux découlassent d’un même principe. S. Evr. Dieu fait découler sur nous les grâces en abondance. Port. R.

DÉCOULOURER. Ancien v. n. Changer, altérer sa couleur. Decolorari, decolorfieri.

☞ DÉCOUPER, v. a. Couper en plusieurs pièces ou parties. Concidere, consecare. Découper une pièce d’étoffe, la séparer en plusieurs morceaux.

☞ En parlant des viandes rôties, on dit découper un poulet, un chapon, un faisan, &c. les mettre en pièces, en enlever avec le couteau les différens membres, les couper en plusieurs morceaux pour les servir. Savoir découper un chapon, & servir ses convives avec dextérité, fait tout le mérite de bien des gens. En parlant en général des viandes qu’on coupe & qu’on sert, on dit couper à table, savoir couper à table & servir avec grâce.

Découper, se dit encore en parlant des étoffes sur lesquelles on forme différens agrémens. Dans ce sens découper une étoffe, incidere, c’est la couper avec art & symmétrie à petites taillades, soit qu’on enlève la pièce, ou qu’on ne l’enlève pas, ou bien y former différens desseins avec des fers gravés qu’on y applique à chaud. On découpe du drap, du satin, du taffetas, &c. Cette femme a fait découper sa robe.

Découper des cartes à jouer, du papier, &c. c’est les couper de manière, que ce qui en reste représente quelque figure. Incidere.

Découper une estampe, une image, c’est séparer les figures du fond, pour les appliquer sur un autre fond.

Découper, est aussi un terme de Pâtissier ; il signifie faire diverses petites figures avec la pointe d’un couteau sur le couvercle d’une pièce de pâtisserie. Il faut découper le couvercle de ce pâté.

Découper, en jardinage. Voy. plus bas découpé.

Découper, v. n. Terme de Bonneteur. Il se dit lorsque le filou, après que les cartes sont coupées, les remet comme elles étoient auparavant. Ou appelle encore cela, passer la coupe.

Découpé, ée. part.

Découpé. s. m. Terme de Jardinier, il signifie un parterre où il y a plusieurs pièces carrées, longues, rondes, ovales, dans lesquelles on met des fleurs. Incisus : distinctus concinnè ac divisus. Voilà un beau découpé. Quint.

Découpé, en termes de Blason, se dit des figures sans nombre dont un Ecu est semé, qui sont faites comme des tierces feuilles renversées, & qui ont la queue montante & en haut, ce qui ressemble aux découpures qui se font sur le velours ou le satin : c’est la même chose que moucheté, ou plumeié, ou papillonné. On le dit aussi des lambrequins qui sont taillés en feuilles d’Acanthe.