Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/551-560

Fascicules du tome 2
pages 541 à 550

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 551 à 560

pages 561 à 567


nous le savons ; mais un Gentilhomme vouloit épouser une chocolatière, il y a de la folie, ma foi, il y a folie. Mais depuis l’Auteur y a substitué : mais un Gentilhomme se noyer dans une chocolatière. On voit que ce dernier mot est pris ici pour le vaisseau où l’on prépare le chocolat, & plus haut, pour la Vendeuse.

☞ CHOCZIN. Ville de la Moldavie, sur le Niester, aux frontières de Pologne.

CHŒNIX, & au pluriel Chœnices. Mesure grecque. Le chœnix étoit la quarante-huitième partie du Médimne, & valoit trois cotyles.

CHŒRM. s. m. Vieux mot. Porc. On a dit aussi Goerm. Borel veut que ce soit de-là que vient Gorret, du grec χοῖρος (choiros), qui veut dire aussi un Porc.

CHOES ou CHOUS. s. m. Second jour de la fête des Anthestéries, dans laquelle chacun buvoit dans un vase particulier : de χόος (choos), un vase à boire.

CHŒUR. s. m. Prononcez CŒUR. Terme collectif. Troupe de Musiciens qui chantent ensemble. Canentium, cantantium Chorus. La beauté de la Musique consiste à être divisée en récit, & en chœurs. Il y a des musiques à plusieurs chœurs qui se répondent. Après qu’une voix a fait un récit, le chœur répond.

Ce mot vient du grec χορὸς (choros), Chœur. Chorus est formé du celtique Chor ou cor. Pezron.

☞ Il se dit aussi d’un morceau de Musique à plusieurs parties qui est chanté par le Chœur. Il y a deux beaux Chœurs dans cet Opera.

Chœur, dans les Pièces dramatiques des Anciens, se dit d’un certain nombre de gens intéressés à l’action, qui chantoient, soit dans le cours de la Pièce, soit entre les actes, & dont quelques-uns se mêloient dans la Pièce même par des discours liés à l’action, sans pourtant en faire une partie essentielle. Le Chœur paroissoit sur le Théatre après le Prologue, & n’en sortoit qu’à la fin de la Pièce. Il s’attachoit ordinairement à observer le principal personnage de la Pièce, pour le plaindre, le louer, ou le blâmer.

La Tragédie n’étoit, dans son origine, qu’un chœur qui jouoit seul & sans Acteurs : il chantoit des Dithyrambes ; c’étoient des Hymnes à l’honneur de Bacchus. Thespis ajouta un Acteur qui récitoit les aventures de quelqu’homme illustre, pour délasser le chœur. Eschyle trouvant ce personnage trop ennuyeux, en joignit un second, & diminua les chants ou chœurs. On appeloit épisode tout ce qui étoit enfermé entre les quatre chants du chœur, & ces quatre chants faisoient les quatre intervalles ou les intermèdes de la pièce. Mais quand la Tragédie commença à se former, ces récits ou ces épisodes, qui n’étoient que la partie accessoire pour laisser reposer le chœur, devinrent le principal de la Tragédie, & au lieu qu’ils étoient différens, ils ne furent plus tirés que d’un seul sujet. Le chœur se mêloit & s’incorporoit à l’action, dont il n’étoit plus qu’un accessoire pour l’ornement. Quelquefois le chœur parloit, & alors le chef, qu’on appeloit Choryphée, parloit pour toute la Troupe ; & quand il chantoit, tous ceux qui le composoient, chantoient ensemble. Outre les quatre chants qui faisoient la division de la pièce, le chœur accompagnoit quelquefois de ses plaintes les regrets, que faisoient les Acteurs dans le cours des actes ou les accidens funestes qui arrivoient. Mais la fonction la plus propre du chœur, & à laquelle il étoit particulièrement destiné, c’étoit de marquer les intervalles des actes. Pendant que les Acteurs étoient retirés du théatre, le chœur occupoit le spectateur, & les chants rouloient sur ce qui venoit d’arriver ; ils ne devoient contenir que des choses qui convinssent au sujet, & qui y fussent naturellement liées ; en sorte que le chœur concouroit avec les Acteurs à l’avancement de l’action. C’est une faute qu’on a remarquée dans les Pièces d’Euripide, que ces chœurs sont entièrement détachés de l’action, & ne sont point pris du fonds du sujet. Il y avoit même des Poëtes, qui, pour s’épargner la peine de composer des chœurs, & de les accommoder à la pièce, faisoient chanter des chansons insérées, qui n’y avoient nul rapport. Ces chœurs étrangers, empruntés, étoient d’autant plus mal placés, que le chœur étoit censé jouer le rôle d’un Acteur, & qu’il représentoit les spectateurs, mais des spectateurs intéressés à ce qui se passoit ; ensorte même qu’il ne demeuroit pas toujours muet dans le cours des actes. Dans la Tragédie moderne l’on a aboli, l’usage des chœurs : les violons en font la fonction & en remplissent la place. M. Dacier désapprouve fort ce retranchement qui ôte à la Tragédie une partie de son lustre. Il trouve ridicule que l’action tragique soit séparée, & interrompue par des airs de violon, qui n’ont nulle liaison avec ce qui se passe ; & que les Spectateurs, émus par la représentation, demeurent tranquilles, & s’arrêtent au plus fort de la passion, pour s’amuser paisiblement à un divertissement étranger. Le rétablissement du chœur seroit nécessaire, selon M. Dacier, non-seulement pour l’embellissement & la régularité, mais encore, parce que c’étoit une de ses plus utiles fonctions, de redresser & de corriger ce que la passion faisoit dire aux Acteurs de trop emporté, par des réflexions de sagesse & de vertu. Ce qui a fait supprimer le chœur, c’est apparemment que sa présence est incompatible avec certains complots & certaines délibérations secrètes des Acteurs : or il n’est point vraisemblable que ces machinations se fassent devant des spectateurs intéressés à l’action ; & comme le chœur ne sortoit jamais du théatre, il a fallu le bannir, pour donner plus de vraisemblance à ces sortes d’intrigues qui demandent du secret. Voyez la Poëtique d’Aristote. Il y avoit aussi des chœurs dans la vieille & la moyenne Comédie ; mais on les supprima dans la nouvelle, parce qu’ils servoient principalement à reprendre les vices, en attaquant les personnes. Voyez la Poëtique de Scaliger.

La Tragédie informe, & grossière en naissant,
N’étoit qu’un simple chœur. Boil.

Eschille dans les chœurs jeta les personnages. Idem.

Sophocle enfin donnant l’essor à son génie,
Intéressa le chœur dans toute l’action. Idem.

Chœur. (donner le) C’étoit chez les Grecs, acheter la pièce d’un Poëte, & faire les frais pour la représenter. Celui qui faisoit cette dépense, s’appeloit en latin Choragus. A Athènes un Archonte étoit chargé de ce soin-là, comme les Ediles à Rome. Un Magistrat avare refusa le Chœur à Sophocle, & le donna à un mauvais Poëte, dont la Pièce étoit à meilleur marché. Dac. Le Magistrat ne commença que fort tard à donner des Chœurs comiques. Idem. Le Poëte, dont on achetoit la Pièce, étoit dit recevoir les chœurs.

Chœur signifie aussi la principale partie de l’Eglise la plus voisine du grand autel, où sont placés les Prêtres & les Chantres qui chantent ensemble. Le chœur est séparé du sanctuaire, où l’on offre le sacrifice, & de la nef, où est le peuple qui y assiste. Chorus. Les Patrons sont obligés à réparer le chœur des Eglises, & les Paroissiens la nef. Dans les trois premiers siècles, le chœur n’étoit pas séparé de la nef. Cette séparation ne se fit que sous le règne de Constantin, & lorsque l’Eglise se trouva dans le repos & dans la splendeur. Depuis, tous les Peres s’accordent à dire que le chœur étoit fermé de balustres. Il y avoit même des voiles tirés sur les balustres, & on ne les ouvroit qu’après la consécration. Dans le XIIe siècle on commença à fermer le chœur de murailles. La multiplication des Offices fit penser les Ecclésiastiques à se munir contre les injures de l’air, par des clôtures plus solides. La longueur de la cérémonie rendit cette précaution nécessaire ; mais depuis, la beauté des Eglises, & de l’architecture, a ramené l’ancien usage des balustrades, qui sont moins grossières que des murailles. Thiers. Le chœur est environné de murs ou de balustrades, pour en empêcher l’entrée au peuple. G. G. Les hautes chaises du chœur sont occupées par les Prêtres, & les basses par les Chantres, ou les Novices. Le Chantre, est celui qui est Maitre du Chœur. Chœur en tribune, est un chœur séparé de l’Eglise, & élevé au dessus du rez de chaussée, derrière le grand autel. Absis. Dans les Monastères de filles, le chœur est une grande salle attachée au corps de l’Eglise, & séparée par une grille, où les Religieuses chantent l’Office.

Ce mot vient, selon Isidore, a coronis circumstantium, parce qu’autrefois on se plaçoit en rond autour de l’autel pour chanter. C’est encore aujourd’hui la manière dont les autels des Grecs sont bâtis ; & on appelle ici un autel à la romaine, un maître autel, où on peut adorer de tous côtés. Chœur vient du latin chorus.

On appelle dans les Paroisses le chœur, un certain nombre de Prêtres, ordinairement de douze, qui disent l’Office au chœur, chorus. On n’a mandé à cet enterrement que le chœur.

Dans les chapitres, on appelle le chœur, les Chanoines, & les dignités. Les Chantres ni les Chapelains n’y sont point compris, quoiqu’ils soient Prêtres, & que ce soient eux qui soutiennent le chant du chœur.

Dans les Couvens de l’un & de l’autre sexe, on appelle le chœur, ceux qui sont posés & qui chantent au chœur, à la différence des Freres Convers ou Freres Lais, & des Sœurs Converses ou Sœurs Laies, qui ne chantent que dans la nef, & qui font le service de la maison. Les Dames du chœur.

Enfans de Chœur, sont de jeunes enfans qui servent à porter les chandeliers, & à chanter dans le chœur de musique les dessus ou les versets, qu’il faut chanter sur un ton élevé & aigu. Addictus choro puer clericus. On appelle le Maître de Musique, le Maître des Enfans de chœur.

Chœur, en termes de Théologie, se dit de la division des esprits célestes, qui se fait en Hiérarchies. Il y a les neufs chœurs des Anges qui chantent les louanges de Dieu. Chœur, en ce sens, signifie ordre, rang, degré.

☞ Les chœurs, à l’Opéra, nom collectif qui comprend les Chanteurs & les Chanteuses qui exécutent les chœurs.

On dit proverbialement d’un homme bien râsé, ou qui n’a point de cheveux, qu’il est tondu comme un enfant de chœur. On dit aussi, Jacobins en chaise, Cordeliers en chœur, &c. pour dire, que les Cordeliers tâchent d’avoir de belles voix pour remplir leur chœur.

☞ CHOJANDAH. Ville d’Asie dans le Mawaralnahr, à sept journées de Samarcand, suivant Abulfeda.

CHOIN. s. m. Ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier une sorte de pierre sure & de vive roche, qui peut être polie comme le marbre. Silex.

CHOINE. s. m. Pain blanc & délicat. Ce mot se trouve dans Rabelais. On le dit en Anjou & en Normandie. Ménage le fait venir de canonicus ; c’est-à-dire, pain de Chanoine.

Choine. Arbre de moyenne grandeur qui croît dans le Brésil. Ses feuilles sont semblables à celles du laurier. Il porte un fruit qui est de la grosseur d’une citrouille médiocre, & de la figure d’un œuf d’autruche. Ce fruit est beau ; mais il ne vaut rien à manger. Les Indiens en font des coupes de diverses sortes. Ils en font aussi un certain instrument qu’ils appellent maraca, dont ils se servent dans leurs superstitions.

CHOINTE. adj. Vieux mot dont on s’est servi, pour dire, gentille, ajustée. Chambrette belle & chointe. On a dit cointe, qui est plus récent, & que l’on emploie rarement.

☞ CHOISEUL. Petite ville de France en Champagne, Diocèse de Langres, à trois lieues de Chaumont.

CHOIR. Voyez Cheoir.

CHOISI. Nom de lieu. Cauciacum. Choisi-Malherbe, petite ville du Gâtinois. Deux bourgs, l’un voisin de Paris, & l’autre de Compiègne, portent le nom de Choisi.

☞ CHOISILLE. (la) Rivière de France en Touraine, qui prend sa source au dessus de Nousilly tombe dans la Loire au dessous de Saint Cyr, & au dessous de Valiers.

☞ CHOISIR. v. a. Se déterminer en faveur d’une chose par le mérite qu’elle a, ou par l’estime qu’on en fait : se déterminer par la comparaison qu’on fait des choses en faveur de ce qu’on juge être le mieux. Eligere, seligere. On ne choisit point un état par rapport aux talens que l’on a ; mais, selon certaines loix, que la vanité des hommes a établies, & selon lesquelles on croit que, parce qu’on est d’une naissance, il faut choisir un tel genre de vie. Nicot. Comment être toujours attaché à la même personne, quand le cœur ne l’a pas choisie ? Il y a des gens que le néant n’effraie point, & qui choisissent de n’être point, plutôt que d’être mal. Maleb. Ménage fait venir ce mot de colligere.

Choisir est un plein exercice de la liberté ; ainsi lorsqu’il y a nécessité absolue, on doit se servir du mot opter. Il est impossible de servir en même temps deux maîtres, il faut opter.

☞ Le mot de choisir, dit M. l’Abbé Girard, n’est pas encore tout à fait à sa place, quand on parle de choses entièrement disproportionnées, à moins qu’il ne soit emploié dans un sens ironique. Je ne dirois pas, il faut choisir de Dieu ou du monde ; mais il faut opter : car le choix étant une préférence fondée sur la comparaison des choses, il n’a pas lieu, où il n’y a pas de comparaison à faire. Un Prédicateur dira pourtant avec beaucoup de grace : Messieurs, le joug du Seigneur est doux, & nous conduit au comble de tous biens ; le joug du monde est dur, & nous plonge dans l’abyme de tous maux : choisissez maintenant auquel des deux voulez-vous soumettre… parce qu’alors il se trouve une fine ironie dans l’emploi de choisir. Rien ne me paroît plus difficile à choisir qu’un ami. Si j’avois à opter entre un ami fort zélé, mais indiscret, & un ami discret, mais moins zélé, je choisirois le dernier. Voyez les mots faire choix, élire, opter, ''préférer, tous confondus dans l’usage ordinaire, & même dans nos Dictionnaires, & tous cependant distingués par des idées propres.

☞ On dit, en parlant d’un homme, qui voyant plusieurs gens dans une troupe, ne vise qu’à un seul pour tirer sur lui, qu’il le choisit de l’œil, qu’il l’a choisi au milieu de la troupe pour le tuer.

Choisir s’est dit autrefois pour, découvrir de loin, voir, appercevoir quelque chose. Videre. On le trouve en ce sens dans le roman des Loheranes.

Li Roi sa dreçe, quand le Baron choisit.

Er choisirent el pied de la montaigne pavillons bien à trois lieues de l’ost. Villehard. N. 71.

CHOISI, IE. part. & adj. On appelle gens choisis, des gens qui excellent dans leur profession, qui sont au dessus des autres. Il envoya à cette expédition un détachement de soldats choisis. Il n’y avoit que des gens choisis dans cette assemblée. En ce sens, on le dit de tout ce qui est excellent, fin & délicat. Le commerce du monde choisi donne un air de politesse qu’on ne perd jamais. L. Scud. Cette dévote en fuyant le faste & le tumulte, s’est réservé un commerce délicat & choisi. S. Evr.. Les citations doivent être choisies & peu fréquentes. Id.

CHOISON. Vieux mot, qui signifie dessein, occasion. Consilium, propositum.

Mettre à choison, mettre dans l’occasion de faire quelque chose. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

CHOIX. s. m. ☞ Si vous voulez confondre toutes les idées, vous direz avec l’Académie & les Vocabulistes, élection, option ; préférence d’une personne ou d’une chose à une ou plusieurs autres. Il est difficile de définir plus mal. Le mot de choix n’est rien de tout cela. Celui d’élection, dit un simple concours de suffrages, qui donne une place à un sujet ; & il arrive souvent que le choix n’a nulle part dans l’élection. Le choix n’est pas moins distingué de l’option. Il y a option, quand, entre plusieurs choses on se détermine pour une, parce qu’on ne peut pas les avoir toutes. Elle suppose une simple décision de la volonté, pour savoir à quoi s’en tenir. On peut opter avec choix ; mais on peut aussi opter sans choix, quand, entre plusieurs choses on se détermine indifféremment pour la première venue, quand on suit le hasard ou le conseil d’autrui. Il y a option entre deux choses égales, mais il n’y a pas de choix. L’option a lieu où il y a une nécessité absolue : le choix est toujours un plein exercice de la liberté. Le choix n’est pas non plus la préférence. On ne choisit pas toujours ce qu’on préfère, quoiqu’on préfère toujours ce qu’on choisit. La préférence a lieu quand on se détermine en faveur d’une chose par quelque motif que ce soit, mérite, affection, complaisance ou politique, n’importe. Le choix n’a lieu que quand on se détermine en faveur d’une chose par le mérite qu’elle a, ou par l’estime qu’on en fait. L’esprit fait le choix. Le cœur donne la préférence. C’est pour cette raison que l’on choisit ordinairement ce que l’on connoît, & qu’on préfère ce qu’on aime. La préférence est juste ou injuste, selon qu’elle est dictée par la raison, ou qu’elle est inspirée par la passion. Le choix est bon ou mauvais, selon le goût & la connoissance qu’on a des choses. Après avoir écarté toutes ces fausses notions, disons avec M. l’Abbé Girard, que le choix est un acte de discernement qui fixe la volonté à ce qui paroit le meilleur ; un acte par lequel, après avoir comparé les qualités de différentes choses entr’elles, on se détermine à ce qu’on juge le mieux. Dilectus. Les préférences de pure faveur sont quelquefois permises aux Princes dans la distribution des graces : mais ils ne doivent jamais agir que par choix dans la distribution des charges & des emplois publics. Dieu veut de nous un amour de choix, qui lui assujétisse notre esprit & notre cœur. Maleb. L’attachement du peuple pour la vérité n’est nullement un choix libre & raisonné ; c’est pur accident. Bay. Chacun cherche à se donner, & à s’assujétir ; le choix des supérieurs tient lieu de liberté. S. Evr. L’homme sent qu’il agit par choix, & sans une détermination nécessaire ; & cela suffit pour conclure qu’il est libre. Id. Il n’y a point d’imprudence si ordinaire que le choix de l’état où nous devons passer la vie : si l’on y prend garde, presque personne n’est bien placé. Nicol.

Les peres & les meres sont, après Dieu & selon l’ordre de Dieu, les premiers supérieurs de leurs enfans, & ce seroit une indépendance condamnable, plutôt qu’une liberté évangélique, de vouloir dans le choix qu’on fait d’un état, se soustraire absolument à l’autorité paternelle. Bourd. Exh. II, p. 444.

Non, ce n’est ni par choix, ni par raison d’aimer,
Qu’en voyant ce qui plaît, on se laisse enflammer. T. Corn.


☞ C’est dans ce sens qu’on dit que le choix des mots est souvent indispensable, parce qu’ils ne peuvent pas figurer l’un pour l’autre. Comme il n’y a point de mots assez parfaitement synonymes pour avoir, dans toutes sortes d’occasions, une force de signification entièrement semblable, il y a nécessairement un choix entr’eux. C’est ce choix que M. l’Abbé Girard a déterminé par des définitions & des exemples qui distinguent & développent le caractère de chacun de ces synonymes. Une extrême justesse dans le choix & dans l’arrangement des paroles, affoiblit quelquefois les pensées, & desséche le discours. Bouh.

Choisir & faire choix, ne doivent pas être employés indistinctement comme synonymes. Choisir est relatif aux choses, & se dit ordinairement de celles dont on veut faire usage : faire choix est relatif aux personnes, & se dit proprement de celles qu’on veut élever à quelque emploi ou dignité.

☞ Louis XIV choisit Versailles pour le lieu de sa résidence ordinaire ; & fit choix du Maréchal de Villeroi pour être Gouverneur de son petit-fils Louis XV, M. l’Abbé Girard.

Choisir, marque plus particulièrement la comparaison qu’on fait de tout ce qui se présente, pour connoître ce qui vaut le mieux, & le prendre. Faire choix, marque plus précisément la simple distinction qu’on fait d’un sujet préférablement aux autres. Les Princes ne choisirent pas toujours leurs Ministres. On n’a pas fait choix en tout temps d’un Colbert pour les finances, ni d’un Louvois pour la guerre.

On dit au Palais, qu’une chose a été laissée au choix & option d’une partie, quand on lui a donné la liberté de faire une chose ou une autre. Optio. Le Droit Romain laisse le choix d’un héritier à un testateur.

Choix ☞ Terme de Peinture & de Sculpture. Choix de sujet, choix de composition, choix d’attitude. Sujet d’un beau choix, qui a de justes rapports avec les circonstances, au temps pour lequel il est fait, aux personnes qui l’ont fait faire, & aux lieux où il doit être placé. Composition d’un beau choix, lorsque le Peintre a saisi dans le sujet tout ce qui peut mieux le caractériser. Attitude d’un beau choix, lorsque les figures se présentent sous de beaux aspects.

CHOLAGOGUE. adj. ☞ Terme de Médecine, souvent employé substantivement. Médicament cholagogue. Un cholagogue, c’est un médicament qui purge la bile par en bas. Il y en a de simples & de composés, & les uns & les autres sont de trois sortes, par rapport à leur activité. Il y en a de bénins, de médiocres & de violens. Les bénins sont ceux qui purgent doucement, comme la manne, la casse, les roses, les tamarins, &c. Les médiocres sont, le séné, la rhubarbe, l’aloës, &c. & les violens, le jalap, la scammonée, &c.

Ce mot vient de χολὴ (cholê), bile, & du verbe ἄγειν (agein), amener.

☞ CHOLEDOGRAPHIE. s. f. Partie de la Médecine, qui s’occupe de la description de la bile. χολὴ (cholê), bile, & γραφεὶν (graphein), d’écrire.

☞ CHOLEDOLOGIE. s. f. Prononcez ko. Partie de la Médecine, qui traite de la bile.

CHOLERA MORBUS. Voyez Colera morbus.

☞ CHOLET. Ville & Baronie de France, dans la contrée qu’on nomme la Marche de Poitou, Diocèse de Poitiers, selon les Auteurs du Dictionnaire Géographique de la France, & non pas au Diocèse de la Rochelle, comme le dit Piganiol de la Force, à 12 lieues d’Angers, près de la rivière la Moine, & non pas sur le Mayenne.

CHOLIDOQUE ou CHOLEDOQUE. adj. m. Terme d’Anatomie ; cholidochus. Le canal cholidoque, est un canal qui conduit la bile du foie dans l’intestin duodenum. On a cru qu’il portoit la bile du foie dans la vésicule ; mais comme c’est l’intestin qui enfle, & non pas la vésicule, lorsqu’on souffle dans ce conduit, il est évident que la bile de ce canal va droit dans l’intestin. Dionis.

☞ CHONER ou HOMER. Mesure des anciens Hébreux ; la même chose que Core. Voyez ce mot.

CHOMET. s. m. Petit oiseau fort gras & fort délicat, qui se trouve en Normandie. Il se perche ordinairement sur la pointe du chaume dans les champs.

CHOMMABLE ou CHOMABLE. adj. m. & f. Jour ou fête auquel il n’est pas permis de travailler. Festus dies, feria quæ requiem habet litium, operum & laborum. Les Dimanches & Fêtes commandées par l’Eglise, sont des jours chommables.

CHOMMAGE. ou plutôt CHOMAGE. s. m. État d’une chose qui est sans agir un certain temps, l’espace de temps qu’on est sans travailler. Cessatio. Quand des ouvriers ont manqué de se trouver dans un attelier, on leur déduit leur chommage. L’Ordonnance règle le chommage des moulins pendant vingt-quatre heures à quarante sous, quelque nombre de roues qu’ils aient : on leur paye ce chommage quand ils sont empêchés de moudre par le passage des trains, des bâteaux.

☞ CHOMMER, & mieux, CHOMER. v. a. Fêter un jour en cessant, en s’abstenant de travailler. Diem festum agere, festum colere. On chomme les fêtes de la Vierge. Ce terme est assez usité ; mais il n’est pas noble.

Ménage dit qu’il faudroit écrire chaumer, & cite Vulcanius qui le dérive du grec χασμᾶν (chasman) ; qui signifie être oisif & bâiller.

Cet Auteur ajoute que ce mot vient du mot de la basse latinité calamare, dérivé de calamus, chaume, & que de-là s’est dit chommer, pour, ne rien faire, parce que les jours de fêtes les paysans restent sous leurs chaumes, c’est-à-dire, dans leurs maisons couvertes de chaume, sans rien faire, sans travailler. Mais il est certain que ce mot vient de chom, qui est purement Bas-Breton, & signifie demeurer, s’arrêter, se reposer. On dit encore en Bretagne, chommet d’acé. Arrêtez-là, demeurez-là.

Chommer. v. n. signifie aussi manquer de besogne, de travail, de pratiques, ne rien faire faute de travail. Cessare, vacare. Il ne faut pas laisser chommer les compagnons, il leur faut tailler de la besogne. Un bon ouvrier ne doit point chommer.

On dit proverbialement d’un homme disgracié, qui n’a plus ni crédit ni autorité, que c’est un saint qu’on ne chomme plus. On dit aussi, il ne faut pas chommer les fêtes avant qu’elles soient venues ; pour dire, il ne faut point s’affliger ni se réjouir avant que les biens ou les maux soient arrivés.

Chommer se dit aussi, en parlant des terres : on dit que des terres chomment ; pour dire, qu’on les laisse reposer, & qu’on n’y seme rien. On dit aussi qu’un moulin chomme ; pour dire, qu’il ne va point, qu’on n’y moud point. Et on dit que la monnoie chomme ; pour dire, qu’on cesse d’y travailler faute de matière. Acad. Fr.

CHOMMÉ, ÉE. part. La fête des morts n’est chommée que jusqu’à midi.

CHON. s. m. Nom d’un faux Dieu d’Egypte. C’étoit l’Hercule des Egyptiens, si l’on en croit quelques Auteurs ; cela ne paroit pas à Selden être assez bien fondé. Il conjecture que Chon peut être un mot corrompu, & qu’il faut lire Γιγνῶν ou Γιγῶν dont parle Hésychius, & qu’il dit être l’Hercule d’Egypte, dans l’opinion de bien des gens. D’autres prennent Chon pour le Cium, dont il est parlé à la fin du ch. V. d’Amos. Selden ne croit pas que cela soit encore bien sûr. Il a raison : on ne sait guère ce que c’étoit que Chon. Voyez Chiun.

☞ CHONAD. Ville de Hongrie avec Evêché suffragant de Colona, capitale d’un Comté sur les frontières de la Transilvanie, auquel elle donne son nom. Canadium.

CHONCAR. s. m. Oiseau de proie. species avis prædatricis ou aucupis. Les Moscovites & les Tartares de Crom sont obligés ; par le dernier Traité qu’ils ont fait avec la Porte-Ottomane, d’envoyer tous les ans, pour marque d’hommage au Grand-Seigneur, un oiseau de proie qu’on nomme choncar, avec plusieurs ornemens de pierreries. Petit de la Croix, Histoire de Tamerlan.

CHONDRILLE. s. f. (Prononcez CONDRILLE.) Herbe, en latin, chondrilla prima Dioscoridis. Voyez Cond.

☞ CHONDROGRAPHIE. s. f. Partie de l’Anatomie qui s’occupe de la description des cartilages.

☞ CHONDROLOGIE. s. f. (Prononcez kon.) Partie de l’Anatomie qui traite des cartilages.

☞ CHONE. Ville de la Turquie d’Asie, dans la Natolie, Province de Germian.

CHONTACHION. s. m. Terme d’office ecclésiastique chez les Grecs : Χοντάχιον (Chontachion). C’est une espèce d’hymne plus courte que toutes les autres.

CHOPADE. s. f. Vieux mot. Achoppement, heurt, l’action de chopper. Offensio pedis, incursus.

CHOPINE. s. f. Petite mesure de liqueurs qui contient la moitié d’une pinte. Œnophori Gallici quadrans, quarta pars. La chopine d’eau commune pese une livre à Paris.

Ce mot, selon Ménage, vient de cupina, diminutif de cupa. Il y a apparence qu’il vient de l’allemand schopp, signifiant la même chose. Il y en a qui le dérivent de χεω πίνειν (cheô pinein), fundo libere, je verse à boire, comme si on disoit cheopine, pour chopine, parce que la chopine est la mesure la plus ordinaire qu’on donne aux ouvriers, & qui suffit pour un repas à un homme qui travaille.

Chopine signifie aussi la quantité de liqueur contenue dans cette mesure. Quadrantem œnophori gallici exhaurire.

On ne croit boire que chopine,
Et quelquefois on en boit deux :
On croit rire avec sa voisine,
Et l’on en devient amoureux.

On dit aussi, une chopine d’olives, parce qu’on les vend à cette mesure. Une chopine de sel, dans les lieux où on donne le sel par impôt. On dit de celui qu’on veut taxer d’avoir trop bû, qu’il a mis pinte sur chopine.

CHOPINE. s. f. Terme de Marine. Voyez Chopinette de pompe.

CHOPINER. v. n. Boire plusieurs chopines de suite. Perpotare, largius bibere. Il est populaire.

CHOPINETTE. s. f. Diminutif de chopine, qui signifie la même chose ; mais qui ne se prend que pour la liqueur, & ne se dit que par le petit peuple. Boire chopinette.

On appelle chopinettes, en plusieurs endroits, sur-tout en quelques villes de Normandie & de Picardie, les burettes dont on se sert à la Messe.

Chopinette de pompe. Terme de Méchanique. C’est un petit cylindre de bois percé par le milieu, dont le trou est couvert d’une soupape, laquelle on arrête fixe dans le corps de la pompe, un peu au dessous de l’endroit où descend la heuse.

CHOPPEMENT. s. m. Action de celui qui choppe. Offensio. Ce mot se trouve dans Pomey ; mais on ne le trouve point ailleurs.

CHOPPER. v. n. Heurter du pied contre quelque chose, en sorte qu’on soit en danger de tomber. Offendere pedem. Ce chemin est si raboteux, qu’on y choppe à tous momens.

Chopper se dit figurément & familièrement pour, faire une faute grossière, tant au propre qu’au figuré. Errare, offendere, incurrere in aliquid. Cet Officier s’est brouillé avec son supérieur, il a choppé lourdement. Cet Auteur a choppé en plusieurs endroits, & a fait cent bévûes dans ses notes. Ce mot vieillit, tant au propre, qu’au figuré.

☞ CHOPPER, en termes de Maréchallerie, se dit d’un cheval qui heurte du pié contre terre, parce que dans ses différentes allures, il ne lève pas assez les piés. Ce cheval choppe continuellement. Offensator equus.

☞ CHOQUANT, ANTE. Qui s’applique aux choses qui offensent ou qui déplaisent. Quod animum, aures offendit, lædit. Un homme est choquant, a un air choquant, des manières choquantes, dit des paroles choquantes. Souvent pour ne pas connoître ce qu’on a de choquant dans l’humeur, on traite les autres avec dureté, & l’on en rejette encore le tort sur eux. Nic. Il est des refus moins choquans que certaines graces que l’on fait trop sentir. Bell. Il y a une humilité d’amour propre, qui fait éviter ce qu’il y a de choquant & de ridicule dans l’orgueil. Port-R.

☞ CHOQUE. Voyez Tour-et-Choque.

☞ CHOQUER. v. a. Heurter avec violence, donner un choc. Offendere, impingere in. Si ce grand vaisseau vient à choquer la chaloupe, il la brisera. On choque les verres à table l’un contre l’autre. On dit absolument choquer. Choquer contre quelque chose. Choquer contre un rocher.

Choquer se dit aussi, en parlant de la rencontre & du combat de deux troupes de gens de guerre. Concurrere, confligere, congredi. Les armées se sont choquées avec grande ardeur, sitôt qu’elles ont été en présence.

Choquer, dans le sens figuré, signifie déplaire, faire une impression désagréable. Cela me choque. Hoc me gravat, mihi grave, molestum est. Cet objet me choque la vue. Ces sons me choquent l’oreille. Oculos, aures lædere, offendere.

☞ On le dit aussi dans la signification de blesser, offenser : dites-vous cela pour me choquer ? Ce qui choque les esprits bornés, ne surprend point les gens sages. Soyez industrieux à ménager l’esprit du Prince, & gardez-vous de choquer la délicatesse de son humeur. S. Evr. J’aime ceux qui ont toujours de l’esprit sans choquer personne ; & je hais ceux qui n’en ont que pour déplaire. Il faut rejeter les opinions qu’on n’approuve pas, avec tant de modestie, qu’on ne choque personne.

☞ Il est quelquefois réciproque. C’est un homme qui se choque de tout.

☞ Quand on dit qu’une chose choque le bon sens, la raison, l’honneur ; on veut faire entendre qu’elle est contre le bon sens, contre la raison, contre l’honneur. Alienum à. Il y a bien des choses qu’on ne sauroit dire, sans choquer la bienséance, l’honnêteté. Salvâ, illæsâ honestate. Il faut tâcher de plaire à l’esprit, mais sans choquer la raison. P. Rap.

Choquer la tourne-vire, en termes de Marine, c’est la rehausser sur le cabestan, pour empêcher qu’elle ne se croise & ne s’embarrasse, lorsqu’on la vire. Erigere, attollere.

Choqué, ée. part.

☞ CHORAGE. s. m. Choragium. Vitruve se sert de ce mot, pour exprimer un lieu derrière le théâtre des Anciens ; la partie du théâtre où l’on serroit les habits, les décorations, les instrumens de la scène, & où l’on disposoit quelquefois des chœurs de musique.

CHORAL. Ancien mot, qui se trouve au pluriel pour dire des Enfans de chœur. Le revenu de la Collégiale de Blainville doit se partager, par l’acte de fondation, entre douze personnes : deux Dignités, quatre autres Chanoines prébendés, trois Chanoines semi-prébendés, un Clerc, & deux Choraux, c’est-à-dire, deux Enfans de chœur. Descript. Géog. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 342.

☞ CHORAULE. s. f. Choraules. C’est celui qui présidoit sur les chœurs, chez les Grecs & chez les Romains.

CHORDAPSE. s. m. Terme de Médecine. Chordapsus. C’est une maladie des intestins que quelques-uns appellent Miséréré ; d’autres disent que c’est une espèce de Miséréré. Galien dit que c’est une tumeur des intestins grêles qui les fait paroître repliés comme une corde. Archigenes prétendoit que c’étoit une espèce de Miséréré consistant dans une tumeur qui est en un certain endroit des intestins grêles, & qui cède à la main quand on la porte dessus : il disoit que le chordapse est fort dangereux, & qu’il fait ordinairement mourir en trois ou quatre heures, à moins qu’il ne vienne à suppuration, ce qui n’ôte pas tout le danger. Il y a apparence que le chordapse n’est autre chose que le Miséréré ; car Celse dit que ce qu’on avoit appelé chordapse, étoit ordinairement appelé de son temps Miséréré, εἰλεον (eileon).

Le nom de chordapse vient de deux mots Grecs, χορδά (chorda), corde ; & ἄπτεσαι (aptesai), toucher ; parce que dans le chordapse on sent au toucher l’intestin tendu comme une corde. Voyez Gorræus. Anastase, Patriarche de Constantinople mourut d’un chordapse.

CHOREGE. s. m. (Prononcez KO.) C’étoit chez les Grecs celui qui présidoit à la dépense des spectacles, soit qu’il la fît de son propre bien, soit qu’il eût reçu des Magistras de quoi la faire. Choregus, χορηγὲς (chorêges).

CHORÉGRAPHIE. s. f. La première syllabe se prononce Ko. L’art de noter sur le papier les pas & les figures d’une danse. Un bon Maître à danser doit savoir la Chorégraphie. Ce mot, formé du grec, signifie proprement description d’une danse.

CHORÉVÊQUE. s. m. l’h ne se prononce pas. Chorepiscopus. Les Savans demandent quelle étoit la fonction du Chorévêque dans la primitive Eglise. M. de la Roque soutient que les Chorévêques étoient les Evêques de la campagne, & qu’ils avoient la même autorité dans leurs villages, que les Evêques des grandes villes dans leurs Diocèses. Mais dans la prospérité les Evêques dédaignerent ces retraites solitaires & champêtres. Ils s’imaginèrent que l’Episcopat étoit avili, & devenoit méprisables dans la bassesse du village. Ainsi le Concile de Sardique défendit de consacrer des Evêques à la campagne, ou dans les petites villes, afin que la dignité Episcopale fût toujours relevée par l’éclat des grandes villes. Voyez M. de Marca. Les Chorévêques exerçoient dans les Bourgades la plûpart des fonctions Episcopales ; mais ils n’étoient pas ordonnés comme les Evêques, & n’étoient pas revêtus de la même autorité. Ils étoient seulement au dessus des simples Prêtres. Du Bois.

L’office de Chorévêques, auxquels les Doyens ruraux ont succédé, étoit de veiller sur les Paroisses de la campagne. On les a abolit, parce qu’ils usurpoient l’autorité des Evêques. Le Mait.

Quelques-uns disent que les Chorévêques n’étoient proprement que les Evêques que nous appelons aujourd’hui in partibus, lesquels, en qualité de suffragans, sont commis à l’administration des Diocèses, dont les Evêques sont absens. Cette idée n’est pas assez juste. Ce qu’ils ajoutent est mieux, que du moins l’institution des Chorévêques semble avoir donné lieu à celle de ces autres Evêques, qui ont pourtant des avantages que les Chorévêques n’avoient pas.

D’autres croient que les Chorévêques n’étoient que des Prêtres à qui l’Evêque donnoit presque toute son autorité pour la campagne. Le dixième Canon du Concile d’Antioche, en 342, ordonne que ceux qui sont dans les bourgs ou les villages, ou que l’on nomme Chorévêques, connoissent les bornes qui leur sont prescrites. Ils peuvent ordonner des Lecteurs, des Soudiacres & des Exorcistes ; mais non pas des Prêtres, ou des Diacres, sans l’Evêque de la ville dont ils dépendent. Le Chorévêque sera ordonné par l’Evêque de la ville. Ce Canon semble donner aux Chorévêques le caractère Episcopal, en leur permettant d’ordonner des Prêtres & des Diacres, au moins avec l’Evêque dont ils dépendent, ce que quelques-uns croient n’être pas sans difficulté. Quoi qu’il en soit, le Concile de Néocésaree, tenu vers 314, can. 14, leur donne la prééminence sur les Prêtres ; & le Pape Nicolas, au IXe siècle, dans sa lettre à Raoul, Archevêque de Bourges, déclare que les Chorévêques ont les fonctions Episcopales, & veut que les ordinations de Prêtres & d’Evêques qu’ils auront faites, soient valides. Le 44e Canon du Concile de Meaux, tenu en 845, ordonne que les Chorévêques n’exerceront point les fonctions proprement Episcopales, & qu’ils ne pourront administrer ni la Confirmation, ni le Diaconat. Le Pape Léon VII, dans sa troisième Lettre écrite en 936, ou environ, dit que les Chorévêques ne doivent ni consacrer les Eglises, ni ordonner des Prêtres, ni donner la Confirmation ; ce qui montre ; 1°. Qu’ils le pouvoient, & le faisoient même quelquefois, & 2°. Qu’il y en avoit encore au Xe siècle. Il n’est point parlé de Chorévêques en Orient avant les Conciles d’Ancyre, de Néocésarée & de Nicée, tenus au commencement du IVe siècle ; ni en Occident avant le Concile de Riès tenu en 439. Ils ont cessé en Orient & en Occident dans le Xe siècle.

Ce mot, Chorévêque, est grec, composé de χώρα (chôra), région, petite contrée ; & d’Ἐπίσκοπος (Episkopos) dont s’est fait Evêque.

Chorévêques signifie aussi une dignité qui est dans quelques Cathédrales, principalement en Allemagne, & c’est la même chose que Chori Episcopus, c’est-à-dire, l’Evêque du chœur. Molamus fait mention de ces Chorévêques dans son livre de Canonicis. Voyez le Glossaire de M. du Cange. A Utrecht dans l’Eglise de S. Martin, l’Archisoudiacre a le titre de Chorévêque, & fait la fonction d’Archiprêtre. Il y a aussi dans l’Eglise de Treves quatre dignités qui portent encore le titre de Chorévêque. Dans l’Eglise de Cologne, le premier Chantre se nomme Chorévêque, soit par abus, & à cause que dans le Chœur il porte le bâton de l’Evêque pendant l’Office, soit parce qu’il est l’Evêque, l'inspecteur, le supérieur du Chœur. Alors ce mot viendroit non pas de χώρα (chôra), mais de χόρος (choros), Chœur, & d’Ἐπίσκοπος (Episkopos).

Baronius à l’an 357 de J. C. Duaren, de sacris Ecclesiæ Ministris, L. I. Le P. Cellot, De Hierach. Eccl. L. IV, C. 14 ; L. V, C. 13 ; L. VI, C. 10. De Marca, De Concord. Sac. & Imp. L. II, parlent des Chorévêques.

☞ CHORGES. Ville de France, en Dauphiné, Diocèse d’Embrun, & non pas de Gap, à deux lieues d’Embrun, entre les Alpes. Son ancien nom est Caturigæ, chef-lieu des Caturiges.

☞ CHORIAMBE. Voyez Coriambe.

CHORION. s. m. C’est la membrane extérieure qui enveloppe tout le fœtus : elle est forte, polie en dedans du côté qu’elle s’unit avec une autre membrane qui est au dessous, qu’on appelle amnios ; rude, & inégale par dehors, parsemée de quantité de vaisseaux, & attachée à la matrice par le moyen du placenta qui lui est fort adhérent. Cette membrane se trouve dans tous les animaux.

Chorion vient du Grec χωρεῖν (chôrein), qui signifie capere, contenir. Le chorion avec l’amnios & le placenta, font ce qu’on nomme l’arierefaix ou secondine.

Au reste il faut remarquer que la première syllabe du mot de chorion, & de tous ceux qui suivent, jusqu’au mot de chose exclusivement, se prononce Ko ; c’est-à-dire, que l’h est comptée pour rien dans la prononciation.

CHORISTE. s. m. Prononcez Coriste. Chantre du Chœur. Cantor incentivus, chorostates. Il vient ordinairement deux Choristes revêtus de chappes chanter alternativement avec le Chœur quelques Antiennes ou Motets, entre l’Epitre & l’Evangile.

☞ On appelle aussi Choriste, celui qui chante dans les chœurs de l’Opéra, ou dans ceux des motets au Concert spirituel. Encyc. Ce mot est pour tant particulièrement consacré pour désigner ceux qui chantent au chœur dans une Eglise.

Choriste. s. f. On appelle Choristes, dans l’Ordre de la Visitation, les Religieuses destinées à chanter l’office au Chœur. Chorista. Il y a dans cet Ordre des Religieuses de trois sortes, des Choristes, des Associées, & des Domestiques. Les Choristes sont destinées pour chanter l’office du Chœur. P. Hélyot, T. IV, p. 322. Les Choristes & les Associées sont seules capables de remplir toutes les charges du monastère. Id.

CHOROBATE. s. m. Espèce de niveau dont se servoient les Anciens, composé d’une double équerre faite comme un T, qui est décrite par Vitruve, Liv. VII, ch. 6 Chorobates. Il servoit à prendre la situation d’un lieu. Il vient du grec χωροϐατεῖν (chôrobatein) qui signifie parcourir une région.

CHOROGRAPHIE. s. f. L’art de faire la carte particulière d’une province, d’une région, Chorographia, χώρα (chôra), région, & γράφειν (graphein), d’écrire.

Géographie. Description de toute la terre. Chorographie. Description d’un pays. Topographie. Description d’un lieu particulier, d’une Ville, ou de son district.

CHOROGRAPHIQUE, adj. Qui appartient à la Chorographie. Chorographicus. Sanson a fait plusieurs belles cartes chorographiques. Sophian a fait des descriptions & des cartes chorographiques de la Grece. On a envoyé des Géomètres faire des cartes chorographiques fort exactes de plusieurs Provinces de la France.

CHOROÏDE. s. f. Terme d’Anatomie qui se dit de diverses parties du corps, qui ont quelque ressemblance avec le chorion. Choroides.

Ce mot vient de χωρίον (chôrion) qui est une des membranes qui environnent le fœtus, & de ἰδεθαι (idethai) ressembler.

On donne le nom de choroïde à la membrane qui enveloppe immédiatement le cerveau, & qu’on appelle d’ordinaire le pie-mere : elle est appelée choroïde, parce qu’elle est parsemée de quantité de vaisseaux, comme le chorion.

On nomme aussi plexus, ou lacis choroïde, un entrelacement d’artères & de veines qui est dans les ventricules antérieurs du cerveau.

On appelle encore choroïde la seconde tunique de l’œil, parce qu’elle est parsemée de vaisseaux ; on la nomme autrement uvée. C’est elle qui est percée par devant pour laisser entrer la lumière. Cette ouverture est appelée la prunelle, qui est environnée d’un cercle qu’on nomme iris, à cause de ses diverses couleurs. M. Mariotte prétend que la vision se fait plutôt dans la choroïde que dans la rétine : ce qu’il tâche de démontrer dans les lettres qu’il a écrites à Messieurs Pecquet & Perrault, insérées dans les Mémoires de l’Académie des Sciences. Bartholomæus Torinus, fameux Philosophe, dans son Parnassus triceps, est de même avis ; mais tous les autres Auteurs sont d’un sentiment contraire. Voyez Vision & Rétine. Cette Choroïde est tout-à-fait noire dans l’homme ; mais dans les yeux des lions, des chameaux, des ours, des bœufs, des cerfs, des brebis, des chiens, des chats & de la plûpart des poissons, on y voit une couleur fort éclatante qui paroît comme font les brillans d’argenterie, ou le lustre des perles orientales ou de l’Iris, au lieu le plus exposé aux rayons du soleil ; & c’est ce que les Physiciens appellent le tapis.

CHORUS. s. m. Terme latin, dont on se sert dans les réjouissances de table ; quand quelqu’un a chanté un couplet de chanson, il invite les conviés à le répéter tous ensemble, en leur disant, Allons, chorus. Chanter plusieurs ensemble, en répétant les paroles qu’un autre a chantées.

Chorus, au fig. Faire chorus avec quelqu’un, se joindre à lui, faire parti avec lui. Je n’ai pas été le dernier à faire chorus à tous les applaudissemens qu’on lui a donnés. Toute l’assemblée fit chorus au Panégyriste.

Chorus étoit aussi un ancien instrument de Musique, dont Thoinot Arbeau en son Orchésographie témoigne avoir vu la figure dans un ancien livre, où étoient décrits tous les instruments de Musique. Il dit qu’il se joignoit avec la symphonie & le tambourin.

CHOSE. s. f. Nom général qu’on donne à tout ☞ être existant dans la nature, soit réel, soit modal. Res. Toutes les choses de ce monde sont sujettes au changement. La lumière est une chose admirable.

Qui vit content de rien, possede toutes choses.

Boil.

La mort étant la dernière de toutes les choses, c’est bien assez que l’on aille à elle d’un pas assûré, sans que l’on y coure. Vaug. Par un enchaînement des causes inconnues, mais déterminées de tout temps, chaque chose marche en son rang, & achève le cours de sa destinée. Id. Les gens de bon goût trouvent du plaisir à des choses que des gens du commun ne sentent pas ; comme ils en méprisent d’autres que le peuple admire. Le Ch. de M. Les passions ont rendu l’homme esclave de toutes les choses sensibles. Maleb. Ce mot est dérivé de causa, qui dans les vieux titres signifie chose, comme le prouve Pasquier.

☞ Comme ce mot se dit indistinctement de tout, sa signification est déterminée par la matière dont on traite.

☞ Il faut pourtant remarquer que le mot être est plus général encore que celui de chose. Être se dit de tout ce qui est. Dieu est un Être incompréhensible, l’homme est un être capable d’aimer. Chose ne peut pas se dire de tous les êtres. On diroit mal Dieu est une chose incompréhensible. Il y a pourtant des occasions où ce mot a bonne grace, joint avec des êtres animés. C’est une chose bien précieuse qu’un ami. C’est une chose bien intéressante qu’une jolie femme.

Choses se dit aussi des réflexions, des pensées, des opinions, des dogmes, &c. Les belles choses mêmes on besoin d’être imaginées, & il ne faut pas éblouir l’esprit par un trop grand nombre de traits agréables & surprenans. Cl. Il y a dans Théocrite une certaine bigarrure de jolies choses, & de choses purement rustiques, qui est très-mal assortie. Font. Il n’y a rien de naturel dans Sénèque ; il ne songe qu’à dire de belles choses. P. le Boss. L’évidence n’accompagne pas les choses de la foi. Maleb.

Chose se dit aussi par opposition aux personnes. Un tel mot est un terme général qui convient aux choses, & aux personnes.

Choses se dit encore par opposition aux paroles qui sont vides de sens. Une des principales beautés du discours, consiste à être plein de choses, & déchargé de paroles superflues. Port-R. Je ne veux point des mots, je demande des choses. Vill.

☞ On le dit encore par opposition à apparence. Eripitur persona, manet res. Le masque tombe, l’homme reste.

Quelque chose s’emploie souvent comme un seul mot ; alors il est toujours masculin. On m’a dit quelque chose qui est très-plaisant. Et souvent l’adjectif suivant se met au génitif. Quelque chose de fâcheux. Ac. Fr.

Chose signifie quelquefois, affaire, action, évenement. Res, negotium. Tacite ne rapporte par les choses comme elles sont arrivées, mais comment il imagine qu’elles auroient pû être. Bouh. C’est le caractère des Romains, de faire & de souffrir de grandes choses. Bouh. Les choses inhumaines ne roulent point à l’avanture, & au gré de la fortune. Vaug. On se peut éloigner du monde si les choses n’y vont point comme on veut ; mais quand on se montre, il faut les laisser aller comme elles vont. Ch. de M.. Voilà l’état des choses, voilà où l’on est. Ce n’est pas peu de chose de savoir douter avec raison & avec esprit. Maleb.

Chose signie encore le bien, le corps dont il s’agit. Bona. Tous les frais d’un décret, d’une vente, se prennent sur la chose, se dont aux dépens de la chose. Celui qui a vendu un héritage, a un hypothèque privilégiée, parce que c’est la chose.

Chose signifie en Droit, tout ce qui est dans notre pratrimoine, & tout ce qui n’y est pas. Tout ce qui est distinct des personnes & des actions. La seconde division des choses se fait en celles qui sont corporelles, & celles qui sont incorporelles.

Choses corporelles, sont celles qui tombent sous les sens, comme un fonds, une maison, un habit, & autres choses semblables.

Choses incorporelles, sont celles qui ne tombent point sous les sens, mais qui consistent dans certains droits incorporels, comme sont les successions, les servitudes des héritages, les obligations, les actions, & autres de semblable nature.

Choses corporelles, sont ou fongibles, ou non fongibles. Les fongibles sont celles qui ne sont pas des corps certains & déterminés, & qui consistent en quantité, & se règlent par poids, par nombre, & par mesures, comme du blé, du vin, &c. Elles se consument par l’usage, & ne périssent point ; mais peuvent être représentées & remplacées par d’autres de même nature. Les choses non fongibles, sont des corps certains & déterminés qui consistent en espèce, c’est-à-dire, en un corps certain & déterminé, & qui ne se consument pas par l’usage, mais qui périssent de manière qu’elles ne peuvent être représentées ni remplacées par d’autres de même nature, comme une maison, un cheval, &c.

Choses communes, dont l’usage est commun à tous les hommes, comme l'’air.

Choses des communes, dont la propriété appartient à quelque Communauté, & dont l’usage appartient à tous ceux qui la composent, comme les théâtres dans les villes, les promenades publiques, &c.

Choses de droit divin, qui ne peuvent point tomber dans le patrimoine des particuliers, comme les choses sacrées, les choses religieuses & les choses saintes.

Choses sacrées, qui sont consacrées à Dieu avec les solemnités prescrites, comme les temples, les vases sacrés, &c.

Choses religieuses, lieux qui servent à la sépulture des fidèles.

Choses saintes, celles que les loix mettent à l’abri de l’injure, des hommes, en établissant des peines contre ceux qui violent & manquent au respect qui leur est dû ; comme la personne du Souverain, d’un Ambassadeur, les loix qu’on ne viole point impunément, &c.

Choses prophanes, opposées aux choses sacrées, religieuses & saintes. Fer.

Chose se dit encore du bien commun ; & on appelle la chose publique, ce qui regarde l’Etat, le République. Res publica.

Chose se dit aussi de tout ce qui n’a point de nom, de ce qu’on ignore, ou dont on ne se souvient pas, ou qu’on s’abstient de dire par pudeur ; ou quand on manque d’expression. C’est bien souvent l’asyle de l’ignorance, & il est certain qu’on abuse de la commodité de ce mot, & qu’on y a recours trop souvent. On dit dans les arts, quand on ne sait pas le nom d’un outil, ce chose avec quoi on rabotte, on perce, &c. Nous passâmes la rivière à chose, je ne me souviens pas du nom de ce port. On appelle aussi, en matière obscène, chose, ce qu’on ne veut pas nommer, & alors il est masculin.

On dit familièrement, être tout chose ; pour dire, n’être pas de bonne humeur, ou être dans une situation qu’on ne peut pas expliquer. Colin étoit malade, non toutefois que sa santé fût dérangée par la fièvre ou quelque autre maladie qui eût besoin d’un Docteur en Médecine. Il étoit proprement ce qu’on appelle, dans le style familier, être tout je ne sais comment, être tout chose. Chef-d’œuvre d’un inconnu.

Chose se dit encore en ces phrases assez ordinaires. En parlant de choses & d’autres. Cela est beau entre autres choses. Je vous recommande cela sur toutes choses. Vous irez en un tel endroit avant toutes choses. On dit aussi, par exclamation, chose étrange ! chose inouie ! Je ne ferois pas cela pour chose du monde. La belle chose que d’être heureux du consentement des misérables, & sans trouver l’envie par les chemins ! Bal.

On dit proverbialement : A chose faite, conseil pris, pour dire ; qu’il n’est plus tems de demander conseil, quand la chose sur laquelle on devoit délibérer, est faite.

CHOU. s. m. Brassica. s. f. Plante potagère commune dans nos jardins, & dont on connoit plusieurs espèces bonnes à manger. Aussi prétend-on que le mot Brassica vient du grec πρασικὴ (prasikê), qui signifie une herbe potagère : nom qu’on lui a donné par excellence, à cause qu’elle tenoit un des premiers rangs parmi les plantes potagères chez les Anciens. Pline nous apprend que Chrysippe, Dieuches, Pythagore & Caton, avoient composé des volumes entiers sur le chou. On peut voit encore dans Caton, De Re Rustica, Ch. 156, 157, & dans Pline lui-même, L. XIX. c. 8 & L. XX. c. 9. Diogene lavant ses choux, cria à Aristippe : Si tu savois manger des choux, tu ne ferois point ta cour aux Grands. Et toi, répondit Aristippe : Si tu savois faire ta cour aux Grands, tu ne t’amuserois point à laver tes choux. Ablanc. On croit que les choux empêchent l’ivresse : & c’est pour cela que les Anciens en mangeoient au commencement de leurs repas. Les Egyptiens faisoient servir des choux à l’entrée de tous leurs festins, afin de ne point s’enivrer. Aussi dit-on que les choux sont ennemis de la vigne.

Ce mot chou paroît s’être formé de caulis, qui signifie la même chose, en changeant le c en ch, comme en bien d’autres, canis, chien, cantus, chant, Cyprus, Chypre, camisia, chemise, &c. Ainsi de caulis, caul, chaul, choul, chou. Mais si l’on en croit que P. Pezron, Καυλος (Kaulos), caulis, vient du Celtique caul.

Chou est le nom générique d’un certain nombre de plantes qui ont leurs fleurs à quatre pétales disposés en croix, & soutenus par un calice composé de quatre feuilles verdâtres & oblongues. Le pistil de ces fleurs devient une silique longue, cylindrique, formée par deux panneaux croisés en gouttière, & appliqués sur les bords d’une cloison qui sépare la silique dans toute sa longueur en deux cellules, dans lesquelles sont renfermées des semences arrondies, assez semblables à celles de la moutarde ; mais elles sont moins âcres. Il faut encore ajouter que presque toutes les espèces de choux ont leurs feuilles grasses & charnues, frisées, & ondées assez souvent, & presque toujours teintes d’une couleur de vert cendré, qu’on nomme vert de mer. Les choux, de quelque nature qu’ils soient, ne se multiplient que de graine, qui est fort ronde, grosse comme des têtes d’épingle ordinaire, ou comme de la poudre à tirer ; elle est rougeâtre, tirant sur le minime brun. La Quint.

Chou commun, est celui qu’on cultive plus ordinairement dans les potagers. Brassica vulgaris, vel sativa. Sa racine est un toupet de fibres chevelues, d’où sort une tige haute d’un pié ordinairement, épaisse plus ou moins suivant son âge, & chargée à son sommet de quelques feuilles arrondies, amples, dentelées sur ses bords, relevées de grosses nervures, qui s’étendent sur toute sa surface postérieure, & portées par des queues épaisses & de deux pouces environ de longueur, sur tout celles des feuilles extérieures. Ses fleurs sont pâles, ou blanchâtres.

On donne à ce chou différens noms, par rapport aux changements qui lui arrivent ; tantôt on le nomme chou vert, à cause que ses feuilles sont vertes ; chou blanc, chou blond, quand elles sont devenues blanchâtres, Brassica alba, vel viridis ; & comme c’est l’espèce qui craint moins le froid, & qu’il est plus tendre après la gelée, on l’appelle vulgairement à Paris chou gelé. Sa semence est bonne pour tous les vers. Ce chou, aussi bien que les suivans, lâche le ventre.

Chou cabus, est une espèce de chou, dont la tige pousse une si grande quantité de feuilles à son sommet, que ne pouvant pas toutes s’étendre à la fois, elles demeurent entassées les unes sur les autre, & forment comme une tête dure, blanche en dedans, & fort bonne à manger ; ses fleurs sont jaunâtres. On le nomme à Paris, & en plusieurs autres endroits chou pommé, ou chou pomme, blanc. Brassica capitata alba. Il dégénere quelquefois, sur tout lorsque le terrain ne lui est pas favorable.

Chou rouge, se dit de deux sortes de choux qui sont teints de couleur de pourpre, & dont l’un est pommé, & se nomme chou pomme rouge, en latin, Brassica capitata rubra. Il ne differe de chou cabus, que par sa couleur. L’autre espèce de chou rouge n’est point pommée, ses feuilles sont grandes, frisées, & relevées de nervures d’un pourpre plus foncé que le reste de la feuille, qui est le plus souvent verdâtre. Il s’éleve plus haut que le pommé rouge ; ses fleurs sont cependant de la même couleur. On nomme ce chou, chou commun rouge, ou chou rouge, en latin, Brassica rubra. On emploie le chou rouge pour les maux de poitrine, pour la toux, & pour les crachemens de sang. On en fait un syrop pour les asthmatiques ; mais on doit le préparer à mesure qu’on en a besoin ; car lorsqu’il est gardé, il sent si mauvais, qu’on ne sauroit s’en servir.

Chou de Savoie, ou Chou de Milan, Brassica Sabauda, capite oblongo non penitus clauso, est une autre espèce qui approche du chou commun ; mais il est plus gros, & ses feuilles sont plus blanches, plus tendres, relevées de nervures plus grosses, ses feuilles sont aussi frisées, ondées, & serrées les unes contre les autres, comme celles de la laitue. Sa fleur est blanche. Ce chou est recherché à cause qu’il est beaucoup plus délicat que les précédens.

Chou blanc, ou Chou frisé, Brassica alba, vel crispa. Il est commun en Savoie, il differe du précédent par ses feuilles, beaucoup plus grandes, plus frisées, ordinairement plus blanchâtres, & par ses fleurs, qui sont jaunes. On le mange sur la soupe comme le chou vert ; il est plus délicat.

Chou fleur, Brassica cauliflora. C. B. Pin. C’est une espèce de chou dont les feuilles extérieures sont assez grandes ; mais celles du milieu, aussi bien que ses tiges, avortent & dégénèrent en des têtes informes toutes grainées, blanches & fermes. On mange ces têtes cuites dans l’eau, & apprêtées avec une sausse blanche, assaisonnée de poivre, de sel & d’un peu de vinaigre. On faisoit venir autrefois sa semence d’Italie ; mais on la recueille en France, depuis qu’on s’est avisé de conserver à la cave, pendant l’hiver, les piés de ces choux qu’on a vû être bons à donner des tiges : on les transplante ensuite au printemps, & ils ne manquent pas de fleurir dans la saison. Ses fleurs sont pâles. Ce chou, aussi bien que la plûpart des autres espèces, dégénère quelque fois. On disoit autrefois chou flory.

On peut ajouter à ces précédens ces deux-ci, qu’on ne voit guère en France.

Chou rave, ou Chou de Siam. Brassica caulorapa, ou Brassica gongylodes. On l’appelle ainsi, à cause que sa tige est terminée par un nœud gros comme une rave, d’où sortent les queues de ses feuilles, qui sont grandes, amples, & semblables aux précédentes. Ses fleurs sont jaunes & petites. On mange ce nœud.

Chou navet. Brassica radice napiformi. Napo Brassica, C. B. Prodr. 54. Il se distingue par sa racine, qui est un gros navet chargé de quelques fibres chevelues. De ce navet part une tige qui porte des feuilles & des fleurs comme le chou ordinaire. Les pauvres gens de bohême mangent sa racine, qu’ils coupent par tranche.

Il y a encore plusieurs autres espèces de choux, ☞ dont on trouvera les noms dans les instituts de M. de Tournefort, & dans nos Jardiniers Légumistes.

Chou Sauvage, ou colsa. Brassica silvestris, sive crambe, Brassica arvensis. C’est une espèce de choux beaucoup plus petits que les précédens, mais plus branchus. Ses feuilles sont bien plus petites, & lavées de pourpre. On tire de sa graine une huile pareille à celle du sénevé.

Les plantes suivantes sont appelées improprement chou ; elles n’en ont du tout point le caractère.

Chou Caraïbe. C’est une espèce de pié de veau d’Amérique.

Chou Marin, est le nom d’une espèce de liseron purgatif, & qui croît au bord de la mer. Brassica marina, sive soldanella. Voyez Liseron.

Chou Marin d’Angleterre. Plante dont les feuilles ressemblent à celles du chou noir, mais plus belles & plus charnues, frangées & plissées par ondes, & d’un assez bon goût. Il s’éleve d’entre ses feuilles des tiges qui soûtiennent en leurs sommités des ombelles en beaux bouquets de fleurs à quatres fleurs blanches ou pâles, disposees en croix. Il leur succède des fruits ou coques ovales, d’une matière spongieuse, renfermant une semence ordinairement oblongue. Celle qui se trouve aux lieux maritimes en Angleterre, est vulnéraire. Ses feuilles & sa semence sont propres pour faire mourir les vers, pour déterger & consolider les plaies, prises intérieurement & extérieurement.

Chou de Chien, espèce de Mercurielle qui croît dans les montagnes, & qui est vivace. Voyez Mercurielle.

On appelle chou de Palmiste, la moëlle qui vient au sommet du palmiste franc qui croît aux Îles Antilles. Cette moëlle est blanche, tendre, savoureuse & couverte de feuilles. Elle s’appelle chou de palmiste, à cause qu’on en met au potage au lieu de choux & d’autres herbes.

Chou poivre, est une espèce de chou qui croît dans les Îles de l’Amérique, & qui ressemble fort au chou Karaïbe.

Chou. Ornement de tête des femmes. Il faisoit partie de la coëffure, que l’on nommoit commode.

On appelle un lapin domestique nourri dans le grenier, ou dans la bassecour, un mangeur de choux. On appelle pomme de chou, la plus méchante des pommes qui se mangent, & qui sent le goût de chou.

Un Italien s’est fait du chou, qu’il portoit dans ses armes, & de ce mot, ubique vigeo, une devise heureuse ; car comme dit Ruellius, en parlant du chou, nullam terram aversatur. Il vient par tout.

On dit proverbialement d’une personne reléguée à la campagne, ou qui est obligée d’y demeurer, qu’on l’a envoyée planter des choux. On dit aussi, ce n’est pas le tout que des choux, il faut encore de la graisse ; pour dire, qu’on n’a qu’une partie des choses nécessaires pour venir à bout de quelque entreprise. On dit aussi, qu’un homme fait ses choux gras de quelque chose, lorsqu’il fait bien ses affaires, qu’il fait de grands profits en quelque chose.

Mais moi défunt, je suis à vous sans faute ;
Prenez mes vers, faites-en vos choux gras ;
Force sera de souffrir ce martyre,
Parce qu’alors ne pourrai plus vous dire, &c.

P. Du Cerc.

On dit, qu’un homme veut sauver la chèvre & les choux ; pour dire, qu’il veut remédier à tous les inconvéniens qui se trouvent dans une affaire. On dit aussi de celui qui dispose du bien d’autrui comme s’il étoit à lui, qu’il en fait comme des choux de son jardin. On dit à celui à qui on donne la libre disposition de quelque chose, qu’il en fasse des choux, des raves, des pâtés. On dit aussi, qu’Aubervillers vaut bien Paris chou pour chou ; pour dire, qu’il croît plus de choux à Aubervillers qu’à Paris. Chou pour chou ; pour dire, l’un vaut l’autre. On dit encore, lorsqu’on veut marquer une grande différence de prix entre deux choses, qu’il y a chou & chou. On dit aussi d’une personne qui prise plus qu’il ne faut ses bonnes qualités, qu’elle fait bien valoir ses choux. On dit, que la gelée n’est bonne que pour les choux. On dit encore d’une chose qu’on veut mépriser beaucoup, qu’elle ne vaut pas un tronc de chou, un trognon de chou ; d’autres disent un trou de chou. On dit aussi, qu’un homme va tout à travers les choux ; pour dire, qu’il agit en étourdi & imprudemment dans les affaires qu’il entreprend. On dit d’un envieux, qu’il est comme le chien du Jardinier, qui ne mange point de choux, & qui ne veut pas qu’un autre en mange ; d’un homme dont la naissance est inconnue, qu’il a été trouvé sous un chou ; d’une personne qui n’est pas propre à quelque chose. Il est propre à cela, comme à ramer des choux ; il s’y entend comme à ramer des choux ; parce qu’on ne rame point les choux, mais les pois. Tout cela est bas.

Vienne qui plante, sont des choux ; pour dire, que tout ce qui peut arriver d’une affaire, est indifferent. On le dit aussi lorsqu’on risque quelque chose au hazard.

Chou est aussi une espèce de pâtisserie fort légere & fort enflée, faite avec des œufs, du beurre & de l’eau rose. Placentæ genus leve ac tumidum. Elle est semée par dessus de nompareille de dragées. On les appelle aussi, par antiphrase, des casse-museaux. On se sert de petits choux aux Rois, au lieu de gâteaux. Aux étrennes on envoie de gros choux de pâtisserie.

Chou est aussi le nom d’un coquillage de mer. Brassica marina. Un chou bien tacheté de pourpre. Gersaint. Un grand chou très-frisé. Id. Un chou des plus coloriés. Id.

Chou, chou-là. Terme de Chasseur, pour exciter son chien à quêter. Chou-pille, autre terme pour exciter le chien à se jeter sur le gibier. Chou-pille est aussi le nom du chien qui n’est bon que pour quêter sous le fusil.

CHOUX. (Val des) Nom d’un lieu situé dans le Diocèse de Langres, à deux lieues de Louvigny. Vallis Caulium.

L’Ordre du Val des Choux, est un Ordre Religieux établi en l’an 1193, par un frere convers Chartreux, nommé Viard, de la Chartreuse de Louvigny, qui se sentant appelé à une vie plus austère & plus éloignées des soins temporels que ne permettoit son état de convers, se retira, avec la permission de ses Supérieurs, dans un bois à deux lieues de Louvigny. Le Duc de Bourgogne, en memoire d’une victoire qu’il remporta, lui bâtit un Monastère, qui prit le nom de ce lieu, qu’on nommoit le Val des Choux. Il eut des disciples, auxquels il donna des constitutions semblables à celles des Chartreux, qui furent approuvées depuis par Honorius III. Ils prirent l’habit, mais non pas l’Institut de Cîteaux, comme l’écrit le Cardinal Jacques de Vitry. Chopin, dans son traité des droits des Religieux, dit qu’il y avoit 30 Prieurés qui dépendoient de celui du Val des Choux. P. Hélyot. Tom. VI, c. 22.

CHOUAN est une petite semence semblable au semen contra, mais plus grosse & plus légere, de couleur vert-jaune, d’un goût un peu salé, aigrelet. Elle croît à une plante du Levant qui est basse ; sa sommité vient disposée en petits paquets. On s’en sert pour faire le carmin.

CHOUCAS ou CHUCAS. s. m. Espèce de corneille grise, au bec & pié rouge. Graculus.

Quelques-uns disent Choucas ou Chocas, & Chouca. Les Choucas vient de toutes sortes de grains, & de sauterelles, de vers & de gland. Ils ne vivent point de charogne. Ils font leurs petits au printemps ; ils vivent en troupes, & ne vont jamais seuls. Ils s’apprivoisent facilement, & lorsqu’ils sont nourris niais, ils ne quittent jamais leur cage. On leur apprend à parler. Ils sont fins, rusée, défians, & très-difficile à prendre. Il y en a de plusieurs espèces.

☞ Le Choucas rouge, Coriacas, feu Pyrocoras, est à peut près de la grandeur de la Corneille noire. Il a le bec long d’environ quatre doigts, un peu courbé, de couleur rouge, tirant sur l’orangé, & un peu jaunâtre. Ses piés sont de la même couleur, à l’exception de ses ongles, qui sont, aussi bien que tout le corps, d’une couleur très-noire. Il se plaît dans les montagnes. Il est très-difficile à apprivoiser, & lorsqu’il est dans les maisons, il defait les vitres & les chassis avec son bec, & gâte tout. Il y a un corbeau rouge que quelques-uns ont confondu avec le Choucas rouge.

Le petit Choucas, qu’on appelle aussi Chouette ou Chuette, & Chouchette, a beaucoup de rapport à la corneille, ☞ dont il ne differe que par la façon de vivre & par la voix. Il approche fort rarement du bord des rivières ; il va toujours en troupe. Il a les piés, tout le corps & le bec noirs. Son bec a quelques points blanchâtres auprès des narines. Il est d'un noir moins foncé que le corbeau & la corneille, & tire un peu sur le gros. Il aime les plaines & les campagnes, se retire dans de hautes tours, & dans les vieux édifices, où il fait son nid. Il aime extrêmement à cacher l’or & l’argent, ce qui, dit-on, l’a fait nommer en latin, Monedula. Aldrovand parle encore d’une espèce de Choucas tout semblable à celui-ci, excepté qu’il a un collier blanc.

CHOUCHETTE. s. f. Voyez Choucas.

CHOVEAU, CHAUVEAU ou CHOVELOT. s. m. Espèce de petite mesure pour les liqueurs. Madame Fouquet, dans l’Avertissement qui précède son Recueil de Remèdes, ne donne au choveau que la contenance d’un demi-setier. Le chauveau, dit-elle, ou demi-chopine, qui est la quatrième partie de lapinte, doit peser une livre. Un choveau de lait. Glossaire Bourguignon. Chovelot en quelques endroits de Champagne est le tiers de la pinte, appelé tierce' en d’autres.

CHOUETTE. s. f. Autrement chevêche ou civette. Oiseau de nuit, espèce de chevêche, de chat-huant, de hibou. Monedula, noctua. La Chouette est de la grosseur d’une colombe, elle a la tête grosse & penchée en arrière, les yeux grands, la prunelle noire, mêlée de jaune ; le bec courbé, un peu longuet, & de couleur jaune-pâle. Tout le champ de son pennage est en partie tanné, & en partie blanc, principalement à l’extrémité des aîles, dont les grandes pennes & les grands couteaux sont ornées de taches larges de couleur châtain. Les taches de son ventre, qui sont en long comme des gouttes, sont de même couleur. Le reste est blanc : l’extrémité du vol s’étend jusqu’au bout de la queue. Ses cuisses sont couvertes de plumes cendrées brunes, jusques sur les piés. Ses doigts sont de pareille couleur ; ils sont séparés, comme aux oiseaux de nuit ; ses ongles sont crochus, aigus & noirs.

☞ La chouette, ne paroît que la nuit. Elle fait son nid dans des creux d’arbres ou dans des trous de murailles. Elle prend les souris dans les granges & dans les maisons, comme les chats, & elle vit de petits oiseaux qu’elle attrape la nuit. Lorsque la chouette est repue, elle est trois jours sans manger, & quelquefois neuf. Elle est fort utile au chasseur pour prendre toutes sortes d’oiseaux, & c’est un amusement de voir comme ils lui font la guerre. Lorsqu’elle se voit environnée & pressée de tous côtés, elle se couche sur le dos, & ne fait paroître que son bec & ses griffes. Il y a sympathie entre le faucon & la chouette. Lorsqu’il voit que les autres oiseaux lui font la guerre, il vient à son secours, & la défend. On dit qu’il n’y en a point dans l’Île de Candie, & que quand on y en porte, elles meurent.

☞ On distingue avec Bellon deux sortes de Chouettes, la grande, dont on vient de parler, & la petite, que cet Auteur ne décrit qu’imparfaitement. Elle ressemble, dit-il, parfaitement à la grande, mais elle est plus rare. Cette différence ne consiste peut-être que dans le sexe.

La Chouette étoit consacrée à Minerve comme le symbole de la prudence, pour marquer que la véritable sagesse ne s’endort jamais. La rencontre d’une chouette étoit de mauvais présage, dit Elien.

On dit figurément d’une personne qui est en butte aux mépris & aux railleries des autres, qu’elle est leur chouette. Acad. Fr.

On dit proverbialement de celui qui est accoutumé à dérober, qu’il est larron comme une chouette. Ce proverbe est venu des Latins : ils appellent la chouette, monedula, parce qu’elle vole l’argent.

On appelle au jeu de Piquet, faire la chouette, jouer seul contre plusieurs qui jouent alternativement.

☞ Ce mot vient de cucuba ou cucubette. Mén.

Chouette ou Chuette. Voyez Choucas.

Chou-, terme de Chasse. Voyez Chou.

Chou-pille, terme de Chasse. Voyez Chou.

CHOUQUET. s. m. Terme de Marine. C’est un gros billot de bois carré par dessous, & rond par dessus, qui sert à chaque brisure des mâts au dessus des barres de hunes, pour emboiter les mâts l’un dans l’autre par le moyen des tenons & des mortoises qui y sont : On y emboite aussi le bâton du pavillon. On l’appelle autrement tête de More.

Chouquet est encore le nom qu’on donne quelquefois à un petit billot dont les Bourreaux se servent pour achever avec la hache de couper une tête qu’ils ont manquée avec le sabre.

CHOUSSET. s. m. Boisson que font les Turcs, & dont ils usent. Zitum Turcicum, Posca Turcica, Cervisa Turcica. Le chousset n’est guère différent de ce qu’on appelle bouillon en Picardie, dit Vigenere dans ses Illustr. sur l’Histoire de Chalcond. p. 341. Le chousset est fort nourrissant ; il entête comme la bière jusqu’à enivrer. Il est fait de pâte crue, mais levée, qu’on décuit dans un chaudron plein d’eau ; & quand elle est rassise & sechée, l’on en prend la grosseur d’un œuf, qu’on jette dans de l’eau pour boire. ☞ Ce mêlange s’echauffe sur le champ. Il s’en forme une boisson blanche & épaisse qui nourrit & enivre. Les Turcs se fardent de l’écume de chousset, comme les Flamandes & Angloises de celle de la bière. Vigen. cité.

☞ CHOUSTACKS, monnoie d’argent de Pologne, valant environ huit sous de France.

☞ CHOXAN. Ville de la Chine, dans la Province de Huquang, au département de Chingyang. lat. 31d 49’. Elle est de 7d 30’ plus occidentale que Peking.

☞ CHOYER. v. a. Se dit quelquefois des choses précieuses, qui peuvent se casser ou se gâter faute de soin ; plus communément des personnes chères & délicates. Tracare aliquid caute, diligenter curare. Traiter, manier délicatement, conserver avec soin. Vous avez-là de belles personnes qu’il faut choyer. Cette jeune femme a raison de choyer son mari. Cette mere choie fort ses enfans.

☞ Se choyer, curare corpus, cutem, pelliculam. Etre occupé de ce qui concerne la santé & les aises de la vie. Cet gomme ne se choie pas assez, se choie un peu trop.

Choyer quelqu’un, c’est encore avoir tous les ménagemens possibles pour lui, avoir soin de ne rien dire, de ne rien faire qui puisse le choquer. Diligentissime observare. Il le choie comme un amant choie sa maîtresse.

Il le choie, il l’embrasse, & pour une maîtresse,
On ne sauroit, je pense, avoir plus de tendresse.

Mol.

☞ Dans toutes ses acceptions, ce verbe n’est que du style familier, & peu en usage.

Choyé, ée. part.

CHOYNE. s. m. C’est un fruit de l’Amérique, de la