Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEOIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 507).
◄  CHENU
CHEOITE  ►

CHEOIR, plus ordinairement CHOIR. v. n. Tomber. Cadere, decidere. Ce bâtiment n’est pas bien étayé, il est en danger de cheoir. Il chet de la neige, de la pluie, de la grêle. Expression tout-à-fait mauvaise en prose aussi-bien qu’en Poësie. On dit je chus, je suis chû, je cherrai : le petit peuple de Paris dit je choirai. On a dit autrefois chaer, chair, chaoir, & ensuite cheoir.

Ou aultrement foudre & tempête
Cherra sur toi. Marot.

Ce verbe, quelque besoin qu’on en ait en Poësie, est mort avec le grand Corneille, qui s’en est encore servi. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

Voltaire fait la même remarque, & ajoute que du temps même de Corneille, le mot cheoir ne pouvoit être employé pour, tomber en partage.

Cheoir signifie aussi diminuer en crédit, en fortune. Excidere. Ce Marchand a fait de grandes pertes, il est en danger de cheoir, s’il n’est pas assisté de ses amis. L’élévation des grands ne sert qu’à les faire cheoir de plus haut.

On dit qu’une personne penche du côté qu’elle veut cheoir, lorsqu’on s’apperçoit de ses sentimens, & qu’on prévoit de quel côté elle va opiner.