Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/831-840

Fascicules du tome 1
pages 821 à 830

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 831 à 840

pages 841 à 850


BECULO. s. m. Plante médicinale : c’est l’Ipecacuanha. Voyez ce mot.

BÉCUNE. s. f. Poisson qui se pêche sur les cotes de l’Amérique. Il ressemble à un brochet par sa figure, & par le goût. On en prend qui ont huit pieds de longueur. Il y a une sorte de bécune que les François appellent en ce pays-là bécasse de mer, parce qu’elle a un bec assez semblable à celui de la bécasse. Ce poisson est gourmand, carnassier, & autant ou plus dangereux que le requin : il ne s’étonne nullement du bruit, ni des mouvemens qu’on peut faire dans l’eau ; au contraire, c’est alors qu’il se lance sur les personnes pour les dévorer. Sa chair a le même goût que celle du brochet ; & s’il a les dents bien blanches & le foie doux, on en peut manger, mais s’il les a tant soit peu noircies & le foie amer, ou âcre, sa chair est un poison aussi dangereux que l’arsenic. On dit dans les Îles que cela vient de ce que ce poisson mange de la mancenille, qui tombe des arbres dans la mer. P. Du Tert. Hist. des Ant. Tr. IV, ch. I, §. 5. Voyez aussi Lonvill. Hist. nat. des Ant, p. 181, ou Liv. I, ch. 17., Art. 8.

BED.

BEDAINE. s. f. Terme populaire qui signifie un gros ventre. Abdomen, obesus venter.

Molière fait dire au Cocu imaginaire,

Quand j’aurai fait le brave, & qu’un fer pour ma peine
M’aura d’un vilain coup transpercé la bedaine,
Que par la ville ira le bruit de mon trépas,
Dites-moi, mon honneur, en ferez-vous plus gras ?

Bedaine. Vieux mot. Boulet ; d’où vient que l’on disoit autrefois jeter bedaines. C’étoient certains instrumens gros & courts qu’on appeloit aussi bedondaines.

Ce mot vient de bis & dondaine. Or dondaine étoit un certain instrument de guerre à jeter des pierres, qui étoit gros & court, qui a fait qu’on a appelé de gros ventres des dondaines, & ensuite bedaines ; & grosse dondon, une femme courte & grosse. Menage. D’autres le dérivent de l’hébreu בטן. Cette étymologie a plus d’apparence. Elle est de Guichard.

☞ BÉDARIEUX, ou BEC D’ARIEUX, ou BEDERIEUX. Ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Besiers, sur l’Orbe.

☞ BEDAS. Peuple d’Asie, dans l’île de Ceylan, toujours caché dans les bois, n’ayant ni commerce, ni communication avec personne.

☞ BEDAT, (le) ou BEDART. Rivière de France, dans l’Auvergne, qui se perd dans l’Allier.

BEDATS. s. m. & pl. Terme de coutume. Ce sont des garennes & des bois prohibés, ou défendus. Ce mot vient de vetare, défendre. On dit aussi bois vétés, du même mot vetare. Voyez de Laurière sur Ragueau.

BEDEAU. s. m. C’étoit autrefois un Sergent dans les Justices subalternes ; & les Sergens Royaux, quand ils plaident contre eux, les qualifient encore de ce nom. Accensus, Apparitor. En effet, ils servent de Porte-verges dans les Eglises des Juridictions ecclésiastiques, comme on voit encore à S. Germain des Prez. On les appelle en latin Bidelli, qu’en croit avoir été fait par corruption de pedellus, comme servant à pied. Fauchet dit qu’on les appeloit autrefois Bidaux, & que c’étoient des soldats paysans.

Ce mot, selon quelques-uns, vient de l’hébreu בטן, badale, ordinare, arranger, ce qui regarde la fonction des Bedeaux. D’autres le tirent de pedo, seu baculo, quia virgâ utebantur. On a dit Pedellus de pedum, qui est cette sorte de verge ou bâton dont les Huissiers se servent ; & de Pedellus on a fait Bidellus. Cela paroît plus vraisemblable. L’hébreu ברל, signifie dividere, diviser, séparer, plutôt qu’ordonner.

Spelmannus, Vossius & Somnerus, le dérivent du mot Saxon Bidel, qui signifie Crieur public, Sergent ou Héraut. C’est ainsi que dans les vieux manuscrits Saxons les Evêques sont appelés Dei Bedelli, les Bedeaux de Dieu, c’est-à-dire, Præcones, les Hérauts de Dieu ; & dans Ingulfe, Hist. Croyl. Egdar Roi d’Angleterre défend à tous ses ministres, bedeaux & baillifs &c. Ce mot Saxon Bidel ou, bydel, vient du verbe Saxon bydde qui signifie demander, prier. L’interprète Saxon du nouveau Testament en S. Luc XII, 58, traduit Exactor par bydele ; dans les lois d’Ecosse bedellus est pris au même sens, ch. 112. Quelquefois au lieu de Bedellus on trouve Pedellus, d’où vient que Skenæus a dit qu’il ne pouvoit venir de bydel, mais de pedum. Dans les lois d’Angleterre Beadle, c’est-à-dire Bédeau, est un Huissier de la Cour qui cite les personnes que la Cour appelle pour y comparoître, & pour y répondre. Harris. Dans le vieux Coutumier de Normandie on fait différence entre les Sergens à l’épée, & les Bédeaux ; ceux-ci etoient destinés aux moindres services : Li bedel, dit-il, sont li mineur Sergeant, qui doivent faire les meneurs semonces. Voyez Spelman. Glossar. Archæol. & les Macri dans leur Hierolexicon.

Bedeaux, se dit aussi de ceux qui servent d’Huissiers & de Porte-masses dans les Universités, qui marchent devant le Recteur & les Facultés. Il y a dans l’Université de Paris quatorze Bedeaux, deux en chaque Nation, & deux en chaque Faculté. On divise les Bedeaux en grands & petits Bedeaux. Les grands ont le double de gages des petits ; & les petits, qu’on nomme sous-Bedeaux, sont comme les serviteurs des grands. Entre ces Bedeaux il y en a un qu’on appelle le grand Bedeau de France, qui est le premier Bedeau de la nation de France. On ne sait positivement le temps de l’institution des Bedeaux ; mais il est constant que l’Université n’a jamais fait corps qu’elle n’ait eu des Bedeaux pour porter ses ordres. Les Bedeaux des Nations sont plus anciens que les Bedeaux des Facultés, lesquels n’ont commencé que lorsque les Nations ont commencé à faire corps. Les Bedeaux de la Faculté des Arts s’élisent par les Nations. Les Bedeaux à leur réception prêtent serment, & lorsqu’ils ont bien servi, on leur promet de résigner leur Office. Les grands Bedeaux ont quatre livres pour chaque écolier qu’on reçoit Maître-ès-Arts, & les petits Bedeaux ont quatre sols.

Bedeau, est aussi un porte-verge, qui sert à l’Eglise & aux Confréries pour les quêtes, pour la conduite des personnes de qualité aux offrandes, aux processions, &c. Voyez les Recherches de Pasquier, Liv. IV. ch. 30, où il traite des Sergens & Bedeaux.

Naudé, dans son Mascurat, a dit Bedeau en parlant des Académies d’Italie. Tu peux facilement t’imaginer, ensuite de ce que M. Gassendi a déjà remarqué des Humoristes, que ces assemblées se font à jour nommé & intimé par le Bedeau à tous les Académistes. Masc. En France nos Académies n’ont point de Bedeaux.

BÉDÉGAR. s. m. Plante. C’est la même chose que l’Epine sauvage. Gaspar Bauhin dit que c’est le faux bédégar que le rosier sauvage. Ce rosier est l’églantier, dont la tisane sert pour dégager les sables des reins.

Bédegar. s. m. Eponge qui se forme sur l’églantier à l’occasion des piqûres d’insectes. Voyez Rosier.

BEDEGUA. s. f. C’est dans les Auteurs Arabes le nom d’une espèce de chardon. Ray, Hist. Plant. Blancard dit que Bedegua est synonyme à spina alba.

☞ BEDER. Ville d’Asie, dans l’Indoustan au royaume de Décan, dans la Province de Telenga dont elle est capitale : elle l’étoit autrefois de tout le Décan.

☞ BEDFORD. Voyez Befort.

☞ BEDFORD. Ville de la grande Bretagne, au royaume d’Angleterre, en Bedfordshire, avec titre de Comté.

☞ BEDFORDSHIRE. Province mediterranée, au royaume d’Angleterre, dans le Diocèse de Lincoln.

☞ BEDHAH. Ville d’Asie, dans le Fars, ou Perse proprement dite.

BEDIER. adj. m. Âne, ignorant. Beda, pour détourner le Roi François premier de sa très-noble & très-vertueuse délibération touchant l’établissement des professeurs des langues, lui allégua contre la Grecque en présence de feu M. Budé (qui au contraire par tous moyens à lui possibles encouragoit le Roi à cette entreprise) qu’elle étoit la source des hérésies ; mais quand on trouva que Beda condamnoit un langage duquel a grande peine connoissoit-il la première lettre, Beda fut déclaré bedier. Henri Etienne, Disc. prélim. sur son Apologie pour Hérodote, page xiij & ix.

Deniers avancent Bediers,
Et des premiers font les derniers.

Dit un vieux proverbe, en parlant de la vénalité des charges, tirée du recueil de Gabriel Meurier. Ce n’est qu’un Bedier. M. Duchat, dans ses remarques sur l’Apologie pour Hérodote de Henri Etienne, d’où j’ai tiré tout cet article, dit que ce mot vient d’abecedarius, Becedarius, Bediarus, Bédier. Ce mot est aussi dans Nicod.

☞ BEDIFORD. Ville de la grande Bretagne, au royaume d’Angleterre, en Devonshire. C’est un port de mer, sur le Turridge.

BEDILLE. Voyez Belilli.

BEDON. s. m. Homme gras, replet. Obesus, pinguis. Il n’est en usage qu’en ces phrases populaires. Mon gros bedon. Mon petit bedon.

Bedon, signifioit aussi autrefois une sorte de cloche ou un tambour. Exiguum tympanum. La punition des ribaudes à Paris étoit de les mener publiquement avec la flûte & le bedon jusqu’à leur asile du Heuleu avec un chapeau de paille, montées sur un âne, le visage tourné vers la queue, qu’elles tenoient en main en guise de bride. Cette coutume a lieu encore à Bruxelles.

☞ BEDONER. v. Tambouriner. Nicod.

BEDONIQUE. adj. Joachim du Bellay a appelé un Poëte burlesque, un Poëte bedonique, pour montrer que ces vers se pouvoient chanter au son du bedon ou petit tambour. Aussi de tels Poètes avouent que leurs muses n’ont pas besoin de luth ni de viole, que ce sont des musiciennes à castagnettes ou à cliquettes, & à tambours de Biscaye. Sorel, de la connoissance des bons livres, p. 229 p. 230. Le grand Dictionnaire François-Latin in-4o. Paris, 1618, explique bedonique par bouffonique qui n’est pas plus en usage, mais qui s’entend mieux. Du Bellay, fol. 149 de ses Œuvres Françoises, in-8o. Paris 1574, a joint ces deux mots dans le titre de son Ode pastorale à Bertrand Bergier de Montembeuf, natif de Poitiers, Poëte Bedonique, bouffonique.

BEDOUAN. s. m. Vieux mot Blereau. Nicod.

BEDOUÏNS ou BEDUÏNS. s. m. pl. C’est ainsi qu’on appelle des troupes d’Arabes, ou des pastres qui vivent comme les Arabes. Il s’en trouve dans le Diarbek, qui est la Mésopotamie des Anciens, & le long de l’Euphrate ; ils se retirent dans les rochers, volent les voyageurs & les marchands, lors même qu’ils sont en caravanne, sur-tout la nuit, s’ils ne font une garde exacte. Tavernier. Le Roman d’Aubery parle des Bédouins.

Auque payen ne Turc ne Beduïn,
Ne me sorsirent vaillant un Angevin.

Quelques Auteurs croient que ce sont les Arabes Scenitæ, des Anciens : ils n’habitent en effet que sous des tentes qu’ils transportent d’un lieu à l’autre, selon la commodité des pâturages. L’Auteur de l’Histoire de l’expédition de Frédéric I les nomme Bedewini. Tous les Arabes qui habitent sous des tentes, ne sont pas Beduins ; mais ceux qu’on appelle proprement Beduïns, se tiennent dans les montagnes qui sont à l’Orient de la Mecque & de Médine. Quelques-uns disent qu’ils habitent sous des tentes ; & Abraham Echelsensis, dans l’Histoire des Arabes, ch. I. prétend que ce sont eux que Strabon appelle Scénites, de leurs tentes. Volaterran dis qu’ils combattoient sans armes, disant qu’ils ne mourroient point, ou qu’ils ne pourroient éviter de mourir selon que leur destinée étoit réglée ; qu’ils rapportoient tout au destin, & qu’ils adoroient le Soleil, couverts de boue. Joinville, Pasquier, & Mézeray les confondent avec les Assassins. Voyez les Notes de Du Cange sur Joinville. Ils étoient dans une extrême perplexité, si un Beduin ne leur eût promis de leur montrer un gué. Mezer. Ces Beduins sont Arabes de nation, & hérétiques dans le Mahométisme, qui se vantent d’être de la race d’Heli, oncle de Mahomet ; mais au reste sont diffamés par les trahisons, & prêts à toute heure de vendre les Mahometans, aussi-bien que les Chrétiens. Id. Voyez Pasquier, Rech. Liv. VIII. ch. 21. On trouve aussi Baduïns, Baduïn, & selon Abraham Echeliensis il vient du nom du désert Badia, où ils habitent, Voyez sur les Bédouins, le voyage de M. le Chevalier d’Arvieux, donné au public en 1717 par M. de la Roque.

Ce mot vient de bedouy, qui en arabe signifie champêtre, habitans du désert.

BEDUN. s. m. Voyez Bédouïns. C’est la même chose. Joinville dit Bédun. Les Beduns ne croioient point en Mahomet, comme font les Turcs ; mais ils croioient en la loi d’Hély, qu’ils disent être oncle de Mahomet, & se tiennent en montagnes & déserts, & ont créance que quand l’un d’eux meurt pour son Seigneur, ou autre quelque bonne intention, que son ame va en un autre meilleur corps, & est à plus grande aise que devant. Et pour ce ne font compte de mourir pour le commandement de leurs anciens & supérieurs. Ces Beduns ne demeurent ne en ville ne en cité, mais gisent toujours aux champs & aux déserts ; & quand il fait un mauvais temps, eux, leurs femmes & leurs enfans fichent en terre une façon d’habitacle qui est fait de tonnes & cercles liés à des perches, ainsi que font les femmes à sécher les buées, & sur ces cercles & ces perches, jettent des peaux de grands moutons qu’ils ont, qu’on appelle peaux de Somas, corroyées en alun, & les Béduns même en grandes pelices, qui sont à grand poil, qui leur couvrent tout le corps. Et quand se vient le soir, ou qu’il fait mal temps, ils s’encloent & retirent en leurs pelices ; & ont leurs chevaux, ceux qui suivent les guerres, la nuyt paissans auprès d’eux, & ne leur font que ouster leurs brides & les laisser paître. Puis le lendemain ils étendent leurs pelices au soleil, & les froutent quand sont seiches, & ne pert point qu’elles aient été mouillées. Ceux qui suivent les guerres ne sont jamais armés, parce qu’ils dient & croient que nul ne peut mourir que à son jour, & pourtant ont-ils entre eux cette façon, que quand ils maudient leurs enfans, ils leur disent : tu sois maudit comme celui qui se arme de paons de mort. En batail ne portent-ils que le glaive fait à la mode de Turquie, & sont presque tous vêtus de lings ressemblans à sourpelix. Et sont laides gens & hideux à regarder : car ils ont tous les cheveux & les barbes longs, & tous noirs, ils vivent de l’affluence du lait de leurs bêtes ; & y en a si grand nombre, que nul ne les sauroit estimer ; car il y en a au Royaume d’Egypte, de Jerusalem, & par toutes les terres des Royaumes Sarazins & mescreanz auxquels ils font tributaires. Joinville.

BÉE.

BÉE. adj. f. Qui se dit proprement avec le mot de gueule, pour signifier une futaille ouverte, ou défoncée par un bout. Hians, apertus. On dit aussi, qu’une porte, qu’une fenêtre est ouverte à geule bée ; pour dire, qu’elle est tout-à-fait ouverte.

On appelle vues bées celles qui regardent de côté sur le voisin. L’article 202 de la Coutume de Paris veut que personne ne puisse avoir de vues droites sur son voisin, s’il n’y a six pieds de distance ; & des vues bées & de côté, s’il n’y a deux pieds.

Bée, se dit aussi pour fenêtre, ou ouverture. Quand on toise un pan de bois, on rabat toutes les bées, & portes. On doit écrire baies.

☞ BÉE-GUEULE. Vieux mot synonyme avec sot, niais.

BÉELLER, Voyez Bêler

BÉELPHÉGOR. s. m. Idole des Moabites & Madianites. Isidore, dans ses Origines, en parle ainsi : Béelphégor est le même qui est appelé simplement Phégor, ou Phogor, dans l’hébreu au chap. XXII de Josué v. 17, & Nomb. XXXI, 16. L’Auteur de la Vulgate étoit de ce sentiment ; car Jos. XXII, 17, il traduit Béelphegor, quoiqu’il n’y ait dans l’hébreu que פעור, Phégor ; mais il le prend pour un nom de lieu. Origène ajoute à ce que j’ai déjà rapporté de lui, que l’Auteur des interprétations des noms hébreux, qu’il avoit consulté, n’avoit point expliqué quelle sorte d’impureté cette idole représentoit, ou signifioit ; apparemment, dit-il, pour ménager la pudeur. R. Salomon Jarkhi sur les nombres XXV, 3, l’a prétendu faire, & il dit que cette idole étoit ainsi nommée, parce que ces adorateurs faisoient leurs impuretés devant cette idole, & les lui offroient. Car פער, selon lui d’où vient פעור, pheor, signifie aperire & distindere foramen podicis. Maimonides insinue la même opinion dans son Moreh Nebuhhim, P. III, chap. 46 ; & il prétend que c’étoit afin que les Prêtres du vrai Dieu s’éloignassent le plus qu’il étoit possible d’un culte si absurde & si abominable, que les préceptes de l’Exode, XXVIII, 42, & XX, 26, avoient été portés. D’autres disent que cette idole avoit la bouche béante, que c’est de-là que lui vient son nom. Car פער, signifie en effet aperuit, distendit, & ne se dit jamais dans l’écriture que de la bouche. Ainswort croit qu’il est ainsi nommé, parce qu’il ouvroit la bouche pour prophétiser, de même que le Dieu Nebot tiroit son nom de Nabi, Prophète. Philon, dans son livre du changement des noms, l’interprète Ospellis, comme s’il étoit composé de פי, os, & de עור, pellis. S. Jérôme sur le ch. IX d’Osée, semble dire que c’est le Priape des Latins, & fait connoître que sa figure n’étoit pas moins obscène. Il dit encore la même chose, Liv. I. contre Jovinien, ch. 12. Ruffin, Liv. III, sur Osée, & Isidore dans ses Origines, disent aussi que Béelphégor & Priape sont la même chose. Le P. Kirker, Masius, Bochart & plusieurs autres sont du sentiment de S. Jérôme, & le premier croit que cette infame idolâtrie étoit venue de l’Egypte, & des cérémonies abominables d’Osiris. Martin Bucer s’est imaginé, dans son commentaire sur le Psaume CVI, v. 29, que c’est l’Ecriture qui a donné ce vilain nom à ce Dieu, & que c’est la coutume de donner de semblables noms aux faux-Dieux par dérision ; que c’est ainsi qu’elle appelle Béelzébub, Dieu des mouches, le Dieu d’Accaron. Josephe Scaliger qui est du même sentiment, ajoute que le nom véritable de ce Dieu étoit Baal-reem, Dieu du tonnerre, & que les Israëlites, pour le tourner en ridicule, lui avoient donné celui de Baal-Phégor, qui veut dire, selon lui, Dieu du pet, parce qu’il n’y a rien qui marque plus de mépris que cette comparaison du prétendu tonnerre de ce Dieu. Vossius, Liv. II de l’Idolâtrie, ch. 7, croit que le 28e verset du Ps. CVI, peut faire juger que Béelphégor étoit le moth des Phéniciens, c’est-à-dire, le Pluton des Grecs & des Latins. Apollinaire, dans sa Paraphrase des Pseaumes, S. Augustin sur cet endroit, Cassiodore & Remi d’Autun dans son Commentaire sur les Pseaumes, semblent être de cet avis. Appollinaire, dans la Chaîne Grecque, sur le Ps. CVI, v. 28, dit que Béelphégor est Saturne. S. Chrisostôme & Théodoret suivent aussi ce sentiment. Vossius au II Liv. de l’Idolâtrie, ch. 7, soutient que c’est le soleil, & prétend par-là réunir tous les sentimens des Anciens ; que Saturne, Priape & le soleil, ou le Ciel, Uranus, sont la même divinité, c’est-à-dire, le maître de la nature, de la génération & de toutes les productions qui se font dans le monde ; que Priape selon Suidas, est l’Orus des Egyptiens, & qu’Orus est le Soleil ; que les figures que l’on donnoit à ce Dieu, & les ânes qu’on lui sacrifioit, ne sont que des symboles de la vertu de produire qu’a le Soleil ou le Ciel, qui n’est autre que Jupiter ; que le nom de Priape vient de celui de peor, ou pegor, que ce Dieu porte quelquefois, selon lui, sans Baal, comme Deut. XXXIV, 5, 6 ; & Jos XXII, 17 ; que la première partie du mot Priapus est פער, peor, & la 2e אב, ab, ou ap, père ; de sorte que Priapus n’est autre chose que Peor Pater ; comme Jovis Pater, Marspiter, Saturnuspater, Januspater, Diespiter, &c. qu’on peut dire aussi qu’il vient de פרה, fructifier, & de אב, père, & qu’il signifie fructificationis pater ; qu’il étoit appelé peor de פער, aperire, parce qu’on le représentoit tout nu ; ou bien parce que le soleil produit tout, met tout au jour ; qu’enfin ceux qui disent que le Priape est Bacchus, ne sont point contraires à son sentiment, parce que Bacchus est le même que le Soleil. Tel est à-peu-près le sentiment de Vossius.

Un Auteur récent conjecture, dit-on, que c’est Orus, que c’est Adonis, ou Osiris. Pour Orus, la conjecture n’est point de lui, mais de Vossius. Pour Adonis, rien n’est moins vraisemblable, ni plus mal trouvé. Sa raison est que David dit, Ps. CV, 28. Ils furent initiés à Béelphégor, & ils mangèrent les sacrifices des morts. Par ces sacrifices des morts il entend les cérémonies des fêtes Adoniennes qui étoient celles des funérailles. Mais 1°. l’Ecriture ne diroit pas les sacrifices des morts, mais du mort. 2°. Elle ne diroit pas les sacrifices ; car ces cérémonies n’étoient point des sacrifices. 3°. Ou n’y mangeoit point, au moins dans la partie qui représentoit les funérailles d’Adonis. Ces sacrifices des morts ne sont donc autre chose que les sacrifices des faux Dieux, qui ne sont que des hommes morts. Comme le vrai Dieu est appelé par l’Ecriture Dieu vivant, les faux Dieux font appelés morts. 4°. Il n’y a nulle affinité dans les noms. Certainement S. Jérôme n’a pas cru que les Hébreux appelassent Adonis Béelphégor, mais Thammuz qu’il rend par Adonidem. Ezech. VIII.

Selden, de Diis Syris, Syn. I, C. 5, ne peut souffrir qu’on dise que Béelphégor soit Priape. il est bien vrai que les Israëlites qui l’adoroient, commirent des crimes abominables ; mais il ne s’ensuit pas que ces abominations fussent les cérémonies du culte de Béelphégor ; non plus que les crimes que commit Salomon avec les femmes Sidoniennes, n’étoient point une partie du culte des Dieux de Sidon qu’il adora avec elles. L’Ecriture ne donne pas plus lieu de croire l’un que l’autre. Ainsi cet Auteur croit que ce Dieu est le Baal, ou Belus, ou Jupiter des Chaldéens, si connu, & que le surnom de Phégor est ou le nom de quelque Prince déifié qu’on lui a donné, ou celui du lieu où il avoit un temple, & où il étoit honoré. Ce dernier sentiment est sans comparaison le plus probable. En effet, Phégor est une montagne, au L. des Nomb. XXIII, 28, & une ville, dans Josué, XII, 13, 19. Bethphégor, Deut. XXXIV, est le temple que ce Dieu avoit en ce lieu. On pourroit ajouter que cette montagne s’appeloit פעור, peor, ouvert, parce qu’elle s’ouvroit en effet & laissoit un passage, & qu’il y avoit là un col, une ouverture dans les montagnes par où l’on passoit : en effet c’est là que le peuple d’Israël passa.

Quelques-uns écrivent Belfegor. Le mariage de Belfegor ; c’est un petit ouvrage de Machiavel, dont la moralité est de faire voir qu’il se trouve quelquefois des femmes qui sont plus méchantes que le diable. Il a été traduit par M. Le Févre, & imprimé à Saumur avec ses vies des Poëtes Grecs.

BÉELTSÉPHON. s. m. Béeltséphon, c’est à-dire, Dieu ou Seigneur caché, de בעל, baal, & צפון, caché, participe passif de צפה, cacher. Ou bien Dieu du Septentrion ; car צפון, tsaphon signifie aussi en hébreu Septentrion. C’est le nom d’un lieu situé proche de la mer rouge, & de l’endroit où les Israëlites passerent cette mer à sec. Quelques Auteurs veulent que ce fût une ville, & d’autres seulement un lieu ou un rocher qui étoit dans le désert. Les Rabbins disent que c’étoit une idole de Baal, qui avoit été placée là par les Egyptiens, pour observer les Israëlites, & les empêcher de sortir d’Egypte. צפה, d’où ils tirent צפון, qui signifie spéculer, observer ; de sorte que le nom de צפון, speculator, auroit été donné à Baal, comme celui de Stator à Jupiter, pour avoir arrêté une armée qui fuyoit. C’est une fable. Ce n’étoit pas là la route qu’il falloir tenir naturellement pour sortir d’Egypte. Le P. Kirker croit que ç’a pu être le nom d’un lieu, comme les Commentateurs de l’Ecriture le disent ordinairement ; mais il juge que ce lieu n’a été ainsi appelé que parce qu’il y avoit une idole de ce nom, qui y étoit adorée ; que cette idole étoit placée là comme le gardien de l’Egypte, Custos Ægypti ; que le lieu où elle étoit placée le marque ; que toute la côte de la mer rouge étant pleine de montagnes, ou de basses, ou lieux marécageux : à cet endroit seul il y avoit un port par où l’on pouvoit entrer en Egypte, ou en sortir ; que c’est pour-cela que ce Béeltséphon, c’est à-dire, Bel Gardien, y avoit été placé. Il n’est point du sentiment de ceux qui croient que Béeltséphon avoit la figure d’un chien. Cependant parce que les Egyptiens avoient la coutume de mettre Mercure sur les chemins, comme le Gardien des chemins, il soupçonne que Béeltséphon pourroit bien être ce Mercure ; & si ceux qui lui donnent la figure de chien, entendent par la Hermanubis, il est assez de leur sentiment ; il ne le croit pas néanmoins tout-à-fait certain. Quelques-uns écrivent Béelzéphon, & d’autres Béelséphon ; c’est un tsadé en hébreu, Béeltséphon. Voyez sur ce Dieu, Fagius sur l’Exode, ch. 14, v. 1. Godwin, Moses and Aaron, Liv. IV, Ch. 3, & sur-tout le P. Kirker, Œdip. Æg. T. I. Synt. IV, C. 7.

BÉELZEBUT. s. m. Nom d’une idole des Philistins. Beelzebub. Il faut écrire & prononcer beelzébut en françois, ou Béelsébut. C’est l’usage. Quelques-uns écrivent Belzébut. Ochosias étant tombé d’une fenêtre de son Palais, envoya consulter Belzébut dans Accaron. God. Or si c’est par le moyen de Béelzébut que je chasse les Démons, par le moyen de qui vos enfans les chassent-ils ? Bouh. Et s’ils ont appelé le Père de famille Béelzébut, ne feront-ils pas encore plutôt le même traitement à ses domestiques ? Port-R. Il ne chasse les Démons qu’au nom de Béelzébut, prince des Démons. Et si je chasse les Démons par Béelzébut, vos enfans par qui les chassent-ils ? Simon. Ainsi il ne faut point imiter les traducteurs de Genève & ceux de Louvain, qui disent Béelzébub, suivant en cela les traducteurs latins, & l’hébreu, car le texte hébreu 4e Liv. des Rois, 1, 2, 3, 6, 16, dit toujours בעל זבוב, Baal-Zébub, qui signifie le Dieu de la mouche, ou le Dieu des mouches, en prenant ce singulier pour signifier l’espèce, comme ont traduit les Septante à l’endroit que j’ai cité, & quelques exemplaires dans le Nouveau Testament. D’autres exemplaires manuscrits, les éditions du N. T. Aquila à l’endroit des Rois que j’ai cité, & en général tous les Grecs selon Capperonnier sur Nicéphore, pag. 707. mettent Béelzébul, aussi-bien que les versions arabes, cophtes, & éthiopiennes du N. T. que quelques Auteurs entreprennent de justifier. Le P. Kirker & Godwin disent que ce sont les traducteurs qui l’ont mis exprès, & pour donner à cette idole un nom méprisable ; que Baal-Zebul veut dire Dieu du fumier, parce qu’en chaldéen c’est la signification de Zebul, זבוב. J’aimerois autant dire, que les Philistins eux-mêmes l’appeloient le Dieu de l’Habitation, ou le Dieu du Ciel ; car זבוב, en hébreu signifie Habitation, & il se dit par excellence du Ciel qui est l’habitation de Dieu. Mais ni l’un ni l’autre ne sont bien ; parce que Béelzébul est une corruption ou changement que les Copistes ou que l’usage a fait en grec dans ce nom, qui se dit dans la langue originale Béelzébub. Drusius & Capperonnier ne croient pas qu’il faille réformer ce mot en grec, à moins qu’on ne prouve que c’est une faute de copiste, & non pas l’usage qui l’a introduit. Il y a aussi des gens qui prétendent que l’on a dit Béelzébut en hébreu ; que l’on a dit בעל זבבות Baal Zébuboth, au pluriel, Dieu des mouches, qu’ensuite de zébubot, on a fait zebboth, & de zebboth, zebot, ou zebut. Mais on ne trouve que בעל זבות, Béelzébut, au singulier, & jamais Béelzébubott au pluriel. Ainsi il est clair que c’est un changement que nous avons fait dans notre langue du b en t ; car nous ne mettons jamais le b à la fin des mots. Il n’y en a qu’un seul où il se trouve, qui est plomb, mais nous ne l’y prononçons pas. Il n’est donc point étonnant que nous l’ayons changé en t dans Béelzébut. Béelzébut étoit le Dieu d’Accaron, & on alloit l’y consulter comme un oracle, 4e. Liv. des R. Ch. I, v. 2, 3, 6, 16. On ne sait pas trop pourquoi on l’appelle Dieu de la mouche, ou Dieu mouche ; ni qui lui donna ce nom, si ce furent les Accaronites, ou les Juifs par mépris. Quelques-uns disent qu’il fut ainsi appelé à cause des mouches, qui se mettent ordinairement sur les victimes ; d’autres parce que son idole toute grasse de la fumée des victimes qu’on lui sacrifioit, étoit toujours couverte de mouches. Le P. Kirker croît avec raison que ce nom lui fut donné par les Accaronites, & non point par mépris ; car, dit-il, Ocholias ne prétendoit point lui donner un nom méprisable, 4e. des R. Ch. l, v. 2, lorsqu’il l’envoyoit consulter ; & que c’est le même Dieu que les Grecs adoroient sous le nom de Myagre, & dont parlent Pausanias & Solin ; & Pline dit qu’à Cyrène on invoquoit le Dieu Achor contre la multitude des mouches, qui engendroient la peste. Il a voulu dire le Dieu d’Accaron. Beelzébut, ou Miagre est donc le Dieu qu’on invoquoit contre les mouches. Les Grecs ont encore honoré une pareille divinité sous le nom de Ζεὺς ἀπόμυιος, Jupiter Chasse-mouche. Voy. Godwin, Moses and Aaron, Liv. IV, c. 6. Selden, de Diis Syris, synt. II, c. 6, & sur-tout le P. Kirker, Œdip. Æg. T. I. Synt. IV, cap. 6. Capperonnier croit que c’est par mépris pour ce Dieu, que les Juifs dans la suite donnèrent son nom au Prince des Démons. Matth. X. & XII. Voss. de Idol. L. II, c. 4, croit que c’est le même que Béelsamen ou le Soleil.

BEENEL. s. m. Arbrisseau toujours vert qui croît dans le Malabar. On fait avec la racine de cet arbrisseau bouillie dans l’huile de Sésame, un liniment qui passe pour être bon dans les maux de tête & dans les douleurs invétérées des membres

☞ BÉER.Nom d’une ville de la Palestine, à quatre lieues de Jérusalem.

☞ BÉER. v. n. C’est la même chose que Bayer qui est seul en usage. Voyez ce mot.

☞ BEER. v. a. Vieux mot, du latin beare, rendre heureux.

☞ BEEROTH. Ville de la Palestine, dans la tribu de Benjamin, à sept lieues de Jérusalem.

BEESHA. s. f. Espèce de bambou qui croit dans le Malabar : on se sert de sa décoction dans la suppression des règles, & on en fait un gargarisme dans les érosions des gencives & dans les maux de dents. Dict. de James.

BEF.

☞ BE-FA-SI. Terme de musique par lequel on distingue le ton de Si. Cet air est en Be-fa-si.

BEFFLER. v. a. Mener un homme par le nez comme un buffle, le tourner en ridicule, se moquer de lui, le tromper. Illudere, os alicui fublinere. Quand on vient dans le monde, il ne faut pas se laisser beffler, on n’en revient point. Ce mari a toujours été befflé par sa femme, & par tout le monde. Ce mot est vieux, & ne peut plus entrer que dans le comique & le burlesque.

BEFFLÉ, ÉE. part. Illusus, irrisus.

BEFFROI. s. m. Tour, clocher, lieu élevé où il y a une cloche dans une ville de guerre, ou dans une place à portée de l’ennemi, où l’on fait le guet, & d’où l’on sonne l’allarme, quand les ennemis paroissent. Specula. Du Cange dérive ce mot du Saxon ou Allemand bell, qui signifie cloche, & freid, qui signifie Paix. On l’appelle diversement dans la basse latinité, belfredus, berfridus, berefridus, verfredus, bilfredus, balfredus, belfreit, belfragium, beaufroy & belfroy. Nicot dérive ce mot de bée & de effroi, parce qu’il est fait pour béer & regarder ; & ensuite donner l’effroi. Pasquier croit que c’est un mot corrompu ; qu’il est dit simplement pour effroy, & que sonner le beffroi n’est autre chose que sonner l’effroi. Rec. Liv. VIII. chap. 62.

Beffroi, dans les Coutumes d’Amiens & d’Artois, est une tour où l’on met la ban-cloque. Campana bannalis, c’est-à-dire, la cloche à ban, ou la cloche destinée à convoquer les habitans d’une ville. La Charte de l’affranchissement de S. Vallery accordée en 1376, par Jean Comte d’Artois porte ceci : Item ; « Nous avons ordonné & accordé eschevinage, ban-cloque grande & petite, pilori, scel & banlieue aux Maires, Eschevins & Commune de S. Vallery. » De Laurière sur Ragueau. Ainsi le droit de beffroi étoit un privilège, & Charles le Bel en 1322, l’ôta à la ville de Laon avec plusieurs autres, pour la punir d’un sacrilège que les habitans commirent dans l’Eglise.

Beffroi, est aussi la charpenterie qui soutient les cloches dans un clocher. Canterii.

On appeloit autrefois beffroi, ces tours ou machines de charpente montées sur des roues, qui égaloient en hauteur les murs des villes qu’on attaquoit, sur lesquelles on mettoit des soldats pour y jeter des traits, avant l’invention de l’artillerie. Turris lignea supposita rotis. Le Roman de Garin décrit ainsi un beffroi.

Un engin fet, de tel parler n’oi,
Qui ot de hauts cent piez tos enterins,
Près de la porte fit venir tel engin,
A sept estages tot droit de fut chesnin,
Arbalestriers i a mis jusqu’à int,
Bien fu cloez, couvert de cuir boli.

Quelquefois on trouve écrit belfroit & belfroi, du latin belfridus. On trouvera encore la description d’un beffroi dans l’Empereur Léon, De Tracticis, c. 15, n. 30, dans Sanut. Liv. II, p. 4, c. 22, dans Juste Lipse, Pliticor. L. II, dial. 4.

Beffroi, se dit aussi de certaines cloches qui sont dans des lieux publics, qu’on ne sonne qu’en certaines occasions, comme de réjouissances ; d’alarmes ou d’incendie. Maximum cymbalum. Il y a trois beffrois à Paris, celui de l’Hôtel-de-Ville, du Palais & de la Samaritaine. Quand il naît un fils de France, on ordonne de tinter le beffroi pendant vingt-quatre heures.

Beffroi, en termes de Blason, est un nom que les Rois d’armes & Hérauts ont donné à un Ecu vairé, composé de trois tires de vair, parce qu’il est fait en forme de cloches qui servent à donner l’effroi, & quand on dit simplement beffroi, on doit entendre qu’il est composé d’argent & d’azur. Laterculis argenteis as cæruleis instructus.

☞ BEFORT. Ville de l’Allemagne françoise, dans le Sondgow propre, dont elle est la capitale.

☞ Le Bailliage de Befort est sur les confins des états de Montbelliard & de Porentru, voisin de la Franche-Comté.

BEG.

☞ BEG, ou BEI, en langage turc, signifie Seigneur. Ce moot se joint souvent à d’autres, comme Beglerbeg, c’est-à-dire, Seigneur des Seigneurs. Assembei, ou Hassambeg, le Seigneur, ou le Prince Hassan. Voyez Begli.

☞ BEGAIEMENT. s. m. Mauvaise articulation des mots qu’on a de la peine à prononcer. Linguæ hæsitantia. Le begaiement d’un enfant, d’un homme ivre. Son begaiement est si fort, qu’on a toutes les peines du monde à l’entendre.

☞ BEGARD. Abbaye de France, en Bretagne, Diocèse de Ireguier, ordre de Cîteaux.

BEGAULT, ou BEGAUX. s. m. Nigaud, sot, ignorant. On faisoit, aux Clercs qu’on examinoit, plusieurs interrogations joyeuses, pour donner passe-temps à Monsieur le Prélat qui assistoit là, & pour essayer s’ils n’étoient point du tout niais & bégauxApol. pour Hérodote, c. 29, p. 35. Begault, bezocco, dit Oudin. Je prends ce mot pour un synonyme de bé-jaune. M. le Duchat. L’enfant prodigue, dans le sermon que le Pere Menot en a fait, dit entre autres choses ridicules, fol. 120, col. 3. Pueri qui semper dormierunt in atro vel gremio matris suæ, nunquam sciverunt aliquid, & nunquam erunt nisi asini & insulsi : & ne seront jamais que nyès & bégaux. Brief, qui ne fréquente paus, nil videt.

BÉGAYER. v. n. Articuler mal ou avec difficulté. Balbutire. Les enfans bégayent en apprenant à parler. Ceux qui ont la langue grasse, bégayent toute leur vie. Quand un homme a bu beaucoup, il commence à bégayer.

☞ Il est quelquefois actif. Il n’a fait que bégayer sa harangue.

Tout charme en un enfant, dont la langue sans fard,
Sait d’un air innocent bégayer sa pensée. Boil.

Bégayer, se dit figurément des choses qu’on n’exprime qu’imparfaitement. Ce Commentateur n’a fait que bégayer, en voulant expliquer l’Apocalypse. Pardonnez, Seigneur, à vos enfants s’ils bégayent sur votre grandeur, pour tâcher de vous donner d’autres enfans. Peliss.

Bégayer. Terme de Manége qui se dit d’un cheval qui bat à la mains, qui leve le nez, qui branle la tête, & qui secoue la bride. Succutere.

Ce mot vient de bigare, répéter, de bis on a former biga & bigare, comme de ter & de quater, triga & quatriga. Huet

☞ BEGBASAR. Ville, autrefois considérable, de la Turquie d’Asie, dans la Natolie, sur la rivière de Sangari.

BEGGHAR. s. m. Nom de religieux. Begghardus. Les Begghards sont les Religieux Pénitens du Tiers Ordre de saint François, de la régulière observance de la Congrégation de Zepperen, Couvent situé au Champ de S. Jérôme dans la Paroisse de Septembourg, appelé autrefois Zepperi, qui est du diocèse de Liège, Congrégation présentement unie à celle de Lombardie. P. Heliot, T. VII, p. 246. Jean XXII, en 1319 declara par une bulle, que les Freres & les Sœurs du Tiers Ordre de S. François n’étoient point compris, comme quelques-uns le prétendoient, dans la condamnation que Clément V avoit faite des hérétiques Begghards, Begguards & Béguines qui ne suivoient aucune règle approuvée, & ne faisoient point d’autre profession que celle de vagabonds. Id. p. 246, 247. Jean Gove les établit à Zepperen en 1425, & Jean, Evêque de Liège, confirma cet établissement. Id. Mais il y a apparence qu’il y avoit déjà plus de cent ans auparavant des Religieux de cet Ordre dans ce Diocèse, puisque l’on trouve des lettres de l’Evêque Adolphe de l’an 1323, par lesquelles, outre les grâces qui leur avoient été accordées par Nicolas IV, ce Prélat leur permet d’élire entre eux un Ministre ou Supérieur, ce que Jean Erchal confirma en 1372. Id. Les Begghards d’Anvers furent unis à cette Congrégation l’an 1472. Dès l’an 1228, ils étoient établis en cette ville, & avoient pris Sainte Beggh pour patronne, ce qui leur fit donner le nom de begghards. Clément VIII donna, en 1575, une bulle pour les confirmer dans leurs priviléges. Id. p. 248.

☞ BEGGIE, ville d’Afrique, sur la côte de Barbarie, au royaume de Tunis.

☞ BEGGUARS. Voyez Beggard.

BEGH. s. m. Terme de Ralation. Nobilis. C’est dans le Daghestan le nom qu’on donne à plusieurs petits Seigneurs qui sont sous le Gouverneur ou Schamcal.

BEGHILER-BEGHI ou BEGLER-BEG ; ou BEGLERBEY, ou enfin comme on prononce souvent même en Turquie, BEYLER-BEY. s. m. &c. La Boullaye écrit Béglerbeg. C’est chez les Turcs un Gouverneur de Province. Un Béglerbey a sous lui plusieurs Sangiacs, ou Gouverneurs particuliers. On compte 28 Béglerbeys dans tout l’Empire Ottoman. Les Turcs appellent Dins-Béglerbey le Bacha de la mer, ou l’Amiral de Turquie. Deniz-Béglerbeghi. Beg, chez les Turcs sugnifie, Seigneur, & Béglerbeg ou Béglerbegni, Seigneur des Seigneurs. Voyez au mot Bey.

BEGLIER-BEBLIG, ou BEGLIERBEGLIC. s. m. Nom de l’office ou dignité de Béglerby chez les Turcs. Il se dit aussi du pays soumis au Béglerbey. Præfectura. C’est un Gouvernement général, dans lequel sont d’autres Gouvernemens particuliers, nommés Sangiacats. Il y a vingt-deux Béglier-belics dans l’Empire du Turc. Le Béglier-belic de la Natolie renferme quatorze Sangiacats. Voyez les Voyages de la Boullaye. p. 534.

BAGNINA, mal écrit, Benigna dans le Dictionnaire Comique. On prononce Bainigna. Faire l’O Begnina. Faire le pied de Grue, caresser, flatter, faire des soumissions basses & indignes.

Elle pleure, & ses ongles ronge,
Tandis qu’elle consulte, & songe
Si devant ce Catilina
Elle ira faire O Begnina. Scarron.

☞ BÉGONE. s. f. Bégonia. Plante ainsi nommée de M. Bégon, observée par le P. Plumier. Elle a quelques fleurs stériles, composées de quatre pétales, grands & étroits ; & d’autres en rose, composées de plusieurs pétales disposés en rond sur un calice garni de feuilles qui devient dans la suite un fruit à trois angles, aile, divisé en trois loges, & rempli de petites semences.

BEGOUM. Terme de relation. Voyez Begum.

☞ BEGRAS. Ville de Turquie, en Asie, en Syrie au pied du mont noir, entre Alexandrie & Antioche.

BEGU, ou BAIGU, UE. adj. Ce mot ne se dit que des chevaux. Un cheval bégu est celui qui depuis cinq ans jusqu’à sa vieillesse marque naturellement, & sans artifice, à toutes les dents de devant, & y conserve un petit creux & une marque noire qu’on appelle germe de féve. Equus cujus in dentibus semper ætatis inaicium remanet. Les chevaux bégus ont les dents plus dures que les autres chevaux, ce qui fait que quand ils ont une fois marqué, ils marquent toujours quoiqu’ils aient passé l’âge. Les cavales sont plus sujettes à être bégues que les chevaux.

BEGUARD. s. m. Nom de Secte. Beguardus. Les Beguards, ou, comme quelques-uns écrivent, Berguards, ou Begghars & Beguins, sont des Hérétiques qui s’éleverent en Allemagne vers la fin du XIIIe siècle. Le chef de cette secte fut un certain Dulcinus. Leurs principales erreurs étoient que l’homme en cette vie pouvoit être impeccable, & acquérir un degré de perfection si élevé qu’il ne pourroit plus croître ; qu’en cet état il n’étoit plus obligé ni aux jeûnes de l’Eglise, ni à obéir aux supérieurs ; qu’il étoit heureux comme dans le Ciel ; que toute créature intellectuelle est de soi heureuse ; qu’elle n’a que faire de la lumière de gloire pour l’élever à la vision & à la possession de Dieu ; qu’il n’y avoit que les imparfaits qui s’exerçassent à pratiquer des actes de vertu ; qu’on ne devoit point adorer Jesus-Christ quand on élevoit l’Hostie, ni s’occuper des mystères de son humanité sainte. Ils blâmoient les bonnes œuvres, & débitoient des maximes d’impuretés. Ces fanatiques, qui portoient l’habit monastique sans garder aucune règle, & sans observer le célibat, furent condamnés sous Clément V. au Concile de Vienne, l’an 1311. Pratéole, Sanderus, hæres. 160 & 161. Antonin, Chron. P. iii. T. 21. c. 3. §. 2. Turre-Crem. Summ. de Eccles. P. ii. L. 14. c. 36. Sponde, Bzovius & Rainaldi à l’an 1310, & 1311 ont parlé des Begguars. Pierre Coëns en a fait l’histoire, intitulée, De origine Begauradorum. Alex. Rossæus in Πανσεβεία, Christ. Urstisius, dans son Histoire de Bale, d’où ils furent chassés en 1411. & Phil. de Limborh, en ont aussi parlé. Voyez BEGUIN.

☞ BEGGUARS. Voyez Begghars.

BEGUE. adj. m. & f. Celui qui a peine à parler, qui ne sauroit prononcer sans répéter plusieurs fois la même syllabe avant que d’articuler celle qui suit. Balbus linguâ hesitans. Il se dit aussi substantivement. C’est un Bégue.

Ménage dérive ce mot de balbus, qui signifie bégue. Borel le dérive de beccus qui est un vieux mot Gaulois qui signifioit bec.

BEGUEULE. s. f. Terme de mépris, qui s’applique dans le style familier, à une femme sotte, impertinente, ridiculement avantageuse. Fatua insulsa. C’est une bégueule, une franche bégueule. Ce mot vient de gueule bée, béante.

BEGUILL. s. m. Fruit de la grosseur d’une pomme avec une écorce rude & noueuse, dans laquelle est renfermée une pulpe semblable au fruit de l’Arbousir. Ray, Hist. Plant.

BEGUIN. s. m. Coiffe de linge qu’on met aux enfans sous leur bonnet, & qu’on leur attache sous le menton, avec une petite bride. Lintea puerorum calantica.

On dit proverbialement que les ânes ont les oreilles bien longues, parce que leurs meres ne leur ont point mis de béguin.


Beguin. s. m. Nom de Secte. Beguinus. C’est un nom que l’on donna au XIVe siècle à des hérétiques nommés autrement Béguards. Voyez ce nom. Ils se disoient pauvres Freres du Tiers-Ordre de S. François, & furent aussi nommés Fratricelles. Cette secte étoit particulièrement répandue en Provence, dit l’Historien de cette Province. Ils disoient qu’il n’étoit point permis non-seulement aux particuliers, mais même aux communautés, de posséder des fonds, ni rien en proriété, & ils traitoient le Pape d’Antechrist, parce qu’il le permettoit à l’Odre de S. François. Le Pape condamna cette secte par une Bulle du mois de Décembre 1317, dans laquelle il l’appelle la secte des Frérots, Beguins, Begghards, & Bisoches. Voyez Frerot.

Quelques savans dérivent les noms de cette secte du Saxon, ou Anglo-Saxon, beggen, mendicare, mendier.

Le nom de Béguins & de Béguines, ou Béchins & Béchines, fut donné à Toulouse aux Religieux & aux Religieuses du Tiers-Ordre de S. François, à cause de leurs Fondateur nommé Béchin. P. Helyot, T. VIII, p. 222. Barthélemy Béchin étoit un des plus qualifiés de Toulouse qui leur donna sa maison de plaisance avec un grand clos proche les murs de cette ville, dans laquelle, par l’agrandissement qu’on y a fait, il se trouve maintenant enfermé, & est occupé par les Religieux du même Ordre de l’étroite Observance. Id. p. 223.

BÉGUINAGE. s. m. Communauté de Béguines, habitation, logement d’une communauté de Béguines. Collegium Beguinarum, habitatio, domiciliom Beguinarum. Ces Béginages comprennent plusieurs maisons renfermées dans un même enclos avec une ou plusieurs Eglises, selon le nombre des Béguines. Il y a dans chaque maison une Prieure ou Maîtresse. Le Curé de la Paroisse est Supérieur du Béguinage. Le Béguinage d’Anvers est très-grand & spacieux : il a deux Eglises. Le Béguinage d’Amsterdam est aussi fort beau, & s’est conservé malgré le changement de religion. Voyez le P. Héliot, T. VIII, C. 1. Ce mot se dit non-seulement en Flandre, mais aussi en Picardie. Messieurs de ville jouissent de la dépouille des Béguines d’Amiens, que l’on nomme encore aujourd’hui le Béguinage. De la Morlière, Antiq. d’Amiens, p. 102. Le Béguinage de Malines est le plus beau de toute la Flandre. Il est grand comme une petite ville, & l’on dit qu’il y a dans ce Béguinage quinze ou seize cens Béguines, sans comprendre les Pensionnaires, dont le nombre est trois fois plus grand. Il y en a eu en France & au rapport de Thomas de Chantpré, Philippe de Montmiral en assembla cinq cens en plusieurs Béguinages. S. Louis établit des Béguines à Paris, & leur Béguinage, ou principale demeure étoit où est présentement le Monastère de l’Ave-Maria.

BÉGUINE. s. f. Nom qui se donne aux filles d’une ancienne Congrégation séculière établie en plusieurs lieux de Flandre, de Picardie & de Lorraine. Beguina. Il y a des Auteurs au nombre desquels est le P. Thomassin, qui ont regardé les Béguines comme des espèces de Chanoinesses ou de Bénéficières. Quelques Ecrivains ont prétendu qu’elles avoient eu pour Fondatrice sainte Begghe, Fondatrice des Chanoinesses d’Ardennes. D’autres prétendent plus vraisemblablement qu’elles ont commencé à Liégé, par les libéralités d’un homme riche de cette ville, nommé Lambert le Bégue, qui fonda dans cette ville deux Communautés, l’une d’hommes l’an 1150, l’autre de Béguines l’an 1172. De-là les Béguinages se répandirent non-seulement à Nivelle, & en plusieurs autres lieux des Pays-Bas, mais encore en France & en Allemagne. Caons, Chanoine de la Cathédrale d’Anvers, dans une dissertation qu’il donna en 1620 sur l’origine de ces Béguines, apporte plusieurs raisons pour prouver qu’elles n’ont point eu sainte Begghe pour Fondatrice, & que bien loin de pouvoir être regardées comme Chanoinesses, elles ont des observances toutes opposées à la vie canoniale. Elles ne font que des vœux simples entre les mains du Curé de la paroisse où elles sont situées ; ce Curé est Supérieur du Béguinage, & il ne se fait aucune affaire sans le conseil de huit Béguines. Elles étoient autrefois habillées de différentes manières & de différentes couleurs ; elles sont aujourd’hui presque toutes habillées de noir. Lorsqu’elles sortent, elles portent une certaine toque noire & plate sur la tête, avec un toupet de soie au sommet. Elles ont aussi un manteau noir, qui leur couvre la tête, & descend jusques aux talons. Elles ont différens réglemens en différens lieux. Voyez Béguinage, & le P. Héliot, T. VIII, C. 1. Il est parlé de ces Béguines dans l’extravagante de Jean XXII, Ratio recta. Elles vivent du travail de leurs mains, ont un genre de vie qui tient le milieu entre le laïque & le religieux. Il y en avoit autrefois en France, dont les maisons ont été données à des Sœurs du Tiers-Ordre de S. François, comme sont à Paris les Filles de l’Ave-Maria. Elles vivoient en commun & étoient gouvernées par des hommes d’une grande piété.

Béguine. Nom d’une secte hérétique. Beguina. Quelques-unes des Béguines dont nous venons de parler, établies en Allemagne donnerent au commencement du XIIe siècle dans des erreurs extravagantes. Elles se persuaderent que l’on pouvoit dans la vie présente, arriver à la souveraine perfection, parvenir à l’impeccabilité, à la claire vue de Dieu, & à un degré si éminent de contemplation, qu’il n’étoit plus besoin de jeûner, ni de se soumettre à la direction & à l’obéissance des hommes mortels. Le Concile de Vienne tenu sous Clément V, les condamna, & on les abolit en 1311, & bientôt après il n’y en eut plus en France. Elles se maintinrent ailleurs, & Jean XXII, successeur de Clément V, expliqua le décret de son prédécesseur, & déclara qu’il n’y avoit de sociétés éteintes, que celles dont les Béguines étoient tombées dans l’hérésie. Thomassin. La porte de Béguines étoit une porte près de la ville de Paris, ainsi nommée, parce que la demeure des Béguines en étoit proche. C’étoit le Monastère de l’Ave-Maria.

Le nom de Béguines est venu à ces Communautés de filles, selon quelques-uns, de Lambert le Bégue, Prêtre & Religieux, qui en fit l’institution : Borel le dérive de Louis le Bégue Roi de France ; ou plutôt de beguin, qui est leur coiffure. Mais d’autres prétendent que cette coiffure a pris leur nom d’elles, & non pas les Béguines de cette coiffure. Joach. Hopperus tire ce nom du verbe allemand beguinen, qui signifie commencer, parce que c’est un commencement de l’ordre monastique ; Quod initium, dit-il, rei monasticæ ponant. En Flandre, où les Beguines sont en grand nombre, l’opinion constante est que leur nom vient de Begga, ou de Begge, leur institutrice, fille de Pepin de Landen, & qui étoit fils du Duc Carloman, & petit-fils de Charles Comte de Hesbaye dans le pays de Liége. Cette Begge étoit sœur de sainte Gertrude, Abbesse, & conjointement avec sa mere Irte, ou Juberge, femme de Pepin de Landen, fondatrice du célèbre Monastère de Nivelle. Car il ne faut pas distinguer Begge, sœur de sainte Gertrude, de Begge fille de Pepin, comme on a fait dans la première édition de ce Livre ; ni prendre ce Pepin pour un de nos Rois de France. Celui-ci fut seulement Maire du Palais sous Sigebert. Cette dernière étymologie paroît la plus vraie.

Beguine. s. f. est aujourd’hui en France au moins en plusieurs endroits, un terme de mépris ☞ dont on se sert, dans le discours familier, pour désigner une dévote qui s’attache à des pratiques minutieuses, qui s’en occupe. C’est une béguine, une vraie béguine.

On appelle aussi quelquefois en général beguine, tout Religieuse ou fille de Communauté, de quelque Ordre ou Congrégation qu’elle soit ; & il a encore en ce sens quelque chose de méprisant. Ce sont des beguines, disent les gens du monde en parlant des Religieuses, qui paroissent s’attacher à des choses qui leur semblent petites & légères, qui sont des vétilles à leurs yeux.

Beguine. s. f. Femme de la secte des Beguins ou Beguards. Beguina. Quelques-uns écrivent aussi Begghines, mais cela n’est bon qu’en Flamand, ou en Allemand ; en François il faut écrire Beguin ou Beguine. Voyez Beguard, & Beguin. Quelques-uns écrivent Bequins & Bequines, mais mal.

☞ BEGUM, ou BEGOUM. s. f. C’est un titre d’honneur qu’on donne aux Princesses dans l’Indoustan. Acad. Fr.

☞ C’est encore le nom qu’on donne à la principale des femmes du sérail d’un homme de qualité, dans le même pays. Elle doit être d’une condition égale à la sienne. Trois autres femmes qui sont aussi de quelque naissance, sont au second rang. Le troisième est composé d’autant de femmes qu’on veut : & le quatrième est celui des esclaves qu’on achète. Observation sur les écr. mod. Tom. XXV, p. 160. Le mot de Begum ou Begoum signifie heureuse.

BEGUQUELLA. s. f. Plante médicinale dont la racine est souveraine pour la dysenterie. Voy. Ipecacuanha.

BEH.

☞ BEHBEHAN. Ville de Perse, dans la province de Fars.

BÉHÉMOT. s. m. Nom hébreu, que l’on a retenu dans des versions Françoises de la sainte Ecriture. Il est parlé de Béhémot dans le Livre de Job, & ce mot a exercé les Interprètes anciens & modernes, & les Critiques. Les uns croient que béhémoth est l’éléphant : ils se fondent sur ce que, dans l’endroit de la sainte Ecriture où il est parlé de béhémot, il s’agit de donner une grande idée de la puissance de Dieu, ce qui se fait en parlant des deux plus grands animaux que Dieu ait créés, leviathan & béhémot, la baleine entre le poissons, & l’éléphant entre les animaux terrestres. Bechart croit que c’est l’hippopotame. D’autres pensent que béhémot signifie en général toute sorte de bête d’une grandeur énorme. Il y en a qui prétendent que par béhémot on doit entendre le diable. S. Grégoire de Nysse est de ce sentiment. Voyez les Interprètes de la sainte Ecriture, sur Job XL, 10, & Vossius, de Idol. L. III, cap. 50.

BEHEN, ou BEHEM. s. m. Les Auteurs en distinguent deux sortes, l’un blanc, l’autre rouge, & qui different l’un & l’autre du ben arabique, qui n’est autre chose que le glans unguentaria. Voyez Ben. Le behen blanc est une racine que Rauwolsius trouva au pied du Mont-Liban, & que Tournefort apporta de l’Asie mineure. La plante qui pousse cette racine, s’appelle jacca Orientalis Carthami facie, selon Vaillant. Elle est cordiale, antispasmodique, & bonne pour tuer les vers. Geoffroy.

Le behen rouge nous est apporté en morceaux ronds ; quelques Auteurs ont pensé qu’on le tiroit d’une espèce de limonium, ou lavande de mer : mais son origine n’est pas encore bien connue. On lui attribue les mêmes propriétés qu’au behen blanc des Anciens, & l’on veut de plus qu’il soit astringent. Geoffroi.

BEHIMA. s. f. Herbe qui croît dans la Province de Tremécen en Afrique. Elle engraisse les chevaux & le bétail en moins de douze ou quinze jours ; mais quand elle jette un petit épi barbu, on le empêche d’en manger, parce qu’elle les étrangle & les tue. Marm. d’Ablanc.

BEHISTRE. s. f. Vieux mot. Tempête.

BEHODER. v. n. Vieux mot. Caqueter, parler trop. On le trouve aussi employé dans sa signification de passer le temps à se réjouir.

BÉHOURD. s. m. Vieux mot, qui signifioit une joute, choc de lances ; combat que l’on faisoit à cheval, la lance à la main ; course de lances. Lancearum exercitatio palasirica, hastiludium. Les anciens Romans font souvent mentions de béours & tournois. En basse latinité on l’a appelé behordium.

BÉHOURDER, ou BÉHORDER, & BORDER. v. n. Vieux mot François dont on s’est servi en parlant de ces exercices des jeunes gens où ils combattent avec des lances & des boucliers. Les Espagnols ont encore retenu quelque espèce de ce jeu qu’ils appellent cannas. En France les gens de campagne & la bourgeoisie des petites villes ont eu aussi un semblable exercice. A certain jour assigné, qu’on appeloit le jour des Bouhordeis, ils s’assembloient & joutoient ensemble avec des bâtons & des cannes. Cela se pratique encore en Angleterre en certains temps de l’année. Nicot & le P. Monet, au mot Bouhordi, disent que ce mot signifie le premier & le second Dimanche de Carême ; ainsi c’étoit les deux jours que l’on faisoit en France cet exercice. Les Italients disent Bagordare, pour signifier le même exercice, & les Académiciens de la Crusca l’expliquent par Festeggiare armeggiando & giostrando ; c’est-à-dire, faire ou célébrer une fête par des exercices d’armes & de joutes. Il paroît en effet par les exemples qu’ils citent, que c’étoit une espèce de fêtes ou jeux solennels, dans lesquels les combattans se couronnoient de différentes branches d’arbres. Ils appellent aussi bagordo l’arme offensive dont on se servoit dans les combats, & le combat même.

BEHOUCT. s. m. Vieux mot. Espèce de balcon. Dict. des Arts 1731. Je ne l’ai vû nulle part en ce sens-là. Behourt, ou Bouhourd, ne signifie que Tournoi dans Nicot, qui en donne une explication fort ample, & qui n’a pas oublié le verbe bouhourder, dont Jean de Neum s’est servi au figuré, v. 22543 du Roman de la rose.

BEJ.

☞ BEI. Voyez Beg.

☞ BEJA, ou BEXA. En latin Beja & Baxa. Ville de Portugal, dans la Province de l’Alentejo. C’est la Pax-julia des anciens.

☞ BEJAR de Melena. Petite ville d’Espagne, dans l’Andalousie, vers la côte du détroit de Gibraltar.

BÉJAUNE. s. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit des oiseaux niais, & tout jeunes, qui ne savent encore rien faire, parce que la plûpart de ces oiseaux ont le bec jaune avant que d’avoir des plumes. Pullus recentior.

Béjaune, signifie figurément, ignorance, bévue. Ignorantia, stupor. Il se dit en cette phrase proverbiale : on lui a fait voir son béjaune ; pour dire, son ignorance & sa méprise.

Ce mot a été dit par corruption de bec jaune, par la métaphore des oisons & autres oiseaux niais qui ont le bec jaune ; ce qu’on a appliqué aux apprentis en tous les arts & sciences. Rudis, tiro, imperitus. Et ainsi on faisoit payer autrefois aux écoliers de Droit leur béjaune ; pour dire, leur bien-venue : & les Clercs de la Basoche de Paris appellent encore les lettres de béjaune, celles qu’on leur donne pour attestation du service qu’ils ont fait chez les Procureurs, quand ils veulent être reçus à une telle charge. On a appelé aussi béjaune, le festin que faisoient les Clercs, ou les Apprentis, lorsqu’ils étoient reçus en charge, ou passés maîtres. Tironis epulum tirocinio excedentis. On dit encore payer son béjaune, du repas que donne un Officier à ses camarades en entrant dans un Régiment. Du Cange dit qu’en la basse latinité on a appelé béjaunus un jeune écolier de l’Université, & bejaunium le festin qu’il faisoit pour sa bien-venue.

☞ BEICHLINGEN (le Comté de) Beichlingensis comitatus. Pays d’Allemagne, dans la Thuringe, partie du cercle de la haute Saxe. Beicklingeu à sept lieues d’Erfurt, est le lieu le plus considérable.

BEID. s. m. Plante d’Egypte. Ses feuilles sont deux à deux, larges & fort épaisses ; il en coule une liqueur blanche. Ses fleurs sont de couleur de safran, tirant sur le rouge.

☞ BEIDHAH. Ville de la Province de Perse proprement dite, à quinze ou seize lieues de Schiratz.

BEIGE. adj. f. Serge beige. C’est le nom que les Poitevins donnent à une sorte de serge noire, grise ou tannée, ou serge naturelle, parce que la laine dont elle est fabriquée n’a reçu aucune teinture, ayant été employée, soit la chaîne soit pour la trame, telle qu’elle a été levée de dessus le mouton ou la brebis.

BEIGNET. s. m. Certaine pâte qui se fait au Carnaval avec de la farine, des œufs & des pommes, le tout avec du saindoux. Artolaganus. Quelques-uns dérivent ce mot par métathèse, de l’hébreu pinneq, qui signifie faire bonne chère à quelqu’un. D’autres le font venir du vieux mot beigne, qui signifie enflure ou tumeur, parce que les beignets sont enflés. Faire des beignets, manger des beignets.

☞ BEILSTEIN. Bilistinum & {(lang|la|Beilstinum}}. Petite ville d’Allemagne, dans la Vétéravie, dans les états de la maison de Nassau, chef-lieu d’un Comté de même nom.

☞ BEILSTEIN. Beilsteinium. Petite ville ou bourg de l’Archevêché de Trèsve, sur la Moselle.

☞ BEINFELD. Voyez Benfeld.

☞ BEINHEIM. Petite ville d’Allemagne, dans la basse-Alsace, sur la rivière de Sur.

BEIRA. s. f. Province du Royaume de Portugal, bornée au Nord par celle de Tra-los-Montes, & d’Entre-Douro & Minho ; au Midi par l’Estramadoure de Portugal ; au Levant par l’Estramadoure d’Espagne, & au Couchant par l’Océan Atlantique. Beira. On prétend que c’est le pays des anciens Transcadani. Conimbre est capitale de la Province de Beira.

BEIRAM, BAIRAM, ou BAYRAM. s. m. Terme de Relation. Mot turc, qui signifie fête solennelle. Festum, dies festus, dies solemnis. Les Musulmans n’ont que deux Betrams. Le premier tombe au deuxième jour du dernier mois de l’année arabique, & s’appelle Beiram buink. Grand Beiram. Le second finit le jeûne du mois Ramazan, & tombe au premier jour du mois Scheval ; on le nomme Beiram Kutschuk, ou Kitchi-Beiram, petit Beiram. On l’appelle communément la Pâque des Turcs ; & dans l’opinion du vulgaire, elle passe pour leur plus grande fête, & pour le grand Beiram. D’Herb. L. P. Roger écrit Behiram ; mais mal. Du Loir dit Bayram, parce qu’en effet ce mot en turc a un fatha à la première syllabe, & que le fatha se prononce comme un a ou comme un e. Le premier jour de leur Pâque qu’ils appellent Bayram, ils font une reconciliation générale, & à la rencontre de l’un & l’autre ils se donnent tous la main, & se la portant à la tête après l’avoir baisée, ils se souhaitent les bonnes fêtes par ces paroles ; Bayram Koutla olsun, que les Pâques soient bonnes.

Le Bayram se célèbre avec des réjouissances & des désordres infâmes. Dans les grandes rues il y a des machines rondes comme une meule de moulin, sur lesquelles ils mettent des enfans pour tourner, les jeunes garçons se brandillent à des cordes qui sont attachées à d’autres plus petites roues, qui tournent pareillement. On y dresse aussi des jeux d’escarpolettes, ornés de festons, de verdures & chacun pour un aspres ou deux peut prendre ces divertissemens, qui sont animés d’une musique aussi agréable que ces exercices, & qui est faite avec des voix, des tambours de biscaye, des luths & des violons à leur mode, qui s’accordent toujours mal pour le ton, & quelquefois passablement bien pour la cadence. Il y a des amphithéâtres à l’entour, pour ceux qui ne veulent être que spectateurs, comme sont les femmes & les hommes, qui ont plus d’âge & de retenue. De temps en temps, quand l’escarpolette chome, ceux qui en sont les maîtres, pour ne pas laisser ennuyer toute la compagnie, font quelque farce, dont la représentation est toujours mauvaise pour l’action, mais souvent abominable pour le sujet.

En même temps les enfans & les femmes qui peuvent avoir des gens pour acheter les choses nécessaires, ne sortent que rarement de leurs maisons, & n’oseroient le faire sans nécessité ; mais durant celui-ci, & de jour & de nuit, tout le monde court librement les rues pour prendre part à ces beaux divertissemens. Du Loir, L. VI, p. 194, 195.

Les peintures de toutes sortes d’animaux leur sont défendues par un commandement exprès de l’Alcoran ; & néanmoins pendant ces jours, dont la sainteté devroit donner de la retenue pour les choses qui sont innocentes de soi, ils étalent en public, sous les galleries des chambres des Janassaires, des représentations abominables de divers accouplemens infames & monstrueux, peints sur du papier ; & une foule incroyable de toute sorte de personnes vont les voir, & les considérer ; & comme si cette abomination étoit aussi bien une marque de la fête que les prières, ils y vont avec autant d’empressement qu’aux mosquées. Id. p. 195, 196.

☞ BEISTY. Voyez Bisti.

☞ BEIZA. Voyez Biza.

☞ BEKAVA. Petite ville de Pologne, dans le Palatinat de Lublin.

BEL.

BEL. Viex adj. On disoit communément autrefois bel pour beau. Nous ne l’avons plus retenu que dans le mot qui suit, & auquel il se rapporte, commence par une voyelle, comme un bel arbre, un bel homme. Gloss. du Roman de la Rose, au mot Bel. Le surnom de Philippe le Bel, qui fut donné à Philippe IV Roi de France, pour la beauté de son visage, & l’agrément qui paroissoit dans sa personne & dans ses manières, lui est cependant demeuré. Voyez’ l’Hist. de Fr. du P. Daniel in-4°. 1722. t. 5, p. 414. Les Anciens terminoient en el tous les mots qui finissent en eau. Supplém. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Carnel.

BEL. s. m. Belus. C’est le nom d’un Dieu, ou d’une idole des Babyloniens. Il est parlé de Bel dans la prophétie de Daniel. Alexandre étant à Babylone fit réparer le temple de Bel. Bel, ou Belus, fut un Roi de Babylone, le premier du monde à qui on décerna les honneurs divins, à ce que l’on croit ; ce qui fut le commencement & l’origine de l’idolâtrie. On ne convient point quel fut ce Bel. Xénophon, ou l’Auteur du livre de Æquivocis, qu’on lui attribue, dit qu’on appelle Saturne tous les Princes qui avoient autrefois fondé quelque ville célèbre, & leurs fils Jupiter ; & il ajoute que Nembrod est Saturne, & que Belus son fils, est le Jupiter Babylonien. Le P. Kirker, Œd. Æg. T. I. p. 264, croit que Baal, ou Bel est Nembrod. Plusieurs autres sont du même sentiment. D’autres disent que c’est Cham fils de Noé, ou de Ménès. C’est le sentiment du Chevalier Marsham, qui prétend que Belus, Ménès, Hammon, Osiris & Adonis, sont le même. Il dit dit-on, pere de Ninus qui lui fit ériger une statue. Il avoit un temple magnifique à Baylone, qu’Hérodote a décrit dans son premier livre. Si c’est Nembrod, il fut le fondateur de Babylone. On dit qu’il fut grand Astronome, cela s’entend pour son temps, & que c’est pour cela qu’on l’appela Baalsemen, Seigneur du Ciel. Quelques-uns prétendent qu’il ne fut point l’auteur de l’idolâtrie, mais que ce fut Sarug. Voyez Eusébe dans sa Chronique, & dans la Préparation Evangélique, L. IX, c. 4. S. Augustin, de la Cité de dieu, L. XVIII, c. 2, 17, 21. Béde, De 6. ætat. S. Jérôme, sur Osée, dit que ce fut Sémiramis, qui enflée de la victoire qu’elle remporta sur Zoroastre Roi des Bastriens, donna commencement à l’idolâtrie en faisant un Dieu de Ninus son mari, fils de Belus. Servius prétend que Belus est le Soleil ; que c’est de ce nom que les Grecs ont formé le nom grec Ἥλιος, changeant le B en aspiration ; que c’est de-là aussi que vient le nom punique, ou carthaginois bal, qui signifioit Dieu. Mais comme le P. Kirker l’a remarqué, Œdip. Ægyp. T. I, p. 264. Synt. IV, c. 4. Servius s’est trompé, il ne faut que savoir un peu d’hébreu pour en être convaincu. Ce mot vient de אל qui signifie Dieu.

Il y a eu plusieurs Bels ou Baals. Le Bel Egyptien, qui selon le P. Kirker est Mitsraïm. Le Bel Babylonien, qui est son petit-fils Nimrod, qu’on appelle aussi Jupiter Babylonien, & que Sanchoniathon & Eusébe disent avoir été fils de Saturne. Il y a Belus petit-fils de Jupiter, fils d’Epaphus Roi d’Egypte, qui a encore eu pour fils un autre Bel, ou Belus. Le Bel Tyrien, ou des Phéniciens, qui l’apeloient Baal, & qui en distinguoient plusieurs, Baalberrith, Baalgad, Baalsemon, Baalsephon, &c. Voyez Baal, & Béel, & tous ces mots en leur place. Voyez aussi Vossius, de Idol. L. I. c. 16, & 24. L. II. c. 6, & 15.

☞ BELAC. Belacum. Petite ville de France, dans la basse Marche, Election de Limoges.

☞ BELACCUEIL. Voyez Accueil.

☞ BELALCAZAR. Petite ville d’Espagne, dans l’Andalousie, à neuf lieues de Cordoue.

BELAMIE. s. f. Belamia. Espèce de vêtement, ou tunique, dont il est parlé au C. II de la Règle de Fontevraud, faite par Robert d’Arbrissel. Ut non habeant vestimenta fimbriata, neque il lecto præter belamiam.

BÉLANDRE, ou BELANDE. s. f. Bélandre se trouve dans l’Hydrographie de Fournier, & bélande dans l’Histoire du siége de Dunkerque par M. Sarasin. D’où l’on peut conclure que l’un & l’autre sont bons ; se ce n’est que bélande est un peu plus doux que bélandre, ce qui suffit pour le faire préférer. Le Dict. de l’Acad. dit bélandre. Quoi qu’il en soit, c’est un terme de Marine qui signifie un petit bâtiment de mer qui est fort plat de varangue, qui a son appareil de mâts & de voiles semblables à celui d’un heu, & dont la couverte, ou le tillac s’éleve de proue à poupe d’un demi-pied plus que le plat-bord. Ainsi entre le plat-bord & le tillac, il y a un espace d’environ un pied & demi qui règne en bas, tant à stribord qu’à bas-bord. Les bélandes servent au transport des marchandises ; & les plus grandes, qui sont de 80 tonneaux, se peuvent conduire par trois ou quatre personnes. Elles vont à la bouline, comme le heu, & ont des semelles pour cela. On s’en sert principalement dans la basse Flandre, étant fort propres pour aller sur les canaux & sur les rivières. Le maître y loge ordinairement avec toute sa famille, n’ayant point d’autre maison que sa bélande.

BÊLANT. adj. Qui bêle. Balans. Ce mot sert à exprimer le cri naturel de la brebis, du mouton & des agneaux. On dit proverbialement, bœuf saignant, mouton bêlant, porc pourri ; tout n’en vaut rien, s’il n’est bien cuit.

BELATUCADRE. s. m. Faux Dieu adoré autrefois en Angleterre. Belatucadrus. On ne le connoît que par trois inscriptions qui sont dans le comté de Cumberland.

La première est, La seconde,
DEO BELATVCAD
DEO RO LIB. VOTV
SANCTO BELA M FECIT
TVCADRO IOLVS
AVRELIVS
DIATOVA ARAM Et la troisième,
EX VOTO POSVIT BELATVCADRO
LL. MM. IVL. CIVILIS OPT.
V. S. L. M.

Selden, dans son Traité De Diis Syris, Synt. II, c. 1, prétend que ce Belatucadre est le même Dieu que Belenus, & Abellium, qui étoient honorés par les Gaulois & par les Noriques, comme il paroît par Tertulien. Julius Capitolinus en dit autant des habitans d’Aquilée. Il veut encore que tous ces noms soient tirés de celui de Bel, ou Baal, & que ce soit la même chose ; enfin, il soutient avec Vossius, de Idol. L. II, c. 17, que tous ces noms sont des noms différens du même Dieu, qui est le Soleil. La dernière de ces inscriptions est, selon lui, du temps de l’Empereur Commode, environ 200 ans après la naissance de Jésus-Christ.

BELAY. Voyez Belley.

BELBUCH. s. m. Nom d’un faux Dieu des anciens Vandales. Belbuchus. Ces peuples reconnoissoient deux principes ou deux Dieux, l’un auteur du bien, & l’autre source de tout le mal. Belbuch étoit le bon principe, & Zernebuch,, du mal. Belbuch, dans la langue de ces peuples signifie Dieu blanc, & Zernebuch, Dieu noir. On trouve des traces du Manichéisme dans les siècles les plus reculés.

☞ BELCASTRO, ou BELICASTRO. Bellicastrum. Ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la calabre ultérieure, avec un Evêché suffragant de San-Severino.

☞ BELCHITE. Belia. Petite ville d’Espagne, dans le Diocèse de Sarragosse, en Arragon.

BELCHITE. adj. f. Laine belchitte. C’est une des sortes de laines que les marchands de Bayonne tirent d’Espagne.

BELCINACE. Île de la Seine, & ancien Monastère. Cette Île qui avoit au VII siècle 3000 pas de long sur 1500 de large, a souvent paru & disparu : elle est entièrement submergée depuis l’an 1631 ; son ancien nom étoit Lutum, ou plutôt Lotum, ou Lotus, qui étoit aussi le nom d’une habitation voisine, sur laquelle, ou près de laquelle s’est élevée dans la suite des temps la ville de Caudebec. Voyez Descript. Geogr. & Histor. de la Haute-Norm. Tom. i, p. 85.

BELE. s. f. Les enfans nomment ainsi un petit bâton pointu des deux bouts ; ils frappent d’un autre plus grand une des deux pointes & le font sauter en l’air. C’est un de leurs passe-temps. Chez les Grecs Βέλη et Βέλος, est un trait, ou un dard. Chorier. C’est en Dauphiné qu’on l’appelle ainsi. A Paris les enfans le nomment bâtonnet ; en Berry, bicarelle, ou bigarelle ; en Touraine pic ; à Blois bistoquet.

☞ BELED. Voyez Balad.

BÉLEDIN. s. m. Nom que l’on donne à une espèce de coton filé. Cette marchandise est de médiocre qualité, ce qui la rend de peu de débit en France.

BÉLÉE. adj. f. Vieux mot. Belle. Voyez dans le Glossaire des Poës. du Roi de Navarre deux portraits en original, qui réunissent toutes les parties que l’on demandoit dans une femme, pour lui donner le titre de bélée.

BÉLELAC. s. m. Etoffe de soie, espèce de taffetas qui se fabrique au Bengale.

BÊLEMENT. s. m. Cri naturel des moutons & des agneaux. Balatus. La brebis entend le bêlement de son agneau.

BÉLEMNITE. s. f. Belemnita. C’est une pierre qu’on appelle autrement Pierre de Lynx, parce qu’on a cru qu’elle se formoit de l’urine du Lynx. La bélemnite est grosse & longue comme le doigt, pointue par un bout en forme de pyramide ou de flèche, blanche, grise, ou brune. Elle vient ordinairement de Candie ou d’Allemagne, quoiqu’il s’en trouve aussi aux environs de Paris & de Caen. On la prend réduite en poudre contre la pierre du rein, qu’on dit qu’elle brise & chasse par les urines. On s’en sert aussi pour dessécher les plaies. La nature de cette pierre est fort incertaine. Ce mot vient du grec Βέλεμνον, sagitta, flèche. Cette pierre en a la figure. Luidius croit que la bélemnite est la corne du poisson narval, ou des fluors sortis du dedans des coquilles. Wodvard, que c’est une production minérale, de la terre. Kleinius croit que les bélemnites sont des pointes de l’oursin. ☞ Bourguet, que c’est une dent de Baleine ou du Souffleur. Tout ce qu’il y a de certain, c’est que c’est un fossile long, fait en pointe ou en flèche, de forme ronde, uni en dehors, avec une rainure d’un bout à l’autre en dedans, de la grosseur d’un doigt, de couleur fauve ou grise. Celles de Prusse & de Suède ont une alvéole ou tuyau dans la rainure d’en-bas, qui va jusqu’à la moitié de la longueur. Aucun n’a encore prouvé que ce soit un minéral, ou une pétrification originaire du règne animal. Quelques-uns présument que la bélemnite est une plante, parce qu’on a trouvé à son pied une croissance de la même matière, qui pourroit bien en être la racine.

On lui donne différens noms : Lapis Lyncis, Lincurius, Lingurius, Coracias, Cervinus Lapis, Ceraunites, Dactylus Idæus & Betiles. Lachmundus & Kleinius en distinguent treize espèces.

BELEN, ou BELIN. s. m. Faux Dieu des anciens Gaulois. Belenus, Belinus, & Bellenus. On lit dans Hérodien, L. VIII. c. 3, Βελεν ; mais Saumaise soutient dans ses Notes sur Capitolin, que c’est une faute, & qu’il faut lire Βελενον. Il étoit honoré sur-tout à Aquilée en Italie, dans la Gaule Cisalpine, dont il étoit protecteur, & où il avoit des Aruspices, par lesquels il rendoit des oracles, comme il paroît par Jule Capitolin, dans la vie de Maximin, c. 22. Hérodien dit aussi dans l’endroit que nous venons de citer, qu’il avoit un Oracle qu’il appelle l’Oracle du Dieu de la patrie, Θεοῦ ἐπιχωρίου. Jule Capitolin, dans les deux Maximim, pag. 146. de l’Hist. August. l’appelle d’abord Belenus, & ensuite Apollo ; en effet, Belenus étoit la même chose que le Soleil & Apollon ; & les anciennes inscriptions à l’honneur de ce Dieu, qu’on a trouvées à Aquilée, l’appellent Apollon Belenus, C. APOLLINI BELENO AVG. IN HONOREM C. PETTI. Et une autre, APOLLINI BELENO C. AQVILEIENS. FELIX. Quelques-uns, dit Saumaise dans ses Notes sur Capitolin, p. 253, lui donnent aussi le titre d’Aquiléen. APOLLO BELENUS AQUILEIENSIS. Au reste, ce n’étoit pas seulement un Dieu de la Gaule Cisalpine ; il étoit aussi honoré dans la Transalpine, comme il paroît par Ausone dans les Professeurs de Bourdeaux, où il dit à l’éloge de Patera, qu’il étoit de Baïeux, de race de Druïde, & de ceux qui servoient le Dieu Belenus dans son temple. Il parle encore dans la 10e pièce de ce même livre d’un nommé Phœbicius de race de Druïdes, qui étoit Sacristain de Belenus, ce qui montre que ce Dieu étoit honoré des Gaulois. Cependant Tertullien, c. 24, dit que Belus est Dieu des Noriques, ce que Saumaise, dans ses Notes sur Vopiscus, p. 382, étend à toute l’Illyrie ; & parce qu’il paroît par Vopiscus, au commencement de son Aurelien, que la forme & les ornemens que les Illyriens donnoient à Belenus étoient les mêmes que ceux de Mithra chez les Perses, il en conclut que le Belenus de l’Occident étoit le Mithra des orientaux. Joseph Scaliger, Auson. Sect. L. I, c. 9, qui croit comme Hérodien, Vopiscus, Saumaise, Elias Vinet, Selden, Vossius, que Belenus étoit le même qu’Apollon, dit que c’est de là que les Gaulois appeloient Belenium, l’herbe dont ils frottoient leurs flèches. Voyez encore Cambden, Britan. p. 70, 71. Apollon a été adoré d’un culte particulier dans Vienne, & le Soleil de même, sous le nom de Belenus, & de Belinus. Chorier. Voyez encore Vossius, de Idol. L. I, c. 35. L. II, c. 17.

Quelques-uns croient que ce mot, Belenus ; car c’est ainsi qu’il faut lire, & non pas Bellenus, comme Vinet le conclut de la 10e pièce d’Ausone sur les professeurs de Bourdeaux, où ce nom a les deux premières brèves ; quelques-uns, dis je, croient que ce nom vient de Béel, & Enos, qui signifie l’ancien Enos, que les Esséens & les Machabées reconnoissoient pour leur chef ; ils ajoutent que les Druïdes tenoient quelque chose des Esséens & des Machabées ; qu’ainsi il n’est pas surprenant qu’ils honorassent le Soleil sous ce nom ; opinion sans fondement, & hors de toute vraisemblance. Selden & d’autres le font venir de בעל, Baal, ou Belus. Elias Schedius, persuadé comme les autres, que Belenus est le Soleil, a cru que ce nom n’étoit qu’un assemblage de lettres, qui prises ensemble font en chiffre le nombre de jours que le Soleil est à faire sa révolution. Car :

Β Η Λ Ε Ν Ο Σ
2, 8, 30, 5, 50, 70, 200.


font 365 ; mais est-il sur que ΟΣ, ou US, soit du nom gaulois, & que ce ne soit pas une terminaison grecque, ou latine, ajoutée au mot gaulois, illyrien, ou phénicien ? Elias Schedius, de Diis Germanis, Elias Vinet, dans son Commentaire sur Ausone, & les autres Auteurs que j’ai cités, parlent de ce Dieu.

BÊLER. v. n. Faire des bêlemens. Balare. Les moutons bêlent quand ils apperçoivent de l’eau.

Ce mot est fait par onomatopée ; c’est-à-dire du son que fait l’animal en criant ; & selon Pasquier, il est plus naturel que le Balare des Latins.

Telle à l’aspect du loup,
Fuit d’agneaux effrayés une troupe bêlante. Boil.

On dit proverbialement que la brebis bêle toujours d’une même sorte ; pour dire, qu’on ne change guère les manières qui nous viennent de la nature. ☞ On dit proverbialement, mouton bêlant & bœuf saignant ; pour dire, qu’il ne faut pas que le bœuf & le mouton rôtis soient trop cuits.

☞ BELESME, ou BELLESME. Ville de France, dans le Perche, à quatre lieues de Mortagne.

☞ BELESTAT. Bourg de France, dans le Languedoc, diocèse de Mirepoix, dans le Comté de Foix.

☞ BELESTE, ou BELESTAT. Belesta. Fontaine singulière auprès du village de ce nom, laquelle a un flux & reflux, croissant & diminuant à toutes les heures du jour, depuis la fin de Juillet jusqu’au commencement de Janvier. Cette source, dit Coulon, Rivières de Fr. I. Part. p. 480, coule douze fois, & tarit douze fois en vingt-quatre heures, par des intervalles si égaux & si accordés, que vous prendriez le ruisseau de cette fontaine pour une espèce de Clepsydre ou d’horloge d’eau fabriquée par la nature.

☞ BELFAST, Ville d’Irlande, dans la Province d’Ulster, dans le Comté d’Antrim.

☞ BELGARD, ou BELGRAD. Belgartia ou Belgardia. Petite ville d’Allemagne, dans la Poméranie ultérieure, sous la domination du Roi de Prusse.