Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/781-790

Fascicules du tome 1
pages 761 à 770

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 781 à 7900

pages 781 à 790



de la musique, qui sert de fondement aux autres.

En termes de peinture, on appelle Base, la superficie inférieure, sur laquelle les pieds d’une figure sont posés directement. Dict. de Peint. & d’Arch.

Base, se dit figurément des choses qui servent d’appui & de fondement à quelque chose. Fundamentum, columna. La foi est la base sur laquelle roule toute la religion. Cette vérité est la base de tout mon discours. La justice est la base & le fondement de l’autorité royale. La religion & la piété sont la base la plus solide de l’honnêteté. S. Evr.

Lui seul de la nature est la base & l’appui. Boil.

☞ BASENTELLE. Ville d’Italie, dans la Calabre, où l’Empereur Othon II fut défait par les Grecs, & fait prisonnier.

BASEXT. s. m. Nom d’un célèbre Philosophe Brachmane des Indes Orientales, qui prétendoit que la matière première, & tout ce qui a été créé, étoit Dieu même. On conserve à Rome dans la bibliothèque Kirchérienne, un livre d’Apophthegmes, composé par Basext.

BAS-FOND, ou PAYS-SOMME. Terme de marine. C’est un fond où il y a peu d’eau, qui est dangereux, & où la crainte qu’on a d’échouer, oblige à prendre des Pilotes du pays pour servir de guides. Locus aquæ depressior.

☞ BASIA. Voyez Bezat.

☞ BASIEGE. Petite ville de France, en Languedoc, sur le Lers, à quatre lieues de Toulouse.

BASIGLOSSE. s. m. Terme d’Anatomie. C’est un des muscles de la langue, qui prend son origine de la base de l’os hyoïde, & s’insere à la racine de la langue. Il la tire vers le fond de la bouche. Il y a deux basiglosses. M. Bourdon écrit basioglosses, aussi bien que M. Harris, qui dit aussi que c’est une paire de muscles, & qu’elle éleve aussi la chair de la base de l’os hyoïde. M. Dionis écrit basiglosses. Voyez Basioglosse.

BASILAIRE. adj. m. & f. C’est un nom que les Médecins donnent à un des os de la tête qui est au haut de la bouche, & qu’on appelle aussi l’os du palais. Il est couvert d’une tunique glanduleuse, dans laquelle se sépare une sérosité, qui se décharge dans la bouche par une infinité de petits tuyaux.

Basilaire se dit non-seulement d’un os, mais encore d’une artère, d’une apophyse, &c. L’artère basilaire se glisse en avant sur la grosse protubérance transversale de la moelle alongée, en donnant des ramifications à cette protubérance, & aux parties voisines de la moelle alongée. Elle se divise quelquefois de nouveau vers l’extrémité de l’apophyse basilaire en deux branches latérales, dont chacune communique avec la branche postérieure de la carotide interne voisine, & se perd dans le lobe postérieur du cerveau. Winslow.

Vertèbre Basilaire. C’est la dernière vertèbre des lombes, ainsi nommée parce qu’elle est comme la base sur laquelle portent les vingt trois vertèbre supérieures : & c’est dans ce sens que l’epithète de basilaire s’applique à certaines parties du corps, telles que celles dont on vient de parler, parce qu’elles sont considérées comme basses.

Basilaire, est aussi s. f. On appelle basilaire, l’artère formée par l’union des deux vertébrales sur l’extrémité de l’apophyse basilaire de l’os occipital.

BASILARCOS. adj. m. Terme d’Anatomie. C’est un nom que l’on donne à l’os cunéiforme.

BASILE. s. m. Basilius. Nom d’un homme formé du grec βασιλεὺς, qui signifie royal, de βασιλείος, Roi. Saint Basile le Grand est un Père Grec, Evêque de Césarée, en Cappadoce, & l’un des plus sçavans & des plus éloquens hommes que l’Orient ait portés. Basile le Macédonien est un Empereur de Constantinople, qui de simple Ecuyer qu’il étoit, fut associé à l’Empire par Michel III. Basile le jeune, aussi Empereur de Constantinople, succéda à Jean Zimiscès l’an 975. Saint Basile, Evêque d’Amasée, ville de Pont, souffrit le martyre dans la persécution de Licinius.

Ordre de S. Basile, Ordre Religieux le plus ancien de tous, ainsi nommé de S. Basile, Evêque de Césarée en Cappadoce qui fut Auteur de la règle que cet Ordre suivit. Il la composa dans la Province de Pont, où il se retira parmi les solitaires depuis l’an 357, jusqu’en 362. L’Ordre de S. Basile a été très-fameux en Orient. Cette règle n’a été suivie en Occident que dans l’onzième siècle. Grégoire XIII réforma cet Ordre en 1579.

Basile, s. m. Terme de menuiserie, pente, ou inclinaison du fer du rabot, d’une varlope, & généralement de tous les outils de menuisier montes dans des fûts, & qui servent tant à dresser le bois, qu’à pousser des moulures. La pente que l’on donne à ces fers dépend de la dureté du bois. Encyc.

BASILÉE. s. f. Fille d’Uranus & de Titéa : elle succéda à Uranus son pere. Les peuples lui offroient des sacrifices au bruit des tambours & des tymbales. Cette Basilée est la même que Cybèle.

BASILÉOPATOR. Voyez Pere.

☞ BASILGORD. Voyez Basilgorod.

BASILIA, ou BASILÉE. Basilia. Terme de Mythologie. C’étoit une Déesse des peuples d’Atlantide, qui selon Selden, étoit la même que l’Amilca, & la Déesse Celeste des Carthaginois. Voyez cet Auteur. De Diis Syr. Synt. I, cap. 6, p. 182.

BASILIC. s. m. Animal fabuleux que les anciens mettoient au rang des serpens dont il étoit le roi. Basiliscus. Galien dit que le basilic est un serpent jaunâtre, ayant la tête munie de trois petites éminences, marquetées de taches blanchâtres en forme de couronne ; ce qui l’a fait nommer Roi des serpens. Sa morsure, son sifflement & son toucher, font mourir tous les autres animaux. Aucune bête n’ose manger de sa charogne quand il est mort. On meurt subitement pour en avoir mangé, ou même pour avoir mangé des bêtes mortes par sa morsure. Elien dit qu’il n’a pas plus d’une palme, & que son venin est si pénétrant, qu’il fait mourir les plus grands serpens par sa seule vapeur, & qu’il tue soudain ceux qui l’ont touché de loin avec une perche, ou autre arme d’hast ; qu’il fait mourir toutes les plantes par où il passe ; qu’il brûle les herbes, & rompt les pierres, tant sa vapeur est venimeuse. Pline dit que dans la région Cyrénaïque en Ethiopie, autour de la fontaine Nigris, qu’il croit être la source du Nil, il y a un serpent qu’il nomme Catoblepas, qui est petit, & incommodé de ses membres, qui a la tête si pesante, qu’il ne la peut soutenir, c’est pourquoi il la porte toujours inclinée vers la terre ; qui est si venimeux, qu’il tue tous ceux qui l’ont seulement regardé ; (il entend parler du basilic) que la belette est son ennemie ; & que si on en fait jeter une dans sa tanière, elle tue & étouffe le basilic par son haleine & son odeur. Et Solin dit que ceux de Pergame achetèrent chèrement un corps mort de basilic, pour empêcher les araignées de faire leurs toiles dans le Temple d’Apollon.

Le P. Roger Récolet, dans sa Terre Sainte, Liv. I, ch. 12, dit qu’il en a vu un mort, & le décrit ainsi : c’est une espèce de lézard d’environ un pied & demi de long, de couleur grise, tirant sur le roux, la peau rude, la tête assez longue, sur laquelle il y avoit six petites marques blanches un peu élevées, qui présentoient la forme d’une couronne ; son regard est audacieux comme celui d’un coq. Il ajoute qu’un Marchand Lyonnois, nommé Mertier, en avoit eu un petit vif, qu’il envoya mort au Cardinal de Richelieu ; qu’il faut être à une certaine distance ; qu’il tue de son regard ; car, dit-il, s’il voit un homme ou un animal par les pieds, ou par le côté, ou par le dos, ou bien que l’on ne s’arrête pas un peu à lui regarder les yeux, il ne pourra pas lancer son venin, encore moins par les mains, ni par la face, ni par aucune autre partie que par les yeux ; que Dieu a donné à cet animal un instinct, qui fait que toutes les fois qu’il sort de sa caverne, il crie deux ou trois fois d’une voix lamentable, qui donne l’effroi, & qui avertit les autres animaux de se retirer ; que sous Léon IV on trouva à Rome un basilic, lequel de son regard fit mourir plusieurs personnes.

☞ On ajoute qui si le basilic regarde quelqu’un le premier, il le tue ; mais que le contraire arrive, & qu’il meurt lui-même, s’il est regardé le premier : enfin que la salive d’un homme à jeun, ou qui a communié, le fait mourir. Le basilic, selon l’opinion commune, naît de l’œuf d’un vieux coq. Toutes ces particularités dont on n’a jamais pu s’assurer, à moins qu’on n’en ait nourri & élevé quelqu’un, & tous les contes qu’on a débités à ce sujet, absurdes ou peu vraisemblables, font regarder le basilic comme un animal fabuleux, qui n’a jamais existé que dans l’imagination de quelques hommes prévenus ou entraînés par l’amour du merveilleux.

☞ Ce mot vient du grec βάσιλευς, Roi.

Un basilic, avec ce mot, aut perit, aut perimit, peut faire une devise assez juste pour bien des choses. Un Italien a remarqué par-là qu’il faut étouffer une passion naissante, ou qu’elle donnera la mort.

Basilic, en termes de Philosophie hermétique, c’est la pierre au blanc ou au rouge parfait, qui tue le mercure ; c’est-à-dire, qui le fixe, comme le basilic tue de sa vue, & rend immobiles ceux qu’il regarde.

Basilic, en termes d’Artillerie, est le plus gros des canons, qui porte jusqu’à 160 livres de balle mais il n’est plus de service. De la Font. Hanzelet l’appelle double coulevrine, & lui donne 26 calibres de long, & 28 livres de balle.

Basilic, s. f. Terme d’Astronomie. Voyez Basilique.

Basilic. Terme de Botanique, s. m. Ocimum basilacum. Plante annuelle qu’on seme dans les jardins, & qu’on a nommée ainsi, ou parce que son odeur la rendoit digne d’être présentée aux Rois, ou parce qu’on prétendoit qu’elle engendroit les basilics, les scorpions & autres insectes venimeux. On a cru qu’ocimum venoit du mot grec ὠκὺς, celer, velox ; c’est-à-dire, vite, prompt, à cause que sa semence ne demeure pas long-temps en terre, & qu’elle leve assez vite. Il y a plusieurs espèces de basilic. On les distingue ordinairement en grands, ocimum majus ; en moyens, ocimum medium ; en petits, ocimum minus ; & en très-petits, ocimum minimum. Le grand basilic s’éleve environ à la hauteur d’un demi-pied, & est branchu garni de grandes feuilles, & pareilles à-peu près à celles du citronier, ocimum majus citrii folio : elles sont quelquefois bosselées & godronnées, ocimum majus bullatum ; d’autrefois dentelées profondément, & on le nomme pour lors basilic à feuilles de chêne. Ces grandes espèces sont vertes le plus souvent, teinte quelquefois d’un pourpre noirâtre, ou d’un violet. Leurs épis sont longs dans certaines espèces, courts & ramassés dans d’autres. Leur odeur varie, les uns sentent très fort le clou de girofle, les autres ont quelque chose d’approchant du storax liquide, & quelques-uns une odeur mêlée & désagréable.

Le moyen basilic est plus petit dans toutes ses parties que le précédent : ses feuilles sont beaucoup moins grandes : elles sont arrondies, velues ou glabres, vertes, ou entièrement teintes de pourpre, ou mêlées de pourpre, de jaune & de vert, ce qui forme le basilic tricolor.

Le petit basilic approche du moyen ; il en diffère néanmoins par sa petitesse, & parce qu’il est plus branchu : ses feuilles ressemblent à celles de la marjolaine : c’est cette espèce qu’on met sur les fenêtres, & qui s’arrondit si bien. La plus petite espèce est plus basse & plus menue, & ses feuilles se peuvent comparer à celles du serpolet.

Toutes ces espèces ont leurs fleurs en gueule, blanches, ou purpurines, suivant que leurs tiges & leurs feuilles sont teintes. Chaque fleur est un tuyau découpé par le haut en deux lèvres, dont la supérieure est arrondie, relevée, crénelée, & plus grande que l’inférieure, qui est ordinairement frisée, ou légèrement crénelée. Son pistil est composé à la base de quatre embryons, qui deviennent ensuite autant de semences oblongues, menues & brunes, ou noirâtres, enfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Cette capsule est découpée en deux lèvres, dont la supérieure est relevée & échancrée, l’inférieure est dentelée. Le basilic a une odeur aromatique, très-forte, & qui entête lorsqu’on le sent trop long-temps, ou de trop près, ou qu’il est vert. Le basilic aime l’humide, & une terre un peu légère, ce qui convient assez aux scorpions ; c’est pourquoi il n’est pas étonnant de voir sous des pots de basilic de ces insectes. Les histoires qu’on rapporte de quelques personnes qui avoient fait usage du basilic en poudre en guise de tabac, & dans le cerveau desquels on a trouvé des scorpions, doivent être regardées comme fausses, quoiqu’en disent ceux qui croient que les scorpions aiment l’odeur de cette plante, s’en approchent, & font leurs œufs sous ses feuilles, qui dans la suite viennent à éclorre dans les endroits où ils ont pu pénétrer. Le basilic sec sert aux Cuisiniers, qui le mêlent dans les sausses avec les autres aromates, pour donner bon goût aux viandes. La semence du basilic entre dans quelques compositions de Pharmacie. Le basilic est du nombre des plantes aromatiques.

Le basilic, tant celui de la grande espèce que celui de la petite, ne se multiplie que de graine, qui est d’un minime noirâtre, & fort menue, un peu ovale & lisse. La Quint. Part. VI, pag. 279. On n’en sème guère que sur des couches, & cela en plein champ, comme le pourpier & les laitues. On le sème dès le mois de Février, & l’on peut continuer toute l’année. On recueille sa graine dans le mois d’Août, & d’ordinaire pour le faire grainer, on en replante au mois de Mai, soit en pot, soit en planche. La Quint. pag. 373.

BASILICAIRE. s. m. Basilicarius. Nom d’un Officier ecclésiastique. On appeloit autrefois certains Clercs du nom de Basilicaires, parce qu’ils assistoient le Pape, l’Evêque, ou le Prêtre, lorsqu’ils disoient la Messe.

BASILICATE. Basilicata. Province du royaume de Naples, qui a au nord une partie de la Capitanate, la terre de Barri, & une partie de la terre d’Otrante, au midi la Calabre citérieure, au couchant la Principauté citérieure, & au levant le golfe de Tarente.

BASILICON. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un certain onguent qu’on appelle basilicon, c’est-a dire, royal, à cause de ses propriétés & de ses fréquens usages. On l’appelle aussi Tetrapharmacum, parce qu’il est composé de quatre médicamens, qui sont la poix, la résine, la cire & l’huile. Les Chirurgiens l’appellent ordinairement suppuratif, parce qu’ils s’en servent pour faire supurer les plaies.

☞ BASILICUM. Espèce de vêtement des Anciens dont nous ne connoissons que le nom. Le nom paroît désigner un vêtement royal.

BASILIDIENS. Nom d’anciens Hérétiques sectateurs de Basilide, qui vivoit presque dès le commencement du deuxième siècle. Ce Basilide étoit sorti de l’école des Gnostiques, dont le Chef étoit Simon le Magicien. Il croyoit avec lui que Jésus-Christ n’avoit été homme qu’en apparence, & que son corps n’étoit qu’un fantôme ; qu’il avoit donné sa figure à Simon le Cyrénéen, qui avoit été crucifié à sa place. Il permettoit à ses disciples de renoncer à la foi pour éviter le martyre, parce que Jésus-Christ, disoit-il, n’avoit souffert la mort que par feinte. Il avoit plusieurs opinions qui lui étoient communes avec les autres sectaires Gnostiques, touchant le Pere, qui seul étoit Dieu, touchant le νοῦς, ou entendement, le λόγος, ou verbe, & les autres émanations. Le premier des Dieux, ou des vertus & des intelligences, que Basilide admettoit, il l’appeloit Abraxas, ou Abrasax, parce qu’il renfermoit la force & la puissance des trois cent soixante & cinq intelligences, dont le nombre est exprimé par les lettres grecques du mot Αϐαξας, ou Αϐρασαξ ; car les lettres, comme l’on sait, servent de chiffres en grec : en voici la valeur dans le mot dont il s’agit :

Α. Β. Ρ. Α. Ξ. Α. Σ.
1. 2. 100. 1. 60. 1. 200.

En joignant ensemble tous les chiffres qui répondent à chaque lettre, & qui sont séparés d’un point, on trouve 365.

Ces Basilidiens prétendoient trouver plusieurs secrets ou mystères dans les lettres du nom de Dieu, & par ces sortes de superstitions qui ont été adoptées par les Juifs Cabalistes, ils imposoient au simple peuple. Ils avoient inventé de certaines amulètes ou phylactères, auxquelles ils attribuoient de grandes vertus. Consultez S. Irénée & S. Epiphane, S. Philastrius, S. Augustin, S. Jean Damascène, qui ont parlé au long de Basilide, comme d’un magicien & d’un enchanteur, & des Basilidiens. Nous apprenons d’Eusèbe, Liv. IV de son Hist. Ecclésis. ch. 7, que cet imposteur avoit écrit 24 livres sur les Evangiles, & qu’il avoit feint je ne sais quels Prophètes, à deux desquels il avoit donné les noms de marcaba & de Barcoph. Les Gnostiques se plaisoient à inventer des noms inconnus, pour imposer plus facilement à leurs sectateurs, & ils attachoient à ces noms supposés des vertus particulières, croyant avec Pythagore & avec Platon, que les noms n’avoient pas été inventés par hasard, mais qu’ils signifioient tous quelque chose de leur nature. Basilide, pour imiter Pythagore son Patriarche, vouloit que ses disciples fussent dans le silence pendant l’espace de cinq ans. Eusèbe avoit appris toutes ces particularités d’un célèbre Ecrivain, nommé Agrippa Castor, contemporain de Basilide, qu’il avoit réfuté en mettant au jour toutes les impostures de cet hérétique. Origène, dans la Préface de son Commentaire sur S. Luc, met au nombre des faux Evangiles celui qui avoit été composé par Basilide. Voyez Gnostiques.

BASILIDION. s. m. Nom d’un Cerat décrit par Galien, & recommandé pour la gale.

BASILIEN, ENNE. s. m. & f. Religieux & Religieuses de l’Ordre de S. Basile. Basilianus, a. Voyez Ordre de S. Basile. Il y a des Basiliens & des Basiliennes en Grèce, en Moscovie, en Pologne, en Italie, en Sicile, en Espagne. Il y en a eu autrefois en France. C’est le sentiment de M. Herman, qui, dans son Histoire de l’établissement des Ordres Religieux, prétend que celui de S. Basile ne passa en Occident qu’environ l’an 1067. Mais on peut prouver le contraire par une infinité d’Abbayes, dont la fondation est avant la naissance de saint Benoit. La Règle de saint Basile fut reçue dans l’Occident, aussi-tôt que Rufin l’eut traduite en latin. Il y en a même qui prétendent qu’elle y a été observée du vivant de saint Basile dans quelques Monastères, comme à Naples dans celui des saints Nicandre & Marcien, fondé en 363. La plupart des Religieux Grecs sont Basiliens. P. Helyot. T. I. C. 24.

☞ BASILIGOROD, BASILGOROD, & BASILONGOROD. Ville de l’Empire Russien, dans la Seigneurie de la Basse-Novogorod, sur la rive droite du Wolga, & sur la rive gauche de la Sura qui se jette dans ce fleuve en cet endroit.

BASILINDE. s. f. Terme de Mythologie. Basilenda. Espèce de fête que l’on célébroit à l’honneur de Vénus à Tarente. Pollux, Liv. IX, dit que c’étoit un jeu des Grecs, où celui que le sort avoit fait Roi, commandoit quelque chose aux autres. Voyez le Lexic. Juridic. Calvini.

☞ BASILIPOTAMO. Nom de rivière, autrefois l’Eurotas. Rivière de Grèce, en Morée. Elle passe à Misitra, & se perd dans le golfe de Castel-Rampani.

BASILIQUE. s. f. Vieux mot, qui signifioit autrefois Palais du Prince, ou seulement une grande salle, ou un lieu public avec portiques, ailes, tribunes & tribunal, où les Rois rendoienr eux-mêmes la justice ; depuis il a signifié une grande Eglise. Basilica. Ce nom de basilique, qui signifioit dans les commencemens une grande sale où le Roi rendoit la justice à son peuple, fut attribué dans la suite aux lieux où les Juges la rendoient, & où les Marchands s’assembloient. Perrault.

Azor prétend qu’on appeloit autrefois basiliques les Eglises qui n’étoient pas encore consacrées ; il paroît plus vrai de dire, avec le Cardinal Baronius, qu’on appeloit ainsi les Eglises les plus magnifiques, lorsque par leur magnificence elles surpassoient autant les autres Eglises, que les Palais des Princes surpassent les maisons des particuliers. On appelle encore en Italie la Basilique de S. Pierre ; pour dire, la grande Eglise de S. Pierre ; & Basilique d’or, l’Eglise de S. Sauveur, ou de Latran, à cause de son excellente structure, & de ses riches ornemens. M. Perrault a observé que les Basiliques étoient différentes des temples, en ce que les colonnes des temples étoient en dehors, & celles des Basiliques en dedans. Il y avoit autrefois à Rome de quatres sortes d’Eglises ; les Patriarchales, les Titulaires, les Diaconies, & les Oratoires. Les Patriarchales étoient celles que l’on nommoit particulièrement Basiliques ; elles appartenoient proprement au Pape, comme S. Jean de Latran, S. Pierre au Vatican, sainte Marie Majeure, saint Laurent hors les murs, & sainte Croix de Jérusalem. Elles avoient des Mansionnaires, ou Gardiens, chargés de les tenir propres & de les orner. Hadrien de Valois a fait un Traité des Basiliques bâties par nos premiers Rois, & Launoy en a fait la critique.

Basilique, s. m. Basilicus. Les Basiliques étoient dans l’Empire Grec des Officiers qui portoient les ordres de l’Empereur. Ce mot vient de Βασιλικός.

Basilique, s. f. en termes d’Anatomie, est une veine qui naît du rameau axillaire, qu’on nomme aussi hépatique ou jécotaire, c’est-à-dire, du foie, qui va tout le long du bras, & qui a deux rameaux, dont l’un descend le long du grand focile, & l’autre le long du petit focile, & dont les petites branches s’étendent jusqu’aux doigts de la main. Il y en a deux, dont l’une s’appelle la superficielle, ou sous cuir, l’autre la profonde. Saigner quelqu’un à la Basilique.

Basiliques, chez les Jurisconsultes, c’est une collection des lois Romaines traduites en grec. On y a compris les Institutes, le Digeste, le Code, & les Novelles de Justinien, quelques Edits de Justinien, de Justin le jeune, de Tibère de Thrace, de Zenon, de Basile le Macédonien, & de quelques autres Empereurs. Cette compilation est divisée en 60 livres, c’est pourquoi elle a été appelée Ἑξηκοντάβιϐλος. On croit que ce recueil est l’ouvrage de l’Empereur Léon le Philosophe, & que par honneur il attribua les Basiliques à Basile le Macédonien son père, parce qu’il avoit commencé à faire travailler à la version grecque des lois romaines. Quelques-uns ont crû que Constantin Porphyrogénète y avoit autant de part que Basile, & Léon, son aïeul, & son père. Cependant on ne lui peut attribuer que l’ἀνακάθαρσις, c’est-à-dire, la révision, ou répurgation. Des 60 livres de Basiliques, il ne nous en reste que 41. M. Fabrot les a traduits en latin, & en a donné en 1644 une édition grecque & latine, en 7 vol. in-folio. Il est vrai que M. Fabrot a rétabli les 10 livres qui étoienr péris, en les ramassant ex Synopsi Basilicon, traduits par Leunclavius, & des autres lieux où il en a pû retrouver quelques débris. Ce mot vient, ou de l’Empereur Basile qui en avoit formé le premier projet, ou du mot grec Βασιλικός, qui signifie royal, ou impérial.

Basilique ou Basilica, en Astronomie. Nom d’une étoile fixe de la première grandeur, dans la constellation du Lion. On l’appelle autrement Regulus, & corleonis, ou cœur de Lion.

BASILIS. s. m. Nom d’un collyre liquide, dont il est fait mention dans Galien.

BASILISE. s. f. Nom propre de femme. Basilissa. Ce mot vient du grec Βασιλισσα, Reine.

Basilisse, adj. f. Nom sous lequel Vénus étoit honorée par les Tarentins.

☞ BASILOUGOROD. Voyez Basiligorod.

BASIN. s. m. Étoffe croisée, toute de fil & coton, semblable à la futaine, mais plus fine & plus forte. La chaîne est fil, la trame coton : il y en a d’unis, de figurés, & de ras. Les Basins des Indes sont sans poils. Tela è file xylino texta.

Basin. s. m. On nomme ainsi dans le commerce des Peintres & Doreurs du pont de Notre-Dame & du quai de Gêvres, à Paris certaine sorte de bordures, ordinairement de bois uni, qui servent à encadrer des estampes. Ce mot leur vient du nommé Basin, assez habile graveur, qui gravoit des sujets de dévotion, tous d’une même grandeur.

BASIOGLOSSE. s. m. Terme d’Anatomie. Nom d’un muscle. Basioglossus musculus. Les fibres musculeuses des muscles génioglosse & basioglosse, qui tous deux s’inserent l’un sur l’autre à la racine de la langue. Bernos. Journ. des Sc. 1721. p. 427. Le basioglosse est une des têtes de ce muscle de la langue, qu’on nomme Cératoglosse. Dionis écrit basiglosse.

BAS-JUSTICIER. s. m. Infimæ jurisdictionis Dominus, is cui jus infligendæ levioris mulctæ competit. On apelle bas-justiciers, les Seigneurs qui ont droit de justice & dont les Juges qu’ils commettent, n’ont pouvoir de juger entre les sujets de la Justice, que les causes personnelles qui n’excèdent pas trois livres quinze sous & de condamner pour délits à l’amende de sept sous six deniers.

☞ BASKIRIE, ou pays des Tartares Baskirsi. Contrée de la Tartarie Européenne, bornée au nord par les Tartares de Tumen ; à l’est, par les Barabinskoy & par les terres d’Ablai ; au sud, par la montagne de Sortota ; & à l’ouest, par le duché de Bulgar.

BASLE. Ville de Suisse sur le Rhin. Voyez Bâle.

Basle. s. m. nom d’homme. Basolus. S. Bâle naquit au sixième siècle, dans le Limosin, de parens qui voyoient dans leur famille de grandes richesses jointes à la noblesse d’une extraction illustre.

☞ BASLEROI. Bourg de France, avec titre de marquisat, dans la basse Normandie, diocèse de Bayeux, sur la Drome.

BASME. s. m. Vieux mot. Baume. Balsamum. Plus odorant que basine.

A mon plaisir vous faites feu & basme. Marot.

BASMOTÉEN, ENNE. s. m. & f. Basmotheus. Nom de certains Hérétiques qui gardoient le Sabat. Voyez Clément d’Alexandrie, & les Constitutions des Apôtres.

BASMULE. Basmulus On appeloit Basmule dans l’Empire Grec, ceux qui venoient d’un père François &’une mère Grecque. On croit que ce mot vient du mot latin mulus, un mulet, parce que cet animal vient de deux animaux de différentes espèces, ou de l’italien mulo, qui veut dire quelquefois bâtard. Du Cange. Dans la suite on a appelé dans l’Empire Grec Basmules, les Cavaliers armés à la légère. Id.

BAZOCHE. Quelques-uns écrivent BASOCHE, s. f. Communauté des Clercs du Parlement de Paris, établie l’an 1303. C’est un ancien établissement qui plusieurs droits & privilèges, entr’autres de tenir une Juridiction pour vider tous les différens qui naissent entre les Clercs, & régler leur discipline. Scribarum collegium. Il y a un Chancelier & un Trésorier de la Basoche. Les différens qui surviennent entre les Officiers de la Basoche, sont réglés par l’ancien Conseil, c’est à-dire, par les anciens Procureurs de communauté. Les Armes de la Basoche sont trois écritoires d’or en champ d’azur. Ragueau remarque qu’on est venu demander autrefois à la Grand’Chambre le renvoi d’une cause grasse qui y étoit pendante, pour la faire juger à la Basoche. On a dit autrefois en proverbe, Monnoie de Basoche ; pour dire, mauvais payement fait d’une chose vile au lieu d’argent. Il y a un recueil de statuts, ordonnances, règlemens, antiquités, & prérogatives du Royaume de la Basoche, imprimé à Paris en 1654. in-8°.

Les Clercs de la Basoche étoient connus dès le temps de Philippe le Bel. Ils furent Auteurs & Acteurs de plusieurs farces qu’ils représentèrent à Paris sur différens théâtres. Le Roi Louis XII leur permit de dresser leur théâtre sur la table de marbre qui étoit pour lors dans la grande sale du Palais, & qui fut détruite par l’incendie qui arriva en 1618. Ils jouèrent à l’Hôtel de ville une farce en présence de François I. Le Parmement leur ordonna en 1538, de remettre à la Cour les manuscrits de leurs pièces quinze jours avant que de les représenter, & leur défendit de déclamer les endroits rayés. Enfin leurs jeux furent proscrits en 1540, sous peine de la hart. Hist. des Th.

☞ Le chef de la Basoche, qui porte aujourd’hui le nom de Chancelier, prenoit autrefois le titre de Roi, & s’est qualifié ainsi jusqu’au temps où Henri III défendit par un édit, qu’aucun de ses sujets se qualifiât de Roi. Les autres Juges sont appelés Maîtres des Requêtes. Il y a aussi un Procureur Général.

BASOCHIEN, s. m. qui est de la Basoche Officier de la Basoche. Ce sont les Basochiens, ou Officiers de la Basoche, qui ont soin de planter le mai du Palais.

Ces mots viennent de basilica, basilicani. Voyez Ménage.

BASQUE. s. f. Petite pièce d’étoffe qui fait la partie d’en-bas d’un pourpoint, qui a la figure d’un trapèse. Les basques sont faites pour couvrir l’ouverture qui est entre le pourpoint & le haut-de-chausses. Thoracis scutula. M. Huet, Evêque d’Avranches, croit qu’on dit basques de pourpoint, parce que la mode des pourpoints à basques est venue de Biscaye. Selon le même Auteur, ce mot pourroit bien venir de tasque, qui signifie bourse ; les basques ayant été premièrement des bourses qui s’attachoient aux pourpoints. On appelle aujourd’hui basques d’un juste-au-corps ou d’une veste, les pans de devant & de derrière. Tirer quelqu’un par la basque de son habit. Les basques des justes-au-corps sont à présent plus amples qu’elles n’ont jamais été.

Basque, en Architecture, se dit des pièces de plomb qui sont sur les couvertures taillées en forme de basque vers les arêtiers. Tectorum scutulæ.

BASQUE, s. m. & f. Nom de peuple. Vascitania, Vascorum regio. Les Basques sont un peuple de Gascogne, en France, qui occupent un pays borné au couchant par la mer de Biscaye, au nord par les Landes & le Béarn, qui le confine aussi du côté du levant. Il a au midi les monts Pyrénées qui le séparent de la haute Navarre, & la rivière de Bidasse, qui le sépare de la Biscaye. Ce pays s’appelle du nom du peuple, les Basques, ou le pays des Basques ; quelques-uns l’appellent la Biscaye françoise. Il comprend la terre de Labour, la basse Navarre & le pays de Soule. Bayonne est la capitale. Les Basques passent pour droits, intelligens dans le commerce, & fidelles. Ils ont une langue qui n’est connue que dans leur pays & dans la Biscaye. M. de Marca, dans son Histoire de Béarn, L. I. c. 29, les distingue des Vascons Espagnols & des Vascons du pays de Soule, de Navarre & Labour. Il dit que les uns & les autres sont Vascons, & prennent leur nom du latin Vasco ; que néanmoins dans la prononciation vulgaire il y a quelque différence, quoique l’un & l’autre des termes qui signifient ces peuples, conservent leur rapport à la racine commune, qui est Vascones ; car les Vascons originaires qui resterent avec leur ancienne langue dans le pays de Soule, Navarre & Labour, après l’invasion que firent dans ces quartiers les Vascons Espagnols, sont nommés communément Bascos avec l’accent sur la première syllabe. Les anciens Novempopulains, qui voulurent accroître par leur jonction le Duché des Vascons, du temps d’Ebroïn, Maire du Palais, sont désignés par le terme de Gascons, avec un accent circonflexe sur la dernière syllabe. Il y a plus de 500 ans que l’on gardoit la même différence pour distinguer les nations, comme il paroît par Guibert, Abbé de Nogent, dans son Histoire de Jérusalem.

Dans la suite on ajouta un b à l’un de ces mots, & l’un de ces pays fut appelé Gasconia, l’autre Basconia comme dans la Chronique de Hugues, Moine de Vezelai. Le Synode de Latran, tenu en 1179 sous Alexandre III, nomme ces peuples Vasculos, que l’on trouve même dans Varron, De re rust. Liv. II. c. 9, & le Pape Lucius III, en ses Epitres, & Roger de Hoveden en ses Annales, Basclos. Quelques Auteurs les nomment Frontalliers, à cause qu’ils sont sur la frontière.

Tambour de Basque. Certain petit tambour, dont on doit l’invention aux Basques. C’est un cercle de bois large de trois doigts, sur lequel est tendu un parchemin, & auquel sont attachées des sonnettes, ou grelots, & quelques petites lames de cuivre propres à faire du bruit quand on le remue, ou qu’on le frappe. Vasconium tympanum.

Basque, adj. m. & f. Vasconicus. La langue Basque. Nous appelons langue Basque, non-seulement celle des Basques, mais encore celle des Biscayens, que les Espagnols appellent Vascuence, ou Viscanya, & d’autres Bascondague.

Ce mot vient de Basculus & Basclus, dont on a parlé dans l’article précédent, Voyez de Hauteserre, Not. in Greg. Tur. L. XI. p. 381, & Arnaldi Oihenarti Notitia utriusque Vasconiæ. Quelques Auteurs prétendent que les Basques descendent des Alains.

On dit proverbialement, courir comme un Basque pour dire, marcher vite & long-temps ; parce que ceux de Biscaie sont en réputation pour cela.

BASQUINE. s. f. Vieux mot. Sorte de robe fort ample, qui par le moyen d’un cercle se tenoit ouverte & étendue.

BASQUINER. v. a. Vieux mot. Ensorceler : du grec βασκαίνειν, qui veut dire la même chose.

☞ BASRA. petite ville d’Afrique, dans la Barbarie, au royaume de Fez, dans la province de Hasbat.

☞ BAS-RELIEF. Voyez au mot Bas.

☞ BASSA, BESSA, ou PASSA. Ville de Perse, dans la province de Fars, à l’embouchure du Tigre, dans le Gosse Persique.

☞ BASSAC. Abbaye de France, Ordre de Saint Benoît, dans la Saintonge, au diocèse de Saintes, à huit lieues de cette ville, sur la Charente.

☞ BASSANO. Ville d’Italie, en Lombardie, dans l’état de la République de Venise. Elle donne le nom de Bassanete au petit pays des environs.

BASSAREUS. s. m. Surnom de Bacchus, pris, selon les uns, de Bassarus, bourg de Lydie, où il avoit un temple ; ou, selon d’autres, d’une sorte de robe longue, appelée Bassara, que Bacchus avoir coutume de porter dans ses voyages. ☞ Bochard dérive ce nom de l’hébreu, bassar, qui signifie vendanger.

BASSARIDES. s. f. pl. Nom des Prêtresses de Bacchus, qui se nomme quelquefois Bassareus. Les Bassarides tiroient leur nom d’une certaine chaussure qui se faisoit à Bassarium ou Bassarus, en Lydie ; ou d’une robe longue qui alloit jusqu’aux talons, & que les Africains & les Thraces appeloient Bassyris & Bassara, ou tout simplement du mot Bassarcus.

BASSE. Terme de Manége. Declivis. C’est une pente douce d’une coline, sur laquelle on accoutume le cheval à courir au galop, pour lui apprendre à plier les jambes. On l’appelle autrement calade.

Basse, en termes de Musique, est la partie de la musique qui fait les tons les plus graves & les plus bas. Gravior, imus sonus. Les plus gros tuyaux de l’orgue font la basse. Les plus grosses cordes d’un luth sont les basses. Les Musiciens tiennent que la basse est la principale partie des concerts, & le fondement de la composition. D’autres veulent que la principale partie soit le dessus, comme étant le principal ornement de la musique. On dit encore basse récitante, ou basse du chœur ; basse continue, basse chantante, basse double, basse de haut-bois, petite basse, première basse, basse de chromorne.

Basse, se dit aussi de celui qui chante cette partie. C’est une bonne basse, une belle basse.

Basse, est aussi l’instrument sur lequel on joue cette partie, qui est le plus gros & le plus long de ceux qui forment le concert. Soni gravis musicum organum. Une basse de viole. Une basse de violon. Soni gravis barbiton. Une basse de hautbois. Le théorbe est propre pour la basse.

Basse-continue, est la basse qui se joue sur les instrumens, qui sert de fondement à toutes les autres parties, & qui continue pendant toute la pièce tandis que les voix chantent, ou que d’autres instrumens jouent leurs parties, ou que quelques-uns s’arrêtent. Sonus gravior totâ musicâ continuatus. Selon M. Brossard, la basse-continue est une partie de la musique moderne, inventée & mise en usage vers 1600, par un Italien nommé Ludovico Viadana, qui le premier en a donné un Traité. On la joue avec les chiffres marqués au-dessus des notes sur l’orgue, l’épinette, le clavecin, le théorbe, la harpe, &c. & souvent simplement & sans chiffres sur la basse de viole, ou de violon, avec le basson, le serpent, &c. C’est Du Mont, Maître de Musique de la Chapelle du Roi, mort en 1680 ou 1682, qui a amené, ou du moins qui a établi en France l’usage des basses-continues, dont nous nous passions auparavant. De Fren. Hist. de la Mus. T. IV. p. 128.

Basse-contrainte, celle qui revient la même au bout d’un certain nombre de mesures, qui recommence sans cesse, tandis que les parties supérieures varient leur chant & leur harmonie de différentes façons.

Basse-figurée, qui au lieu de s’arrêter sur une même note, en partage la valeur en plusieurs autres notes sous un même accord. Encyc.

Basse fondamentale, est celle qui n’est formée que des sons fondamentaux de l’harmonie.

Basse chantante, espèce de voix qui chante la partie de la basse.

Basse-contre, est le Musicien, ou Joueur d’instrumens qui tient une seconde basse dans les concerts. Gravium partium cantor. Il y a quelques gens qui distinguent ici entre cette partie de la musique, & le Musicien qui la joue. Quand il est question de la musique, ils veulent bien qu’on dise basse-contre, comme on dit haute-contre. Mais quand il est question du musicien, ils veulent que l’on dise basse-conte & haute-conte. Cependant MM. de l’Académie, Richelet, & beaucoup d’autres ne s’arrêtent point à cette distinction. Ils disent basse-contre & haute-contre ; & cet usage s’accorde à l’étymologie Ménage le décidoit aussi de même autrefois, parce que la basse-contre est la partie de musique qui est contre la taille, comme la haute-contre est celle qui est contre le dessus ; cependant il a changé d’avis, & prétend que l’usage le plus général est pour basse-conte. Soni gravis organum pulsare.

L’Abbé Ro, dans son Parallèle des Musiciens françois & des Musiciens italiens, met un s à la fin de ce mot, quand il s’en sert au pluriel, basses contres, & les Journalistes de Paris écrivent comme lui. L’Auteur des Entretiens sur la musique reprend cette orthographe dans sa Préface, & il a raison. Contre est là adverbe ; or les adverbes ne se déclinent point. Il en est de basse-contre & haute-contre, comme un revenant-bon, & de plusieurs autres semblables ; on doit dire des revenans-bon, & non pas des revenans-bons. Il faut de même décliner haute & basse, & mettre un s à la fin du pluriel, & laisser l’adverbe contre indéclinable.

☞ BASSE-COUR. s. f. C’est ainsi qu’on appelle dans une maison de ville, dans un hôtel, une cour séparée de la principale cour, où sont les écuries, les remises, équipages. Area.

On appelle aussi à la campagne une basse-cour, la cour où l’on met tout l’attirail d’une maison de campagne ; les charrues, les bestiaux, les volailles, le fumier, les cuves, pressoirs, &c. Chors, cors. Un Gentilhomme vit honnêtement à la campagne des fruits de sa basse-cour.

On appelle des nouvelles de la basse-cour, celles qui sont fausses, & qui viennent de gens mal informés.

BASSÉE. s. f. Mesure dont on se sert en quelques lieux d’Italie, pour mesurer les liquides. La bassée de Véronne est la sixième partie de la brente.

Bassée (la) Petite ville des Pays-Bas françois, au comté de Flandres, dans la Châtellenie de Lille, sur un canal qui se jette dans la Deule.

Basse-étoffe. s. f. Terme de Potier d’étain. C’est une composition faite en partie de plomb, & en partie d’étain. On l’appelle aussi petite étoffe, claire étoffe, & Claire soudure.

Basse-lisse, s. f. Espèce de tissu, ou tapisserie faite de soie & de laine, quelquefois rehaussée d’or & d’argent, où sont représentées diverses figures de personnages, d’animaux, de paysages ou autres semblables choses. C’est la position du métier qui fait la différence de la basse-lisse & de la haute-lisse.

On dit en tapisserie haute & basse-lisse, ou basse marche, selon la manière du travail. Supremi & infimi licii aulæum.

Basse-lissier, s. m. Ouvrier qui travaille à la basse-lisse. On le dit aussi du Marchand qui en vend.

BASSEMENT. adv. D’une manière basse. Humiliter. Demissè. Il ne se dit qu’au figuré. Il a été nourri & élevé bassement. Tout ce que fait un avare, c’est bassement.

Bassement, se dit aussi du style, & signifie d’une manière rampante, qui n’a rien d’élevé, rien de noble. Il parle bassement. Il écrit bassement.

☞ BASSEMPOI. Petite ville de France, en Gascogne, à deux lieues de Castel-Sarrasin.

A BASSE-NOTE. Façon de parler adv. pour dire, sans élever la voix. Chanter à basse note. Dire des injures à quelqu’un à basse note. Acad. Fr.

BASSER. v. a. Terme de Manufacture de lainage. On dit, basser la chaîne, ou la détremper d’une colle propre à rendre les fils glissans au travail.

BASSES, en termes de Marine, ce sont des lieux sur la mer où il n’y a pas assez d’eau pour naviger, qui sont pleins de bancs ou de rochers. Locus aquæ depressioris. L’entrée du port est étroite & dangereuse, à cause des bancs & des basses qui s’y rencontrent. Sar. On les appelle aussi battures, ou brisans.

☞ BASSESSE. s. f. Ce mot ne se dit point au propre. On ne dit point la bassesse d’un siége, d’une maison. Dans le figuré ce mot est relatif à l’état où l’on est, ou à la manière de penser. La bassesse d’état, ignobilitas, vilitas se trouve dans le peu de naissance, de mérite, de fortune & de condition. La nature a placé des êtres dans l’élévation, & d’autres dans la bassesse. Il faut tâcher de se retirer de la bassesse ; l’on n’en vient pas à bout sans peine. Il n’y a que la vertu la plus pure qui puisse faire goûter à une ame noble la bassesse de l’état. Ils ne cessoient de ravaler ce Prince à cause de sa bassesse & de sa pauvreté. Vaug. Il lui reprocha la bassesse de sa condition. J’ai trop de sincérité pour nier la bassesse de ma naissance. Scar. Voyez encore Abjection.

Bassesse, se prend encore pour lâcheté ; pour tout ce que l’on fait de bas, de lâche & d’indigne d’une ame noble, d’une personne d’honneur, pour parvenir à quelque but. Ignavia, dedecus. On peut quelquefois s’abaisser sans bassesse. S. Evr. Vous ne voyez que bassesses dans ses actions, dans sa conduite. Quelquefois pour un servile attachement à sa famille, un cœur noble est entraîné dans les bassesses, & dans les importunités des âmes intéressées. P. Gail. Un favori qui a de l’élévation, se trouve souvent confus & déconcerté par les bassesses & la flatterie de ceux qui s’attachent à lui. La Bruy.

Mais enfin l’indigence amenant la bassesse,
Le Parnasse oublia sa première noblesse. Boil.

Bassesse, se prend aussi pour tout ce qui est opposé à grandeur, à élévation. Bassesse de courage. Bassesse d’ame. Abjectio animi. Le vers se sent toujours des bassesses d’un cœur. Boil.

Bassesse, se dit encore du langage, & signifie, qui n’a nulle beauté, nulle noblesse ; manière de s’exprimer basse & rampante, populaire, triviale. Stylus demissus, humilis oratio. Quoi que vous écriviez, évitez la bassesse. Boil.

BASSET. s. m. Terme de chasse. C’est ainsi qu’on appelle des chiens de petite taille qui ont les jambes courtes & cambrées, tortues, & les oreilles longues. Canis brevioribus tibiis animalium sub terraneorum indagator. On chasse le blereau avec les bassets. Ce sont des chiens pour aller en terre.

Basset, se dit aussi dans la conversation, d’un homme qui est de petite taille, dont les jambes & les cuisses sont trop petites par rapport à sa taille. Homo staturæ brevioris. Cet homme a bonne mine, mais il est un peu basset.

☞ BASSE-TAILLE. s. f. Terme de musique. C’est la partie de basse qui se chante, ou qui se joue sur un instrument.

☞ On le dit également d’une voix d’un certain caractère qui chante cette partie. Voce subgravi canere. La basse-taille est une voix qui va de haut en bas. Ceux qui peuvent chanter cette partie, peuvent servir de taille & de basse dans le besoin.

Basse-Taille, en Sculpture. Voyez Bas-Relief, au mot Bas.

BASSETTE. s. f. Jeu de cartes qui a été fort à la mode, aujourd’hui défendu. Voici comment il se joue. Celui qui taille, qu’on nomme Banquier, ou Tailleur, a un jeu entier de 52 cartes, & ceux qui jouent contre lui, ont en main chacun 13 cartes d’une couleur. On les appelle le livre. Après que le Tailleur a battu les cartes, les Joueurs découvrent devant eux telles cartes de leur livre qu’ils veulent, sur lesquelles ils couchent de l’argent à discrétion ; ensuite le Tailleur tourne son jeu de cartes, ensorte qu’il voit la première qui étoit dessous. Après cela il tire ses cartes deux à deux jusqu’à la fin du jeu, la première de chaque couple ou main est toujours pour lui, & la seconde ordinairement pour le Joueur, de sorte que si la première est, par exemple, un roi, le Banquier gagne tout ce qui a été couché sur les rois, mais si la seconde est un roi, le Banquier donne aux Joueurs autant qu’ils ont couché sur les rois. Si les deux cartes d’une main sont semblables, par exemple, deux rois, ce qu’on appelle doublets, le Banquier gagne encore ce qui a été couché sur les rois. Chaque Joueur a la liberté de coucher de l’argent sur telle carte qu’il veut, lorsque le jeu est commencé ; mais le couple, ou la main, dont il voit la première ou la seconde carte, lorsqu’il couche, est nulle à l’égard de la carte sur laquelle il vient de coucher ; & si la carte sur laquelle on a couché, se rencontre dans la seconde de la main qui est nulle, le jeu est fini pour cette carte ; c’est pourquoi il faut coucher de nouveau ; mais si elle ne s’y rencontre point, le Banquier face dans la première de la main suivante lorsqu’il gagne, c’est-à-dire, qu’il ne prend que les deux tiers de ce qui est couché sur la carte. Lorsqu’il ne reste plus qu’une carte semblable à celle sur laquelle on a couché, la dernière carte est nulle. Lorsque le Banquier gagne à la première main, dans laquelle il peut gagner une carte découverte, il face pour lors. Quand on couche sur une carte lorsqu’on ne voit que la première d’une main, on dit que la seconde de cette main est trop jeune, c’est-à-dire, qu’elle est nulle. Ces règles ont été inventées pour balancer les avantages & les désavantages du Tailleur & des Joueurs. Quelques années après que ce funeste jeu eut été introduit en France, M. Sauveur fit par les règles d’algèbre une supputation & une table, où il montre, non pas comme quelques-uns le crurent, qu’il y a des coups sûrs pour les Joueurs, mais seulement qu’il y a des coups moins désavantageux les uns que les autres pour les Joueurs, Voyez les Ordonnances de Police, & les Arrêts qui défendent la bassette, dans le Tr. de la Police de M. de la Mare, Liv. III, T. IV, c. 6. Pour éluder ces défenses, on déguisa la bassette sous le nom de pour & contre ; ce qui attira de nouveaux Arrêts du Conseil rapportés par le même Auteur. Ib. & ci-dessus au mot Barbacole.

On prétend que c’est un noble Vénitien qui a inventé ce jeu, & pour cela a été banni de Venise. Il a été introduit en France par M. Justiniani, Ambassadeur de la République, l’an 1674, ou 1675.

BASSEUR. s. f. Vieux mot. Etat, qualité de ce qui est de peu de prix. Vilitas.

Ceci pour vrai n’ha mérité le tiltre
D’envoy, de Lay, d’Elégie, ou d’Epître ;
Mais s’il te plaist, nonobstant sa basseur,
Le recevoir en gré sous la douceur
Qui est en toy. Marot.

BASSI. s. m. Arbre d’Afrique de deux ou trois brasses d’épaisseur, d’une hauteur proportionnée, & dont l’écorce est roussâtre. Dapper.

BASSI COLICA. s. m. Nom d’un médicament dont il est fait mention dans Scribonius Largus : il est composé d’aromates & de miel. Marcelus Empiricus en parle ; il en est aussi question dans Aétius & dans Actuarius.

BASSICOT. s. m. Machine faite en forme d’une grosse cage de charpente, ouverte par en haut, dans laquelle on met les masses de pierre qui se tirent des ardoisières d’Anjou.

☞ BASSIENS. Hérétiques dans le second siècle, qui interprétoient mal ces paroles de Jésus-Christ. Ego sum alpha & omega. Voyez S. Epyphane.

BASSIER. s. m. vieux mot. Pupille.

BASSIÈRE. s. f. Vin au bas, qui est près de la lie. Baissière est beaucoup plus doux, il est aussi beaucoup plus usité. Voyez Baissière, bassière.

☞ BASSIERS. s. m. pl. Terme de rivière. Amas de sable dans une rivière qui empêche la navigation. Encyc.

BASSIGNI. Bassiniacum. Pays de France en Champagne, aux environs des sources de la Marne & de la Meuse, du côté de la Lorraine & du Barrois. Quelques Auteurs disent qu’il est ainsi nommé, parce que c’est la partie de la Champagne la plus basse. D’autres soutiennent qu’il a pris son nom d’un bourg du Diocèse de Langres nommé Vassy, en latin Basseium. Miræus croit que le Bassniacum, qui se trouve dans la division du Royaume de Lothaire, est le Bassigni ; mais M. de Valois n’est pas de ce sentiment dans la Notice des Gaules.

BASSILLE. s. f. Plante dont parle Dioscoride. Elle est haute d’une coudée, branchue, chargée de feuilles de tous côtés, & qui ressemblent à celles du pourpier, Sa fleur est blanche. On l’appelle autrement crête marine.

BASSIN. s. m. Vaisseau plat qu’on met sur un buffet, qui sert ordinairement à laver les mains. Pelvis. On trouve bassinus, pour dire un bassin, dans quelques Auteurs Ecclésiastiques, comme dans l’Auteur de la vie de Robert Evêque de Chartres. Un bassin d’argent. Il y a aussi plusieurs bassins qui servent seulement de parade. Thierry affecta de marquer à Clotaire plus de cordialité que jamais. Il lui fit présent d’un fort beau bassin d’argent, qui étoit apparemment quelque pièce du trésor du Roi de Turinge. P. Dan. Cette espèce de présent étoit alors à la mode, comme on le voit par quelques passages de Grégoire de Tours, & entr’autres par celui du L. III. c. 14, où parmi les présens que Childebert fit à son neveu Théodebert, après que ce jeune Prince eut été élevé sur le trône d’Australie, il y avoit une demi-douzaine de ces sortes de bassins ; au L. VI. c. 2, parmi les présens que Chilperic envoya à Tibère Constantin, Empereur de Constantinople, il y avoit un bassin d’or enrichi de pierreries qui pesoit 50 liv. L’Historien même appelle ce bassin du nom Missorium, qui signifie un présent que l’on envoie. Sisenandes, Roi des Visigots en Espagne, fit présent à Dagobert I d’un bassin, qu’Aëtius avoit autrefois donné à Torismond : & dans la vie de S. Martin, il est dit que le Tyran Maxime lui fit présent d’un bassin de porphyre. P. Dan.

Borel dérive ce mot du vieux mot françois bachinon, qui signifie une tasse de bois. Du Cange le dérive de baccinus, qu’on trouve dans Grégoire de Tours en la même signification. Il ajoute qu’on a dit aussi baccinus, bacinum, & baccinium dans la basse latinité, & que bechin est aussi un mot allemand qui signifie bassin. Voyez la vie de sainte Hildeburge, tirée d’un vieux Cartulaire du Monastère de Pontoise, par le P. d’Achery, Spicileg. T. II. & les Acta SS. Junii, T. I. p. 363. A. & en plusieurs autres endroits. Dans la vie de Saint Austreberte écrite au VIIIe siècle en France, Act. SS. Bened. sæc. III, P. I. p. 44. on Bachinus urceux ex ære ; ce qui montre que ce mot étoit aussi françois. Il y a bien de l’apparence qu’il s’est formé du latin Vas, vase. Etienne Guichard le tire de l’hébreu, car il prétend que de כנם. cabas, c’est-à-dire, avare, en retranchant la première radicale, s’est fait נם, bas ; que de-là sera dérivé Wesche en allemand pour signifier lavare, quasi vascen ; & que de même de נם, bas, bassin peut être fait en françois.

Bassin, se dit aussi des grands plats à mettre sur la table pour y servir des viandes, ou des fruits en pyramide, & plusieurs assiettes de divers mets. Lanx, catinus. On a servi tant de bassins de confitures.

Bassin se dit aussi de ces plats qui servent dans les églises pour recevoir les offrandes, soit à la Messe, soit auprès des Reliques. Les Païens dans leurs sacrifices se servoient d’un bassin pour recevoir les entrailles de la bête, & les chairs qui devoient être offertes.

Bassins de Rôtisseur, sont de grands vaisseaux de cuivre fort plats, qui servent à porter leurs volailles lardées.

Bassin de Barbier, est un bassin large & échancré, qui lui sert à faire la barbe, à mettre à ses enseignes. Pelvis tonsoria.

On appelle aussi bassin de chambre, un bassin creux propre à recevoir les excrémens, particulièrement des malades. Lasanum, scaphium ; & l’on dit qu’il faut garder leurs bassins, pour dire, qu’il faut faire voir leurs selles aux Médecins. On dit aussi aller au bassin, pour dire, aller à ses nécessités.

On appelle bassin chez les Chapeliers, une grande plaque de fonte, ronde, qui est encastillée dans le bois de la table ou bureau, sous laquelle il y a un fourneau de brique, où l’on met du feu lorsque l’on veut travailler : c’est sur ce bassin qu’on bâtit les chapeaux. On remet les chapeaux qui ont servi, sur le bassin pour les rafraîchir, en redresser les mauvais plis, & pour redonner du lustre.

Bassin, Terme de Lunetier, se dit aussi d’une espèce de moule de cuivre & de fer, de métal composé, ou de laiton, pour travailler, user, & polir les verres pour faire des lunettes.

Bassin, se dit aussi des lieux préparés dans les jardins, pour recevoir les eaux des sources & des fontaines jaillissantes. Labrum. C’est un espace creux en terre, de figure ronde ou ovale, revêtu de pierre & bordé de gazon. Il y a des bassins de décharge ; ce sont ceux où les eaux s’écoulent & se déchargent à mesure que les fontaines jouent.

Bassin, se dit dans les ateliers, des lieux qu’on prépare pour y éteindre la chaux, pour y faire du mortier. Mortarium.

Bassin, est aussi un grand réservoir d’eaux qu’on amasse pour nourrir des écluses, des canaux. Piscina. Le bassin de Nourouse recueille les eaux dont se fait le canal pour la communication des mers.

Bassin, se dit aussi du lieu où sont les vaisseaux dans les ports de mer, ou d’un petit espace de mer renfermé, pour y tenir les vaisseaux à flot. Alveus. Le bassin du Havre de Grace fut achevé dans l’état où il est en 1669. On y retient ordinairement avec le secours des écluses, seize pieds d’eau, & il peut contenir à flot une escadre de vaisseaux de guerre de différentes grandeurs. Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. pag. 197.

Bassin, est aussi un petit port particulier, pratiqué dans un plus grand, où on radoube les vaisseaux. On l’appelle autrement Chambre, ou Darsine.

Bassin, se dit aussi d’une petite tasse ronde & creuse, où les aveugles des Quinze-vingts reçoivent les aumônes qu’on leur donne. Crater.

Bassin, se dit encore d’une balance ; & c’est la pièce de cuivre ou de laiton faite en forme de petit plat creux sans bords, attachée avec des cordes, & où l’on met, ou les poids, ou les choses que l’on veut peser. Lanx.

Bassin, se prend encore pour la cuve où l’on se baigne. Labrum.

☞ Vente au Bassin. C’est ainsi qu’on appelle à Amsterdam une vente publique, faite par autorité de justice, parce qu’on frappe sur un bassin de cuivre pour avertir qu’on va adjuger l’effet qu’on met à l’enchère.

Bassin oculaire, s. m. Instrument de Chirurgie. Voyez Gondole.

On dit figurément d’une belle plaine entourée de montagnes, & dont la forme approche de la rondeur, que c’est un beau bassin.

On dit proverbialement, qu’on a fait cracher quelu’un au bassin ; pour dire, qu’on l’a obligé à faire quelque don, ou contribution en quelque rencontre, ou affaire.

Bassin. Terme de Botanique. On s’en sert dans la description de certaines fleurs, qui approchent de la figure d’un bassin. ☞ Les fleurs en bassin sont celles qui par un seul pétale forment comme un vase allez large par rapport à la profondeur, & dont les bords sont assez étroits. Les Jardiniers donnent particulièrement le nom de bassin ou de bassinet aux fleurs de plusieurs espèces de renoncules des prés, quoiqu’elles soient polypétales. Voyez Fleurs & Pétales.

Bassin, s. m. Terme de Fleuriste. C’est une fleur ainsi nommée à cause de sa ressemblance à un bassin. Il y a des bassins blancs, de jaunes, de pâles, de simples, de doubles, de grands, de communs, de hâtifs & de tardifs. Les grands bassins sont de deux façons ; les uns unis, & les autres séparés. Les unis jettent six feuilles blanches & larges, &qui portent l’une sur l’autre, avec le godet au milieu, de la même couleur. Les séparés ont pareillement six feuilles blanches, avec un petit godet de même couleur ; mais elles sont bien plus étroites & plus séparées, & ne s’étendent pas si bien que les premières. Les petits ne diffèrent des grands que par la petitesse de leurs fleurs. Le pâle a les fleurs grandes & bien unies, avec un godet couleur de citron. Le jaune fait une fleur un peu plus petite, & un godet un peu plus couvert en couleur. Le double est le plus estimé, tant à cause de l’abondance de ses feuilles, que parce qu’il est plus agréable à la vue ; il et rare, & manque bien souvent à fleurir. Les bassins veulent avoir du soleil & de la terre comme les potagers ; il faut leur en donner de la profondeur de six doigts, de la distance d’un demi-pied. Au bout de trois ans il faut les lever pour en ôter le peuple.

Bassin, en termes d’Anatomie, est une cavité ronde en forme d’entonnoir, située au milieu des ventricules antérieurs du cerveau, qui descend à sa base, en se terminant en pointe, & qui va finir sur la glande pituitaire, qui est dans la selle de l’os sphénoïde. Infundibulum. Elle est formée de la pie-mere, & reçoit les sérosités qui viennent du cerveau, qui passent dans la glande pituitaire, & de-là dans les veines qui rapportent le sang. On appelle aussi bassin cette capacité qui est formée par les os des hanches & l’os sacré, qui contient la vessie, la matrice & les intestins. Les femmes ont le bassin plus grand que les hommes, à cause de la matrice qui y est contenue, & qui a besoin d’un plus grand espace, sur-tout dans la grossesse. On le dit aussi d’une seconde cavité qui est dans l’oreille, derrière la membrane nommée le tambour, ou plutôt la membrane du tambour. Cette cavité est appelée ordinairement la caisse du tambour.

BASSINE. s. f. Est un grand bassin de cuivre un peu plat, qui sert aux Confiseurs & Apothicaires pour faire des confitures, & à quelques autres opérations. ☞ C’est en quoi la bassine diffère du bassin dont le diamètre & la hauteur sont plus proportionnés. Pelvis.

Bassine, se dit aussi chez les Marchands Ciriers, ou Ciergiers, de certaines poêles de cuivre, étamées, dont l’usage est pour faire fondre les cires qu’ils veulent employer.

☞ Il y a aussi dans les Imprimeries deux sortes de bassines, une grande pour tremper le papier, une moyenne pour ramoitir les balles & mettre tremper les cuirs.

BASSINER. v. a. Etuver une plaie, une tumeur avec de l’eau, du vin, ou autre liqueur préparée pour l’amolir, ou pour la rafraîchir, ou la déterger. Abluere. Les Médecins disent fomenter. Bassiner une plaie.

Bassiner, signifie aussi, chauffer un lit avec une bassinoire. Lectum tepefacere. Faire bassiner son lit.

Bassiner. Terme de Jardinier. Arroser légèrement. Leviter aliquantulùm, tantisper irrigare, humectare. Bassiner une couche de melons.

BASSINÉ, ÉE. part.

BASSINET. s. m. Terme de Jardinage. Diminutif de bassin.

Bassinet, s. m. Petite fleur jaune qui croît en abondance dans les prés. C’est une espèce de renoncule, qu’on appelle bassinet, parce que sa fleur est jaune comme le dedans d’un bassin, ou parce qu’elle a la figure d’un bassin. ☞ On l’appelle autrement bouton d’or. Voyez Bouton d’or. Ranunculus, elychrisum.

☞ Il y en a à fleur double que l’on cultive dans les jardins. Il y en a de plusieurs espèces. Ils fleurissent tous au printemps.

Bassinet, est aussi la partie du mousquet, du pistolet, du fusil, proche de la lumière, où l’on met l’amorce pour y mettre le feu. Alveolus. Ouvrir le bassinet, est un des commandemens de l’exerce militaire.

On appelle aussi bassinet, la partie supérieure d’un chandelier, d’une plaque, qui sert à recevoir le suif ou la cire.

Bassinet, s’est dit autrefois de l’habillement de tête fait en forme de chapeau, de fer que portoient les hommes d’armes. Cassis, Galea. Et on disoit, il y a deux mille bassinets en cette armée ; pour dire, deux mille gens d’armes. On trouve bacinetum & basinetum dans ce sens dans la basse latinité.

Panonceaux & banières bruire.
Ly yaumes, & bacinez reluire. Guiart.

Et clercs bacinez à visières. Id.

On appelle aussi en Anatomie, bassinet, une petite cavité qui est au milieu du rein, & qui a la figure d’un entonnoir. Il reçoit l’urine, qui se sépare dans le rein, & forme en s’étrécissant l’uretère qui va aboutir à la vessie.

Bassinet, en Hydraulique, est un petit retranchement cintré, que l’on ménage sur les bords intérieurs d’une cuvette, pour y faire entrer la quantité d’eau distribuée aux particuliers par une ou plusieurs auges de différens diamètres ; ce qui s’appelle jauger. Encyc.

☞ On donne encore ce nom à un bassin trop petit pour le lieu où il se trouve.

BASSINOIRE. s. m. Ustensile de chambre fait de cuivre, ou d’argent, qui sert à échauffer un lit ; c’est une espèce de poêle, où l’on met du feu, qui a un couvercle à jour. Vas excalfactorium.

BASSISSIME. adj. de tout genre. Très-bas, très-profond. Ce mot ne se dit plus. Quand la harangue du Légat fut finie, le Cardinal de Pellevé se levant sur ses deux pieds, comme une oie, fit une très-profonde révérence devant le siége de M. le Lieutenant, son chapeau rouge avalé en capuchon par derrière ; puis un autre semblable devant M. le Légat, & une autre bassissime devant les Dames. Satyre Ménippée, in-8o, pag. 55.

BASSON. s. m. L’a est long dans la prononciation. Instrument de Musique à vent & à anche, qui sert de basse aux concerts de Musique & de haut-bois. Gravioris soni tibia. Il se brise en deux parties pour être porté plus commodément, & alors on l’appelle fagot, parce qu’il ressemble à deux morceaux de bois liés & fagottés ensemble. Sa patte a presque neuf pouces de diamètre, & on bouche ces trous avec des boîtes & des clefs, comme aux autres grandes flûtes. Quelques-uns appellent cet instrument tarot.

Il se dit aussi de l’homme qui joue de cet instrument. C’est un excellent basson.

BASSORA, Voyez Balsora. Remarquez seulement ici que bassora est autant ou plus d’usage, au moins pour la prononciation & dans le discours ordinaire, que balsora ; la lettre l devant s se changeant aisément en s.

BAST Voyez Bât.

BASTAGAIRE. s. m. Bastagarius. Nom de certains Officiers des Empereurs Grecs. Les Bastagaires avoient soin des bagages de l’Empereur. Voyez la Notice de l’Empire, Boulanger, &c.

Bastagoire, est encore le nom d’un Officier dans l’Eglise grecque. Dans le catalogue des Officiers de l’Eglise de Constantinople, il est dit que l’emploi du Bastagaire est de porter les jours de fêtes solennelles & aux processions l’image du Saint de l’Eglise. C’est ce que font chez nous ceux qui portent la bannière des Eglies, ou le bâton des Confréries. Bajulus. Voyez Allatius, le P. Goard, l’Eucologe des Grecs, &c.

BASTAGE. Voyez Bâtage.

☞ BASTAN, ou BASTHAIM. Ville d’Asie, dans le Chorasson, ou Khorassan, ou plutôt dans la petite province appelée Komus.

BASTANT, ANTE. adj. Qui suffit, qui convient, qui contente. Quod sufficit, quod satis est. Ces vivres ne sont pas bastans pour me nourrir. Ces raisons ne sont pas bastantes pour me persuader. Cette caution n’est pas bastante pour me contenter. Cela ne se dit guère que dans le style familier.

Ce mot vient de l’italien Bastante.

BASTARD. Voyez Bâtard.

BASTARDEAU. Voyez Bâtardeau.

BASTARDIÈRE. Voyez Bâtardière.

BASTARDISE. Voyez Bâtardise.

BASTE. s. f. Panier, ou mannequin qui s’attache au bât d’une bête de somme, pour mettre dedans ce que l’on veut porter. Benna dossuaria, Cista vectaria ; dans la basse latinité Basta. Le P. Mabillon, Acta SS. Bened. Sæc. III. Part. I. p. 581, dit que ce nom Baste se dit dans le Périgord.

Baste. On nomme ainsi dans la Flandre Autrichienne, l’étoffe d’écorce d’arbre qui vient des Indes Orientales & de la Chine.

BASTE. s. m. Terme du jeu d’Ombre, de Quadrille, qui signifie l’as de trèfle. Le baste me vient souvent, mais c’est un fourbe qui m’engage mal-à-propos, & qui me fait faire la bête. S. Evr. C’est le troisième des Matadors.

BASTELAGE. Voyez Bâtelage.

BASTELÉE. Voyez Bâtelée.

BASTELEUR. Voyez Bâteleur.

BASTER. Voyez Bâter.

BASTER. v. n. Être en bon état, réussir. Benè stare, procedere feliciter. Il ne se dit guère que des affaires. Son procès est sur le bureau, mais il baste mal pour lui, il y a apparence qu’il le perdra. Lambris qui voit des siens baster mal les affaires. Sar.

Du Cange dérive ce mot de benè stare.

Baster, signifioit autrefois suffire. Sufficere, satis esse. Et se dit encore en cette phrase proverbiale, Baste pour cela, ou absolument, Baste ; pour dire, Passe, j’en suis content.

Ce mot n’est venu en usage qu’au temps de la Reine Catherine de Médicis, comme remarque Borel. Les Italiens disent bastare dans ce sens.

☞ On dit bastir pour suffire, dans une Ordon. de François I. Août 1536. Dix ou douze mille combattans fidèles doivent bastir à un suffisant chef de guerre.

BASTERNE. s. f. Basterna. Espèce de voiture dont les Dames Romaines se servoient autrefois. Saumaise, sur le Livre de Tertullien De Pallio, dit que la basterne avoit succédé à la litière, & qu’elle en différoit peu, que la litière étoit portée sur les épaules des esclaves, au lieu que la basterne l’étoit par des bêtes. Casaubon, sur Lampridius dans la vie d’Elagabale, ch. 4, dit que les basternes avoient succédé à la voiture qu’on appeloit carpentus, & qui étoit, après celle qu’on nommoit pilentum, la plus honorable des voitures dont les Dames Romaines usoient ; qu’elle étoit portée par des mulets, des bidets, ou des mules. Il soutient qu’elles étoient toutes semblables à nos litières ; qu’en efet les Glossæ legales donnent λεκτίκιον & βλάστερνα pour synonymes ; qu’enfin la description qu’en fait une vieille épigramme, qui se trouve dans la collection de M. Pithou, le démontre. La voici.

Aurea Matronas claudis blasterna pudicas
Quæ radians patulum gestat utrumque latus.
Hanc geminus portat duplici sub robore bardo,
Provehit & modicè pendula septa gradu.

Isidore, Orig. Liv. XX, ch. 12, en fait la même description. Servius en parle aussi sur le 666e vers du VIIIe Livre de l’Enéide. Le P. Daniel, dans son Histoire de France, T. I, p. 13, dit que c’étoit une espèce de charriot, & que cette voiture étoit tirée par des bœufs pour aller plus doucement. Et certainement Grégoire de Tours, Liv. III de l’Hist. de France, ch. 24, dit que Deuterie, femme de Théodebert I, Roi de Metz, voyant sa fille nubile, & craignant que le Roi n’en devînt amoureux & ne l’enlevât, la mit dans une basterne, & y fit atteler deux taureaux indomptés, qui la précipitèrent du haut du pont de Verdun ; mais après tout il ne paroît pas par cet endroit de Grégoire, que les bœufs fussent l’attelage ordinaire de la basterne : on n’y mit des taureaux indomptés cette fois-là que pour précipiter la jeune Princesse ; & l’Auteur de l’épigramme que j’ai rapportée, aussi bien qu’Isidore, ne parlent que de mulets, de mules & de bidets, ou chevaux gaulois, Bardones, mulæ, manni : & dans les Gloses d’Isidore & ailleurs elle est appelée Lectica mannalis ; car il faut lire mannalis, & non pas manualis : ce qui montre que les chevaux appelés ainsi en étoient l’attelage ordinaire. Au reste, c’est peut-être le P. Mabillon qui a trompé les autres, après s’être trompé lui-même ; car dans les Acta SS. Bened. sæc. V. p. 430, il prétend prouver par cet endroit de Grégoire de Tours, que les bœufs étoient l’attelage ordinaire des charriots des Grands & des Princes. Quoiqu’il en soit de ce fait, ce n’étoit pas celui de la basterne. Le dedans de cette voiture s’appeloit Cavea, c’est-à dire, Cage, &c. Acta S. Claudii, c. 2. Acta. Sanct. Febr. T. III. p. 62. Elle étoit garnie de cousins fort mous qu’on appeloit Lecti, les lits de la basterne. Les deux côtés étoient ornés de glaces, qui se faisoient d’une espèce de pierre transparente, comme on l’apprend de Pline, Liv. XXXVI. ch. 22, & de Sénèque dans son ép. 90, & dans son Livre de la Providence. C’est pour cela que le Poëte dont j’ai raporté l’épigramme, leur donne l’épithète de radians :

Quæ radians patulum gestat utrumque latus.


Ainsi ces ouvertures qu’on appeloit specularia, Juven. IV. 21. Martial, VII. 14, n’étoient point bouchées d’une étoffe transparente, comme l’a traduit l’Abbé de Villeloin à l’endroit de Juvenal que je viens de citer.

La mode des basternes passa d’Italie dans les Gaules, comme il paroît par l’endroit de Grégoire de Tours que j’ai cité, & par les circonstances du mariage de Clotilde avec Clovis. Gondebaud la fit partir dans une espèce de charriot qu’on appeloit basterne, escortée de quantité de François qui se trouvèrent alors à la Cour de Bourgogne. P. Dan. Les mieux montés allèrent assez vite pour atteindre la basterne, qu’ils investirent ; mais ils n’y trouvèrent plus Clotilde, & ils apprirent qu’elle étoit déjà en lieu d’assurance. Ils ne laisserent pas de se saisir de la basterne, &c. P. Dan.

Papias dit que Basterna se dit pour Vesterna : le P. Rosweid croit qu’il faut lire vix sterna, & qu’il a apris ceci d’Isidore, qui dit Basterna, quasi vix sterna. Le mot Basterna vient de βάζω, ou βάσκω, je porte, d’où se forme βάαυν, qui signifie tout ce qui est propre à porter quelque chose. Juret sur Symmaque, Liv. VI. ép. 15. M. Du Cange dans son Glossaire, Saumaise sur Lampridius, ch. 4, de la vie d’Elagabale, Hist. Aug. p. 189 & 190, le P. Rosweid, Jés. dans les vies des Pères, pag. 1015, 116, où il remarque encore que dans les Jurisconsultes Grecs, Basterna est pris pour transenna, & pour tecta, Acta Sanct. Feb. T. II, p. 775. Etienne Guichard prétend que ce mot vient de l’hébreu צב, tsab, pris à rebours, ou lû de gauche à droite, au contraire des Hébreux qui lisent de droite à gauche.

Je ne sais pourquoi nous appelons nos carrosses en latin, currus, & non pas basternæ ; ils n’ont aucun rapport à ce qu’on appeloit currus, & ressemblent entièrement aux basternes, ou plutôt ce sont de vraies basternes perfectionnées. Vigénère dit que le pilentum & la basterne sont la même chose, Annot. sur Tite-Live, Tom. I. p. 1610.

Basterne, est aussi un nom de peuple de la Thrace, ou de la Sarmatie d’Europe. Les Grecs les appellent Basternes, & les Latins Basternæ, de même qu’ils disent Alemanni, & les Grecs Ἀλάμαννοι. Voyez Pline, Liv. IV. c. 12 & 14, Ovid. II. Trist. v. 197. Vopiscus dans Probus, & Saumaise, Hist. Aug. p. 434. Denys le Géogr. Strabon, Liv. VII. Etienne de Bysance, Claudien sur le 4. Cons. d’Honorius, v. 450, & sur le premier de Stilicon, Liv. I. v. 95, & Cluvier, Germ. ant. Lib. III. ch. 43. Val. Flaccus a dit, Liv. VI. v. 95. Baternas, par licence poëtique, pour Basternas. Voyez M. Du Cange. M. de Harlay dans son Tacite, M. de Tillemont, & quelques autres de nos Auteurs, écrivent Bastarnes, imitant les Grecs plutôt que les Latins ; mais M. de Tillemont au IVe Tome de l’Hist. des Emp. p. 41, revient aux Latins, & écrit Basternes, & au Ve Tome Bastarnes ou Basternes.

☞ BASTHAIM. Voyez Bastan.

☞ BASTI. s. m. En Architecture, se dit de l’assemblage des montans & traversans qui renferment un ou plusieurs panneaux, en menuiserie, en serrurerie. Encyc.

☞ BASTIA, en latin Bastia ou Bastita. Ville d’Italie, dans l’île de Corse, dont elle est la capitale.

☞ BASTIA. Petite ville de Turquie, en Europe, dans l’Epire, entre les villes de Butrinto & de Perga.

BASTIDE. f, f. Vieux terme, qui signifioit autrefois une maison. Domus, villa. Il est encore en usage en Provence, & aux pays voisins. Tout le chemin qui conduit d’Aix à Marseille est plein de bastides, ou de maisons de plaisance. La Faille, dans ses Annales de Toulouse, p. 86, dit que c’étoient des forts, & non pas simplement des maisons. Anciennement, dit il, les Sénéchaux & les Gouverneurs de Province avoient accoutumé de bâtir des forts à la campagne, & autour des villes, pour les tenir en sujétion. Ces forts s’appeloient bastides, ou bastilles. Elles sont aussi appelées Populationes, du mot latin, Populatio, ou Populatus, qui veut dire tout le contraire de ce qu’on prétendoit lui faire signifier. Comme les Sénéchaux & les Gouverneurs de ce temps là étendoient fort leur pouvoir, ils donnoient aux habitans de ces nouveaux lieux de grands avantages, pour porter les sujets du Roi à s’y aller habituer. Mais aujourd’hui on n’entend par ce mot que des maisons de campagne, ou comme dit Nostradamus, dans son Histoire de Provence, de champêtres métairies, dont ce territoire (de Marseille) est merveilleusement populeux & fertile, n’étant réputé homme de bien, celui qui n’y possède une canne de bâtiment, sur l’étendue d’un méchant arpent de vigne.

Ce mot vient de bâtir ou de bastilles.

☞ BASTIDE-S.-AMAND. Ville de France, dans le Languedoc, au diocèse de Castres, ainsi nommée à cause de son assiette, vis-à-vis de la ville de S.-Amand de Val Toret.

☞ BASTIDE DE SERON. Petite ville de France, dans le gouvernement de Foix, sur une éminence.

BASTIEN, & BASTIENNE. Nom d’homme & de femme, diminutif de Sébastien, & de Sébastienne. Voyez Sébastien.

BASTIER. Voyez Bâtier.

BASTILLE. s. f. Petit Château fortifié à l’antique avec plusieurs tours proche l’une de l’autre. Ce nom est demeuré à un château bâti de cette manière dans Paris, & qui sert maintenant à mettre des prisonniers. Hugues Aubriot, ou Ambryot, natif de Bourgogne, le fit bâtir par ordre de Charles V l’an 1569, ou, comme dit M. de la Mare, en 1371. Il ne fut achevé que sous le règne de Charles VI en 1583. Bastrum, Castellum. Ce mot signifioit originairement des redoutes qu’on faisoit devant les places assiégées. Les Anglois, qui n’avoient pas assez de monde pour occuper un si grand terrain (au siége d’Orléans en 1428 sous Charles VII,) ne formèrent point autrement le siége, qu’en élevant de distance en distance un grand nombre de bastilles bien terrassées & bien palissadées. P. Dan. T. II. p. 1049. On alloit insulter les Anglois jusque dans leurs bastilles. Id. p. 1050. Dans Froissard il signifie simplement un fort, ou un château.

Ce mot vient de bâtir. Ménag. D’autres le dérivent de balista & bastilla, parce qu’on tiroit les grosses arbalètes de ces redoutes. Ce mot vient de βαστός, un bâton à porter des fardeaux, ou de βάκτρον, baculus. Port-R. Borel dérive les mots de bastion & bastille, de bailles, qui signifioit autrefois parapet ; ou du latin bastiæ, espèce de tours qui servoient pour la défense. Du Cange le dérive de bastia, bastita, bastile, d’où l’on a fait bastille, bastie, & bastide, selon les lieux ; ce qui se disoit autrefois de tout ce qui étoit remparé de fossés, de bois, de terre, & de toutes sortes d’autres défenses.

On dit proverbialement d’un homme qui ne bouge de sa place, quand on lui commande quelque chose, qu’il branle comme la bastille. On le dit aussi des autres choses qui sont fermes & inébranlables.

On dit aussi de celui qui fait quelque chose contre le Roi, ou l’Etat, que cela sent la bastille : il y va de la bastille ; pour dire, qu’on le mettra prisonnier à la bastille.

BASTILLÉ, ÉE. adj. L’é se prononce fortement. Terme de Blâson, qui signifie, garni de tours, ou forteresses. Turriculis fastigiatus. On dit aussi bastillé aux créneaux renversés, d’un chef, d’une fasce, d’une bande dont les créneaux sont du côté d’en bas & regardent la pointe de l’Ecu. Pinnis deorsum spectantibus, versis instructus.

☞ BASTILLON. s. m. Vieux diminutif de bastion. Ch. est. Dict.

☞ BASTIMENT. Voyez Bâtiment.

☞ BASTINGAGE. s. m. Terme de Marine. C’est, dit le Manœuvrier, un retranchement fait avec des filets & des cordes dans le pourtour d’un vaisseau, & qu’on remplit de matelas & des hardes de l’équipage. On l’établit au-dessus de la seconde batterie, & le long des passe-avants. Ce retranchement préserve les fusilliers & les manœuvriers des coups de canon de fusil & de mitraille. On bastingue aussi le gaillard d’arrière & les Hunes.

☞ BASTINGUE. s. f. On appelle ainsi sur les vaisseaux les toiles matelassées qu’on tend le long du plat-bord des vaisseaux pendant le combat, afin de couvrir les soldats & les matelots, & de les mettre à couvert de la mousqueterie.

☞ On dit aussi Pavesade.

☞ BASTINGUER. (se) v. récip. Terme de Marine, qui exprime l’action de tendre des bastingues. On dit qu’un vaisseau se bastingue, lorsqu’il se prépare au combat, en faisant un pareil retranchement.

☞ BASTINGUÉ, ÉE. part.

BASTION. s. m. Ouvrage de fortification, grosse masse de terre qui est souvent revêtue de brique, & quelquefois de pierre, qui s’avance en dehors de la place, pour la fortifier à la moderne. Saxeus, vel terreus agger in aciem prominens, propugnaculum. Il est composé de deux faces, ou pans de muraille, qui font un angle saillant & de deux flancs qui l’attachent aux courtines, avec une gorge par où l’on y entre. L’union des deux faces fait l’angle saillant, que l’on appelle simplement l’angle du bastion. L’union des deux faces aux deux flancs fait les angles des côtés, qu’on appelle autrement épaules ; & l’union de l’autre extrémité des flancs avec les courtines forme les angles des flancs.

Ce mot peut venir de bâton. Port-R. Voy. Bâtir.

Etrangler les bastions. Voyez Etrangler. Attaquer, défendre, relever un bastion.

On dit pendant un siége, attacher un Mineur au bastion. Sapper, miner un bastion. Se loger sur le bastion.

☞ Il y a plusieurs espèces de bastions.

☞ Le bastion creux, ou vide est celui qui n’est qu’une simple enceinte d’un rempart ou d’une muraille avec leurs parapets. Le rempart est mené parallèlement aux flancs & aux faces, de manière qu’il reste un vide dans le milieu.

☞ Le bastion plein, ou solide, est celui qui est tout rempli de terre, sur lequel on peut combattre & se retrancher.

Bastion simple, est celui dont les flancs sont en ligne droite.

Bastion composé, c’est celui dans lequel les deux côtés du polygone intérieur sont fort inégaux, ce qui fait ainsi des gorges inégales.

Bastion coupé, est celui qui a un angle rentrant à la pointe, fait en tenaille, lorsque dans ce remède il auroit été trop aigu.

On appelle aussi un bastion coupé, celui qui est retranché de la place par quelque fossé : quelques Ingénieurs ayant enseigné la façon de fortifier par des pièces détachées, en ce cas on les appelle Bavelins.

Bastion double, se dit lorsqu’il y en a deux ou trois l’un sur l’autre, tels que ceux qui sont bâtis sur des collines, comme à Besançon, Namur.