Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/391-400

Fascicules du tome 1
pages 381 à 390

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 391 à 400

pages 401 à 410



découvertes que l’on a faites dans ces voyages, & dans d’autres semblables, ne laissent plus aucun doute sur les antipodes ; & l’on tient par exemple, que l’île Bornéo, une des îles de la Sonde, est antipode au royaume des Amazones, dans l’Amérique ; & le Rio de la Plata, à la muraille qui sépare la Chine de la Tartarie.

Les Chrétiens, au reste, ne sont ni les premiers, ni les seuls qui ont traité de fable, ce qu’on dit des antipodes ; Lucrèce l’avoit fait avant eux à la fin de son premier Liv. v. 10, 63 & suiv. On peut voir encore Plutarque, Lib. de facie in orbe lunæ ; & Pline qui réfute ce sentiment, Liv. II, chap. 65.

Bien plus, un habile homme, dans une dissertation insérée dans les Mémoires de Trévoux 1708, Janv. p.130, & Février, p. 299, prétend qu’Aventin & les Hérétiques, qui, à son exemple, & par l’intérêt qu’ils auroient de montrer que l’Eglise se trompe dans ses décisions, ou juge de choses qui ne sont point de sa compétence, se trompent eux-mêmes grossièrement sur le fait du Pape Zacharie, aussi-bien que sur le sentiment de S. Augustin, par rapport aux antipodes. Car nous n’avons d’Auteurs contemporains, ou anciens, qui parlent de la condamnation de Virgile par le Pape Zacharie, qu’une lettre de Zacharie lui-même à S. Boniface, où il dit : Quant à sa perverse doctrine (de Virgile) s’il est prouvé qu’il soutienne qu’il y a un autre monde, & d’autres hommes sous la terre, un autre soleil, & une autre lune, chassez-le de l’Eglise dans un Concile, après l’avoir dépouillé du Sacerdoce. Nous avons aussi écrit au Duc de Bavière de nous l’envoyer, afin de l’examiner nous-mêmes, & le juger selon les Canons. Nous avons écrit à Virgile, & à Sidonius des lettres menaçantes, & nous vous croirons plus qu’eux.

Voilà tout ce que nous fournit l’Histoire du temps sur ce fait. Or 1.o, le Pape Zacharie ne parle point d’hérésie, mais seulement de suspense et de dégradation. 2.o Cette peine n’est que comminatoire, & il n’y eut jamais de déclaration. Le Pape veut qu’il soit condamné par un concile provincial, & veut le condamner lui-même, si inventus fuerit erroneus, si on le trouve coupable de quelque erreur. Il n’étoit donc pas sûr qu’il en fût coupable. Boniface, qui avoit donné contre Virgile ces avis au Pape, étoit brouillé avec cet Abbé depuis quelque temps. Il avoit pû le faire avant que la chose fût entièrement éclaircie, ou être trompé par d’autres. Ce qui est constant par la suite de l’Histoire, c’est que Virgile n’alla point à Rome se justifier ; on ne trouve pas même que S. Boniface l’ait examiné juridiquement, & ait poussé plus loin cette affaire : ce qui fait croire qu’il fut détrompé, & que ce que Virgile disoit, n’intéressoit point la foi ; qu’ainsi l’Eglise n’a point désapprouvé qu’on soutînt qu’il y avoit des antipodes. Boniface & Virgile vécurent depuis en bonne intelligence. Pepin estima & considéra Virgile, & le fit Evêque de Saltzbourg vers l’an 764. Il gouverna saintement son évêché, mourut en odeur de sainteté en 780, & fut canonisé par Grégoire IX, qui ne l’eût jamais fait, s’il avoit été condamné par Zacharie, comme hérétique. 3.o Dans la lettre de Zacharie il n’est point parlé d’Antipodes. Ce que ce Pape veut que l’on condamne, c’est de dire qu’il y a un autre monde, d’autres hommes, un autre soleil, une autre lune. Ce ne sont pas là simplement des antipodes. 4.o Quand l’Eglise auroit condamné Virgile, pour avoir soutenu au VIIIe siècle qu’il y avoit des antipodes, elle n’auroit rien fait que de très-raisonnable, rien qui fût contraire à ce que la navigation nous a fait découvrir dans ces derniers temps : car aux démonstrations que fournissoit la Mathématique, pour prouver que la terre étoit ronde, les Physiciens ajoutoient leurs conjectures, & disoient que la mer faisoit deux cercles autour de la terre, qui la partageoient en quatre, que la vaste étendue de cet océan, & les chaleurs brûlantes de la zone torride, empêchoient qu’il ne pût y avoir aucune communication entre ces quatre parties de la terre ; qu’ainsi les hommes n’étoient point de même espèce, & n’avoient point la même origine. C’étoit là ce qu’ils appeloient antipodes, & non pas seulement des gens qui habitent la partie de la terre diamétralement opposée à la nôtre. Outre cela, le terme d’antipodes emportoit encore tout le reste que j’ai dit. Voila dans quel sens on eût condamné le sentiment de ceux qui tiennent des antipodes ; condamnation qui n’aurait rien de contraire aux nouvelles découvertes ; sens que l’on condamneroit encore aujourd’hui, puisqu’il est de foi que Dieu a fait descendre d’un seul homme tous les hommes qui habitent sur la terre, Act. XVII, 26, qu’ils ont tous part à son péché, qu’ils ont tous été rachetés par Jésus-Christ.

Quant aux sentimens des Chrétiens sur les antipodes, quelques-uns, pour ne point admettre les conséquences des Physiciens, nioient tout, & jusqu’aux démonstrations des Mathématiciens. C’est le parti que prend Lactance, Instit. Liv. III ; ch. 24. D’autres s’en tenoient à révoquer en doute les conjectures des Physiciens. C’est ce que fait S. Augustin, Liv. XVI de la cité de Dieu, ch. 9. Après s’être proposé la question s’il y a des nations de Cyclopes, de Pygmées, d’autres qui eussent les pieds tournés en arrière, & tout ce que les Anciens avoient dit d’extraordinaire en ce genre, & avoir répondu que, ou bien tout cela n’est point, ou si cela est, ce ne sont point des hommes, ou si ce sont des hommes, ils descendent d’Adam comme tous les autres ; il vient à la question des antipodes, & demande si la partie inférieure de la terre, qui est opposée à celle que nous habitons, est habitée par des antipodes. Il ne doute point que la terre ne fût ronde, & qu’une partie de cette terre ne fût diamétralement opposée à la nôtre ; il demande seulement si elle est effectivement habitée. C’est là toute sa question ; & lorsqu’il traite de fable ce qu’on disoit des antipodes, il n’y a qu’à suivre sa pensée, pour se persuader qu’il ne dit rien que de fort judicieux. Il remarque 1.o Que ceux qui l’assuroient, n’avoient aucune histoire qui leur eût appris ce fait. 2.o Que leur principe, la terre est ronde, peut être vrai, sans qu’on en puisse conclure que sa partie inférieure soit habitée ; qu’elle est peut-être couverte d’eaux, & que ce n’est qu’une vaste mer ; que quand elle ne seroit point ensevelie dans la mer, mais habitable, il ne s’ensuivroit pas qu’elle fût effectivement habitée ; que d’y mettre des antipodes tels qu’on les figuroit, & qui auroient une autre origine que nous, comme le vouloient les Anciens, puisqu’ils croyoient qu’il étoit impossible de passer de notre habitation dans celle des antipodes, ce seroit contredire l’Ecriture, qui nous apprend que tous les hommes sont descendus d’un seul pere. Tel est le sentiment du Critique dont nous parlons. Louis Vivez a dit en deux mots quelque chose de semblable, dans ses notes sur S. Augustin, faisant entendre que ce Pere n’a pas dit absolument qu’il n’y avoit point d’antipodes ; mais seulement qu’il n’y en avoit point, supposé qu’il n’y eût point de passage de notre monde dans le leur.

Ce mot antipode vient de ἀντὶ, contre, & de ποῦς, ποδὸς, pied.

On le dit figurément de l’incompatibilité, de l’éloignement & de l’aversion qu’on a pour une chose, ou pour une personne. On dit d’un homme qui a des sentimens directement opposés à la raison, que c’est l’antipode du bon sens. Elle est l’antipode des prudes. Bens. Ce discours inspiroit à mon esprit des idées enchanteresses, qui plaçoient Jansénius à l’antipode de S. Augustin.

On dit aussi en proverbe, qu’on voudroit qu’un homme fût aux antipodes ; pour dire, qu’il fût bien loin.

Antipodes. Isidore fait mention d’un peuple dans la Lybie, ainsi nommé parce qu’on supposoit qu’ils avoient les pieds retournés, c’est-à-dire, les talons devant & les doigts derrière. Ils avoient, dit-on, huit doigts aux pieds.

ANTIPROSTATE. s. m. Terme d’Anatomie. Prostate inférieur. Antiprostata, prostata inferior. Un peu après le commencement du tissu spongieux de l’uretère, on trouve deux lacunes de l’uretère plus considérables que les autres, & les canaux qui y répondent très-longs. Ces lacunes & ces canaux mènent à deux corps glanduleux, situés aux deux côtés de la convexité du tissu spongieux de l’uretère, près du bulbe. Ils sont chacun de la grosseur d’un noyau de cerise, mais oblongs & aplatis, & ils sont tout-à-fait couverts des muscles appelés accélérateurs. On nomme ces deux corps communément prostates inférieurs, ou antiprostates. Mais si on examine bien leur situation, on les trouvera plus bas que les vraies prostates. Il se trouve encore un troisième corps semblable, situé plus antérieurement. Winslow.

ANTIPTOSE. s. f. Figure de Grammaire, par laquelle on met un cas pour un autre. Antiptosis. Ce mot vient du grec ἀντὶ, pro, & πτῶσις, casus.

☞ Il est allez difficile de deviner ce que les Grammairiens entendent par-là. Une figure qui consisteroit à mettre un cas pour un autre, seroit un monstre dans le discours, & renverseroit tous les principes de la construction. Ceux qui donnent pour exemple de l’antiptose, ce vers de Virgile, Urbem quam statuis, vestra est, ne raisonnent pas mieux ; puisque, dans cette construction, il n’y a pas un mot qui ne soit au cas où il doit être. Peut-être n’a-t-on donné le nom d’antiptose qu’à des fautes de copistes, qu’on auroit mieux fait de corriger, ou à des manières de parler dont on n’a pas senti les rapports.

ANTIPURITAIN, AINE. s. m. & f. Antipuritanus, a. Nom qui se donne à toutes les sectes de la Grande-Bretagne, qui ne sont pas Puritaines, qui sont opposées aux Puritains.

ANTIPYIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Médicamens que l’on emploie pour supprimer, ou du moins pour diminuer la suppuration. D’ἀντὶ, & πύον pus. Tels sont en général les apéritifs, les délayans, les légers évacuans, les altérans, & en particulier les fleurs de soufre, la racine de domtevenin, &c. Il est aussi adjectif. Remède antypyique.

ANTIPYRÉNÉES. Nom d’une branche des Pyrénées. Antipyrenæus mons, Antipyrenæi montes. Les Pyrénées vers l’orient & aux confins du Roussillon, se séparent en deux bras qui embrassent cette province, & qui la séparent d’un côté de la Catalogne, & de l’autre du Languedoc : celui qui la sépare de la Catalogne, sont les vrais Pyrénées ; celui qui la sépare du Languedoc, sont les Antipyrénées, ainsi nommés, parce qu’ils sont opposés à l’autre bras, & vis-à-vis les vrais Pyrénées.

ANTIPYRÉTIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre les fièvres ; c’est la même chose que fébrifuges. Il est aussi adjectif. Remède antipyrétique.

ANTIPYROTIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre la brûlure. Tels sont l’esprit de vin, l’eau de la Reine de Hongrie, l’onguent populeum, l’huile d’œufs, le miel, & autres appliqués extérieurement. D’ἀντὶ, contre, & πυροτιϰὸς, caustique brûlant. Col. de Villars. Il est aussi adjectif. Remède antipyrotique.

ANTIQUAILLE. s. f. Terme de mépris, qui se dit des pièces antiques, ou vieux meubles qui sont de peu de valeur. Viles vetustatis reliquiæ. ☞ Amasser des antiquailles. Tous ces meubles là sont des antiquailles.

ANTIQUAIRE. s. m. Homme qui a recherché & étudié les monumens qui nous restent de l’antiquité ; qui est versé dans la connoissance des monumens antiques, tels que sont les monnoies, les statues, les livres, les médailles, & généralement toutes les pièces curieuses qui nous peuvent donner quelque connoissance de l’antiquité. Antiquarius, antiquitatis studiosus, M. Peyresc, Provençal, a été un des plus savans Antiquaires de son temps.

On donnoit aussi anciennement ce nom à ceux qui faisoient des scholies ou des notes sur les Auteurs, à cause de la connoissance qu’ils avoient de l’antiquité & de l’origine des choses. Ils écrivoient ordinairement leurs notes à la marge des livres.

Il y avoit aussi anciennement dans les villes les plus considérables de la Grèce & de l’Italie, des personnes de distinction nommées Antiquaires, dont la charge étoit de faire voir aux étrangers ce qu’il y avoit de curieux, & de leur expliquer les inscriptions anciennes, & tout ce qui concernoit ce genre d’érudition. Cette institution est une des plus belles qui aient jamais été faites, & qui mériteroit bien d’être renouvellée. Pausanias appelle ces Antiquaires Ἐξητησας, les Siciliens les appeloient Mystagogos. Il y avoit une autre sorte d’Antiquaires, qui s’attachoient à la recherche des vieux mots, dont ils affectoient de se servir, au mépris de ceux qui étoient en usage de leurs temps. Enfin, les Antiquaires étoient autrefois ce que nous appelons Copistes. Calligraphi Librarii, ceux qui transcrivoient les vieux livres. On les appeloit aussi Libraires : ils transcrivoient en beaux caractères, ou du moins lisibles, ce qui avoit été écrit en notes. Fleury. Le Code Théodosien, S. Augustin, S. 44 De verbis Dom. Cassiodore, Hist.. Tripart. Liv. II, ch. 16, le prennent en ce sens. Voyez, Rosweid, Vit. Patr. p, 1013, & les Acta Sanctor. O. B. Præf. 8., i. Præf. N. CXIV, p. LIX, & suiv. & sæc. III, p. I. Præf. XXVIII. & suiv. &c.

ANTIQUARIAT. s. m. On prononce Anticariat. Connoissance des antiquités, science dont l’objet est d’étudier & de déchiffrer de vieux titres & des monumens des anciens temps. Les vieux manuscrits, les vieilles images, inscriptions, statues, médailles, les sceaux, les cachets ; & généralement tout ce qui peut donner connoissance des coutumes de l’antiquité, est du ressort de l’antiquariat. MM. Peyresc, Spon, Patin, &c. ont été très-savans dans l’antiquariat. Jamais la science de l’antiquariat n’avoit été cultivée comme elle l’est présentement. M. Bayle, Projet d’un Dictionnaire Critique. M. Spon fut bien aise d’apprendre au public que l’on se tromperoit fort, si l’on croyoit que l’étude de l’antiquariat fût sa principale affaire. Il éprouvoit que cette opinion lui faisoit grand tort, eu égard à la pratique de la Médecine. Dict. de Bayle. Art. Marcus Pompilius Andronicus, rem. A. Vous n’ignorez rien de ce qui regarde l’antiquariat. Merc. Septemb. 1722.

ANTIQUE. adj. m. & f. Qui est fait il y a long-temps, & à l’ancienne mode. Ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. On le dit par opposition à moderne. Voyez Ancien. Antiquus. Bâtiment antique. Inscription antique. Un bâtiment n’est appelé antique, que lorsqu’il a été construit par les anciens Architectes, c’est-à-dire, du temps que les Arts étoient dans leur plus grande perfection chez les Grecs & chez les Romains. Tout ce qui a été bâti par les Modernes, & depuis le rétablissement des Arts, ne s’appelle point antique ; on dit seulement d’un bâtiment construit selon l’ancienne architecture, qu’il a un air antique, qu’il est d’un goût antique, de l’architecture antique, qu’il a la manière antique. C’est ainsi que parlent les maîtres, pour signifier ce qui est travaillé dans la correction & le bon goût de l’antique. Voyez la Préface de Daviler. Tout de même dans les médailles, on appelle Antiques, celles qui ne sont point fausses, ni contrefaites, mais qui ont été effectivement frappées par les Grecs & par les Romains. A quoi il faut ajouter, les Lois antiques ; ce qui ne se dit que de ces Lois qui ont été recueillies sous le titre de Code des Lois antiques, en un seul volume, qui comprend les lois des Visigoths, les lois des Bourguignons, la loi Salique, qui étoit celle des Francs, &c. Les mots, & les phrases de la vieille cour, sont comme ces habits antiques, dont on ne se sert que dans les mascarades & dans les balets. Bouh. Les Stuarts tenoient depuis plusieurs siècles le sceptre d’Ecosse, & descendoient de ces Rois antiques, dont l’origine se cache si avant dans l’obscurité des premiers temps. Cet homme de bonne foi antique, a su joindre la politesse du temps, à la bonne foi de nos peres. Fléch. Elles trouverent ces manières bien bourgeoises, & le sentiment que j’ai là-dessus bien antique, pour un défenseur des modernes. Perr. Dans les plus beaux bas reliefs antiques, on y remarque des défauts de jugement. Felib.

☞ Ce mot appliqué aux personnes avancées en âge, ne se dit guère qu’en raillant. Il est un peu antique. Cette femme a l’air antique ; c’est une beauté antique.

Une médaille, ou quelque autre antique, avec ce mot, Majus erit post sæcula nomen, est une devise qui a été faite pour marquer que la gloire des Héros & des grands hommes augmente avec le temps.

Ce mot Antique s’est fait du latin Antiquus, que Guichard dérive assez vraisemblablement de l’hébreu עתק atak, qui signifie, devenir vieux, devenir ou être ancien.

Antique, en termes de Blason, se dit des couronnes à pointes de rayons, des coîffures anciennes, grecques & romaines, des vêtemens, bâtimens, ou niches gothiques. Tête couronnée à l’antique. Tête coiffée à l’antique.

Antique. s. f. Se dit des ouvrages de Peinture, Sculpture, & Architecture, qui ont été faits du temps des Grecs & Romains, depuis Alexandre le Grand, jusqu’à l’Empereur Phocas, & à la désolation des Barbares. Antiquum signum. Cette statue n’est pas d’un Sculpteur moderne, c’est une antique.

On dit aussi antique, d’une médaille, ou de quelque autre curiosité que ce soit. Vetus numisma. La salle des antiques du Louvre. En ce sens on le dit seulement des statues. Il y a des choses antiques, que l’on nomme antiques modernes ; comme les Eglises anciennes, & autres bâtimens gothiques, pour les distinguer de ceux des Grecs & des Romains. Il y a des Peintres qui se sont entièrement attachés à l’antique pour les draperies. Félib.

Quand ce mot se dit en général pour ce qui est antique, il est masculin, comme tous les adjectifs devenus substantifs. Le moderne de l’antique, c’est le, & non pas la, qu’il faut sous-entendre.

Dans cette maison magnifique,
Où le beau moderne & l’antique
Sont si parfaits, que l’œil surpris
Ne sait auquel donner le prix. De Malezieu.

Antique. s. f. Terme en usage dans la Faculté de Théologie de Paris. On donne ce nom à l’argument que propose un Bachelier aux tentatives, immédiatement après que le Président a fini d’argumenter. Quand la thèse se soutient en Sorbonne, c’est un Bachelier de la maison de Navarre en licence qui le propose & quand c’est à Navarre, c’est un Bachelier de Sorbonne. On a donné ce nom à cet argument, parce que le Bachelier, avant que de commencer l’argument, dit ces paroles, Propter antiquam necessitudinem, inter regiam vestram societatem & pauperem nostram domum.

A l’antique, adverbe. A la vieille mode. Antiquo more, ritu. Il s’est fait peindre habillé à l’antique. Ce buste de femme est coiffé à l’antique.

ANTIQUER. Terme de Relieur. C’est enjoliver la tranche d’un petit livre de figures de diverses couleurs, avec un fer chaud. Exteriorem libri foliorum incisuram, secturam, adornare. Antiquer sur tranche. Cet usage n’a plus lieu, & la tranche de nos livres est unie.

ANTIQUÉ, ÉE. part. Voyez le verbe.

ANTIQUÉRA. C’est la même chose qu’Antéquéra. Voyez ce mot.

☞ ANTIQUITÉ. s. f. Terme qui s’applique à ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. Antiquitas. C’est dans ce sens qu’on dit les héros de l’antiquité. L’antiquité des temps. L’antiquité faisant périr les preuves de l’Histoire, en affoiblit la vérité, & fait valoir les monumens qui se conservent.

☞ Le Dict. de l’Acad. Fr. dit, une maison illustre par sa noblesse & par son antiquité. Le mot ancienneté est plus propre à l’égard de l’origine des familles. Maison illustre par son ancienneté. Monumens respectables par leur antiquité.

☞ C’est quelquefois un terme collectif par lequel on désigne tous ceux qui ont vécu dans les siècles fort éloignés du nôtre. L’antiquité croyoit… il ne s’est rien fait de mieux dans toute l’antiquité. Il ne faut pas se fier aux exagérations de la glorieuse antiquité. S. Evr.

Antiquité, se dit aussi des monumens qui nous restent des Anciens. Voilà une belle antiquité : mais en ce sens il est ordinairement employé au pluriel. Les antiquités de Rome, de la Grèce. Josephe a écrit des antiquités judaïques. Le grand ouvrage de l’Antiquité expliquée & représentée en figures par le R. P. Dom Bernard de Montfaucon, a déjà été imprimé deux fois en dix volumes in-folio, Paris 1719 & 1722. Il épargnera la lecture d’un grand nombre de livres fatiguans & ennuyeux. Les figures formées sur tous les monumens qui nous restent de l’antiquité, sont le fondement de cet ouvrage, & portent, par le secours des yeux & de l’imagination, la lumière à l’esprit sur une infinité d’anciens usages. On trouve dans ce Recueil non-seulement ce qui est dans les grands corps d’Antiquités grecques & romaines, mais encore ce que leurs Auteurs n’ont point inséré dans leurs vastes compilations… Le Supplément en cinq volumes in-folio, Paris 1724, est fait avec le même choix & la même exactitude. Méthode pour étudier l’Hist. Le public est prévenu que la première édition de l’Antiquité vaut mieux que la seconde. Mais la seconde vaut au moins autant que la première : elle est plus correcte, & les planches ont été fort bien retouchées… Il n’y a eu qu’une édition du Supplément.

ANTIRRHÉTIQUE. adj. m. & f. & s. m. Terme Dogmatique. Contradictoire, fait pour combattre, pour réfuter. Antirrheticus, a, um. Un ouvrage antirrhétique. Nicéphore avoit fait trois antirrhétiques contre le concile tenu à Constantinople sous Constantin Copronyme. Plusieurs Savans ont donné à leurs ouvrages le titre d’Antirrhétiques, Le P. Sirmond fit deux Antirrhétiques dans la dispute qu’il eut avec Petrus Aurelius.

Ce mot est grec, & vient d’ἀντὶ, contrà, & ρέω, dico.

ANTIRRHINUM. s. m. Antirrhinum. Plante. Elle porte une fleur rouge. Sa tige est semblable à celle de l’Anagallis, aussi-bien que ses feuilles. Dioscoride dit qu’elle embellit ceux qui s’en frottent. Cette plante est appelée en françois, Mufle de veau.

ANTI-SALLE. s. f. Proœcus, Antoœcus. Pièce d’appartement, lieu qu’on trouve avant la salle. Une grande anti-salle, une belle anti-salle.

ANTISATYRE. s. f. Réponse à une Satyre, ou Satyre opposée à une autre. Ce terme n’est pas usité ; mais M. Fléchier s’en est servi. M. Perrault, dit-il, m’a envoyé son Apologie du mariage, & je sais qu’il y a beaucoup d’autres Antisatyres.

ANTISCES. Terme d’Astrologie judiciaire. Antiscius. Les antisces sont deux points du ciel également éloignés des tropiques. Le taureau & le lion sont deux signes antisces.

ANTISCIEN. s. m. Terme de Géographie. Hétéroscien, qui a les ombres opposées. Antiscius. Ce mot se dit des peuples des zones tempérées, & en général des peuples & des pays qui sont de part & d’autre au-delà des tropiques ; & on les appelle Antisciens, parce qu’à midi leurs ombres ont des directions opposées, celle des peuples qui sont au-delà du tropique du capricorne, portant au sud ; & celle des peuples qui sont au-delà du tropique du cancer, comme nous en Europe, se tournant vers le nord. Les peuples du nord sont Antisciens à ceux du midi, parce qu’à midi les uns ont leur ombre vers le pôle boréal, & les autres vers le méridional.

Ce mot vient de ἀντὶ, contre, & de σϰία, umbra, ombre.

ANTISCORBUTIQUE. adj. de t. g. Contraire au scorbut, qui guérit le scorbut. ☞ Épithète que l’on donne aux médicamens auxquels on attribue la propriété de prévenir ou de guérir le scorbut. Antiscorbuticus, a, um. Il est certain que par une providence particulière du Créateur, chaque région produit les plantes propres à guérir les maux des peuples qui l’habitent. Dans les pays septentrionaux & marécageux, où le scorbut est si ordinaire, pillulent de tous côtés des plantes antiscorbutiques, telles que la sicaria, la ménianthe, la cardamine, le cresson, la cochléaria, &c. Journ. des Sav. p. 295.

☞ Il est aussi substantif. Ce malade fait usage des antiscorbutiques.

ANTISCOTI. Voyez Anticosti.

ANTISCRIPTURAIRE. s. m. & f. Contraire à l’Ecriture. Antiscripturarius. Nom de secte. Voyez Antinome.

Ce mot est partie grec & partie latin, ἀντὶ, contrà, & scriptura, écriture.

ANTISPASE. s. f. Antispasis. Terme de Médecine. Révulsion, retour d’humeurs, cours qu’on leur fait prendre vers la partie opposée à celle sur laquelle elles se jetoient. On s’en sert à l’égard des humeurs qui sont déjà en mouvement, pour les jeter sur une partie opposée ; car une humeur qui est déja fixée dans une partie, ne peut point être évacuée par révulsion, mais par dérivation, à cause qu’on ne peut l’attirer que vers les parties voisines. D’ἀντὶ, contre, & σπάω, tirer.

ANTISPASMODIQUES, ANTISPASMATIQUES, ou ANTISPASMIQUES. s. m. pl. Terme de Médecine. Remèdes contre les convulsions. Tels sont la thériaque, les sels volatils, le sel sédatif, l’eau impériale, l’esprit de succin, la liqueur de corne de cerf succinée, les parégoriques, les narcotiques. Ce mot vient du grec ἀντὶ, contre, & σπάσμα, convulsion. Col. de Villars. Il est aussi adj. Remède antispasmodique.

ANTISPASTIQUE. adj. Epithète générale des remèdes qui opèrent par révulsion.

☞ Il est aussi substantif. Les antispastiques opèrent par révulsion, c’est-à-dire, en détournant les humeurs sur des parties différentes de celles où elles s’étoient fixées.

ANTISPODE. s. m. Faux spode que les Médecins mettent en usage à la place du vrai spodium, qui est difficile à recouvrer. Voyez dans le Dictionnaire des Arts la manière dont Dioscoride faisoit les médicamens supplétifs, que l’on appelle Antispodes. Voyez aussi Spode.

☞ ANTISTICHON. s. m. C’est ainsi qu’on a appelé le changement d’une lettre en une autre. olli, par exemple, pour illi.

ANTISTROPHE. s. f. Antistrophe, alterna conversio. Figure grammaticale, qui se dit quand de deux termes ou choses conjointes & dépendantes l’une de l’autre, on fait la conversion, ou le renversement réciproque : comme le serviteur du maître, & le maître du serviteur. Cette dernière phrase est une antistrophe.

Antistrophe. ☞ Terme de poësie chez les Grecs. C’est ainsi qu’on appeloit une des stances des chœurs dans les poësies dramatiques, L’Antistrophe étoit une des trois parties de l’ode, dont les deux autres se nommoient strophe & spode. La strophe & l’antistrophe contenoient toujours le même nombre de vers, tous de même mesure, & pouvoient conséquemment être chantées sur le même air. L’épode comprenoit des vers plus longs & plus courts. Le chœur chantoit la strophe en se tournant à droite du côté des spectateurs, & l’antistrophe étoit la stance suivante que ce même chœur chantoit en se tournant à gauche. Le mot d’antistrophe n’est pas connu dans notre poësie françoise.

Ce mot vient d’ἀντὶ, contre, & de στροφή, strophe, qui vient de στρέφω, je tourne.

ANTITACTE. s. m. & f. Antitacticus, Antitactæ. Nom de secte ; Hérétiques sortis des Gnostiques. Les Antitactes avouoient que le Dieu Créateur de l’univers étoit bon & juste ; mais ils soutenoient qu’une de ses créatures avoit créé la nature du mal, & nous y avoit engagés pour nous opposer au Dieu créateur, & qu’il falloit nous opposer à cet Auteur du mal pour venger Dieu. C’est de là que leur vient leur nom, formé du grec ἀντιτάττω, qui signifie opposer, être contraire : desorte que Antitacte signifie, celui qui est opposé, qui est contraire. Clément Alexandrin parle des Antitactes, Strom. Liv. III. & c’est de lui que nous tirons ceci. S. Augustin en parle aussi, hæres. 18.

ANTITAURUS. Chaîne de montagnes de l’Anatolie. Antitaurus. C’est une branche du mont Taurus ; elle s’en sépare à la source du Cidne, & s’avance vers le nord est jusqu’à l’Euphrate. Ces montagnes ont au couchant les Beglierbeglicks de Caramanie & de Siwar, & au levant celui de Marasch. On les appelle Antitaurus, parce qu’elles sont opposées au mont Taurus, qui est situé de l’ouest à l’est, & sépare le Beglierbeglich de Marasch de celui de Chypre, & d’une partie de celui d’Alep. On dit que les habitans de ces montagnes les appellent Rohan-Taur. Au reste, il faut dire le Mont Taurus, & l’Antitaurus, & non point Taur & Antitaur.

ANTITHÉES. s. m. pl. C’étoient de mauvais génies, dit Arnobe, qui invoquoient les Magiciens, & qui n’étoient propres qu’à faire du mal. Arnobe est le seul qui en ait parlé.

ANTITHÉNAR. s. m. Terme d’Anatomie. C’est un petit muscle composé, placé obliquement sous les os du métatarse. Il est attaché postérieurement à la partie inférieure du second, du troisieme & du quatrième os du métatarse près de leurs bases, au ligament voisin du premier & du second de ces os, aux ligamens voisins des os du tarse, & enfin à une aponévrose latérale du muscle, qu’on appelle communément Hypothénar. Toutes ces portions se concentrent, & s’attachent au côté externe de l’os sésamoïde externe, & à la partie voisine de la première phalange du pouce. Winslow. Il prend son origine de l’os du métatarse, qui soutient le petit orteil, & passant obliquement sur les autres os, va s’insérer par un fort tendon à la partie interne du premier os du pouce, qui tire en dehors vers les autres orteils. Dionis. Il est nommé Anthiténar, parce qu’il est l’antagoniste de l’adducteur, qui se nomme Thénar. Le pouce de la main a aussi son Antithénar, qui a de même son adducteur. Le muscle antithénar s’appelle autrement le demi-osseux du pouce, le demi-interosseux du pouce.

ANTITHÈSE. s. f. Figure de Rhétorique, qui consiste dans l’opposition des pensées ou des mots. Antithesis, Contentio. Grand dans le petit, petit dans le grand. Ceux qui font des antithèses en forçant les mots, imitent ceux qui font de fausses fenêtres pour la symétrie. Pasc. S. Augustin, Salvian, & plusieurs autres Ecrivains, ont fort aimé les antithèses. Aujourd’hui les antithèses sont fort décriées. Desmarêts fait dire à son Poëte des Visionnaires : « Puis j’aimai l’antithèse au sortir de l’école. Jettez-vous sur les injures, & presque toujours sur les antithèses, vous êtes appelé à ce style, il faut que chacun suive sa vocation. » Racine. Si on ne bannit pas absolument l’antithèse des discours, au moins ne doit-on la permettre que dans des discours d’appareil.

Antithèse, est aussi une figure de Grammaire, par laquelle on change une lettre pour en substituer une autre : comme on dit olli pour illi. ☞ C’est ce qu’on appelle antistichon. M. du Marsais rapporte cette figure au métaplasme. Voyez ce mot.

Ce mot vient du grec ἀντίθεσις c’est-à-dire, opposition.

ANTITHÉTIQUE. adj. Qui tient de l’antithèse. Le style de S. Augustin est antithétique. Le style antithétique est aujourd’hui fort décrié ; cependant quand les antithèses sont bien justes & à propos, elles jouent agréablement dans un discours. Le style antithétique du P. d’Orléans a ses agrémens que je lui passe volontiers. La Chapelle.

☞ ANTITRAGUES. s. m. Terme d’Anatomie. Partie de l’oreille externe opposée au tragues.

ANTITRINITAIRE. s. m. & f. Antitrinitarius, SS. Trinitatis hostis. Hérétique, qui nie la Sainte Trinité, qui enseigne qu’il n’y a point trois personnes en Dieu. Ainsi les disciples de Paul de Samosate, les Photiniens, qui ne croioient point la distinction des personnes en Dieu, les Ariens, qui nioient la divinité du Verbe ; les Macédoniens, qui nioient celle du S. Esprit, étoient tous de vrais Antitrinitaires. On dit plus particulièrement ce mot des Sociniens, qu’on appelle aussi Unitaires. La Bibliothèque des Antitrinitaires, Bibliotheca Antitrinitariorum, est un ouvrage posthume de Christophe Sandius, Antitrinitaire lui-même, dans lequel, en suivant l’ordre des temps, il fait une liste de tous les Auteurs Sociniens, ou ' Antitrinitaires modernes, donne un petit abrégé de leur vie, & un catalogue de leurs ouvrages.

ANTITYPE. s. m. Antitypum. Mot grec, qui est la même chose que type, ou figure. C’est en ce sens-là que S. Paul dans son Epître aux Hébreux, chap. 9. v. 24, dit, que Jésus n’est point entré dans le saint des saints fait par des hommes, qui étoit le type du véritable. Au lieu du mot de type, on lit dans le grec de Saint Paul antitypa, que MM. de Port-Royal, & le P. Amelotte, ont traduit par celui de figure. Le P. Amelotte a ajouté cette remarque : Jésus-Christ n’a pas été Pontife de l’ordre d’Aaron, & par conséquent il n’a pas entré dans le saint des saints figuratif, au jour de la Purification du Temple ; mais il est entré dans le vrai saint des saints, qui est le Ciel, ou il se présente à Dieu pour nous. S. Pierre s’est aussi servi du mot antitype dans sa première Epître, chap. 3 v. 21, où il dit que l’Arche de Noé étoit la figure du baptême. On lit ici dans notre édition latine, forma : & au chap. 9 de l’Epître aux Hébreux, exemplaria. Si l’on veut cependant exprimer à la lettre le mot d’antitype, il signifie un type qui répond à un autre type, ou plutôt, ce qui est en la place d’un type.

Ce même mot d’antitype, signifie dans les anciens Peres Grecs, & dans la Liturgie grecque de Saint Basile, les symboles du pain & du vin dans l’Eucharistie, d’où les Calvinistes & les Zuingliens inférent que les Grecs ne croient pas que le corps & le sang de Jésus-Christ soient réellement dans l’Eucharistie, puisque c’est après la consécration que ces symboles sont appelés antitypes. C’est ainsi que raisonne Suicerus dans son Trésor Ecclésiastique, où il dit, que de l’aveu même de Léo Allétius, dans son troisième Liv. de Cons. Eccl. Occid. & Orient, cap. 15 num. 28. Clément dans ses Constitutions, S. Cyrille de Jérusalem, cathech 5. S. Grégoire de Nazianze, & quelques autres anciens Ecrivains Ecclésiastiques, n’ont fait aucune difficulté de se servir du mot d’antitype, en parlant du corps de Jésus-Christ. Consultez ce que dit Allatius en cet endroit ; car il n’y demeure pas tout-à-fait d’accord que le corps de Jésus-Christ soit véritablement appelé antitype après la consécration, quoique ce mot d’antitype se trouve après la consécration dans la Liturgie de Saint Balise. Ces paroles, dit-il, num. 27 du même chap. se rapportent aux symboles avant la consécration, Saint Basile répétant après la consécration tout l’ordre de la Liturgie.

Pour mieux comprendre cette difficulté, qui est d’une très-grande importance, on rapportera ici la réponse de M. Simon sur ce même sujet à M. Smith, tirée de son Livre de la créance de l’Eglise orientale sur la transubstantiation, imprimé à Paris en 1687. Voici ce qu’il dit à la page 34, & suivantes. Les symboles du pain & du vin, dit-on, sont appelés antitypes, même après la consécration dans la Liturgie des Grecs, d’où l’on infère qu’ils sont très-éloignés en cela de la croiance des Latins. Mais M. Smith paroît peu savant dans la Théologie des Grecs, lorsqu’il dit généralement, qu’ils appellent antitypes les symboles après la consécration. Il n’y a point de Grec présentement, & même depuis neuf cens ans, qui soit de ce sentiment. Il est constant que les Grecs Schismatiques d’aujourd’hui prétendent tous, que la consécration n’est achevée qu’après la prière qu’on nomme l’invocation du S. Esprit ; laquelle prière est rapportée dans la Liturgie, après les paroles où les sacrés symboles sont nommés antitypes. Marc d’Ephèse, qui étoit chef de parti contre les Latins dans le concile de Florence, se sert même de cet endroit de la Liturgie, pour prouver que la consécration ne consiste point simplement dans ces paroles, ceci est mon corps ; mais aussi dans la prière ou bénédiction que le Prêtre fait ensuite, en invoquant le S. Esprit. Ce défenseur de la foi des Grecs s’appuie principalement sur ce que S. Basile dans sa Liturgie appelle les symboles antitypes, après que le Prêtre a prononcé ces paroles, ceci est mon corps ; d’où il conclut qu’ils ne sont point encore consacrés, puisqu’ils retiennent le nom d’antitype ou figure. Le Patriarche Jérémie parle aussi des antitypes de la même manière, & il assure que ceux qui ont appellé le pain & le vin antitypes, ne leur ont donné ce nom qu’avant la consécration.

Ces Auteurs parlent en cela conformément aux autres Ecrivains Grecs qui ont vécu depuis le huitième siècle, où cette question fut agitée, dans le second Concile de Nicée. Le Diacre Epiphane déclara dans ce concile, au nom de tous les Evêques, que le mot d’antitypes ne pouvoit s’entendre autrement dans la Liturgie de S. Balise, que pour les dons avant la consécration ; & qu’après la consécration ils étoient appelés le corps & le sang de Jésus-Christ. S. Jean de Damas, Nicéphore Patriarche de Constantinople, en un mot tous les défenseurs du culte des images furent de ce sentiment, & l’opposèrent aux Iconoclastes, comme une forte preuve pour autoriser l’honneur rendu aux images, parce qu’on rend, disoient-ils, des honneurs aux saints dons, lorsqu’ils ne sont encore que des antitypes ou des images, avant la consécration. Depuis ce temps-là les Grecs parlent tous ce même langage ; & quelque difficulté qu’il y ait sur ce mot d’antitype, pour savoir si quelques Peres Grecs l’ont appliqué à l’Eucharistie, après ou avant la consécration, il est constant que ceux des anciens Docteurs de l’église qui ont donné le nom d’antitypes aux symboles après la consécration, ne croioient pas que ce mot contînt rien qui fût opposé à la vérité de Jésus-Christ dans l’Eucharistie : & l’on peut prouver manifestement, par la dispute qui étoit entre les Iconoclastes & les défenseurs des images, qu’il n’y avoit entre eux aucune difficulté touchant le corps & le sang de Jésus-Christ, que les deux partis reconnoissoient également être dans l’Eucharistie après la consécration. Ainsi de quelque manière qu’on explique le mot d’antitypes, les Protestans n’en peuvent tirer en cette occasion aucune conséquence contre le dogme de la transubstantiation ; puisque les deux partis supposent évidemment que les symboles du pain & du vin se changent au corps & au sang de Jésus-Christ, étant seulement en dispute du temps auquel le changement s’accomplit.

ANTIVAHI. Ville de Dalmatie. Antibarum. Elle est sur la côte du golfe de Venise, entre le golfe de Cartaro & celui de Drin.

ANTIVÉNÉRIENS. sub. m. pl. Antivenerea, orum. Remèdes contre les maladies Vénériennes. Tels sont le nénuphar, le mercure & toutes ses préparations ; les frictions mercurielles, la fumigation, &c.

☞ Il est aussi adj. Remède antivénérien. Dont on fait usage contre les maladies vénériennes.

ANTIVÉROLIQUE. adj. m. & f. Qui guérit la petite vérole. Variolas sanans, Antivariolicus, a, um. Un remède antivérolique. Un Médecin d’Allemagne nommé Dolée, se vantoit d’avoir une liqueur antivérolique, avec laquelle il n’avoit jamais manqué aucune petite vérole. Journal des sav. 1719, page 674.

ANTIVERSIFICATEUR. s. m. Opposé à la poësie, partisan de la prose, sur-tout pour les pièces de théâtre. Voulez-vous donner gain de cause au système ridicule des antiversificateurs ? dit M. le Franc à M. de Merville, qui répond : à Dieu ne plaise que je donne jamais dans le système des antiversificateurs. Observations sur les Ecrits mod. tom. 19, p. 138, 139.

Quoique M. de La Motte ait beaucoup écrit en vers, il n’a pas laissé de se déclarer chef des Antiversificateurs, jusqu’à donner, pour établir son nouveau système, une seconde Tragédie d’Œdipe en prose. Mais la cause commune des Poëtes a été très-bien défendue par M. de Voltaire, dans sa Préface de la Tragédie d’Œdipe, Edition de 1730.

M. Le Franc, après être demeuré d’accord que la Tragédie n’exige pas aussi essentiellement la versification que l’Epopée, ajoute aussitôt, qu’il se serviroit volontiers de la réflexion judicieuse & sans réplique de M. de Voltaire, qui dit, qui a le plus, ne sauroit se contenter du moins… Obs. ibid. p. 168.

ANTŒCIENS, ou ANTECIENS. s. m. pl. Antœci. Terme de Géographie qui est relatif. En considérant les habitans de la terre relativement, c’est-à-dire, par rapport les uns aux autres, les uns sont Periœciens, les autres Antœciens, & les autres Antipodes. Nous expliquerons dans la suite ce que c’est que Periœciens. Les Antœciens sont ceux qui habitent sous la même portion du méridien comprise entre les deux pôles, & qui sont à même distance de l’équateur, mais les uns du côté du nord, & les autres du côté du midi. Ainsi les Antœciens ont la même longitude & la même latitude ; mais les uns australe, & les autres septentrionale. Les habitans du Péloponèse sont Antœciens des Cafres du Cap de Bonne-Espérance. Les Antœciens ont midi & minuit précisément à la même heure ; mais les uns ont l’été, quand les autres ont l’hiver.

ANTOINE. s. m. Antonius. Nom d’homme. C’est un des noms latins auxquels nous avons donné une forme françoise. Ainsi ce seroit mal parler, que de dire Marcus Antonius, Triumvir avec Auguste & Lépidus. Il faut dire, Marc Antoine fut vaincu à la bataille d’Actium par Auguste. De même S. Antoine, Pere des Anachorètes en Egypte, mourut en 361, âgé de 105 ans, dont il en avoit passé 90 dans le désert. Et généralement tout ceux qui portent ce nom doivent être appelés Antoine.

On appelle proverbialement, un repas de Saint Antoine, un repas où l’on n’a que du pain & de l’eau.

S. Antoine. Ordre militaire. Albert de Bavière, Comte de Hainaut, de Hollande & de Zélande, ayant dessein de faire la guerre au Turc, établit en 1382 l’Ordre des Chevaliers de S. Antoine. Ils portoient un collier d’or en forme de ceinture d’hermite, auquel pendoit une béquille avec une clochette, comme on les représente dans les tableaux de S. Antoine. Caramuel, Théolog. Regolar. P. 9. Le P. André Mendo, De Ordin. Milit. Joseph de Michiéli, Tesoro Militar. & Bernardo Justiniani, Histor. dell’ origine de Cavallieri, C. 5, parlent d’un autre Ordre militaire de S. Antoine en Ethiopie, institué en 370, à ce prétend ce dernier Auteur, par Jean surnommé le Saint, Empereur d’Ethiopie, qui régla que les Chevaliers de cet Ordre porteroient sur un habit noir une croix d’asur en forme de tau, son fils, poursuit-il, y ajouta un orle d’or. Ces Chevaliers sont sous la règle de S. Balise. Leur étendart est noir chargé d’un lion rampant, tenant en ses griffes une croix ou un crucifix, avec ces mots, Vicit leo de tribu Juda ; c’est-à-dire, le lion de la tribu de Juda a vaincu. Ludolf n’en dit rien dans son Histoire d’Ethiopie ; & quoiqu’il y ait eu des Moines de S. Antoine en Egypte & en Ethiopie, dès le IV siècle, il n’y a nulle preuve qu’il y ait eu aussi dès ce temps là un ordre militaire du même nom.

ANTOINETTE. s. f. Antonia. Nom de femme. Ce n’est point un diminutif, mais le féminin qui répond à Antoine, comme en latin Antonina répond au masculin Antoninus. Antoinette de Bourbon, femme du Duc de Guise Claude de Lorraine, qu’elle épousa en 1513, & dont elle eut huit fils & quatre filles, avoit beaucoup de piété, & fut appelée par les Huguenots la Mere des Tyrans, & des ennemis de l’Evangile. Sœur Antoinette de S. Scholastique, religieuse Feuillantine, c’est Antoinette d’Orléans, fille de Léonor d’Orléans, Duc de Longueville, qui après la mort de Charles de Gondi, Marquis de Belle-Isle, se fit Religieuse à Toulouse.

Quand il s’agit des femmes de l’ancienne maison romaine des Antoines, il ne faut point dire Antoinette, mais Antonia ; par exemple, il faut dire Antonia, fille de M. Antoine & d’Octavie, sœur d’Auguste, épousa L. Domitius Ænobarbus. Antonia, autre fille d’Antoine, & femme de Drusus, disoit, quand elle vouloit se moquer de quelqu’un, qu’il étoit aussi bête que son fils Claude, qui fut depuis Empereur. Voyez M. de Tillemont & les autres. Il ne faut dire Antoinette que des femmes Chrétiennes, qui ont S. Antoine pour patron.

ANTOISER. v. a. Acervare, Coacervare. Terme de Jardinier. Il se dit des tas de fumier, & veut dire, mettre en pile. Antoiser un tas de fumier. La Quint.

ANTOIT. s. m. Instrument de fer courbé, qui sert dans la construction des vaisseaux, à approcher les bordages près des membres, & les uns près des autres.

ANTOLEIN. s. m. & nom d’homme. Antolianus. Saint Antolien, dont parle Grégoire de Tours en son Histoire de France, & en ses livres des Miracles, s’appelle vulgairement en Auvergne, Saint Antolien.

ANTOLIEN. Voyez Antolein.

ANTOLFLE DE GIROFLE. s. m. On nomme ainsi les girofles qui restent par hasard sur les arbres qui portent le girofle, après que la récolte en a été faite. Ces fruits ainsi reliés à l’arbre continuent de grossir, & deviennent de la grosseur du pouce. On y trouve une gomme dure & noire, d’une agréable odeur, d’un goût fort aromatique. Les Hollandois les nomment Cloux Matrix, ou meres de Girofle ; & les Droguistes François, Antolfle de Girofle.

ANTON. Nom d’un volcan, ou montagne qui vomit des flammes. Anto, Antonus muns. Il est dans l’Amérique méridionale, sur les confins du Chili, du Chicuito & des terres Magellaniques. C’est une partie des Andes.

ANTOGIL. La baie d’Antongil est un petit golfe de l’Océan Ethiopien. Antonii Ægidii sinus. Il est sur la côte orientale de l’île de Madagascar, & un peu au nord de l’île de Sainte-Marie. Ce mot est composé d’Antoine & Gilles, qui sont apparemment les noms de celui qui le premier a découvert ce golfe.

ANTONIA. Château de l’ancienne Jérusalem. Antonia. C’étoit une grande & grosse tour carrée, qui s’appeloit Buris. Chacun de ses côtés étoit d’une demi-stade, & sa hauteur de 50 coudées, c’est-à-dire de 85 pieds & demi, à peu de chose près. Elle étoit au nord du temple, dit Josephe, de Bello Jud. L. I. C. S. § 4. Ailleurs il semble la mettre sur le côté occidental du temple. Les Princes Asmonéens y avoient un palais, auquel elle étoit jointe, & qu’elle commandoit. De-là vient que Josephe l’appelle quelquefois Palais Royal. Elle étoit entre le temple & la colline Bézesa, donc elle étoit séparée par un fossé qu’on y avoit pratiqué. Elle avoit une tour sur chacun de ses angles. Trois de ces tours étoient de la même hauteur que l’Antonia ; la quatrième avoit 20 coudées, ou 34 pieds de plus. Hérode le Grand orna & embellit ce château, & à l’honneur d’Antoine, qui dominoit alors en Orient, lui donna le nom d’Antonia. Les Romains s’en rendirent maîtres, & y mirent garnison. L’Empereur Claude ordonna à Fadus d’y garder les ornemens du Grand Prêtre, & on ne les en tiroit que les jours que le Pontife s’en devoit servir.

ANTONIN. s. m. Antoninus. Nom d’homme. Antonin Pie ; Marc Auréle Antonin, surnommé le Philosophe ; Antonin Caracalla ; Antonin Elagabale, sont des Empereurs Romains. Saint Antonin, Archevêque de Florence, y naquit en 1389, & mourut le 2 Mai en 1459.

ANTONINS, ou ANTONISTES. Antonini. Religieux de Saint Antoine ; Chanoines réguliers de Saint Augustin de la Congrégation de S. Antoine de Viennois. Ils ont une robe noire avec un manteau de même couleur, ayant sur cette robe & sur ce manteau une marque bleue, en forme d’une lettre grecque, qu’on nomme Τ, & qu’ils appellent la croix de S. Antoine. Ils portent à l’église l’aumusse & le surplis. Le Chef-lieu de leur Ordre est en Dauphiné, & l’on croit qu’ils ont été établis dans l’onzième siècle. Le mot d’Antonins & d’Antonistes n’est pas d’usage à Paris. On dit, les Religieux de S. Antoine. Il y a aussi des Religieux Antonins dans l’Ethiopie.

ANTONOMASE. s. m. Antonomasia. Figure de Rhétorique, par laquelle on se sert d’un nom appellatif au lieu d’un nom propre, comme, le Philosophe, pour dire, Aristote ; l’Orateur, pour dire, Cicéron ; l’Apôtre, pour dire, S. Paul ; Louis le Juste, pour dire, Louis XIII ; Louis le Grand, pour dire, Louis XIV.

Ce mot vient d’ἀντὶ, qui signifie pour, & d’ὄνομα, nom.

ANTORA. s. f. Plante. Sa tige est ronde, il en sort des feuilles minces & découpées. Sa cime est chargée de fleurs purpurines. C’est un préservatif contre les venins.

☞ ANTOXA. s. f. Plante alexitère & cordiale. Sa racine est bonne contre la morsure des bêtes venimeuses.

☞ ANTRAIN. Petite Ville de France, dans la Haute-Bretagne, sur la rivière de Coësnon, entre Dol & Fougères, à huit lieues de Rennes.

ANTRAVIDA. Ville de la Morée. Antravida. Elle est dans le Belvédère, sur la côte du golfe de Clarence, au septentrion de Castel-Tomèse.

ANTRE. s. m. Grande caverne, ou creux souterrain qui s’y est trouvé naturellement. Antrum. L’antre de la Sibylle de Cumes. L’antre de Trophonius. Il y a un antre au pays du Mexique qui regne sous terre plus de deux cens lieues. Voyez Herrera. L’antre de Corcos en Cilicie étoit fameux autrefois. Pomponius Méla en fait une description magnifique dans son premier Liv. chap. XIII.

☞ Les premiers hommes se logerent dans des antres ou grottes, avant qu’ils eussent inventé les haches & autres instrumens de fer, qui ont facilité la construction des charpentes. Ils imiterent ensuite ces grottes naturelles par un tas de pierres qu’ils assemblerent ; enfin à force de réflexions, & par un effet de l’expérience, ils inventerent la maçonnerie, que l’architecture acheva de perfectionner.

Lorsqu’un antre sauvage, éclairé d’un faux jour,
Faisoit de nos aïeuls le plus riche séjour,
Et cachait sous le frais de son ombre champêtre
Les hommes & les Dieux, le bétail & son maître.

Perr
.

Ce mot vient du grec, ἄντρον, qui signifie la même chose.

ANTRIM. Antrimum. Il y a en France Antrim, dans le Nivernois, près de Douzy. Il y a en Irlande Antrim, ville ou bourg près du lac de Néaug, auquel il donne son nom. Le comté d’Antrim, Antrimensis comitatus, est une contrée de l’Ultonie, en Irlande, qui a au midi le comté de Downe ; au levant, celui de Londondery, dont le lac de Néaug & la rivière de Banne le séparent. Il a l’océan Calédonien au nord, & la mer d’Irlande au couchant. C’est la ville ou le bourg d’Antrim qui lui donne son nom.

ANTRISQUE. s. m. Antriscus. Plante dont parlent Pline, les Bauhins, Gesner & plusieurs autres. Elle est haute d’environ deux pieds, rameuse & velue. Sa tige est d’un vert brun, rougeâtre, velue, moelleuse. Ses feuilles ressemblent à celles du persil ou de la ciguë, d’un goût presque insipide. Ses fleurs sont en ombelle au bout de ses branches, composées chacune de cinq feuilles blanches. Sa semence est menue, longuette, noire, d’un goût aromatique, semblable à celle du cerfeuil, mais plus petite. Sa racine est simple, ligneuse, blanche, aromatique, de goût de panais ; elle croît dans les haies. Elle contient du sel essentiel, de l’huile, beaucoup de flegme. Elle est apéritive, mais peu usitée en Médecine.

ANTRODOCO. Bourg du Royaume de Naples, en Italie. Interocrea, interocrium. Il est dans l’Abruzze ultérieure, sur le Velino, entre les villes d’Aquila & de Riéti. Maty.

ANTROPOLOGIE. Voyez Anthropologie.
ANTROPOMANTIE. Anthropomantie.
ANTROPOMORPHITE. Anthropomorphite.
ANTROPOPATHIE. Anthropopathie.
ANTROPOPHAGE. Anthropophage.
ANTROPOPHAGIE Anthropophagie.

Tous ces mots viennent d’ἄνθρωπος. Pour écrire correctement & exactement, il faut mettre un h ; & tous les habiles gens n’y manquent point. Cependant comme le plus grand nombre ne sachant point le grec, ne voient pas la cause de cet h, il faut convenir que l’usage de les écrire sans h est très-commun ; & que d’habiles gens même se laissent souvent entraîner par le torrent ; principalement quand ces mots sont d’un usage ordinaire & familier.

☞ ANTRUSTIONS. s. m. pl. Volontaires qui chez les Germains, suivoient les Princes dans leurs entreprises. Voyez Leudes.

ANU.

☞ ANUA. Il y avoit deux villes de ce nom dans la Palestine, l’une dans la Tribu de Zabulon. Elle est nommée Noa dans la Vulgate, Neah & Nehah dans d’autres versions. L’autre sur la route de Naplouse à Jérusalem, dans la Tribu d’Ephraïm, sur les frontières de celle de Benjamin.

ANUBIS. t. m. Anubis. Ancien Dieu des Egyptiens. On trouve sa figure sur plusieurs médailles latines ; entre autres sur une de la jeune Faustine, rapportée par Tristan, T. I, p. 673, & sur une de Julien l’Apostat, gravée dans le second Tome de M. Béger, p. 184. Ce Dieu y paroît avec une tête de chien sur un corps d’homme vêtu de l’habit de guerre des Empereurs, c’est-à-dire, avec la cuirasse, la cotte d’armes, le paladamentum sur le tout, & la chaussure jusqu’à mi-jambe. Dans Tristan, au lieu de cuirasse & de cotte d’armes, il ne paroît avoir qu’une tunique. Il a toujours à la main droite un sistre Egyptien, & à la gauche un caducée. Ces Antiquaires prétendent que dans l’une de ces médailles, c’est Marc Auréle ; & dans l’autre, Julien, sous la figure d’Anubis. On croit qu’Anubis étoit le même que Mercure. Plutarque, dans son Livre touchant Isis & Osiris, dit qu’Anubis étoit appelé Hermanubis ; & Eusèbe, Liv. III de la Prép. Evang. l’appelle ainsi, c’est-à-dire, Mercure Anubis ; car Hermès est le nom grec de Mercure. Le P. Kirker croit que c’étoit la même Divinité que l’Hécate des Grecs. Les Anciens, & sur-tout Diodore de Sicile, Liv. I. Plutarque & Eusèbe cités, Strabon, Liv. IX, & Apulée, Liv. XI, le décrivent tel que nous le voyons sur les médailles, aux habits près, dont ils ne parlent pas. La statue d’Anubis étoit toujours à la porte des temples, comme la garde d’Isis & d’Osiris. On apporte différentes raisons de la tête de chien qu’on lui donne. On dit qu’Anubis, fils d’Osiris, qui fut mis au nombre des Dieux, avoit beaucoup aimé les chiens & la chasse : qu’à la guerre, où il avoit toujours suivi son pere, il avoit une figure de chien sur son bouclier, & dans ses étendarts. D’autres disent qu’Anubis fut un conseiller d’Isis, à qui on donna une tête de chien, pour marquer sa sagacité. D’autres veulent que les Egyptiens aient caché leur Théologie sous cette figure, & exprimé par-là que leur Mercure étoit le seul Dieu voyant & conservant tout. Les Romains qui adopterent tous les Dieux des nations qu’ils avoient conquises, reçurent aussi Anubis dans Rome, lui bâtirent un temple, & lui donnerent des prêtres. Voyez ce que le P. Kirker en dit dans le troisième tome de son Œdip. Egyp. p. 122. Guichard dérive Anubis de l’hébreu נבח, Nabahh, qui signifie latrare, aboyer.

ANVEC. adv. Vieux mot, qui veut dire avec. Borel. Le bas peuple prononce encore ainsi dans quelques provinces.

☞ ANUER. Terme de Chasse. Anuer les perdrix, c’est choisir, quand elles partent, le moment favorable pour les tirer.

ANVERS. Antuerpia, Andoverpum ; & autrefois, à ce que l’on prétend, Antuatum, & Antuaeutum. Les Flamands l’appellent Antwerpen, ou Handtwerpen ; les Allemands Antorff ; les Espagnols, Anveres ; les Italiens, Anversa. Quelques Auteurs prétendent qu’elle est ainsi appelée du mot Handt, qui signifie main, & Worpen, qui veut dire jeter ; & que ce nom lui vient de ce qu’il y avoit là autrefois un château que tenoit un géant nommé Antigonus, qui exigeoit un tribut de tous ceux qui passoient l’Escaut ; qu’à ceux qui le refusoient, il leur coupoit la main droite & la jetoit dans la rivière. Ils soutiennent que cela se confirme par les armes d’Anvers, qui sont un château & trois mains. C’est une fable. D’autres disent qu’Antwerpen signifie une levée avancée, & que c’est l’ancienne porte triangulaire de la ville avancée sur l’Escaut qui lui a donné son nom ; que c’est aussi cette porte qui se voit dans ses armes ; & que pour les mains ce sont des armes parlantes, ajoutées à cause du mot hantd, qui signifie main. Chiflet, dans son Natale solum legum & Salicarum, p. 109, penche à croire que l’Anhunerbo dont ces lois parlent, est Anvers. Il voudroit cependant bien pouvoir changer une lettre, & lire Auhunerho. Il croit cependant, sans rien changer, en pouvoir tirer le nom d’Anvers. Car, dit-il, repa, ou verpa, sont la même chose en gaulois qu’en latin ripa, c’est-à-dire, rive, rivage. Ainsi, un lieu où les vaisseaux venoient aborder, a dû, selon lui, s’appeler Anderepus, & Andwerpus, ou Andowerpis, comme on trouve en effet qu’Anvers s’appelle dans les anciens Diplomes, & dans les vies des Saints.

Anvers, est sur l’Escaut, & capitale du marquisat du S. Empire. Elle est à 17 lieues de la mer dans le Brabant, sur les confins de la Flandre. Elle a un évêché suffragant de Malines. La citadelle d’Anvers a été bâtie par le Duc d’Albe, & réparée par le Duc de Parme. Il y a plusieurs belles éditions d’Anvers, sur-tout du fameux Plantin. La Polyglotte de Philippe II, le S. Augustin des Docteurs de Louvain, sont imprimés à Anvers. Les Jésuites d’Anvers travaillent depuis plus de soixante ans à un recueil critique de toutes les vies des Saints, sous le titre d’Acta Sanctorum. Il y en a déjà 24 tomes in-fol. & ils n’ont fait encore que les six premiers mois. Pour citer cet ouvrage, on dit souvent les Jésuites d’Anvers. La longitude d’Anvers est 24d, 41′, & sa latitude 51d, 16′. Mais, selon les Tables astronomiques de M. de la Hire, sa longitude est 21d, 59′, 3″, sa latitude, 51d 10′, 0″. L’élévation du pôle à Anvers, est de 51, 13′, 39″. Cassini.

Le quartier d’Anvers. Ditio Antuerpiensis. Partie du Brabant espagnol, borné au nord par le Brabant hollandois, qui, avec l’évêché de Liége, le borne aussi au levant. Il a le quartier de Louvain & celui de Bruxelles au midi, & la Flandre au couchant.

ANUIT. adv. Aujourd’hui. Hodiè. Vieux mot, qui vient de l’ancien usage des Allemands, & des Gaulois, qui comptoient le temps par nuits, & non point par jours. Le P. Sirmond soutient que ce mot a été fait de hâc nocte. Ménage prétend au contraire qu’il a été formé de en, & de huy, qui veut dire, au jour de huy. Les paysans disent encore anuit, pour aujourd’hui.

ANUITER, S’ANUITER. v. récip. Per noctem iter facere. Qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Se mettre en chemin la nuit, voyager de nuit. Ceux qui s’anuitent se mettent en danger d’être volés, ou de s’égarer dans les bois, dans les montagnes. Ce mot vieillit fort.

☞ ANURODGBURRO. Ville d’Asie, au royaume de Ceylan, dans les parties septentrionales du royaume de Candi, à plus de 30 lieues de la ville de Conde, du côté du nord.

ANUS. s. m. Terme d’Anatomie. C’est l’orifice du fondement. Anus. Les fistules à l’anus sont difficiles à guérir. Les Philistins renvoyerent des anus d’or avec l’Arche, pour être guéris d’une maladie qui les affligeoit à l’anus.

Anus, en termes de Botanique, est l’orifice postérieur d’une fleur monopétale. M. Vaillant est le premier qui ait employé ce mot.

☞ ANWEILER, ou ANWEIL. Anvelia. Ville de France, dans la basse Alsace, & non dans le Palatinat du Rhin, comme le dit Corneille, après Maty, sur la Queich, au-dessus de Landau. Cette ville que les Comtes Palatins du Rhin possédoient à titre d’Engagistes, & non parce qu’elle étoit une partie du Palatinat, a été cédée à la France par le traité de Westphalie.

ANX.

ANXIÉTÉ. s. f. Peine, tourment, embarras, travail, grande inquiétude d’esprit. Anxietas, sollicitudo. On ne le dit qu’en Morale, pour expliquer cette passion de l’ame qui vient du trouble où elle se trouve, quand elle est menacée, ou attaquée par des maux violens & accablans. Quoiqu’on augure assez bien de ce mot, il y a de bons Auteurs qui ne s’en veulent point servir ; les uns le regardant comme un vieux mot, & les autres comme un mot qui n’est point encore établi. Il n’a d’usage que dans le style soutenu. Il se trouve dans Nicod.

☞ Il est employé en Médecine pour désigner cette agitation excessive, qui fait que dans les maladies aiguës un malade change continuellement de place, & se tourmente pour trouver une posture favorable.

ANZ.

☞ ANZALE. Royaume d’Afrique, dans la Cafrerie. Il s’étend le long d’une rivière qui se rend dans l’océan. Ce royaume, dont parle Corneille, ne se trouve point sur les Cartes.

ANZERMA. Sainte Anne d’Anzerma. Ville de la province de Terre ferme, dans l’Amérique méridionale. Anzerma. Elle est sur la rivière de Cauca, entre la ville de Popayan & celle de Santa-Fé d’Antiochia, capitale d’une province de même nom.

ANZICAIN. Voyez Ansicain.

ANZIO, ANZO. ancienne ville d’Italie. Antium. C’étoit une ville des Volsques, près du cap Anzia, au midi de Vélitri, dans la Campagne de Rome. Elle avoit un temple célébre de la Fortune, sous la protection de laquelle elle étoit. Horace nous l’apprend dans l’Ode 35 de son premier livre. O Diva gratum quæ regis Antium. On n’en voit plus que les ruines. Les Sarrazins l’ont détruite.

ANZUQUI, ou ANZUQUIAMA. Ville de l’île de Niphon, Anzuquium. Elle est sur la côte orientale du golfe de Méaco.

ANZY. Anzy-le-Duc. Bourg du Duché de Bourgogne. Anziacum. Il est sur la Recouse, à une lieue de Sémur.

AOC.

AOCHARA. Bourg du Royaume d’Alger, en Afrique. Aochara. Il est dans la province de Tenez, entre la ville de ce nom, & celle de Serselly, ou Sercelles.

☞ AOMBRER. Vieux mot. Couvrir de son ombre. Adumbrare, obumbrare.

AON.

AONIDES. s. f. pl. Surnom des Muses, qui est tiré des montagnes de Béotie, appelées les Monts Aoniens, d’où cette province elle-même est souvent nommée Aonie. Les Muses étoient particulièrement honorées sur ces montagnes.

AONIE. Aonia. La partie de la Béotie, où il y avoit des montagnes. Quelques Auteurs disent, que d’abord toute la Béotie fut appelée Aonie ; d’autres prétendent qu’elle n’est appelée ainsi que par les Poëtes, qui par synecdoche prennent souvent la partie pour le tout.

AONIEN, ENNE. adj. Aonius. Qui est d’Aonie. Quand il se dit des Dieux, il signifie, qui est honoré dans l’Aonie ; qui a des lieux qui lui sont consacrés dans l’Aonie, & où les poëtes disent qu’il réside, comme les Muses Aoniennes, qui sont aussi appelées quelquefois Aonides. Aonides Musæ.

On prétend que ces noms viennent d’Aon, fils de Neptune, qui chassé de l’Apouille par les siens, vint s’établir en Béotie, & y donna son nom aux montagnes où il se plaça, & aux peuples qui les habitoient.

AOR.

AORANT. part. act. Suppliant, désirant, souhaitant, adorant. Poës. du Roi de Navarre. Vieux mot hors d’usage.

AORASIE ou l’invisibilité des Dieux. s. f. Les Anciens étoient persuadés que lorsque les Dieux venoient parmi les hommes, & conversoient avec eux, leur divinité ne se manifestoit jamais en face ; ils ne se faisoient reconnoître que par derrière dans le moment qu’ils se retiroient. C’est ainsi que Neptune, dans Homère, (Iliad. II.) après avoir parlé aux deux Ajax sous la figure de Calchas, n’est reconnu d’eux qu’à sa démarche par derrière lorsqu’il les eut quittés.

AORÉ. Vieux mot, qui se dit encore en Normandie pour servir d’épithète au Vendredi-Saint. Ménage le dérive d’adoratus, à cause qu’on va adorer la croix ce jour-là. Comme l’on prononce oré, M. Nuablé a soutenu que ce Vendredi a été ainsi nommé du mot orare ; non-seulement à cause des fréquentes répétitions d’oremus, mais aussi à cause du grand nombre de prières que l’Eglise fait pour toutes sortes de personnes ce jour-là : car c’est le seul jour où l’Eglise prie pour les Schismatiques, les Hérétiques, les Juifs & les Idolâtres. Ce mot a signifié aussi doré & orné, parce qu’on disoit autrefois aorner, pour dorer & orner ; & en ce sens il venoit de adornare.

☞ AORER. Vieux mot qui signifioit adorer.

AORISTE. (prononcez ORISTE.) Aoristus, præteritum tempus indefinitum. Terme de Grammaire qui se dit de ces sortes de prétérits qui marquent indéfiniment le temps passé. Aoristus. Les Grecs ont deux aoristes, le premier & le second aoriste. La langue latine n’a point d’aoriste.

☞ Dans la langue françoise, on appelle aoriste le prétérit qui n’est point formé du verbe auxiliaire avoir ou être. J’ai aimé, est un prétérit parfait ; je vous aimai, est le prétérit indéfini, ou un aoriste.

☞ On se sert de l’aoriste quand l’action s’est passée dans un temps que l’on considère, comme tout-à-fait séparé du temps où l’on parle. Je fis hier une bonne œuvre, parce que hier est regardé comme ne faisant pas partie du temps où je parle. J’ai fait ce matin, parce que ce matin est regardé comme partie du reste du jour où je parle.

AORNE. Aornus. Lac d’Italie entre Pouzzol, & Bayes, ainsi appelé du grec ἀορνος, formé de l’α priv. & de ὄρνις, oiseau parce qu’il en sortoit des vapeurs malignes, qui en éloignoient tous les oiseaux, & faisoient mourir ceux qui passoient par-dessus. Les Poëtes feignoient que c’étoit un lac des enfers. Virgile, Lucrèce & Claudien l’appellent Averne ; il y a un lac de l’Epire nommé aussi Aorne.

Il y a encore d’autres lieux du même nom ; & surtout une ville de la Bactriane qu’Alexandre le Grand prit. Quinte-Curce, liv. VIII, ch. 2.

AORTE. s. f. Aorta. Terme d’Anatomie. C’est le nom qu’on donne à la grande artère qui sort du ventricule gauche du cœur, pour porter le sang dans tout le corps.

Ce mot vient du grec ἀορτή, où il signifie un vaisseau, un coffre. Voyez Artère.

AOS.

AOSTE, AOUSTE & OSTE. Nom de quelques lieux. Aoste, ou Aouste, Augusta, ou Augustum, autrefois petite ville, maintenant village du Dauphiné, sur les confins de la Savoie. Aost, ou Aouste, Augusta, autre village de Dauphiné, sur la Drome. Aoste, ou Aouste, ville dans les Etats de Savoie, sur la Doria, ou Doëre, Augusta Prætoria, Augusta Selassorum. On prétend que l’Empereur Auguste en est le fondateur, & qu’il y envoya une Colonie romaine. Elle est capitale d’un duché de même nom, & a un Evêque suffragant de l’Archevêque de Tarentaise. On y voit un arc de triomphe érigé pour Auguste, un colisée, & plusieurs autres monumens de l’antiquité. La vallée d’Aoste, autrement le val d’Aoste, ou d’Aouste, Vallis Augustana, est une vallée de Savoie, dans laquelle est située la ville dont nous venons de parler. Le duché d’Aoste, ou d’Aouste, Ducatus Augustanus, partie du duché de Savoie, qui comprend la vallée d’Aouste & six autres, toutes enfermées dans les Alpes. Il prend son nom de la ville d’Aouste, qui en est la capitale. S. Anselme, Archevêque de Cantorbéri, étoit de la ville d’Aouste.

AOU.

AOU. s. m. Aygulphus, Agiulphus, Aiulphus. Nom d’un S. Evêque de Bourges vers le commencement du neuvième siècle. Ce nom s’est formé par corruption du latin en plusieurs manières ; car on dit S. Aou ou bien S. Au, ou S. Hou, ou S. Aioul, ou S. Ayeul. Théodulphe d’Orléans donne de grands éloges à S. Aou, & le titre de Patriarche. Baill. 22 Mai.

AOUARA. s. m. C’est un fruit qui croît au Sénégal, en Afrique & aux îles de l’Amérique, & dont parle C. Biron dans ses Curiosités de la nature & de l’art. Il est gros comme un œuf de poule. Il naît avec plusieurs autres en forme de bouquet enfermé dans une grosse gousse attachée à un grand arbre épineux, qui est une espèce de Palmier. Quand les fruits sont en maturité, la gousse se creve & fait paroître ce bouquet, qui fait plaisir à la vue ; car les fruits étant mûrs, sont d’une couleur dorée. Les Indiens en mangent. Ces fruits renferment un noyau gros comme celui de la pêche, & très-dur. Il renferme une amande blanche qui a d’abord un goût fort agréable, mais à la fin en y trouve une petite pointe un peu forte, & qui approche du fromage de Sassenage. On tire une huile de cette amande qui a la consistance du beurre, d’un jaune doré, & d’une odeur d’Iris fort agréable. Les Africains en mangent sur le pain comme du beurre. Cette huile s’appelle Huile de Palme.

AOURNER. v. a. Orner, embellir, ajuster. Adornare. Il étoit encore en usage dans le siècle passé. Rabelais fait dire à Panocrates : Vous jurez, maître Jean. C’est, répond l’autre, pour aourner mon langage.

AOUSTE. Voyez Aoste.

AOUSTERELLE. s. f. Ce mot se disoit autrefois : on dit aujourd’hui Sauterelle dans le même sens. Je te remplirai d’hommes comme d’aousterelles. Bible Histor.

AOÛT. s. m. Augustus, Mensis sextilis. C’est le huitième mois de l’année, selon notre façon de compter, qui commence en Janvier ; mais il étoit le sixième, selon les Romains, qui l’appeloient pour cette saison Sextilis. Son nom fut changé en Augustus en faveur de César Auguste. Cet Empereur étant retourné des Gaules l’an 746 de Rome, travailla à régler le Calendrier. Ce fut à cette occasion qu’il fit donner son nom au mois d’Août. Tillemont. D’autres disent que ce fut parce que dans ce mois-là cet Empereur fut fait premièrement Consul, & qu’il remporta de grandes victoires. Les Turcs même ont pris ce nom des Calendriers grecs, ou latins, & l’appellent quelquefois Agostos. Ce mot Août n’a qu’une syllabe, & on prononce Oût. On dit, la Mi-Oût, en parlant de la Fête de l’assomption de la Vierge, du quinzième du mois d’Août.

Août, signifie aussi la récolte, la moisson des blés, & autres grains, quoiqu’on la fasse en plusieurs lieux dès le mois de Juillet. Tempus messis. Ce fermier a fait marché pour faire son août. On est dans la force de l’août ; c’est-à-dire, dans le grand travail de la récolte. Faire l’août.

On dit aussi figurément, qu’un homme fait son août, quand il est dans une saison ou dans une affaire où il gagne beaucoup. Cet homme a bien fait son août dans cette commission. Les Fermiers des entrées font leur août dans les mois de Novembre, Décembre & Janvier.

On dit proverbialement, en Août & en Vendanges, il n’y a ni fêtes ni dimanches.

Août. s. m. Nom d’homme. Augustus. Auguste, que nous appelons vulgairement S. Août, étoit de la maison de S. Désiré, Evêque de Bourges. Baill.

AOÛTER. v. a. Faire mûrir. Coquere. Il n’y a pas eu assez de chaud cet été pour aoûter les fruits. Il ne se dit guère qu’au participe.

AOÛTÉ, ÉE. part. & adj. Coctus, maturus, se dit des fruits mûris par le mois d’Août, & particulièrement des citrouilles, lorsqu’elles ont pris leur croissance, & qu’elles n’augmentent plus. On le dit en général du fruit & des branches d’arbres qui sont bien nourries pendant l’été, qui cessent de pousser, & qui s’endurcissent. Cette branche est bien aoûtée ; pour dire, qu’elle a acquis dans l’automne assez de consistance pour supporter les gelées de l’hiver : ce qui arrive lorsque cette branche ayant pris tout l’accroissement qui lui convient pour cette année, s’endurcit à la fin de ce mois, & prend une couleur qui lui est propre ; au lieu que, lorsque l’écorce en paroît verdâtre & velue, on dit, cette branche n’est pas assez aoûtée. Liger.

AOÛTERON. s. m. Moissonneur, celui qui travaille à la récolte. Messor. On prononce oûteron. Il n’est d’usage que dans les campagnes.

APA.

APACHE. s. m. & f. Peuple du nouveau Mexique, dans l’Amérique septentrionale. Apachus. Les Apaches occupent un grand pays très-fertile, & se divisent en quatre nations. Les Apaches Vaqueros, qui sont aux confins de la Floride & du Canada ; les Apaches de Perillo, qui sont au couchant de ceux-ci vers la mer Vermeille ; les Apaches de Xila, au septentrion des deux précédens, vers l’endroit où la rivière del Norte sort du grand lac ; & les Apaches de Navaio, plus au nord. M. de Lisle ne distingue point tous ces Apaches dans sa Carte de l’Amérique, & les renferme entre la Louisiane à l’orient, & le Mexique à l’occident, sans marquer leur étendue du sud au nord.

☞ APACTIR. Vieux mot. Faire pacte.

APADNO, ou APHADNO. Nom qui se trouve dans Daniel, XI. 45, & dont quelques Auteurs, à l’exemple de Porphyre, font un nom propre de ville, mais sans raison. C’est un nom appellatif, dont la signification n’est pas certaine : on peut voir sur cela les Commentateurs du Prophète.

☞ APAGOGIE. s. f. C’est en logique une sorte de démonstration, par laquelle on prouve la vérité d’une proposition, en faisant voir que la proposition contraire est absurde. Aussi l’appelle-t-on reductio ad impossibile, ou ad absurdum.

APAIER. v. a. Ce mot se disoit autrefois pour apaiser. Borel.

APAISEMENT. s. m. Pacification, Paix, Traité de paix. Vieux mot. Pax, Fœdus. Ils avoient ordonné par provision une paix entre les parties, laquelle est appelée dans les titres & actes dressés, apaisement, apaisamentum. Menestr. Hist. de Lyon, p. 380.

APAISENTEUR. s. m. Ce vieux mot a été remplacé par celui d’Apaiseur qu’on trouve dans Nicot, mais qui ne vaut pas mieux, ☞ & qui n’est en usage qu’à Lille & à Valenciennes où l’on appelle apaiseurs, cinq Officiers municipaux, dont les fonctions consistent à apaiser les querelles particulières, qui ne vont pas à peine afflictive. Il signifie Pacificateur, amiable compositeur. Pierre des Bordes, Ecuyer, Bailli de Joinville, prend dans une Sentence arbitrale du 13 Janvier 1363, la qualité d’Arbitre, arbitrateur, ou amiable apaisenteur.

APAISER. v. a. Mettre la paix, pacifier. Sedare, comprimere. Ce mot vient de la préposition ad, & du mot pax, paix, comme qui diroit, ad pacem conducere, conduire, induire à la paix, amener à la paix. Le Roi a apaisé tous les troubles de son Etat. Un bon Magistrat tâche d’apaiser tous les différens, & d’entretenir la concorde entre les citoyens.

Apaiser, signifie aussi, adoucir, calmer la colère de quelqu’un. Iram placare, mollire, mulcere. La pénitence des Ninivites apaisa la colère du Seigneur. Il est difficile de s’imaginer que la nature ait appris aux hommes à apaiser Dieu par le sang des victimes. Fleury. Apaiser le Prince irrité.

J’ai mandié la mort chez des peuples cruels,
Qui n’apaisent leurs Dieux que du sang des mortels.

Rac.

Apaiser, signifie aussi, diminuer, faire cesser la violence d’un mal. Dolorem lenire, mollire, levare. Apaiser les douleurs de la goutte, la violence de la fièvre.

☞ C’est encore calmer l’agitation, la violence d’une chose. La pluie a apaisé le vent. Apaiser les flots.

Apaiser, se prend aussi pour remettre une personne de quelque trouble, de quelque émotion. Reprimere iracundiam. Après avoir apaisé le bon pere, il reprit son discours.

☞ Il est aussi réciproque. Leniri, placari, levari, mitigari. Le vent s’apaise. La mer commence à s’apaiser. Le feu s’est apaisé. Mes maux se sont apaisés dès que j’ai lû ce que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Vorr. Ce n’est que par paresse que l’on s’apaise, & qu’on ne se vange point. Labruy.

Je le vois bien, tu crois que prêt à l’excuser,
Mon cœur court après elle, & cherche à s’apaiser.

Rac.

APAISÉ, ÉE. part.

☞ APAISEUR. s. m. Voyez Apaisenteur.

APALACHE. Apalachus, a, um. Apalachita. C’est un peuple de la Floride, dans l’Amérique septentrionale. Il occupe un grand pays, borné au nord par les monts Apalaches, par la presqu’île de Tegeta au midi, par la Caroline au levant, & le Rio del Spiritu Santo au couchant. Leur capitale est Mélilot, où réside le Roi, sous lequel six paroustis ou capitaines, gouvernent les six provinces qui composent le royaume.

☞ On donne communément le nom d’Apalache au royaume dont on vient de parler, & celui d’Apalachites à ses habitans.

Les Monts Apalaches, c’est la partie orientale d’une grande chaîne de montagnes, qui séparent la nouvelle France de la Floride. Apalachinus mons, Apalachiani montes.

APAMATOCK. Ordinairement Apamatuc. Rivière de la Virginie, dans l’Amérique septentrionale. Apamatoca. Elle se décharge dans celle de Powhatan.

APAMÉE. s. f. Apamea, apamia. Il y a sept ou huit villes de ce nom.

Apamée de Phrigie, sur le Marsias, surnommée Κέβωτος, l’Arche, parce qu’elle étoit renfermée de trois fleuves, & qu’elle avoit la figure d’une arche. Sa longitude est 59d, 50′, sa latitude 39dd, 50′. Elle est aujourd’hui fort dépeuplée. Quelques Auteurs disent qu’elle fut bâtie par Séleucus Nicanor.

Apamée de Bithynie, est l’ouvrage de Nicomède, fils du Roi Prusias, qui lui donna le nom de sa mere Apamée. Il y a eu autrefois un Archevêque. Elle est sur la Propontide ou mer de Marmora. Elle prit dans la suite le nom d’un chef des Colophoniens, nommé Myrlus, & s’appela Myrlea. C’est le nom que lui donnent encore aujourd’hui les Turcs. Sa longitude est de 56d, 50′ ; sa latitude 49d, 56′. Maty & le dernier Moréri l’appellent Miarla & Apami.

Il y a eu aussi une Apamée en Médie, nommée autrement Miana, & une en Mésopotamie sur l’Euphrate, vis-à-vis de Zeugma, au 79d 50′ de longitude, & au 49d 56′ de latitude. Une autre encore en Mésopotamie, sur le Tigre, 125 milles au-dessus de Séleucie, & une autre en Perse.

Mais la plus célèbre Apamée est celle de Syrie, ville archiépiscopale, sur l’Oronte, bâtie par Séleucus Nicanor, qui lui donna le nom de sa sœur, ou, selon d’autres, de son épouse. Elle s’appeloit d’abord Pella, dit Strabon, Liv. XVI. Pour se distinguer des autres, elle mettoit sur ses médailles ΑΠΑΜΕΙΑΣ τῆς ΠΡΟΣ ΑΞΙΩ. Ou ΑΠΑΜΕΩΝ ΤΩΝ ΠΡΟΣ ΑΞΙΩ. Apamée sur le fleuve Axius ; d’où le Cardinal Noris conclut qu’elle est sur une colline agréable, qui s’élève au milieu d’une plaine bordée de plusieurs autres collines, & extrêmement fertile. La ville est presque toute entourée de l’Oronte. Cette situation fait que c’est une des villes de Syrie des plus peuplées. Sa longitude est 70d, 0′. Sa latitude 34dd, 45′. L’ère d’Apamée est celle des Séleucides. Apamée s’est dit aussi du territoire d’Apamée de Syrie.