Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉ

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 116-117).
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☞ DÉ. s. m. Petit cube d’os ou d’ivoire, marqué d’un différent nombre de points sur ses six faces, depuis un jusqu’à six, & qui sert à jouer. Talus, tessera. Jouer aux dez, perdre son argent aux dez. Ludere talis.

Les Grecs inventèrent les échecs & les dez pour se désennuyer au siège de Troye. Le Gendre. Cette question est si problématique, que je la voudrois décider à trois dez. C’est ce que les Anciens ont entendu par ce mot alea judiciorum, ou le hasard des jugemens. On trouve proche de Bade une infinité de pierres qu’on prendroit pour des dez. On ne conçoit pas quelle cause peut avoir marqué sur des pierres les mêmes chiffres avec tant de régularité. Voyez BADE.

Ce mot vient de dati, qu’on a dit par corruption de dadi, à dando, qui se trouve dans les Auteurs. Ménage. Acrisius le dérive à digitis, parce qu’on le joue avec les doigts : d’où vient qu’on a dit aussi digitale, pour dire un dé à coudre. D’autres disent que c’est un vieux mot Gaulois, parce qu’en Bas-Breton on appelle encore dis, un cube, un dez à jouer. Du Cange croit qu’il vient du vieux Gaulois jus de De, ou de judicium Dei, c’est-à-dire, le jugement du sort, du hasard, de la providence ; car on disoit autrefois, juisium pour judicium, & les Poëtes ont dit De pour Dieu, & depuis Des, ou Dies, d’où l’on a fait Deus & Decius, qui est un nom qu’on a donne au .

, se dit particulièrement de plusieurs jeux où l’on met son argent au hasard du sort des dez : comme, jouer à trois dez, à la rafle, à la chance, à quinquenove, &c. Ludere tesseris, aleæ se permittere.

On appelle dez pipés, ou chargés, des dez où l’on a mis du plomb, ou du vif-argent en un des côtés, pour les faire arrêter sur un point plutôt que sur l’autre. Dans les Académies de jeu on les appelle des boutons. Tesseræ adulterinæ.

Un en l’air au jeu de Trictrac est un qui n’est pas droit sur son cube. On dit aussi qu’il est à cheval. l’un sur l’autre n’est pas bon. dressé l’un contre l’autre n’est pas bon non plus, ni celui qui est sauté hors du trictrac, ou qui est resté sur le bord.

☞ Avoir le , jouer le premier, flatter le , le pousser doucement. Rompre le , arrêter les dez avant qu’on ait vu les points qu’ils portent, afin de rendre le coup nul.

On dit figurément tenir le , pour dire, se rendre maître d’une conversation, & y vouloir parler toujours. Dominari in circulis.

Oui Madame à jaser tient letout le jour. Mol.

Rompre le , interrompre quelqu’un, prendre la parole sur lui, & le contredire. Interpellare aliquem. Quitter le , pour dire, Quitter la partie, ou donner gagné à celui qui dispute quelque chose. Victum se fateri. Flatter le , pour dire, Ne pas parler franchement & librement de quelque chose. Ambiguè loqui. On le dit aussi pour adoucir quelque chose de fâcheux par des termes qui en cachent une partie, ou qui font le mal moins grand. On dit aussi, Le en est jeté, pour dire, la résolution en est prise, il en faut tenter le hasard : ce qui répond au proverbe Latin, Jacta est alea. On dit : Je jeterois cela à trois dez. Je jouerois cela à trois dez, pour marquer l’indifférence où l’on est du choix qu’on peut faire entre deux ou plusieurs choses. Ac. Fr.

Coup et Dez. Terme de Trictrac. Voyez Coup.

, en termes d’Architecture, est un cube de pierre qu’on met sous les pieds d’une statue, & sur son piédestal, pour l’élever & la faire paroître davantage. On le dit aussi de la partie d’un piédestal qui est entre sa base & sa corniche qu’on appelle le vif du piédestal, & des petits cubes de pierre dans lesquels on scelle les barreaux montans des berceaux, & des cabinets de treillage, & les poteaux des angars.

, signifie aussi un morceau de cuivre, d’argent ou d’ivoire, avec plusieurs petites hachures, ou petits creux, que ceux qui travaillent en linge ou en couture mettent au bout des doigts pour arrêter le cu de leur aiguille, & leur aider à la pousser sans qu’elle entre dans la chair. Digitale.

à emboutir. Morceau de cuivre à six faces, sur chacune desquelles sont pratiqués des trous de forme & de grandeur différentes, dans lesquels s’emboutissent les fonds des chatons, en frappant dessus avec des morceaux de fer appelés bouteroles. Encyc.

Dé de fer. C’est un morceau de fer carré dont on emplit les cartouches. Cubus ferreus.