Description d’un parler irlandais de Kerry/2-2

Chapitre II. Le substantif : flexion du singulier.


CHAPITRE II
LE SUBSTANTIF : FLEXION DU SINGULIER

§ 22. Le substantif est modifié, au cours de la flexion, par l’adjonction de désinences et par des alternances et corrélations finales (et éventuellement médianes), d’une part, par les alternances initiales, d’autre part.

Désinences, corrélations et alternances finales et médianes caractérisent les types de flexion (et le genre, mais seulement dans la mesure où les distinctions de types recouvrent des oppositions de genre), et, à l’intérieur de chaque type, le nombre et le cas. Les alternances initiales caractérisent le genre, le nombre et le cas, indépendamment du type de flexion. A l’exception de l’aspiration du vocatif ces alternances ne sont pas formellement indépendantes, mais sont provoquées par l’article (et par divers nominaux). Elles doivent donc plutôt être regardées comme caractéristiques de la flexion de l’article (et des nominaux).

Il y a quatre cas : cas direct, génitif, datif, vocatif. Cependant aucun type de flexion ne possède de formes distinctes pour ces quatre cas ; certains possèdent trois formes, cas direct, génitif, datif, le vocatif étant semblable soit au génitif, soit au cas direct ; d’autres, deux formes, le cas direct et le génitif étant partout distincts, les autres cas coïncidant avec l’un ou avec l’autre ; d’autres enfin ont une seule forme à chaque nombre. L’opposition la plus généralement maintenue est celle du cas direct et du génitif. L’opposition du cas direct et du datif, là où elle existe, paraît, dans la plupart des types, en régression. Quant au vocatif, qui n’existe pas pour tous les mots, il se place à part, du fait que l’aspiration de son initiale suffit à le distinguer, en l’absence d’une forme spéciale.

L’unique forme du duel est partout semblable au datif singulier ; mais, au génitif, on trouve concurremment la forme de génitif pluriel.

Les flexions du singulier et du pluriel sont largement indépendantes, dans le cas des pluriels « forts », et totalement indépendantes, dans le cas des pluriels « faibles ». Cependant certains types de singuliers se présentent plus habituellement associés à certains pluriels.

L’opposition cas direct/génitif étant la plus stable du système fournit la base de classification la plus commode.

§ 23. Flexions à deux formes.

Type I, A.

Cas direct = datif en consonne vélaire (ou zéro)/génitif = vocatif en consonne palatale.

Masculin. Un seul substantif est terminé par une voyelle : dʹie (Dia) « Dieu », gén. dʹe: (Dé).

La flexion comporte les alternances étudiées § 2 sq.

ru:n (rún) « secret », gén. ru:nʹ (rúin) ; bʹi:αl (béal) « bouche », gén. bʹe:lʹ (béil) ; krɑun (crann) « arbre », gén. kri:nʹ (crainn) ; gɑur (gabhar) « chèvre », gén. gαurʹ (gabhair) ; iən (ian) « oiseau », gén. e:nʹ (éin) ; avec alternance irrégulière : mʹinʹɑ:l (muinéal) « cou », mʹinʹi:lʹ (muiníl) ; avec double alternance : lʹαnəv (leanbh) « enfant », gén. lʹinʹəvʹ (leinbh) ; avec alternance irrégulière : mɑk (mac) « fils », gén. mʹikʹ (mic).

Un certain nombre de mots empruntés, comprenant un e long dans la dernière syllabe rentrent dans ce type : pɑ:pʹe:r (páipéar) « papier » ; kɑpte:n (captaon) « capitaine », gén. pɑ:pʹe:rʹ, kɑpte:nʹ.

Les noms masculins terminés par ‑χ (‑ach, ‑each) dont le génitif se termine par ‑gʹ (‑igh, ‑aigh) se subdivisent en deux types ; à accent fixe et à accent mobile.

Les polysyllabes et les disyllabes dont la voyelle radicale est une longue ou une brève suivie de h- ou d’un groupe consonantique autres que ceux indiqués plus bas gardent l’accent sur le radical durant toute la flexion (cf. Phonétique, § 261) : ˈè:nəχ (aonach) « marché », gén. ˈè:nəgʹ (aonaigh) ; ˈi:αχ (éadach) « tissu », gén. ˈi:αdəgʹ (éadaigh) ; bʹiˈhu:nəχ (bitheamhnach) « vaurien », gén. bʹiˈhu:nəgʹ ; ˈfɑhəχ (fathach) « géant », gén. ˈfɑhəgʹ (fathaigh).

§ 24. Type I, B. Flexion avec déplacement d’accent.

Les disyllabes dont la voyelle radicale, brève, est suivie d’une consonne simple autre que h, ou de r + occlusive sourde ou sifflante prennent l’accent sur la terminaison lorsqu’elle est vélaire (cas sujet, datif) d’où l’alternance : əˈrɑχ (earrach) « printemps », gén. ˈɑrəgʹ (earraigh) ; toˈχ (tosach) « début », gén. ˈtosəgʹ (tosaigh) ; porˈχ (portach) « tourbière », gén. ˈportəgʹ (portaigh).

§ 25. Type I, C. Des cas directs en ‑ə (‑adh) s’opposent à des génitifs en əgʹ (‑igh), en vertu de l’alternance signalée § 2 : gʹi:rʹə (geimhreadh) « hiver », gʹi:rʹəgʹ (geimhridh) ; sɑurə (samhradh) « été », gén. sɑurəgʹ (samhraidh) ; bʹie (biadh) « nourriture », gén. bʹi:gʹ (bídh), avec une alternance vocalique exceptionnelle.

À ces singuliers correspondent habituellement des pluriels de type I (voir § 42) ; quelques mots forment des pluriels de type III (§ 44) ; d’autres, et particulièrement des noms en ‑əχ, ‑aχ, ‑αχ, des pluriels de type IV (§ 45) ; enfin à d’autres répondent divers types de pluriels « faibles » (voir § 48).

§ 26. Type II.

Cas direct = datif = vocatif en consonne palatale/génitif en consonne vélaire.

Noms de parenté, masculins et féminins : ɑhərʹ (athair) « père », gén. ɑhər (athar) ; ma:hərʹ (máthair) « mère », gén. mɑ:hər (máthar) ; dʹrʹəhɑ:rʹ (dearbhráthair) « frère », gén. dʹrʹəhɑ:r (dearbhráthar).

Ces noms forment le pluriel en ‑əχə (‑acha) ; voir § 48.

§ 27. Type III, A.

Cas direct = datif = vocatif en consonne vélaire/génitif à désinence ‑ə (‑a) précédé de consonne vélaire.

Masculins et quelques féminins.

Masculins : klʹαs (cleas) « tour d’adresse », gén. klʹαsə (cleasa) ; fʹis (fios) « connaissance », gén. αsə (feasa) ; fuəχt (fuacht) « froid », gén. fuəχ (fuachta) ; avec alternances quantitatives (§ 7) ; drɑum (drom) « dos », gén. dromə (droma) ; glʹαun (gleann) « vallée », gén. glʹα (gleanna) ; rœh (roth) « roue », gén. rohə (rotha) ; ʃuk (sioc) « gel », gén. ʃα (seaca) ; gnʹi:v (gníomh) « action », gnʹi:və (gníomha) à côté de gnʹi:vʹ (gnímh) marquant un flottement avec le type I dont on retrouverait des traces dans d’autres masculins de ce type.

Féminins : ənʹɑ:l (anál) « souffle », gén. ənʹɑ:lə (anála) ; lʹu:n (lionn) « bière », lʹαnə (leanna) ; olən (olann) « laine », gén. olə (olna) ; tous les abstraits féminins en ‑əχt, ‑ɑχt, ‑αχt (‑acht).

Quelques féminins accusent un flottement avec le type VIII : kluəs (cluas) « oreille », gén. kluəsə (cluasa) ou klueʃə (cluaise) ; rɑun (ramhan) « bêche », gén. rɑnə (ramhna) et rainʹə.

Les types de pluriel qu’on a le plus communément en face de ce singulier sont le type III en ‑ə (‑a) ; le pluriel en ‑i: (‑í), qui est celui des abstraits en ‑əχt et tend à s’étendre aux dépens du pluriel en ‑ə ; on a aussi quelques pluriels en ‑tə (‑ta), et divers types de pluriels faibles (voir § 48).

§ 28. Type III, B.

Variante du type précédent : en vertu de l’alternance signalée § 6, quelques mots terminés au cas direct par ‑v (‑mh) ont un génitif à voyelle longue, avec perte du ‑v ; knɑ:v (cnámh) « os », knɑ: (cnámha) ; rɑ:v (rámh) « rame », mais mαdʹə rɑ: (maide rámha), même sens, litt. « bâton à ramer ».

§ 29. Type IV, A.

Cas direct = datif = vocatif en consonne palatale/génitif en ‑ə (‑a) précédé de consonne vélaire.

Masculins et féminins. La plupart des monosyllabes sont du féminin.

Masculins : grʹeimʹ (greim) « prise, bouchée », gén. grʹα (greama) ; avec alternance irrégulière : klʹienʹ (cliamhain) « gendre », gén. klʹαunə (cleamhna) ; tous les noms d’agent ou de profession en ‑o:rʹ (‑óir), ‑u:rʹ (‑úir), ‑e:rʹ (‑éir) : sbʹαlədo:rʹ (spealadóir), « faucheur », gén. sbʹαlədo:rə (spealadóra) ; sɑidʹu:r (saighdiúir) « soldat », gén. sɑidʹu:rə (saighdiúra) ; tʹi:ŋʹkʹe:rʹ (tinncéir) « romanichel », tʹi:ŋʹkʹe:rə (tinncéara), et des mots d’emprunt, dont le nombre va en se multipliant : bu:ʃtʹe:rʹ (búistéir) « butcher », bu:ʃtʹe:rə (búistéara).

Féminins : bʹlʹienʹ (bliadhain) « année », gén. bʹlʹiənə (bliadhna) ; tɑ:nʹ (táin) « troupeau », gén. tɑ:nə (tána) ; fʷilʹ (fuil) « sang » gén. folə (fola) ; les noms verbaux en ‑ɑ:lʹ (‑áil) : ɑˈblɑ:lʹ (abláil) « bousiller », gén. aˈblɑ:lʹə (ablála), les noms verbaux en ‑nʹtʹ (‑nt) : kosənʹtʹ (cosaint) « protéger », gén. kosəntə (cosanta). Noter, chez tous les substantifs verbaux, une tendance à être invariables, dans leurs emplois verbaux (voir § 66). Pour le flottement de féminins entre ce type et le type VII, voir § 52.

Les types de pluriels les plus communs sont les pluriels en ‑ə, ‑tə (‑ta), les pluriels en ‑i: (‑í), qui sont ceux de tous les masculins en ‑o:rʹ, ‑u:rʹ, ‑e:rʹ, les pluriels faibles en ‑əχə et ‑ənə (voir § 44, 47 et 48).

§ 30. Type IV, B.

Variante du type précédent : en vertu de l’alternance signalée § 6 quelques mots terminés au cas direct par ‑gʹ (‑gh) forment un génitif à voyelle longue, avec perte du ‑gʹ radical : trɑ:gʹ (tráigh) « rivage », gén. trɑ: (trágha) ; buegʹ (buaidh) « supériorité », gén. buə (buadha) ou de type I, C.

§ 31. Type V.

Cas direct = datif = vocatif de formes diverses/génitif en ‑tə (‑ta), ‑tʹə (‑te), ‑hə ou ‑ə précédé de sourde (‑tha), type comprenant différentes formations, et particulièrement une masse de substantifs verbaux. On ne peut ici entrer dans le détail et on se bornera à mentionner quelques types. Noter la tendance à faire coïncider le génitif du substantif verbal avec l’adjectif verbal (cf. § 71).

1º Substantifs verbaux avec cas direct en ‑ə (‑a) précédé de consonne vélaire et génitif en ‑tə (‑ta), ‑tʹə (‑te), po:sə (pósadh) « mariage », gén. po:stə (pósta) ; buələ (bualadh) « fait de frapper », gén. buelʹtʹə (buailte).

2º Substantifs verbaux avec cas direct terminé par une consonne vélaire ou une voyelle longue formant le génitif en ‑tə (‑ta) ou ‑tʹə (‑te) ; quand la consonne finale est ‑v (‑mh), elle tombe au génitif : o:l (ól) « boire », gén. o:ltə (ólta), à côté de o:lʹ, le génitif de type I prévalant dans les emplois nominaux, le type V, dans les emplois verbaux (cf. § 52) ; dʹi:l (díol) « vendre », dʹi:ltə (díolta) ; do: (dóghadh) « brûler », do:tʹə (dóighte) ; avec perte d’une spirante finale (voir § 6) : lʹe:v (léigheamh) « fait de lire », gén. lʹe:tʹə (léighte), et avec abrègement de la longue du cas direct : si: (suidhe) « fait d’être assis », sitʹə (suidhte) ; voir aussi § 162.

3º Substantifs verbaux en ‑u: (‑ughadh) et de formes variées, avec génitif en ‑əhə (‑uighthe) : αdu: (ceadughadh) « permettre », αdəhə (ceaduighthe) ; tʹitʹəm (tuiteam) « tomber », tʹitʹəhə (tuitithe).

4º Cas directs féminins en ‑rʹ, ‑rtʹ, génitif en ‑hə. fʹrʹαgərtʹ (freagairt) « fait de répondre », fʹrʹαgərhə (freagartha) ; kɑurʹ (cabhair) « secours », kɑurhə (cabhartha) et kɑurəχ (cabhrach), voir § suivant.

5º Cas directs terminés par voyelle longue, génitif en ‑hə (‑tha) ; gno: (gnó) « affaire », gno:hə ; cas direct terminé par ‑ə (‑a) formant le génitif par assourdissement de la consonne précédant ‑ə: α (leaba) « lit » (et αbəgʹ, de type IX, B, § 36), gén. α (leaptha), et aussi αpən, avec influence du type IX, D, § 38.

§ 32. Type VI.

Cas direct = datif = vocatif en consonne palatale/génitif en ‑əχ (‑ach). Féminins.

lɑ:rʹ (láir) « jument », lɑ:rəχ (lárach) ; dɑ:rʹ (dáir) « rut » (chez les bestiaux), dɑ:rəχ (dárach) ; nɑhərʹ (nathair) « serpent », nɑhərəχ (nathrach), rielʹ (riaghail) « règle », riələχ (riaghlach), à côté de riələ (riaghla) ; sbʹe:rʹ (spéir) « ciel », sbʹe:rʹəχ (spéireach), à côté de sbʹe:rʹə (spéire) ; il y a de nombreux cas de flottements entre ce type et le type III, d’une part, le type VII, d’autre part, aux dépens desquels le type VI tend à s’étendre (voir aussi § 52); le développement du génitif en ‑əχ (‑ach) est un des traits caractéristiques de la flexion des substantifs féminins dans le parler.

On a normalement des pluriels en ‑ə, ajouté au thème de génitif, soit désinence ‑əχə (voir § 44).

§ 33. Type VII.

Cas direct = datif = vocatif en consonne palatale/génitif en ‑ə (‑e) précédé de consonne palatale.

Féminins, à l’exception de i:mʹ et tʹigʹ (voir plus bas).

su:lʹ (súil) « œil », su:lʹə (súile) ; lʹe:mʹ (léim) « saut », le:mʹə (léime) ; bʹelʹtʹ (angl. belt) « ceinture », bʹelʹtʹə (beilte) ; sgœlʹ (scoil) « école », sgœlʹə (scoile) ; gruegʹ (gruaig) « chevelure », gruegʹə (gruaige) ; avec alternance quantitative (cf. § 7) : i:mʹ (im) « beurre », imʹə (ime) ; mʷi:l (moill) « délai », gén. mʷilʹə (moille).

On a l’alternance signalée § 6 dans tʹigʹ (tigh) « maison », gén. tʹi: (tighe) ; le cas direct αχ (teach), qui subsiste dans une expression toute faite (tig, teach ná áitreabh), en face de tʹigʹ atteste un flottement avec le type VIII.

Pluriels de types divers : en ‑ə (‑e, ‑a), en ‑tʹə (‑te, ‑ta), en ‑ənə (eanna) ; voir § 44, 45, 47, 48.

Flexions à trois formes.

Deux types principaux présentent trois formes flexionnelles distinctes : l’un est caractérisé (comme le type précédent, qui n’en est qu’une variante) par un génitif en ‑ə (‑e) précédé de consonne palatale, l’autre par des génitifs à désinences consonantiques. Tous deux tendent à être ramenés à une flexion à deux formes : l’opposition cas direct/génitif restant partout solide, la simplification peut se faire soit par extension de la forme dative au cas direct, soit par extension de la forme directe au datif. Le deuxième procès prévaut généralement dans le type à génitif ‑ə ; le premier dans la flexion consonantique. Mais l’inverse peut aussi se produire, pour tel mot isolé.

§ 34. Type VIII, A.

Cas direct = vocatif en consonne vélaire/génitif en ‑ə (‑e) précédé de consonne palatale/datif en consonne palatale.

Féminins : rɑirk (radharc) « vue », rɑirʹkʹə (radhairce) ou rɑirʹkʹ (radhairc) de type I ; fʹiˈnʹo:g (fuinneóg) « fenêtre », fʹiˈnʹo:gʹə (fuinneóige), fʹiˈnʹo:gʹ (fuinneóig) ; gʷe:h (gaoth) « vent », gʷi:hə (gaoithe), gʷi:h (gaoith) ; grʹiən (grian) « soleil », grʹe:nʹə (gréine), grʹe:nʹ (gréin) ; avec alternance irrégulière : sgʹiən (scian) « couteau », sgʹinʹə (scine), sgʹienʹ (sciain) ; avec alternance double (§ 3) : ʃαləg (sealg) « chasse », ʃelʹəgʹə (seilge), ʃelʹəgʹ (seilg) ; αrəg (fearg) « colère », fʹerʹəgʹə (feirge), fʹerʹəgʹ (feirg).

La forme du cas direct est fréquemment étendue au datif, chez les jeunes générations : fʹenʹ ǥrʹe:nʹ (fé’n ghréin) « sous le soleil », ou fʹenʹ ǥrʹiən (fé’n ghrian) ; constamment: lʹem hè:v (lem thaobh) « à mon côté », et, au duel (semblable au datif singulier, voir § 24), ə dɑ: hè:v (an dá thaobh) « les deux côtés » ; inversement on a généralement la forme dative mαdʹənʹ (maidin) « matin », au cas direct, et non l’inverse ; cependant les sujets âgés maintiennent encore mαdʹən (maidean), au cas direct (cf. § 114 et 115) : go mαdʹən (go maidean) « jusqu’au matin » ; ɑimʹʃərʹ (aimsir) « temps » a à peu près complètement éliminé ɑimʹʃər. L’extension de la forme dative au cas direct a pour effet de faire passer les mois qui la présentent au type VII.

À ce type de singulier correspondent le plus souvent des pluriels en ‑ə (‑a) précédé de consonne vélaire ; on à aussi des pluriels faibles en ‑ənə, ‑əχə (voir §§ 44 et 48).

§ 35. Type VIII, B. Variante du type précédent.

En vertu de l’alternance signalée § 6, les mots de ce type terminés au cas direct par une spirante perdent celle-ci au génitif, qui se termine par une voyelle longue provoquant le déplacement de l’accent dans les conditions indiquées Phonétique § 259 sq. : ˈgαnʹəv (gaineamh) « sable », gαˈnʹi: (gainmhe), ˈgαnʹəvʹ (gainimh) ; ʃlʹiəv (sliabh) « montagne ». ʃlʹe: (sléibhe), ʃlʹe:vʹ (sléibh), masculin, par exception.

Type VIII, C. Les féminins en ‑əχ ‑ɑχ, ‑αχ (‑ach), forment le génitif en ‑i: (‑ighe), qui est accentué dans les mêmes conditions phonétiques que le cas direct (voir type I, B, § 24) ; d’où un double type de flexion ; à accent fixe, sur la racine : ˈsgo:rnəχ (scórnach) « gosier », ˈsgo:rni: (scórnaighe), ˈsgo:rnəgʹ (scornaigh) ; ˈαmənəχ (feamnach) « goémon », ˈαməni: (feamnaighe), ˈαmənəgʹ (feamnaigh), d’une part, à accent mobile : gʹəˈlɑχ (gealach) « lune », αˈli: (gealaighe), ˈαləgʹ (gealaigh) ; ˈαχ (cailleach) « vieille femme », ˈlʹi: (caillighe) ˈkαlʹəgʹ (cailligh), d’autre part. Notez que la finale i:, là où elle prend l’accent, n’exerce pas sur la syllabe radicale atone une action réductrice aussi prononcée que fait la finale ‑ɑχ (‑ach), comme l’indique le maintien, au moins partiel, du timbre de la voyelle radicale.

Le monosyllabe dʹoχ (deoch) « boisson », gén. dʹi: (dighe) a le datif semblable au cas direct.

§ 36. Type IX.

Cas direct = vocatif en voyelle (plus rarement, en liquide)/​génitif avec désinence à consonne vélaire/​datif avec désinence à consonne palatale.

Féminins, à quelques exceptions près.

On peut distinguer trois variétés selon que la consonne qui caractérise les cas obliques est une gutturale, une dentale pure ou une nasale dentale.

A. Thèmes à gutturales : le génitif est en ‑əχ (‑ach), le datif en ‑əgʹ (‑aigh) : kʷi:rə (caora) « mouton » kʷè:rəχ (caorach), kʷè:rəgʹ (caoraigh), ou kʷi:rə. Nous n’avons pas relevé d’autres exemples du datif en ‑əgʹ. Tous les autres mots qui forment le génitif en ‑əχ (‑ach) ont le datif semblable au cas direct : kɑhərʹ (cathair) « ville », kɑhərəχ (cathrach), kɑhərʹ, etc., ce type se trouve ainsi ramené de fait à un type à deux formes, d’ailleurs très vivant (voir § 32).

B. En vertu de l’alternance finale signalée § 2, on a dans quelques mots un datif en ‑gʹ (‑idh) s’opposant à un génitif en ‑ə (consonne zéro) semblable au cas direct : α (beatha) « vie », gén. α (beathadh), datif αhəgʹ (beathaidh) ; α (leaba) « lit », datif lαbəgʹ (leabaidh), forme assez généralement étendue aux cas directs ; et cf. § 31.

§ 37, C. Thèmes à dentale : génitif en ‑d, datif en ‑dʹ. fʹihə (fiche) « vingt », fʹihəd (fichead), fʹihədʹ (fichid) : αun er ihədʹ (ceann-ar-fhichid) « vingt et un » ; dans la plupart des mots de ce type l’opposition du cas direct et du datif est sujette à s’effacer: kɑrə (cara) « ami », kɑrəd (carad), fait au datif kɑrədʹ (caraid) ou kɑrə (cara) ; inversement on a nαudʹ (namhaid) « ennemi », plus souvent que nɑu (namha), comme cas direct, en face du génitif nɑud (namhad), datif nαudʹ (namhaid).

§ 38, D. Thèmes à nasale : génitif en ‑n, datif en ‑nʹ. La flexion à trois formes est ici assez généralement maintenue, du moins chez les sujets d’un certain âge : guələ (guala) « épaule » guələn (gualann) guələnʹ (gualainn); ilʹə (uille), « coude », gén. ilʹən (uilleann), ilʹənʹ (uillinn) ; on a aussi au cas direct guələnʹ, ilʹənʹ ; l’extension de la forme dative, qui est aussi la forme duelle, peut ici se trouver facilitée du fait qu’il s’agit d’organes pairs, comme tels souvent désignés au duel (cf. § 18) ; αŋgə (teanga) « langue », αŋgən (teangan), αŋgənʹ (teangain) ; lɑ:nu:ə (lánamha) « couple marié », lɑ:nu:n (lánamhan), lɑ:nu:nʹ (lánamhain) ; χə (lacha) « canard », χən (lachan), χənʹ (lachain) ou χə ; la forme de cas direct ɑu (abha) « rivière » ne se maintient en face de ɑunʹ (abhainn), datif et cas direct usuel, que dans des expressions proverbiales ; e:rʹənʹ (Eirinn) est la forme usuelle du nom de l’Irlande, gén. e:rʹən (Eireann), dat. e:rʹənʹ (Eirinn) ; des influences savantes ou officielles tendent à faire prévaloir le cas direct e:rʹə (Eire). Pour les génitifs du type bʹrʹehu:n (breitheamhan) en face du cas direct bʹrʹehəv (breitheamh) « juge » voir § 6. Il n’y a pas de forme dative distincte. Avec alternance exceptionnelle : ku: (cú) « lévrier », kon (con), kʷinʹ (coin).

En face de ces singuliers on a des pluriels divers, avec état palatal de la consonne finale (§ 43), en ‑ə (‑a, ‑e) précédé de consonne vélaire ou palatale (§§ 44 et 45), ou encore divers types de pluriels « faibles, » en ‑i:, en ‑əχə (en dehors, des thèmes à gutturales, où ces pluriels représentent des types forts) ; voir § 48.

§ 39. Type X. Flexion à forme unique.

Comprend des masculins et des féminins terminés par une voyelle longue, par ‑ə (‑a, ‑e) précédé de consonne palatale ou vélaire et des masculins en ‑i:nʹ (‑ín).

Masculins : grɑ: (grádh) « amour » ; krʹi: (croidhe) « cœur » ; ri: (rí) « roi » ; dʹlʹi: (dlighe) « loi » ; ʃαundri: (seandraoi) « sorcier » ; tʹi:rnə (tighearna) « seigneur » ; po:kə (póca) « poche » ; dinʹə (duine) « personne »; mʹi:lʹə (míle) « soldat » ; les noms d’agents en ‑i: (‑idhe) : αni: (ceannaidhe) « négociant » ; les substantifs verbaux en ‑i: (‑idhe, ‑ighe) en ‑u: et en ‑ə (‑adh) flottent entre ce type et les diverses variétés du Type V : si: (suidhe) « fait d’être assis » ; li: (luighe) « fait d’être couché », et voir § 31 : pour les noms d’agent en ‑ərʹə voir § 68; pour les diminutifs en ‑i:nʹ, voir § 69.

Féminins : bʷilʹə (buile) « fureur » ; les abstraits en ‑ə (‑e) : gʹilʹə (gile) « blancheur » ; etc., cf. § 65 ; krʹe: (cré) « sol, humus » ; kʷi: (caoi) « moyen » ʃlʹi: (slighe) « chemin ».

À cette catégorie viennent s’ajouter des mots d’emprunt récents, souvent mal assimilés phonétiquement (mais d’usage constant dans le parler) quelle que soit leur forme, comme wairʹ (wire) « télégramme »; brœʃ (brush) « brosse »; džug (jug) « cruche » ; αm (jam) « confiture » mαtʹʃ (match) « allumette » ; pʹrʹes (press) « buffet » ; skœrtʹ (skirt) « jupe » ; so:s (sauce) « sauce », etc.

En face de ces mots, de formations diverses, on trouve des pluriels également divers : beaucoup de noms en ‑ə, les noms en ‑ərʹə, en ‑i:nʹ, forment normalement le pluriel en ‑i: ; les noms d’emprunts non assimilés font, lorsqu’il y a lieu, un pluriel en ‑ənə (voir § 48).

§ 40. Tableau de la flexion du substantif (singulier).

Flexion à deux formes :

TYPE I A B C
Cas dir. Dat. ru:n əˈχ gʹi:rʹə
Gén. Voc. ru:nʹ ˈαrəgʹ gʹi:rʹəgʹ
TYPE II
Cas dir. Dat. Voc. ɑhərʹ
Gén. ɑhər
TYPE III A B
Cas dir. Dat. Voc. klʹαs knɑ:v
Gén. klʹα knɑ:
TYPE IV A B
Cas dir. Dat. Voc. bʹlʹienʹ trɑ:gʹ
Gén. bʹlʹiənə trɑ:
TYPE V
Cas dir. Dat. Voc. po:sə dʹi:l αsu: kαurʹ gno:
Gén. po:stə dʹi:ltə αsəhə kɑurhə gno:hə
TYPE VI
Cas dir. Dat. Voc. lɑ:rʹ Gén. lɑ:rəχ
TYPE VII
Cas dir. Dat. Voc. su:lʹ Gén. su:lʹə

Flexion à trois formes :

TYPE VIII A B C
Cas dir. Voc. grʹiən gʹəˈlɑχ
Gén. grʹe:nʹə αˈli:
Cat. grʹe:nʹ ˈαˈləgʹ
TYPE IX A B C D
Cas dir. Voc. kʷi:rə α fʹihə guələ
Gén. kʷè:rəχ α fʹihəd guələn
Dat. kʷè:rəgʹ αhəgʹ fʹihədʹ guələnʹ

Flexion à forme unique :

A B C
Type X. grɑ: tʹi:rnə kαlʹi:nʹ