De la baguette divinatoire/Partie 4/Chapitre 4


CHAPITRE IV.

APPLICATION DU PRINCIPE DU PENDULE EXPLORATEUR AU MOUVEMENT DE LA BAGUETTE EMPLOYÉE COMME MOYEN DE DIVINATION.

244.Lorsque l’esprit de l’homme fixe son attention sur quelque objet nouveau, le besoin de connaître et d’aller au delà de ce qu’il aperçoit actuellement, l’excite à user de tous les moyens qu’il croit susceptibles de satisfaire ses désirs. Il faut l’avouer, ce besoin, noble et louable tant qu’il s’agit dé connaître la vérité scientifique ou d’étendre la connaissance de ce qui est utile à la société, se fait sentir pour des choses oiseuses qui ne donnent que de simples distractions.

Ce besoin de l’esprit de l’homme d’aller au delà de ce qui fixe actuellement son attention, se montre dans les applications diverses que l’on a faites successivement de la baguette. Employée d’abord à découvrir les métaux, puis les sources, etc., elle l’est plus tard à découvrir le déplacement des bornes des héritages, les criminels, voleurs ou meurtriers, etc., enfin des choses du monde moral. Mais la matière apparaît encore dans ces dernières recherches, puisque celui qui tient la baguette la présente au-dessus d’un certain lieu, au-dessus d’un objet, au-dessus d’un homme. Il n’en est plus de même du cas où l’on consulte la baguette avec l’intention de savoir une chose du monde moral, indépendamment de la présence de tout objet ou de tout être corporel ; c’est précisément de ce cas dont nous allons nous occuper, en rappelant d’abord les trois faits suivants qui y rentrent.

245.Premier fait. — Il est exposé dans l’ouvrage du père Ménestrier et rappelé (116).

La personne qui tient la baguette est assise dans un lieu où elle ne peut être distraite.

Je ne reproduis que quelques passages abrégés de ma citation.

D. La baguette est-elle un don naturel ?

R. Elle tourne.

D. Le démon n’y a-t-il aucune part ?

R. Elle ne tourne pas.

D. Ce talent est-il donné en naissant ?

R. Elle tourne.

D. Tourne-t-elle par les constellations ?

R. Elle tourne.

D. Peut-elle faire faire des choses mauvaises ?

R. Elle tourne.

D. Peut-elle servir à éclaircir les matières qui sont douteuses en théologie ?

R. Elle tourne.

D. Peut-elle servir à acquérir une parfaite connaissance de l’astrologie pour faire des almanachs ?

R. Elle tourne.

Elle répond sur des questions de médecine, sur les talents, la capacité des personnes, leurs noms connus ou cachés, leurs péchés et le nombre de ces péchés, etc.

Elle répond lorsqu’on lui demande comment une personne absente est vêtue ; elle tourne sur la couleur et la forme de l’habit, etc., etc.

246.Deuxième fait. — Il est exposé dans l’Histoire critique des pratiques superstitieuses, etc., du père Lebrun, et rappelé dans cet ouvrage (128).

Un curé manie la baguette de manière à la faire répondre aux questions qu’on lui adresse.

Elle s’abaisse pour l’affirmative.

Elle se relève pour la négative.

Elle dit ce que font les personnes absentes ; Si un homme a de l’argent, en quelles espèces et combien.

Elle répond sur le passé, le présent et l’avenir.

Il est indifférent d’exprimer sa demande de vive voix ou mentalement.

247.Troisième fait. — Il est exposé dans l’Histoire critique des superstitions, du père Lebrun (128).

Mlle  Alloüard est citée pour deviner avec la baguette ce qui se passe en des lieux fort éloignés.

248.Je ne doute pas que l’idée de faire servir la baguette à répondre à des questions qu’on lui propose, n’ait été la conséquence d’une longue habitude à la manier, ou de la forte impression d’un esprit vivement frappé, soit d’un effet produit par soi-même, ou d’un effet dont on aura été le simple témoin.

La faculté de faire tourner la baguette dans un sens ou dans l’autre, une fois acquise, ainsi que la foi en l’intelligence de cette baguette, je m’explique sans peine comment une question adressée à la personne qui la tient, éveille en elle, sans qu’elle s’en rende compte, une pensée dont la conséquence est un mouvement musculaire capable d’imprimer à la baguette la direction correspondante au sens de la réponse qui paraît la plus vraisemblable à cette personne.