De la baguette divinatoire/Partie 4/Chapitre 3

CHAPITRE III.

APPLICATION DU PRINCIPE DU PENDULE EXPLORATEUR AU SIMPLE MOUVEMENT DE LA BAGUETTE.

225.À une époque où je ne connaissais pas les écrits sur la baguette divinatoire dont l’analyse a été l’objet de la première partie de cet ouvrage, je disais dans la Lettre de 1833, de la Revue des Deux-Mondes :

« … C’est en cela que les phénomènes que j’ai décrits me semblent être de quelque intérêt pour la psychologie et même pour l’histoire des sciences ; ils prouvent combien il est facile de prendre des illusions pour des réalités, toutes les fois que nous nous occupons d’un phénomène où nos organes ont quelque part, et cela dans des circonstances qui n’ont pas été analysées suffisamment. En effet, que je me fusse borné à faire osciller le pendule au-dessus certains corps, et aux expériences où ses oscillations furent arrêtées, quand on interposa du verre, de la résine, etc., entre le pendule et les corps qui semblaient en déterminer le mouvement, et certainement je n’aurais point eu de raison pour ne pas croire à la baguette divinatoire et à autre chose du même genre. Maintenant on concevra sans peine comment des hommes de très-bonne foi, et éclairés d’ailleurs, sont quelquefois portés à recourir à des idées tout à fait chimériques pour expliquer des phénomènes qui ne sortent pas réellement du monde physique que nous connaissons[1]. »

226.Ce rapprochement des phénomènes du pendule explorateur avec ceux de la baguette, avait été fait avant moi par Gerboin, en tenues que je reproduis fidèlement :

« Maintenant, si l’on examine l’instrument désigné par le nom si peu philosophique de baguette divinatoire, on trouvera que sa nature et son objet le rapprochent, jusqu’à un certain point, de l’appareil explorateur. Le premier de ces instruments doit l’activité qui lui est propre à l’impression motrice qu’il reçoit d’un fluide que le corps de l’homme lui transmet, impression qui se lie à sa forme et à sa composition chimique, et qui varie selon l’état des corps au-dessus desquels il est soutenu. Or, tous ces caractères se retrouvent dans la constitution du pendule organo-électrique. La circonstance qui distingue le mieux ces machines, c’est que la seconde présente dans ses opérations une plus grande diversité de formes et des dimensions qui les rendent plus commensurables. On doit ajouter que l’appareil pendulaire jouissant d’un plus haut degré de mobilité, et son action étant susceptible d’être excitée par un plus grand nombre de personnes, l’usage de ce moyen devient plus étendu, en même temps qu’il offre des résultats plus précis et plus faciles à observer[2]. »

Ainsi l’analogie des deux ordres de phénomènes qui a frappé l’esprit de Gerboin comme le mien, malgré l’extrême différence de nos interprétations respectives, est certainement un motif de croire à sa réalité.

Enfin, avant moi, avant Gerboin, Ritter considérait la baguette divinatoire comme un double pendule qui, pour être mis en mouvement, n’a besoin que d’une force supérieure à celle qui produit les effets qui viennent d’être décrits.

227.Ma manière de voir n’est-elle pas confirmée aujourd’hui en tous points, par les passages que j’ai empruntés aux écrits examinés dans la Ire partie de cet ouvrage ? C’est ce que je vais développer en rapprochant mes paroles de ces passages ; mais avant tout, établissons mon point de départ, en rappelant les conséquences auxquelles m’a conduit l’examen critique de ces écrits.

228.Si quelques auteurs ont avancé que certains corps, particulièrement des métaux, exerçaient sur la baguette, sans intermédiaire, une influence capable de la mettre en mouvement, le plus grand nombre, tout en reconnaissant ce mouvement comme réel, n’en admirent la manifestation qu’à la condition de l’intervention des mains de l’homme. C’est Kircher qui démontra, par l’expérience, que les métaux n’agissent pas sur une baguette en équilibre sur un pivot (95, pag. 76 et 77).

229.À mesure qu’on étudie les écrits du xviie siècle sur le mouvement de la baguette, on voit la part de la matière, savoir celle qu’on recherche, et la matière même de la baguette, perdre de plus en plus de l’influence que la théorie leur accorde relativement à l’homme qui la tient ; tandis que l’influence attribuée à la pensée, s’accroît de plus en plus, et semble ainsi se rapprocher davantage des temps anciens où la baguette était un instrument de divination ou de magie, ou encore un simple signe de puissance.

230.En effet, c’est à partir du xve siècle que l’on trouve la première mention écrite de l’usage de la baguette pour découvrir les métaux (56), et c’est en 1630 qu’on apprit en France l’usage qu’on en faisait en Allemagne dans la recherche des eaux souterraines (58). Le mouvement de la baguette fut généralement attribué à une cause occulte, une sympathie supposée exister entre la matière souterraine et la baguette, jusqu’en 1679, que M. de Saint-Romain, dans son livre de la Science naturelle dégagée des chimères de l’école (61), l’attribua à des effluves d’esprits ou de corpuscules, conformément aux idées de la philosophie cartésienne. Cette explication fut adoptée par l’abbé de Lagarde et les Drs Chauvin et Garnier, et l’abbé de Vallemont (78) ; évidemment elle rapprochait les effets de la baguette des effets dont l’étude est du ressort de la physique proprement dite. Ce fut alors, du mois d’août 1632 à avril 1693, que la part d’influence que l’on fit, au xviie siècle, à la matière dans le phénomène de la baguette fut la plus grande possible.

231.Mais dès le mois de juillet de l’année 1689 (64), le père Lebrun commença, dans sa première Lettre au père Malebranche, à émettre une opinion qui devait renverser l’explication cartésienne du mouvement de la baguette. Cette opinion était fondée principalement sur la considération de la diversité des cas que l’on citait où la baguette avait fait connaître des choses du monde moral que l’on voulait savoir, tout aussi bien qu’elle faisait découvrir des métaux, des eaux, etc. C’est ainsi que dès 1689 le père Lebrun, le père Malebranche, l’abbé de la Trappe M. de Rancé, et l’abbé Pirot, s’accordèrent tous à chercher la causer du mouvement hors du monde physique, du moins en ce qui concerne les cas où la baguette tourne sur des choses du monde moral (67, 68, 69, 70, 71).

232.C’est dans la dernière moitié de l’année 1692 que l’attention publique se porta sur la baguette divinatoire à cause de l’usage que J. Aymar en avait fait pour découvrir les assassins du marchand de vin de Lyon et de sa femme, et, comme nous l’avons vu, c’est à cette occasion que la théorie cartésienne des corpuscules de M. de Saint-Romain fut de nouveau mise en avant par l’abbé de Lagarde, les Drs Chauvin et Garnier, et l’abbé de Vallemont, et qu’elle fut combattue par le père Lebrun, fort de l’appui du père Malebranche et des abbés de Rancé et Pirot (94). Un an après (1694), le père Ménestrier professa l’opinion du père Lebrun (115, 114, 115).

Je ne reviendrai sur leurs écrits que pour montrer comment l’influence attribuée à la matière dans le mouvement de la baguette s’affaiblit, et comment la part de l’influence de la pensée alla en augmentant jusqu’en 1702.

233.Sans doute que du moment où l’on crut à l’influence des choses morales sur le mouvement de la baguette, l’influence de la matière dans le phénomène dut perdre de son importance, et l’affirmation de Jacques Aymar, qu’entre ses mains la baguette ne tournait que sur ce qu’il avait l’intention de trouver, dut contribuer certainement à accréditer cette opinion. Effectivement, si l’on admettait, comme fait, que J. Aymar découvrit la trace des auteurs de l’assassinat de Lyon, il fallait bien reconnaître qu’en passant dans des lieux où existent des métaux, des eaux, etc., etc., en allant de Lyon à Beaucaire, puis de Lyon à Toulon et de Toulon à la frontière, ces corps avaient perdu toute action sur la baguette. Même conclusion lorsqu’à Lyon sa baguette tourna sur la serpe qui avait servi à la perpétration du crime, tandis qu’elle resta immobile sur deux serpes pareilles formées cependant de fer qui, dans les cas ordinaires, agissait sur elle (98). Enfin, l’influence de la matière dans le phénomène était encore amoindrie lorsque J. Aymar disait que les sensations qu’il éprouvait étaient telles, qu’il pouvait se passer de la baguette (81).

234.L’histoire de Mlle  Ollivet et celle de Mlle  Martin, que j’ai racontées d’après le père Lebrun, sont de véritables expériences qui mettent hors de toute discussion l’influence de la pensée sur le mouvement de la baguette, ainsi que j’en ai déjà fait la remarque (104).

Histoire de Mlle  Ollivet (102).

Premier fait.Mlle  Ollivet avait la réputation incontestée de faire tourner la baguette sur les métaux, les sources etc.

Deuxième fait. — Les scrupules lui viennent de ce qu’elle entend dire de l’intervention de Satan dans le mouvement de la baguette. Elle demande à Dieu, à l’autel, de perdre sa puissance si cette intervention est réelle.

Après quoi la baguette cesse de tourner ou elle tournait autrefois.

Conclusion. — Dans un premier temps, elle avait la pensée que la baguette tournait sur certains corps, et la baguette tournait.

Dans un deuxième temps, elle avait la pensée que la baguette pouvait ne pas tourner, d’après les scrupules qu’elle s’était faits, et la baguette ne tourna plus.

Ne sont-ce pas exactement les mêmes faits que ceux que j’ai observés lorsque je me suis demandé si le corps mettrait le pendule en mouvement, si tel corps l’arrêterait (205, 209) ?

Histoire de Mlle  Martin (105).

235.L’histoire de Mlle  Martin, avec quelques particularités de plus, est semblable à celle de Mlle  Ollivet, et je rappelle qu’elle est précédée de cette remarque de son historien le père Lebrun, que la cause qui fait tourner la baguette s’accommode aux désirs des hommes et qu’elle suit leurs intentions (104).

Premier fait.Mlle  Martin, comme Mlle  Ollivet, avait la réputation incontestée de faire tourner la baguette sur les métaux, les sources, etc.

Elle raconte que, voyant bien que les reliques devaient avoir plus de vertu que tout cela, elle a essayé, et a réussi (page 86).

Deuxième fait. — Le père Lebrun lui ayant dit que l’intention suffirait pour faire tourner la baguette, elle fit de nouvelles épreuves sur des reliquaires et sur quelques pièces de métal, et la baguette tournait ou restait immobile selon qu’elle en avait le désir.

Enfin, l’abbé de Lescot et le père supérieiur de l’Oratoire, Cavard, l’ayant prêchée, elle tint la baguette pourtant une fois encore sur des métaux et vit sans s’émouvoir qu’elle ne lui tournait plus.

Conclusion. — Identique à la précédente.

Histoire du prieur Barde, de M. du Pernan, chanoine de Saint-Chef, et de M. Expié.

Premier fait. — Ces trois personnes faisaient tourner la baguette. M. Expié, après J. Aymar, était le plus renommé par sa puissance.

Deuxième fait. — Après avoir prié Dieu de leur ôter leur puissance si elle était illicite, ils la perdirent (107).

Conclusion. — Identique aux précédentes.

236.Toutes les personnes qui faisaient tourner la baguette n’avaient pas la même prétention que J. Aymar : de là le procédé qu’elles employaient pour reconnaître la nature d’un corps caché sensible à la baguette ; il consistait à mettre celle-ci en contact avec un corps connu. Mais en parlant de ce procédé, j’ai fait remarquer qu’il sortait absolument du domaine de la science, car les uns, comme Mlle  Martin, prétendaient que, dans le cas d’identité des deux corps, le mouvement de la baguette est augmenté, tandis que les autres, comme M. Peisson (105), comme la personne religieuse dont parle le père Ménestrier (117), concluaient l’identité de la cessation du mouvement. Au point de vue scientifique, de tels résultats sont absurdes, parce qu’on ne peut attribuer dans les mêmes circonstances deux effets contraires l’un à l’autre à une même cause. Mais, en en faisant la remarque, je me suis engagé à les expliquer de la manière la plus satisfaisante. Le moment est arrivé de remplir cet engagement (119).

237.Le procédé dont je parle a été imaginé coaformément à une certaine manière de penser, et cette manière de penser n’étant pas la même pour tous,

Les uns ont dit : Ce sont des corpuscules dégagés de la matière active qui, par l’intermédiaire de l’homme, muent la baguette ; par conséquent, si vous mettez un morceau de la matière active avec la baguette, lel mouvement sera augmenté (127).

Les autres ont dit : C’est la sympathie de la matière avec la baguette qui la fait tourner, ou, en d’autres termes, une attraction ; dès lors, si vous la mettez en contact avec un morceau de matière identique à celle qui la meut actuellement, la force attractive qui la porte vers la matière cachée étant satisfaite, le mouvement s’arrêtera (127).

Existe-t-il une preuve plus convaincante de l’influence de la pensée sur le mouvement de la baguette, soit pour l’augmenter, soit pour l’arrêter, que des conclusions opposées tirées d’un même fait, mais conformes à des suppositions préconçues ?

238.Est-il possible maintenant de nier l’influence de la pensée dans la manifestation des phénomènes de la baguette ? et lorsque j’ai dit, en prenant le fil du pendule explorateur entre mes doigts : Voyons si tel corps mettra le pendule en mouvement ; voyons si tel corps l’arrêtera, et que les résultats ont été conformes à ce que je cherchais à vérifier, n’y a-t-il pas analogie parfaite entre les phénomènes de la baguette et ceux du pendule ?

L’intention (105), qui est la pensée de ceux qui font mouvoir la baguette, n’est-elle pas encore plus près de la volonté que la pensée qui m’animait lorsque je me demandais si tel corps mettrait le pendule en mouvement, si tel corps l’arrêterait (page 155) ?

239.Si nous examinons les écrits du xviiie et du xixe siècle, dans lesquels on a énoncé une opinion bien différente de la nôtre, en attribuant le mouvement de la baguette à des effluves impondérables de nature magnétique ou électrique, on trouvera les faits conformes à ma manière de voir, et certainement on n’en trouvera aucun prouvant la réalité des effluves.

240.De l’aveu de Thouvenel (135) et de Fortis (143), les indications de la baguette sont souvent incertaines.

Suivant Bleton (135) et Vincent Anfossi, elle est inutile, parce qu’ils prétendent découvrir ce qu’ils cherchent, d’après une sensation indépendante de la baguette (144).

Et cependant plusieurs personnes qui croient à la baguette ont remarqué dans le sourcier un certain tour de main ou un mouvement d’épaule qui, évidemment, démontre l’influence de la pensée telle que je rai définie (135-138).

241.En résumé, comme les pères Lebrun, Malebranche, Ménestrier et les abbés de Rancé et Pirot, j’ai admis que la matière est sans effet sur la baguette, et que le mouvement de celle-ci est produit par une cause intelligente ; mais au lieu de l’attribuer au démon, je l’ai fait dépendre de la pensée de l’homme (157).

C’est le cas de rappeler une Lettre touchant la baguette, insérée dans le Mercure de février 1693 (84), dont l’auteur pensait que rien ne prouvait l’intervention du diable, et que lors même qu’on rejetterait l’opinion du Dr  Chauvin, il ne faudrait pas adopter l’opinion contraire ; qu’il serait raisonnable d’attendre une explication qui ferait rentrer les phénomènes de la baguette dans le domaine de la physique. Or, selon moi, mon explication a précisément cet avantage.

242.Je terminerai ce chapitre par l’examen de ce qu’on doit croire, en définitive, de la part réelle qu’a eue Jacques Aymar dans la recherche des assassins du marchand de vin de Lyon et de sa femme.

Après les preuves multipliées d’impuissance de J. Aymar, opérant à l’hôtel de Condé (91), à l’hôtel de Hanovre, recherchant vainement pendant deux jours le voleur des pièces de drap du marchand Ferouillard (92), ne trouvant pas d’eau à Chantilly quoique la rivière coulât sous ses pieds, ne découvrant rien dans la rue Saint-Denis, où un soldat du guet venait d’être percé de quinze ou seize coups d’épée, ne reconnaissant pas au Châtelet un voleur qui venait d’être pris en flagrant délit (93), et après les erreurs qu’il commit à son retour à Grenoble (100), le critique, sous l’impression de l’examen auquel M. le Prince avait soumis J. Aymar et de la conclusion qu’il voulut rendre publique (91-93), ne peut admettre raisonnablement que dans l’affaire criminelle de Lyon il n’y ait pas eu d’illusion de la part de beaucoup de gens, tromperie de J. Aymar, si celui-ci n’avait pas reçu des renseignements sur lesquels il crut devoir garder un silence absolu. En définitive, l’homme qui se montra si impuissant à Paris, qui dans plusieurs occasions chercha à donner le change sur son ignorance et se montra assez âpre au gain, doit inspirer aux esprits raisonnables bien des doutes sur les faits si extraordinaires qu’on lui attribue dans l’affaire criminelle de Lyon relativement à la poursuite des assassins. D’après l’impuissance de J. Aymar à Paris et du manque de délicatesse dont il fit preuve, je ne puis admettre la réalité des faits extraordinaires dont il serait l’auteur, et il est heureux, pour la justice des hommes, que le père Ménestrier ait déclaré que les juges de Lyon ne voulurent avoir aucun égard à ces indications (celles de la baguette), en condamnèrent les épreuves et ne firent leur procédure que sur les interrogations faites au bossu et sur les indices des témoins qui l’avaient vu entrer dans la maison (115, page 94).

243.Enfin, pour appuyer ma conclusion, je rappelle les faits suivants :

1°. En 1702 on voyait, dit le père Lebrun, auprès de la ville de Salon, des puits d’une effroyable profondeur creusés inutilement sur les indices trompeurs qu’avait donnés la baguette (125) ;

2°. Le maréchal de Boufflers ne put se procurer de l’eau dans sa terre de Picardie, quoiqu’il eût eu recours à M. Legentil, prieur de Dorenic, et que celui-ci en plusieurs endroits tremblait d’effroi en voyant le mouvement de la baguette : on creusa à 60 pieds sans trouver d’eau (125) ;

3°. M. de Francine-Grandmaison, prévôt de Tllede-France, et intendant des eaux, a eu recours à un très-grand nombre de gens réputés habiles à manier la baguette, notamment des révérends pères capucins, soit pour reconnaître des coupables ou découvrir des sources, et il n’a jamais trouvé personne en qui l’on pût avoir confiance, parce que la baguette donnait souvent le change et disait très-souvent faux (125) ;

4°. Un jeune garçon, fameux à Paris pour découvrir les sources avec la baguette, fut conduit sur le passage des eaux d’Arcueil et dans un jardin où des métaux avaient été enfouis, et la baguette ne tourna pas. Les témoins étaient le père Lebrun, de Lahire, M. de Francine, l’abbé de Châteauneuf, le lieutenant du roi de Charleroi et un physicien mathématicien : c’est bien là une véritable expérience (125) ;

5°. L’illustre Spallanzani, témoin de plusieurs expériences, qui d’abord lui parurent extraordinaires, finit par reconnaître qu’il n’y avait rien de réel dans la cause à laquelle on attribuait les mouvements de la baguette qu’on lui avait fait voir (142).

  1. Note de la Lettre : « Je conçois très-bien qu’un homme de bonne foi, dont l’attention tout entière est fixée sur le mouvement qu’une baguette qu’il tient en ses mains peut prendre par une cause qui lui est inconnue, pourra recevoir de la moindre circonstance la tendance au mouvement nécessaire pour amener la manifestation du phénomène qui l’occupe ; par exemple, si cet homme cherche une source, s’il n’a pas les yeux bandés, la vue d’un gazon vert abondant, sur lequel il marche, pourra déterminer en lui, à son insu, le mouvement musculaire capable de déranger la baguette, par la liaison établie entre l’idée de végétation active et celle de l’eau*. »

    * Revue des Deux-Mondes, livraison du 1er mai 1833.

  2. Recherches expérimentales sur un nouveau mode de l’action électrique ; par Gerboin ; page 242.