Cours d’agriculture (Rozier)/NÈFLE, NÉFLIER

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 69-71).


NÈFLE. NÉFLIER DES BOIS ou MESLIER.(Voyez Planc. II) Tournefort le place dans la neuvième section de la vingt-unième classe des arbres à fleur en rose, dont le calice devient un fruit à noyau, & il l’appelle mespilus germanica, folio lautino, non serrato. Von-Linné le classe dans l’icosandrie pentandrie & le nomme mespilus germanica.

Fleur A, en rose, composée de cinq pétales obronds, concaves, insérés dans un calice d’une seule pièce, à cinq dentelures aiguës B, placées entre chaque division des pétales ; les étamines au nombre de vingt, insérées au calice ; cinq pistils.

Fruit. Baie ronde, représentée en C, située sur la branche au milieu des feuilles, ainsi que la fleur ; elle est couronnée par les dentelures du calice ; D, le fruit vu de côté ; E, vu en face ; F, coupé transversalement, afin de découvrir la situation des noyaux ; G, noyaux séparés & de forme irrégulière.

Feuilles, portées sur de courts pétioles, creusés en gouttière, grandes, en forme de fer de lance, entières, cotonneuses, blanches en dessus, & très-entières.

Racine, ligneuse, rameuse.

Port ; arbre dont le tronc est rarement droit ; les tiges sans épines, & très-pliantes ; le bois doux ; l’écorce dure ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, au sommet des tiges, & sont portées par de courts pédoncules ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieux, les haies, les bois ; fleurit en avril & en mai.

Propriétés. Le fruit appelé nèfle, est d’une saveur acerbe & austère avant sa maturité. Il prend ensuite une saveur douce, âcre, à peine austère. Ce fruit est très-indigeste pour les estomacs délicats, par la quantité d’air qu’il développe, qui remplit les premières voies, & cause souvent des coliques. Après avoir cueilli ce fruit de dessus l’arbre, on le laisse mûrir sur la paille, jusqu’à ce qu’il devienne mou.

Ses feuilles sont très-astringentes ; on les emploie en gargarisme, afin de déterger les ulcères de la bouche, & répercuter l’inflammation des amygdales : les amandes des noyaux passent pour être diurétiques.

Cet arbre donne deux principales variétés ; l’une à fruit très-gros, & l’autre à fruit sans noyaux. Ces deux espèces sont les seules qu’on doive admettre dans les jardins ; on les perpétue & on les multiplie par la greffe en fente & en écusson, sur le poirier, le cognassier & sur le néflier sauvage ; les autres variétés sont le néflier à fruit précoce & à chair délicate ; à petit fruit, & à petit fruit un peu alongé.

Quelques-uns de nos souscripteurs ont demandé la représentation de la fleur & du fruit de l’azérolier ; elle est accolée dans la même planche que celle du néflier. Plusieurs auteurs ont réuni au genre du mespilus, l’aubépin, l’azérolier, &c. (voyez ces mots) : j’ai cru devoir imiter l’aigle de la botanique, & rapporter, comme lui, ces deux derniers arbres au genre des Cratægus.

II. Néflier à feuilles dentées, pointues, en forme de fer de lance, & à calices aigus. Est-ce une espèce différente, ou une simple variété du premier ?

III. Néflier, Buisson Ardent ou Pyracante. Mespilus pyracantha Lin. Il est décrit au mot buisson ardent.

IV. Néflier à feuilles d’arbousier, Mespilus arbuti folia. Lin. Petit arbrisseau originaire de Virginie, à rameaux dont l’écorce est cendrée ; ses feuilles dentées en manière de scie, & semblables à celles de l’arbousier, lancéolées, cotonneuses en dessous ; les fleurs blanches au sommet des rameaux ; fruit comme celui du sorbier.

V. Néflier Amelanchier.Mespilus amelanchier. Lin. Petit arbrisseau originaire de Provence, de Suisse, &c. à feuilles ovales, dentées. Lorsqu’il est encore jeune, toutes ses parties sont velues & cotonneuses ; elles deviennent lisses en vieillissant. Les dents du calice de la fleur sont plus longues que le tube.

VI. Amelanchier Du Canada. Mespilus canadensis. Lin. Ses feuilles sont ovales, oblongues, lisses, dentées en manière de scie.

VII. Amelanchier des Alpes. Mespilus chamæ-mespilus. Lin. Originaire des Alpes, des Pyrénées ; feuilles ovales, dentées en manière de scie, lisses des deux côtés, plissées ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, rassemblées en bouquet, portées par un pédoncule velu, moitié plus court que les feuilles ; les feuilles florales sont plus longues que les feuilles, & elles sont colorées.

VIII. Le Cotonaster. Mespilus cotonaster. Lin. Originaire des Pyrénées & des montagnes élevées ; très-petit arbrisseau à écorce noire, pourpre, luisante, feuilles très-entières, ovales, pointues, vertes en dessus, blanches en dessous par leur duvet ; fleurs au nombre d’une à deux & à trois, penchées ; leurs pétales très-courts, & de la longueur seulement du calice ; fruit, baies rouges & insipides.

Toutes les espèces de néfliers que l’on vient de décrire, produisent un joli effet dans les bosquets ; on peut les multiplier par le semis & par la greffe, ainsi qu’il a été dit. Ceux qui désireront connoître les variétés particulières de chaque espèce, n’ont qu’à consulter l’ouvrage de Miller, ou le supplément du dictionnaire encyclopédique, édition in-folio.