Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 655-657).


DENT, Médecine rurale. On donne le nom de dent à des petits os blancs, enclavés dans la mâchoire, & destinés par la nature à couper, hacher, déchirer & broyer les alimens, pour les disposer à la digestion.

On appelle dentition, la pousse des dents. Voyez Enfans, pour les maladies qui suivent ce travail de la nature.

Nous ne parlerons, dans cet article, que des maladies des dents.

Les dents saines & entières sont tellement nécessaires à la santé, que les personnes qui les ont perdu par une cause quelconque, digèrent infiniment plus mal que celles qui les ont toutes, & sont sujettes à des infirmités qui suivent les digestions mal faites.

Le mal de dents peut être occasionné par des suppressions de transpiration, & par toutes les autres causes de l’inflammation, par l’abus des boissons trop chaudes ou trop froides, par l’usage des corps durs, introduits dans l’intervalle des dents, pour en faire sortir les portions d’alimens qui s’y sont fixées.

Tous ces moyens font éclater, ou rongent l’émail des dents, & disposent les dents à la carie, parce que l’air, qui frappe sur les dents ainsi découvertes, ne tarde pas à les gâter.

Le mal de dents peut aussi être le produit de la vérole ou du scorbut.

Rien ne réussit mieux dans les violentes douleurs de dents, qu’avec raison on appelle rage de dents, que les calmans. C’est pourquoi il faut appliquer sur la dent douloureuse un morceau de coton trempé dans du laudanum. Si la dent est creuse, les douleurs ne doivent le jour qu’à l’entrée de l’air dans cette cavité, & en la bouchant exactement, on les fera disparoître. On se sert, pour cet effet, de cire, de coton, &c. mais ce qui réussit avec le plus de succès, est le camphre mêlé avec l’opium.

Les vésicatoires réussissent parfaitement dans les douleurs de dents qui viennent par fluxion.

Mais si les douleurs de dents sont dues à la carie, il faut absolument arracher les dents, de peur qu’elles ne communiquent la carie aux dents saines.

Quand les maux de dents reviennent dans certaines saisons de l’année, on peut les prévenir en se purgeant aux renouvellemens des saisons. Si les douleurs de dents reviennent de temps en temps périodiquement, & affectent les gencives sur-tout, le quinquina est un remède salutaire. On a éprouvé que l’attouchement de l’aimant calmoit les douleurs de dents, & nous en conseillons aussi l’usage.

Plusieurs maux de dents viennent souvent des suites de mal-propreté, & nous ne saurions trop recommander d’apporter le plus grand soin à ses tenir propres. En les lavant tous les jours avec de l’eau salée, ou avec de l’eau froide simplement, ou évitera la corruption des dents, les douleurs atroces qui suivent leur corruption, & la foule de maladies produites par les dépravations de la digestion. M. B.


Dent, Médecine vétérinaire, I. Nombre des dents du cheval. Leur nombre est, pour l’ordinaire, de quarante dans le cheval, & de trente-six dans la jument. Il est néanmoins des jumens qui en ont autant que le cheval, & qui, comme lui, sont pourvues des crochets : celles-ci sont appelées bréhaignes.

II. Division des dents. Nous les divisons en incisives, en crochets & en molaires. Les incisives se subdivisent encore en deux pinces, en deux mitoyennes & en deux coins.

III. De leur différence. Les pinces sont plus longues que les mitoyennes, les mitoyennes plus longues que les coins, les coins plus couchés que les mitoyennes, & les mitoyennes plus que les pinces. Les incisives diffèrent encore par leur partie extérieure, les coins ayant à peu près une figure triangulaire, les mitoyennes un peu moins, tandis que les pinces sont à peu près ovales.

IV. Des parties qu’on distingue dans la dent. Chaque dent est composée de deux parties ; de celle qui paroît en dehors, autrement dite le corps de la dent, & de la partie enchâssée dans l’alvéole, appelée la racine, laquelle est deux fois plus longue que le corps de la dent. Celui-ci est dur, blanc, & recouvert d’une substance très-compacte, que nous nommons le blanc ou l’émail.

V. De la situation des dents. Les pinces sont situées au-devant de la bouche. Il y en a deux à chaque mâchoire, ainsi que deux mitoyennes, deux coins & deux crochets. Ces deux dernières sont les plus reculées de toutes, & l’espace qui les sépare des coins, est appelé les barres. (Voyez Barres) C’est à cause de leur figure qu’elles prennent le nom de crochets. Les dents molaires ou mâchelières, qui sont au nombre de vingt-quatre, douze à chaque mâchoire, sont plus volumineuses à la mâchoire antérieure qu’à la mâchoire postérieure, si ce n’est la première & la deuxième qui débordent en dehors celles de la mâchoire postérieure. M. T.