Cours d’agriculture (Rozier)/BARRES

Hôtel Serpente (Tome secondp. 166-167).


BARRES. Espace compris entre les dents machelières & les crochets du cheval. Les barres ne doivent être, ni trop hautes, ni trop basses ; la sensibilité & la délicatesse accompagnent ordinairement le premier de ces défauts ; elles sont d’ailleurs, & alors, plus exposées à l’action de l’embouchure, parce que la langue de l’animal n’en partage point, ou en partage très-peu l’impression. Ces sortes de barres sont aisément endommagées ; nous voyons même que cette hauteur excessive & superflue les rend incapables du plus léger appui. Que si quelquefois des chevaux en qui ces parties péchent par le trop d’élévation, ont néanmoins la bouche dure, cette dureté ne peut être que l’effet des cicatrices & des sortes de calus qui ont suivi les meurtrissures, & les plaies occasionnées par des embouchures mal ordonnées, & assez souvent par la dureté des mains ignorantes & cruelles du cavalier ; aussi est-il très-essentiel de ne pas négliger, dans le choix qu’on fait d’un cheval, (voyez Cheval) de voir si les barres sont calleuses ou entammées, ou même rompues. Que pourroit-on espérer en effet, d’une bouche dont les parties auroient été griévement blessées ? elles le sont quelquefois si fortement, que l’os en souffre, qu’on y apperçoit un gonflement considérable & une carie.

Les barres basses sont communément insensibles. Au moyen de cette imperfection, la langue est pour ainsi dire, sur le même niveau, elle soutient en conséquence l’embouchure, elle éprouve la plus grande partie de ses effets & des actions de la main du cavalier ; delà un nouveau point de dureté, bien plus difficile à corriger & à vaincre, que si l’insensibilité ne naissoit que du seul défaut de hauteur. Il n’est pas impossible aussi que des chevaux, dont les barres sont basses, & l’appui très-dûr, fassent sentir à la main une véritable irrésolution. Elle provient alors des blessures que la langue ou les lèvres auront éprouvées de la part du mors, soit qu’il ait porté trop vivement sur la première de ces parties, soit que des pièces mal polies & mal jointes, aient endommagé les autres.

Si la blessure des barres est légère, elle guérit aisément, en lavant la plaie avec du vin miellé ; mais si l’os est attaqué & carié, il faut emporter la carie avec le bistouri ; mettre l’animal au son humecté pour toute nourriture, & bassiner toujours la plaie avec le même vin. On ne doit emboucher le cheval que lorsque cette partie sera capable de résister au mors. M. T.