Cours d’agriculture (Rozier)/CASTRATION

Hôtel Serpente (Tome secondp. 592-594).


CASTRATION, Médecine vétérinaire. C’est la section des testicules des animaux.

Elle s’exécute de deux manières. La première se fait en jetant l’animal par terre (voyez Abattre) du côté gauche du montoir, en lui prenant avec une corde ou une plate-longe, la jambe de derrière droite, en la lui passant par-dessus le col, afin de pouvoir saisir les testicules. L’opérateur fait d’abord une incision longitudinale au scrotum, le long des cordons spermatiques, jusqu’au corps du testicule ; puis prenant une aiguille courbe, dans le trou de laquelle il aura fait passer une ficelle cirée, il la fait entrer dans la substance du cordon spermatique, à un travers de doigt au-dessus du testicule, lequel doit être coupé un pouce au-dessous de la ligature. Il est essentiel que le fil ciré passe dans la substance du cordon, afin d’éviter de prendre dans la ligature le nerf que nous appelons spermatique, dont l’irritation occasionnant celle du genre nerveux, produiroit la mort de l’animal… Il faut encore laisser pendre un bout de ce fil, qui doit tomber par la suppuration. L’autre testicule se coupe de la même manière. L’opération faite, il suffit de bassiner la plaie avec du vin chaud, & d’en laisser le soin à la nature.

La seconde manière d’opérer dans la castration, se fait en jetant également l’animal par terre ; & après avoir attiré la jambe droite de derrière par-dessus le col, & fait sortir le testicule, l’opérateur le coupe sans précaution avec un bistouri, & applique un bouton de feu sur l’orifice du vaisseau qui fournit du sang. On emporte l’autre testicule de même ; après quoi on lâche l’animal, qui doit rester deux ou trois jours à l’écurie, pour s’assurer que l’hémorragie est parfaitement arrêtée.

Ces deux méthodes d’opérer, quelqu’avantageuses qu’elles puissent être, ne nous paroissent pas cependant aussi promptes, aussi sûres & aussi propres que la section entière des testicules à l’aide des billots. Nous en avons vu même des suites fâcheuses dans plusieurs chevaux.

Manière d’opérer à l’aide des billots. Il faut pratiquer deux incisions au scrotum assez longues pour laisser passer les testicules. Les incisions faites, on les tire doucement ; ensuite on applique sur les côtés de chaque cordon spermatique, deux billots faits d’un bâton de sureau, de la longueur de cinq pouces, & d’un pouce de diamètre, fendus suivant leur longueur en deux parties égales, & remplis, dans la cavité que la moëlle occupoit, d’un mêlange de parties égales de vitriol bleu & de poudre de licoperdon : on coupe les testicules : vingt-quatre heures après la section, l’opérateur détache les billots, & ordonne de promener l’animal une heure le matin, autant le soir, parce qu’il est d’observation que le grand repos est moins avantageux que l’exercice modéré.

Le bouc & le bélier ne pouvant point supporter la castration, suivant les méthodes que nous venons de décrire, quand même ils seroient bien nourris & bien portans, on doit les châtrer de la manière suivante.

L’opérateur prend trois brins de fil retors de bonne consistance, les roule sur les genoux, comme font les cordonniers, & les tire avec la poix dont ils se servent. Il prend ensuite un brin de ce fil, d’une longueur suffisante, qu’il noue par chaque bout à un petit morceau de bois, & en lie les testicules, en tirant le fil à soi par un de ces bâtons, le plus fortement qu’il lui est possible, tandis qu’un assistant le tire par l’autre, parce que c’est de-là que dépend le succès de l’opération. Les testicules perdent par ce moyen tout sentiment, par le défaut de circulation ; mais il ne faut pas attendre qu’ils se détachent d’eux-mêmes, la gangrène seroit alors à craindre, & pourroit peut-être entraîner la perte de l’animal. Le mieux est de les couper au bout de huit jours, en faisant attention de ne pas faire l’incision trop près de la ligature.

L’âge convenable à chaque animal pour l’opération de la castration, est désigné à l’article qui traite de chaque animal en particulier : ainsi voyez Âne, Bœuf, Bouc, Cheval, Mouton, &c. M. T.


Castration des poissons. (Voyez la manière de la pratiquer sur le carpeau au mot Carpe.)