Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8207

Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 353-354).
8207. — À M. D’ALEMBERT.
13 février.

Je crois notre doyen[1] converti, et je me flatte qu’il ne s’opposera point à M. Gaillard.

Vous devez avoir reçu, mon cher philosophe, trois volumes[2] l’un après l’autre. Je n’ai pu vous les envoyer plus tôt ; tout devient difficile.

J’ai peur que l’Épître au roi de Danemark sur la liberté de la presse ne paraisse dans un temps bien peu favorable. J’ai pourtant grande envie que vous m’en disiez votre sentiment, mais je tremble toujours de la laisser courir le monde.

Est-il bien vrai qu’on va restreindre le ressort du parlement de Paris à l’Ile-de-France ? ce pourrait être un grand bien : il est cruel de se ruiner pour aller plaider en dernier ressort à plus de cent lieues de chez soi.

Je ne sais comment je suis avec Mme Necker ; j’ai peur qu’elle ne m’ait entièrement oublié.

Ne comptez-vous pas un jour avoir parmi vos quarante M. le marquis de Condorcet ?

Je vous embrasse bien tendrement, mon très-cher philosophie. Je suis bien malade. Est-il vrai que M. de Mairan se meure ?

Il faut passer dans ma barque.

  1. Le maréchal de Richelieu ; voyez lettres 8195 et 8199.
  2. Les trois premiers volumes des Questions sur l’Encyclopédie.