Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1801

Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 432-434).

1801. — À MONSIGNOR G. CERATI[1],
a firenze, o a pisa.
Parigi, 6 aprile.

Vostra Signoria illustrissima è venuta in questo paese, e ci ha dato nuove istruzioni, mentre io non ho potuto acquistarne in Firenze nè in Piza. Ella parla la nostra lingua colla più elegante finezza, ed io non posso senza gran fatica esprimermi in italiano. Sono infelicemente innamorato della vostra lingua e del vostro paese. Ilo cercato d’alleviare un poco il dolore che io risento di non aver mai viaggiato di là dell’ Alpi, scrivendo almeno un qualche Saggio[2] in italiano ; la prego di ricevere colla sua solita benignità questi fogli, e mi lusingo ancora che avrà la bontà di presentarne alcuni esemplari alle accademie fiorentine, dalle quali non spero già applauso, ma molto ambirei una favorevole indulgenza. Io godo l’onore d’essere suo compagno nell’ Instituto di Bologna, e nella Società di Londra ; ma se un nuovo grado d’onore, un nuovo vincolo potesse naturalizzarmi Italiano, simile consolazione sminuirebbe il mio eterno rammarico di non aver veduto l’antica patria e la culla delle scienze ; rimetto tutto alla sua cortesissima gentilezza.

Vi è un altro piccolo affare, sopra il quale supplico Vostra Signoria illustrissima di darmi il suo avviso, e di favorirmi delle sue istruzioni. Si tratta qui della scomunica fulminata da alcuni vescovi e curati contro i commedianti del re, che sono pagati e mantuneti da Sua Maestà, e che non rappresentano mai tragedia nè commedia se non approvata dai magistrati, e munita di tutti i contrassegni dell’ autorità pubblica. Si dice qui comunemente che questa contradizione tra il governo e la Chiesa non si trova in Roma, e che i virtuosi mantenuti a spese pubbliche non sono sottoposti a questa crudele infamia.

La supplico, colla più viva premura, di dirmi come si usa in Roma ed in Firenze con questi tali ; se siano scomunicati, o no ; e quali siano insieme le regole e la tolleranza. Mi farà un pregiatissimo favore, se si compiacerà di darmi sodi insegnamenti intorno a questa materia. La prego d’indirizzare la sua riposta al signor de La Reynière, fermier général des postes, à Paris.

La supplico di scusarmi se questa lettera sia scritta d’un ’altra mano, perchè sono gravemente ammalato. Ma dalla mia malattia non vengono indeboliti i sentimenti coi quali sarô sempre…

Voltaire.

P. S. Sa bene che il signor de Lamarea è morto[3].

  1. Voyez la lettre 1758. Ce n’est pas sans quelque hésitation que je laisse à 1746 cette lettre du 6 avril, où Voltaire parle de l’excommunication des comédiens. Dans ses Commentaires sur Corneille (voyez tome XXXI, page Voltaire dit avoir consulté Cerati en 1742. À la fin de sa lettre il parle de la mort de Lamare, qu’on fixe ordinairement à 1746 ; mais M. Miorcec de Kerdanet, dans ses Notices sur les theologiens, etc., de la Bretagne, 1818, in-8o, dit formellement que Lamare est mort en 1742. (B.)
  2. Voyez une note sur la lettre 1773.
  3. Traduction : Votre très-illustre Seigneurie est venue dans ce pays, et y a apporté de nouveaux enseignements, tandis que je n’ai pu en acquérir à Florence ni à Pise. Elle parle notre langue avec la plus élégante finesse, et moi, je ne puis qu’à grand’peine m’exprimer en italien. J’ai un amour malheureux pour votre langue et pour votre patrie. J’ai cherché à alléger un peu le chagrin que je ressens de n’avoir jamais voyagé au delà des Alpes, en écrivant un Essai en italien. Je la prie de recevoir avec sa bienveillance accoutumée ces feuillets, et je me flatte encore qu’elle aura la bonté d’en présenter des exemplaires aux académies florentines, desquelles je n’espère point d’applaudissements, mais une favorable indulgence. J’ai l’honneur d’être son collègue à l’Institut de Bologne et à la Société de Londres. Mais si un nouveau titre d’honneur, un nouveau lien pouvait me naturaliser Italien, une telle consolation diminuerait mon éternel regret de n’avoir pas vu l’antique patrie et le berceau des sciences. Je m’en remets entièrement à sa noble courtoisie.

    Il y a ici une autre petite affaire sur laquelle je supplie Votre illustre Seigneurie de me donner ses avis et ses instructions. On discute sur l’excommunication que certains évêques et certains curés fulminent contre les comédiens du roi, qui sont payés et entretenus par Sa Majesté, et qui ne représentent jamais que des tragédies ou des comédies qui sont approuvées par les magistrats et munies de tous les contre-seings de l’autorité publique. On dit communement que cette contradiction entre le gouvernement et l’Église n’existe pas à Rome, et que les artistes entretenus aux frais de l’État n’y sont pas sous le coup de cette cruelle infamie.

    Je la supplie avec les plus vives instances de me dire comment on en use à Rome et à Florence ; si ces artistes sont excommuniés ou non, et comment on accorde ensemble les règles et la tolérance. Elle me fera une faveur inestimable si elle daigne me fournir des renseignements précis sur cette matière. Je la prie d’adresser sa réponse à M. de La Reynière, fermier general des postes, à Paris.

    Je la supplie de m’excuser si cette lettre est écrite d’une autre main, parce que je suis gravement malade. Ma maladie n’affaiblit pas les sentiments avec lesquels je serai toujours, etc.

    P. S. Je lui fais savoir la mort de M. de Lamare.