Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1758

Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 391-392).

1758. — À MONSIGNOR G. CERATI[1],
a firenze, o a pisa.
Parigi, 20 agosto.

Signore illustrissimo, e padrone colendissimo e reverendissimo, quando si è goduto l’onore della vostra conversazione, non sene perde più la memoria. Mi do il vanto d’essere uno di quelli che hanno risentito questo onore colla più parziale stima e coi sensi del più tenero rispetto. Mi lusingo che ella si compiacerà di ricevere colla sua solita benignità l’omaggio che le porgo d’un libretto[2] che il re cristianissimo ha fatto stampare nel suo palazzo. Benchè ella sia sotto il dominio d’un principe[3] che non è aucora nostro amico, nondimeno tutti i letterati, tutti gli amatori della virtù sono del medesimo paese.

E veramente, l’Italia è mia patria, giacchè gli Italiani, ma particolarmente i Fiorentini ammaestrarono le altre nazioni in ogni genere di virtù e scienza. La loro stima sarà sempre il più glorioso premio di tutti i miei lavori. Stimolato da un tanto motivo, la supplico di pigliarsi il fastidio d’inviare un esemplare del mio libretto a monsignor Rinuccini[4], ed un altro al signor Cocchi, la stima di cui ho sempre ambito, ed a cui resterô sempre obbligato. Prego Iddio che i vostri occhi siano intieramente risanati, e cosi buoni come sono quelli dell’ anima vostra.

Le bacio di cuore le mani ; e sono con ogni maggiore ossequio[5], etc.

Voltaire.

  1. Gaspard Cerati, né à Parme en 1690, confesseur du conclave en 1730, proviseur général de l’Université de Pise, mort en 1769, auteur d’une Dissertazione en faveur de l’inoculation. Voltaire le consulta sur la question de l’excommunication des comédiens ; voyez ci-après, la lettre 1801.
  2. Le Poëme de Fontenoy.
  3. François-Étienne de Lorraine.
  4. Secrétaire d’État de Florence ; voyez, tome VIII, page 29, la lettre que lui adressa Antoine Cocchi.
  5. Traduction : Seigneur très-illustre et patron très-respectable, très-vénérable, quand on a joui de l’honneur de votre conversation, on n’en perd plus la mémoire. Je me vante d’être un de ceux qui ont ressenti cet honneur avec la plus singulière estime et avec les sentiments du plus tendre respect. Je me flatte qu’elle daignera recevoir avec sa bonté accoutumée l’hommage que je lui fais d’un petit livre que le roi très-chrétien a fait imprimer dans son palais. Bien qu’elle soit sous la souveraineté d’un prince qui n’est pas encore notre ami, tous les lettrés, tous les amis de la vertu sont d’un même pays.

    Et vraiment, l’Italie est ma patrie, puisque les Italiens, mais particulièrement les Florentins, furent les instituteurs des autres nations en tout genre de vertu et de science. Leur estime sera toujours la plus glorieuse récompense de tous mes travaux. Stimulé par de tels motifs, je la supplie de prendre la peine d’envoyer un exemplaire de mon opuscule à Mgr Rinuccini, et un autre à M. Cocchi, dont j’ai toujours ambitionné l’estime et à qui je resterai toujours obligé. Je prie Dieu que vos yeux soient entièrement guéris et aussi bons que ceux de votre âme.

    Je lui baise de cœur les mains, et suis avec le plus profond respect, etc.