Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 3/0370

Louis Conard (Volume 3p. 111-112).

370. À LOUISE COLET.
Rouen, jeudi [3 mars 1853].

Voici ce que nous venons de décider.

Bouilhet va, ce soir, demain et après-demain travailler à ton Acropole. Il me l’apportera dimanche, et lundi soir tu recevras le paquet.

Le défaut général est la longueur. De là résultent des répétitions d’idées. Il faut supprimer plusieurs vers et faire quelques-uns. Voilà ce que c’est que d’attendre toujours au dernier moment ! Enfin ton commencement te sera renvoyé superbe. Il y a fort peu de choses à y retoucher[1], ainsi que dans les Panathénées. Mais l’idée de Minerve est développée à satiété et avec des redites. C’est à toi de refaire toute cette partie, depuis

Dans le temple du Dieu qu’elle s’était choisi


jusqu’au mouvement :  

Pour Minerve, ta mère, ainsi tu fis Athènes !


Mais enlève la longue comparaison de la mère, qui précède. C’est trop long ! trop long !

Ainsi tu n’as à t’occuper que de Minerve. Mets-moi les mêmes pensées, mais plus vives, en moins de vers et d’un tour moins monotone. Tel que ça est, c’est d’une lenteur fatigante. Songe qu’il y a près de 50 vers. Une vingtaine tout au plus suffiront.

Bouilhet va t’arranger le reste, te recoller les attaches, changer les vers faibles. Il aime beaucoup le commencement du no IV. Sois tranquille ; il y a du bon. Mais on voit seulement que les notes n’ont pas été assez digérées. Mais il me semble qu’il faut peu de chose pour que ta pièce marche. J’ai bon espoir.

Allons du courage, mille baisers.

À toi. Ton G.

4 h du soir.

Pour ta distraction, tu peux lire le dernier numéro de la Revue de Paris. Tu y verras, dans la fin du Livre Posthume, une phrase à mon adresse, verte, et des réengueulades de l’ami à Béranger, avec allusions à Cousin, Mérimée, Rémusat. Cela devient fort réjouissant.


  1. Pour suivre les corrections conseillées par Flaubert, voir ce poème à l’Appendice.