Chasses en Afrique. — De Port-Natal aux chutes du Zambèse/05

DU NATAL AU ZAMBÈSE.

1860.


Chute de cheval. — Personnel de l’expédition. — Région nouvelle. — Poursuite de trois élans. — Tué un oryx. — Chargé par un éléphant. — Ce qu’est la chasse à l’éléphant. — Poursuite d’une girafe au milieu des rochers. — Cataractes du Zambèse. — À l’afût. — Sérénade. — Chasse au lion.

17 avril. — Je suis actuellement à quatre cent cinquante milles du Natal. Jusque-là tout s’était bien passé ; aujourd’hui, en chassant le zèbre, mon cheval a mis le pied dans un trou, et m’a fait deux ou trois culbutes sur le corps. Je suis tout meurtri ; mon couteau et mes balles, que le poids de Midnight m’avaient enfoncées dans les côtes, sont ce qui m’a fait le plus souffrir. Néanmoins, rien de tout cela n’est grave, et j’espère remonter à cheval d’ici à quelques jours ; mais pendant les dix premières minutes j’ai cru que c’était fini. Depuis notre départ, nous avons eu bonne table : canards sauvages korans et gangas que m’a fait tuer ma petite Juno ; c’est toujours une bête inappréciable. Cette année, d’ailleurs, je suis bien monté en chiens ; Ponto, un vieux madré plein d’expérience, est presque aussi bon que Juno ; et Painter, Gyp, Wolf et Captain sont parfaits pour la grosse bête. Avec cela j’ai cinq chevaux, six Cafres, un Hottentot, cent livres de poudre et cinq cent livres de plomb ; me voilà en mesure d’aller n’importe où ; je n’ai plus qu’à suivre mon humeur aventureuse.

18 mai. — Nous entrerons demain dans une région nouvelle ; pas un de nous qui en ait même entendu parler. Mon projet est d’aller droit au nord ; chaque fois que j’en trouverai l’occasion, je m’emparerai d’un indigène qui nous servira de guide. C’est une vie émouvante, pleine d’espoir et de déceptions, de plaisirs et d’angoisses, de succès et de revers ; elle a des charmes irrésistibles ; mais elle exige un esprit résolu, de l’énergie et de la persévérance.

J’ai acheté du grain tant que j’ai pu en emporter, une quantité de chèvres, et j’ai fait une masse de saucissons.

Avant-hier j’ai frappé deux tssessébés du même coup ; l’un a été tué raide, le second a eu la jambe cassée ; a pris l’eau, et les chiens l’ont abattu.

Aujourd’hui, un élan superbe, une femelle grasse, a été réduite aux abois. Je suis revenu peu de temps après avec January et sept indigènes ; une piste récente fut bientôt découverte et nous fit décrire un cercle régulier. Malgré le profond silence que nous avions gardé, les élans avaient senti notre approche et s’étaient enfuis à toutes jambes, comme le témoignaient leurs empreintes. January mit son cheval au galop, conserva cette allure, autant que le permit l’état du fourré, et suivit les traces d’une façon miraculeuse pendant trois ou quatre milles. J’étais derrière lui, monté sur Férus, qui commençait à respirer bruyamment ; January galopait toujours, malgré l’épaisseur du bois, et je finis par avoir trois femelles en vue.

Mes compagnons avaient fait leur devoir ; c’était maintenant à moi de prendre la tête. Je me contentai d’abord de suivre de loin mes trois élans pour que mon cheval reprît haleine ; puis, arrivant à une éclaircie, je lâchai la bride à Férus, qui partit comme une flèche.

Conduit par les trois bêtes au milieu des trappes à gibier, creusées par les naturels, je dirigeai mon cheval du côté où la palissade était le plus épaisse ; c’était celui qui offrait le moins de danger. Férus, bondissant comme un cerf à travers une lande couverte de broussailles, alla droit à la meilleure des trois femelles qu’il sépara des autres, et que je tuai sans quitter l’étrier.

4 juin. — Hier, en cherchant des harrisbucks, dont j’avais aperçu les traces, le hasard m’a fait découvrir un étang ou viennent boire d’immenses troupes de buffles, et auquel aboutissaient vingt pistes au moins de rhinocéros et d’autres animaux. J’aurais aimé à faire une veillée sur ses bords ; mais j’étais déjà en arrière des wagons ; il a fallu partir ; sans cela quel plaisir j’aurais eu !

13 juin. — Belle et bonne chasse ! deux beaux échantillons d’espèces rares : un oryx[1] et une antilope rouane, plus une girafe grasse. C’est à mon cheval que revient tout l’honneur de la chasse à l’oryx, antilope qui a la vitesse et le fonds d’une machine à vapeur. J’étais dans une plaine immense, et ne pensais pas a rejoindre la bande, lorsque je m’aperçus qu’évidemment les antilopes perdaient haleine.

Oryx ou gemsbok.

Mon cheval, au contraire, était vigoureux et frais ; je le ménageai pour le coup décisif, cherchai les plus belles cornes, jetai mes vues sur une femelle d’une beauté splendide et qui, au moment où je lâchai la bride à Férus, était au moins à mille pas. L’allure fut effrayante ; je tirai et faillis piquer une tête par-dessus mon oryx, qui tomba tout à coup sous les naseaux de mon cheval.

Ramshua, 29 juin. — J’ai vu enfin cinq éléphants. Ayant choisi le plus gros, je l’ai séparé des autres, et lui ai tiré mes deux coups. Peu de temps après il s’est retourné (à peine était-il à quarante pas) et a chargé d’une manière terrifiante. Kébon, un nouveau cheval que je montais pour la première fois, resta ferme comme un roc. Je voulais envoyer à l’éléphant une balle dans la poitrine, mon coup de prédilection ; mais dès que j’essayais de mettre le fusil à l’épaule, Kébon encensait et m’empêchait de viser.

Tandis que je m’efforçais de le calmer, l’éléphant chargea de nouveau ; je tirai à l’aventure, et soit que la balle lui eut sifflé désagréablement à l’oreille, soit un motif que j’ignore, mon cheval secoua la tête avec tant de force, que la rêne gauche passa du côté opposé, la gourmette se détacha, et le mors lui tourna dans la bouche.

Chasse à l’éléphant.

Le colosse n’était plus qu’à vingt yards ; il avançait, les deux oreilles dressées et mouvantes, et sonnait de la trompe avec fureur. Ne pouvant conduire mon cheval qu’avec mes éperons, je lui labourai les flancs d’une manière sauvage. Au lieu de se détourner, Kébon s’élança vers le monstre, et je me crus à ma dernière minute. Je me rejetai aussi loin que possible, fus effleuré par la trompe, et je tirai à bout portant. Nouveaux coups d’éperons, nouvel élan de mon cheval, qui s’arrêta devant trois bauhinias, formant un triangle : je lui creusai la chair ; il passa, me heurta l’épaule avec tant de violence contre l’un des arbres, qu’il s’en fallut de bien peu que je fusse désarçonné ; et mon bras droit, lancé derrière le dos, vint me frapper le côté opposé. Je ne sais pas comment j’ai pu conserver mon fusil, un poids de quatorze livres, n’ayant pour le tenir que le doigt du milieu, passé dans la garde de la détente. La bride m’était restée dans la main gauche, où elle se trouvait heureusement lorsque j’avais tiré.

Nous allions ainsi, galopant à toute vitesse à travers une forêt emmêlée, dont le sous-bois, composé presque entièrement d’attends-un-peu, était franchi par Kébon, qui sautait comme une chèvre. L’éléphant nous suivait toujours de près ; je finis cependant par l’éloigner ; il se retourna et s’enfuit d’un pas rapide.

Aussitôt que je pus arrêter mon cheval, ce à quoi je ne parvins qu’après lui avoir fait décrire deux ou trois cercles, je mis pied à terre, rebridai Kébon, et courus comme le vent à la poursuite de la bête qui avait une longue avance, et que je craignais de ne plus retrouver.

Après avoir subi trois nouvelles charges, dont la dernière fut longue et silencieuse, d’autant moins plaisante que mon cheval essoufflé conservait à grand-peine la distance qui le séparait de l’éléphant, celui-ci, auquel j’avais envoyé dix balles, tomba enfin pour ne pas se relever. J’étais à bout de force depuis longtemps, et ne pouvais même plus amorcer mon fusil.

Couvert d’épines et de meurtrissures, à demi mort de soif, je dessellai Kébon, lui attachai son licol au genou, et m’étendis sous un arbre. J’ignorais complétement où je pouvais être : en vain criai-je de toutes mes forces et tirai-je des coups de fusil dans l’espoir de faire arriver les Masaras, je ne vis personne. Pour comble d’infortune, mon cheval s’échappa, il me fallut suivre ses traces, faire un mille avant de le retrouver, et revenir sur mes pas, chose difficile. Enfin apparut January, accompagné des Masaras ; il prit la tête de la bande, et, trottant d’un pied leste, il me ramena aux chariots, où nous arrivâmes au coucher du soleil.

Chasser l’éléphant est la vie la plus dure qu’un homme puisse se créer. Deux jours de suite à cheval pour se rendre à un étang où l’on vous a dit que la bande est allée boire, coucher dans la forêt, n’avoir rien à manger, s’abreuver le matin d’une eau vaseuse puisée dans une carapace de tortue, qui sert d’écuelle et qui est grasse. Remettre le pied à l’étrier, suivre la piste, par une chaleur dévorante, derrière trois Masaras à demi morts de faim, mal vêtus des haillons graisseux d’une peau de bête, chargés d’une panse de couagga renfermant le peu d’eau qui doit vous faire supporter la soif (tout ce qu’il y a de plus nauséeux), et souvent ne rien voir. S’estimer heureux lorsque, n’en pouvant plus, on trouve un kraal, c’est-à-dire un camp de Masaras : des hangars provisoires, à demi couverts de chaume, d’une ignoble saleté, quelques fagots d’épines dressés contre le vent, des tranches de venaison, à demi putréfiées, séchant au soleil, des vases remplis d’eau, des lambeaux de pelleterie suspendus aux branches voisines. Votre fidèle after rider apporte deux ou trois brassées d’herbe, les étend dans un coin, il pose votre selle en guise d’oreiller, et là, couché tout près d’un feu de bois vert, dont la fumée vous passe au-dessus du corps et tient les moustiques à distance, vous courtisez le sommeil jusqu’à la venue du jour. Si, après une nouvelle course du même genre vous apercevez la bête, et que la chasse soit heureuse, tout s’est passé dans les meilleures conditions possibles.

8 juillet. — Après en avoir longuement délibéré, je suis résolu à marcher droit au nord, en dépit de la soif, de la tsésté, des buissons vénéneux qui abondent dans la forêt, en dépit de tous les obstacles. J’ai un tel désir de gagner le Zambèse et de voir la grande chute, qu’il n’y a pas de difficultés qui me retiennent. Je ne me dissimule aucun des dangers qui m’attendent, je risque mes chevaux, mes bœufs, mes chiens, et cependant je veux partir ; quelque chose m’entraîne ; je suivrai ma destinée bonne ou mauvaise ; voilà déjà trois jours que nous marchons dans cette voie périlleuse, et sans le moindre accident.

Passé la nuit au bord de l’eau et fait bonne chasse. Les buffles arrivèrent en foule ; j’étais dans une fosse située contre le vent ; j’ai bien tiré ; cinq bêtes magnifiques sont restées sur le terrain ; une sixième est allée mourir à un mille, et beaucoup d’autres se sont rembûchées qu’on aurait pu avoir aujourd’hui. Toutefois, comme il y en a suffisamment, je ne me suis pas donné la peine de courir après eux.

Ce n’est pas une simple boucherie, ainsi qu’on pourrait le croire ; la récolte a manqué par suite de la sécheresse ; les Malakakas meurent de faim, et c’est joindre la charité au plaisir que de leur procurer de la viande ; rien n’est perdu, pas même un débris de peau.

2 août. — Hier, après être sorti depuis le matin sans rien voir, j’aperçus, au coucher du soleil, une girafe mâle qui débouchait à un demi mille du camp. Aussitôt Badwin fut sellé et nous partîmes. La chasse fut un casse-cou perpétuel au milieu de blocs erratiques où m’entraînait la bête. Je fis ainsi trois milles au clair de lune, pressant mon cheval le plus possible ; mais il ne galopait qu’en tremblant. À la fin, la girafe elle-même fut obligée de ralentir ses bonds énormes, tant les quartiers de roche devenaient difficiles à franchir. Me trouvant au contraire dans un endroit plus pratiquable, je lançai Batwin, fus à côté de la bête avant qu’elle eût repris sa vitesse, et la tuai raide, à ma vive satisfaction. J’avais la plus grande envie de partir, et ne pouvais pas m’éloigner du camp sans y laisser de la viande.

11 août. — J’arrive des cataractes du Zambèse, je les ai vues, examinées de tous les côtés, contemplées pendant trois jours ; rien ne saurait exprimer leur grandeur. Charles Livingstone, qui a longtemps habité l’Amérique, affirme qu’elles sont bien supérieures de tout point à celles du Niagara. J’en étais à plus de dix milles, que je les entendais rugir ; bientôt j’ai aperçu les immenses colonnes de vapeur dont la masse blanche est couronnée d’arcs-en-ciel. Où je me suis arrêté, le Zambèse n’a pas moins de deux milles de large ; des îles nombreuses l’émaillent de verdure. La plus grande est boisée jusqu’à la rive : un bouquet de baobabs (des tiges de quatre-vingts pieds de circonférence), d’où s’élèvent des palmyras et des dattiers sauvages. Mais revenons aux cataractes : un saut perpendiculaire de plusieurs centaines de pieds, effectué par trente ou quarante nappes de différentes largeurs, qui s’engouffrent dans une crevasse d’au moins deux mille pas, et dont l’issue n’en a pas plus de quarante. Les courants se rejoignent, tourbillonnent, s’entrechoquent et se ruent avec furie au travers de la passe. Vue d’en haut, à l’endroit de cette formidable rencontre, la gorge présente le plus magnifique tableau. Des torrents de flammes sulfureuses s’élèvent de l’abîme jusqu’aux nuages. Une pluie incessante arrose la hauteur qui domine l’autre bord ; les rochers y sont glissants ; la terre, détrempée, y est revêtue d’une herbe toujours verte où viennent paître l’hippopotame, le buffle et l’éléphant.

J’ai suivi le défilé où bondit le Zambèse en aval des chutes : une succession de ravins, de montagnes, d’éboulis de rochers, tout ce qu’il y a de plus affreux pour la marche. Au fond de cette effroyable gorge, le fleuve ne paraît pas plus large qu’un torrent gonflé des Highlands ; qu’on juge de sa profondeur ! Il n’y a bien qu’une issue, et il est merveilleux qu’un pareil volume d’eau puisse s’écouler par un si petit espace.

J’ai canoté sur le fleuve, pendant trois jours, dans toutes les directions ; j’y passerais la moitié de ma vie. Un arbre de l’île qui touche aux cataractes porte les initiales du docteur Livingstone, j’ai eu l’honneur de graver mon chiffre immédiatement après le sien, étant, si j’en excepte les compagnons du célèbre missionnaire, le second Européen qui ait vu ces chutes, et le premier qui m’y sois rendu de la côte orientale.

Dans la description qu’il en a faite, Livingstone est resté bien au-dessous de la vérité ; la crainte d’exagérer l’a induit en erreur, il avoue, du reste, qu’il est mauvais juge en fait d’espace. Chez moi, au contraire, le coup d’œil est exact ; pour acquérir cette rectitude, j’ai constamment étudié les distances depuis de longues années, mettant à profit tout ce qui pouvait m’en fournir l’occasion. Je n’ai presque jamais tiré en plaine sans estimer d’abord le nombre de pas qui me séparaient de la pièce, nombre que je vérifiais ensuite ; et je suis arrivé de la sorte à me faire une idée juste de l’éloignement. Il est étonnant de voir à quelle distance, en dehors de la portée des balles, ceux qui n’ont pas cette habitude attaquent le gibier de ce pays-ci ; l’atmosphère, dans cette région, est tellement transparente, que les objets lointains y paraissent beaucoup plus près qu’ils ne le sont réellement.

Tout s’est bien passé pendant mon absence. La veille de mon départ, vers le soir, je tombai sur une troupe d’éléphants ; il ne restait plus qu’une heure de soleil, je n’avais pas de temps à perdre, cette région n’ayant presque pas de crépuscule. J’étais bien monté, je partis à toute bride, et, tirant avec fougue et de très-près, je tuai cinq bêtes avant que la nuit fût close. Toutefois la mieux armée m’a échappé ; elle a reçu ma balle exactement à l’endroit voulu, et je ne crois pas qu’elle soit allée bien loin ; mais elle est morte sans bénéfice pour moi. Je me promettais bien, en revenant, de faire de nouvelles conquêtes ; mais je suis resté deux jours à cheval sans rien trouver ; les éléphants sont peu communs, on doit en profiter quand par hasard, on en rencontre. Il est rare, néanmoins, d’en tuer cinq en moins d’une heure. Un chacal gris, dont la queue orne mon chapeau, et un superbe mâle d’antilope ronane ont complété cette chasse, la plus belle que j’aie faite de l’année.

9 septembre. — Me voilà tout démonté ; Snowdon est mort, Kébon a le pied tellement plat qu’il ne vaut rien dans les pierres, et il boîte à ne pouvoir courir. Enfin mon pauvre Férus, le meilleur de mes chevaux, est tombé dans une fosse où un épieu lui a traversé la poitrine. Que de services ne m’a-t-il pas rendus ! Un buffle que j’essayais de ramener vers le camp, après l’avoir blessé, fondit sur moi avec rage. Férus était le seul qui pût me sortir de là sain et sauf ; il eut, pendant cent yards, la bête furieuse sur les talons. Quand cette bête enragée ne fut plus qu’à six pieds de la croupe de mon cheval, profitant d’une éclaircie, je me retournai à demi sur la selle ; j’envoyai au buffle un coup de fusil qui lui perça l’oreille droite et lui rasa l’échine sans lui faire aucun mal. Néanmoins il abandonna la poursuite, je rechargeai, mis pied à terre, et cette fois, ma balle lui traversant les poumons, le buffle tomba pour ne plus se relever.

Balwin poursuivi par un buffle.

Tout cela s’était passé dans le fourré d’attends-un-peu, et mes habits me furent littéralement arrachés. Mais il n’y avait pas de viande au camp, il n’était pas probable qu’on pût s’en procurer bientôt, et c’est pour cela que je ne renonçais pas à mon buffle, chose téméraire, car c’est un animal qui ne se laisse pas poursuivre.

20 septembre. — L’autre jour la cheminée de mon fusil est restée dans le tourne-vis, j’ai eu beaucoup de peine à l’en faire sortir ; mais enfin j’y suis parvenu sans l’avoir endommagée. Pendant que j’étais en train j’ai coulé trois livres de plomb dans la crosse, afin d’amoindrir le recul ; j’ai la joue droite en capilotade, y compris la mâchoire ; à tous les coups, le sang me ruisselle dans la bouche. Il faut des charges énormes pour le gibier sud-africain ; six drachmes (vingt-deux grammes) sont la plus faible dose, et cette année ma poudre est excellente.

Cette nuit j’ai veillé au bord de l’eau, moins avec l’espérance de tuer quelque chose, que pour rassurer Boccas. Le pauvre homme avait eu si grand’peur la nuit précédente, qu’il en était presque fou. Il s’était creusé une fosse de neuf pieds de long sur deux et demi de large, qu’il avait recouverte de grosses branches, d’une masse d’herbe, d’une couche de terre, et s’y était fourré pour attendre les éléphants qui viendraient boire. Une femelle l’ayant senti se précipita vers l’ouverture de la fosse, y passa la trompe et fouilla de tous les côtés pour le saisir. Blotti à l’autre bout du couloir il ne fut pas atteint ; mais si la bête, au lieu de se tenir à l’entrée de la cachette, avait écarté les branches qui la recouvraient, c’en était fait du chasseur. Boccas affirme que cette fouille a duré cinq grandes minutes ; et malheureusement il ne pouvait tirer la bête qu’au pied ou à la trompe, seuls points qu’il aperçût.

Chasse de nuit. — Dessin de Janet-Lange d'après Baldwin.

Pour moi, j’ai été plus heureux ; entendant boire l’éléphant, je sortis de ma cachette avec précaution ; la bête se retourna lorsqu’elle se fut désaltérée, et je lui envoyai, à douze pas, une balle qui l’atteignit derrière l’épaule avec tant de force qu’elle en fut traversée. Nous l’avons retrouvée ce matin à mille pas du bord de l’eau.

J’ai le visage tellement noir et meurtri, que mon ami le plus intime aurait de la peine à me reconnaître. C’est de votre faute, me dira-t-on ; mais que voulez-vous ? dans ces chasses nocturnes vous n’avez qu’un seul coup à tirer ; si vous n’en profitez pas, vous avez fait cette longue veillée pour rien ; autrement elle peut être fort productive. Un chef makalaka est venu me prier l’autre jour de tuer quelques bêtes pour lui et ses sujets ; ils fuient la colère de Mossilskatsi et meurent de faim. Boccas leur a tué vingt-trois pièces, dont trois antilopes noires d’une seule balle, fait extraordinaire au clair de lune, et moi dix-sept, parmi lesquelles deux éléphants, quatre rhinocéros et quatre buffles ; il n’en reste plus vestiges. Ces pauvres gens se sont rassasiés, et sont partis avec une bonne provision de beultong (viande séchée au soleil). C’est ainsi que les riverains de la Zouga et du lac Ngami ont détruit le gibier dans leurs parages, en allant se placer, chaque fois qu’il fait de la lune, aux différents endroits où les animaux vont boire, maintenant que de la baie de Walvish on leur apporte des fusils et des munitions.

Je n’aime pas l’affût, à moins que les circonstances ne l’exigent ; il est rare que j’approvisionne ma bande autrement que par une chasse loyale, au grand jour, et à travers plaine et bois. L’affût, d’ailleurs, n’est pas toujours heureux. J’étais, dans la nuit du 14, près d’une fontaine appelée Zebizèna, où l’on m’assurait que des éléphants venaient boire. Je n’y ai trouvé que de pauvres gens qui mouraient de faim, et depuis lors j’ai toujours été malade. Ce n’est pas que les éléphants aient manqué au rendez-vous ; il y avait longtemps que j’entendais un bruit sourd ; à la fin les branches se sont cassées, et la troupe est arrivée d’un pas rapide et retentissant, composée d’individus qui marchaient à la file les uns des autres. Elle s’est arrêtée à quarante pas de ma cachette ; les colosses ont puisé l’eau avec leur trompe et l’ont versée dans leur gosier, où elle est descendue avec un glouglou sonore. J’ai envoyé mes deux balles au plus gros de la bande, et tous ont disparu en un clin d’œil. Il vint alors une foule innombrable d’hyènes, et ce furent des cris de démons, des luttes acharnées, des courses folles, un sabbat infernal. Jamais je ne les ai vues dans un pareil délire ; je ne devine pas quelle en était la cause. Des lions rugissaient à peu de distance ; j’espérais les voir, mais ils s’éloignèrent sans paraître.

Concert infernal. — Dessin de Janet-Lange d’après Baldwin.

Nanta, 19 octobre. — Il y avait ici une bande de dix-sept macreuses ; je les ai tellement persécutées, que les quatre qui restent sont d’une défiance peu commune ; au moindre bruit elles se jettent sous la berge opposée au vent et disparaissent avec la rapidité de l’hirondelle.

N’oublions pas de noter quelques chasses au lapin, qui, plus que toute autre chose, m’ont rappelé l’Europe. Les lapins sont les mêmes sur toute la terre, et la chasse en est partout fort amusante. Ceux que je tue ici ne diffèrent en rien de l’espèce anglaise, mais ils n’ont pas de terrier ; je les ai toujours vus gîter découvert. Il m’a d’abord été difficile de les atteindre ; j’ai fait chou-blanc les deux première fois, je leur donnais trop d’avance ; mais la troisième j’en ai tué dix.

Pontac, un bœuf que j’avais dressé moi-même et qui était mon favori, a reçu une assegaye de quelque Masara ; j’ai recousu les bords de la plaie, et j’espère le guérir, à moins que le fer n’ait été empoisonné. Lui et Claret, son camarade, ainsi nommée de la couleur de son poil[2], forment bien la plus belle paire de zoulous que j’ai jamais vus ; il est impossible d’avoir de meilleures bêtes de trait.

Quelque mornes et solitaires qu’elles soient, je viens à bout des journées ; mais les nuits sont affreuses. Le vent décline en même temps que le soleil, il cesse avec le jour ; vous ne respirez plus, et l’atmosphère est envahie par des nuées de moustiques. On a de la peine à supporter la moindre guenille, et je suis là, couché sur le dos, frappant à droite, à gauche, en avant, en arrière, partout, les écrasant à poignées sans diminuer le bourdonnement et les piqûres ; implorant le ciel pour que le vent se lève, n’aspirant qu’à être au matin, et sortant du chariot pour regarder les étoiles et savoir quand la nuit doit finir. Alors même que je me résigne à étouffer, je ne suis à l’abri de cette engeance, dont le suçoir traverse l’étoffe, qu’en soulevant la couverture avec les genoux et les coudes. Les nuits calmes sont ce que je redoute le plus au monde ; il y a des instants où je donnerais tout ce que je possède pour un coup de vent qui nous débarrasserait des moustiques.

Il y a une heure et demie environ, January est accouru en me disant : Monsieur ! une autruche qui arrive ! J’ai jeté la plume, pour prendre mon rifle, et rampant sous la berge, dans l’espérance que l’animal viendrait boire, je l’ai suivi parallèlement pendant trois milles à peu près ; mais je suppose qu’il avait bu, car il est resté à plus de six cents pas de la rivière…

24 octobre. — Pas de nouvelles du chariot ; voilà plus de trois semaines que j’attends ; je n’ai plus ni à boire ni à manger, et les moustiques me privent de sommeil. Je suis tout défait, tout ridé ; si j’en crois mon télescope, qui me sert de miroir, j’ai la figure d’un vieillard. Presque plus d’épices ; je garde le peu de café qui me reste pour me tenir éveillé pendant les chasses de nuit. Il faut bien aller à l’affût ; impossible de parcourir dans le jour la plaine ardente ; un vent qui vous dessèche, un soleil qui vous grille, des sables qui vous brûlent. L’eau devient de plus en plus salée, répugnante pour l’odorat, aussi bien que pour le goût ; et le gibier qui restait a fini par déguerpir.

À force de persévérance j’ai réduit à deux le chiffre des macreuses, et j’ai tué, au point du jour, le dernier lapin qu’il y eût dans un rayon de huit milles.

La pluie ne vient pas ; les nuages qui me donnaient un peu d’espoir ont disparu.

27 octobre. — J’ai poursuivi hier une autruche, mais sans le moindre succès ; la réverbération du soleil par le sable était trop forte ; les yeux me cuisaient et je me sentais pris de vertige. Malgré cela j’approchai de la bête, mais je tremblais comme un paralytique ; je l’ai manquée, cela va sans dire. Il était deux heures, je n’avais encore rien pris. J’ai déjeuné d’un talo cru, espèce de tubercule ayant la pulpe molle, douce et acqueuse, et l’ai arrosé d’eau claire, tirée d’une panse de couagga. Horrible chose que de boire à pareil vase, et qui exige beaucoup d’adresse ; mais grâce à l’évaporation l’eau y est d’une fraîcheur remarquable, et par le soleil le plus ardent.

Chasse à l’autruche.

4 novembre. — Par une chance inattendue, car je ne croyais pas qu’il y eût dans les environs une seule pièce de gibier, nous avons tué, depuis quelques jours, six antilopes, dont un élan, une rouane et un gnou bleu, deux rhinocéros et un couagga ; plus un lion, dont la chasse vaut la peine d’être racontée et que j’ai gardée pour la fin.

Vendredi le vieux capitaine des Masaras vint me faire une visite ; il avait vu un lion sur sa route et avait laissé une partie de ses gens pour le surveiller. Je travaillais au soleil depuis le matin, à faire un timon de chariot ; je n’en pouvais plus, j’étais boiteux, j’avais la main tremblante, et ne me sentais pas disposé a faire un coup d’adresse. Néanmoins je donnai l’ordre de seller Férus qui lui-même n’était pas des plus frais, ayant dans la matinée couru, à fond de train, derrière un élan maigre.

J’aperçus bientôt vingt-cinq Masaras qui, chargés de leurs asségayes et de leurs boucliers, étaient accroupis dans la plaine ; au même instant mon regard fut attiré par un crâne humain dont la vue me frappa comme un sinistre présage ; il me vint à l’esprit que le mien pouvait être destiné à blanchir au même lieu ; toutefois je ne permis pas à cette pensée d’ébranler mes nerfs, et je continuai ma route. Le lion avait décampé ; les Masaras prirent ses traces, et le firent déboucher à deux milles environ du point de départ. Je ne le vis pas d’abord ; mais ayant pris la direction que m’indiquaient les dépisteurs, je ne tardai pas à le découvrir. Il se laissa poursuivre pendant environ mille yards, car il était loin de moi ; puis s’arrêta dans un épais hallier. Je mis pied à terre, lorsqu’il n’y eut plus entre nous qu’une soixantaine de pas, et tirai sur lui ; je n’apercevais que la ligne supérieure de son corps, et il tomba si instantanément, que je pensai l’avoir tué raide. Je remontai à cheval, rechargeai, décrivis un demi-cercle, et me levai sur les étriers pour voir ce que le lion était devenu. Je l’avais manqué ; ses yeux brillaient d’un tel éclat, il était couché si naturellement, n’ayant de dressé que les oreilles, d’un noir sombre vers la pointe, que cela ne faisait pas le moindre doute.

Je me trouvais à quatre-vingts pas de lui, une immense fourmilière était devant moi, à quinze yards ; je pesai les chances que pouvait me donner ce monticule, et je venais d’ébranler mon cheval pour m’en rapprocher, lorsque le lion, rugissant avec fureur, et venant à bondir, fit pirouetter Férus qui s’enfuit ventre à terre.

Mon cheval était rapide ; il avait forcé l’oryx ; mais l’allure du lion était effrayante.

Penché en avant, les éperons dans les flancs du cheval qui volait sur un terrain ferme, uni, excellent pour la course, je jetai les yeux derrière moi. Le lion avançait : deux bonds pour un des miens ; je n’ai rien vu de pareil, et ne désire pas le revoir. Me retourner sur la selle et tirer me vint à l’esprit ; trois enjambées nous séparaient. Au lieu d’appuyer sur la détente, j’imprimai une vive secousse à la rêne gauche, en même temps que j’enfonçais l’éperon du côté droit. Férus fit un violent écart, et le lion passa, me heurtant l’épaule avec tant de force que je fus obligé de saisir l’étrivière pour me retrouver en selle.

Le lion me heurta l’épaule. — Dessin de Janet-Lange d’après Baldwin.

Immédiatement le lion ralentit sa course. Dès que je put arrêter Férus, chose malaisée dans son état d’excitation, je sautai à bas, et fis un coup digne d’éloges. Il ne m’appartient pas de le dire ; cependant c’était beau si l’on considère l’épreuve à laquelle je venais d’être soumis ; je brisai la patte gauche du lion à cent cinquante pas juste à la lisière du fourré.

Craignant de le perdre, — les Masaras fuyaient, le bouclier sur la tête, et pour rien au monde ils n’auraient voulu reprendre la piste, — je ressautai à cheval, et partis d’une allure folle. Le lion bondissait rapidement sur trois pattes ; je le gagnai néanmoins, et quittai la selle à quarante pas derrière lui. Mon coup l’ayant frappé à la naissance de la queue, lui brisa l’épine dorsale ; il se traîna sous un buisson, rugit d’une manière effrayante, et je lui mis encore deux balles dans la poitrine avant de le réduire au silence.

C’était un vieux lion, gras et féroce ; dont les énormes griffes jaunes étaient émoussées et réduites à quatre aux deux pattes de devant.

Le noir pressentiment qu’avait fait naître en moi la vue de ce crâne avait été bien près de réaliser.

Pourquoi l’homme risque-t-il sa vie sans y avoir aucun intérêt ? C’est un problème que je n’essayerai pas de résoudre. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on trouve dans la victoire une satisfaction intérieure qui vaut la peine de courir tous les risques, alors même qu’il n’y a là personne pour y applaudir.

Je voudrais avoir la puissance descriptive du Masara qui fit à ses camarades le récit de l’aventure ; jamais acteur ne m’a fait assister à pareille fête. Je ne comprenais pas un mot de son discours ; mais ses attitudes, ses gestes, sa physionomie étaient d’une prodigieuse éloquence. Ses yeux lançaient des éclairs, des flots de sueur l’inondaient, et j’eus le frisson quand il se mit à rugir. Impossible de mieux peindre l’effroi du cheval, sa course effrénée, ma pose, mes coups d’éperons, l’écart de Férus, tous les incidents de la chasse. J’eus le plaisir de voir qu’il me plaçait au plus haut de son estime ; les Masaras, depuis lors, me comblent d’attentions ; ils m’apportent de l’eau et du bois sans que je leur demande. »

Antilopes coudous. — Dessin de Janet-Lange d’après Baldwin.

La route se continua au milieu de privations et de fatigues plus grandes que jamais. Une partie de la bande était restée en arrière pour chasser l’éléphant : on ne savait ce qu’elle était devenue, et les plus vives inquiétudes se joignaient aux souffrances du voyage. Vers la mi-novembre, Kébon et Férus, guéri de son affreuse blessure, étaient dévorés par les lions ; Gyp, la compagne de Juno, avait été enlevée par un léopard, et à mesure qu’on avançait, les quelques hommes qui restaient au chasseur rentraient dans leurs foyers.

Malgré cela Baldwin atteignait le Mérico en temps voulu, arrivant à Durban au mois de lévrier 1861, y recevait bientôt ses fidèles chasseurs, qui ne s’étaient fait attendre si longtemps que pour lui rapporter plus d’ivoire, et s’embarquait pour l’Angleterre un mois après leur retour.

Baldwin.



  1. Oryx du Cap, gemsbok des Hollandais, belle antilope, de la taille de l’âne, dont elle a presque la nuance, disent Cumming et Harris. Toutefois, sa robe d’un buffle vineux (Smith), a quelque tendance à virer aux zébrures ; une bande noire s’étend de la nuque à la croupe, où elle s’élargit angulairement, et la tête est rayée de manière à figurer un licol ; une large raie noire, placée au-dessus du genou, remonte sur le bras, traverse le flanc et se termine sur la cuisse par une plaque angulaire, à la hauteur du jarret. Une tache noire se voit en outre sur les jambes, dont la partie inférieure est blanche. La poitrine, le ventre, une portion de la tête et les oreilles sont également de cette dernière couleur. La queue, épaisse et noire, balaye la terre ; la crinière est droite, suivant Cumming, renversée, d’après Smith et Harris (ce qui prouverait que l’une et l’autre se rencontrent), et un bouquet de poils noirs et flottants orne la gorge. Les cornes, d’un mètre de longueur, s’incurvent légèrement en arrière et s’effilent avec élégance ; elles portent de vingt-cinq à trente anneaux à la base, et sont tellement parallèles, que, vues de profil, elles se recouvrent entièrement, d’où certains auteurs ont supposé que l’oryx avait donné lieu à la fable de la licorne. L’oryx fait bon usage de ces armes défensives, et plus d’une fois on l’a trouvé mort à côté du lion qu’il avait transpercé, et dont il n’avait pu retirer ses dagues.

    Chose étrange, la femelle est non-seulement armée ainsi que le mâle, ce qui est rare, mais c’est elle qui a les cornes les plus longues. Habitant du désert, l’oryx du Cap se trouve principalement dans les karrous et les plaines découvertes du pays des Namaquois. Il prospère dans ces lieux arides, où parfois, dit Cumming, il semblerait qu’une sauterelle ne pourrait pas vivre. Ce chasseur est persuadé que l’oryx ne boit jamais ; il est probable que l’extrême vitesse de cette antilope lui permet d’aller gagner les étangs ou les rivières toutes les fois qu’elle est pressée par la soif. Trop défiant, trop rapide pour être approché, vivant de plus en des lieux où il est difficile au chasseur de dissimuler sa présence, l’oryx n’est jamais stalked (chassé à la rampée). On le poursuit à cheval, et on le force rarement, car sa vigueur est égale à sa vitesse. « Je ne me rappelle pas, dit Cumming, avoir atteint l’oryx plus de quatre fois, quand j’étais seul, et je montais alors la fleur de mon écurie. Le plan que j’avais adopté, et que suivent généralement les boërs, consistait à placer mes Bushmen (excellents jockeys, petits et légers) sur des chevaux d’un grand fond, et de les convertir en lévriers, avec lesquels je courais l’oryx, comme en Écosse, nous poursuivons le cerf avec de rudes limiers. Lorsqu’on est familiarisé avec le pays, et que l’on sait la direction que prendra la bande, on peut la cerner en faisant un circuit de plusieurs milles tandis que l’after rider (cavalier de suite) reste au point où la troupe doit arriver. Quand elle approche, l’homme apposté la rabat violemment du côté du chasseur, et celui-ci tire au passage l’un des oryx haletants et déroutés. Ce moyen est aussi employé à l’égard de l’autruche, qui habite les mêmes lieux.

    (Note du traducteur.)

  2. Roux vineux (claret signifie : vin de Bordeaux), nuance qui est celle de presque tous les bœufs zoulous. Cette race dont les cornes, de moyenne grandeur, décrivent la moitié d’une ellipse, et redressent leur pointe aiguë, est inférieure, pour la taille, aux bœufs dits afrikanders (africains) ; elle est d’une vivacité qui arrive à la pétulance, à la culotte ronde, et fut introduit en 1840 dans la colonie du Cap.
    (Note du traducteur.)