Chants populaires de la Basse-Bretagne/Françoise Hélari



FRANÇOISE HÉLARI
________


I

Comme j’étais dans mon jardin à me promener,
Ma sœur vint et me dit ;
Ma sœur vint et me dit,
Que Françoise Hélari était une jolie fille.

Pourtant, je ne la crus pas,
Et j’allai moi-même la voir ;
J’allai moi-même la voir,
Pour son malheur et pour le mien.

— Bonjour et joie dans cette maison,
Où est Françoise Hélari, que je ne la vois ?
— Françoise Hélari est allée à Saint-Brieuc,
Pour apprendre le français.

Le jeune baron disait
Au vieux Hélari, ce jour-là :
— Faites-moi voir votre fille,
Ou je vous tuerai sur l’aire de votre maison !

Françoise Hélari a entendu,
Et elle a descendu l’escalier ;
Elle a descendu l’escalier
Et a salué le jeune baron.

Puis elle déploya une nappe blanche
Et mit dessus une miche de pain,
Bouteille de vin rouge et de vin blanc,
Et des tasses d’argent, pour y verser (à boire).

— Mangez, buvez, faites bonne chère,
Moi, je vais chercher de l’eau au puits de mon père.
Françoise, si vous allez chercher de l’eau,
Moi, j’irai aussi, pour vous aider.

Et il l’emmena dans sa maison,
En dépit de sa mère et de son père ;
En dépit de sa mère et de son père,
C’était pour eux un crêve-cœur.

……………………………………………………………

Françoise Hélari disait,
En arrivant chez son père :
— Faites-moi mon lit, afin que j’aille dedans,
Et jamais je ne m’en relèverai ;

Jamais je ne m’en relèverai,
Si ce n’est une seule fois, pour m’ensevelir !…
……………………………………………………………

II

Le jeune baron disait,
Un jour, à son petit page :
— Va chez Françoise Hélari,
Et demande de ses nouvelles…

Le petit page disait
Au baron, en arrivant à la maison :
— Françoise Hélari et sa mère
Sont toutes les deux sur les tréteaux funèbres !

Le jeune baron disait
À son petit page, en l’entendant :
— Si Françoise Hélari est morte,
Je donne ma malédiction à trois (personnes) :

Premièrement, je la donne à ma sœur Marie,
C’est elle qui m’avait conseillé d’aller la voir ;
En second lieu, je la donne à mon père,
Et à moi-même, en troisième lieu[1]


Chanté par Jeanne Le Gall,
Plouaret, 1848.








  1. Ce gwerz semble traiter le même sujet que « kloarek Ar Chevanz » qui précède. Mais il faut convenir que les différences sont grandes entre les deux versions. Ici, il n’y a pas de « kloarek » mais un jeune baron. Le gwerz de « kloarek Ar Chevanz » est beaucoup plus répandu que celui-ci, que je n’ai trouvé qu’une seule fois. C’est une variation sur le même thème, comme cela se rencontre quelquefois ; peut-être même la pièce précédente n’est-elle qu’une imitation plus développée de celle-ci.