Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine/8/Texte entier

Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine
Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine/8

BULLETIN ET MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

DU

DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE.


TOME VIII.




RENNES

IMPRIMERIE DE CH. CATEL ET Cie,

rue du Champ-Jacquet, 23.


1873

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

DU

DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE.

FABRIQUE

de

POTERIES ARTISTIQUES

À FONTENAY, PRÈS DE RENNES

Au xvie et au xviie siècle.


L’homme qui, primitivement, a dû, pour étancher sa soif, recueillir l’eau dans le creux de ses mains, puis dans des coquilles et des cornes d’animaux, ne fut sans doute pas longtemps avant de remarquer que les objets que l’on posait et que l’on pressait sur certaines terres détrempées y laissaient en creux leur empreinte, et que cette empreinte persistait lorsque l’ardeur du soleil ou le feu d’un brasier durcissait ces terres en les desséchant. La conséquence de cette observation dut être bientôt la fabrication de poteries grossières ; on en a, en effet, rencontré des échantillons, avec des débris humains, dans les fouilles de terrains appartenant à l’époque du renne, et même à une époque préhistorique bien plus reculée, celle du mamhout et du grand ours des cavernes.

Mais la terre rugueuse et poreuse de ces poteries primitives laissait beaucoup à désirer, au point de vue des usages domestiques et aussi au point de vue décoratif, jusqu’à ce que l’industrie humaine l’eût rendue imperméable, au moyen d’une glaçure, d’une couverte silice-alcaline. Plus tard, on rencontre un vernis plus perfectionné sur des poteries assyriennes et égyptiennes, un vernis vert ou bleu-turquoise, formé de silicate de plomb et de soude, coloré par l’oxyde de cuivre et d’autres matières minérales. Les Phéniciens, auxquels on attribue l’invention du verre, paraissent avoir fabriqué l’émail véritable, c’est-à-dire un vernis coloré par des oxydes métalliques et rendu opaque par une certaine quantité d’étain. Les Hébreux le connaissaient, — Ézéchiel en parle, — l’Étrurie le possédait à l’époque de Porsenna, et, dès le iiie siècle de l’ère chrétienne, on constate son existence en Gaule.

Chez les Grecs, la poterie était des plus communes pour ce qui est de la terre, dont la pâte poreuse, presque grossière, était lustrée seulement par une couverte vitreuse, qui ne modifiait que peu la couleur de l’argile. Mais, tandis qu’ailleurs on semblait s’occuper surtout du mérite industriel, la Grèce, en se dégageant de la tradition orientale et recherchant particulièrement la beauté de la forme, la pureté du dessin et la grâce du décor, éleva la céramique à la dignité d’art. C’est que le peuple grec était par-dessus tout un peuple artiste : « Les dieux, disait Platon, nous ont donné le sentiment de la mesure et de l’harmonie. » Les réalités ne servaient qu’à exprimer les sentiments de l’âme, les conceptions de l’esprit ; et l’on remarque que la fabrication de ces vases grecs, qui l’ont l’ornement de nos musées, atteignit au plus haut point de perfection, précisément à l’époque où, dans ce pays privilégié, l’architecture, la sculpture et la peinture brillèrent du plus vif éclat. Guidés par un sentiment juste des proportions et par une convenance parfaite relativement à l’appropriation des objets, les Grecs n’adoptèrent jamais pour leurs vases qu’un système d’ornements d’un faible relief, afin d’éviter que la saillie vint en interrompre les lignes générales et nuire à l’élégante pureté du galbe ; le plus souvent même, ils se bornèrent à orner les parois de ces vases de peintures appliquées de manière à en faire valoir la forme. Les œuvres dans lesquelles une décoration exubérante dénote la recherche du luxe, bien plutôt que celle du beau absolu, ne sont certes pas de l’époque où Phidias donnait ses conseils au potier Mys, son élève ; elles se rapprochent bien plus de celle où, sous les successeurs d’Alexandre, disparaissait le grand art.

Chez les Romains, il n’y a pas de vases peints, comme on en rencontre chez tous les peuples de race hellénique, surtout chez les Étrusques. L’art romain a une physionomie propre, il se distingue par un grand sentiment de puissance et d’énergie, et parce qu’il est marqué au sceau d’une vivante réalité. Les variétés de formes des œuvres céramiques de fabrique romaine révèlent la multitude des usages auxquels elles étaient destinées, et, pour quelques-unes, l’élégance de la forme, le choix délicat, ou plutôt la richesse de la décoration en relief et les soins extrêmes apportés a la fabrication, indiquent des poteries de luxe. On connaît des vases romains et gallo-romains en terre noire, en terre grise, d’autres à l’aspect bronzé ; il existe surtout de très-nombreux échantillons d’une poterie rouge, en terre très-fine, présentant une glaçure vitreuse, dont souvent on a comparé l’éclat à celui de la cire à cacheter. En 1845, on a trouvé à Rennes, dans les jardins au Nord de la rue d’Echange, derrière l’hôpital militaire, en même temps que quelques monnaies romaines du haut Empire, une telle masse de fragments, de débris de cette poterie rouge, mêlée à quelques fragments de poterie noire, qu’il est évident qu’il existait là, à l’époque de l’occupation romaine, une fabrique de ces produits céramiques, dont la décoration très-variée est souvent curieuse à étudier (1).

Dans les siècles de ténèbres et de barbarie qui suivirent la chute de l’Empire romain ; non-seulement toute idée, toute recherche du beau semble inconnue, mais les procédés techniques de la céramique tombent eux-mêmes en oubli. Les industries relatives aux métaux se conservent encore, peut-être, en raison du besoin qu’on en avait pour les guerres continuelles qui remplissent l’histoire de ces tristes époques. Les rois, les princes, les hauts barons, buvaient dans des hanaps d’or ou d’argent, les bourgeois dans des vases de bronze ou d’étain, et on avait seulement, pour la vaisselle usuelle, des ustensiles de terre commune, analogue a celle dont on fait des briques, brunâtres de couleur, sans vernis ni couverte, ayant pour tout ornement des bariolages de terre rouge ou blanche, et sans aucune valeur au point de vue de l’art. Les poteries des Francs, d’un gris tirant sur le noir, ont des contours heurtés, des formes auxquelles ne présida jamais la moindre recherche de la grâce ; sous les Mérovingiens, on remarque des zones, des stries, des zigzags imprimés a la main ou à la roulette, sur des vases de facture grossière ; mais, dès le xie siècle, la terre est enduite, pour être rendue imperméable, d’un vernis rhombique, et au xive apparaissent des produits moins imparfaits, des plats de terre rouge où se voient des fleurs et des ornements en terre blanche ou noire. On conserve aussi dans les musées, — il y en a plusieurs au musée de Rennes, provenant des chapelles ou châteaux de Bretagne, — des briques historiées de ce xive siècle, qui ont fait partie de carrelages ou de parements d’édifices. Le système d’ornementation est de deux sortes : il consiste, pour les unes, en sillons pratiqués sur la terre encore molle et remplis d’une autre terre de couleur tranchée, le tout recouvert d’un vernis plombifère transparent. Quelquefois, pour un ornement un peu développé, une grande rosace par exemple, le rapprochement de deux ou de quatre de ces briques, qui en portent chacune une partie, est nécessaire. Dans le second mode, ce sont des dessins en relief, que la glaçure en fusion, restant moins épaisse sur les saillies, rend encore plus apparents. Dans les chapelles funéraires, on rencontre de ces carreaux, en terre brune, semés de larmes, offrant au milieu la figure d’une croix sur quelques degrés, et autour, des os croisés et les instruments servant aux inhumations, la pelle et la pioche. Il est remarquable que cette dernière y a la même forme que celle qu’affecte, sur les tombeaux gallo-romains surtout, — car on la rencontre moins en Italie, — cette mystérieuse ascia qui, lorsqu’elle n’est pas figurée, est souvent indiquée par l’inscription : Sub ascia dedicavi. Ces carreaux, avec leurs ornements et le lustre de leur vernis, n’étaient pas sans harmonie avec les verrières aux brillantes couleurs placées au-dessus. Ce fut donc dans les sanctuaires, dans les oratoires, qu’en France le nouvel art céramique fit ses premiers pas ; mais pour préparer une complète renaissance, l’Europe eut besoin d’un secours étranger.

Les Arabes, devenus puissants, s’étaient appliqués a recueillir les connaissances qui avaient fait la gloire de Pantiquité. Dès le viiie siècle, ils fabriquaient des poteries émaillées, et après leurs conquêtes dans la péninsule Ibérique, ils construisirent cette splendide mosquée de Cordoue, qu’ils ornèrent d’un revêtement céramique du plus bel effet. Plus tard, dans la seconde moitié du xiiie siècle, les Maures ou Sarrasins s’établirent dans les provinces méridionales de l’Espagne et offrirent de nouveaux modèles, en embellissant, par l’emploi de magnifiques plaques de terre émaillée, connues sous le nom d’azulejos, l’architecture déjà si merveilleuse des salles et des cours de l’Alhambra, à Grenade. Un peu plus tard, le commerce transporta dans toutes les contrées de l’Europe des vases mauresques, aussi remarquables par l’élégance de leur forme que par l’éclat de leur émail ; et bientôt les industries naissantes de l’Italie cherchèrent à imiter ces poteries hispano-mauresques aux beaux reflets métalliques.

Vers le milieu du xv“ siècle florissait en Italie un céramiste célèbre, Luca della Robbia, qui, d’abord orfèvre et ciseleur, puis sculpteur en marbre, se mit à modeler la terre pour amener plus promptement la forme plastique les images créées par son esprit, pour arriver plus facilement a exprimer sous une forme sensible les conceptions du beau qui étaient en lui. Il ne cherchait pas seulement a imiter la nature, il l’interprétait, en y mettant quelque chose de son âme « Ars est homo additus naturæ, » a dit Bacon. Luca della Robbia composa surtout en terre des groupes, des bas-reliefs, des rétables d’autels, des motifs d’architecture. Son adresse comme praticien était fort remarquable ; mais on ne sait pas bien encore s’il reçut la connaissance de l’émail staminifère, − ce magnifique émail blanc que l’on admires sur ses œuvres, − de quelque transfuge de Valence ou de Majorque, ou si, comme le pense Vasari, il le trouva a la suite de nombreux essais. Après sa mort, le secret de l’émail se répandit sur toute la terre d’Italie. A Faenza et à Urbino d’abord, puis dans un grand nombre d’autres villes, furent fondés, sous le patronage des princes et des grands, des ateliers de céramique, d’où sortirent, pendant le xvie et le xviie siècle, ces élégantes majoliques, pour lesquelles Raphaël et d’autres grands artistes ne dédaignèrent pas de fournir des dessins. L’inspiration élevée de l’art, se combinant avec la distinction de la renaissance, en ce qui concerne le style ornemental, ont donné à la céramique italienne une place élevée dans l’histoire générale des industries artistiques.

L’Allemagne, sous l’influence byzantine, préparait, dès le xiie siècle, des produits céramiques ayant déjà un caractère distingué, et, un peu plus tard, les relations commerciales des Hollandais et des Flamands avec la Chine et le Japon, leur firent connaître de curieux produits, qu’ils cherchèrent à imiter.

Ce fut au milieu de l’épanouissement de la brillante floraison de l’art italien que les Français franchirent les Alpes ; Charles VIII, Louis XII et François Ier entrainèrent dans la péninsule l’élite de la nation, et tous ces hommes, que les merveilles de la civilisation italienne avaient si vivement impressionnés pendant un demi-siècle, revinrent plus disposés a entrer dans les voies de la renaissance. Nous avions envoyé des soldats contre les Italiens, ils nous envoyèrent des artistes ; et l’occupation qui suivit les conquêtes de ces derniers fut de plus longue durée que celle de nos armes. Il faut, en effet, arriver jusqu’aux premières années du xviiie siècle pour voir les écoles d’art en France se dégager entièrement de l’imitation italienne (2). Mais revenons aux travaux de terre, en constatant qu’en France la céramique résista à l’influence italienne : dès 1494, on trouve des céramistes italiens à Amboise ; la décoration en faïence du château de Madrid, près de Paris, fut commencée en 1528 par Jerolamo della Robbia ; et pourtant il n’est pas prouvé qu’on ait fabriqué chez nous des produits analogues aux majoliques. Il est, en tout cas, certain que, dans les deux célèbres ateliers qui s’établirent en France dans la première moitié du xvie siècle, celui d’Oiron et celui de Saintes, on suivit de tout autres procédés que ceux en usage en Italie.

Vers 1525, une femme distinguée, savante dans les arts du dessin, Hélèue de Hangest, veuve d’Artur Gouffier, ancien gouverneur de François Ier et grand-maître de France, commença à faire fabriquer dans les dépendances de son château d’oiron, près de Thouars, en Poitou, des ouvrages de terre qu’elle destinait a son usage personnel ou à être envoyés en cadeaux. François Charpentier, son secrétaire en même temps que gardien de sa bibliothèque, et un potier nommé Jehan Bernart, les exécutèrent sous l’inspiration de la châtelaine, et probablement d’après ses dessins. Ces poteries fort minces, composées d’une pâte très-alumineuse analogue à la terre de pipes, et recouvertes d’une couche de la même terre plus choisie et plus fine, n’étaient point émaillées, mais seulement vernissées au plomb. Les principaux ornements étaient gras vés en creux et les tailles remplies d’une argile colorée qui venait araser la surface. Ce procédé par incrustation, qui avait été employé au moyen âge pour des pièces de carrelages, est à peu près celui de la niellure sur métaux, qui remonte en France jusqu’au viie siècle, qui y fut continué jusqu’au xiie, et qui reparut en Italie vers l’époque de la renaissance. À ces incrustations sur les poteries d’Oiron se joignait l’application d’ornements en relief, obtenus par moulage et poinçonnage. Parce que des armoiries princières et les emblèmes royaux en usage sous Henri II se rencontrent souvent sur ces poteries, on fut porté, jusqu’à l’époque où M. Benjamin Fillon fit connaître le lieu et les conditions de leur origine, à les attribuer à l’intervention du souverain, dont elles ont, pendant longtemps, emprunté le nom. La fabrication de ces pièces délicates, si rares et si chèrement payées dans les ventes, continua, après la mort d’Hélène de Hangest en 1537, sous le patronage de son fils aîné, Claude Gouffier, grand-écuyer de France ; mais on ne trouve déjà plus, dans les produits de cette époque, cette ornementation d’un goût exquis, cette recherche précieuse de la forme, cet ensemble harmonieux, cette grande finesse d’exécution, et bientôt toutes ces belles qualités disparurent.

Bernard Palissy, le potier de Saintes, naquit vers 1510. D’abord verrier et arpenteur, il parcourut les provinces méridionales de la France, visitant avec une vive curiosité les carrières, les mines, les grottes des contrées qu’il traversait. En 1539, il se fixa dans son pays, à Saintes, et s’y maria. Poussé par son esprit inventif et persévérant, il commençât dès lors ses travaux à la recherche de l’émail blanc, que nous avons signalé sur les œuvres de Luca della Robbia. Pendant quinze ans de souffrances et de misère, dont on trouve dans son livre l’émouvant récit, il poursuivit ses essais, et s’il ne découvrit pas le secret de l’émail, à la recherche duquel il s’opiniâtrait, il créa un nouveau mode dans la céramique. Tout le monde connaît ces plats à émail entremêlé en manière de jaspe, à l’intérieur desquels, sur des lits de fougère et de feuillage, on voit, reproduits en plein relief et en vives couleurs, des poissons, des reptiles, des coquillages et des insectes. Appelé, en 1567, à Paris, il y reçut le brevet d’inveuteur de rustiques figulines (poteries) du roi. A l’époque de la Saint-Barthélemy, il se retira a la cour du duc de Bouillon, prince souveraine Sédan ; et avant de rentrer à Paris, il visita les provinces rhénanes, la Flandre, la Picardie, la Normandie, etc., sans doute aussi la Bretagne, car il mentionne dans son ouvrage des observations faites à Brest et à Nantes. Lors de la reprise de ses travaux à Paris, la faune et la flore, qui lui avaient fourni dans sa première manière ses principaux, on pourrait dire ses uniques motifs, furent remplacées sur ses poteries par des rinceaux, des godrons, des oves, des arabesques, des mascarons grimaçants, des bas-reliefs et des personnages mythologiques. N’ayant point fait d’études artistiques, Palissy n’avait cherché, dans sa première manière, qu’il reproduire, au naturel, les animaux et les plantes qu’il faisait figurer sur ses produits, dans la seconde, il dut recourir à des emprunts : on sait qu’il moula des médailles, il fit aussi des imitations d’après Barthélemi Prieur, des surmoulages des œuvres du célèbre orfèvre François Briot, et quelques-unes de ses compositions sont d’après les gravures d’Étienne de Laulne. Autrement, il était complètement réaliste ; son but unique était d’exprimer la nature, et le cachet de sa personnalité ne se rencontre que dans l’arrangement de ses motifs. Dans des fabriques plus artistiques, on avait su accorder la recherche du beau avec les qualités utiles au point de vue des besoins familiers ; on reconnaissait la parenté de l’utile et du beau dans la forme. Les pièces de Palissy, tout en affectant la configuration générale des vases usuels, ne peuvent avoir, en raison de leur ornementation même, qu’une destination décorative ; elles ne semblent faites qu’en vue de garnir des dressoirs seigneuriaux. Mais, si Palissy ne comprit pas que la perfection relative a laquelle chaque chose peut atteindre est l’appropriation de cette chose à sa destination, s’il ne fut pas artiste dans la haute signification du mot, il fut un céramiste d’une rare habileté, et il fut aussi un savant distingué. Il créa pour ainsi dire la géologie, qu’il professa à Paris dans des conférences continuées de 1575 à 1584, et la sagacité de ses observations, dans l’ordre des sciences physiques et naturelles, étonne encore aujourd’hui nos savants. Enfin, cet homme sans études littéraires, sans autre éducation que celle qui résulte de l’expérience de la vie, a laissé un livre où il se montre penseur éminent et écrivain distingué ; un livre où, dans des discours pleins d’originalité, il nous représente le xvie siècle dans son accentuation vraie, dans son individualité vivante ; un livre dans lequel on ne sait ce qu’admirer le plus, de la variété des connaissances, de l’énergie de la, pensée ou de la solidité du jugement. Palissy a donc bien mérité la statue qui vient de lui être érigée à Saintes.

Après ce rapide coup d’œil sur les travaux de terre aux différents siècles, jusqu’à la fin du xviie de notre ère, recherchons si, après l’époque des carrelages historiés dont nous avons parlé, la Bretagne, à l’époque de la renaissance plus particulièrement, n’a pas eu quelque atelier de poterie artistique ; si, en adoptant l’un ou l’autre des procédés que nous avons eu occasion d’indiquer, elle n’a pas fabriqué, elle aussi, des pièces céramiques un peu importantes.

À une exposition d’objets d’art et d’archéologie qui fut faitea Rennes, au mois de juin 1863, on voyait, dans l’une des armoires qui contenaient les produits céramiques, une pièce de faïence d’un remarquable travail, au point de vue du galbe comme a celui de la décoration peinte, et nous fûmes fort étonné de trouver sur cette pièce l’inscription suivante : Fait à Rennes, rue Hue, 1769. L’attention était éveillée ; on se mit à rechercher d’autres produits pouvant être de la même provenance, et des études persévérantes dans les archives publiques firent connaître l’existence à Rennes, dans la seconde moitié du xviiie siècle, de trois importantes fabriques de faïences, l’existence, vers la même époque, sur plusieurs autres points de la Bretagne, à Nantes, à Brest, à Quimper, à Quimperlé et à Saint-Malo, d’ateliers semblables, et enfin l’établissement d’une t’a brique de porcelaine à Lorient. Au moment où plusieurs villes : Nevers, Rouen, Strasbourg, Marseille, etc…, faisaient grand état de leurs anciennes fabriques de faïences, nous eûmes l’ambition de faire honneur à Rennes de celles qui y avaient existé, et nous organisâmes une exposition de faïences bretonnes. Les étrangers, bien plus que les Rennais, s’y intéresseront ; il nous vint de Paris M. Riocreux, conservateur du Musée de Sèvres ; MM. Albert Jacquemart, Champfleury, Darcel, Burty, Louis Énanlt et plusieurs autres amateurs. Rennes eut dès lors sa place parmi les villes où l’industrie céramique avait produit des œuvres importantes ; et à l’exposition universelle de 1867, quelques-unes de ces œuvres qui y avaient été envoyées furent fort remarquées. M. Albert Jacquemart a donné dans la Gazette des Beaux-Arts (février 1867), sur les faïences de Rennes, un article où quelques-unes d’entre elles sonthabîlement gravées par M. Jules Jacquemart, et dans son troisième volume des Merveilles de la Céramique, il consacre un chapitre aux faïenceries bretonnes. Un des membres de la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine, M. André, notre savant et bienveillant collaborateur pour les expositions dont nous avons parlé, promet-un volume sur ces faïences bretonnes ; nous n’avons donc qu’a les indiquer ici. Mais, avant les faïences rennaises du xviiie siècle, n’y avait-il eu dans notre pays, au xvie et au xviie, aucun travail de terre méritant d’être mentionné ? Il semblait naturel de ne se décider à l’admettre qu’après avoir cherché encore ; quelques circonstances d’ailleurs pouvaient donner espoir.

Aux premières années du xvie siècle, une Bretonne, la duchesse Anne, devenue reine, présidait, on peut le dire, aux destinées intellectuelles de la France. Son éducation avait été brillante ; à quinze ans elle parlait, dit-on, le latin et le grec, et elle avait pu, pendant qu’elle était fiancée à Maximilien d’Autriche, prendre auprès des artistes flamands qui se trouvaient à la Cour de Rennes le goût des arts. Brantôme, qui dit qu’elle était femme hosnête, bien disante, de fort gentil et subtil esprit, ajoute qu’elle fut « la première reyne de France qui commença à dresser la Cour des dames, que nous avons vues depuis elle jusqu’à cette heure. » En appelant aux réunions de la Cour les dames, que son exemple maintenait dans une parfaite réserve, elle y introduisit les traditions d’urbanité et d’élégance. Pendant que les rois ses époux guerroyaient en Italie, elle faisait de sa Cour, à Blois ou à Amboise, le rendez-vous de tout ce que la France possédait de poètes, de savants et d’artistes, qu’elle charmait par son doux accueil et dont plusieurs furent honorés de son amitié. On a dit qu’elle avait préparé la renaissance française, qui allait flillustrer le règne de François Ier ; il faut dire plus, elle fut la protectrice d’un art national dont lesmllinités doivent être cherchées bien moins du côté de l’Italie que du côté du Nord, dans cette école allemande qui plonge ses racines jusque dans les derniers siècles du moyen âge, et d’où sortirent plus tard les maîtres flamands et hollandais (3). La reine Anne avait composé sa garde entièrement de Bretons ; presque tous les officiers de sa maison étaient aussi des Bretons ; elle conserva pendant toute sa vie le gouvernement de la Bretagne, où elle venait souvent, et les goûts délicats de cette femme célèbre, que nos aïeux aimèrent à appeler toujours notre Bonne duchesse, durent aider au progrès dans notre province. D’autre part, les expéditions en Italie conduisirent dans ce pays beaucoup de seigneurs bretons qui durent aussi rapporter le goût des industries artistiques admirées par eux dans la Péninsule. Deux puissantes maisons de Bretague, celle de Rohan et celle de Rieux, comptaient plusieurs membres présents, avec un grand nombre de chevaliers et d’écuyers, Bretons aussi, à l’expédition de 1494, et dans chacune de ces deux familles un maréchal de France commandant un corps d’armée. Enfin, beaucoup de produits des ateliers céramiques qui avaient été fondés dans les provinces voisines durent arriver en Bretagne et y faire naître l’émulation. Dès 1542 existait en Normandie, dans la paroisse de Notre-Dame-de-Sotteville, sur la rive gauche de la Seine, près de Rouen, un atelier céramique dirigé par Masseot Abaquesue, dont le nom se trouve sur plusieurs marchés relatifs aux célèbres carrelages du château d’Écouen, et nous avons eu occasion de parler de fabriques importantes dans le Poiton et la Saintonge. On vient de découvrir dans un grenier, près de Clermont-Ferrand, deux de ces pièces que l’on appelait faïences de Henri II. Elles sont l’une et l’autre d’une élégance de formes remarquable, les niellures sont d’un brun rouge clair, et ce qui, pour nous, donne a ces coupes un attrait historique particulier, c’est qu’elles portent les armes d’une ancienne famille de Bretagne, des d’Épinay, — d’argent au lion de gueules coupé de sinople. (Voir Chronique des Arts, 21 février 1869.)

Presque sur tous les points où, au xvie et au xviie siècle, on découvrait des gisements de terre propre à faire des poteries, l’on établissait un four qui, dans un rayon plus ou moins étendu, fournissait aux populations les vases de ménage. La fragilité de ces objets et la difficulté des transports faisaient qu’on se contentait de ces poteries communes, et c’est ce qui avait lieu en Bretagne, où l’on trouve, dans plusieurs localités, les noms : champ des pots, pièce des potiers, et où on rencontre, dans beaucoup d’endroits, des débris de fours, sans que rien, du reste, indique des ateliers un peu importants.

Il faut, toutefois, faire une exception pour la seigneurie de Rieux, qui porta dans les derniers temps le titre de comté, et en laquelle existait, sur le bord de la Vilaine, un château, l’un des plus anciens et des plus forts de la Bretagne. Dans une trève de cette seigneurie, près de Redon, était un village considérable appelé la Poterie, a cause du métier qu’exerçaient, de temps immémorial, tous ses habitants. Ils étaient, avant 1789, réunis en une sorte de corporation industrielle qui jouissait de quelques privilèges et était soumise a des règlements spéciaux. Ils avaient une chapelle particulière, entretenue ett dotée par eux ; et les habitants de ce village, usant, est-il dit, du metier de poterie, rendaient en commun à leur seigneur un aveu, où les droits, devoirs et règlements étaient spécifiés : Les membres de la corporation avaient seuls droit « de tirer lizes et sablons propres à faire des pots, aux environs du lieu de la poterie, a comme aussi sur les terres et domaines dépendant du château du Plessix, qui appartenait aux sires de Rieux. Mais il n’est pas appris, jusqu’à ce jour, qu’il soit sorti des fabriques de Rieux des produits ayant un caractère artistique.

Il faut surtout faire une exception pour les ateliers céramiques de la seigneurie de Fontenay, dont maintenant nous aurons à nous occuper exclusivement.

Au nombre des pièces remises à l’exposition céramique de Rennes, en 1864, se trouvait une poterie d’une forme très-artictilière, enduite d’une couverte plombifère d’un vert jaspé. Elle fixa l’attention de M. Jacquemart qui, dans le second volume de son ouvrage, les Merveilles de la céramique, après avoir fait remarquer qu’a l’époque de la renaissance, parmi les terres vernissées en vert, les unes sont pales et d’une teinte parfaitement uniforme, — celles sortant des usines du Beauvoisis, — tandis que les autres, en vert vif jaspé de flammules plus foncées, proviennent de l’Ouest, écrit : « C’est ainsi qu’une pièce de l’exposition de Rennes, communiquée par le docteur Aussant, nous fournit la date et le monogramme d’un potier rennais. L’usage même de cette faïence est des plus curieux ; c’est une sorte de corbeille à deux anses, destinée à présenter le pain bénit aux fidèles. La paroi du fond, assez élevée, représente la Cène ; la partie antérieure, plus basse et cintrée, porte des têtes d’anges et des rosaces ; les anses latérales sont simplement tordues ; le monogramme et la date sont derrière : c 1593. H G. » Nous ajouterons quelques détails à cette description : sur la face antérieure de la plaque du fond, qui a 27 centimètres de hauteur, et derrière les personnages composant la Cène, est figurée une tenture disposée dans la forme d’un triptyque, et sur les côtés, dans des niches, sont les figures de David et de Moïse. Au-devant de la partie supérieure de la composition, il y a une sorte de dais se rattachant aux bords de la plaque et portant quatre figures d’anges. La demi-cuvette qui devait contenir le pain bénit a 33 centimètres en largeur sur 14 de profondeur, vers le centre ; sa paroi antérieure porte trois médaillons ; dans l’un de ceux des côtés est Jésus-Christ, tenant entre ses mains le calice ; dans l’autre, la Vierge portant l’Enfant-Jésus ; et dans celui du milieu est une tête de lion ; sur tous les bords sont des ornements en forme de roue, imprimés en creux, enfin, c’est sur le devant de la plaque du fond, ait-dessous de la Cène, que, dans un cartouche, sont la date de 1593 et le monogramme H G.

Il convient de rapprocher de cette pièce céramique un plat de grande dimension, 50 centimètres de diamètre, trouvé, comme la corbeille à pain bénit, auprès de Rennes. La terre et le vernis vert jaspé très-brillant, sontsenïblahles pour ces deux poteries : le contour du plat est dentelé ; sur le marly on voit, dans des lignes en creux, deux rangs de pois, et entre ces deux lignes une guirlande de fleurs et de fruits, interrompue sur deux points pour faire place à des grenouilles ; dans la partie creuse du marly sont quatre médaillons contenant chacun une fleur de lys, et entre deux de ces médaillons, d’un côté une feuille de fougère sur une pastille de terre sans bordure, et de l’autre un orvet, dans les dimensions qu’a ordinairement ce petit animal, qui, bien qu’appartenant älordre des Sauriens, à tout l’aspect d’un serpent, et qui est très-commun en Bretagne. Au fond du plat sont des godrons sur lesquels semble ramper un grand lézard, et qui enveloppent une partie centrale ronde faisant une forte saillie, et présentant eu relief les armes de France et de Navarre entourées des colliers des Ordres du roi, et, dans un espace réservé entre le bas des écus accolés et le cordon de Saint-Michel, une H couronnée et accostée de branches de laurier. Sur le cordon qui entoure ces emblèmes se voient encore des H alternant avec des M,

L’imitation de Palissy est évidente quant à l’ornementation, empruntée à ses deux manières successives ; mais ce n’est pas tout : les reliefs du plat dont nous nous occupons sont, comme ceux de la pièce mentionnée avant, obtenus par les procédés de l’estampage et du pas tillage ; les ornements sont d’applique, collés au vase à l’aide de terre délayée et fixés par le feu, le vernis recouvrant le tout. C’étaient les procédés employés par Palissy : il collait à l’aide de la térébenthine, sur un plat d’étain, le feuillage et les fougères devant faire le fond de ses compositions, et fixait dessus les petits animaux qui devaient y figurer, puis il coulait sur le tout une couche de plâtre et avait ainsi, après le dessèchement, un moule en creux ; d’autres fois il faisait, sur les objets isolés, des moulages, et poussait dans le creux des moules ou poinçons ainsi obtenus la terre détrempée, qu’il retouchait après et collait sur ses fonds. Le beau-frère de Lysippe, 350 avant J.-C., avait, le premier, employé le procédé du moulage des objets, comme le moyen d’en avoir la forme dans sa vérité absolue.

M. Jacquemart, qui avait vu à l’exposition céramique de Rennes la corbeille à pain bénit, avait, par l’étude de la terre et du vernis, probablement aussi en remarquant dans cette pièce des caractères d’épaisseur et de lourdeur que les faïences bretonnes ont elles-mêmes un peu conservées, été amené a attribuer cette pièce à quelque potier de Rennes, − le grand plat aurait été alors du même ; − mais des recherches multipliées n’ont fait connaître aucun atelier céramique dans notre ville ni dans ses faubourgs, avant la fin de la première moitié du xviiie siècle. Force était donc de chercher ailleurs, et l’empreinte sigillaire de la feuille de fougère dirigea les recherches du côté de la ville qui, à onze lieues de Rennes, semble avoir emprunté son nom à cette plante. Faisons remarquer ici que, sur le plat, la dimension de la feuille de fougère est extrêmement réduite et qu’elle est représentée d’une manière comme héraldique, telle qu’elle figure sur les armes de la ville. Mais, la aussi, les recherches furent sans résultats, et l’un des membres de la Société d’Archéologie d’Ille-et-Vilaine, qui avait bien voulu s’en charger, nous écrivait que le signe dont il s’agit n’était sans doute pas une marque de fabrique, une marque d’origine, qu’il devait, cependant, se rapporter de quelque manière à la ville de Fougères, et qu’il se pourrait que le plat eût été commandé par la communauté de cette ville et offert par elle au maréchal de Thémines, lorsqu’en 1618 il fut envoyé pour prendre possession de la capitainerie du château de Fougères, par Marie de Médicis, qui, dans les actes concernant la baronnie, ajoutait a ses autres titres celui de baronne de Fougères en Bretaigne.

Une nouvelle découverte de pièces céramiques n’a pas tardé a donner la notion du lieu ou ont dû être fabriquées les deux pièces déjà mentionnées. En démolissant, à Saint-Laurent, dans la banlieue de Rennes, une ancienne maison, on descendit de la toiture des épis de terre sigillée, composés de deux pièces assemblées par emboîtement, d’une hauteur totale de 72 centimètres et couverts d’un vernis au plomb, jaune vert pour l’ensemble et d’un bleu très-intense pour quelques ornements. Ces ornements, obtenus par ; moulage et pas tillage, sont assez variés. Pour chacun des deux épis, on remarque sur la base quatre têtes de lion en haut relief’et quatre mascarons ; sur la pièce supérieure, deux médaillons de dix centimètres de diamètre, et au-dessus, quatre autres petits médaillons portant en relief, entre un contour rayonné et un emblème intérieur formé de quatre cœurs se réunissant par lapointe, une inscription en caractères romains, plus deux hermines. Des deux grands médaillons, l’un présente le portrait en buste de Marie de Médicis avec l’inscription : Marie de Médicis, reine de France et de Navarre, et l’autre les armes de France et de Navarre, absolument comme au fond du grand plat et — chose bien à noter — obtenus avec le même poinçon. Les quatre pièces décrites sortent donc, évidemment, de la même fabrique. L’inscription des petits médaillons est celle-ci : DE FONTENAY.

Il y à eu à Fontenay-le-Comte une fabrique de poteries fines. Bernard Palissy, dans un de ses voyages, en 1555, en avait donné l’idée, et elle fut établie trois ans après. Mais cette ville ne s’est jamais appelée Fontenay tout court, mais bien Fontenay-le-Comte, et à l’époque de la Révolution, Fontenay-le-Peuple ; puis sur nos épis, il y a des hermines ; puis encore, ils n’ont aucun des caractères des poteries de Fontenay-le-Comte, et la terre dont ils sont faits, ainsi que leur couverte, se rapportent à celles des poteries de ménage en usage dans notre pays. Fontenay-le-Comte, dans le Bas-Poitou, est d’ailleurs bien loin ; on devait chercher plus près.

Si l’on suit la route de Rennes à Nantes, et qu’après avoir parcouru deux lieues environ sur cette route, on détourne à gauche, on rencontre à un kilomètre, dans cette nouvelle direction, la ferme de Fontenay, et quelques restes de l’ancien château de la puissante famille bretonne de ce nom. Un sire de Fontenay était au nombre des trente Bretons qui combattirent à Mi-Voie, en 1351 ; il prenait son nom, disent les historiens, d’un manoir de la paroisse de Chartres. Amaury de Fontenay joua un rôle important dans l’association de la noblesse de Bretagite pour empêcher l’invasion étrangère en 1379, et en 1409 il était capitaine des ville ettchàteau de Rennes ; (4) en 1560, la terre de Fonteuay appartenait à Anne, baronne de Montejan, qui avait voix délibérative aux États de Bretagne et y votait par procureur ; en 1587, elle était à François de Fontenay, qui fut : nommé maître des eaux et forêts de Bretagne. Le 8 mai 1598, Henri IV, se rendant à Rennes, couche au château de Fontenay, où la maréchale de Brissac le traita avec toute la magnificence possible. Dans les actes de la Chambre des Comptes de Bretagne, conservés aux archives départementales de la Loire-Inférieure, il existe, relativement a la seigneurie de Fontenay, un aveu rendu au roi, en 1682, par Henri-Albert de Cosse, duc de Brissac. Suivant cette déclaration, ladite seigneurie s’étendait, tant en fief qu’en domaines, dans les paroisses de Chartres, de Noyal, de Saint-Erblon, de Laillé, de Châtillon-sur-Seiche, de Chanteloup, de Cornu, de Bourg-Barré et de Saint-Jacques-de-la-Lande.

Entre le château et le bourg de Chartres, tout près du premier et à la limite de ses dépendances, existait le fief de la Poterie, dont le nom indique l’industrie des habitants. Le droit de haute, moyenne et basse justice s’exerçait dans l’auditoire de la seigneurie qui était situé en ce lieu de la Poterie, où se tenaient aussi des foires et marchés. On lit dans l’aveu de 1682 qu’il y avait à cette époque un « droit de coutume et de péage de pots sur les potiers de la Poterie de Fontenay, qui était un pot pour chaque journée, au choix du seigneur ou de son fermier et receveur, » Nous citerons encore un article du règlement de la police générale de la Cour du Parlement de Bretagne, en date du 16 octobre 1751, qui « enjoint aux fabriqueurs de pavés et briques de la Polerie de Fontenay, paroisse de Chartres, de faire des briques comme anciennement, bien cuites, loyales et marchandes. »

Le village, qui portait encore, dans la seconde moitié du xviiie siècle, le nom de Poterie de Fontenay, est connu aujourd’hui sous celui de Poterie de Chartres. On y fabrique toujours des ouvrages de terre ; mais ces produits, que l’on expose à Rennes sur les places les jours de marché, sont d’une grossièreté désolante. Qu’il n’en ait pas toujours été ainsi, qu’à l’époque de la Renaissance française il y ait eu là, sous le patronage des sires de Fontenay et, plus tard, des seigneurs de Brissac, un atelier, non pas rival, — ce serait trop prétendre, — de ceux d’Oiron et de Saintes, mais lâchant de s’en rapprocher, c’est ce que nous espérons établir en continuant de faire connaître ce que nous avons pu rassembler jusqu’à ce jour de pièces artistiques de cette ancienne fabrique. − Le temps amènera sans doute beaucoup d’autres découvertes. Disons dès maintenant que le degré d’abaissement où se trouve aujourd’hui le travail de terre à Chartres ne fait que confirmer cette remarque générale pour de semblables industries, − remarque qui s’est vérifiée à Oiron, à Saintes et aussi à Rennes pour les faïences du xviiie siècle, — que les premiers produits des fabriques artistiques sont toujours les meilleurs, et que bientôt arrive le déclin.

Il semblait naturel de chercher si, au village même de la Poterie et dans ses environs, il ne restait pas quelques produits artistiques de l’ancienne fabrication. Voici ce qui a été découvert. Au milieu des chétives demeures des habitants du village, se trouve une grande maison construite en pierres vers le commencement du xviie siècle, et qui était probablement l’auditoire de la seigneurie ou l’habitation du receveur. Aux deux extrémités de la portion horizontale du toit, la sa partie supérieure, étaient deux épis de terre, ayant soixante-huit centimètres de hauteur et couverts d’un vernis polychrome. Le corps de ces épis est rouge-brun, les palmes qui y sont attachées, formant comme des anses, sont vertes, et les flammes du haut sont jaunes. Sur une maison voisine, moins importante, était un épi formé de la même terre, mais ayant une couverte toute de couleur rouge-brun jaspé. On trouve sur cette pièce, sous le vernis, gravés à la pointe, deux noms : Jean Marechal et Jeanne Sanson. Il existe encore sur une autre habitation, le long de l’arête du toit, et reposant sur des enfaîteaux, une galerie ou crête de poterie vernissée en vert, et formée d’arcades à jour avec ornements. Nous mentionnerons, enfin, un épi qui ne se trouvait plus dans ces derniers temps au village de la Poterie, mais qui eu provient. Il se rapproche, dans sa partie inférieure, de la forme d’un vase, ayant sur deux côtés des anses, et entre ces anses des guirlandes de fleurs ; la partie supérieure est formée d’un groupe composé de fruits, de fleurs et de leuilles, le vernis est d’un gris bleuâtre.

On voit que ce sont tout »particulièrement des ornements pour les toitures qui ont été rencontrés au village de la Poterie, et cela s’explique, parce que la où ils sont placés, ces objets céramiques sont moins exposés que ceux que l’on conserve dans les maisons, mais aussi parce que ce devaient être surtout des épis que l’on fabriquait à Fontenay, si l’on en juge par le grand nombre de ces pièces existant encore sur les pignons des maisons du pays rennais. Il en était sans doute de même ailleurs, et l’usage en est très-ancien. Au xve siècle, il sortait des ateliers du pays de Çaux, en Norinandie, force épis et crêtes de toitures ; les potiers de la ville de Troyes, en Champagne, fabriquaient dès le xiiie siècle des épis de terre cuite vernissée, et rien n’empêche de remonter jusqu’aux Romains en disant que ces ornements sont une imitation des statues de terre, qu’au rapport de Pline et de Cicéron, les anciens Romains plaçaient au faîte de leurs maisons. On sait de plus que des bas-reliefs en terre cuite, connus sous le nom d’antefixes, et qui étaient rehaussés de palmettes sur leur bord supérieur, étaient à Rome adaptés, sous forme de frises, au haut des murailles des habitations.

On gardait dans une famille qui, jusque vers le milieu du xviiie siècle, habitait dans la paroisse de Chartres, non loin du village de la Poterie, une sorte de petit monument céramique, en forme de grotte largement ouverte, ayant 63 centimètres de hauteur sur 42 de largeur. Dans la partie inférieure est un tombeau où l’on voit, en regardant entre les colonnes torses qui le ferment a l’extérieur, le corps couché du Christ ; dans le compartiment supérieur était figurée la résurrection. Malheureusement, ce petit monument est aujourd’hui incomplet. Le groupe principal, celui de la résurrection, a disparu ; les trous pratiqués dans la paroi postérieure de la grotte, pour recevoir les tenons qui fixaient les figures de ce groupe, restent seuls. La croix qui surmontait la composition manque aussi, mais les deux anges qui se trouvaient au pied de cette croix sont encore à leur place. Sur les côtés du fond, vers le bas du compartiment supérieur, sont deux statuettes semblables d’un personnage drapé dans de longs vêtements et tenant a la main un bourdon. Le vernis, jaune jaspé de brun, est verdâtre par places, et sur le fond est tracé à la pointe, un nom : Mevie.

La pièce céramique que nous décrivons est, du reste, loin de pouvoir être citée comme un modèle de l’art de terre ; elle est d’une mauvaise époque pour la fabrique, du commencement du xvur’siècle, le travail est grossier, il y a profusion, abus dbrnements ; on dirait qu’on a voulu utiliser tous les poinçons de l’établissement ; on les a même répétés plusieurs fois. Dans le tombeau, sur le fond et sur les côtés, on voit un buste de femme voilée, plusieurs fois reproduit, et sur les bords de la grotte, à l’intérieur et a l’extérieur, ou trouve, répétés plusieurs fois aussi, des bustes, des têtes entourées dbrnements, des statuettes, etc… Enfin, dans le bas de la composition est une bande toute couverte de petits médaillons, dont quelques-uns portent une fleur de lys.

Nous n’avons plus à signaler qu’une découverte d’œuvres céramiques devant être attribuées aux ateliers de Fontenay ; il n’y aurait pas, en elîet, dîntéret a décrire d’autres poteries destinées aux usages journaliers des ménages et ne présentant aucun caractère artistique. À cinq kilomètres de Rennes et à deux kilomètres et demi du village de la Poterie, se trouve dans la paroisse de Châtillon-sur-Seiche, qui dépendait de la seigneurie de Fontenay, un manoir du nom de Josselinais autrefois Jousselinais — qui, sur la pierre de l’une des fenêtres supérieures, est daté de 1573. Il a remplacé un tresvieux château dont il reste encore quelques débris. Au rezde-chaussée du manoir existe une grande salle, actuellement divisée par une cloison. Les poutres de cette salle, la fenêtre et la porte ouvrant sur l’extérieur sont ornées, mais c’est l’énorme cheminée qui, suivant l’usage en France et dans les Pays-Bas au xvie siècle, a reçu la principale décoration.

Cette cheminée occupe toute la hauteur, depuis le sol jusqu’au plafond, et forme une grande saillie en avant de la muraille. Sur son manteau existent au milieu un écusson armorié, à droite et à gauche deux médaillons plus grands, − 0,45 centimètres de diamètre, — un peu creux et présentant chacun un buste de grandeur naturelle, en relief très-prononcé. Ces trois médaillons, couverts de nombreuses et épaisses couches de badigeon, étaient considérés comme étant sculptés dans la pierre, et ce n’est que tout récemment qu’eu enlevant ces badigeons, ou a reconnu que c’étaient des terres cuites encastrées dans la masse de la cheminée. L’écusson a été mutilé à l’époque, sans doute, de la Révolution, ainsi que celui qui est au-dessus de la porte à l’extérieur, et à tel point qu’il est absolument impossible de reconnaître les armes dont ils étaient chargés. Dans les deux grands médaillons sont les bustes en profil de Henri II et de Catherine de Médicis. La tête du roi est laurée et le buste de la reine porte le costume qu’elle avait apporté d’Italie : une guimpe à plis droits montant jusqu’au cou, autour duquel elle est serrée par un collier de perles. Catherine de Médicis et sa belle-fille Marie Stuart, pendant le temps de son séjour en France, sont les seules représentées avec cette pièce de costume. — Les portraits des souverains ont été exécutés d’après des médailles, et dans l’ouvrage de Malliot ayant pour titre Les costumes des anciens peuples, se trouve gravée, à la page 204 du 3e volume, la médaille d’après laquelle semble avoir été fait le buste de la reine.

Les trois médaillons, dont la terre est celle de Fontenay, n’ont point de couverte formée par un vernis au feu ; ils sont peints et dorés : pour Henri II, la figure est de couleur chair, les cheveux sont bruns, le vêtement est rouge, mais. les pointes du pourpoint sont jaunes et la couronne de laurier est dorée ; pour Catherine de llîédicis, la chemisette est d’un blanc jaunâtre, la boucle d’oreille, le collier et les filets de la résille sont dorés ; le fond des médaillons est d’un brun noirâtre ; en dedans de la guirlande très-saillante qui les entoure et qui est, de la même couleur, il y a deux cercles qui sont dorés.

On vient de découvrir, en continuant d’enlever des badit geons, pourquoi les médaillons en terre cuite : sont peints et non vernis : c’est que toute la partie supérieure de la cheminée dans laquelle ils figurent est également recouverte de peintures décoratives polychromes avec lesquelles ces médaillons devaient s’harmoniser. Au-dessus de Pécusson est une tête juvénile qui semble ailée ; des deux côtés, comme supports de cet écusson, sont deux figures, un homme et une femme, et le reste de la surface est couvert d’ornements consistant surtout en des groupes de fruits.

Il convient de remarquer ici que lesimédaillons employés comme motifs d’ornementation étaient fort en usage en France au xvie siècle : sur l’arc de Gaillon, qui était le portail du château de cé nom, construit par Philibert Delorme pour le cardinal d’Amboise, — 1502-1509, — il y a des médaillons entourés de bordures et contenant des bustes de personnages. Au manoir d’Ango, construit à Varengeville vers 1532, se voient des médaillons appliqués contre la muraille et contenant des têtes sculptées en profil. Sur la façade de la maison dite de François Ier, qui est aux Champs-Élysées et qui avait été construite à Moret, dans la forêt de Fontainebleau, par Pierre Lescot, et sculptée par Jean Goujon, il existe aussi des médaillons. Un portrait en buste de Henri II, par Jean Goujeon, est encadré dans une cheminée que modela Germain Pilon pour le château de Villeroy. On dit enfin que dans la célèbre grotte des Tuileries, que Bernard de Palissy construisait en 1574 pour Catherine de Médicis, il y avait des médaillons d’empereurs romains.

Il existe, sans doute, dans les collections publiques ou particulières de céramique, quelques échantillons de poterie de Fontenay non déterminés, et de ce nombre semblent bien être ceux dont parle M. A. Jacquemart, disant, après avoir mentionné la corbeille au pain-bénit : « Ceci se relie étroitement aux ouvrages sigillés ornés des armoiries aux hermines. » C’est qu’il avait rencontré dans des collections d’amateurs un certain nombre de poteries vernissées, portant les armes de la Bretagne, et qu’il lui attribuait.

On peut penser qu’a l’époque où l’usage de la faïence s’introduisit en Bretagne, on cessa de faire à Fontenay des poteries autres que ces poteries communes qui en sortent encore aujourd’hui ; mais ne s’y livra-t-on pas a la fabrique même des faïences ? On connaît maintenant les circonstances dans lesquelles les ateliers de Rennes furent installés pour ces produits. Aucun n’est antérieur à 1748. Pourtant on rencontre dans notre pays des faïences d’une date beaucoup plus reculée et dont les caractères ne permettent pas de les attribuer à des fabriques éloignées, par exemple à celles établies à Nantes, en 1588 et 1625, par l’Italien Ferre et par Ribé, à celle créée au Croisic, dans le xviesiècle, par un Flamand ; Gérard Demigennes, auquel succéda, en 1627, un Italien, Horacio Borniola, et a celle qui fonctionnait à la fin du xviie à Quimper.

Il existait a trois lieues N.-O. de Bennes, à Saint-Sulpice-des-Bois, dans une forêt qui portait jadis le nom de forêt du Nid-de-Merle, et qui est dite aujourd’hui forêt de Rennes, une ancienne abbaye de Bénédictines fondée en 1106, et dont Marie, fille d’Étienne, roi d’Angleterre, fut la première abbesse. On y voit encore des restes importants d’anciennes constructions, et on a rencontré dans un cimetière intérieur beaucoup de fragments de plaques tombales en faïence, — il y en avait très-peu d’entières. — M. Jacquemart dit à propos de l’un de ces carreaux de faïence funéraires qui figurait à l’exposition céramique de 1864 :

« La pierre tombale datée de 1653, à M. le docteur Aussant, est assurément le produit d’une fabrique en pleine activité. Sans doute, le peu d’éclat des couleurs, qu’attriste un brun violet trop abondant, a fait négliger des œuvres dont le souvenir aurait été complètement perdu sans le réveil de la Bretagne, lors de son exposition de 1864-. » Et il dit ailleurs :

« La Bretagne possédait une faïencerie au xviie siècle ; nous en avons la preuve par la pierre tombale de Jeanne Le Bouteiller-dame-Duplecix-Coïalu, décédée le 29 janvier 1653. L’usine avait sans doute son siège à Rennes ; mais les fragments recueillis à l’abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt font supposer que l’emploi de ce genre de monuments était fréquent et répandu. ».

La terre des briques tombales de Saint-Sulpice ne diffère pas de celle de Fontenay, et la couleur violet-manganèse, qui est celle de l’inscription funéraire de 1653, et qui fut un des caractères des faïences de Rennes, se trouve déjà employée pour orner le bord de quelques pièces de poteries de la l’abri que de Fontenay. Il faut aussi tenir compte de ce que, la, des ateliers et des fours se trouvaient tout établis, avec des ouvriers habitués a des travaux céramiques, tenir compte aussi de ce qu’on ne trouvait pas facilement des gisements de terre propre à la faïence, ailleurs, auprès de Rennes.

Vers 1720, le comte Marot de la Garaye voulut établir dans ses terres, près de Dinan, une manufacture de poterie ; mais l’entreprise ne réussit pas faute de terre convenable. Dans le manuscrit de M. de Robien, conservé à la bibliothèque publique de Rennes, on lit que deux manufactures de faïence, établies dans les faubourgs de la ville en 1754, tiraient leurs terres des environs de Rennes, et surtout de Fontenay. Plus tard enfin, en 1768, le sieur Leclerc, en demandant le titre de manufacture royale pour la faïencerie du faubourg Saint-Laurent, fait valoir qu’il avait trouvé à deux lieues de Rennes des terres et des sables propres à la fabrication de la faïence, tandis que ses prédécesseurs les tiraient, à grands frais, de Bordeaux et de Nevers.

Il est donc probable que les premières faïences de nos pays ont été fabriquées à Fontenay ; mais, ici, nous ne pouvons rien établir d’une manière certaine ; on nous permettra d’être plus affirmatif pour les poteries.

NOTES.

(l) Cette poterie rouge avait été appelée poterie samienne à cause de son analogie avec une poterie célèbre qui sortait des ateliers de Samos ; on l’a désignée aussi sous le nom de terre eampanienue, et l’on sait qu’on en fabriquait à Arretium, aujourd’hui Arrezo. Pourtant on en trouve peu en Italie, beaucoup au contraire dans les différentes régions de l’ancienne Gaule, sur les bords du Rhin, en Angleterre et dans tous les pays soumis à la domination romaine. Il est fort remarquable que partout elle est semblable pour la densité, pour la finesse de la terre et pour la couleur. Il n’est cependant pas probable qu’on la fit venir d’Italie, d’autant moins qu’on a trouvé sur plusieurs points de la Gaule des débris de fours prés desquels étaient des amas de tessons de cette poterie. Il y a donc lieu de penser que les Romains portaient avec leurs armes les formules de leur industrie, et que partout où ils trouvaient une argile fine, ils y nieraient une quantité déterminée d’ocre rouge, et qu’ils appliquaient le lustre en immergeant les pièces dans un bain contenant cette terre ferrugineuse. Le façonnage est fait au tour, les filets sont exécutés a l’aide ide roulettes et les ornements obtenus au moyen de poinçons. Ce sont le plus souvent des rinceaux, des guirlandes, des corbeilles, des figures de quadrupèdes et d’oiseaux, des masques scéniques, des grotesques, des bustes de personnages et quelquefois des scènes mythologiques. Les vases portent ordinairement sur leur fond, soit extérieurement, soit intérieurement, une petite estampille imprimée sur la terre molle et offrant en relief des noms plus ou moins complets de potiers, quelquefois avec les lettres O pour opus, M pour manu et F pour fecit.

Non-seulement on rencontre en Bretagne, et plus particulièrement à Rennes, à Corseul et à Dreux, ces vases rouges des premiers temps de l’Empire romain, mais on y trouve aussi beaucoup d’autres objets en terre plus grossière, sans glaçure, et qui sont d’époques plus rapprochées de nous. Nous citerons seulement ce qui a été découvert à Rennes : des briques aux bords relevés et d’autres ayant la forme de demi-gouttières, qui, étant renversées, pouvaient servir à recouvrir l’intervalle entre deux briques à rebords, à la manière de ces couvre-joints employés pour les toits par les ouvriers zingueurs. Des conduites d’eau, dont quelques-unes sont formées de deux tuyaux l’un dans l’autre, entourés d’un épais blocage de chaux contenant quelques pierres. Dans un échantillon que nous venons de faire porter au Musée, et qui a été trouvé dans la rue d’Échange, le tuyau intérieur est enduit en dedans d’une couche parfaitement caractérisée d’un vernis plombique. On a trouvé dans les jardins, au nord de l’Hôtel-Dieu, des tombeaux gallo-romains formés avec de grandes briques plates qui, reliées les unes aux autres, donnaient des cavités remplies de chaux. On a trouvé aussi des poteries grossières grises et rougeâtres : amphores, plats, patères, et en 1862, derrière l’ancien mur gallo-romain, dans le jardin de Coniac, une grande jarre, — 59 centimètres de diamètre — qui chez les Romains a dû servir, sous le nom de dolium ; à contenir du vin, de l’huile ou quelque autre liquide qu’on transvasait dans des amphores (voir le Catalogue du Musée de Rennes, no  416). On a trouvé encore des lampes, dont une porte sur le dessus le chrisme en relief (voir le même Catalogue, no  407). On a trouvé des fioles à parfums pour les tombeaux ; ces fioles, sans lustre, sont, pour la forme, semblables à celles en verre, que l’on appelle à tort fioles lacrymatoires. On a trouvé, enfin, de nombreuses statuettes d’un travail assez grossier et sans couverte ; ce sont presque toujours des Vénus Anadyoméne, type très-populaire dans l’Ouest de la Gaule, et des figures non moins populaires de Latoue, assise dans une sorte de fauteuil comme tressé en nattes d’osier, et qui, emblème de la fécondité, presse sur sa poitrine ses deux enfants jumeaux, Apollon et Diane. Ces statuettes sont formées de deux demi-bosses moulées séparément et réunies ensuite par le collage des bords avant d’être soumises à la cuisson.

(2) Faut-il se féliciter du succès de l’influence étrangère, faut-il s’en plaindre ? Il sera permis, toutefois, de remarquer que la France avait été, au xiiie siècle, à la tête de la civilisation, par l’influence de sa littérature et de sa poésie sur les autres peuples de l’Europe, comme aussi par sa supériorité artistique, dont les preuves nous restent dans ces splendides cathédrales, — véritables poèmes de pierre, — éclairées par leurs magnifiques verrières et toutes peuplées de statues, durit quelques-unes, surtout à Chartres, à Reims et à Paris, sont de véritables chefs-d’œuvre. Dante a signalé dans ses vers l’avantage qu’avaient, au xive siècle, sur ceux des autres pays, les artistes parisiens, pour les ouvrages d’enluminure, et plusieurs de ces beaux livres d’heures, remplis de brillantes peintures, et qui étaient, souvent toute la bibliothèque d’une famille, pour laquelle ils formaient en même temps un musée intime, sont venus aussi jusqu’à nous.

Lorsque les guerres et les malheurs publics nous enlevèrent la suprématie, dont hérita l’Italie, nos artistes conservèrent encore sur elle la supériorité pour quelques industries d’art importantes, celles des verrières, des émaux et des tapisseries particulièrement.

Il faut reconnaître aussi que lors de la venue des artistes italiens en France, ils y trouvèrent une renaissance nationale déjà assez avancée et des hommes distingués dans les différents arts. Nous citerons, pour l’architecture, Pierre Lescot, Philibert Delorme et Jean Bulaut, grâce auxquels la France n’avait à redouter aucune comparaison ; pour la sculpture, Michel Columb, Jean Gougeon et Germain Pilon, auteurs de figures qui, dans leur exquise naïveté, peuvent être citées comme des modèles de l’art français avant sa transformation par l’art italien. On peut encore rencontrer une preuve de la valeur de nos artistes en examinant ces belles médailles offertes, à leur passage à Lyon en 1499, à Louis XII et à la reine Anne, dont elles portent les effigies. On y reconnaît un sentiment large et profond de l’art et l’intelligence de ses vraies conditions.

Quant aux peintres de la Renaissance française, il suffirait de citer Jehan Foucquet, peintre de Louis XI et de Charles VIII ; Poyer, le peintre du beau livre d’Anne de Bretagne ; Jehan Péréal, dit Jehan de Paris, qui accompagna Louis XII en Italie pour retracer dans des peintures les faits d’armes et les vues des pays, et enfin Jean Cousin, qui ne recherche : qu’à l’époque de sa seconde manière le style italien.

Un travail de réhabilitation vient d’avoir lieu en faveur du premier de ces peintres, Jehan Foucquet, longtemps victime de notre insouciance pour nos gloires nationales ; et il est triste de penser que si des étrangers, des Italiens, n’avaient pas porté témoignage de lui dans leurs écrits ; sa mémoire eût : peut-être été à jamais perdue. Vasari parle avec grand éloge du portrait du Pape Eugène IV, que Foucquet alla peindre à Rome vers 1440, et un littérateur, Francesco Florio, qui résidait à Tours vers 1470, n’hésite pas à placer ce peintre au-dessus de tous les maîtres de son art. On peut constater, en effet, dans les miniatures composées par lui pour le célèbre livre d’heures d’Étienne Chevalier, miniatures qui ont été pendant quelque temps attribuées aux Van Eyck, la science de la composition, la belle ordonnance de l’ensemble, la variété et l’aisance dans la pose des personnages, la justesse de tons, l’harmonie de couleur et la connaissance de la perspective. La fleur de sincérité et de naïveté qui donne tant de charmes aux peintures de Foucquet, et qui va se perdant à mesure que l’esprit se raffine, se trouve, avec les qualités d’un art plus avancé, dans les tableaux de quelques peintres postérieurs, dans ceux de François Clouet, disciple lointain des Van Eyck par son père Jehan Clouet, dont le prénom fit appeler François Jehannet, et dans ceux des Dumoustiers, qui conservèrent pendant quelque temps encore les traditions de l’École française, même après l’invasion de la peinture italienne, qui finit par étouffer dans son germe notre école nationale, dont les débuts donnaient cependant de si belles espérances.

(3) Déjà, René d’Anjou, — 1408-1480 — bien qu’il eût étudié la peint turc en Italie, à Naples sous Antonio Solario (le Zingaro) et à Florence sous Bartolomeo della Gatta, avait appelé dans le comte de Provence — lorsqu’il s’y retira en 1473 — et dans le Languedoc, plusieurs élèves et successeurs des Van Eyck. Son patronage n’eut pas de peine à faire valoir ces artistes ; et certaines églises du Midi de la France, celles d’Aix particulièrement, abritent plus d’anciens tableaux flamands que les églises de Belgique. M. Maurice Richard, ministre des beaux-arts, vient de charger M. Alfred Michiels d’aller étudier et apprécier ces curieuses peintures.

(1) Voici, relativement à Amaury de Fontenay, une curieuse lettre du duc Jean V, en date du ter juillet 1409 :

« Jehan de Bretaigne, etc… comme nostre bien amé et féal chevallier et chambellan, Amaury de Fontenay, aist esté, par longtemps capitaine et garde de nostre ville de Rennes, et nous aist plusieurs fois suppliez que l’en voulussions décharger, ce que nous aurions longtemps dilaié, considérant qu’en meilleure garde ne pouvions mettre nostre ville cte….. Nous en déchargeons contredit chambellan qui nous l’a rendue en aussi bon et meilleur estat que nous lui baillâmes. Et pour ce que, par Passentement de nous et de nostre conseil, fist abatre et =dilacérer nostre chastel dudit lieu de Rennes, qui estoit chu en estat d’aucune detïense ; et les matières de nostre dit chastel filst vendreet mettre les deniers en la fortification de contredite ville en l’endroit de nostre chastel, nous reconnaissons qu’il l’a bien et noyautent faist à notre honneur et protfit, en témoin de quoy nous avons faist mettre nostre scel aux présentes avec le passement de notre propre main. »

Cette lettre se rapporte a la destruction du chastel ducal de Rennes, qui était situé à peu près où est l’hôtel de la Rivière, dans la rue Rallier. Ce n’avait été d’abord qu’un donjon élevé, suivant l’usage féodal, sur une motte, et dans lequel les comtes de Rennes avaient établi leur demeure. A l’époque des ducs, les logements s’étendirent jusqu’à l’enceinte, et le chastel ou forteresse comprit alors un ensemble de courtines reliant des tours. Ce lut avec l’argent provenant de sa démolition qu’en ouvrit la partie voisine de l’enceinte gallo-romaine et qu’en lit la porte Saint-Michel, qui ne fut achevée qu’en 1425, et que l’on voit, telle qu’elle était il y a 150 ans, dans le tableau de l’incendie de la ville qui a été dépose à l’église Saint-Sauveur.

Philippe-Emmanuel duc de Mercœur, de la Maison de Lorraine, qui avait épousé Marie, l’unique héritière de Sébastien de Luxembourg, duc de Penthièvre, et qui, nomme gouverneur de Bretagne, s’y déclara chef de la Ligue, lutta pendant plus de sept ans contre le pouvoir royal. Il était soutenu par les Espagnols, auxquels il avait livré le port du Blavet. En 1593, voulant entrer à Bennes, il vint se loger à Fontenay, et établit ses troupes dans les environs, attendant le résultat des intelligences qu’il s’était ménagées dans notre ville. Mais les habitants ayant demandé du secours au maréchal d’Aumont, Saint-Luc arriva et entra dans Rennes à la vue de l’ennemi, qui resta encore quinze jours à Fontenay, sans vouloir accepter le combat que Saint-Luc, logé dans les faubourgs, lui offrait sans cesse.

Mercœur ne se soumit sans réserve qu’en 1598, et ce fut cette même année que Henri IV, visitant la Bretagne, quitta Nantes le 6 mai pour venir, d’après les conseils de Sully, à Rennes, où il entra, après avoir couché à Fontenay le 8, accompagné de l’amiral, du grand écuyer, des ducs de Bouillon, de Brissac et du Bois-Dauphin, et de quelques autres seigneurs.



STATISTIQUE

HISTORIQUE ET MONUMENTALE

CANTON DE eMAURE

(ARRONDISSEMENT DE REDON, ILLE-ET-VILAINE).


Le canton de Maure renferme huit communes composant neuf paroisses, savoir :

1o Commune de Maure. Paroisse de Maure,
Paroisse de Bovel ;


2o Commune et paroisse de Campel ;

3o Commune et paroisse de hlernel ;

4o Commune et paroisse de Comblessac ;

5o Commune et paroisse des Brûlais ;

6o Commune et paroisse de Loutehel ;

7o Commune et paroisse de Saint-Séglin ;

8o Commune et paroisse de la Chapelle-Bouexic.


PREMIÈRE PARTIE

TEMPS PRIMITIFS


Le canton de Maure, quoique voisin du canton de Pipriac, si riche en monuments primitifs dits mégalithiques, ne possède toutefois qu’un très-petit nombre de pierres druidiques.

Je n’y ai rencontré que trois menhirs : le premier, appelé la Pierre droite, se trouve sur la limite des paroisses de Maure et de Maxent, sur le bord de la route qui conduit de cette dernière localité à Loutehel ; c’est un bloc très-considérable, malheureusement aujourd’hui renversé.

La commune de Campel renferme sur la lande du Rocher, près du moulin de ce nom, deux autres menhirs, dont l’un a environ 5 mètres et l’autre 6 mètres de hauteur. Ce dernier a été stupidement renversé et brisé depuis peu d’années.

D’autres blocs moins considérables apparaissent aussi, en forme de carneillou, sur cette même lande de Campel ; on m’a dit que des monnaies antiques avaient été naguère trouvées dans ce lieu, mais je n’ai pu m’en procurer.


DEUXIÈME PARTIE

ÉPOQUE GALLO-ROMAINE


Les Gallo-Romains ont laissé d’assez nombreuses traces de leur séjour dans le territoire actuel du canton de Maure.

Ce sont d’abord des chemins pavés, au nombre de trois :

1o La grande voie d’Ahès, traversant les communes de Maure et de Comblessac, passant l’Aff au pont de Marsac, et venant aboutir au manoir du Mur, en Carentoir. On croit que ce chemin est l’ancienne voie d’Angers à Carhaix. Nous Pavons précédemment signalée dans les cantons de Bain et de Pipriac.

2o Un autre chemin pavé, qui traverse les landes de Campel, et que les habitants appellent le vieux chemin de Redon à Dinan ; il passe au village du Perray et au bourg de Campel. C’est peut-être la continuation du chemin de Redon que nous avons signalé sur les landes de Sixt, dans le canton de Pipriac.

3o Une voie qui passe entre les bourgs de Comblessac et de Saint-Séglin, non loin du château de la Lardais.

Cette voie, qui semble venir du Morbiban, du côté de Missiriac, devait se rejoindre à la grande voie d’Ahès, aux environs de Lohéac, après avoir traversé les communes de Comblessac et de Saint-Séglin. M. Toulmouche croit même que c’est cette voie, plutôt que celle d’Ahès, qui passe au pont de Marsac ; selon cet archéologue, la voie d’Ahès traverserait la commune des Brûlais et franchirait plus haut la rivière d’Aff.

On trouve, en outre, quelques vestiges de constructions gallo-romaines dans les communes de Maure, de Mernel, de Comblessac, de Saint-Séglin, de Campel et des Brûlais :

1o En Maure, on retrouve plusieurs camps romains, dit M. Toulmouche, et de nombreux débris de même origine. Dans la section de Bovel est le châlel de la Roche, qui pourrait bien être d’origine gallo-romaine. Au village de la Gilardaye, on trouva en 1864 plusieurs monnaies, romaines, et près du village de la Couture on découvrit vers la même époque une quantité énorme de matars ou hachettes celtiques.

2o En Mernel, on a découvert de nos jours des traces d’habitation romaine au village de la Bouexière, non loin du ruisseau de Combs. C’était des fondements de murailles en petit appareil et une grande quantité de briques.

Il faut aussi signaler, près du bourg de Mernel, les curieuses mottes de sable rouge qui dépendent de l’ancien manoir de la Châteigneraye ; ces mottes sont au nombre de deux et offrent la plus grande analogie avec les buttes de Lohéac, où l’on a trouvé des débris gallo-romains. À côté de ces buttes, faites certainement de main d’hommes et entourées de douves profondes, est une enceinte circulaire dont un moulin occupait jadis le centre ; cette enceinte est entourée de talus et de douves ; elle offre tout l’aspect d’un camp ou d’un travail militaire de ce genre.

3o En Comblessac est le camp du Mur, voisin du manoir de ce nom. Ce manoir est en Carentoir, mais le camp est en Comblessac, et la voie romaine, limite des paroisses, traversant la cour du manoir, met par là même la métairie de la Porte en Comblessac. Ce camp, ayant la forme d’un parallélogramme de 600 mètres de tour environ, est défendu du côté des terres par de larges fossés avec talus énormes, tandis que la rivière d’Aff le protège du côté du Levant. La voie romaine le contourne de l’Est au Nord, après avoir franchi l’Aff sur le pont de Marsac. On prétend que ce pont existait du temps des Romains, aussi bien que le camp voisin ; ce qui semble le prouver, c’est que la très-ancienne Vie de saint Melaine, publiée par Bollandus, parle du camp de Marsac existant au ve siècle en Comblessac. « Rex pervertie ad parochiam quœ vocatur Combliciacus, ubi castrum situm est qui vocatur Marciacus. »

Au-dessous du camp du Mur sont deux ouvrages avancés on mottes circulaires entourées de douves qui se trouvent encore beaucoup au-dessus du cours de l’Aff. Ce camp fut fouillé en 1845, et l’on y trouva des cendres, des fragments de vases et quelques débris d’ossements.

4o En Saint-Séglin, non loin du vieux manoir du Jarossay, on retrouve encore des briques en grand nombre et des vestiges d’antiques habitations.

5o En Campel sont les quatre forts qui occupent la lande d’Anast, et dont nous parlerons plus loin ; quoique rien ne prouve précisément leur origine gallo-romaine, il n’en est pas moins certain que ces travaux militaires sont d’un âge bien reculé, et qu’ils sont voisins d’une voie romaine.

6o Enfin, en Les Brulais se trouvent, près de l’ancien manoir de la Motte-Québriac, les vestiges d’une enceinte gallo romaine.


TROISIÈME PARTIE

MOYEN AGE ET TEMPS MODERNES


§ 1. — MAURE.

I. — Origines paroissiales.

Les Cartulaires des abbayes de Redon et de Saint-Maur-sur-Loire renferment plusieurs actes intéressants relatifs à l’ancienne paroisse de Maure, appelée au ixo siècle Anast. Nous ne pouvons pas malheureusement analyser ici ces nombreuses chartes qu’ont publiées MM. de Courson et Marchegay, mais nous devons au moins résumer les conséquences qui découlent de l’examen de ces vieux titres [1].

À cette époque reculée (843), la paroisse d’Anast était limitée par les paroisses ou vicaires de Guipry, Pipriac, Bruc, Carentoir, Comblessac, Guer, Plélan, Baignon et Guignen ; elle était, par conséquent, beaucoup plus étendue que n’est la paroisse actuelle de Maure. Une population bretonne l’habitait, composée d’un chef nommé Anowareth, de nobles, de prêtres et de colons.

Cet Anowareth, seigneur d’Anast, embrassa la vie religieuse, au monastère de Saint-Maur-sur-Loire, dans des circonstances assez singulières, et donna a cette abbaye toute sa terre d’Anast, avec son église dédiée à saint Pierre et les sept chapelles (sauf une, celle de Mernel) qui dépendaient de cette église (843) [2].

Les autres hommes nobles d’Anast paraissent être, dans le même siècle, Gédéon, Sider, Hidrie, Gurloeu, Gurdiern, Worien, Cunwal, Jouwoion, etc. ; à côté (Yeux l’on voit des juges appelés boni viri, s’assemblent dans le bourg d’Anast en 832 pour prononcer une sentence, et des prêtres nommés Woreomin, Wetenmonoc, Sulcnnnan, Haelobrit, Arbidoe, Borie, Gundrie et Eudon, qui se fit religieux à Redon en 867.

En 871, des colons nommés Vudrieon et Worandor furent donnés aux moines de Redon avec leur postérité, en même temps que le domaine de Ran-Roedlon, qu’ils habitaient.

Outre le bourg d’Anast, « vicus Anast, » et son église, où se tenaient les assemblées du peuple, les chartes mentionnent encore le village de Mernel, le domaine de Péron, que donna Woreomin à Redon en 832, le village de Sedeca et les terres de Ranmillier, de Bronboiat et de Ranloitan, que tienne en partie Eudon à Saint-Sauveur de Redon en 867, tous biens dépendant du territoire de Caton, en Anast, et enfin le domaine de Ran-Roedlon, donné aussi à Redon en 871 par Mouric.

La donation de la terre et de l’église d’Anast à Saint-Maursur-Loire par Anowareth se trouve relatée : 1o dans un acte écrit sur un dernier feuillet d’un manuscrit du ixe siècle, conservé à la Bibliothèque impériale sous le nom de Bible d’Anowareth ; cet acte porte pour titre : Carta de Anast in Britannia, anno 843 ; 2o dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint-Maur, sous la rubrique suivante : Carta de ecclesia Sancti Petri que vocatur Maure. Il n’est donc pas possible de douter un instant de l’identité des deux paroisses d’Anast et de Maure ; mais comment ce changement de nom s’est-il opéré ? Je crois que les moines de Saint-Maur, devenus maîtres d’Anast, y fondèrent un monastère qui prit naturellement le nom de leur abbaye. Le prieuré de Saint-Maur, — dont le manoir du même nom, voisin de Maure, semble être un dernier vestige, — donna, parait-il, son nom à la paroisse d’Anast, et ce nom fut lui-même abrégé plus tard, comme dans d’autres lieux, et devint simplement Maure. Quant au nom d’Anast, nous le retrouvons encore dans plusieurs endroits environnant Maure.

II. — Les seigneurs d’Anast et de Maure.

Nous venons de voirie breton Anowareth, seigneur d’Anast, donner la terre de ce nom à l’abbaye de Saint-Maur-Sur-Loire. Toutefois il semble qu’à la renaissance de la Bretagne, au xie siècle, la seigneurie d’Anast retomba entre les mains des laïques, probablement par suite des désastres éprouvés par les moines de Saint-Maur [3]. Nous voyons, en effet, paraître avec éclat au xiiie siècle une famille d’Anast, à laquelle appartinrent Thomas d’Anast, marié à Péronne Lespine, et père de Gellroy d’Anast, chevalier, et d’autre Thomas d’Auast, mort évêque de Quimper. Nous verrons plus loin que cette famille d’Anast possédait le manoir du Bois-Basset, et peut-être même celui du Bois-Denast ou Bois-d’Anast. Enfin, — fait significatif, — nous savons qu’en 1294 « Monsour Jehan de Maure reconnut qu’il devait (à l’ost du duc) demy chevalier et les hers Monsour Gefirey Denart doivent l’autre moitié et les hers Monsour Guillaume d’Anast demy chevalier. » [4] Voilà donc, au xiiie siècle, la seigneurie d’Anast ou de Maure partagée entre deux sires d’Anast qui en ont les deux tiers, et un sire de Maure qui ne possède que l’autre tiers. Remarquons encore que les sires de Maure n’apparaissent guère avant cette époque. J’en conclus donc que la seigneurie d’Anast subsista après le ixe siècle jusqu’à la fin du xiiie, qu’elle fut très-longtemps prédominante dans la paroisse de Maure, qu’elle se trouva plus tard divisée en deux sections, Anast et Maure, et qu’elle fut absorbée à la fin par cette dernière.

Les commencements des sires de Maure sont pleins d’obscurité, le P. du Paz ayant dressé leur généalogie, je me bornerai à la résumer ici. Jean I, seigneur de Maure, vivait en 1240. 4 Jean II, son fils, épousa Raymonde de Bonaban ; il mourut en 1306, et fut inhumé dans l’abbaye de Paimpont près de sa mère, de sa femme et de son fils Robert, décédés avant lui. — Jean III épousa Hilaire de Mareil. — Jean IV et Aliette de Rochefort, sa femme, furent enterrés dans l’église des Frères Prêcheurs de Nantes. — Jean V fut a un chevalier de mérite, de grande valeur et réputation. » — Jean VI mourut sans postérité. — Pierre I de Maure, son neveu, lui succéda en 1413. — Pierre II mourut au château de Maure en 1465. — Jean VII épousa Jeanne de la Chapelle, héritière des Brieux. — Jean VIII se maria avec Marie Anger, dame du Plessix-Anger. — François, né au Plessix-Anger et élevé au château de Maure, fit de riches alliances et acheta la seigneurie de Lohéac ; il fit ériger Maure eu comté, et fut inhumé dans l’église de Maure en 1557. — Claude épousa Françoise de Pompadour. — Charles, marié à Diane des Cars, fut tué en duel en 1575, à l’age de 20 ans.

Ce dernier seigneur ne laissait qu’une fille, Louise de Maure, qui s’unit 1o à Odet de Matignon, dont elle n’eut pas d’enfants ; 2o à Gaspart de Rochechouart, seigneur de Morte-mart. — Louis I de Rocheehouart, fils des précédents, épousa Donne d’Attichy, et mourut en 1669. — Louis II de Rochechouart, duc de Morlemart, petit-fils du précédent, épousa Marie-Aune Colbert, et mourut en 1688 ; sa veuve rendit aveu pour la seigneurie de Maure en 1695. — Jean-Baptiste de Rochechouart, comte de Maure, épousa Aune Colhert, sa cousine, et fut le dernier seigneur de Maure du nom de Rocheehouart.

Jean Piquet, seigneur de la Motte, greffier en chef au Parlement de Bretagne, et marié à Marie-Josèphe Le Clavier, acheta, paraît-il, le comté de Maure, et donna en dot 50,000 livres assises sur cette seigneurie à sa fille Judith-Gabrielle Piquet, lorsque cette dernière épousa, vers 1710, Jean-Baptiste de Rosnyvinen, marquis de Piré. Celui-ci étant mort fort jeune, en 1749, sa veuve demeura comtesse de Maure et conserva cette seigneurie jusqu’à sa mort, arrivée en 1778, au château des Champs, près Lohéac. — Guillaume de Rosnyvinen, marquis de Pire, fut le dernier seigneur de-Maure.

III. — La seigneurie de Maure.

La seigneurie de Maure, ancienne bannière, selon dom Morice, fut érigée en comté, le 8 novembre 1553, par le roi Henri II, avec annexion des terres de Lohéac, du Plessix-Anger et des Brieux, en faveur de François de Maure, seigneur dudit lieu.

Un aveu rendu au roi, le février 1695, par Marie-Aune. Colbert, duchesse de Mortemart et comtesse de lllaure, nous fait connaître cette dernière seigneurie a cette époque[5].

La seigneurie de Maure s’étendait dans les paroisses de Maure, Loutehel, Guer, Mernel, Saint-Séglin, Lieuron, Guichen, Campel, Guignen, Plélan, Baulon et Maxent. Les maisons nobles de Penhoët, la Guérivaye, les Cambaras, la Lambardaye, Tréhert, Chucçville, la Barbouinaye, l’Abbaye-Jarno, le Bois-Denast, la Roche-Cotterel, la Tremblaye, Poussehart, le Jarossay, Truquehaire, le Vidouet, la Ville, la Chesnaye, Lohingat, le Plessix-Hndelor, le Gay-Lieu, la Cohinière, etc., relevaient proche ment du comté de Maure aux devoirs de foi, hommage, rachapt et chambellenage.

Le château de Maure était le chef-lieu du comté, et la bourgade qui l’avoisinait portait le titre de ville.

La dame de Maure avait le droit de tenir foires et marchés : « Scavoir, le marché Ordinaire, le jour de lundi de chaque semaine, et quatre foires par chacun an ; la première, le quinzième jour de janvier, jour de saint Maur ; la deuxième, le jour de l’Ascension de Notre-Seigneur ; la troisième, le jour de saint Claude, le 6 juin, et la quatrième le lendemain de la Notre-Dame de septembre, laquelle foire se tient près de la chapelle de Bovel. »[6]

L’aveu mentionne ensuite les divers droits féodaux de la dame de Maure. Il parle des a halles et étaux dans la ville de Maure, » du « four a ban prohibitif, des prisons et basses-fosses ; » il relate les droits de « coutumes, de police, de mesurage, d’aulnage, de bouteillage, » ce dernier appartenant « à ladite dame de Maure en toute la ville et paroisse de Maure, et aux paroisses et bourgades de Lieuron, Saint-Séglin, Campel et Bovel. »

Viennent ensuite les droits de « création d’officiers, juridiction avec haute, moyenne et basse justice, droit de sceaux, droit de cep et collier en ladite ville de Maure, punition de blasphémateurs du nom de Dieu, droit de haute justice. patibulaire à double étage, droit de chasse prohibitive a toutes sortes de hestes tant fauves, noires qu’outres, etc. »

Enfin, la comtesse de Maure finit par déclarer qu’elle est dame « fondatrice et supérieure des églises paroissiales de Maure, Campel, Saint-Séglin, Lieuron et Loutehel, » et qu’elle possède la présentation des chapellenies des Cadets, à Maure, et de la Haultière, à Saint-Séglin.

Comme l’on voit, la seigneurie de Maure avait de l’importance ; toutefois, elle ne jouissait d’aucun droit particulier et original comme il s’en trouvait dans les seigneuries voisines, à Lohéac, par exemple.

IV. — Le château de Maure.

Si les sires de Maure apparaissent souvent dans l’histoire de Bretagne, à la Cour ou dans les armées de nos ducs, il n’en est pas de même de leur château, dont il n’est presque pas fait mention.

Nous savons toutefois que les seigneurs de Maure, de la maison de ce nom, habitèrent ordinairement cette forteresse, où mourut Pierre II, où Jean VIII lit son testament et où fut élevé François.

Il reste bien peu de choses de ce château, qui devait remonter au xiiie siècle. Un vaste rectangle, entouré d’un double talus et d’une large douve, en montre seul l’emplacement ; çà et la apparaissent à fleur de terre les derniers débris des fondations de cette demeure seigneuriale ; des bâtiments de ferme, relativement modernes, occupent une partie de cette enceinte ; un chemin pavé reliait jadis le château a la ville de Maure. Plus bas, au-dessous de la forteresse, on retrouve les ruines de la chapelle de Roz, dont nous parlerons plus loin, et de deux autres sanctuaires, dont l’un passe pour avoir été un temple protestant et l’autre pour avoir été un monument expiatoire voisin du gibet seigneurial. Il est certain que le protestantisme essaya de s’implanter à Maure, car le synode protestant de Ploërmel, tenu en 1562, mentionne les prédications que le huguenot Étienne Layet faisait « en la maison de M. le comte de Maure. » Ce dernier était alors Claude de Maure, oncle du trop fameux Charles du Quellenec, massacré à la Saint-Barthélemy [7].

Le protestantisme ne porta pas bonheur aux sires de Maure, qui disparurent peu d’années après. Lorsque la Ligue se fut formée en Bretagne, un fait d’armes assez éclatant se passa non loin de leur château. Jean d’Avaugour, seigneur de Saint-Laurent, et Gabriel de Montbourcher, seigneur de Trémerreuc, son frère utérin, vaillants capitaines du duc de Mercœur, furent poursuivis et atteints près de Maure par le capitaine huguenot de la Tremblaye ; celui-ci écrasa ses ennemis, qui perdirent trois de leurs chefs, de la Pommeraye, de la Vieuville et Hiregisaint-Laurent lui-même n’échappa qu’a grand peine aux royalistes. Quant à la Tremblaye, il entra vainqueur à Maure, le 24 juillet 1597[8].

Il est probable qu’après la pacification, le château de Maure se trouva compris dans la liste des forteresses dont les États de Bretagne demandèrent le démantèlement au bon roi Henri IV, et que sa destruction date de cette époque. Aussi moins d’un siècle plus tard, en 1695, la comtesse de Maure ne parle-t-elle de cette antique demeure que comme d’un « ancien chasteau et maison ruinez. »[9]

Il ne faut pas quitter les derniers débris du château de Maure sans visiterons motte féodale entourée d’une douve assez considérable qui avoisine la chapelle de Roz.

V. — Église paroissiale.

Dans son testament daté de 1338, Jean V, seigneur de Maure, légua « a l’œuvre de Maure 10 livres monnaie une fois payées. » Il est à croire qu’on s’occupait alors de la reconstruction de l’église de Maure, dont une grande partie date des xive et xve siècles. Deux écussons aux armes de Maure ; ci de gueules au croissant de vair, » rappellent encore dans cet édifice le souvenir des seigneurs ses premiers bienfaiteurs.

Plusieurs seigneurs et plusieurs dames de Maure choisirent, en effet, leur sépulture dans cette églises et y firent des fondations. Marquise de Fresnay, dame de Maure, y fonda une chapellenie pour laquelle elle donna « 60 livres de bonne monnaie courante a être converties en rente. » Jean III, Jean IV et Jean V y fondèrent successivement deux messes par semaine ; Pierre I y fonda « une chapellenie de trois messes par semaine, de 15 livres de rente, » et Jean VIII ordonna par testament « douze cents messes être célébrées pour son âme. »

Le testament de Pierre I contient de curieux détails sur les obsèques que désirait avoir ce seigneur : « Il ordonne treize torches estre portées à ses obsèques et enterrement par treize pauvres revestus de noir ; cinq deniers estre donnés par charité a touts pauvres qui se trouveront a son dit enterrement ; et que tout autant de chapelains qu’on pourra trouver pour célébrer la sainte messe et assister à son dit enterrement aient chacun deux sols ; ordonne, outre les messes de son enterrement et obsèques, cinq cents messes être dites pour son âme. » [10]

Si nous voulons maintenant connaître les droits que les sires de Maure avaient dans l’église de leur paroisse, consultons la déclaration de la comtesse de Maure, en 1695. « Ladite dame, y est-il dit, a droits honorifiques, prééminences d’églize, ceinture hors et dedans l’églize paroi chiale dudit lllaure, bancs, accoudoirs, escabeaux dedans le chœur prohibitif d’icelle églizc, tombe enlevée, droit de faire une églize collégiale et y mettre chanoines dont la nomination et présentation appartient a ladite dame. Au costé droit d’icelle églize est une, ch appelle vulgairement appelée la ch appelle des Cadets de Maure, en laquelle les puisnez de Maure avaient de coustume d’estre inhumés et ensépulturés ; droit de pourvoir de ségretain et de maistre-d’école pour siége et exercice d’estrades tel que bon semblera a ladite dame fondatrice de ladite églize de Maure, sans qu’il y ait autres personnes qui y puissent avoir.ny qui aient droit de bancs, escabeaux, accoudoirs, ny armoiries en icelle églize, et n’y a personne qui ait le droit de se faire enterrer au chœur de ladite églize, ny en ladite chapelle. »

C’est donc dans le sanctuaire de l’église de Maure que choisirent leur sépulture Jean V et sa femme, Marquise de Fresnay, Jean VII et Jean VIII, Pierre I, Pierre II et Francois, tous sires de Maure ; mais leurs tombeaux ont malheureusement disparu.

Outre la chapelle des Cadets de Maure, dédiée à sainte Catherine, il y avait encore deux autres chapelles seigneuriales « joignant le chanceau, du côté nord ; » elles appartenaient aux seigneurs du Bois-Basset et du Bois-Denast, qui y avaient « bancs et prééminences ; » mais en 1690 elles étaient « en ruine depuis trente ans » [11]. Ces trois chapelles n’existent plus aujourd’hui.

Sous le rapport architectural, l’église de Maure n’offre aucun intérêt ; une porte romane, dernier vestige de l’édifice primitif, existe toutefois sous la tour, qui appartient, comme le chœur, au style ogival flamboyant ; mais on doit remarquer dans cette église diverses choses assez curieuses.

C’est d’abord une pierre tombale, malheureusement foulée aux pieds, à l’entrée de la chapelle méridionale, qui me semble être la dalle funéraire de Thomas d’Anast, évêque de Quimper. Ce prélat, successivement clerc de la chapelle des ducs de Bretagne, juge à Limoges, doyen du chapitre d’Angers, et enfin évêque de Quimper, était fils de Thomas d’Anast et de Péronne Lespine ; né très-probablement à Maure, où sa famille possédait la seigneurie d’Anast, il mourut en cette paroisse, et fut inhumé dans l’église [12]. La Gallia Christiania nous a conservé son épitaphe.

C’est ensuite l’horloge à carillon faite par un paysan de Maure, Pierre Anquetil, en 1735, et célèbre dans tous les environs [13].

C’est enfin une garniture d’autel, composée de six chandeliers et d’une croix, le tout d’argent massif.

Je signale aussi la croix du cimetière, qui date du commencement du xvie siècle ; parmi les figurines qui la décorent se trouvent, outre le Christ, la Vierge et saint Jean, deux anges balançant l’encensoir, saint Pierre, patron de la paroisse des 843, et saint Denis. Cette dernière statuette me donne à penser que ce monument a pu être élevé par Denise de la Ville-Aubert, femme de Jean VIII, seigneur de Maure, et mère de François de Maure, protonotaires apostolique, recteur de Maure et de Goven, et chapelain de Notre-Dame de Guipry.

C’est ce dernier qui baptise à Maure, en 1524, sa nièce Françoise, fille : de François, seigneur de Maure, et d’Hélène de Rohan, peu de temps auparavant, le vénérable Yves Mahyeuc, évêque de Rennes, était venu baptiser lui-même, dans l’église de Maure, Claude, fils des mêmes sire et dame de Maure (1517).

Quelques autres membres du clergé de Maure méritent aussi d’être signalés : tels sont MM. de la Chasteigneraye et de Becdelièvre, prêtres appartenant a de nobles familles de la paroisse, — M. Rozy, vicaire-général, — M. Gougeon, successivement vicaire à Maure, sa paroisse, et recteur de Guipry, qui a laissé de très-curieux manuscrits généalogiques sur les familles de Maure et de Guipry, — et enfin M. Barre, prêtre martyrisé pendant la Révolution, à Maure même, avec le plus horrible raffinement de cruauté.

VI. — Monastères et chapelles.

Je parlerai d’abord des prieurés de Maure, puis des chapelles fraitriennes, et enfin des chapelles de manoirs.

1o Le plus ancien prieuré de Maure a dû être Saint-Maur, devenu plus tard un manoir dans la paroisse de Mernel. Il me parait évident que, par suite de la donation d’Anowareth à l’abbaye de Sajnt-Mauiæsur-Loire, les Bénédictins de ce monastère se trouvèrent forcés de construire un prieuré pour pouvoir administrer l’immense paroisse qui leur était confiée. Or, le nom du manoir de Saint-Maur, situé originairement dans la paroisse d’Anast ou de Maure, est le seul vestige qui nous reste du passage des moines de Saint-Maur dans notre contrée. Toutefois, ce prieurélde Saint-Maur n’eut probablement pas une très-longue durée à cause de la ruine de la maison-mère, l’abbaye de Glannefeuille ou de Saint-Maur-sur-Loire, complètement dépouillée et détruite par les Normands.

2o Les Bénédictins de Saint-Melaine de Rennes avaient aussi un prieuré en Maure ; c’était une chapelle dédiée à saint Mathurin et un « petit fief situés au village dit de Saint-Melaine, où sont hommes et sujets qui doivent de rente à ladite abbaye de SainbMelaine 6 livres, 9 sols, 2 deniers, et 2 boisseaux de froment qui ont été alienez et usurpez, n (1) Une autre déclaration nous apprend qu’en 1690 cette chapelle de Saint-Melaine n’était plus régulièrement desservie, et qu’on ignorait sa fondation.

3o Enfin, les chanoines réguliers de Paimpont possédaient « le prieuré de Saint-Barthelemy de Boussac en la paroisse de Maure, avec son annexe Croixialan en la paroisse de Sixt.

On célébrait autrefois dans cette chapelle trois messes par semaine, et une métairie, un fief et une dîme y étaient joints. Les ruines de ce sanctuaire annoncent une haute antiquité.

(1) Déclarat. de l’abbaye de Saint-Melaine de Rennes, faite au roi, en 1679, par l’abbé Jean d’Estrades.

(2) Déclarat. de l’abbaye de Paimpont, faite au roi, en 1679, par l’abbé François Robert.

Il y avait jadis en Maure quatre chapelles draisiennes : Notre-Dame de Banal, devenue récemment- paroissiale, "-Sainte-Amie de Roppenart, bénite vers 1626 et but de pèlerinages fréquents ; — Sainte-Reine des Domaines, bénite en 1756, desservie régulièrement encore, comme la précédente, — et Saint-Aitbioz, desservie en 1690 les (li manches et fêtes, mais abandonnée maintenant.

Outre ces chapelles appartenant aux paroissiens, divers seigneurs possédaient en Maure des chapelles construites près de leurs manoirs. C’étaient celles : 1o du Bois-Basset, jadis régulièrement desservie ; — 2o de la Lardaye, bâtie et dotée au xvn“ siècle par Clément (le Bégasson, seigneur de la Lardaye ; — 3o du Bois-au-Voyez, proprement tenue de nos jours comme les deux précédentes, quoique, comme elles, non desservie ; —.- 4o du Raz, qui renferme la pierre tombale d’un seigneur de Maure (1) ; — 5o des Cambaras, bâtie au xvn” siècle par Jean Fournier, sieur du Val-Harnon ; — 6o de Penhoët, construite vers la même époque par René Becdelièvre, seigneur de Saint-Maur ; — 7o de la Guérivaye, dotée et desservie jadis, — et 8o de Brambéac. Toutes ces dernières chapelles sont maintenant abandonnées.

Enfin, la tradition signale encore deux autres chapelles disparues depuis fort longtemps, l’une (lédiée 11 sainte Hermine, située dans le bourg de lliaure, et l’antre bâtie au village de la Couture, dont le nom (culture) indique une grande antiquité.

VII. — Manoirs et terres nobles.

Le Bois-Basset. — Cette seigneurie est fort ancienne et

[14] avait droit de menée aux plaids généraux de la juridiction de Ploërmel. La famille (YAnast, dont nous avons déjà parlé, possédait jadis le Bois-Basset, car du Paz nous dit que Thomas d’Anast fut marié à Perronne Lespine, dont il eut un fils nommé Gefïroy d’Anast, — qui fut père lui-‘niême de Denise dhänast, femme de Guillaume du Breil, (1283). Ces derniers furent seigneur et dame du Bois-Basset, et donnèrent le jour à Amice du Breil, dame du Bois-Basset, qui apporta cette seigneurie dans la maison de Montanban, en épousant Renaud I de Montaubau, fils d’olivier III, seigneur de Montauban. — Renaud II de Montauban, leur fils, seigneur du Bois-Basset, fut un vaillant capitaine au service de Charles de Blois ; il épousa Jeanne de Montfort et mourut après aroir ordonné par testament, daté de 1386, qu’on donnât 50 sols une fois payés à la paroisse de Martre.

Rolland de la Planche, dit de Saint-Denonal, hérita du Bois-Basset du chef de sa mère Jeanne de Montauhan, sœur des derniers seigneurs du Bois-Basset, et mourut en 1398.

Sa fille, Marie de la Planche, épousa son parent Robert de Montauhan, seigneur de Grenonville en Normandie, et en eut une fille, nommée Marie de Montauban, qui s’unit en 1434 ä Philippe de Vierville, seigneur de Creuilly, et eut en mariage deux cents livres de rentes assises sur la seigneurie du Bois-Basset. Philippe de Vierville, seigneur du Bois-Basset, eut un fils nommé Adrien de Vierville, et mourut en 1456.

En 1513, le Bois-Basset appartenait a t : maître Louis Becdeliëvre. »

Guillaume Becdelièvre, dit M. de Courcy, fils de Thomas, originaire de Lohéac, secrétaire du duc Jean V, anobli en M42, laissa de sa femme Jeanne Sorel, Pierre Becdelièvre, trésorier de Bretagne, procureur des bourgeois de Rennes en 1490 et auteur de la branche du Bois-Basset (Nobiliaire de Bret.). — En 1631, Pierre Becdelièvre du Bois-Basset épousa Louise de la Rue.

La famille Henry posséda ensuite le Bois-Basset, car nous rencontrons à Maure, en 1712, René Henry, seigneur du Bois-Basset.

Les du Bouexic, seigneurs de Pinieux, eurent plus tard le Bois-Basset, dont ils possédaient la haute-justice vers 1780.

e Le château du Bois-Basset existe encore, et appartient‘. aujourd’hui à Mm Le Chaufi”.

La Laanavn ; — Ce manoir appartint d’abord à la famille

Guillou, mentionnée en 1479, et dont un membre, François Guillou, possédait en 1513 le manoir et les deux métairies de la Lardaye. a - z

Au commencement du xvn“ siècle, Jeanne de Guillou ayant épousé Jean de Bégasson, seigneur de Bégasson, apporta la Lardaye dans la maison de Bégasson, qui la conserva jusqu ?) la Révolution. — Clément de Bégasson, seigneur de la Lar-

îdaye, épousa lrlarie Guido et mourut vers 1668. — Julien :

Jean de Bégasson, seigneur de la Lardaye, vivait en 1676 et

épousa Marquise Gabart. — Julien-René de Bégasson, sei-

gneur de la Lardaye, marié a Élisabeth de Langle, vivait en 1706.- — Julien-René de Bégasson et Jeanne du Bois-Adam,

d seigneur et dame de la Lardaye, en 1744.

Vers.1780, de Bégasson possédait le château de la Lardaye avec la haute-justice de ce nom :, de nos jours, cette terre a appartenu à MW’de Chàteauloger, et elle est mainte ? nant à Mm“ de Perrien. ’ -

PENHOUET..— La Réformation de 14126 mentionne

« Jean du Houx, à l’l1ostel de Penhoët, et Jeanldu Mans, au

Petit-Penhoët. n» Quant à la Réformation de 1513, elle nous

dit que le manoir de Penhouët appartenait alors à François

du Houx, sieur du Bodel.

Les Becdelièvre du Bois-Basset vinrent ensuite à Penhouët, et en 1639 vivait RenéBeetlelièvre, seigneur de Penhouët. — Guillaume Becdelièvre, seigneur de Penhouët, épousa Julienne "du Mur et vécut en 1647.

En 1690, ce manoir appartenait à demoiselle Mathurine de la Motte, clame de la Vallée-Plumautlan, petite-fille de René Becdelièvre.

En 1695, M. Ferron, ä cause de sa femme, devait au ; comté de Maure « foy, hommage, rachapt et chamhellcnage ; n. pour sa maison et seigneurie de Penhouët. »

Vers 1726, vivaient René Becdelièvre et Hélène Le Noir, seigneur et dame de Penhouët. Leur famille continua de posséder ce manoir, dont la haute-justice appartenait, en 1780, à M. Becdelièvre de hSaint-Maur.

Dans notre siècle, Fabhë de Becdelièvre habita son château de Penhouët, qui appartient maintenant à M. Barbotin.

Le Bois-au-Voyer. - Ce château tire probablement son nom de l’ancienne famille Le Voyez, mais il appartenait en 1513 à Louis de la Fouaye, fils de Jean.

Le Bois-au-Voye-r appartint au. siècle suivant à l’illustre

maison-i de Tournemine, et René de Tournemine, baron de Campzillotn, l.e possédait en 164.5‘. Ce seigneur avait épousé Renée Peschart, (Pane famille richement possession née dans notre ttays, et il eut de cette union un fils unique, Jean-Joseph de Tournemine, baptisé à Pipriac. en 4-645 et m tarié plus tard à Marie de Coëtlogon.

Le 8 février 1680, à Jean-Joseph de Tournemine, baron de Campzillon, seigneur dusBois-ail-Voyez et de la : Eottelerayo, demeurant dans son château de Campzillong, paroisse : de Pipriac, évêché de Nantes, n rendit aveu au roi pour sa seigneurie du Bois-au-Voyez.

J’extrais ce qui suit de ce document assez intéressant pour nous : «a La maisonct manoir du Bois-au-Voyez consistant en un grand corps-de-logis couvert d’ardoises, avec un pavillon au derrière et deux dômes aux deux bouts-, ladite maison marée et cernée de douves avec trois ponts-levis pour y entrer. .. Le fond desdites maisons, cour au devenu-jardin, bois de haute futaye, chapelle, fùie, vignes, etc., contenant…

Du Bois-au-Voyez relevaient alors a devoir de a rentes et obéissances par deniers deues annuellement au rolle et baillage d’outre-l’eau, au dimanche après FAngevine, au tablier du bourg de Saint-Germain, après vespres, sons peine d’amonde, » les maisons nobles du Pont-Rouaud et de Pellan en Iliaure ; de Trégarret, de Boifour et de la Chesnaye en Sixt, et le presbytère de Lieuron.

Enfin, — à cause de ses maisons et seigneuries du Bois-au-Voyez et de la Bolteleraye situées aux paroisses de Maure, Mernel, Guiguen, Lieuron, Sixt, Pipriac et autres ledit seigneur baron’de Campzillon (avait) droit de haute, moyenne et basse justice qui s’exerce au jeudy de chaque semaine dans l’auditoire basti a cet effet et lui appartenant dans ledit bourg de Lieuron, par Sénéchal, alloué et autres officiers….. avec droit de menée et justice patibulaire a quatre paux, en dénotation de haute seigneurie, élevés dans la lande de la Bon-i

laye. » (Archiv. de l’une. Chambre des Comptes de B«ret.) Jean de Tournemine, baron de Campzillon et seigneur du

Bois-au-Voyez, mourut en 17H, après avoir donné le jour au

célèbre jésuite le Père de Tournemine. La famille Fournier de la Chàteigneraye devint ensuite

propriétaire de la seigneurie du Bois-au-Voyez, et Émile-

Casimir Fournier de la Châteigneraye, capitaine au régiment des dragons de la reine, habitait ce château avant la Révolution. En 1820 mourut au Bois-au-Voyez M. Fournier de la Châteigueraye, époux de dame A. Chanu de Limur.

La terre du Bois-au-Voyez fut peu après divisée entre plusieurs cousins, héritiers du défunt, et M. Georges de Ferrou du Quengo cutlen partage le Bois-au-Voyez, où il mourut le 20 novembre 1858. — Son fils, M. Olivier de Ferron, posséda après lui ce château, qu’il légùa en mourant, le 13 avril 1867, à son neveu, M. Alain Hersart du Buron, qui en est maintenant le propriétaire.

Il existeras Bois-au-Voyez une fondation de resière, faite au siècle dernier par remembre de. la famille Fournier de la Châteigneraye ; il la fonda pour les paroisses de Maure, Mernel, Guignen et Saint-Germain, où s’étendait sa seigneurie du Bois-au-Voycr.

Bnaamfiar. — Ce très-ancien manoir, — aujourd’hui maison de ferme, — donna son nom à une noble famille qui le posséda longtemps. Jean de Brambéat figure parmi les nobles de la paroisse de Maure en 1426.

Au xvie siècle, Jeanne de Brambéat, dame dudit lieu, apporta cette terre aux sires de la Marzelière, en épousant Renaud de la Marzelière, seigneur dudit lieu et de Brambéat en 1513. — En 1541 vivait Pierre de la Marzelière, seigneur de Brambéal.

La famille de marnières vint ensuite à Brambéat, et vers 1637 vivaient Julien de Marnières et Marie Maingard, seigneur et dame de Brambéat. — Ce manoir était habité en 1642 par Guillaume de lllarnières et Françoise de Lestourbillon, seigneur et dame de la Bouère. — Enfin, en 1780, M. de Marnières, marquis de Guer, possédait la seigneurie de Brambéat.

LE Cnssun. — Guillaume Levesque possédait ce manoir en g 1426. — En 1437 vivait Guillaume du Puy, qui épousa Jeanne Levesque. 7- La maison noble du Chesne appartenait en 1513.31 Bertrand du Puy.

Nous trouvons encore au xvn“ siècle Claude du Puy et Jeanue de Condest, seigneur et dame du Chesue, habitant ce manoir en 1648, et Claude du Puy, seigneur du Chesne, et Geneviève de Vaunolse, sa femme, vivant en 1671.

En 1681, Jean de Vaunoise épousa à Maure lliarie-Thérèse du Puy du Chesne. — « En 1722, Joseph-Guy TIIOIIIÆIS de la Caulnelaye se maria ä Maureavec Gilonne-Thérèse de Vaunoise, également du manoir du Chesne.

Le Bois-au-Fut. — En 1513, Guillaume Garzel possédait la maison noble du Bois-au-Fût.

Au xvn“ siècle, la famille Rozy, d’origine italienne, établie en Bretagne et alliée aux Robelot de la Voltais, vint au Boisau-Fût, où demeuraient en 1687 François Rozy et Géfline du Chesne, sa femme. — En 1726, Léonard Rozy, seigneur du Bois-au-Fût, épousa Françoise de Cérisay et habitat le BoisauÏFût avec elle.

De nos jours, la famille Le Breton est devenue propriétaire de ce manoir, par suite d’une alliance avec la famille Rozy.

La Lambardaye. — Ce manoir, — habité maintenant par M. Sévère de Talhouët, — n’était en 1513 qu’un a hébergement roturier qu’avait acheté Louis Mouraud, et que possédait alors Jean Mouraud, seigneur de la Peesuère. »

La famille lliouraud de la Satwagère posséda pendant plusieurs siècles la Lambardaye, qu’avaient Alain Monraud et lliarie de la Bourdonnaye, seigneur et dame du Jarossay, et plus tard, en 1680, Guillaume Mourautl, leur fils, seigneur de la Sauvagère et de la Lambardaye.

En 1695, Josephdtlarie Mouraud, seigneur de la Sauvagère, devait au comté de Maure « foy, hommage, raehapt et chambellenage ä cause de sa maison emnétairie de la Lambardaye.

François de Visdeloup habitait eu 1792 le manoir de la Lambardaye, à côté duquel se trouve une vaste prairie appelée la Bataille.

La Barbouinaye. — En 1426, Éon de Pellan possédait ce manoir, appelé de son nom la Barbouinaye de Pellan ; mais, en 1513, les deux terres nobles de la Barbouinaye et de Pellan appartenaient à François du Pont-Romand, seigneur du Pont-Rouaud.

Au milieu du xvne siècle, Jean Le Chanff et Jeanne Préau, seigneur et dame de la Barrière, habitaient la Barbouinaye, où cette dame mourut en 1682.

En 1700, vivaient Isaac Le Chauff et Marie-Anne de Révol, seigneur des Aulnays et de la Barbouinaye ; ce seigneur devait en 1695, au comte de Maure, a foy, hommage, rachapt et chambellenage à cause de sa maison noble de la Barbouinaye. »

La paroisse de Miaure renfermait encore les autres terres nobles qui suivent :

Les Cambaras, en 1426 à Jean Chasteaulou ; en 1513 à Yvon de la Motte ; en 1695 à Joseph Mouraud, seigneur de la Sauvagère ; puis aux Fournier de Trélo, dont Charles Fournier, seigneur des Cambaras, décédé à Allérac en 1715, et Charles-Louis Fournier, seigneur de Trélo et des Cambaras, vivant en 1741. Cropeneuc, jadis aux sires de Maure, comme le prouvent le testament de Pierre Ier en 1417 et la Réformation de 1426. — La Bouexière, en 1513 à Guillemette Mouraud, mère de Pierre de la Fouaye, et, au siècle suivant, aux seigneurs de Bégasson de la Lardaye. — Pellan, longtemps à la famille du même nom, dont Eudes de Pellan, croisé en 1238, et Éon de Pellan, seigneur de la Barhouinaye en 1426 ; en 1513 à François du Pont-Ronaumaet en 1680 au sieur du Val-Hamon Fournier. — Vidouet, en 1513 à Guillemette Mouraud. — La Tremblaye, en 1426 à Pierre de la Juardaye, en 1513 à Guillau-me Piel, et en 1695 ; aux de Bégasson de la Lardaye. — La Guérivaye, en 1695 à M. Ferron, seigneur de Penhouët, et en 1780 à M. de Becdelièvre de Saint-Maur. — LA Launnmrn, en 1513 à Pierre Marcadé, seigneur de la Pacaudaye, et en 1695 à M. Ferron, seigneur de Penhouët. — LA BlLLlAYE, en 1426 à Guillaume de Lescannet, et en 1513 à Jean de la Corchière et sa. compagne, fille de Jacques de Lassy. — LA BARRE-LIMOGES, pendant les xviie et xviiie siècles à la famille de Limoges, dont Jean de Limoges et Magdeleine de Loumeau, sa femme, habitant la Barre en 1666. — TRÉBERT, à la famille de ce nom, dont Guéthenoc de Trébert, vivant en 1144 ; Jean de Trébert, qui prêta serment au duc en 1437, et Thuriau de Trébert, marié en 1513 à la fille de Guillaume de la llïotte ; puis à Jean du Bézit, et, enfin, à André du Bé et Guillemette Apuril, sa femme, vivant en 1649. — LAUNAY, en 1426 à Robert de Montauban, seigneur du Bois-Basset, et en 1513 à Louis Becdelièvre, également seigneur du Bois-Basset. — Le Moulin-Hamon, en 1426 à Guillaume du Masle, et en 1513 à Jean du Masle, seigneur du Masle. — Le Plessix, en 1426 à Olivier Niel, et en 1513 à François de Treczac, seigneur du Bois-Denast. — Treffeleuc, en 1426 à Pierre de la Boche, et en 1513 à Jeanne de la Roche, dame de la Roche-Cotterel. — LA Cuoix, en 1513 à Pierre Marcadé, seigneur de la Pacaudaye. — LA CHESNAYE et LA GOURMAYE, en 1513 à Jacques du Bois-Denast. — Bepihan, en 1513 au sieur de Pellan. - Treman, en 1513 à Pierre de la Bouère. — La Fosse-Gouffiere siècle, en 1513 à Pierre de la Tourneraye, — et Trecatuez, en 1513 à Jean Herbert.

La plupart de ces dernières terres n’étaient que des métairies nobles. La paroisse de Maure renfermait- en outre, jadis, quelques autres terres nobles qui se trouvent maintenant dans les paroisses voisines, telles que Chuceville, Le Meslouet et la Barrre-des-Féages, aujourd’hui en Lieuron ; Poussehart, maintenant en Mernel, etc.

§ II. — BOVEL.

I. — Origines, — église et chapelle.

Nous avons dit que la paroisse de Maure renfermait jadis la chapelle de Notre-Dame de Bovel ; c’est cette chapelle qui a donné naissance de nos jours à la paroisse du même nom, distraite de celle de Maure.

La déclaration des fabriques de Maure, en 1690, parle de Bovel comme il suit : « Est une chapelle fort ancienne à Bovel où il y a assemblée le jour de la Nativité et foire le lendemain appartenant aux seigneurs de Maure ; auquel jour de la Nativité de la Sainte Vierge le recteur de Maure reçoit le tiers des oblations, le chapelain en reçoit l’autre tiers et l’autre demeure a l’augmentation de ladite chapelle ; et n’avoir pu apprendre qu’elle ait été fondée ni dotée, sinon que la messe y est desservie, festes et dimanches, par missire Geffray Hédreul, à la prière des habitants voisins d’icelle chapelle, ce qui a été de tout temps immémorial. » [15]

Les seigneurs de Maure, « fondateurs de Bovel, » y avaient, comme l’on voit, établi une foire qui s’y tient encore ; aussi la duchesse de Mortemart, comtesse de Maure, déclare-belle, en 1695, qu’elle a a droit de faire prendre et lever aux jours de testes et assemblées, par chacun an, à ladite. chapelle de Bovelyde tous vendants vin par menu et détail deux pots, au choix de ladite dame duchesse, pour droit de bousillage. Droit de coustume et estalage de tous vendants marchandises près et à l’environ de ladite chapelle, et pouvoir d’étalonner pintes, quarts et pichiers, mettre le vin à prix par les officiers de ladite dame, par information qui sommairement en sera faite auxdits jours de feste et assemblée dudit Bovel. » [16]

C’est le culte rendu à Bovel à une vieille statue de la, Sainte Vierge qui donna naissance a l’assemblée et à la foire qui s’y tiennent a l’époque de la fête de la Nativité. D’après une naïve légende, cette statue, placée maintenant dans l’église, aurait été trouvée sur les landes d’Anast et apportée dans une charrette traînée par des bœufs là où s’élève maintenant le sanctuaire de Bovel. Non loin de cette église, reconstruite depuis peu avec goût, et ornée d’un beau portail de la renaissance qu’on a eu le bon esprit de conserver, — se trouve une fontaine fréquentée par les pèlerins et surmontée d’une autre antique statue de la Vierge.

Il n’y a point maintenant de chapelles dans la paroisse de Bovel ; mais dans son territoire s’élevait autrefois la chapelle du manoir de la Roche-Cotterel, que dota en 1626 François Fournier, seigneur de Launay-Saint-Pern, et qui était encore régulièrement desservie en 1690.

II. — Manoirs et terres nobles.

La Roche-Cotterel. - Ce manoir est d’une grande ancienneté ; non loin de l’habitation moderne on voit encore sur une lande, dit M. de la Bigne Villeneuve, une enceinte circulaire avec trace de fossés, portant le nom de Châtel de la Roche. (Bretagne Contemporaine.)

D’après la déclaration du comté de Maure, en 1695, la Roche-Cotterel relevait de cette seigneurie « à devoir de foy, hommage, rachapt et chamhellenage, » et devait de plus, au sire de Maure, 6 deniers de rente annuelle.

La maison noble de la Roche donna son nom à une famille a laquelle appartenait Pierre de lalïoche, sieur de Trelfeleuc, et noble de Maure, en M26. La Boche était, en 1513, a Jeann-e de la Boche, femme de Pierre Buynart.

La famille de la Roche s’étant fondue dans celle des Fournier de Trélo, nous voyons, en 1598, Guillaume Fournier prendre le titre de seigneur de la Roehe-Cotterel, et en 1626, François Fournier, seigneur de Launay-Saint-Pern, fonder une chapellenie en sa maison seigneuriale de la Roche-Cotterel.

En 1690, Gilles des Hayes, seigneur de la Ménuraye, était devenu « acquéreur judiciel de la maison noble de la Boche-Cotlerel. »

La famille Le Bel possède plus tard ce manoir, par suite du mariage de Bonabes Le Bel avec Françoise des Hayes, qui habitaient la Roehe-Cotterel en 1705.

En 1738, Achille du Guiny ayant épousé lllélanie Le Bel, la Boche-Cotterel passa aux du Guiny, qui la possédèrent jusqu’à la Révolution, car Ogée nous dit que de son temps M. du Guiny de Kerhos avait la moyenne-justice de la Boche-Cotterel.

La Roche est aujourd’hui un château construit dans un site très-pittoresque, et appartenant à M. Bouessel, qu-i y demeure.

Le BOIS-DENAST. — Ce manoir, reconstruit au commencement de notre siècle, occupe, selon M. de la Bigne Villeneuve, l’emplacement de Pancien château seigneurial d’Anast., (Voy. La Bretagne Contemporaine.)

Nous avons dit précédemment que la famille d’Anast était représentée, au xm“ siècle, par Gelïroy et Guillaume d’Anast, qui devaient chacun un demi-chevalier h l’ost du. duc de Bretagne, et qui habitaient le pays de Maure. Gelfroy possédait, avons-nous dit, le Bois-Basset ; il se pourrait bien que le Bois-d’Anast ou Bois-Denast fut la seigneurie tenue par Guillaume d’Anast.

Toutefois, les Réformations ne parlent point du Bois-Denast avant 1513. À cette époque apparaissent François de Reczac, possesseur de la maison noble du. Bois-Denast, et Jacques du Bois-Denast, seigneur de la Chesnaye ; mais nous n’avons point de documents sur ces personnages ni sur leurs familles.

Un siècle-plus tard, le Bois-Denast appartenait aux Grat- a

temy, dits du Bois-Hamon. Pierre du Bois-Hamon et Renée d’Andigné, sa femme, seigneur et dame du Bois-Hamon et du Bois-Denast, vivaient en 1604. — René du Bois-Hamon, seigneur du Bois-Hamon et du Bois-Denast, reçut des aveux rendus à sa seigneurie du Bois-Denast en 1624. — Séhasticn du Bois-Hamon, seigneur du Bois-Hamon et du Bois-Deuast, reçut également des aveux en 1648. Ce seigneur possédait encore le Bois-Denast en 1690.

Maisen 1695 la seigneurie du Bois-Denast appartenait a N. Gentil, sieur des Hayes, qui la tenait} à devoir de foy, hommage, rachapt et chamhellenage deub à la dame comtesse de Maure. »

La famille de la Noë vint peu de temps après au Bois- Denast, par suite du mariage de Pierre de la Noë, seigneur p. de Coëtpeur, avec Marie-Aune Gentil ; ces deux époux habitaient le Bois-Denast en 1724. -.- Jean-Baptiste de la Noë de Coëlpeur et Louise-Émilie du Bot demeuraient, au milieu du siècle dernier, au Bois-Denast, dont la moyenne-justice appartenait, au temps d’Ogée, à M ? de Coëtpeur.

Cette famille continua jusqu’à nos jours de posséder et d’habiter le château duïlois-Denast, qui appartient maintenant à M“ Briot de la Crochais, née de la Noë de Coëlpeur.

LE CORMIER. — Ce château, récemment construit par M. Brénugat, appartient maintenant ä M. Alfred de Bréhièr, qui y demeure.

Le territoire de Bovel renferme encore quelques anciennes a maisons jadis d’une certaine importance, c’était :

LE FLECIIAY, très-ancienne construction dont on ne voit plus que remplacement, et sur le compte de laquelle je n’ai rien trouvé jusqu ?) présent. — LA HARELAYE, en 1513 à Jean Harel. — LA GRAND-MAISON ou LE CHATEAU DE BovEL, appartenant en 1648 à Jean La Perche, sieur de la Rousselyc. Ce dernier rendit aveu à Sébastien du Bois-Hamon, seigneur du Bois-Denast, le 9 septembre 1648, « pour la Grand’maison de Bovel size près la chapelle dudit Bovel, n et confessa devoir a par chacun an audit seigneur une paire de gants blancs à estre mis a la croix de Bovel ou a l’espine blanche estant au devant de ladite chapelle. » (Archiv. d’Ille-et-Vilaine.) M. Le Normand posséda plus tard ce manoir, aujourd’hui rasé.

§ III. — CAMPEL.

l. — Anciens forts militaires.

Le 29 août 868, Salomon, roi de Bretagne, data une charte de son palais de Campel « Factum est in pago nuncupante traits silvam, in aula que vocatur Campel. » [17]

Une véritable série de fortifications antiques existe dans la paroisse de Campel ; la lande d’Anast, qui s’étend de Campel à Bovel, en est littéralement couverte sur lÎespace de plusd’t’ 1ne liene ; peut-être ces anciens forts ont-ils remplacé ou défendu la demeure royale de Salomon, mais on ne peut le savoir au juste ; contentons-nous donc de les signaler. Il faut distinguer sur les landes d’Anast quatre principaux ouvrages d’art militaire : 1o Le fort de l’Arbre-Derrien, situé près de lfétang de Livry, non loin du manoir du Val, est cir culaire, a environ 25 mètres de diamètre et est entouré de douves peu considérables. À côté se trouvait jadis le manoir du Chêne-Derrien, habité, disent les paysans, par un évêque qui devait être Thomas d’Anast, évêque de Cornouailles au xiv” siècle. — 2o Le fort de la Bigotaye, voisin du village de ce nom ; il est également circulaire, mais beaucoup plus considérable que le précédent ; son diamètre est de 56 mètres, sa douve a 7 mètres de largeur, et le talus qui le forme a une largeur de 6 mètres. — 3o La, Com du Chàtel. Ce nom semble rappeler la demeure de Salomon aula Campel. Non loin du fort de la Bigotaye est un grand talus ayant G mètres osa base, 3 mètres de hauteur et environ E00 mètres de longueur ; je crois que ce travail reliait le fort de la Bigotaye au fort des Forêts qui suit ; les paysans appellent les prai» ries qu’il traverse les Noës du Châtel, la Cour du Ciiâtel, ou simplement le Chàtel de la Bigotaye. —‘lr" Le fort des Forêts n’est pas éloigné du manoir du Bois-Denast, en Bovel ; il est carré et d’une vaste étendue ; son hayle intérieur a environ 40 mètres sur chaque côté, mais ses talus ont à peine 3 mètres (le haut et ses douves ne sont pas profondes ; à côté se trouve un puits aujourd’hui ruiné.

Remarquons aussi que toutes ces fortifications antiques occupent les sommets d’une longue chaîne de collines, aspectées toutes au Nord ; elles sont accompagnées d’un autre singulier travail : ce sont de petites fosses d’environ 2 mètres de longueur, accostées doutant de petits talus et tournées également vers le Nord ; dest-ä-dire vers la plaine qui s’étend au pied des collines. Les villageois d’alentour disent que ces fosses servaient à cacher les soldats}, que protégeaient les petits remparts de terre qui s’élèvent a côté. Signalons aussi le chemin pavé, dont nous avons précédemment parlé, qui traverse cette curieuse lande d’Anast, couverte d’anciens forts, et avouons que si une grande obscurité règne encore sur l’origine de ces travaux d’un autre âge, il n’est pas moins intéressant de retrouver dans ces vieux débris militaires les noms de la Cour du Chàtel et d’Anast, qui nous rappellent ; l’un la Cour du roi Salomon à Campel, l’autre l’antique seigneurie d’Anast.

Il. — Églises et chapelles.

Campel ne fut qu’une trêve de Itlaurejusquñ la Révolution ; toutefois, les registres paroissiaux de cette trêve remontent à 1643 ; nous y voyons qu’on y faisait autrefois une procession autour de la paroisse le mardi de la Pentecôte.

On vient de construire une nouvelle église à Campel, dans le genre ogival ; mais l’ancienne existe encore, et comme elle va probablement disparaître bientôt, je veux en dire ici quelques mots.

Cette vieille église appartient presque tout entière aux xv” et xvt° siècles ; elle se termine par un chevet droit où apparaissent encore les écussons des sires de Bellouan, seigneurs du Val de Campel ; deux belles fenêtres flamboyantes, un sacraire et des crédences en pierre sculptée, quelques débris, de belles verrières, des tombes armoriées, une chapelle seigneuriale ouvrant sur le sanctuaire, mais complètement isolée de l’église et appelée la chapelle des Cadets, montrent le soin que les seigneurs du lieu mirent à ornementer l’église de leur paroisse.

Dans les derniers siècles, les seigneurs de Campel étaient les du Bouexic, seigneurs du Val-Campel ; mais il semble que, primitivement, ce devait être les comtes de Maure ; aussi voyons-nous d’un côté Alexandre du Bouexic, seigneur du Val-Campel, confesser en 1678 « tenir et relever proche ment du roi touts droits, prééminences et prérogatives en l’église paroissiale de Campel, » [18] et d’un autre côté la comtesse de Maure déclarer au roi, en 1695, a être à cause dudit comté de Maure, dame fondatrice et supérieure de l’église de Campel, et lui appartenir tous les droits, privilèges, prérogatives, dignités, préséances et prééminences à Campel. » Il était facile, au reste, aux seigneurs du Val-Campel, d’usurper ces prééminences, car les absents ont toujours tort, et la comtesse de Maure, duchesse de Mortemart et fille du grand Colhert, ne devait guère s’occuper, à Versailles, de sa petite et champêtre église de Campel. Ifienfeu des sires de Bellouan, seigneurs du VaL-placé encore maintenant dans la nel’et non point dans le chœur, et la dénomination de la chapelle des Cadets, qui semble une singerie de ce qui existait à Maure, prouvent d’ailleurs, je crois, en faveur des comtes de Maure, qui durent, dans l’origine, être les vrais seigneurs de Campel.

Il n’existe plus de chapelle dans la paroisse de Campel, mais on y voyait jadis celle du manoir du Val, dont les débris annoncent le xvie siècle.

III. — Manoirs.

LE VAL. — Les anciennes Réformations de la noblesse ne mentionnent point cette seigneurie, qui appartenait, au XVI° siècle, à la famille de Bellouan. Mais le P. du Paz nous parle d’Éon de Bellouan, seigneur dudit lieu et du Val, fils de Jean et père de Michel. — Ce Michel de Bellouan, seigneur de Bellouan et du Val, ’ épousa Guyonne de Coëtquen, dame du Bois de la Motte. — Bonne de Bellouan, leur fille, épousa successivement : 1o Robert d’Avaugour, dont elle eut le fameux capitaine ligueur Saint-Laurent ; 2o Guy de Trémigon, et 3o François de Montbourcher. Cette dame possédait le Val et mourut vers la fin du xvi“ siècle.

Peu d’années après, en 1626, nous trouvons François du Bouexic, seigneur du Val, nommant un enfant à Campel ; ce seigneur avait épousé Marguerite Fabron, et ils habitaient ensemble leur manoir dut Val, qu’on appelait alors le Val-Bellouan, en souvenir des sires de Bellouan. —’— En 1661, vivaient Alexandre du Bouexic et Marie Saulnier, sa femme, seigneur et dame du Val et de Campel.

Le 26 avril 1678, « messire Alexandre du Bouexic, chevalier, sieur de Campel, demeurant dans son manoir du Val, paroisse de Campel, » rendit aveu au roi pour sa seigneurie du Val de Campel. Nous extrayons de cet intéressant document ce qui suit :

« La maison et manoir noble du Val de Campel consistant en plusieurs grands corps-de-logis étant en les première, seconde, et troisième cours toutes fermées de murailles, le grand jardin fermé de pareilles murailles, au dedans duquel est située la fuie ou colombier construite de pierre ;… tous et chacuns les grands bois de décoration et haute futaye. .. la Vigne joignant le grand jardin, etc… »

« Ledit sieur de Campel à droit de haute, moyenne et basse justice sur ses hommes et sujets avec tous droits de juridiction contentieuse… droit de béhourd payable à peine d’amende par le dernier épousé en ladite église de Campel au jour de Noël de chaque année, a l’issue de la grand’messe… droit de tenir trois foires par an audit bourg de Campel, etc… »[19]

Alexandra du Bouexic fut remplacé au Val par son parent, Louis du Bouexic, seigneur de Pinieux, qui épousa Suzanne Grout, et que nous trouvons en 1695 seigneur du Val et de Campel. Les descendants de ce dernier possédèrent le Val pendant le siècle dernier.

De nos jours, cette terre a successivement passé entre les mains de MM. Le Levrcur, Petitot, Rogier et de Charette ; celui-ci vient de construire un fort joli château sur la colline qui domine l’ancien Val.

Quant à cette antique demeure des seigneurs de Bellouan et du Bouexie, il n’en reste plus que des ruines insignifiantes ; mais la position du vieux Val reste toujours pleine dîntérét. Ravissant de fraîclieura entouré de nombreux étangs et ombragé de grands bois, ce château devait offrir jadis un aspect de la plus grande distinction ; au moyen des eaux qui l’entouraient, il se trouvait même à Fabri d’un coup de main, et sans être fortifié, il pouvait résister quelque temps à l’ennemi par suite de sa position exceptionnelle.

La soraye. — Il ne reste plus du manoir de la Soraye que quelques pans de murailles sans intérêt, et une ferme appartenant a la famille Briot de la Crochais.

La Soraye donna son nom à une noble famille, dont l’héritière ; Olive de la Soraye, dame dudit lieu, épousa Jean de Lambilly, grand-chambellan du duc Jean V.

La famille de Lambiliy fut remplacée a la Soraye par celle de Quéhéon, a laquelle appartenaient Louis de Quehéon et Renée de Rollon, seigneur et dame de la Soraye, vivant en 1642.

Au siècle dernier, René Fouquet, seigneur de la Bouche-Follière, épousa Bonne Gentil du Bois-Denast, et devint scigneur de la Soraye ; il mourut en 1731 et fut inhumé dans l’enfeu de la Soraye, dans l’église de Campel. — La famille de la Noë de Coëtpeur, alliée aux Gentil du Bois-Denast, posséda ensuite la Soraye, qui formait une moyenne justice en 1778. C’est ainsi que, depuis fort longtemps, cette terre se trouve unie à celle du Bois-Denast.

LA TOUCHE. — Cette maison noble de peu d’importance appartenait en 1678 au seigneur du Val-Campel. — Nunc ferme à M. Salmon.

§ IV. — MERNEL.

I. — Origines.

Lorsqu’en 843 Anowareth donna à l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire ou de Glanfeuil la paroisse d’Anast, avec son église et ses sept chapelles, il excepta de ce don la chapelle de Saint-Martin de Mernel : « Ego Anowureth trado ad Glandifolium terram que dicitur Anast culn ecclesia Sancti Petri nomine fundata et septem capellas subjectifs, excepte, ecclesia que est sita in villa, que dicitur Mirhenella sacrata in honore Sancti Martini. » [20]

Ainsi, dès le ixe siècle, Mernel était une bourgade « villa Mirhenella » ayant une église dédiée à saint Martin et relevant alors de l’église-mère d’Anast.

Pourquoi Anoyvareth se réservait-il ce sanctuaire ? Nul ne le saura jamais au juste ; mais les antiques constructions qui avoisinent le bourg de Mernel à la Châteigneraye, les ruines gallo-romaines de la Bouexière et de la butte du moulin du bourg, nous autorisent à supposer que Mernel pouvait bien être l’habitation d’Anowareth et de sa famille. Quoi qu’il en fût, par suite de cette séparation de l’église de Mernel de celle d’Anast, la paroisse de Mernel dut se former de bonne heure distincte de celle de Maure, et la seigneurie du lieu devint indépendante elle-même du comté de Maure.

L’on voit en effet, au moyen âge, la cure de Mernel a la présentation des évêques de Saint-Malo, qui étaient en même temps seigneurs de la paroisse.

Dans sa Déclaration du mois de juillet 1682, messire Sébastien du Guémadeuc, évêque de Saint-Malo, dit qu’il possède un fief et bailliage en la paroisse de Mernel, à raison duquel il est « seigneur supérieur et fondateur de l’église d’icelle paroisse. » On voit ensuite dans ce titre que le sieur de la Châteigneraye « est tenu et obligé de recueillir et recevoir les rentes dudit fief de Mernel, en qualité de provost féodé dudit évêque, pour les luy payer et dellivrer ou à ses receveurs, fermiers ou procureurs en leur déduisant et rabattant la septième partye qu’il a droit de retenir pour droit de recette destitues rentes. » Enfin, la déclaration porte qu’il « lui est deub (audit évêque) obéissance, foy et hommage, sans debvoir de rachapt, par les sieurs du Courouet, du Pont-Rouault, de Pelan, du Bois-Basset, de la Paeaudais, de la Billiais, de la Lambardais, de la Chasteignerais et plusieurs autres, à cause des fiefs qu’ils tiennent dudit évesque. » [21]

Mais au siècle dernier, les seigneurs de la Châteigneraye se disaient seigneurs fondateurs et supérieurs de Mernelçen dépit des évêques de Saint-Malo, dont ils n’étaient, dans l’origine, que les officiers.

II. — Église et chapelles.

L’ancienne église paroissiale de Mernel était, dit-on, d’une haute antiquité, et renfermait deux chapelles seigneuriales dépendant, l’une du manoir du Pont-Rouaud, et l’autre du manoir de la Vieuville. Cette chapelle du Pont-Rouaud avait été construite en 1454 par les seigneurs de ce nom, avec beaucoup de goût. On a conservé fort heureusement les colonnes et l’arcade qui la séparaient du sanctuaire, et l’on en a fait un fort joli portail dans la nouvelle église.

Quanta la chapelle de la Vieuville, elle existe encore en partie avec ses murailles couvertes d’écussons, mais elle n’offrit jamais l’intérêt de la précédente. Les seigneurs du Pont-Rouaud et de la Vieuville avaient leurs enjeux dans ces chapelles ; quant à ceux de la Châteigneraye, ils se faisaient enterrer, aux derniers siècles, dans le sanctuaire ; la pierre tombale de l’un d’entre eux existe encore.

La nouvelle église de Mernel est propre et bien tenue, mais elle n’offre de remarquable que le portail que je viens de signaler.

Il y avait en Mernel plusieurs chapelles autrefois :

1o La plus intéressante est celle de Notre-Dame-de-Joie, dont j’ai raconté la légende ailleurs [22] ; on y voit l’inscription suivante, qui rappelle sa réédification par les seigneur et dame du Bois-au-Voyez, manoir voisin situé en Maure :

AVE MARIA. NEUL N’ENTRE ICI QUI NE SALUE MARIE.

Ferdinand de Neuville évêque de Saint-Malo a permis à haut et puissant messire René de Tournemyne et à dame Renée Peschart sa femme de faire bénir la chapelle de Joye qu’ils ont bâtie et réédifiée, et même la cloche qu’ils ont donnée et qui a été nommée Anne-zllarie par messire Jan-Joseph Tournemyne leur fils unique et dame Françoise Tournemyne marraine. — Priez pour les seigneur et dame de Campzillon et du Bois au véé fondateurs de céans. — Fait le 2e jour de septembre 1647. » [23]

Il est question de cette chapelle dans l’aveu que rendit au roi le seigneur du Bois-au-Voyez en 1680. « Dans l’enclos des landes du Bois-au-Voyez et du Courrouët est assise la chapelle de Notre-Dame de Joye, dépendante du baillage d’outrelean, dans laquelle ledit seigneur (du Bois-au-Voyez) a prééminence, banc prohibitif, armes et écussons. » [24]

Une déclaration de 1690 nous apprend aussi que les seigneurs du Bois-au-Voyez avaient fondé des messes dans la chapelle de Joie. Ce sanctuaire continue d’être un but de fréquents pèlerinages.

2o Saint-Solain. Cette chapelle, — aujourd’hui détruite, est parfois appelée dans les anciens titres Saint-Soleil ; je crois qu’elle fut construite en l’honneur de Saint-Solenne, évêque de Chartres, dont la fête arrive le 25 septembre. En 1663 mourut François du Bouexic, a prieur de Saint-Solen. n Cettechapelle était régulièrement desservie en 1690.

3o et 4o Les chapelles des manoirs de la Guisnebergère et du Pont-Rouaud sont encore signalées dans la déclaration des fabriques de Mernel en 1690, et la première y est dite « très ancienne. »

III. — Manoirs et terres nobles.

La Chateigneraye. — Une ferme appartenant à Mme  Tessier a remplacé de nos jours le château de ce nom. Nous avons précédemment parlé des mottes de sable rouge qui se trouvent à l’entrée du bourg de Mernel, dans les dépendances de la Châteigneraye ; elles ont dû être l’assiette d’un château-fort, mais ce château portait-il le nom de Mernel ou celui de la Châteigneraye, nul ne le peut savoir.

Ce qui est certain, c’est que la Châteigneraye était au moyen âge sous la mouvance directe de l’évêché de Saint-Malo ; nous avons vu que le possesseur de cette terre était « prévost féodé » de l’évêque, c’est-à-dire qu’il était chargé de recueillir les rentes de ce seigneur évêque dans son fief de Mernel.

Pendant tout le xve siècle, la famille Guédas ou Guydas habita le manoir de la Châteigneraye, que possédait J. Guédas en 1427, et ou demeurait Pierre Guydas en 1513.

Au milieu du xvie siècle, les Rollon, originaires de Normandie, s’établirent en Bretagne par suite d’une alliance avec les de Limoges, qui possédaient le manoir de la Barre, en Maure. En 1620 mourut Claude Ballon, seigneur de la Châteigneraye, dont le corps fut inhumé dans le chanceau de l’église de Mernel. En 1637, Guy Ballon, seigneur de la Châteigneraye, épousa dans la chapelle priorale de Saint-Sauveur de Lohéac, Julienne de Cérisay, clame de la Cour-Neuve. — 1679. Jean de Rollon, seigneur de la Châteigneraye. — Vers 1702, Louis de Rollon, parent des précédents, mais fils de Georges, sieur de Villeneuve, devint seigneur de la Châteigneraye et épousa Hélène de Launay, dame du Plessis-Hudelor, en Loutéhel. Ce seigneur habitait ordinairement ses manoirs du Plessix-Mahé et de la Garenne, en Lieuron ; il mourut dans ce dernier en 1734.

Quoiqu’il portât jusqu’à sa mort le titre de seigneur de la Châteigneraye, Louis de Rollon n’avait plus alors cette terre, qui appartenait dès 1728 ä Louis Fournier, seigneur du Feuilly.

La Châteigneraye donna ensuite son nom a une branche de la famille Fournier, qui posséda jusqu’à nos jours cette seigneurie, qu’elle unit a celle du Bois-au-Voyez. En 1820 mourut M. Fournier de la Châteigneraye, et la Châteigneraye, séparée alors du Bois-au-Voyez, devint la propriété des Péan de Pontfilly, qui la vendirent plus tard.

Le Pont-Rouaud. — Ce manoir, aujourd’hui détruit, a donné son nom à une famille de chevaliers qui figurèrent honorablement l’armée et à la Cour des ducs de Bretagne. En 1427 vivait Guillaume du Pont-Rouaud, seigneur dudit lieu, qui épousa Ysabeau de Baulon ; c’est probablement a lui qu’on devait la construction de la chapelle seigneuriale du Pont-Bouaud, dans l’église de Meruel. — François du Pont-Rouand, seigneur dudit lieu, habitait son hôtel du Pont-Rouaud en 1513 ; il fut exécuteur du testament de Jean VIII, seigneur de Maure.

La famille du Pont-Rouaud se fondit, dit M. de Courcy, dans celle de Thierry par le mariage de Jacquette du Pont-Rouaud avec Pierre Thierry, seigneur du Bois-Orcant ; mais au xviie siècle Charles de Sévigné, comte de Montmoron, possédait le Pont-Bouaud. C’est ce que nous apprend la déclaration du Bois-au-Voyez en 1680, où nous troyens que le seigneur du Pont-Rouaud doit h celui du Bois-au-Voyrer « 20 deniers monnaie de rente obéissance par chacun an, à peine d’amende, payables au terme de l’Angevine, au tablier du bourg de Saint-Germain, avec foy, hommage et rachapt. » Le seigneur du Pont-Rouaud devait également « 14 deniers » au baron de Lohéac, et a obéissance, foy et hommage » à l’évêque de Saint-Malo [25].

Les Sévigné de Montmeron s’étantfondus dans les du Hallay, ces derniers devinrent seigneurs du Pont-Rouaud, que possédaient en 1756 « M. du Hallay, Mlle  du Hallay et M. du Kerdu du Boisgeslin » [26]. Les Fournier de la Châtaigneraye possédèrent ensuite la terre du Pont-Rouaud, qu’ils unirent à leur seigneurie du Bois-au-Voyez. La ferme du Ponbläouaud appartient aujourd’hui à M. Hersard du Buron, propriétaire du Bois-au-Voyer.

Saint-Maur. — Nous croyons que ce manoir a une origine monastique et qu’il fut d’abord un prieuré de l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire, sécularisé à la suite de la ruine de ce couvent.

La famille de Saint-Maur posséda le manoir de ce nom pendant tout le xve siècle ; l’hôtel de Saint-Maur appartenait, en effet, en 1427, à G. de Saint-Maur, et était habité en 1513 par Pierre de Saint-Maur, seigneur dudit lieu.

Pendant tout le xviie siècle, la famille Becdelièvre eut Saint-Maur. En 1649 vivaient René Becdelièvre et Antoinette Le Pennec, seigneur et dame de Saint-Maur. — Guillaume Becdelièvre, seigneur de Penhoët, en Maure, et Julienne du Mur, sa femme, possédaient Saint-Maur en 1670. — En 1685, Julien Becdelièvre, seigneur de Saint-Maur, veuf de Magdeleine Cosnier, se remaria avec Jeaune Costard, doublement veuve de Jean du Fresne et de Jean Gallays ; puis les deux vieux époux marièrent ensemble leurs premiers enfants, René Becdelièvre et Jeanne Gallays.

La famille Fournier de Trélo devint ensuite propriétaire de Saint-Main’, et l’une de ses branches prit le nom de Fournier de Saint-Matin’. Le rolle de Illemel, en 1756, mentionne, en effet,.« M. de Trélo-Fournier propriétaire de la maison et métairie de Saint-Maur. n Aujourd’hui, Saint-Maux n’est plus qu’une ferme, et dans ses dépendances se tient une école de Frères de l’Instruction Chrétienne.

LA GUISNEBERGËRE. — La famille de Lassy, originaire de la [JEIFOÎSSP de ce nom, posséda longtemps ce manoir, qu’avait en 1427 J. de Lassy, et qu’habitait en 1513 François’de Lassy, seigneurie la Guisnebergère. Il paraît qu’en 1690 cette terre noble appartenait au marquis de Téhillac (1) ; mais elle fut ensuite unie au Pont-Rouaud, et devint successivement la propriété des du Hallay et des seigneurs du Bois-au-Voyez, dont l’héritier la possède encore.

LA PAÇAUDAYE. — On voyait naguère encore les (lerniers débris de ce manoir, appartenant en M27 à Pierre du Chesne, et en 1513 à Pierre Marcadé, seigneur (le la Pacaudaye, qui l’habitait. Devenue plus tard la propriété des seigneurs de Bégasson, la Pacaudaye resta unie a leur seigneurie de la Lardaye dans les deux derniers siècles.

LA VxsuvrLLu. — Ce manoir n’était pas très-ancien, car la Iléformation de 1427- n’en parle pas, et celle de 1513 s’exprime comme il suit : u François Jernac et sa femme Alain Chatier, demeurant a la maison de la Vieille-Ville, ont une autre maison qui était à Guill. Paradis et estaient roturiers et sont exempts de taille. n

Les familles de la Fouaye et Garel’possédèrent ensuite la Vieuville ; mais cette terre ne paraît pas avoir eu beaucoup

(l’importance jadis, quoiqu’elle eût une chapelle seigneuriale

dans l’église de Mernel.

LA POTINIÈRE. — L’hôtel de ce nom appartenait en M27 a

(1) Déclar. des fab. de Ilfemel. J. Ugues, et en 1513 îi Bollaittl Ugues, qui l’habitait. L’aveu du comté de Jllaure, en 1695, nous apprend qu’à cette époque

M. Lefeuvre (le Canmartin devait «r foy, hommage et rachapt V

noble n» a la dame comtesse de lllaure, a à cause de la maison et dépendance de "Fohinière. n

On trouvait encore jadis en Merncl les maisons nobles de POUSSEHART, en 1427 a la fille (le J. illlounier, en 1.313 à Jean Mourautlfiet aux siècles derniers aux Beedelièvre ; — LE CHASTELET, en 1513 à Jean Le Prestre, seigneur de la Lohière, et en 1756 à M. Jouneattlx du Breil-Houssoux ; — LE PRIEUBÉ, en 1513 à Robin lllaingard. Il y avait, en outre, quelques hôtels nobles dans le bourg de Mcrnelen 1513, et Fou y trouve encorela maison de RICHEBQNNE, qui appartint successivement aux familles de Valois, de Vaunoise et de la Tousclte.

§ 5 V. — COMBLESSAC.

I. — Origines.

Uancienne Vie manuscrite de saint Melaine, publiée par Bollaudus et composée par un auteur presque contemporain du bienheureux éteqtie de Bennes, renferme de curieuses notions sur Comblessac.

On y voit quïatt v’siècle Comblessac était déjà une localité assez importante pour être appelée « parochia Cambliciaecz. »

{Un roi gallo-demain, nomme Eusèbe, y vint de Vannes avec

son armée, vers l’an 490, et traita cruellement les habitants, peut-être parce qu’ils ne voulaient pas reconnaître sa domination : « Veniezts quippe prédicats reæ (Eusebius) aliquante de Vwlcleîlsi cipitatc cum sue eæercim, pervenît ad parochiam

que vocatur Cambliciactts, ubi castrum silum esrquz ? vocatur

Marciacus, ibique, nobis insertion sur, forte imbus, multorum Iiominuin oculos arum j-ussit et menus evelli. » Mais des la nuit suivante, le roi fut en proie a d’horribles souffrances que ne purent calmer les médecins, et trois jours après la princesse Aspasie, fille du roi, fut tourmentée par le démon. Ce fut alors que Eusèbe, entendant parler de la sainteté de l’évêque Melaine, qui se trouvait alors à Brain, le fit demander près de lui. À Eum summo honore ad se adduci fecit et in cadem parochia in qua ipse jacebat, in loco qui vocalur PrEmaJ/illa hospicium et præparæri jussit. Venviens autem B. Illelanius de monasterio sua… cum paucis monachis ad lectultten jam dicté venit iæzfiræni. n -

Lorsque saint Melaine eut guéri le roi repentant de ses crimes, et lorsqu’il eut délivré Aspasie du démon qui la tourmentait, cette dernière demanda ason père qu’il donnât au saint évêque tout au moins Comblessac, a si non amplius saltem ipsam Cambliciacum B. Melanio condonaret. u Ce

—qu’Eusèbe accorda volontiers : à Quod audiens Eusebius rem

pater ejusdem puelle, serment’libentissime annuens, dedit illi totam parochiam superius nominatam, par annulum suum ad suos monachos alendos. Accepte ergo jam dicta terra

Beatus benedicens eis perreæit inde ad cioitatem Redonenw

sem. n (i)

Plus tard, au ixe siècle, il est question de Comblessac dans les Cartulaires de Saint-Mater et de Itedoæt ; le premier mentionne la vqicairie ou paroisse de ce nom : « Canzblizaica vicaria, » et le second nous apprend qu’un nommé Anauhaëllon y vendit un’champ qu’il possédait au village de Botconac, a cainpum qui est juæta villam que vocatur Botcovzaÿc. » Cette vente se fit a la porte de l’église de Comblessac, le jour de Pâques 819 ou 830, en présence des prêtres Wïelemnopoc et Conhoiam. Il est à remarquer qu’en ce temps-la Eppo était maire, cest-a-dire probablement machein de Comhlessac :

(t) Apud Bollandztm ; Vita B. Melaniz‘. « Eppojmàjore in Cambliciaco, » et que l’acte de vente fut écrit par un clerc nommé Conwoion, qui pouvait bien être le

futur saint abbé de Redornqdu même nom, né à Comblessac‘

au commencement du 1x“ siècle (1). l

Au x11e siècle, nous trouvons dans le Cartulaire de Saint-Melaine la confirmation que Doaldus, évêque d’Aleth, fit en faveur des moines de Saint-Melaine, de leur possession de l’église de Comblessac, a ecclésial de Cambliciaco cum suis appendicite n (M27). Mais lorsque les Bénédictins eurent fondé en Comblessac un prieuré, dont nous parlerons bientôt à l’article des Brûlais, une seigneurie laïque importante s’établit aussi dans cette même paroisse de Comblessac, que les moines possédaient tout entière dans l’origine.

II. — La cluîtellenrîe de Comblessac.

On ne connaît point les commencements de la châtellenie de Comblessac, qui appartint longtemps a la famille de Laval. André de Laval, maréchal de France, fils de Guy XIII, comte de Laval, reçut cette seigneurie en partage et mourut sans postérité en M86. Comblessac rentra alors dans la branche aînée des Laval, car nous voyons Guy XVI et Guy XVII, comtes de Laval, possédericette châtellenie. Ce dernier seigneur rendit aveu au roi pour Comblessae le 15 octobre 1541 Un siècle et demi plus tard, Marie-Aune Colbert, duchesse de Mortemart et comtesse de Maure, devenue à son tour dame

châtelaine de Comhlessac, par acquêt, en 1685, en fit égale-.

ment la déclaration au rot le 2 août 1695-, c’est de ces deux titres que nous allons extraire ce qui suit :

(1) u Ille Convoion filius cujusdaïn nobilissimi est vire ? nominc Conom‘, en : potestatif Sancti Melanii Rhcdonensis episcapi, de plehe Cambliciaca, ea : génére scnatorio. u (Vita S, Convoionis.)

vm 6.

La châtellenie de Comblessac s’étendait dans les deux paroisses de Comblessac et de Guer ; et la plus grande partie des terres nobles de la première de ces paroisses relevaient de la seigneurie a à devoir de foy, hommage, rachapt et chambellenage. n «

« A cause de sa dite terre et chapellenie de Comhleczac laditeçdame n était a dame supérieure et fondatrice. de l’église paroissiale dudit lieu de Combleczac et de la chapelle du prieuré des Bruslays. n

Elle avait u haute, moyenne et basse justice, connais sance de tous crimes en ladite paroisse, prééminences et prérogatives et tout ferme droit sur ses hommes et subjets. n

« Justice patibulaire à quatre pots size à Limoucels, cep et collier, prison et auditoire audit bourg de Combleczac, création d’officiers et d’un sergent général ameneur lequel est franc de fouages et tailles en ladite paroisse de Combleczac. u

a Droit de soule en ladite paroisse de Combleczac et trêve des Bruslays, le premier jour de l’an et le lendemain de Noël, jour et feste de saint Étienne, par les deux derniers mariés desdites paroisse et trève. n -

Enfin, les seigneurs de Comblessac avaient e : droit de menée à la cour de Ploermel » et plusieurs autres privilèges féodaux.

Il n’est point question dans les aucun : de Coinblessac d’un château seigneurial ; toutefois, il se pourrait que celui de la Salle, dont on aperçoit encore les derniers vestiges près du camp du Mur, fut, dans l’origine, le chef-lieu de la châtellenie ; l’histoire est, d’ailleurs, complètement muette sur ce château, signalé seulement comme il. suit dans ce titre de 1695 : à La Noë de Marsac joignant l’emplacement et ancien chasteau de la Salle et bois taillis en dépendant. ai

La déclaration de 1541 nous dit que a est le seigneur comte de Laval seigneur supérieur en la paroisse de Comblessac et est icelle en général tenue de luy en proche ou arrière fief, fors le fief amorty que tiennent en ladite paroisse les curé de Combleczac et prieur des Bruslays. 13(1) Nous verrons plus tard en quoi consistaient les droits du prieuré des Brûlais sur Comblessac.

D’après Ogée, le marquis de Guer possédait vers 1778 la seigneurie de Comblessac. *

III. — Église et chapelles.

L’ancienne église de Comhlessac n’existe plus ; on y voyait la chapelle seigneuriale du Courrouet et les enfeux des seigneurs de Craon et du Bois-Jan. Cette église était en partie entretenue par les Bénédictins de Saint-Itielaine, grands délimiteurs dans la paroisse. C’était aussi ces moines qui nommaient « le recteur ou vicaire perpétuel de Comblessac, :3 auquel le prieur des Brùlais payait une rente de « quarante-six mines de seigle pour portion congrue, a) comme nous le verrons plus loin’. La nouvelle église de Comblessac, construite en.1850, n’offre rien de remarquable ; à côté est une croix de cimetière ornée de figures grossièrement taillées, et datée de 1668.

On trouvait jadis dans la paroisse les chapelles suivantes : Notre-Dame de Lorette, lieu de pèlerinagmfréquenté et dont la légende attribue la fondation a un seigneur de la Villéan ;

— Saiwnt-Maelaine, dont l’origine se rapporte‘, dit-on, au passage du bienheureux évêque de Rennes à Comblessac ; cette chapelle est maintenant ruinée ; — les chapelles des manoirs de Cmon, de la Villéan et du Bois-Jan, dont la dernière seule continue d’être entretenue, avec celle de Lorette.

(1) Arch. de Nantes.

IV. — Manoirs et terres nobles.

Canon. — Quoique rien ne prouve qu’il faille voir dans ce manoir l’ancien lieu de Primeville, où le roi Eusèbe reçut saint Melaine, comme le prétend certaine tradition, il n’est pas moins vrai de dire que Craon est tine très-ancienne terre. Elle donna son nom, paraît-il, à une famille à laquelle appartenaient Guillaume de Craon, possédant en 1427 l’hôtel’tle la Ville-Huet en Comblessac, Bertrand de Craon, seigneur du Bois-Jan en 1513, et Jérôme de Craon, cadet de la même maison à la même époque.

Le manoir de Craon appartenait en 1513 et en 1541 ä Arthur de Craon, et relevait alors de la châtellenie de Comblessac. Les familles du Puy et de Lambert possédèrent ensuite Craon, et en 1674 vivaient Julien Lambert, seigneur du Bois-Jan et de Craon, et Marie de Kerhoent, sa femme. w Leur fils, Jean-François Lamhert, seigneur de Craon, épousa en 1700 Bonne Ricaud et mourut en 1’708. Ogée mentionne en 1780 la moyenne justice de Craon, appartenant à M. de Lambert.

Le château de Craon, reconstruit avec goût, continue d’ap- ’

partenir à la famille de Lambert, qui Fhabite.

LE BOIS-JAN. — Ce manoir appartenait en 1513 à Bertrand de Craon, qui y demeurait ; en 1541 vivait Pierre de Craon, seigneur du Bois-Jan. Dès cette époque, comme l’on voit, la même famille possédait les deux manoirs de Craon et du Bois-Jan ; ils vinrent également l’un et l’autre entre les mains “des Lambert, dont les descendants les possèdent encore.

La maison noble du Bois-Jan relevait en partie de la châtellenie de Comblessae et en partie de éelle de Peillac en Guet‘.

Vers 1700 vivaient René Lambert et Françoise de Lhospital, seigneur et dame du Bois-Jan, dont le fils Jean-François,

seigneur du Bois-Jan, épousa en 1733 Lucresse de Tanouarn, dame du Tertre, en Pipriac. — En 1787, le manoir du Bois-Jan était habité par dame Hélène Moulin de la Raeinière,

veuve de Julien Lamhert, seigneur du Bois-Jan et du Tertre.

Ce château est aujourd’hui la demeure de M. de Kerusec,

gendre de M. de Lambert de Craon. a Le Connmc. — L’hôtel de ce nom appartenait en 1427a

, la demoiselle de la Chasteigneràye, et en 1443 à Alain Sorel. l— La famille Perchérel posséda ensuite ce manoir pendant

deux siècles : Guillaume Perchérel Pavait en 1513-, Jean Per-

’chérel, seigneur du Couëdic, vivait en 1541 ; Jean Huchet,

seigneur de Peillac, et Gillette Perchérel, sa femme, habitaient leur manoir du Couëdic en 1673. — Briant Hochet, seigneur du Çouëdie, vivait en 1700.

La famille de Bégasson de la Lardaye possédait en 1778 cette terre noble, qui appartient maintenant à M. Maubec.

LA VILLÉAN. — Les Sorel habitèrent longtemps ce manoir, appartenant en 1427 à Guillaume Sorel, en 1443 a autre Guillaume Sorel, marié à Guillemette de Bellouan, et en 1513a Philippe Sorel..

En 1541, Arthur de la Villéan, seigneur dudit lieu, possé« dait cette terre noble, relevant en partie de la châtellenie de Comblessae.

Les familles du Bellan et de Sérent eurent ensuite la Vjlléan : René de Sérent et Guillemette du Bollan, sa femme, la possédaient en 1695 ; François de Sérent, seigneur de la Villéan, épousa en 1698 Ivlichelle Rolland.

Ogée nous dit que de son temps la Villéan formait, avec la terre de Trégoëdan, une haute, moyenne et basse justice, appartenant à M. Fournier de Saint-Mania — Nunc ferme à M. Geslin.

Les autres terres nobles étaient en Comblessac : Lus TAILSuel LE Tnn., en 1427 et en 1443 à Guillaume Sorel, seigneur de la Villéau ; en 1513 à Philippe Sorel, et en 1541 ä Arthur de la Villéau. — LE VAUVERT, en 1513 à Arthur de Craon, seigneur de Craon, et en 1695 à Julien de lliarnières, seigneur de Guer. — LA PORTE-AU-SEIXTE, en 1427 et en 1443 à Jean Le Seixte ; en 1513 à Yves Robelot, seigneur de la Voltayeäen 1541 à Pierre, Robelot, et en 1595 a ; Yves et Guillaume Le Marchand. — LA PORTE-PORGARO, en 1427 et

1443 à Jean de Porearo, qui y demeurait ; en 1513 à Alain

de Porcaro, seigneur de Porcaro ; en 1541 à Guillaume Lezomiet et ä sa compagne, et en 1695 à René de Sérent, seigneur de la Villéan. — La VlLLE-HUET, en 1443 à Guillaume de Craon ; en 1513 et en 1541 à Arthur de Craon, seigneur de Craon ; en 1695‘a Julien de Marnières, seigneur de Gner ; c’était en 1780 une moyenne et basse justice à M. Fournier de Trélo, baron de Renac. — LE COUDRAY, en 1513 à Yves

Robelot‘, et en 1541 à Pierre Robelot, tous les deux seigneurs

de la Voltaye ; en 1695 à Charles de Castel, seigneur de Quily. — Toutes ces terres relevaient de la châtellenie de Comhlessac a a devoir de foy, hommage et rachapt. n

g v1. — LES BRULAIS.

I. — Le Précaire.

"Nous avons vu précédemment qu’au v ? siècle le roi Eusèbe donna à Saint-Melaine la naroisse de Comblessac. À Les Bénédictins de Saint-Ilielaine ont toujours considéré cette donation, dit dom Morice, comme le premier fonds de leur abbaye, n et ils Vont conservée jusqu’à la Révolution.

De bonne heure, ces moines fondèrent un prieuré dans la paroisse de Comblessac, et ce prieuré fut celui des Brûlaîs, qui a donné naissance d’abord a la trève, puis à la paroisse du même nom.

C’est ce qui ressort clairement de Faveu rendu le 28 mai 1679 par à Messire fleuri-François de Rouge, chevalier, marquis du Plessis-Bellière, abbé de Bon-Repos et prieur commendataire du prieuré de Notre-Dame et Saint-Étienne des Bruslays, de l’ordre de Saint-Benoist, sous la présentation de l’abbé de Saint-Melaine, situé dans la paroisse de Comblessac, évesché de Saint-Malo. »

Cet Henry de Bouge était devenu prieur des Brûlais par la résignation de ce prieuré faite en sa faveur par Paul de Trécesson ; toutefois, Henry deRougé abandonna plus tard l’état ecclésiastique, laissa l’abbaye de Bon-Repos a son frère, prit les armes et se distingua par sa valeur dans les armées de Louis XIV.

Voici en quoi consistait, en 1679, le prieuré desBrûlais : a Un corps-de-logix couvert d’ardoises appelé la maison du prieur, ayant salle basse, chambre au bout du costé de l’occident et du costé de l’orient un cellier et trois chambres au dessus de pareille grandeur que les appartements «l’embas, le tout réparé à neuf depuis les quatre ans derniers… un logement pour le métayer… une grande cour carrée au devant et entre les maisons susdites et la chapelle dudit prieuré, où il y a entrée par une porte prohibitive dans ladite cour qui est fermée de murailles hautes de huit pieds hors de terre avec trois portes fermant à clef, tant grande que médiocres, servant d’entrée et sortie de ladite cour pour l’usage du prieur et métayer seulement, le tout réparé à neuf.

u Un jardin clos et fermé d’une grande muraille… un verger appelé les Vignes… une autre pièce de terre où il y avait autrefois un bois de haute futaye dont elle retient. le nom, dans laquelle pièce il y a un clapier ou garenne élevée pour servir de refuge aux lapins.

a Quelles maisons, chapelle, cour, jardin, prés. on prairies, vignes et bois se joignent sans aucune séparation que de fossés et contiennent en fond dix journaux de terre ou environ.

u Aussi, ledit prieur, a cause dudit prieuré a droit de percevoir les deux tiers des oblations qui tombent en la chapelle dudit prieuré et de ramasser et cueillir les dixmes des vins et de tous grains enrgénéral qui croissent en toute l’étendue de ladite paroisse de Comblessac, tant au quartier dudit Comblessac qu’en celui des Bruslays, à la onziesme gerbe, sans aucune réservation ainsi que les précédents prieurs en ont joui.

u Sur lesquelles dixmes est deub par ledit prieur au vicaire perpétuel de Comblessac, ou recteur dudit-lieu, le nombre de quarante-six mines de seigle, mesure de Guer, pour portion congrue, outre son tiers des oblations de ladite chapelle des Bruslays pour toutes choses.

cc Pour les juridiction, fief, rentes par deniers, avoines, poulets, chapons, corvées, dix mer eaux sur partie du village de la Feuillardaye et du bourg des Bruslays et autour, ledit seigneur prieur n’en jouit plus et sont à présent possédés par les héritiers des sieur et dame de la Bilïardière (Julien de Marnières et Marie Maingard seigneur et dame de la Billardière et de la Bouère) sous prétexte d’aliénation ou autrement et ne peut à présent le déclarant les spécifier.

« Lesquelles choses tient ledit seigneur prieur du roi notre souverain seigneur à devoir de prières et oraisons et de foy et hommage avec trois messes par semaine qu’il est obligé de dire ou faire dire en la chapelle ou église dudit prieuré aux jours que bon lui semble. n (1) ’

(t) Ancien fonds de la Chamb. des Comptes de Bret.

La maison du prieuré des Brûlais existe encore a côté de l’église paroissiale, mais depuis longtemps ce n’est plus qu’une ferme.

II. — Église.

Les Brùlais furent érigés en paroisse en 1821-, ce n’était auparavant qu’une trève de Comblessac.

Nous avons vu qu’en 1695 la duchesse de Mortemart se disait, en sa qualité de châtelaine de Comblessac, a dame supérieure et fondatrice de l’église des Bruslajys, n et qu’elle avait, en outre, « droit de soulle aux Bruslajrs le lendemain de Noël, jour et feste de saint Étienne, due par le dernier marié de cette trève. n

Saint Étienne est, en effet, avec la Sainte Vierge, patron des Brûlais depuis bien des siècles. On allait jadis en " pèlerinage a la statue de Notre«Dame des Brùlais, et une fontaine consacrée ä la Mère de Dieu existe encore près du bourg. v ’

Uéglise actuelle des Brùlais, reconstruite en 1835, rfotlre rien d’intéressant ; a sa porte se trouve une pierre tombale du xrv“ siècle, représentant deux personnages couchés, les mains jointes ; c’est un seigneur en jacquet te courte et une dame en cotte longue qu’on prétend avoir habité le manoir de Lava, dans la paroisse. Malheureusement, l’inscription a disparu et les écussons sont illisibles.

III. — Manoirs et terres nobles.

La Bonnes. — Ce manoir a longtemps appartenu à une famille du même nom, sortie d’un bâtard de la Salle, dit M. de Courey.

Robert de la Bouère possédait la Bouèrc en 1427 et 1443. — Guillaume Bogier, seigneur du Vaudeguip, en Allaire, l’a— vait en 1513. — Vers 1637 vivaient Julien de Marnières et Marie Maingard, seigneur et dame de la Bouère, de la Biffarchére et de Brambéat. — Guillaume de Marnières et Françoise de Lestourlgillon, seigneur et dame de la Bouère, habitaient en 1642 le manoir de Brambéat. — En 1695", Jean de Marnières, seigneur du Bois»Glé, en Guer, devait à la châtellenie de Comblessac «c foy, hommage et rachapt à cause de la maison et métairiegnohle de la Bouère et de la métairie noble de Prie], fiefs et paillages appelésfde la Bouère, de la Voltais et

du Prieuré ; à cause de laquelle terre de la Bonèreledit sieur

du Bois-Glé est sergent féoclé pour la cueillette des rentes, taux et amendes de la terréet châtellenie de Comblessac. n (i) i ’

La maison de la Bouère, naguère à M“ de Tuault’, appartient aujourd’hui à M. Chevalier, qui l’habite.

LE BOISJËÙIMABT. — Sur une porte de cet antique manoir,

— maintenant maison de ferme à M. Moigno, F» on voit en— ’

core.un écusson portant trois têtes de loup posées deux, une. Ce sont les armes de la famille de la Bouère, qui a, paraît-il, possédé le Bois-Guimart.

Cette terre appartenait en 1443 à Jean Guihart, et en 1513 et 1541 à Bertrand Guihart, seigneur du Bois-Guimart. -Les Justel vinrent ensuite dans ce manoir, où l’on trouve en 1648 Yves Juslel et Mathurine Bouin, seigneur et dame du Bois-Guimart, et en 1668 Yves Justel et Louise Le Camus, également seigneur et dame du Bois-Guimart.

Les Gouro devinrent ensuite, avec les Justel, maîtres du

. Bois-Guimart, que possédaient. en 1695 Jean Gouro et Louise -

et Jacquette Justel. — ; EnIi72O, vivaient Jean-Alain Gouro

(1) C’est ce que dit également Paveu de 15H : « Quelle maison de la Bouère doit au seigneur de Combleczac la cueillette des rentes de ladite chapellenie de Gombleczac. n (Arch. de Nantes.) ' et Marguerite de Limoges, seigneur et dame du Bois-Guimart. Je crois qu’ils habitaient ce manoir.

LA Coupruun. — Ce petit village, sans importance aujour— —

d’hui, était jadis un manoir qu’habitait la noble famille Couppu, qui donna le jour à Pierre Couppu, surnommé le Sage, sénéchal de Rennes, et l’un des rédacteurs de la Très-Ancienne Coutume de 1330.

Guillaume Couppu, seigneur de la Couppuaye, du Courrouët.

et de la Ville-Queue, épousa Jeanne de Roues, qui mourut en 1388. — Guillaume Couppu, leur fils, posséda les mêmes seigneuries, épousa Marie de Liniac et fut, selon du Paz, n : un chevalier de renom. n Il eut pour fille Jeanne Couppu, dame de la Couppuaye, du Courrouët et de la Ville-Queue, qui porta ces trois manoirs dans la maison de Raguenel, en épousant Jean Baguenel Ier, vicomte de la Bellière, tué a la bataille d’Azincourt, en 1415. — Jean Raguenel Il, vicomte

’ de la Bellière, épousa Jeanne de Malestroit, dame dùdit lieu,

et succéda à sa mère, Jeapne Couppu, en 111117, aux seigneuries de la Couppuaye, du Courrouët et de la Ville-Queue. -Leur fils, Jean Baguenel III, vicomte de la Bellière et seigneur de la Couppuaye, leur succéda et mourut sans postérité en 1436. — Jean Raguenel 1V, vicomte de la Bellière, baron de Malestroit, seigneur de la Couppuaye, du Courrouët et de la Ville-Queue, épousa Gillette de Derval, dont il n’eut que deux filles. C’est de ce dernier que parle la Réformation de 1443, lorsqu’elle dit que le manoir de la Couppuaye appartenait alors au sire de Malestroit.

Les familles du Mur et de Kerhoent possédèrent ensuite cette maison noble, qu’avaient t en 1513 Guillaume du Mur et Guillemette d’Averzac, sa femme, demeurant en Comhlessac.

— En 1653 vécut Jean de Kerhoent, seigneur dudit lieu et

. de la Couppuaye, et en.1695 Renée de Kerhoent, qui devait «à la châtellenie de Comblessac a foy, hommage et rachapt à cause de sa maison et métairie noble de la Couppuaye. n

La MOTTE. — Ce manoir, — qu’on appelait au xv” siècle la Motte-de-Brambèat, probablement parce qu’il avait appartenu aux seigneurs de Brambéat, dont la maison noble était voisine, — était en 1427 au sire de Blossac, de Goven. La branche aînée de Blossac s’étant fondue dans la famille de Québriac, les sires de Québriac devinrent, par suite, possesseurs de la Motte, qui prit le nom, qu’elle conserve encore, de la Motte-Qztébriuc. — En 1443, Guy de Saint-Amadour, père de Jean de Saint-Amadour, vicomte de Guigneu et époux de Marguerite de Québriac, possédait la Motte à cause de sa femme. a- En 1513 et en 1541, Thomas ; sirexde Québrîac, devait « obéissance, foy, hommage-et rachapt à la châtellenie de Comblessac à cause de sa maison noblede la Motte. n’

Cette terre appartenait en 1695 à Françoise Chenu, dame

de la Jarsaye, et elle formait en 1780, avec le Couëdic et la

Ronserays, une moyenne justice possédée par M. de Bégasson de la Lardaye. —» Nunc ferme, naguère à Mm de Perrien de la Lardaye, aujourd’hui à M. Clément (1).

Le territoire de la paroisse actuelle des Brûlais renfermait encore jadis les maisons nobles suivantes, qui se trouvaient alors en Comblessac : TnnsLnnors val Pissn-Fnonmur, en 1513

à Guillaume Bogier, seigneur de la Bouère ; en 1541 à"

François du Bois-Brassu, seigneur du Bois-Brassu ; en 1663 à Jacquette Rollo, demoiselle de la Noë, qui y mourut ; en 1695 à MathurinLe Breton et à René Moulin. — TRÉGOÉDAN, en 1427 à Pierre Éder ; en 1513 à Gilles du Tiercent ; en 1541 à Julien Coué, seigneur de Trégoédan ; en 1695 à René de Sérent, seigneur de la Villéang, en 1780 à M. Fournier de

w

(t) Uancien manoir de la Motte devait son nom à une motte féodale qui apparaît encore dans un bois voisin. Saint-Maur, qui en avait uni la juridiction a sa haute justice de la Villéan. — TRÉBADO, en 1427 à Pierre Éder, seigneur‘ de Trégoédan, et en 1513 à Gilles du Tiercent. — BEAULIEU, en 1427 à Jean Pillet et à sa femme ; en 11143 à Robert de la Bouère, seigneur de la Bouère ; en 1513 et en 15.11 à Guillaume Le Clenche, seigneur de Beaulieu ; en 1695 a Julien de Bégasson. — BonEL, en 1427 à Jeanne Houeix, fille de Jean ; en 1513 à Renaud de la Marzelière, seigneur de Brambéat. — LA MALLABDAYE, en 1443 à Guillaume

a Guillou ; en 1513 à autre Guillaume Guillou ; en 1541 21

François du Dréseuc et sa compagne ; en 1695 à Jean Bigot, Noël Perroteau et consorts. — LmvoUY eel LAVA, en.1443 à Guillaume Pillet ; en 1513 à Julien du Val, seigneur de la Hattaye, en Guer ; en 1695 ä Briande Amice et consorts, qui a doivent à la châtellenie de Comblessac foy, hommage et rachapt a cause de la maison et métairie noble de Laval (sic) et dépendances cy-devant appelée Lirvouis. u.

Toutes les terres nobles que nous venons d’énumérer relevaient également aux mêmes devoirs de la seigneurie de Comblessae ; toutes sont aussi devenues, de nos jours, des villages ou des fermes, sauf Bodel, qui n’existe plus.

s VII. — LOUTÉHEL.

I. — Église et chapelles.

Cette paroisse, — qui ne figure nulle part dans l’histoire,

— tire évidemment son nom des étangs voisins du bourg et environnant le vieux château de la Lohière ; Zen effet, on appelle, en breton, lou ou mieux loudh un amas d’eau, et particulièrement un étang creusé de mains (l’homme ; reste a savoir quel est ce Téhel dont le nom se joint a celui des étangs qu’il lit peut-être creuser lui-même.

Quoi qu’il en soit, la paroisse de Loutéhel a parochia de lacu Tehelli n a pour patron saint Arme}, auquel est consacrée une fontaine très-vénérée dans les environs (i).

Uéglise de Loutéhel est neuve, mais sans intérêt ; ellé a remplacé un ancien édifice où l’on voyait la chapelle prohibitive des seigneurs du Plessix-Hudelor, et les enfeux des seigneurs de la Lohière et du Breil.

Il y avait autrefois deux chapelles en Loutéhel : celle du manoir de la Lohière, abandonnée maintenant, et celle du Plessix-Hudelor, restaurée en 1828, et donnée par M“ ? de Chassonville, propriétaire de ce château, à la fabrique de la paroisse.

l]. — [Manoirs et terres nobles.

LA LOHIÈRE. — Cette maison noble appartenait, au x1v° siècle, à la famille Gicquel. On sait que Jean Gicquel, évêque de Rennes en 1235, prit la croix, fit le voyage de Terre-Sainte en 1248, avec le roi saint Louis, et se distingua, au rapport de Joinville, dans les combats contre les

. Sarrasins.,

La famille Le Prestre vint ensuite habiter la Lohière, par suite du mariage contracté, en 1401, entre Jean Le Prestre et Isabeau Gicque], dame de la Lohière. C’est ce Jean Le Prestre, seigneur de la Lohière, que mentionne la Réformation de M27. — Plus tard, en 1513, Jean Le Prestre, seigneur du Breil, possédait « la maison et. manoir de la sLohière, ô les fiefs et juridiction dudit lieu sans nulle adjonction de roture. n La branche des Le Prestre de la Lohière se fondit dans la

l (1) Les habitants de Loutéhel prétendent que saint Armel fit naître cette fontaine, et que c’est d’elle qu’il est question dans la Vie de ce bienheureux par Albert Le Grand. maison d’Avaugour de Saint-Lament. En 1639 vivaient François d’Avangour et Jeanne F rain, seigneur etdame de la Lohière et de Guer ; ils habitaient vraisemblablement la Lohière.

En 1660, François d’Avaugour vendit la châtellenie de Guer, — qu’il avait achetée lui-même du marquis de Courcelles, qui l’avait eue en partage de René de Montbourcher, marquis du Bordage, — -et la seigneurie de la Lohière a illarie Maingard, veuve de Julien de itlarnières, seigneur de la Biffardière et de la Bouère. 4.

C’est cette dame qui a laissé un si singulier souvenir dans le pays de Loutéhel, où elle est connue sous le nom de la Piflardière. M. Fouquet a raconté les traditions locales qui se rattachent à Marie Maingard, dans son intéressant opuscule z Légendes du Morbihan. »

Julien de Marnières, seigneur de Guer, retira la Lohière, en 1661, à sa mère, Mm“ de la Bilïardière, et cette terre noble fut réunie ä la châtellenie de Guer, ainsi que les seigneuries du Bois-Glé, de Peillac et de Kerbiguet, en Guer, par lettrès-patentes du roi, du mois de juin 1678.

Le 10 mai 1680, Julien de Marnières rendit aveu pour sa châtellenie de Guet ; j’extrais de ce document ce qui suit, concernant la Lobière :

« La maison de la Lohière, cernée de douves et fossés, avec ses cours, fuie, jardins, chapelle, étangs, bois, avec les lieux ou métairies de la Borguardays, de la Motte, du Pressoueret du Breil, toutes terres nobles….., les moulins à eau et a foulon de Boscher..

a La foire (lu jour de Saint-Armel obtenue par ledit seigneur pailleur depuis les quatre ou cinq ans (1), et qui se

(1) L’église de Loutéhel possédait des reliques de saint Armet, qui y avaient qété apportées de Ploërmel en 16145 par M. Pierre Hamon, recteur de Loutchel.

ä tient dans les chemins et rahines qui sont entre la maison de la Lohière et le Bourg de Loutéhel.

« Plus, les prééminences qu’il a, à cause de sadite seigneurie de la Lohière, autour du chanceau et autres endroits de Péglize parochialle de Lontéhel privativement à tous autres, comme ses prédécesseurs fondateurs de ladite église ont eu

de tout temps immémorial.

« Avecq les droits de police et de mettre prix à vin, chair et autres vivres qui sont exposées en vente par les taverniers dudit Loutéhel, et tous autres droits seigneuriaux.

«Plus, les reconnaissance et serment de fidélité que le

recteur de ladite paroisse doit et est tenu faire audit seigneur pour les dixmes et autres bienfaits baillés aux recteurs et curés de. ladite paroisse, tant en ladite paroisse que ailleurs, par les prédécesseurs dudit seigneur, avecq les prières nominales que le recteur est obligé de faire aux testes solennelles pour les seigneurs propriétaires de ladite terre de la Lohière. »

Ou voit également par cet aveu que le fief seigneurial de

la Lohière s’étendait dans les paroisses de Loutéhel, Maure,

Campel, Guer, Plélan et Maxent, et qu’il valait rc 57 livres M sols tournois, 28 huces d’avoine, 22 poules et demie, 40 corvées, 8 chapons, 2 oisons et l paire de gants. n (1)

Julien de Marnières, seigneur de. Guer et de la Lohière, épousa Marie-Aune de Bois-Baudry, mourut en 1695 et fut inhumé dans l’église de Guer, où l’ou voyait encore son tombeau du temps d’ogée.

La famille de lainières de Guer, continua de posséder, pendant tout le xvur’siècle, la terre de la Lohière, a cause de laquelle le marquis de Guer se trouvait en 1780 seigneur supérieur de Loutéhel.

(1) Arch. de Pane. chambre des comptes.

De nos jours, la Lohière a successivement passé entre les mains des familles Coppalle, Tétiot, Ropert et de la Vigne ; cette dernière habite maintenant ce château, »qu’elle a reconstruit avec beaucoup de goût.

LE PLnsslx-Hubnmn. — Lat famille Hudelor, qui possédait au xv siècle de nombreux manoirs dans la paroisse de Guer, avait aussi en Loutéhel la terre noble du Plessix, à laquelle elle donna son nom.

Jean Hudelor (fils peut-être de Berlrand Hnçlelor, seigneur de Kerbîquet, en Guer, et de Marguerite du Plessix) possédait le manoir du Plessix de Loutéhel en 1441.- Le Plessix-Hudelor appartenait en 1513 a a noble écuyer François- Heudelor premier seigneur en ladite paroisse de Loutehel où il demeure, ô les fiefs, droits de ehastellenic et haute justice tenue en l’auditoire de Loutehel par Sénéchal, alloué, lieutenant, procureur et autres officiers ; auquel lieu de Loutehel a ledit Heudelor post, cep et collier ; et n’y sont nulles rotures adjointes. n (1) — En 1657 vivaient Jean Hudelor, seigneur du Plessix, et Étienttette Blandère, sa femme. — En’ 167-9 vivaient Jean Hudelor et Hélène de Launay, seigneur et dame du Plessiir-Hudelor. En 1695, les héritiers de ce seigneur devaient au comté de Maure u foy, hommage et rachapt à cause de la terre et seigneurie du Plessix-Hudelor. »

Le xvnr" siècle vit passer successivement plusieurs familles au Plessix-Httdelor : ce fut d’abord une famille du Plessix, à laquelle appartint Jean-Louis du Plessîx, seigneur dudit lieu, qui décéda subitement a au retour de la grande messe n et fut inhumé dans son enfeu seigneurial, dans l’église de Lontéhel ; —’— puis vinrent habiter ce château Jean-Louis Joulneaux du Breil-Hottssoux, seigneur du Plessix-Hudelor en

(1) Il est à noter qu’un jugement souverain du 13 septembre 1619 déclara faux tout le relie de Louteltcl en 1513. vm ’ 7 1745, et [Thérèse Joulneaux, dame Armard du Plessix-Hude-lor, qui y mourut en 1755 ; — Jacques Moro de la Fauve]lière et Catherine Marre, seigneur et dame du Plessix, demeurèrent ensuite au Plessix, où ils moururent, l’un en 1776 et l’autre en 1779. — La famille de Saint-Melon, originaire de la paroisse de ce nom, vint enfin au Plessix-Hudelor, ou Ogée signale sa présence en disant qu’elle y possédait une moyenne et basse justice.

Après la Révolution, Mm“ de Saint-Malon vendirent le Plessix-Hudelor à Mm“ Le Mallier de Chassonville, née Paufine de Cornulier. Cette dame habita elle-même le château du Plessix-Hudelor, où elle mourut en 1840. — Vendu en détail par les héritiers de Mm“ de Chassonville, le Plessix-Hudelor n’est plus qu’une sorte de village.

Les autres terres nobles étaient en Loutéhel : LA Cnnsuarn,

. en 144431 Pierre de la Chesnaye ; en 1513 à Jean de la Chesnaye, et en 1695 à Julien de Marnières, seigneur de Guer et

A de la Lohière. — LA MOTTE, (Yabord ä la famille de ce nom, qui donna deux évêques au diocèse de Saint-Malo, et qui s’unit aux Lambilly par le mariage de Marguerite de la lllotte, dame dudit lieu, avec Gisillaume de Lambilly ; de cette union sortit Jean de Lambilly, chambellan du duc Jean V, qui épousa Olive de la Soraye et qui possédait la Motte en 1444 ; Yves de Lambilly, seigneur dudit lieu, fils de Robert et petit-fils de Jean, avait la Motte en 1513 ; cette terre appartenait en 1680 et en 1780 aux seigneurs de Guer et de la Lohière,

— LE BREIL, en 1444 a Éonnet de la Motte ; en 1513 à Jean Le Prestre, seigneur de la Lohière ; en 168,0 à Julien de Maruières, seigneur de Guer et de la Lohière, dont les descendants l’avaient encore en 1’780. — TRÉHOREL, en 1513 à Rolland Couriolle. — Lus ll1uns, en 1444 à N. du Breil. — Et enfin, deux hôtels dans le bourg de Loutéhel, appartenant en 1414 l’un à Louis Estore, et l’autre au seigneur du Boisglé.

§ VIII. — SAINT-SÈGLIN.

l. — Origines, — église et chapelles.

Les Cartulaires de Saint-Georges de Rennes et de Saint-Sauveur de Redon mentionnent plusieurs fois, au x1e siècle, la paroisse de Saint-Séglin ; cependant, cette paroisse ne devait pas exister au 1x“ siècle, puisque la charte de 843, qui nomme toutes les paroisses limitrophes de Maure, ne parle pas de Saint-Séglin. Le sanctuaire de ce nom était probablement, comme celui de Mernel, ]’une des sept chapelles dépendant de l’église d’Anast.

Parmi les bienfaiteurs de l’abbaye de Saint-Georges, fondée a Rennes par le duc Alain (1032), se trouvait une dame du pays de Combourg, nommée Roianteline ; elle était vicomtesse de Dol et avait épousé le vicomte de Dinan. Elle avait assemblé, dit dom Lobineau, une communauté de personnes de —

son sexe à Cavau, pour y vivre selon les maximes de la vie religieuse ; mais cet établissement ne pouvant subsister, faute de sujets capables de gouverner, la vicomtesse demanda avec instance que sa communauté, composée de neuf religieuses, fût incorporée a celle de Saint-Georges. L’abbesse de ce dernier monastère lui accorda sa demande, et Boianteline, en présentant ses filles à Saint-Georges, donna à cette abbaye l’église de Saint-Séglin et une métairie a sa vie durant, et tout le territoire de. cette paroisse après sa mort : à Ecclesiam sancti Seginnini cum une medietaria dum rvixerit, et post mortem suam omnem terram ipsius plebis quesibi competit. l) (i)

On sait bien peu de chose du patron de cette paroisse ; on

(1) Hist. et Preuv. de dom Lobinean et dom Moricc. l’appelait autrefois a sanctus Seginlzinus, n et plus tard saint Séquelin. Je crois que c’est saint Ségien, « Sanctus Segiantts, dont la fête se célèbre le 10 juin. D’après Bollandus, ce saint personnage fut un prêtre d’Écosse, qui, ayant été averti par le pape Honorius, amena son peuple à célébrer la Pâque selon le rite romain. On croit qu’il vivait vers 666 (1). Cependant, la statue de saint Séglin représente dans l’église paroissiale ce bienheureux sous la figure d’un soldat.

Cette église n’otfre rien de remarquable ; elle date en partie de 1736 et en partie de 1851. D’après la tradition locale, la première église paroissiale de Saint-Séglin se trouvait près du vieux manoir du Jarossay ; on en voit encore les fondations, dit-on, dans le champ des Déserts, voisin du champ des Béziers. Ce dernier nom et les débris de constructions en briques et Œossements qu’on retrouve en ce lieu semblent indiquer une haute antiquité et rappellent en même temps quelques combats livrés jadis là.

Nous verrons plus loin que l’abbesse de Saint-Georges était dame supérieure dans la paroisse de Saint-Séglin, dont elle nomma le recteur jusqu’à la Révolution, et que les seigneurs de la Sauvagère jouissaient de certains droits dans cette église à cause de leurs fiefs du Masle.

Il y avait autrefois enSaint-Séglin trois chapelles, aujourd’hui détruites ou abandonnées : détaient celle du Prieuré, appartenant a l’abbesse de Saint-Georges ; «- celle du manoir de la Saitbagêre, au seigneur de ce nom, — et celle, de la Bannière, sous la présentation des comtes de illaure. Cette dernière avoisinait la maison noble de la Hanltière, appartenant en M43 à Alain de la Bonix, en 1513 à Guillaume du Mur, et en 1695 fondée en chapellenie. Un tableau provenant de cette chapelle se trouve aujourd’hui dans l’église de Saint-

(1) Apud. Bollandum ; juniz Il. Séglin, et nous apprend qu’en 1667 Pierre Hénault fonda deux messes par semaine dans la chapelle de la Haultière.

II. — Le Prieuré

Fraîchement posée dans une vallée au bord du ruisseau de Combs, se trouve une ferme nouvellement reconstruite qui porte le nom caractéristique de lïæibbaye : c’est l’ancien prieuré de Saint-Séglin, membre de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes, de l’ordre de saint Benoît.,

Nous venons de voir que la paroisse de Saint-Séglin fut donnée à Saint-Georges vers l’an 1032 ; ce fut par suite de cette donation que fut fondé le prieuré de Saint-Séglin. Il paraît très-probable que des religieuses bénédictines vinrent alors habiter cette maison et y demeurèrent quelque temps : mais-avec les années le prieuré dont nous «nous occupons changea de face, d’abord véritable couvent, il devint par la suite un manoir abbatial, et finit par être une simple métairie noble mentionnée dans les Réformations en 1427, 1443 et 1513, on l’appelait Abbaye à ces diverses époques.

Le 12 avril 1680, Magdeleine de la Fayette, abbesse de Saint-Georges, rendit aveu au roi pour son abbaye ; j’extrais de ce titre ce qui suit, concernant Saint-Séglin :

a Advoue (ladite dame abbesse) avoir en son appartenance un lieu, maison et métairie situé en la paroisse de Saint-Séglin, évesché de Saint-Main, consistant en maisons, terres arrables et non arrables, fief, juridiction, dixme et autres devoirs, sçavoir :

a La maison et demeure du métayer, grange, chapelle, écurie, cour et rues entre lesdites maisons et herbregement… bois de haute futaie, emplacement de colombier, jardins, écluze sur la rivière de Comps, pescheries…

n La moitié des dixmes de la paroisse de Saint-Séglin,

O ensemble les offrandes et oblations qui sont faites aux quatre festes de l’année en ladite église.

« Comme aussi a droit (ladite dame) de présenter un curé ou vicaire au bénéfice paroissial dudit Saint-Séglin. r) (i)

L’abbesse de Saint-Georges çonserva Saint-Séglin jusqu’à la Révolution.

III. — Manoirs et terres nobles.

—LE JAROSSAY. — La famille Mouraud a été pendant plusieurs sièples la famille la plus importante de Saint-Séglin. En 1400 vivaient Pierre Mouraud et Mahaud de Gabil, sa femme ; Pierre Mouraud possédait en 1427 le manoir du Jarossay, qu’il habitait. — Il eut un fils nommé Rolland Mouraud, vivant en 1443, possédant alors aussi lui l’hôtel du Jarossay et marié à Jeanne (le Bellottan.

La Réformaziort de la noblesse en Saint-Séglin, en 1513, sexprime comme il suit : à Noble écuyer Jan Mouraud seigneur du Gerroczay, seul noble, a la Cour du Gerroczay, plus deux métairies nommées la Haute et Basse-Sauvagine. D -Alain Mouraud, seigneur du Jarossay, et Françoise Julienne, sa femme, habitaient leur maison noble du Jarossay en 1651.

C’est vers cette époque que les Mouraud cessèrent de rési-

Ader au Jarossay et allèrent habiter la Sauvagère ; depuis lors, le vieux manoir devint une ferme du nouveau château, mais ils continuèrent d’appartenir Àl’un et l’autre à la famille Mouraud.

La déclaration du comté de Maure, en 1695, mentionne a le devoir (le foy, hommage et rachapt deub (à cette seigneurie) par Joseph-Marie Mouraud à cause des terres et seigneuries du Jaroussay et de la Sauvagère. n «

(1) Archiv. de Nantas.

La ferme du Jarossay appartient aujourd'hui à Mme de Perrien et dépend de son château de la Lardaye.

La Sauvagère. — Comme nous venons de le voir, la Sauvagère n’était encore, en 1513, qu’une métairie noble appartenant alors à Jean Mouraud, seigneur du Jarossay, et qu’avait en en 1443 Rolland Mouraud, également seigneur du Jarossay.

La Sauvagère relevait alors du prieuré de Saint-Séglin, membre de l’abbaye de Saint-Georges, à titre féodal ; nous venons de voir que les comtes de Maure prétendirent en 1695 qu’elle relevait de leur seigneurie.

En 1660 vivait Guillaume Mouraud, seigneur de la Sauvagère, fils d’Alain Mouraud et de Marie de la Bourdonnaye, seigneur et dame du Jarossay ; c’est vers cette époque que les Mouraud durent abandonner le Jarossay pour venir habiter la Sauvagère, où ils venaient de construire un château.

Nous extrayons ce qui suit d’un aveu de la Sauvagère, rendu au roi le 7 juin 1680 par Guillaume Mouraud, seigneur de la Sauvagère et du Jarossay, demeurant à sa maison noble de la Sauvagère, paroisse de Saint-Séglin.

Il est dit dans cette déclaration que Guillaume Mouraud possède " les fiefs, rolles et paillages du Masle, appartenances et dépendances d'îceux, situés et s’étendant aux paroisses de Maure, Saint-Sequelin, Pipriac et autres. " (1)

" A cause desquels fiefs, — est-il ajouté, — ledit seigneur de la Sauvagère a droit de haute, moyenne et basse justice… droit de preéminences d'église, de tombe prohibitive dans le chanceau de l’église paroissiale de Saint-Séglin, au costé de l'épistre.

" À la possession desquelles choses ledit seigneur de la Sauvagère est arrivé par contrat d’acquêt qu’il en a fait de

(1) Ces fiefs dépendaient évidemment, dans l'origine, du manoir seigneurial du Masle, situe en Pipriac, mais très voisin de Saint-Seglin. très-haut et puissant seigneur Monseigneur Charles d’Ailly, duc de Chaumes, gouverneur de Bretagne, par contrat du 11 octobre 1676, qui les avait, par contrat du 6 (lesdits mois et an, acquis d’avec messire Julien du Masle et son épouse, seigneur et dame du Masle. n (L)

Comme l’on voit, ce n’était pas à cause de la Sauvagère elle-même, mais à cause des fiefs du Masle unis à la Sauvagèrc, que Guillaume Mouraud jouissait des «prérogatives seigneuriales en Saint-Séglin.

Joseph-Marie Mouraud et Marie de Crocelay, seigneur et dame de la"Sauvagère, habitaient tantôt Rennes, tantôt la Sauvagère, à la fin du xvn“ siècle ; leur fille, Anne Mouraud, demeurait encore au manoir paternel en 1744.

Le château de la Sauvagère, successivement possédé depuis par les familles Roppert et Le Masue, appartient maintenant a M. Mahé, qui l’a reconstruit avec goût.

Outre les manoirs du Jarossay et de la Sauvagère, et la chapellenie de la Haultière, il y avait encore jadis en Saint-Séglin les maisons nobles suivantes :

Tmäounamn, en 1427 à Jean Monraud, en 1443 à Guillaume de Forges, et en 1513 à Pierre de la Rivière ; Charles Le Brun et Françoise de Langourla ; seigneur et dame de Tréguhaire, vivaient en 1635 ; Pierre Cheurel devait en 1695, au comté de Maure, a foy, hommage et rachapt à cause de sa maison de Tréguhaire. » — La VILLE, en 1443 a, Jean Mouraud, et en 1513 à Julien de Saint-Martin, seigneur de Kermainguy, et à Isaheau Mouraud. — Lus MEsNiLs, en 1513 a Jean de Champagne, seigneur de la Montagne et de Quelcnncuc.

[27]

§ IX. — LA CHAPELLE-BOUEXIC.

l. — Origines, — église.

Le territoire de la Chapelle-Bouexic faisait autrefois partie de la paroisse de Guignen.. Il yavait alors dans ; cette dernière paroisse une chapelle dont l’histoire ne parle pas, mais qui devait être bien ancienne, puisqu’elle donna son nom a un manoir signalé dès 1427, comme nous le verrons bientôt. Cette chapelle était dédiée a sainte Brigitte.

En 1711, le 2l juin, n19’ Vincent des Maretz, évêque de Saint-Malo, érigea en paroisse cette section de Guignen, ä la requête de dame Suzanne Gront, veuve de Louis du Bouexir, seigneur de la Chapelle ; d’Yves—‘Mathurin du Bouexic, selgneur de Pinieuc, son fils, et (Feutres habitants de la Chapelle.

Les seigneurs de la Chapelle firent a cette occasion construire avec soin l’église actuelle de la Chapelle-Bouexic, et la dédièrent à saint Joseph ; ils se réservèrent en même temps la présentation du recteur de la nouvelle paroisse et les honneurs et prééminences seigneuriales dans cette église. Enfin, ils donnèrent au lecteur un petit manoir voisin de leur château, appelé la Piloire, que possédaient avant ce temps-là les familles du Rocher et Grégoire.

Il. — Manoirs et terres nobles.

LA CHAPELLE. — Il est fait mention pour la première fois,

de cette maison noble, située alors en Guignen, en 1427 ; elle appartenait à cette époque à Jean du Tiercent. a Les sires du Tiercent, originaires de la paroisse de ce nom, où ils possédaient un château-fort, remplirent de nombreuses charges au-moyen âge, soit à Fermée, soit à la Cour des ducs de Bretagne.

Jean du Tiercent, seigneur du Tiercent et de la Chapelle, gouverneur de Rennes, eut un fils nommé Guillaume du Tiercent, seigneur dudit lieu, qui épousa Marie de Montauban ; -Gilles du Tiercent, seigneur du Tiercent et de la Chapelle, leur fils, se maria avec Jeanne de la Lande. dame de Callac et de la Motte-en-Saint-Armel, dont il eut François, seigneur - du Tiercent ; il vivait en 1513 et possédait alors le manoir de la Chapelle. — Gilles du Tiercent, vivant en 1562, semble avoir été le dernier seigneur de cette maison, richement possession née dans nos pays, mais ruinée par les guerres de la Ligue.

Les sires du Tiercent furent remplacés à la Chapelle par la famille du Bouexic, qui donna à cé manoir le nom qu’il conserve encore..

a Gilles du Bouexic, sieur du Ban-on, dit M. de Courcy, vivant en 1560, fut père de Louis du Bouexic, sieur de la Chapelle, juge criminel de Rennes, anohli en 1595 en considération des services rendus au roi dans la reddition de la ville de Rennes. s» (1) — Autre Louis du Bouexic épousa en 1650 Marie Cybouault, riche héritière et dame de Pinieuc, en Limenel. — Leur fils, Louis du Bouexic, seigneur de la Chapelle et de Pinieuc, épousa Suzanne Grout.

Ce dernier seigneur rendit aveu au roi, le 22 février 1680, pour sa seigneurie de la Chapelle. On lit ce qui suit dans cette déclaration : à La maison seigneuriale de la Chapelle. du Bouexic située en la paroisse de Guignen, diocèse de Saint-lilalo, consistant en un grand corps-de-logis au bout duquel sont orangeries et galeries, avec cour dans laquelle

[28] sont les écuries, remises de carosses et messageries, jardin au derrière de la maison, bois de haute futaye, promenoir, étang, canaux et fontaine au milieu du jardin, le tout en un tenant cerné de murailles. »

Remarquons aussi dans ce titre c : un journal en vigne… un bois de haute-l’utaye nommé le Bois aux Sanglers… plusieurs autres bois… les étangs de la Pillouse et des Landes de la Chapelle… plusieurs moulins 11 vent et a eau… et enfin le fief et baillage. de la Chapelle détendent dans la paroisse de Guignen, n toutes choses dépendant du manoir.

Notons encore que les maisons nobles de la Haultière et de la Mouraudaye relevaient" féodalement de la seigneurie de la Chapelle, qui avait u droit de haute, basse et moyenne justice, avec fourches patibulaires. » (1)

Les seigneurs de la Chapelle, de la maison du Bouexic de Pinieuc, furent presque tous’conseillers au Parlement de Brctagne ; l’un d’entre eux, Bernard du Bouexic, seigneur de la Chapelle et de Pinienc, habitait son château de la Chapelle en 1754.

Ce château, — l’un des plus importants de l’arrondissement, — a [tassé de nos jours entre les mains des familles Quesnel et de Menou ; cette dernière l’habite encore.

p Le territoire actuel de la Chapelle-Bouexic renfermait autrefois quelques autres terres nobles devenues présentement des villages ou des fermes, c’étaient :

La MOURAUDAYE, en 1427 à Pierre Le Long ; en 1513 et 1540 à Jean Le Long, seigneur de la Mouraudaye ; en 1680 à Marin Collobel, seigneur du Bot, en Langon, et en 1667 àLouis du Bouexic, seigneur de la Chapelle. — LA HAULTIÈRE, en 1513 la Rolland de la Bouère, seigneur de la Haultîère, et m1680 à Louis du Bouexic, seigneur de la Chapelle. —

[29] TBEBEHEUC vel Tnnmeneuc, en 1427 à Raoul Bihoalier ; en 1513 à François de la Fonchaye, a fils de Pierre Moraust et de sa feue femme, fille de messire Jean de la Fonchaye n ; en 1697 à Louis du Bouexic, seigneur de la Chapelle. -LE PEILLADOU, qu’on appelle maintenant LE PLAT-DOROU, en M27 à Hervé Prodaut ; en 1513 à autre Hervé Prodanst, seigneur du Peilladou ; en 1695 à Louis du Bouexic, seigneur de la Chapelle, qui tenait cette terre féodalement de la baronnie de Lohéac. — LA Rncnannrùun, en 1427 à Guillaume Graffart ; en 1513 à Jean Graffart, sieur de la Richardièrez, en 1695 à Louis du Bouexic, seigneur de la Chapelle, qui la tenait également de la seigneurie de Lohéacx. - Enfin, la JOUENNAYE, en 1513 « aux héritiers de feu André de Saint-Malo. »

L’abbé GUILLOTIN DE CORSON.

VOIE ROMAINE

DE LA CAPITALE DES ANDES

À CELLE DES RHEDONES,

Et ses stations

CONBARISTUM ET SIPIA,

AVEC UNE CARTE

DES PRINCIPALES VOIES ROMAINES DE LA PARTIE NORD-OUEST

DE LA GAULE.


« Pour l’emplacement de bien des stations

romaines, il n’y a eu accord peut-être que par cette raison toute simple que les archéologues ont adopté sans examen l’opinion d’un maître justement célèbre, dont le nom

a fait autorité. »
(Chap. V, Conclusion.)

VOIE ROMAINE

DE JULIOMAGUS (EMPIRÉ PRÈS D’ANGERS) A CONDATE (RENNES) ;

SES STATIONS

CONBARISTUM ET SIPIA,


CHAPITRE Ier.

Accord unanime des géographes et des antiquaires pour fixer avec d’Anville, à Combrée et Visseiche, les emplacements des stations romaines Conbaristum et Sipia. — Rejet de la ligne qu’ils donnent pour la voie de Juliomagus à Condate ; rejet d’une autre voie directe par Louvaine, Nyoiseau, l’Abbaye, Visseiche et Venèfles, indiquée par des restes de voies antiques, et enfin d’une troisième également directe, qui passerait par Châtelais, La Guerche et Visseiche.

ART. 1er. — Rejet de la direction de Juliomagus à Condate par Combrée et Visseiche.

Le point d’arrivée de la voie romaine de la capitale des Andes a celle des Rhedones est bien déterminé, nous n’avons pas à nous en occuper. Il n’en est pas de même de celui de départ. Jusqu’à ce jour, il a été fixé à Angers ; mais nous avons démontré, dans notre Mémoire sur l’emplacement de l’ancienne capitale de l’Anjou[30], qu’il fallait seulement y placer Andecavi, capitale de cette province après l’époque de l’invasion des barbares, et que la véritable capitale romaine Juliomagus existait à une lieue d’Angers, au confluent de la Maine et de la Loire, tout près du camp dit de César, à l’emplacement du hameau d’Empiré.

Ainsi, Juliomagus et Condate correspondent à Empiré et Rennes.

Le but principal que nous nous proposons ici, est de fixer la position de Conbaristum et de Sipia, placés sur la voie de Juliomagus à Condate. C’est en déterminant le tracé de celle-ci que nous y parviendrons. Nos recherches nous conduiront naturellement à parler de quelques-unes des voies principales qui s’y rattachent ; mais ces considérations, qui ne seront peut-être pas sans intérêt, resteront toujours subordonnées à la question que nous avons en vue de traiter.

Conbaristum et Sipia sont deux de ces stations romaines dont il n’est fait mention que dans la Table Théodosienne. Elles sont éloignées entre elles de seize lieues gauloises, et de cette même distance, la première de Juliomagus, et la seconde de Condate, ce qui ne donne que quarante-huit lieues pour la longueur totale de la voie[31]. Mais la distance en ligne droite d’Empiré, a Rennes, qui doit être plus courte naturellement que la distance itinéraire, étant d’environ cinquante-deux lieues gauloises[32], celle itinéraire de

quarante-huit seulement, qui résulte de la Table, est évidemment erronée. L’on est donc conduit à penser qu’il doit y avoir dans l’une, au moins, des trois distances précitées, une erreur en moins. D’autre part, la véritable direction de la voie romaine de la Table Théodosienne n’étant pas connue jusqu’à ce jour, il en résulte évidemment que les problèmes des emplacements de Conbaristum et Sipia ne sont pas résolus. On pourrait donc s’attendre, comme la chose a lieu ordinairement en pareille circonstance, à une assez grande diversité d’opinions.

Eh bien ! chose remarquable, presque tous les géographes et archéologues qui se sont occupés du tracé des routes des itinéraires anciens, admettant naturellement pour la voie romaine une ligne directe qu’ils font partir d’Angers (où ils ont placé Juliomagus), s’accordent à fixer Conbaristum à Combréé, bourg situé à environ treize kilomètres de Ségré. Tous en cela ont adopté l’opinion du célèbre d’Anville. De la position de cette station a dépendu celle de Sipia, placée sur la même route, à seize lieues gauloises de Condate. D’Anville l’a fixée à Visseiche, village à huit kilomètres de La Guerche ; tous aussi, à notre connaissance, ont adopté cette position, à l’exception d’un seul, le géographe allemand Beichard, qui l’a placée à Saulnières, à trois kilomètres environ et la gauche de la route impériale no  163, d’Angers à Rennes par Châteaubriant.

D’après ce concert d’opinions entre des savants de premier ordre, et quand on voit, en outre, la plupart des antiquaires de la localité adopter leur système, ne doit-on pas en conclure, malgré les incertitudes évidentes qui planent sur la question, que la vérité a été cependant trouvée ?… Nous avons pensé le contraire, et nos doutes ayant acquis de la force par un examen plus approfondi, nous avons été conduit à une solution qui en diffère de beaucoup et que nous croyons être la véritable.

Avant de faire connaître notre opinion sur remplacement de Conbaristum, dont nous devons-nous occuper d’abord, il importe d’examiner à fond celle de l’illustre géographe qui a empêché jusqu’à ce jour toute supposition contraire à la sienne.

Dans sa notice sur la Gaule, il s’est exprimé ainsi : « La Table Théodosienne trace une voie de communication entre Rennes et Angers : Condate XVI, Sipia XVI, Conbaristum XVI, Juliomago. En partant de Juliomagus ou d’Angers pour reconnaître la position qui est immédiate à l’égard de cette ville, on rencontre sur la direction de la voie, un lieu dont le nom de Combrée conserve trop l’analogie avec le nom de Conbaristum, ou selon une meilleure orthographe Combaristum, pour n’y pas fixer cette position ; mais la distance que marque la Table parait trop courte pour ce a qu’il y a d’espace réel entre Combrée et Angers, car on peut l’estimer de 23,000 toises en droite ligne ; et comme il est naturel que la mesure itinéraire surpasse la mesure directe, elle peut se faire égale à vingt-et-une lieues gauloises, dont le calcul est de 23,814 toises[33]. Ainsi, la Table doit être a corrigée de la manière la plus simple qu’on puisse employer à la réformer, et pour substituer XXI à XVI, il suffit d’allonger par en bas les jambages du V ou de les croiser. Cette correction est indispensable, et elle ne répand point de doute sur l’identité du lieu de Conbaristum et de Combrée, que la dénomination et le passage de la route indiquent au premier coup d’œil. »

Ce qui confirme à d’Anville que l’erreur en moins que contient le nombre 48, qui d’après la Table marque la distance d’Angers à Rennes, selon lui (mais d’Empiré à Rennes, selon nous), doit porter entre Juliomagus et Conbaristum, c’est que, celui-ci étant fixé à Combrée, il trouve très-approximativement entre Combrée et Rennes les 32 lieues gauloises de la Table.

On ne peut en douter, la ressemblance dans les noms a décidé d’Anville. Elle a fait naître dans son esprit une conviction profonde, qu’il a su faire partager a tous. Et, remarquons-le d’abord, cette conviction a donné lieu à une étrange erreur de sa part. Il a trouvé dans la Table le nom de la station romaine qui nous occupe écrit ainsi : Conbaristum ; il le dit lui-même dans la citation qu’il en a faite. L’édition originale de Vienne et toutes les autres, celles de Marcus Velserus, de Scheib, dont il avait connaissance, et celle plus récente de Mannert, portent partout en effet exactement ce même nom ; mais d’Anville, dans sa persuasion que Conbaristum a existé sur l’emplacement du bourg de Combrée, pour rendre plus frappante la ressemblance de ces noms, a eu la singulière pensée de rectifier l’ancien d’après le moderne. Et ce qu’il a fait, presque tous, après lui, l’ont répété. En parlant de cette station, ils ont écrit Combaristum, au lieu de Conbaristum. Et là ne s’est pas borné l’effet de la rectification ; il s’est fait sentir, chez la plupart des auteurs, jusque dans les citations du texte même de la Table, faites exactement comme si Combaristum eût été le véritable nom et Conbaristum une erreur qui se serait glissée dans quelques éditions fautives. Un pareil fait est surprenant, quand il est avéré que la Table Théodosienne porte Conbaristum, qu’elle est le seul document antique qui nous l’ait transmis.

Ainsi, disons-le, eût-on mille preuves au lieu d’une que Combrée répond a l’ancien Conbaristum, ce nom ne devrait pas être altéré ; et ici nous ferons remarquer que cette altération n’eût peut-être pas eu lieu, si d’Anville avait eu une carte détaillée sous les yeux, car il aurait vu que vis-à-vis de Combrée il existe une forêt qui s’appelle Ombrée, d’où il est probable qu’il a tiré sa dénomination (contra Ombrea).

Cette ressemblance de noms, rendue si frappante, a seule décidé l’emplacement de Conbaristum ; elle a fait taire les raisons qui protestaient. En effet, d’Anville n’a guère songé à nous dire si des vestiges antiques portent à croire que la voie romaine de Juliomagus à Condate passa dans la direction de Combrée ; sa conviction n’a pas rendu la chose nécessaire ; on n’a pas même pensé à le lui demander. La distance de Combrée à Angers étant plus forte que celle de la Table, il n’hésite pas à reconnaître que c’est sur cette distance qu’est tombée l’erreur en moins signalée dans la longueur totale entre Juliomagus et Condate. Il a corrigé le nom de la station, il corrige aussi sa distance à Juliomagus. Il est donc permis de penser qu’il n’a pas trouvé la vérité.

Les antiquaires de la localité qui ont adopté son opinion, font passer la route par le Lion d’Angers, à 4 lieues Nord-Ouest d’Angers, près duquel l’on a prétendu qu’il avait existé, au confluent de l’Oudon dans la Mayenne, un camp romain qui aurait donné son nom a cette petite ville (Legio andina).

Bodin, qui n’a pu en retrouver les restes, a pourtant remarqué que l’église du Lion d’Angers était bâtie à la manière des Romains.


ART. 2e. — Rejet d’une autre ligne directe par Louvaine, Nyoiseau, l’Abbaye, Visseiche et Venèfles, indiquée par des vestiges antiques, qui ne paraît avoir été qu’une voie secondaire, et d’une troisième par Châtelais, Le Gherche et Visseiche.


Une variante de la direction par Combrée et Visseiche a été indiquée sans qu’on y attachât une grande importance ; mais on la verra bientôt s’accroître par Fefiet de nos recherches. On lit ce qui suit dans l’extrait d’un rapport sur les voies romaines de l’Anjou par M. Bizeul, publié à Caen en 1844, dans le compte rendu des sessions tenues par la Société Frauçaise pour la conservation des monuments historiques :

« On a beaucoup disserté sur ces deux noms Combaristum et Sipia, sans donner rien de concluant. Il y a certainement analogie entre Combaristum et Combrée ; mais comme aucun vestige de cette voie n’a encore été reconnu, on ne peut rien affirmer, et il faut attendre des renseignements. Nous observerons seulement qu’on s’accorde à croire que cette noie allait d’Angers au Lion, et qu’à partir de cette petite ville M. Godard en a reconnu des traces dans la direction des bourgs de la Jaillette, Louvaines, l’Hotellerie, jusqu’à Châtelais, lieu très-remarquable par de nombreux débris romains. Cette direction est nommée le vieux chemin de Craon par la carte de Cassini. En la continuant à peu près en ligne droite, la voie se rendrait à Rennes par La Guerche. Elle laisserait à deux lieues à l’Ouest le bourg de Combrée. »

M. Godard nous a dit en effet avoir trouvé dans le temps quelques débris de voie romaine dans la commune de i’Hotellerie, dans la direction indiquée ; mais il a ajouté qu’il n’en avait pas conclu qu’ils appartinssent a la route dültngers à Rennes. Dans son histoire d’Anjou, publiée en 1839, il partageait l’opinion de Bodin ; il faisait alors et fait encore aujourd’hui passer la voie romaine au Lion et à Combrée.

On le voit, il devait y avoir incertitude complète pour nous : M. Bizeul ne parlait que d’après M. Godard, et celui-ci, tout en ayant reconnu des vestiges d’une ancienne voie et de nombreux débris romains, ne croyait pas devoir cependant abandonner sa première opinion. Il importait que nous fassions fixé ; nous ne pouvions l’être qu’en nous transportant sur les lieux. Nous y avons reconnu l’exactitude des faits annoncés par M. Godard. Ils sont bien connus par les gens de la localité, et nous ont été attestés par M. le curé de Ferrières. De la Jaillette au Châtelais, sur un vieux chemin qui passe a Louvaine, laisse Ferrières et l’Hotellerie à droite, l’on a trouvé et l’on trouve encore des débris d’un chemin fort ancien. Dans la partie qui traverse la forêt de Ferrières, nous avons observé en 1847 des agglomérations de grosses pierres qui, sur quelques points, semblaient avoir appartenu à un pavage, mais qui sur d’autres paraissaient avoir formé les pierres de fondation. Au moyen de fouilles, nous en avons aussi reconnu de plus petites provenant d’un cassage, qui étaient réunies par une terre sablonneuse, et nous avons vu, sur un point, qu’elles reposaient sur de plus grosses. On doit y voir une voie antique. Sa composition ressemble, en effet, à la plupart de celles de la partie Nord-Ouest de la France, qui, faites d’une manière moins parfaite que celles où l’on remarque des couches de béton, consistaient quelquefois eu un pavage établi sur un massif formé d’un mélange de pierres de diverses grosseurs (en général petites), avec des terres ou des sables ; lequel massif à son tour reposait sur des pierres de fondation.

Ainsi, l’existence d’une voie romaine de la Jaillette à Châtelais paraît bien constatée ; c’est un fait important, et qui jusqu’à aujourd’hui n’est connu que par quelques personnes de la localité.

Mais a quoi rattacher cette portion de route antique ? D’un côté on la dirige naturellement vers le Lion d’Angers, et on la prolonge sans effort jusque vers Angers ou Empire, quoique à partir de la Jaillette l’on n’en ait aucune preuve dans, cette étendue de 34 kilomètres.

Du côté opposé, M. Bizeul suppose qu’elle se dirige sur La Guerche et va de là à Bennes. Mais pour cela il faudrait au moins que de Châtelais vers La Guerche quelques vestiges de voies antiques eussent été constatés. Examinons d’abord ceux que M. Toulmouche a mentionnés dans son ouvrage intitulé : Histoire archéologique de l’époque gallo-romaine de la ville de Rennes (1846).

« Des fragments qu’on en a retrouvés dans le département d’Ille-et-Vilaine ont été notés dans la commune de Châteaugiron, où M. Corbe, agent-voyer en chef, m’a dit en avoir reconnu les traces, près d’un petit ruisseau à, Venèfles, qui se trouve au Sud de cette localité, et M. Régnier, ancien maire de cette petite ville, de semblables dans ses champs, avec, des pièces romaines du Haut-Empire.

« Dans la commune de Piré, il existe un camp romain, à la butte du Châtelier, tout près de la rivière de la Seiche. Ensuite la voie traversait Sipia (Visseiche) à 8 kilomètres de La Guerche, où M. Ducrest de Villeneuve m’a affirmé a ravoir retrouvée. »

Il nous importait de vérifier ces faits :

Des fragments de la commune de Venèfles existent réellement. Ils ont été observés avec soin par nous. A la ferme de Launay, a l’ouest de la commune, nous avons reconnu sur une longueur d’environ trente mètres une antique chaussée sur laquelle il existe de très-gros arbres. Elle est formée d’un mélange de petites pierres siliceuses, non cassées, avec une terre sablonneuse jaunâtre ; nous n’avons pas reconnu sur ce point de grosses pierres de fondation. Des débris de cette chaussée ont été vus par le fermier vers Nouvoitou, c’est-à-dire du côté de Rennes. Du côté opposé, la chaussée a été détruite sur la majeure partie de sa hauteur pour être recouverte de la terre végétale du champ ; mais lorsque la charrue du fermier la sillonne, un bruit rauque annonce le passage sur l’ancien empierrement. Ensuite nous l’avons retrouvée plus loin, à la ferme de M. Régnier, au Nord-Est du village, de Venèfles, à la limite de sa propriété, où des ouvriers qui faisaient des plantations l’ont détruite. Ici, indépendamment des petites pierres mélangées de terre, de grosses ont été extraites. Des renseignements précis sur la position qu’elles occupaient n’ont pû nous être donnés par M. Régnier, qui ne les a vues qu’après leur déplacement par les ouvriers.

Les médailles trouvées par lui ne laissent aucun doute que ce ne soit une voie romaine ; mais quelle était sa direction ? M. Réguler, qui a eu l’obligeance de nous donner tous les renseignements qu’il possède sur cette voie, n’a jamais eu la pensée qu’elle se dirigeait vers Angers ; il nous a affirmé l’avoir dit à M. Toulmouche lui-même. Les gens de la localité ne Font pas eue non plus. Ayant en effet, à partir de la ferme de Launay, la direction de l’ouest à l’Est, elle semble se diriger vers La Gravelle et Laval.

Cependant devrait-on s’étonner que cette route eût un embranchement se dirigeant vers La Guerche et du côté d’Angers ? Assurément non. Si la voie de la Table Théodosienne ne suivait pas la ligne directe de Juliomagus à Condate, l’on ne peut au moins douter qu’il n’existât une voie antique dans cette direction.

Notre désir était de retrouver au moins les vestiges signalés à Visseiche.

Nous dirons d’abord qu’en 1847, ayant parcouru toute la ligne de Venèfles à La Guerche en passant par Visseiche, personne, malgré nos demandes réitérées, n’a pu nous indiquer à Visseiche les débris de cette voie. Nous regrettions donc que le point de ce bourg où elle avait été observée n’eût pas été précisé de manière à pouvoir être retrouvé. Cependant tous les auteurs n’ayant cessé de dire qu’elle passait à Visseiche, il convenait de ne rien négliger pour vérifier le fait annoncé par M. Toulmouche. Notre résidence ayant été fixée à Rennes, nous avons pu, six ans plus tard, nous mettre en rapport avec M. Ducrest de Villeneuve. Il nous a dit se rappeler très-bien d’avoir vu plus d’une fois (il y a environ une trentaine d’années) sur le côté droit du chemin, dans les voyages qu’il faisait, fort jeune alors, de Visseiche à Marcillé-Robert, les restes d’une voie antique ; sans pouvoir préciser le point, il lui semblait qu’on pourrait les retrouver à environ deux ou trois kilomètres de Visseiche. Nous avons fait faire des recherches en cet endroit ; mais elles ont été infructueuses. Cependant elles nous ont amené à entendre parler d’un chemin qu’on dit être fort ancien, et qu’on suivait autrefois pour aller de Rennes à Angers. Il partait du moulin de Visseiche[34], sur la rivière de Seiche, auprès duquel il existe, assure-t-on, un passage très-ancien, et traversait ensuite la forêt de La Guerche, qui forme la limite des départements d’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne, et continuait dans celui-ci.

Voici les jalons principaux qui déterminent le tracé :

Le Gué-de-Baud sur l’Ar-Dein, la Chaussée, la Bécaniere, sur la route nationale no  178 de Caen aux Sables-d’Olonne, où l’on voyait, il y a une vingtaine d’années, des restes de fortifications en terre ; l’Abbaye, dans la forêt de La Guerche, aux environs de laquelle on trouve d’anciens tombeaux en calcaire coquillier et, dit-on, des briques romaines. Le chemin passe ensuite près du village de Bourgogne, à la limite des deux départements, et ensuite successivement au Nord et à peu de distance de Brains, de Saint-Michel et de Renazé, et se dirige après sur Nyoiseau. De la allait-il au Lion d’Angers, par Ségré et Andigné, en suivant la ligne d’aujourd’hui, ou allait-il s’embrancher sur la voie mentionnée de La Jaillette vers Châtelais, à Louvaine, par exemple ? C’est ce que nous ignorons. Toutefois, pour ne pas avoir pendant plusieurs lieues deux voies trop rapprochées, il serait naturel d’admettre que le point d’embranchement avait lieu à Lonvaine.

Au Gué-de-Baud précité, on aperçoit le reste d’un e couche en gros blocs ; on la voyait très-bien, il y a environ vingt ans, dans la forêt de La Guerche, sur le territoire de Bourgogne, vis-à-vis la maison d’un ancien cautonnier qui pour en rendre l’accès plus facile, brisa ses grosses pierres et en fit un empierrement. Un peu plus loin, on aperçoit aussi cette espèce de pavé aux Loges, ainsi qu’a la Fontaine-aux-Bretons, entre les Loges et Saint-Michel.

Nous avons voulu visiter ce chemin et nous nous sommes transporté dans la partie qui comprend la limite des départements d’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne.

Nous avons observé plus particulièrement le territoire du village de Bourgogne, au devant duquel se trouve la maison de l’ancien cantonnier. Nous avons pu retrouver encore quelques pierres isolées, qui nous ont paru avoir appartenu à l’espèce de pavés qui formait, dit-on, ce chemin. Ayant examiné la qualité dé la pierre, nous avons reconnu qu’elle ne provenait pas de carrières exploitées aujourd’hui, observation qui, depuis, a été faite sur plusieurs points par la personne qui nous accompagnait dans notre excursion. Cette espèce de pavé, au lieu d’avoir formé la surface de la route, paraît n’avoir été que la couche de fondation du chemin qu’on a remarqué être bordé çà et la de ce qu’on appelle dans le pays des gentilhommières ou maisons nobles. Enfin, on peut voir une dernière preuve de son ancienneté dans sa largeur très-variable, provenant des empiètements des riverains dans les bonnes terres.

Le chemin que nous venons de décrire devait s’embrancher sur le tronçon de Venèfles. Aussi n’avons-nous pas été surpris d’apprendre plus tard que des restes d’un vieux chemin se voyaient entre Venèfles et Visseiche, dans l’angle Sud-Ouest du croisement de la route départementale no  19 de -123-

Vitré à Redon et de celle n° 3 de Rennes à La Guerche, à trois kilomètres avant Moulins, situé sur cette dernière. Dans cet angle, et à environ 700 mètres de son sommet, se trouve la ferme dite des Grands-Champs; la ligne observée passe entre les deux et à 15 mètres de cette dernière. Elle l’a été par le sieur Gilbert, qui en est le fermier, sur toute l’étendue de son terrain elle est presque à fleur de terre, car la charrue, dans son mouvement, la rencontre. Au passage de la route de Vitré à Redon, elle est à environ 1 mètre au-dessous du sol et à plus de 2 mètres au-dessous des remblais de celle-ci. Dans une de nos tournées, nous avons voulu l'examiner. La coupe qui a fixé principalement notre attention, à environ 60 mètres de la ferme, ne consistait qu’en un massif d’environ 5 mètres de largeur, 0m 30 d’épaisseur, formé de pierres grosses, moyennes et petites, enveloppées entièrement de la terre du champ, qui la recouvrait d’environ 0m 15. Il serait possible que, sans avoir été liées avec ladite terre, celle-ci, par l’effet du temps, eût fini par remplir tous les vides qu’elles offraient.

 L’épaisseur du massif, ainsi que le fermier s’en est assuré

sur plusieurs points, est variable. Il nous a offert l’aspect des chaussées que l’on faisait autrefois, ou plutôt de celles qui s’exécutaient par corvée.

 L'inspection des lieux donne à penser que le chemin dont

il faisait partie a dû être remplacé par la route actuelle, qui semble en être une rectification. Ce massif était-il la fondation d'une voie romaine ou d'un simple chemin moderne ? Rien de caractéristique ne peut servir à décider la question.

 Quelles sont maintenant les conséquences à tirer des faits

que nous venons d'exposer concernant les vestiges d’anciennes voies qui existent entre Rennes et Empiré ?

 1o Les restes de voie romaine observés à Venèfles et à Louvaine tout en

ayant pu servir (au moins en partie) à une ligne entre Rennes et Angers (1), semblent avoir appartenu à d'autres directions, l'une allant de Rennes vers Etrelle ou La Gravelle, c'est-à-dire de l’Ouest vers l’Est, et l'autre d'Angers vers Châtelais, c'est-à-dire vers une direction tendant davantage vers le Nord que celle sur Rennes.

2o La voie ancienne observée, qui, s’embranchant sur ces deux tronçons de Venèfles et de Louvaine, fournirait aussi une ligne directe de Rennes à Angers, était-elle réellement une voie romaine ? Nous n'oserions l’assurer. Mais, dans le cas de l’affirmative, rien n'autoriserait à croire que détait une grande voie, en l’absence des particularités caractéristiques d’une grande ligne.

On ne voit pas, d’ailleurs, où l’on pourrait chercher l’emplacement de Conbaristum sur cette voie, qui laisse Combrée à gauche et Châtelais à droite.

Par cette double raison, nous nous voyons forcé d’abandonner cette direction, pour le moment au moins, afin d’en chercher une autre, qui s’offre à nous avec plus de probabilité comme étant celle de Juliomagus à Condate ou d’Empiré

à Rennes, indiquée dans la Table Théodosienne.
 Examinons donc si, sur d’autres localités, des traces de

voie romaine ne nous la révéleraient pas et ne nous conduiraient pas, par suite, à la fixation de l’emplacement de Conbaristum.

 Mais les portions de voie romaine-observées à Venèfles -et

à Chàtelais, si, comme elles le paraissent, faisaient partie de lignes autres que celle directe d'Angers ou d’Empiré à Rennes, à quoi servaient-elles ? C’est une question pleine d’intérêt

[35] sans doute, et qui demande même une solution pour faire cesser toute incertitude; aussi y reviendrons-nous plus tard.

Mais si on était disposé à joindre ces deux portions de voies par une ligne qui passerait par La Guerche, comme ayant fait partie de la voie directe entre Juliomagus et Condate, il y aurait lieu de remarquer que jusqu’à ce jour aucun jalon n’a été bien constate sur cette ligne (1). Le contraire eût-il lieu, que cette voie ne se présenterait que comme une voie secondaire, analogue à celle par Nyoiseau. N'offrant aucun des caractères d’une grande voie romaine, elle ne saurait être celle de la Table Théodosienne.

[36]

CHAPITRE II.

Emplacement de Conbaristum proposé à Candé, s’accordant avec les distances de la Table Théodosienne et les restes d’une voie romaine allant dans le, sens de l’Est à l’ouest.

On ne peut disconvenir qu’une position de Conharistum qui s’accorderait avec sa distance à Juliomagus donnée par la Table Théodosienne, et qui serait dans une direction où des restes bien reconnus d’ancienne voie indiqueraient la grande route romaine de Juliomagus à Condate, n’offrît beaucoup plus de probabilités que celle de Combrée, indiquée par d’Anville. Les preuves basées sur une ressemblance de noms n’ont une force bien réelle pour la fixation de l’emplacement des stations des anciens itinéraires, que lorsqu’elles viennent s’ajouter à celles des distances et des restes de routes bien constatés, qui forment les éléments essentiels de ces sortes de questions; elles ne doivent être déterminantes que dans ce cas; dans tout autre, elles ne servent ordinairement qu’a égarer.

Désireux de trouver une solution qui satisfasse autant que possible à ces conditions, appliquons-nous à chercher où pouvait être la direction de la voie romaine de Juliomagus à Condate, si elle ne suivait pas la ligne directe entre ces deux villes. Et d’abord, quel était l’emplacement du pont sur lequel elle passait la Maine ? qui doit être pour nous un jalon essentiel. Il est bien naturel d’admettre qu’il devait être en face de Juliomagus, situé a l’emplacement d’Empiré, au confluent de la Maine et de la Loire. Une autre raison puissante à nos yeux pour l’emplacement de l’ancien passage de la Maine est celle-ci : il y a lieu de supposer qu’il était le même que celui —127—

pour la voie de Juliomagus à Condivicnum (Nantes), comme la chose avait lieu de nos jours pour les routes d'Angers à Rennes et à Nantes, avant la création des nouveaux ponts en fer dans la première de ces villes (1). Or, pour cela, le seul endroit qui convienne bien, à cause des positions comparées des trois villes, se trouve évidemment vers l’emplacement de Juliomagus.

Effectivement, en face de la ville antique, à l’emplacement d’Empiré, ou trouve les vestiges d’un pont dont plusieurs auteurs ont fait mention, Robin (2) entr'autres, tout récemment M. le conseiller Béraud (3), et dont les fondations ont été constatées par nous.

Nous avons donc ainsi un point essentiel de la voie de Juliomagus à Condate : suivons-la maintenant à partir de là. Des vestiges d’un chemin antique signalés par M. Béraud, et observés par nous-même, nous conduisent près d’une lieue au-delà de ce pont, dans la direction de l’Est, à l’ouest; mais quel est le point le plus rapproché où il paraît aboutir ? C’est évidemment Candé : M. Béraud ne l’a pas indiqué dans sa notice, mais il n’en a jamais douté. Nous avons voulu nous assurer si, aux abords de ce point, il ne serait pas possible d'en retrouver des traces. Mettant à profit des indications que M. le curé de cette ville a bien voulu nous donner, nous avons parcouru un vieux chemin qui part de Candé, laisse à droite et tout à côté la maison de compagnie dite La Rivière, longe ensuite le hameau de la Hautalière, et qui se termine actuellement à Cornouaille. Ce chemin, réparé dans sa première partie par les propriétaires qui s’en servent, ne tarde

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pas à se montrer, vers la Hautalière, tel que les dégradations accumulées des siècles l’ont fait. Elles laissent voir, par l’abaissement du sol sur plusieurs points, son ancienneté. Arrivé à l’endroit où il est traversé par un petit ruisseau appelé l'Aneau, sur lequel M. le curé avait porté notre attention, nous avons reconnu les restes d’un vieux pavé. lis commencent à environ 200 mètres avant ce ruisseau, mais ne sont assez bien conservés que sur une étendue d’environ une vingtaine de mètres. Un examen attentif nous a fait apercevoir des parties de pavés analogues sur plusieurs autres points de ce chemin, entre Candé et ce ruisseau; l’on ne peut douter que les grosses pierres que l’on voit placées à la main, avec art, n’aient appartenu aux fondations d’un chemin antique ou à sa surface pavée. La portion observée s'accorde parfaitement avec une direction d’Empiré à Candé, et aussi assez bien avec celle d’Angers (Andecavi) à Candé, qui la remplaça après la destruction de Juliomagus. Ces deux directions semblent passer à Pontron (Pons-Otranni) et par le village La Chaussée, qui tire probablement son nom de la route antique. Ainsi, la direction de la voie romaine de Juliomagus à Condate passe par Candé, et sa direction est, dès ce moment, déterminée pour nous dans une partie notable de son étendue.

 M. Bizeul a annoncé l’existence d’une voie romaine de

Blain vers Angers. Il ne la connaissait que depuis Blain jusqu'a Saint-Mars-la-Jaille, à environ trois lieues avant Candé. La voie dont nous venons de parler, d’Empiré à Candé, en est donc la première partie. Nous ferons en outre observer que cette route d’Empiré à Blain peut être considérée comme étant celle de Juliomagus à Vannes (Dariorigum), capitale de la Vénétie. Il existait, en effet, une voie de Blain à Vannes, observée aussi par M. Bizeul, et qui faisait partie de la grande ligne de la Table Théodosienne de Portus Namnetum (Nantes) à Gesocrihate (Brest), passant par Duretie -129 - (Rieux), Dariorigum (Vannes) et Vorganium (Carhaix). Cette route de Juliomagus à Vannes fut peut-être construite par César, après la conquête des Venètes, et dut être parcourue par les légions romaines qui stationnaient au camp, à l’emplacement d’Empiré, pour se rendre du pays des Andes dans cette partie de l’Armorique. Revenons maintenant à la voie de Juliomagus à Condate, afin de déterminer la position de Conbaristum. Si, avec une ouverture de compas correspondant à une distance itinéraire de seize lieues gauloises, c’est-a-dire un peu moindre que cette même distance comptée en ligne droite, on décrit un arc de cercle de Juliomagus (Empiré) comme centre, on trouve qu’il coupe cette nouvelle ligne à Candé. Ainsi, ce point satisfait déjà aux conditions essentielles, déterminantespour l’emplacement de Conbaristum.





VIII 9 CHAPITRE III.

Rejet des directions par Candé et Visseiche, et par Candé, Soulvache et Saulniéres. La véritable parait être celle formée par le croisement des deux grandes voies de Juliomagus à Vorganium (Carhaix) et de Condivicnum (Nantes) à Condate, qui se rencontrent entre Bain et Port-Neuf.

ART. 1er. — Rejet des directions par Candé et Visseîche et par Candé, Soulvache et Saulnières.

Au point où nous en sommes, Conbaristum étant fixé à Candé, il convient d’examiner si la position de Sipia, placé à Visseiche par tous les archéologues, pourrait, sous le rapport du tracé de route qui en résulterait, s’accorder avec celle que nous avons proposée pour Conbaristum ? Nous n’hésitons pas à dire oui. Aussi si cet emplacement n’en laissait pas désirer un meilleur, dans l’état actuel de la question nous l’adopterions volontiers.

D’abord nous avons déjà vu que la voie antique, qui de Rennes allait directement vers Visseiche, n’était probablement qu’une voie romaine secondaire s’embranchant sur une grande voie de Rennes vers l’Est. Cette première raison tendrait à faire écarter Visseiche.

Apprécions maintenant les motifs de l’opinion de d’Anville sur la station Sipia. Voici ce qu’il dit :

« La distance marquée XVI entre Condate et Sipia conduit au passage d’une petite rivière nommée Sèche, à l’endroit qui est appelé Vi-Seche, ce qui désigne précisément le trajet vadum de cette rivière. De là à un autre lieu nomme Combaristum, la même distance, répétée dans la Table, convient « à la position du lieu qui se nomme Combrée, en suivant la « direction de la voie vers Angers. »

Nous ferons remarquer, en passant, que d’Anville voit dans Vi-Sèche l’indication du trajet vadum de cette rivière. La première lettre v est pourtant le seul indice qu’il y trouve ; il eût pu plus sûrement, sans doute, voir le mot de vicus dans la première syllabe vi, ce qui alors ne signifie que ceci : bourg sur la Sèche.,

D’Anville ne connaissant pas la voie romaine, l’a supposée naturellement à peu près en ligne droite d'Angers à Rennes ; c'est sur cette direction qu’il a trouvé Combrée, devenu pour lui Conbaristum, et qu’il a ensuite tout naturellement cherché Sipia, ce qui l’a conduit à Visseiche, à seize lieues gauloises de Condate ; on ne voit pas d’autres raisons déterminantes. L'emplacement de Conharistum à Combrée à évidemment entrainé celui de Sipia à Visseiche; mais il faut convenir que Juliomagus étant à Empiré, et la véritable position de Conbaristum, selon nous, étant à Condé, qui n’est pas place sur la ligne directe de Juliomagus à Condate, l'opinion de d'Anville pour Sipia se trouve un peu affaiblie, et l’on est tenté de croire alors qu’il pourrait bien se trouver sur une direction qui convînt mieux à Cande. Cependant, nous citerons à l'appui de l’opinion qui place Sipia à Visseiche, d’autres-raisons qui n’ont pas été données et qui paraîtront peut-être plus décisives à ceux qui attachent une grande importance aux ressemblances de noms. Sipia diffère fort peu du mot latin Sepia, qui correspond à celui de Sèche (poisson). Visseiche est sur la rivière de la Seiche, d’où l’on voit le rapport qui semblerait établir l’identité d'emplacement de Sipia et de Visseiche. Nous devons ajouter que M. Godard croit pouvoir affirmer qu’une terre, ou plutôt une villa sur le Loir, appelée Cipia (ce mot commençant par un c et non par un s), et mentionnée dans une. charte originale de Charlemagne, qu’il a reproduite dans son ouvrage (1), correspond au bourg de Seiche (avec un e et un i), à quatre lieues Nord-Ouest d’Angers. S’il en est ainsi, dit-il (ce dont il faudrait, nous ajoutons, donner des preuves), il y aurait probabilité que Sipia correspond à Visseiche, et ce rapport de mots fortifiant celui de Conbaristum et Combrée, conduirait à croire que la voie romaine passait bien à Visseiche, et par suite peut-être aussi à Combrée.

Mais cette ressemblance nous paraît être un guide trompeur, car il est facile d’en détruire toute la force. En effet, que doit-on voir dans le nom de Visseiche ? Le nom d’un bourg placé sur la Seiche. Et ces mots : rivière de la Seiche, que signifient-ils en réalité ? Est-il bien naturel d’y voir ce sens rivière du poisson appelé la sèche ? Ce poisson, ou plutôt ce polype de mer, peut-il se trouver dans cette petite rivière ? Nous comprendrions très-bien qu’on voulût voir son nom dans le promontoire de Thessalie qui s’appelle Sepias ; mais ici ne doit-on pas voir dans ces mots la Seiche ou la Sèche une épithète qui, exprimant une petite quantité d’eau, s’applique si bien à certaines rivières pendant une partie de l’année, et a pu autrefois convenir à celle dont il sagit ?

Nous avons donné toutes les raisons connues de nous qui, pour la voie de Juliomagus à Condate de la Table Théodosienne, militent en faveur des lignes directes, l’une par Comhrée et Visseiche, et l’autre par Nyoiseau et Visseiche, ou de celle indirecte par Candé et Visseiche, que nous serions en droit de leur préférer. Mais si l’une de ces directions était la véritable, n’y trouverions-nous pas des preuves plus fortes de l’existence d'une grande voie romaine ? N’existerait-il pas de nos jours, sinon une grande route d’Angers à Rennes, au moins une secondaire suivant à peu près l’une de ces directions, car les deux villes n’ayant cessé d’être importantes, on

[40] — 133 —

peut penser que la voie romaine, détruite sur plusieurs points faute de réparations qui ne furent pas faites dans les siècles de barbarie, et que son élévation au-dessus du sol rendait indispensable pour la viabilité, ne dut être abandonnée que partiellement ? Si un changement notable de direction eut lieu dans une de ses parties (ce qui pourrait être la conséquence d’un nouveau système de communication), l’explication d’un fait aussi capital semble devoir être facile à trouver.

 Telles sont les convictions qui nous font abandonner des

directions avec lesquelles elles ne s’accordent pas, et qui vont continuer à nous diriger dans nos recherches.

ART.2. — La véritable direction paraît être cette formée par le croisement des deux grandes voies de Juliomagus à Vorganium et de Condivicnum à Condate, qui sa ren- contrent entre Bain et Port-Neuf.Texte en italique

 Les preuves de l’existence de la voie antique que nous

cherchons, qui n’existent pas sur les deux lignes directes d’Empiré à Rennes par Combrée et Nyoiseau, ni sur la ligne indirecte d’Empiré à Rennes par Candé et Visseiche dans sa deuxième partie, ne peut-on pas les trouver sur une autre direction qui serait dans le prolongement vers Rennes de cette première partie comprise entre Empiré et Candé, sur laquelle a été une voie romaine dont l’existence est bien reconnue ? Cette question, on le sent d'avance, sera décisive pour la question principale. Notre première pensée a été d’admettre que la voie romaine de Juliomagus à Condate, que nous avons suivie jusqu’à Candé, si de là elle n’allait pas à Visseiche, continuait assez directement vers Rennes, en suivant à peu près la route nationale actuelle qui passe à Châteaubriant, où, d’après M. Bizeul, il paraît y avoir eu un camp romain. De Châteaubriant, nous étions naturellement conduit à voir si elle devait passer à Saulnières, emplacement indiqué pour Sipia par le géographe allemand Reichard. D’abord Saulnières, à douze lieues gauloises de Rennes, en est à une distance trop inférieure à celle de la Table pour qu’il puisse être admis. Il y a bien erreur, avons-nous dit dans le premier chapitre, dans l’une des trois distances de ce document antique, mais erreur en moins et non en plus. L’une de ces distances doit donc être augmentée, à moins de supposer deux erreurs à la fois, chose assurément possible, mais peu admissible, à moins de supposer, disons-nous, qu’une erreur a eu lieu en plus et une seconde en moins, et que cette dernière l’a emporté sur l’autre.

L'emplacement de Soulvache, presque au confluent de deux rivières, qui se trouve précisément à seize lieues gauloises de Condate et sur la route nationale no  463, nous avait d’abord paru convenir ; mais ici, pas plus que pour Saulnieres, nous ne trouvons de vestiges de voie romaine. On peut remarquer que ces deux positions se trouvent sur une même ligne de Châteaubriant à Rennes, qui suivrait à peu près celle de ladite route nationale.

Puisque nous ne pouvons retrouver dans cette direction la voie antique, nous devons donc la chercher ailleurs ; ce n’a pas été sans regret, car nous perdions ainsi notre guide. L’idée directrice de nos recherches, dans la question qui nous occupe, a été en effet celle-ci, nous l’avons déjà dit : la grande voie romaine a disparu, mais ses deux points extrêmes n’ayant pas cessé d’avoir de l’importance, il est probable qu’à côté d'elle s’est élevée la grande voie moderne qui l’a remplacée. Nos prévisions se sont confirmées jusqu’à Candé, peut-être même pouvons-nous dire jusqu’à Châteaubriant, car on nous a affirmé que des vestiges de voie antique ont été observés entre ces deux villes ; là seulement commence à se faire sentir la difficulté. Nous nous voyons forcé d’abandonner la direction qui de ce point s’infléchit sur Rennes, et qui parais sait mieux convenir, pour nous reporter sur la gauche, c'est-à-dire dans une direction qui ne paraît plus être celle de Rennes. Mais les routes d’une ville à une autre ne sont-elles pas formées souvent par le croisement de deux routes de directions différentes ? Ne pourrait-il pas en être ainsi ? Cette idée a été pour nous un trait de lumière dans l’obscurité : l’une des routes s'est présentée naturellement à notre esprit, c’est celle de Condivicnum (Nantes) à Condate (Rennes), qui passait à Blain, Fougeray, entre Bain et Port-Neuf, et à Laillé, qui a été remplacée par la route nationale no  137 qui passe à Bain, et qui laisse Blain, Fougeray et Laillé à sa gauche. Elle pouvait évidemment fournir la seconde partie de la voie romaine de Juliomagns à Condate, faisant suite à la première partie qui, jusqu'à présent, nous est connue seulement depuis Empiré jusqu’à Châteaubriant, et qui appartiendrait alors à une voie romaine passant entre Nantes et Rennes et se dirigeant vers le Nord-Ouest de la Gaule. Elle tendrait ainsi vers Vorganium (Carhaix) et Gesocribate (Brest), à l’extrémité de la péninsule armorie aine.

S’il en était ainsi, la route nationale no  163, d’Angers à Rennes, offrirait, à partir de Châteaubriant, une direction bien différente de celle de la voie romaine. L’explication, nous avions besoin de la trouver immédiatement, avant d’attacher de l’importance à notre système. Effectivement, puisqu’une grande route a remplacé la voie romaine de Condivicnum Condate, et qu’elle n’en diffère pas d'une manière notable dans sa seconde moitié du côté de Rennes, pourquoi, de nos jours, celle d'Angers à Rennes s’est-elle, de Châteaubriant, rendue directement à Rennes, au lieu de continuer jusqu’à Bain, où elle aurait rencontré la route nationale no  137 de Nantes à Bennes ? Ce changement de direction, ou plutôt cette amélioration, est résulté d’abord de la force des choses ; la grande voie de Juliomagus à Vorganium a dû cesser d'exister, le comprend facilement. Les Romains venaient de l’Italie ou de la capitale des Gaules à Juliomagus pour pénétrer dans l’Armorique. De nos jours, une grande route de la ville d’Angers (Andecavz), qui a remplacé la capitale romaine, à Carhaix ou à Brest, n’a plusdé sens ; aussi la route nationale d’Angers à Rennes, à partir de Châteaubriant, n’ayant plus la même raison pour se prolonger jusqu’à la rencontre de ia ligne directe de Nantes à Rennes, sarréte-t-elle à Châteaubriant, pour se diriger sur Rennes. Son prolongement de Châteaubriant à Bain, sur la route nationale de Nantes, n’est plus qu’une communication tout a fait secondaire.

Une autre raison a dû conduire au changement de direction en question. La route nationale no  178, de Nantes à Fougères, rencontrant à Châteaubriant celle d’Angers à Rennes, no  163, il en résulte une ligne indirecte de Nantes à Rennes formée par ces routes, qui est toutefois plus fréquentée qué la ligne directe (route 437), qui a plusieurs rampes très-fortes. Cette ligne indirecte est, en effet, celle que suivent les voitures publiques ; de sorte qu’en réalité, de nos jours encore, la voie d’Angers à Bennes est formée de la seconde partie de la grande voie de Nantes à Rennes et de celle d’Angers à Châteaubriant, qu’on peut considérer comme formant la première partie. de l’ancienne voie perdue de Juliomagus à Vorganium et Gesocribate. Ainsi s’explique d’une manière fort naturelle le changement de direction apporté à la voie antique pour obtenir la grande route de nos jours.

Nos conjectures paraissent donc probables. En continuant nos recherches, nous ne tarderons pas à leur voir prendre un caractère frappant de réalité.

Ce que nous avons dit sur la voie romaine d’Empiré à Candé s’accorde avec les traces bien constatées d’une voie romaine allant dans la direction de Juliomagus à Vorganium ; et les observations de M. Toulmouche à ce sujet[41], que nous allons rapporter, serviront à leur tour à corroborer notre opinion sur l’ensemble de la voie de Juliomagus à Condate, et par suite sur l’emplacement de Sipia, que nous cherchons à déterminer.

Cet archéologue est le premier qui ait expliqué l’origine, le trajet, la terminaison et l’importance de la voie de Vorganium, qui n’est pas mentionnée dans les itinéraires anciens. Il ne la connaît, dit-il, en aucune manière dans le département de Maine-et-Loire ; il indique ses premiers vestiges au village (le Teillé (Loire-Inférieure), a treize kilomètres environ de Châteaubriant, d’où elle tendait vers Bain (Ille-et-Vilaine.) Elle rencontrait a peu de distance de la, entre Bain et Port-Neuf, la grande voie romaine de Condivienum à Condate. Dans l’angle nord-ouest du croisement, qui se trouve exactement sur la limite des communes de Bain et de Messac, à trente-deux kilomètres de Rennes, existent, a-t-on assuré à M. Toulmouche, les murs d’un antique édifice, qu’on peut bien croire avec lui avoir été une ancienne mansion, et qui mérite de fixer notre attention.

La voie se dirigeait ensuite vers Port-Neuf, pour traverser la Vilaine sur un pont antique, composé autrefois de cinq arches, et dont nous avons vu les restes, traversait la commune de Maure, où l’en reconnaît aussi plusieurs camps. À partir de ce point, M. Toulmouche ne connaît plus exactement le tracé, à l’exception d’une partie au Nord de Rostrenen, avant d’arriver à Carhaix.

Ainsi, de Teillé à Maure, la voie en question est parfaitement connue, et sur une étendue d’environ trente-six kilomètres ; qu’on rattache cette partie à celle de Juliomagus à Candé et Châteaubriant, et ou ne pourra pas douter un seul moment que l’on n’ait ainsi deux parties de la voie de Juliomagus à Vorganium, qui se prolongeait jusqu’à Gesocribate, à l’extrémité ouest de l’Armorique. M. Toulmouche, qui l’a fait aboutir en ligne droite à Vorganium, n’a point pensé à celle de Portus Namnetum (Nantes) à Gesocribate (Brest), de la Table Théodosienne, par Dariorigum (Vannes) et Suliis (Castel-Noë, commune de Bieuzy), car il aurait compris qu’elle ne devait pas tarder à la rencontrer, et probablement à Sulis.

Pour bien sentir toute l’importance de la voie de Juliomagus à Vorganium, il ne faut pas perdre de vue qu’elle peut être considérée corrîme la continuation de la grande voie de la Gaule partant de Lyon pour arriver à Juliomagus, qui passait par Matiseo (Mâcon), Cabillonum (Châlons), Augustndunum (Autun), Decetia (Decize), Avarium (Bourges) et Cæsarodunum (Tours).

Nous devons ajouter que dans l’intervalle de Port-Neuf à Lohéac, sur le territoire de Guipry, après le croisement de la voie de Condivicnum à Coudate, on lui a trouvé 1m 50 d’épaisseur d’empierrement. Sa largeur totale, nous dit M. Toulmouche, était de 20 mètres. [42]

Ainsi, nous constatons en tout des signes manifestes de son importance : des vestiges sur des étendues considérables, une grande épaisseur de matériaux, plusieurs camps romains, peut-être même.les restes d’une mansion, des débris de tuiles romaines sur plusieurs points, et enfin, avant tout pour nous, sa direction dans le sens de Juliomagus à Vorganium, qui en fait aussi d’abord la route de Juliomagus à Condate, laquelle se trouve naturellement formée par la rencontre de ladite voie et de celle de Condivrienum à Condate, qui est parfaitement déterminée par les indications de MM. Toulmouche et Bizeul, de Nantes à Blain, de cette ville audit point de rencontre, et de celui-ci ä Condate. Dans cette dernière partie, qui est celle qui nous intéresse le plus, elle traversait les villages de Labaudais, de la Faronlais, de la Grée et du Perray, passait a peu près à 800 mètres à YEst de Pléchàtel, traversait la rivière du Semnon a environ 300 mètres à PEst du Grand-Moulin, arrivait au village de la ChausséeAongeait la ferme de la Rue,.descendait au village de ce nom, passait ä 500 mètre-s a l’Est de Bourg-des-Comptes, tout près et’a l’Ouest du village de Grepail, traversait Laillé, passait ä PEst de Bruz, et enfin arrivait à Condate par la porte Aivière (Aquaria).

Cette voie de Condivicnum îLCondate, qui était (on n’a pas besoin de le dire) une grande voie militaire, conduisait à Alauna (A’leaume, pprès de" Yalognes) et Corialluni. (Cheri bourg), dans la partie septentrionale du Traclus Armorieanus, qui comprenait toutes les villes maritimes entre la Loire et la Seine.

M. Toulmouche l’ayant fait couper transversalement, a 485 mètres au Nord de son croisement avec celle de Juliomagus à Vorganium, a fait les observations suivantes : u Sa « largeur totale dans ce point était de 20 mètres, chaque contre-fossé en avait ÊÇde larÿeur, les bqæiquelles 5, la chaussée (agger) 6, avec une pente latérale encore sensible dans quelques parties. Liempierrement avait l mètre de profondeur pour la chaussée et 60 centimètres pour les « banquettes. Il était composé d’un nzacadamisage grossier Ê- formé de cailloux plongeant dans une terre argileuse el « c nzêlés à un certain nombre de grosses pierres, dont quelques unes alteignenlle poids de 50 kilogrammes. »

Nous tenions à constater par nous-même l’existence des voies romaines de Juliomagus à Vorganium, et de Condivic num à Condale, pour la partie de leur étendue dont nous nous occupons principalement. Nous avons donc parcouru la ligue de Châteaubriant à Port-Neuf, et celle de ce point a Rennes. La majeure partie de ces lignes est établie dans des lieux aujourd’hui déserts et incultes : on se croirait transporté dans les landes de la Basse-Bretagne. Les chemins actuels, sur l’emplacement desquels ces voies étaient établies, sont sur des points où des pentes assez fortes existent, en déblai de plusieurs mètres. par suite de l’action des ravins, qui ont déchiré le sol. Ces excavations informes et profondes, les arbres séculaires qui les bordent, sont autant de preuves de leur antiquité. Nous ne citerons que les principaux points où la route a été observée par nous.

Nous avons suivi la ligne de Châteaubriant à Port-Neuf dans une grande partie de sa traversée dans le bois de Teillé, guidé par un homme de la localité, qui la connaissait depuis

son enfance, Les arbres ont pris racine dans le massif de la"

voie, recouverte partout d’une couche de terre et de mousse. Elle consiste principalement en une couche de pierres irrégulières, mais mises en œuvre avec soin, quelquefois ces pierres paraissent reposer immédiatement sur le terrain naturel, d’autres fois sur d’autres matériaux appartenant à la voie.

Entre la sortie du bois et feutrée de Teillé, on la voit en chaussée d’une manière très-distincte ; elle est formée de grosses pierres ; sa plus grande largeur mesurée a été trouvée d’environ 6 mètres. Sur un point, une fouille que nous avons faite nous a laissé voir que le massif sur lequel reposait le pavé était formé de scories de fer. Il y a eu autrefois beaucoup de fourneaux dans la localité, et près de là on voit des dépôts considérables qu’ils ont produits.

Nous Pavons très-bien reconnue à l’angle sud-est du cimetière de Teillé, sur le chemin actuel.

Le point de croisement des deux voies de Juliomagus à Vorgauiuul, et de Condivicnum à Contlate, est remarquable par le vaste espace libre sur lequel il siopère. Il a lieu sur la lande de Trobuon ; à la limite des commuues de Bain et de lllessac (llle-et-Vilaine). Un chemin. creux, dit la : Vieille Rue (1), indique vers ce point landirection de la voie de Juliomagus à Vorganium.

La voie de Condivicnum à Condate oiïre à lÎoeil un bel alignement ; nous avons regretté qu’on n’ait pu, nous indiquer les vestiges (le construction antique qui ont été retrouvés dans l’angle nord-ouest du croisement. À peu de distance de ce point, sur le flanc d’une colline, le pavé de la voie de Condi» Ïvicuum à Condate se montre dans toute sa largeur, environ 6 mètres, comme a rentrée de Teillé, et les fossés que l’on remarque a peu de distance du pavé, ainsi que les terres qui les bordent, appelées par quelques auteurs contrefasses, et serrant ordinairement de clôture aux propriétés, ne nous ont pas paru être antiques. Ils ne Pliuvent guère, a notre avis, que servir a égarer ici, comme dans les cas analogues, ceux qui seraient tentés de les prendre pour guides dans la largeur de la voie.

À la sortie de la Faroulais, le pavé (2) qu’on voit sur une petite lande est assez bien conservé et sur une assez grande étendue. Depuis Laillé à Rennes, nous n’avons pu retrouver de vestiges de la voie. Il y a lieu de croire qu’elle passait au village de la Chaussairie, situé sur la route nationale de

(1) Dans cette expression, l’on peut voir tout à la fois, et l’ancienneté de ce chemin encaissé, et l’aspect qu’il ouïe maintenant. Il est a remarquer que le nom de rue est souvent donne ai des voies antiques, ou plutôt aux chemins creux qui les ont remplacées après leur destruction.

(2) Par ce mot, nous marons pas l’intention de parler de la surface supérieure de la voie, mais simplement de la couche de pierre observée qui peut être une fondation ou une couche interîeurejou (ce qui est beaucoup moins probable) la surface supérieure elle-même. Nantes à Bennes par Bain et à neuf kilomètres de Bennes. M. Bizeul, qui dit qu’elle traversait la rivière la Seiche à environ 400 mètres du pont actuel, pense qu’elle passait un peu à l’ouest de la Chaussairie, en venant du village de la Haie, divisé en deux par la ligne séparative des communes de Bruz et de Chartres. r

Le mode de construction de la ligne de Condivicnum à Condate nous a paru analogue à celui de la voie de Vergnnium. Elle avait des pentes et rampes extrêmement fortes ; ceci explique très-bien comment la route nationale qui ra rem placée n’a pas été conservée sur son emplacement. Celle-cïolfre encore, à cause de la nature montagneuse de la localité, des côtes assez rapides, qui sont cause que les grandes diligences et le roulage préfèrent, ainsi que nous Pavons dit, la grande route par Châteaubriant, quoique moins directe.

Des considérations qui précèdent, nous sommes autorisé ä conclure ce premier point : que le tracé de la noie ronzaine de Juliomagus à Condate se trouve parfaitement dèlenninè parle croisement de deux : routes d’une importance capitale,

et dont on. trouve la preuve dans leur construction.

CHAPITRE IV.

La direction proposée pour la voie romaine dejuliomagus à Condate parait avoir été celle de la Table Théodosienne, quand même il aurait existé une grande voie directe entre cesïdeux villes. Elle doit être aussi préférée à une seconde ïgrande voie indirecte, qu’on pourrait supposer formée du croisement de la voie de Juliomagus à Ingena (Avranches) et de celle de Condate à Suhdinum (le Mans), passant par Êtrelles et le Châlelais. Emplacement proposé pour Sipia, entre Bain et Port-neuf, nu croisement des grandes voies de Juliomagus à Vorganium (Carhaix) et de Condivicnum à Condate.

ART. 1er . — Le direction proposés paraît avoir été la véritable grande voie de Juliomagus à Comteta, quand même il en extrait existé une deuxième directe.

Le tracé que nous avons trouvé pour la voie romaine de Juliomagus à Condate ne s’écarte pas assez de la ligne droite pour que l’on puisse admettre qu’il a dû exister une autre grande voie en ligne directe.

Pour peu qu’on réfléchisse aux dépenses de construction et dïaistallationrdes grandes routes romaines, où se faisait le service des postes à l’usage des empereurs et des généraux dïtrméàes, on ne sera pas disposé à croire qu’il en existàt une deuxième, n’ayant pour but que de réunir Juliomagus à, Condate. Une route plus directe ne pouvait guère être qu’une ligne secondaire, ou un raccourci de la première. Ce n’est pas chose rare, quoique généralement peu connue, que les grandes raies n’allassent pas en ligne droite ; les exemples sont nombreux pour les diverses contrées de l’Empire romain. (Yest une grande erreur de croire, comme on l’a écrit si souvent, comme on leïépète chaque jour, qu’elles étaient toujours en ligne droite, à moins d’obstacles insurmontables. Les routes des Romains n’étaient, en somme, pas plus directes que les nôtres, et il ne faut pas s’en étonner ; un réseau de route, allant en ligne droite entre plusieurs villes, serait le plus défectueux, le plus absurde qu’on pût imaginer, à cause de la multiplicité des routes à laquelle il donnerait lieu. Un système de tracés rationnels, faits avec intelligence, comporte toujours des routes d’une ville a une autre, formées par le croisement de deux ou plusieurs autres.

Les Romains aimaient a suivre le principe de la ligne. droite, comme on le suit dans tous les pays, c’est-à-dire en tant que des nécessités ne s’y opposaient pas. Il est très-vrai que des difficultés ordinaires de terrain qui, de nos jours, motiveraient des courbes soit dans le but d’éviter des pentes si nuisible sa un roulage, qui n’existait pas chez, eux, soit pour obtenir sur (Feutres points, par ces effets de l’art, des alignements rectilignes d’une plus grande étendue, ne les arrêtaient pas. Ils’avaient ainsi des directions rectilignes où nous n’en aurions pas ; mais aussi ils avaient sur d’autres parties des changements de direction où nous n’en ferions pas ; de sorte que, en somme, nos routes sont aussi directes que les leurs, dont les tracés, en général, peuvent bien être regardés comme inférieurs aux nôtres, faute d’avoir été bien étudiés, soit à cause de la précipitation avec laquelle les travaux étaient entrepris, soit à cause peut-être de l’imperfection des cartes qui leur servaient pour le tracé des routes.

Quoi qu’il en soit, la raison dit assez, ce qui est conforme à la vérité, que toutes les fois que le voisinage d’autres routes, des villes, bourgs et villages ou points importants commandaient des déviations, les Romains les opéraient, comme cela se fait maintenant, comme cela s’est toujours fait dans tous les pays.

Souvent aussi, chez euxtde (leur ; voies entre deux points plus ou moins éloignés, la plus longue était la plus importante. (1)

Supposons qu’on admette maintenant l’existence (l’une seconde grande voie de Juliomagus 11 Condate, en ligne directe. Eh bien ! dans ce cas même, l’on ne peut, selon nous, mettre en doute que les raisons qui motivent pour notre tracé l’écartement de. la ligne droite ne lui assurent le prenlier rang, c’est-ä-dire qu’elle ne soit la route de la Table Théodosienne. À l’appui de notre opinion, nous pourrions citer de nombreux exemples pour les routes des peuples modernes. En France, par exemple, uexiste-t-il pas deux routes’nationales qui conduisent de Bordeaux à Bayonne, l’une en ligne directe, et Feutre formant un arc de cercle passant par Montde-Marsan, ayant une flèche d’environ 5 myriamètres ? Cette dernière, pourtant, n’appartient-elle pas’ à la route nationale de 1"’classe, n“ 10, de Paris en Espagne, tandis que l’a’ntre n’e st que de 3o classe, sous le n° 1321’La grande route nationale de l" classe, n°6, de Paris en Savoie, passant par Chàlons-surl-Saûne, ne descend-elle pas jusqu’à Lyon, s’écartant ainsi, entre Chàlons et Chambéry, de la ligne qui joint ces deux points (Yenviron 6 myriamètres, tandis que la route nationale de 3o classe, n ?’ 75, qui joint presqu’en ligne droite, nonpas Chàlons et Chambéry, mais deux points qui

(t) Dans une note relative au tracé des voies romaines, nous avons expose, (l’une manière détaillée, les principes d’après lesquels il était fait.‘ Nous y avons démontré qu’elles ne s’écartaient pas moins, en somme, de la ligne droite que les routes modernes, et nous avons donné trois exemples remarquables tirés des Itinéraires anciens, qui font voir quelles grandes voies des Romains écartaient quelquefois beaucoup de la ligne droite, et qu’entre deux villes éloignées, quelquefois aussi, les lignes principales étaient plus longues que celles secondaires. Ces exemples sont fournis par les grandes voies : 1,0 De l’embouchure de la Tamise au retranchement (PAdrien ; ’20 de Bordeaux à Jerusalcm, et 3o de Rame à Milan.. —. n’en sont as éloivnés Tournus et les Alirêts fournit, en passant par Bourg ; une ligne très-directe ?

La grande route nationale n“ 7 de Paris en Italie ne fail- x

elle pas un immense détour en allant de Lyon ä Avignon, Aix, Draguignan et Nice, quoiqu’il existe une route nationale directe, mettant Nice et Lyon en communication par Grenoble, Gap et Digne ? Et pourtant cette route nationale de 3o classe, portant le n” 85, à lïtchévement de laquelle nous avons. travaillé dans les Basses-Alpes (1), ne sera jamais qiÿune communication secondaire de France en Italie, mal» gré les travaux considérables dont elle a été Pobjet, au passage des montagnes et des torrents. Dans ces cas, comme dans tant d’autres, la ligne la plus longue est la plus imper-e tante, et forme la véritable grande voie ; les raisons en sont

toujours faciles a trouver.

ART. 2’. — Existence chine exit-ra noie de Iuliomugizs ri Condate par Châlclaîs et Êtretlas, résultant du croisement des grandes voies de Julimnaçus (i l-nycnai (Avr-anches) et de Candela à Subdinum (Le îliens). — Ce vflétarit pas ta voie de la Tabla Théodosicnne.

Arrivé ici, une objection sérieuse se présente très-naturellement. La voie indirecte de Jnliomagtts Condatc, fournée par le croisement de deux autres grandes voies, est-elle la seule ? Elle est tout entière sur la gauche de la ligue qui joindrait ces deux villes. Ne pourrait-il pas en exister une deuxième située a sa droite ? Assurément la chose est très-possible, et l’idée que les deux portions de voies de Venèflcs et de Louvaine, qui ne s’accordent pas pour une ligne directe (2),

(1) Nous avons en : ingénieux-en chef de ce département depuis la fin de 1852 jusqu’à celle de 185.5.

(2) Voir page 123. pourraient bien aussi en fournir une (lenxième indirecte, se présente alors à l’esprit. L’on entrevoit maintenant la possibilité d’une seconde ligne sur laquelle on pourrait chercher Cotibaristunî et Sipia, et qui, au moins, si elle n’est pas la voie de la Table Théodosienne, sera une deuxième grande voie de Juliomagns (Empire) ou d’Andecavi (Angers) à Rennes, dans des conditions (l’existence analogues a celle de la première. L’on conçoit tout l’intérêt de pareilles recherches. Elles peuvent nous amener a découvrir le tracé inconnu de quelques grandes voies données par les Itinéraires, ou nous en faire deviner dïmtres dont ils ’ont pas fait mention, et qui remplissent une (les lacunes de leur grand réseau.

Considérons d’abord le premier. des fragments de voie, celui de Venelles. Il se dirige, avons-nous dit, dîme part sur

la Gravelle et Laval, et par suite sur le Mans, et, d’autre.

part, surNouvoitou, et par conséquent sur Rennes. N’est— ; il pas naturel (l’admettre qu’il appartient à la ligne, encore inconnue sur le terrain jusqu’à nos jours, de Rennes au

Mans (Subdinum) ? Après avoir examiné attentivement l’em-‘ , placement probable de cette lignerions croyons pouvoir en

indiquer approximativement le tracé, guidé par des noms qui tlêeèlent une origine romaine. En effet, remarquons que de Venèfles sa direction nous conduit au village d’Êtrelles. On le sait, ce nom, qui paraît Àvenirde Strata, motnqui rappelle la Stratification des anciennes routes, est un de ceux qui s’applique-ut à plusieurs villages situés sur tes voies ; nous nous contenterons de citer celui, dans la Ilaute-Saône, que nous savons, d’après les fouilles que nous’avons faites, être situé sur la voie romaine de Besançon à Langres. Après Êtrelles vient la Gravelle. Ce nom, qui rappelle le mot gravier, empierrement (gtarru), est encore un des signes caractéristiques d’un chemin antique. Vient ensuite Laval, où a existé un temple de Jupiter, sur les ruines duquel se trouve bâtie l’église de la Trinité. Enfin, entre Laval et le Palans, l’on voit le village de Chemirê, qui parait aussi, en s’appuyant sur des exemples analogues- en assez grand nombre, avoir une orig gine romaine, car on peut le faire dériver de ohenziætttm regium de la basse latinité, chemin royal. ’ ’

ll-vestiplus difficile de connaître à quelle grande voie appartient le fragment de Chàtelais. Où aboutissait-il ? Pour nous diriger, il convient de remarquer qu’il est compris entrela grande voie d’Angers à Bennes et (elle d’Angers à Jublain (i), où a existé une ville antique (2) dont les ruines nous attestent l’importance, et qui n’est pas indiquée dans les’ Itinéraires anciens. i.

Dans cet espace assez considérable, aucune grande voie ne nous est signalée partant de Juliomagus pour se diriger vers le Nord de la Gaule.

Il est très-naturel de supposer, dans l’état des choses, que le fragment de Châtelais faisait partie d’une voie dans cette direction. Pour-quelle puisse en même temps servir a la route de Juliomagus à Condale, par sa rencontre avec celle de Condate à Subdiuum, la. direction la meilleure paraît être celle de Chàtelais 11 Êtrelles ; il en résulte ainsi -une voie très-convenable de J uliomagus à Condate, 1331 Êtrelles.

(1) Cette voie suivait in rivière de la Maine et de la Sarthe jusque vers Saint-Denys-dbänjou, franchissait le pont däxngevitiières près SainbLOup (Mayenne), à six kilomètres de Sablé, la petite rivière de la Vaige, suivait la rive gauche de l’Erve, qu’elle traversait au Nord duknvers-le-Hamon. et passait par Vagoritum., p

Ces renseignements ont été envoyés par M. Salmon zi la Société française pour la conservation des monuments historiques. (Procès-verbal de la séance générale tenue au Mans en 1843.)

(2) Quelques auteurs placent Næodaunum, posteqDiabliittes, à Jublain. Nous adoptons, pour le moment, l’opinion de M. de Gerville, qui la place à p Seez.

mainteNant, il nous reste à achever le tracé de la voie de Chatelais dans le Nord de la France. Malheureusement, les positions antiques y sont rares et incertaines. Toutefois, en considérant le système de communication moderne établi dans cette partie de la France, on reconnaîtra sans peine qu’entre la ligne de Condate à Coriallum (Cherbourg), passant par Cosedia ou Constantia (Coutances), et celle de Subp diuum à Corialium, passant par Næotlunum (Sèez), Aroegenua (Argence), Augustodunum (Boyaux) et Crociatonum (Saign-Côme, près de Carentaæt), l’on remarque dans la partie cerf’trale une ligne de grandes routes modernes ; l’on serait tenté de croire qu’une voie antique (levait suivre à ! peu près cette direction, itidiquéc par les villes, de Vitré, Fougères, Mortain et Bayeux, qui de nos jours se fait remarquer dans l’ensemble des voies modernes, concurremment avec les lignes correspondant, exactement ou 11 peu près, aux deux routes anciennes de Rennes et du Mans ä Cherbourg ; mais cette supposition serait trop hasardée pour le moment ; des débris antiques suffisants ne peuvent encore l’autoriser. Nous pensons donc que la voie de Chàtelais doit être dirigée sur Avranehes pour sfy joindre à celle de Cqndate à Coriallum (i).

(t) Une remarque qui n’est pas sans importance, et que nous allons indiquer ci-agirès, nous parait confirmer cette direction de Juliumagus à lngena (Avranches) et Corialÿlum (Cherbourg). L’on sait que l’a Table Théodosienne et l’itinéraire d’Antonin donnent :.l’une une voie de Coriallum à Condatc, Foutre dîAlanna (Alleaume. près de Valogne) à la même ville, toutes les dan ; passant par Cusedia, et ensuite la première par Legedia ou lngena, tandis que la seconde est indiquée passant par les stations Fanum-Martis et Fines. Ces deux voies, venant de deux points si rapprochés, ne se coupent-elles qu’à Cosedia, ou bien sont-elles les mêmes sur toute leur étendue, ou seulement soit entre Alauna et Gosedia. soit entre Gosedia et Conduteè

(Voir la planche.) (Yest pue question sur laquelle. À cause des incer

Ainsi, on trouverait une deuxième voieiromaîne de Juliomagus à Condale qui serait formée par leveroisem-ent de deux grandes voies : celle dejCondate ä Subdinum, et de Juliomagus ä Ingena et Coriallum.

titudes bien reconnues pour ces routes dans les données de Pltineraire -et de la Table, les géographes et les antiquaires ne sont pas d’accord.

M. de Gerville, qui en a fait une étude particulière, et qui a cherché les restes des voies romaines sur le terrain, pense que les deux routes rfavaient de commun que le point de Cosedia. Sans vouloir nous prononcer sur une question que nous n’avons pas encore approfondie, nous adopterons provisoirement sa solution. Mais nous ne pensons pas que ces deux voies si rapprochées n’aient eu d’autre but, comme paraît le croire ce savant antiquaire, que de mettre en communication Gondate avec’Alauna et Coriallum. Les. observations suivantes, faisant voir qu’elles remplissaient un autre but, serviront en même temps à motiver leur existence simultanée :

La voie la plus courte de Condatc à Cortaltum, obtenue par la ligne directe de Condate à Cosedia, passant à Fanum-lllartis (Saint-Pair), et par cette de Cosedia à Corialtum, ne devait être que secondaire par rapport à la route la. plus longue obtenue par la ligne indirecte de Condate à Cosedia, passant par Iitgena, et par cette rPlngena à Coriallum, passant par Alanna. En elïot, d’abord parce que cette voie, la plus longue, était celle

qu’on était obligé de suivre pour se rendre dans la partie Est de la ’

Gaule (a), en venant de Condate, et aussi parce que de Coriailum elle donnait accès par Crociatonum (Saint-Côme. près de Carenten) à la voie du littoral vers l’Est de la Gaule.

q Si maintenant on jette les yeux sur la carte, on fera cette remarque (ordinaire en pareil cas) que la ligne indirecte de Condate à Cosedia par

Ingena résulte du croisement à Ingena de deux voies : Pune de Condate vers -

le Nord-Est par Viducasses, et l’autre allant. de Cosedia, du Nord au Sud, dest-à-dire vers Fougères, Yitré et Êtrelles, et qui s’accorde ainsi parfaitement avec la ligne de Juliomagus à Châtelais, Êtret les et Inyena. Bien plus, l’on voit sur la carte que cette ligne a son prolongement jusqu’a Coriallum, en empruntant la voie directe de Cosedia à Coriallum, donnée par la Table Théodosienne.

(a) Une voie romaine a été signalée «Plngena à Viducasses (vieux). (Voir Porlzis

’ Romanes de Lapic, formant ttltlas de tüictilioit des itinéraires aitcieits et périples grecs

de Fortin. cfürban. — 183-t.)

Ce tracé par Châtelais et Etrelles forme une seconde solution du problème que nous voulions résoudre. Il est sans doute beaucoup moins bien déterminé que celui analogue par Candé, auquel nous devons accorder la préférence. Il offre toutefois quelques avantages dont seront peut-être frappés plusieurs archéologues. Les positions de Conbaristum et de Sipia y sont faciles à fixer. Conbaristum serait placé à Châtelais [43], qui paraît être une position antique. Ce point étant a environ 21 lieues gauloises de Juliomagus, au lieu des seize de la Table Théodosienne, l'on ferait pour la distance la modification indiquée par d’Anville. Pour Sipia, on le placerait à Etrelles, point qui paraît être situé sur une voie antique, et qui est à seize lieues gauloises de Condate. Quant a la distance d’Etrelles à Chàtelais, qui devait être de seize lieues pour satisfaire aux conditions de la Table, elle n’en differe pas d’une manière assez forte pour que cela fasse empêchement.

Mais, nous le répétons, la voie par Candé, dont l’existence est bien réelle, nous paraît être celle que nous cherchons, c’est—à—dire celle de la Table Théodosienne.

ART. 3o. — Fixation de Sipia entre Bain et Port-Neuf, sur la tigne déterminée par le croisement des voies de Juliomagus à Vorganium et de Condivicnum à Condate.

C'est donc sur la ligne qui va d’Empiré à Candé, Châteaubriant, qui passe près de Bain et qui, à partir d’un point où des ruines antiques ont été mentionnées entre cette ville et le bourg de Port-Neuf, se dirige en ligne directe sur Rennes, qu’il faut chercher la station romaine Sipia.

De Condate comme centre, portons donc sur cette ligne, en tenant compte des détours, une distance itinéraire, de seize lieues gauloises, c'est-à-dire une distance égale à celle de Juliomagus à Candé, nous arriverons entre Port-Neuf et Bain, au point de rencontre des voies de Condivicnum à Condate et de Juliomagus à Vorganium, où se trouvent les ruines antiques dont nous venons de parler. C’est donc à ce point remarquable que nous devons placer Sipia.

D’apres les positions que nous venons d'assigner à Conbaristum et à Sipia, les distances de la première à Juliomagus et de la seconde à Condate sont bien celles indiquées par la Table Théodosienne; mais si l’on mesure la distance, itinéraire entre ces emplacements de Conbaristum et de Sipia, l’on trouve qu’elle peut être estimée à environ XXXI lieues gauloises, au lieu des XVI de la Table. L’erreur bien réelle dans l’une des trois distances partielles de Juliomagus à Condate s’appliquerait donc ici à celle des stations intermédiaires; elle consisterait, on le voit, dans l'omission d’un X et dans la pose d’un V au lieu d’un X, c'est-à-dire d’un X dont les jambages n’auraient pas été croisés. Qu’on le remarque bien, dans notre système nous avons l’avantage de fixer l’emplacement de Conbaristum et de Sipia par rapport à Juliomagus pour l’une et à Condate pour l’autre, sans être obligé de recourir à une distance entachée d'erreur. Cet avantage est réel, car l’on conçoit qu'une erreur dans la Table Théodosienne a été bien plus facile à commettre pour une distance entre deux stations ordinaires que pour leur distance à de grandes villes, qui devait être mieux connue. CHAPITRE V.

Résumé. — Conclusion.

Nos recherches nous ont conduit aux résultats suivants :

1o l’existence d’une voie romaine allant directement de Juliomagus à Condate, soit par Combrée et Visseiche, soit par Nyoiseau et Visseiche, soit par Châtelais et Visseiche, n’est pas démontrée suffisamment jusqu’à ce jour par les restes observés de voies antiques. Le contraire eût-il lieu, la voie à laquelle ils appartiendraient n’ayant pas le caractère d’une grande voie antique ne serait pas celle de la Table Théodosienne.

2o Les restes observés dans la commune de Venèfles (Ille-et-Vilaine) et dans la direction de la Jaillette à Châtelais (Maine-et-Loire) paraissent appartenir à des routes différentes, allant : l’une de Condate à Subdinum, par Etrelles, la Gravelle, Laval et Chemiré, et l’autre de Juliomagus à Avranches (Ingena), passant par Etrelles, Vitré et près de Fougères.

3o Le croisement des deux voies conjecturées de Condate à Subdinum et de Juliomagus à Ingena, en fournit une très- convenable de Juliomagus à Condate, sur laquelle Conbaristum et Sipia se trouveraient naturellement placés, le premier à Châtelais et le second à Etrelles, si on la considérait comme la voie de la Table Théodosienne.

4o La véritable grande voie de Juliomagus à Condate est fournie par la rencontre des deux voies de Juliomagus à Vorganium et de Condivicnum à Condate, dont l'existence et l’importance sont bien constatées; et quand même une grande voie directe serait retrouvée, quand même la voie indirecte par Châtetais, Étrelles et Venèfles, serait réelle au lieu de n’être que conjecturale, la vaie en question n’en resterait pas moins celle de la Table Théodosienne.

5o Nous plaçons Sipia au croisement de ces deux grandes voies précitées, entre Bain et Port-Neuf, point signalé comme ayant été l’emplacement de ruines antiques, au lieu de Visseiche, adopté généralement. Nous assignons à Conbaristum celui de Candé et non celui de Combrée, pour lequel il y a eu accord unanime jusqu'à présent, à cause de la ressemblance de noms, rendue plus grande par une altération volontaire de la Table par d'Anville; erreur étrange, nous le répétons ici, qui pourtant n’avait pas encore été relevée par les géographes et les antiquaires, lesquels, en admettant comme véritable un texte erroné, n'ont entrevu et laissé entrevoir qu’une solution possible du problème, et ont, par suite, contribué à retarder la découverte de la vérité.

En terminant, nous dirons que si les emplacements que nous proposons pour Conbaristum et Sipia se confirment, comme nous l'espérons, ce sera un évènement qui ne sera pas sans importance en archéologie, parce qu’il sera rèmarquablement propre à faire sentir aux antiquaires la nécessité de vérifier bien des titres d’origine considérés comme décisifs, quoiqu’ils soient basés seulement sur des motifs spéciaux.

En effet, pour l'emplacement de bien des stations romaines, il n’y a peut-être eu accord que par cette raison toute simple que les archéologues ont adopté sans examen l’opinion d’un maître justement célèbre, dont le nom fait autorité.

DE MATTY DE LATOUR. SALIENS & RIPUAIRES


Formation de la monarchie des francs


Nous nous proposons d’exposer et däipprëeier le système nouveau de M.4 Moet de la Forte-Maison sur la, formation de la monarchie franque. Il a paru dans un ouvrage (1) qui contient bien dïtutres choses-four l’auteur à Voulu retrouver dans l’histoire les preuves de la tradition conservée par (irégoire de Tours, et d’après laquelle les Francs seraient venus de la

Pannonie ÿétablir sur les bords du Bhin. Pour le savant,

membre honoraire de la Société Archéologique du département «Ylllet-et-Vilaine, les Francs ne sont pas un.peuple d’origine germanique : cette opinion de l7réret, adoptée par Aug. Thierry, est comlgattne en maints endroits ; ce sont les Breucs des historiens du règne d’auguste. Chàsses par les Romains de la Pannonie, les Breues, c’est—ä-’dire les’Francs «Pàprès le récent àutenr, auraient pris possession du pays que les Six

(1) Les France, leur origine et leur histoire dans la’Pannonie, la IlIésie,

la Thrace, etc" aux, depuis les temps les plus rccuÎêa jusqtüà la fin du’

règne de Clotairc. dernier fils de Clovis, fondateur de (‘Empïfrf français. 2 vol. in-so ; Bennes», imprimerie H. Valet ; Paris, librairie A. Fmnck, 1868 ; cambres, transportés, au commencement de Père vulgaire, sur la rive gauche du Rhin, venaient dhhandonner. Et non cou tent (le l’origine pannouienne (1), l’auteur lui a rattaché et a essayé de remettre à flot les traditions justement reléguées dans l’oubli des origines troyenne et phrygienne des Francs. Notre auteunsaitenormémettt, il ne jure pas parla parole du maître, il a son mot à lui sur les grands problèmes comme sur les difficultés de détail ; et une critique attentive, peu facileqä rebuter, pourrait trouver à glaner. parmi bien des singularités historiques. Si l’on ajoute Œaudacieuses applical tiens d’une philologie radicalement hostile aux principes mêmes de la’linguistique actuellement régnante, on aura la plus grosse part (l’on livre où se trouvent des recherches dignes, ce nous semble, de la plus sérieuse attention. Celles qui concernent la monarchie franque dans la Gaule sont les seules que nous nous proposons (Yexaminer. Ce travail est divisé en quatre parties. Nous donnerons : ’l° Une idée sommaire du système de M. Moet de la Forte-Maison sur l’établissement des Francs au v“ siècle ; 2o l’exposition’et la discussion de la nouvelle histoire des Francs ; 3o un tableau généalogique des dynasties salieune et ripuaire ; 4o des éclaircissements sur quelques difficultés ;

I

leur ; SOMMAIRE un SYSTÈME un n. moirr on LA FORTE-MAISON son L’ÉTABLISSEMENT mas rames mus La canne.

Au temps mêm e où les Visigoths prenaient possession de

la l” Narbonnaise, et où la Grande-Séquanaise était cédée par ’ l

l’empereur Houorius aux Bourguignons, les Francs envahis-

(1) u Tradunt cuim multi eosdem de Pannonitufuissc digressos’, et primum quidam littora Rheni anais incluaisse. a (Grév. de Tours. livr. Il, chap. 9.) saient aussi la Gaule, qu’ils avaient essayé de (léfelltlrô quelques années auparavant. Vers 412, ils s’établissaient dans le pays de frères, non loin de la Tongrie ou Toxandrie, quÎune tribu puissante de leur nation, les Salicns, occupait depuis Van 358. lllajs la ville de Trêves fut reprise par les troupes romaines vers l’année 418, le roi des Francs mis a mort, et la dominationnimpériale rétablie dans cette contrée. Une nouvelle tentative «rétablissement eut lien entre,..les années 4’18 et 42S. Les Francs occupent une région avoisine du Rhiu, les chroniqueurs ne précisent pas cette fois ; mais la possession leur en est ravie par le célèbre général Aétius. Les Francs recommencent encore : Aétius les bat, leur fait

même subir plusieurs désastres ; et pourtant l’état général (les affaires de la Gaule décida le maître des deux milices à leur accorder la [lais et l’autorisation de se fixer dans le pays. En l’année 432, le gouvernement impérial reçut ces nouveaux alliés sur le sol gaulois, comme il avait fait autrefois pour les Saliens, cïzst-ä-rlire qu’ilsps’y établirent avec- leurs familles, gardant leurs trois et leurs usages ; seulement, on leur appliqua la dénomination de Ripuaires, qui i.ndique assez bien la région qui leur fut concédée entre la Basse-Meuse et le Bhin, etlobligalion de défendre la frontière contre d’autres envahisseu rs. Telles sont les trois phases de Rétablissement des Francs transrhénans dans la Gaule au v“ siècle, et a chacune de ces phases correspond le nom d’un roi ou chef (le guerré, Tendomer, Faramond, Clodion. M. Muet donne ces roisœomme (lattes transrhéuanrs. Nous inclinons Ïa penser que les Francs qui pénétrèrent dans la Gaule sous leur conduite, et qui furent connus a partir de Clodinn, sous le nom de Bipuaires, n’appartenaient pas à une seule, mais a plusieurs des tribus de la Francetransrhénane. —

Quel fut, pendant ces mouvements de guerre, le rôle. de Francs-Saliens établis dans la.11“ Germanie depuis la seconde moitié du 1V" siècle ? La Notice des Dignités de Iîÿmpire constate qu’à la {in de ce même siècle, les Saliens avaient de nombreux corps de troupes au service des empereurs. Clandieu remarquégu’ils se tenaient tranquilles dans. leurs cantonnements. Vinrent-ils, auàvtsiècle, en aide a leurs frères de la France transrhénane ? l ! est permis de le supposer avec le récent historien : toutefois, l’histoire laisse dans une obscurité complète les quatre-vingt-dix premières années de l’existence des Saliens sur le territoire gaulois. Elle nous apprend qu’en l’année 358, ils se fixèrent avec leur roi dans la Tongrie, et avec lai permission de Julien ; mais elle ne dit même pas comment s’appelait ce roi. Le premier dont elle parle est Mérovée, qui a donné son nom a la dynastie des Francs-

Saliens dans la Gaule et commencé la supériorité- de la tribu‘

salienne sur les autres tribus, à la mort du ripuaire Clodion. Celui-ci, né de Faramond, laissait à ses deux fils, en 1118,

un royaume agrandi aux (lepens de l’Empire : il avait fait de ’

Cambrai sa capitale et porté ses limites jusqu’à iavÿomme. Ici se place un évènement d’une importance capitale et qui indique nettement la distinction jusqu’à ce jour méconnue entre les rois salieus et les rois ripuaires. Le fils aîné de Clodion, Clodebaut‘, maître de la France transrhéhane, voulut

yjoindre la part de son frère, dest-a-dire la région de la

Gaule dont les Bipuaires s’étaient emparés. Il demanda l’appui du roi des Huns Attila. Le puîné, qui sïttppelaîrpent-être Clodomir, ëadressa à Aétins : il reçut un accueil favorable a Home, où l’historien grec Prisons le rencontra, et l’obtint également le secours de Mérovée, son oncle, qui régnait alors sur les Saliens. Aussi les Huns et les Ripuaires partisans de Clodebaut portèrent le ravage dans’les cantonnements de la Tongrie ; et il arriva que le fils de Mérovée, qui devait succéder à son père cinq ou six ans après, Childéric, encore en bas âge, tomba entre leurs mains avec sa mère {il fut délivre par le tlérouement du francWiomad. À la bataille des plaines (îatalauniqtics, en 451., on vit lllérovêe connlaattre, a côté d’Aétius ctidu roi des Visigoths, ä la tête des Saliens et des Ripuaires partisans du second fils de Clodion. Voilà une inter.prédation nourolle du texte de Prisons, fort différente de celles qui ont. été cssayées jusquîi ce jour, et ne nous discuterons : elle jette une lumière inattendue sur cette partie de nos annales. Après la retraite des Huns, le jeune frère de Clodehaut, que la Cour de Ravenne avait honoré du titre d’allié et ami du peuple romain, dut régner sur’les Ripuaires de la Gaule et résider à Cambrai, qui avait été. le siège de la domination de

son père. Il est aurai que les chroniqueurs ont passé sous

silence sa personne et son règne, relégués dans l’ombre par le rôle prépondérant du salien. Mérovée. Blais qu’est-ce que le roi Baguacaire, qu’ils nous montrent à Cambtrai, s’il. n’est pas le tietiufils. de Clodiotz ? La même observation s’applique aux deux ÏPÈYGS de Ragnac-aire, Ricaire, roid’Arras, et Bégnomer. Ces trois princes sont d-es ripuaires, et il l’a-ut en dire autant des deux successeurs de Clodebaut, fils aîné de Clodion. C10.debaut giartla son royaume transrltënan, et bien que Grégoire de Tours ne marque pas r expressément que Sigehert et Clodéric fussent les descendants directs de. Clodebaut, comme CÎOVÎS appelle Sigehert son parent, on ne peut pas douter

qu’ils nïgppartienuettt aussi à la branche.des rois ripuaires.

Quant a la branche des rois saliens, a côté de la descendancet directe de Ivlérovée, M. Muet place avec vrai-semblante Chararic et son fils, car ils paraissent avoir régné à Térouenne, dans le voisinage de Tournai, tgtu-i était a cette. époque la capitale des FrancsvSal-iens, et ils avaient certainement embrassé avec Clovis la religion catholique, tandis que les rois des Bipuairespse montrèrent obstinément attachés} : l’ancien culte de leur nation. —

Tous ces princes, et (Feutres encore dont Grégeire de Tours n’a pas conservé les noms, également hostiles au pouvoir de leur parent Clovis, et dont le fondateur de la monarchie se débarrassa en l’année 509, appartenaient à cette royale famille qu i avait seule le privilège de porter la longue chevelure flottante et de fournir des chefs a toutes les tribus franques. Clovis concentra entre ses mains le pouvoir dévolu auparavant à tous les membres de cette famille : ses enfants héritèrent de ce pouvoir et formèrent la dynastie mérovingienne ; Mais jusqu’en 509 subsista une dynastie non salienne, qui prit fin, dans l’ancienne France transrhénane, par la mort des deux héritiers de Clodebaut, et dans la France nouvelle, par celle des trois rois de Cambrai, d’Arras et de Vcrmand, rois issus du second fils de Clodion. Ajoutons que Clodion remontait, par Faramond son père, a illarcomir, roi transrhénan, car son prédécesseur immédiat, Teudomer, n’était pas de la fanrille des rois chevelus. llLMoet, empruntant le premier nom connu des rois de cette famille, pour mieux la distinguer de la dynastie mérovingienne, l’a désignée sous le nom de marcomirîennc.

C’est ainsi que le récent historien, si nous avons bien saisi son système, comprend et explique le problème sur lequel s’étaient (léjà exercées l’érudition élégante d’Adrien de Valais, la critique de Fréret et la pénétrante sagacité de l’abbé Dubos. Ce que l’on n’avait pas encore essayé, il fait aux Ripuaires et aux Saliens leur part dans la formation de la monarchie franque. Quant aux deux dynasties collatérales, sous lesq uelles s’opérèrent la conquête et rétablissement, il en a montré l’ordre, la suite et les rapports dans un tableau généalogique dont nous reproduirons un peu plus loin les traits principaux } II

EXPOSITION ET DlSCUSSwN DE LÀ NOUVELLE HISTŒIIE DES FRANCS.

— Au commencement du v“ siècle, les tribus de la France transrhénane obéissaient ä- des chefs que la Cour de Revenue leur avait imposés (il). Des trois rois qui, en l’année 38.8, avaient infligé aux troupes impériales une sanglante défaite (2), Génobald nïätaitplus ; Stilieon s’était fait livrer Marcomir par des traîtres et l’avait envoyé en exil dans PÉtrurie ; Sunnon, pour avoir voulu venger son" frère, avait péri dans une conspiration des grands de sa nation. Le parti romain prévalait chez les Francs (3), et son influence durait encore 11 la fin de Pan 406. Chose cligne de remarque ! la grande invasion de la Gaule, décrite par saint Jérôme et par Salvien ; rencontra les Francs pour premiers et pour uniques adversaires. Ils se jetèrent sur les Vandales, et leur tuèrent vingt mille hommes

a

(1) His tribuit reges (Stilïco). his abside fædera saneit. — Indicto, bellorum alios trunscribit inusus, Militet ut nostris detonsa Sicambria signîs. (Claudien, çontre Eutropc, liv. l : v‘. 381.)

(2) Sulpiceflmexandre, dans Grégoire dewTours, liv. Il, chnp. 9.

(3)………. ;.. provinciamissos

Expellet citius fallu : quam Francia reges

Quos dederis aacie nec 1mn pulsare rebelles

Sed viuclis punire licet : suh judice nostro

Regin romnnus dis qui rit criminn coi-cor.

Marcomeres Sunnoque docont. quorum alter Etrascum Pertulit cxsilium : cum se promitteret alter

Exsulis ultorem, jacuit mucronc suorum,

Res avidi concire novas, odioque furentes

Pucis, et ingenio scelerumque cupidine frettes.

(Claudien, Éloge de Stilicon, I, v. 231 et suiv.)

vm k u avec leur roi Godégisèle : mais les Alains, conduits par Ptes« pendial, unissant leurs forces à celles des Stièves, leur passèrent sur le corps. Tel est le récit de Renatus Profuturns Frigeridus ; quant au chef qui commandait les Francs, l’historien ne le nomme pas, et Grégoire de Tours s’étonne de son silence (1). Ce roi était, a n’en pas douter, une créature du parti romain, et ainsi s’explique la fidélité que les Francs montrèrent a la cause de l-’Empire, au début de la grande invasion.

Mais bientôt, changeant de comluile, nous les voyons s’im—

miscer aux troubles de la Gaule, au temps des usurpateurs

Constantin et Jovin. Les Francs veulent avoir leur part comme. les autres peuples envahisseurs, et ils prennent la ville de’Trêves, vers l’année 412, appelés par la trahison du sénateur

Lucius (2). C’esl alors qu’ils s’établissent dans lcpays (le Trêves : qui aurait pu, du reste, leur en disputer la possession ?

À peu près dans le même temps que le royaume des Bourguignons et celui des Visigoths, lune France cisrhénane com-

Amence donc dans la Ier Belgique, fondée par la conquête à

peu de distance de la Tongrie ou Toxandrie de la Il“ Germanie, où, depuis plus d’un demi-siècleflcs l7rancs connus sous le nom de Salieus, leurs anciens compatriotes, s’étaient fixés, sans coup férir, avec l’autorisation de Julien.

Pendant quelques aimées, les Francs purent jouir en paix du fruit de leur valeur. Mais lorsque dans cette Gaule bouleversée par une effroyable invasion, le patrice Constance entreprit de rétablir l’autorité impériale ; pendant qu’il combattait en personne contre les Visigothsflcs Vandales, les Alains, et

(1) Grëgoire de Tours, II, 9.

(2) Treverorum civitas factione unins c senatarihus cul nomen Lutins, a Francis eapla et inrcnsa est. (Frédegairc, I, 7.) Voy. aussi Grrégoire (le Tours, Il, 9. qu’Exsupérance était chargé de pacifier la région armoricain (t), Castiuus, comte (les Domestiques, fut mis, en 417, à la tête d’une expédition contre les’Francs. Ce général eut un pleinrsuccès (2), et la lutte dut être terrible :- car les vainqueurs mirent à mort le roi Teudomer et nïâpnrgnèrent même pas les jours de sa mère Aschila (3). La ville de Trêves fut reprise tiers Pan’M8 (IL), et cet évènement marque la fin du premier établissement des Transrhénans dans la Gaule.

Teudomci est le seul roi (les Francs connu à cette époque :

les (Postes Consulaires que lisait Grégoire de Tours et que

nous n’avons plus, ont conservé son noir}. C’est fort proba-

blement le fils du franc Ricomer, consul en 384. Hônoriits aura mis à la tête de cette nation turbulente un Franc dont sle père, élevé aux plus hautes dignités de l’Empire, avait été l’ami et l’un des teilleurs généraux de Théodose.

De 4M on 412 à 417 ou 4’18, le pays de Trèves est resté au pouvoir des Francs. Avec ce premier établissement, le nom de Teudomer reparait au frontispice de notre histoire (5)1

Passons maintenant d’un roi omis par la plupart des historiens modernes à un autre roi dont ils ne parlent que pour

æ

(t) Sur la mission (PExsupérance dans PArmorique, voy. notre Armorique au V“ siècle, p. U». Quant à Castinus. il) fut consul en :525 ; et Pon voit dans le Chronique (Pldnce qu’il rÿétait fait battre par les Vandales dans la Bétique, en 522. a

(2) Frigêrid, dans Grégoire de Tours, Il, 9 : u Castinus,.Domesticorum cornes, expeditîone in France5 suscepta, ad Gallins mittitur. n Et Frédêgaire, I, 8 z u Castinus, Domesticorum cornes. expéditionem accipit contra Francos eosqrte proterit. llhcnum transit, etc"… n Ann. M7.

(3) Nam et in Consularibus legimus Theodomerem. regem Francorum fiiium Richirneris quondam et Aschilam motrem ejus gladio interfectos. (Greg. de Tours, Il, 9.) ’

(t) Voy. D. Bouquet, Ber. quitta, t. I, p. cLvn et 780 ; t. lî, p. nu et 166, pro ; r. III, p. xx, 30 et 157.

(5) Voy. Note t de la IV° partie.) révoquer en doute son existence, et que, de nos jours, tout chrono logiste qui se respecte retranche du tableau. L’intrépide investigateur de nos origines va restaurer également Faramond. Comment ! ce roi Faramond qui n’est mentionné ni par Grégoire de Tours, ni par Frëdégaire ! Ne parlons pas de Frédégaire : bien qu’il ait certainement puisé ä quelques sources négligées par le Père de notre histoire, il n’est, a tout prendre, que Pabréviateur de Grégoire (le Tours. Quant à ce dernier, il écrivait une Histoire ecclésiastique des Francs ; et de là vient qu’il omet tant de choses sur les prédécesseurs païens de Clovis : il n’en parle qu’accessoire ment et sous forme d’introduction au règne de ce prince ; ses récits ne commencent qu’à la dix-septième année du i’ègt1e de Clodicn. Aussi nous voyons qu’il n’a rien dit d’un évènement de la plus grande importance pour l’histoire des Francs, et qui est relaté dans des

documents d’une autorité irrécusable : évènement postérieur

à la mort de Teudomer et qui a précédé le règne de Clodion. Prosper (YAquitaine et Cassiotlorc vont nous aider à combler une lacune de dix ou onze années dans Grégoire de Tours. On lit dans la Chronique de saint Prosper däkquitâine, écrivain du v” siècle, que les Francs s’étaient emparés d’une partie de la Gaule voisine du Rhin et qu’ils en avaient la possession ; mais que, sous le consulat de Félix et (le Taurus, destin-dire en l’année 428, ils furent taillés en pièces par le comte Aétius, qui fit rentrer cette région sous la domination des Romains. Le même fait est relaté dans la Chronique de

’ Cassiodore, au v1e siècle (1). Ainsi les Francs qui, vers 418,

(1) Fclice et Tanro eonsnlibus, pars Galliai-um propinqua Rheno quam Franci possidendtzm occupauerant, Aetii comitis armis rccepta. (Prosp ; AquiL, Chrou. ad aun. L28.)

Felice et Tauro consulibtts, Aetius, multis Francis cæsis, quam occupavcrant propinqzeamltfaeizo Galliarum partem recepit. (CassiocL, Chron. ad ann. 428.) ’ ’ avaient été vaincus [iar Castinus et qui avaient vu leur roi Teudomer, avec sa mère Aschila, mis a mort par les officiers de l’empereun étaient parvenus a se créer pour la seconde fois un établissement sur la rive gauche ; et ils succombèrent de nouveau. dans leur entreprise, en l’année 428. Saint Prosper et Cassiodore ne font pas connaître le nom du roi qui conduisit alors les Francs et les maintint pendant quelques années dans la Gaule : mais ce nom d’un chef obscur et malheureux, qui ne leur importait guère, se trouve la où l’on avait intérêt à lcconserver. C’est a l’époque même du second établissement, c’est-nuire entre les années 4-18 et 428, après la mort de Teudomer et avant Pavènement de Clodion, que le règne de Faramond prend-place chez nos vieux chroniqueurs.

A quelle source ont-ils puisé ? Plusieurs, sans aucun doute, ont puisé dans Prosper Tiro, qui abrège habituellement saint Prosper rFAquitaine et souvent aussi lui ajoute. Mais comme Godefroy Henschen a vu deux manuscrits de Prosper Ijiro interpolés aux endroits où il est question de Faramond, (le Clodion et de Mérovée, le témoignage de ces claroniqueairs perd beaucoup de son atttorilé (1). Il n’en est pas ainsi (lu Gesta regum francorttm, dont Fairteur artouytne a écrit au commencement du vm“ siècle, sous fhicrry de Chelles, lequel a régné de 720 à 735’. Assurément, comme l’a fait remarquer Dom Liron (2), fauteur du ÿesta n’est pas un romancier, malgré les fables qui déparent sa Chronique. Il n’a pas pu invenferetil a pris quelque part ce tpfil dit. de Fara ?

mond. Il a puisé a des sources ignorées ou négligées par le.

Père de notre histoire, ce qu’avait fait, au restmlirédégaire lui-même. r ’,

(1) Exegesis de Epîscopat. Tuugrens et Traject… t. VII. mensis maii, p. XL, ap. Botlaml.

(2) Singularités historiques {et littéraires. t. lll, p. 388 : citation de lliÿMoct. r i ’

Pour ne parler que de Vautour-du Geste, n’est-ce pas lui qui a parlé le- premier de la loi Salique, dont ses deux (devanciers semblent ignorer Pexisteuce ? Il nous apprend même dans quelle région et par quels hommes a été rédigée cette loi qu’il rapporte au temps de Faramond (1) : Souêtémoignage a donc une grande importance. Or, on lit au chapitre 1V du Geste que les Francs, ayant décidé de n’avoir qu’un seul roi comme les autres nations, demandèrent conseil a lllarcomir, qui les confirma dans leurrésolution ; et ils élurent Faramond, le fils mêmede ce lyrince, ’eïils placèrent a leur tête ce roi chevelu. a

Il nous semble que ce passage du Gesta, rapproché de ce que l’ou sait d’autre part et de Févènement rapporté dans Prosper et dans Cassiodore, suffit pour résoudre la question du règne de F aramoud. l

Faramontl est un roiehevelu, qualification que ninGrégoire de Tours, ni Frédégaire, ni les autres chroniqueurs ne (lonnout à Teudomer. Il appartient à cette famille royale des l7rancs dont le poële officiel de laACour de Raveuue remarque que tous les nnembres portaient la chevelure flottante. ll est fils de lllarcomir, roi transrhéitan, dont le même poète. rapporte l’exil en Étrurie ; et ce n’est pas, commele pensait Dubos, un roi des Saliens, qui vivaient alors tranquillement dans leurs cantonnements de la Tongrie. F aramond, qui nïätait pas, comme son prédécesseur, une créature des Romains, fut

(1) u Et accepte consilio, in uno primatn corum nnnm habere principes, nelieruut consilium Illarchomiro, ut regem unum haberent, sicut et cæteræ genlcs. At ille dedit eis consilium et elegerunt Faramundum filitrm ipsius Illarchomiri et levaverunt eum super se regem crinitum. n I‘

Et Vautour ajoute au même chap. IV :

« Tunc et legem habere czeperunt quam consiliarii eorqm priores genliles his no minibus Wisouast, Wisogast, Arogast, Salegast in villabus Germaniæc id sunl. Bodeoheim, Salccheim et Widecheim tractaverunt. » ’

o choisi, selon toute apparence, par le parti qui leur était hostile. Et si ce parti avait été asserfort pour entraîner, vers Pan M2, dans une entreprise contre l’Empire un chef élevé dans la familiarité de Symmaqueet de Faristocratic romaine ; après la fin malheureuse du fils de Bicomer, Faramond, harbarc transrhénan, qui avait à venger son père et la mort de Sunnon, son oncle, dut facilement céder a la même impulsion. Il s’empara d’unc région voisine (lu Rhin, et en resta le maître avec ses Franes pendant quelques années. Aétius lui reprit ce territoire en 1228 ; et il semble que Faramon-cl succomba ; dans la lutte, car la plupart des chroniqueurs placent en cette même année le commencement du règne de son fils. Voila ce que l’on peut (lire de Faramonrl, second roi (les Francs dans la Gaule selon l’histoire, mais le premier (Vaprès la tradition [rauque (1), qui a négligé Teudomer. Comme M. Moct l’a fait observer, la fin de son prédécesseur indique le temps où il a dû commencer de régner. On connaît par le Gestale nom de son père, et par lai plupart des chroniquerions celui de son fils, ainsi que l’année où son règne s’est terminé

avec sa vie. i ’

—Faramon’d n’est donc pas un roi inconnu, et sa place est marquée entre les années 418 et 428‘. Il appartient à l’époque où les Francs étaient maîtres (Puce partie de la Gaule voisine

du Ïihin et en furent dépossédés par Aétius. Aussi ne faubil

pas S’étonner«qu’Augustin Thierry ait reconnu que ce règne est possible (2) ; mais ce -n’était pas assez dire. Son nom, venant après celui de Teudomer, marque la seconde phase de l’établissement des Francs dans la Gaule. Quant au scepticisme qui l’a fait disparaître de nos annales, au mépris du

’ (1) Nous» entendons par tradition franque la suite (les témoignages concordants de la plupart des chroniqueurs et des généalogistes. (2) OEuvrcS complètes, 5o édit” t. lll, p. 53.

l témoignage presque unanime des chroniqueurs et de nombreuses généalogies, dont quelques-unes sont réputées très-anciennes, il nous paraît bien superficiel et bien inattentif : car, au lieu de chercher ä rétablir l’union de la tradition franque avec l’histoire ä l’aide des textes de Prosperd’Aqni—

taine et de Cassiodore et en produisant le texte du Gesta, comme on vient de le faire, il s’est borné, sans discussion, à oppose/r à Faramond deux pauvres arguments : le silence de Grégdire de Tours et une interpolation dans le lente du second Prosper (j).

Clodion, fils de Faramond, lui succéda en 428 : telle est la date donnée par presque tous les chroniqueurs. (t Cette année, dit très-bien Tillemont, d’accord avec Adrien de Valois, vit la fin du règne de Faramond et le commencement du nouveau règne. n La critique, au xvn° siècle, ne s’arrogeait jamais, sans des motifs très-sérieux, le droit d’effacer un nom de l’histoire. Les Francs avaient été battus en 11-28, mais la guerre continua ; ils le furent encore en 431 et 432, au rapport d’un contemporain (2). L’évêque espagnol ldace, qui était alors en ambassade auprès d’Aétius, nous apprend dans sa Chronique que le maître des deux milices, après avoir vaincu

les Francs, leur accorda la paix, superlatif et in puce susceptis.

Ici encore, le Père de notre histoire garde le silence sur ces évènements, auxquels Jornandès a fait allusion quand il dit qu’Aétius, après un immense carnage des Francs, les contraignit de servir l’Empire (3). Sous quel nom ? Sous le nom

(1) Voy. la Note 2 de la ive partie.

(2) Idatius épiscopes ad Aetium ducem qui expéditionem agchat in Galliis, suscipit legationis. (Idat. Chron. ad ann. L31.) 1 *

Superatis par Aetinm in cardamine Francis et in pace susceptis, Censorinus comes legatus mittitur ad Sucres, supradilcto secum Idatio redeunte. (ibid., ad ann. 432.) ’

(3) Aetius….. reipublicæ homo. singulariser natus qui superblam Suevode Iiipuaires. M. Moet explique très-bien ce qui arriva. Aétius, malgré ses victoires, se vit contraint, pat l’c’tat général des affaires, de laisser les Francs sur le sel gallo-romain et d’y tolérer leur présence à titre (Valliés. Ceux qui avaient. leurs quartiers dans le pays de Cologue et entre la basse llleuse et le bas Rhin, reçurent alors le nom de Ripuaires. C’est avec cette déeisin et cette netteté que le récent écrivain s’explique sur Pépoque où commence cette désignation d’une importance capitale pour les origines de notre histoire, et qui a continué

de subsister jusque sous les rois de la seconde race, désignao tion appliquée à un peuple qui a eu longtemps sa loi particu-Ÿ

lière, et ; jusqu’au commencement du vn° siècle, une existence séparée de celle de la tribu salieune. Le nom de Ripuaires était celui des troupes romaines cantonnées sur les bords du Rhin ; et ce ne fut pas celui d’une seule tribu franque, ainsi

« que Dubos l’a conjecture (’1'). Il fut donné aux Francs transrhéttans de toute tribu, qui vinrent E1 la suitede Clodion ; il finit même par remplacer les noms particuliers de chacune d’elles. Les Ripuaires devinrent les auxiliaires de l’Empire an même titre que les Saliens ; ils gardèrent, comme ces clergies, leurs’lois, leurs usages et leurs rois.- llsgardérent égao‘

lement leur nouveau nom, «quand ils étendirent leur (rumination sur d’autres terres gauloises. Dans l’énumération (les peuples qui combattirent, en 145-1., aux plaines Catalaunjques,

Joruandès nomme les Ripuaires aussi bien que les Francs (Q).

Combien de temps Clodion et ses Ripuaires se tinrent-ils

rum Francorumque harbarièm immensis cœdibus servîre imperio romano coegit. (Jorm, De Belle Got’th., e. 34.)

(t) Histoire critique de la lllonarchie française, t. l], liv. l, p. 34.

(2) u l-lisenim adfuere auxiliaires Franci, Sarmatæ, Armoritiani, Litiani, Burgundiones, Saxones, Biparioli, Briones, quondam milites romani, tune vero in numerum auxiliariorum exquisiti, alioque nonnullæ celticæ vel germanicæ uationcs. u (Jorm, De rcb. geticisJ. en repos dans les cantonnements qtŸÂélÎtlS leur avait concédés en l’année 4321’Faut-il l’eut attribuer, avec Tillemont, le quatrième sac de Trèves et la prise de la ville de Cologtie ? Rien n’est plus probable. Ce qui est certain, c’est, qu’en l’année 445, où, pour la première fois, Grégoire de d’ours parle de Clodion, il-s entreprirent une expédition dont le Père de tiotre histoire relate les opérations principales : ainsi fontFrédégaire et plusieurs autres chroniqueurs. Les Ripa-aires

portèrent leurs conquêtes jusque la Somme, et Clodion mon !

rut peu de temps après, en 448. Descendant du transrhénan lllarcomir par Faramond son père, ce n’est pas un salien, ainsi qué le disent à tout hasard Dnbos et beaucoup de nos historiens, brouillant ensemble les Saliens et les Ripnaires, Clodien’ est le troisième roi d’une dynastie que le récent écrivain appelle ma-rcomirienne (1), pour la distinguer de celle qui va

commencer avec Mérovée.

Mais il est temps de produire dans cette Esquisse la tribu a laquelle revient l e principal honneur de la fondation de la monarchie franque. Hôtes d’une province qui tirait son nom des peuplades germaniques dont «les empereurs levaient remplie ; cantonnés dans la Il“ Germanie à côté des Sicambres, avec lesquels ils furent dès lors fort souvent confondus (2), les Saliens n’eurent pas le sort des essaims de Francs placés sur (Feutres points de la Gaule et qui se montrent quelque temps pour disparaître ensuite de l’histoire. Ils ne quittèrent

plus le pays de Tongres, où Julien les avait admis en l’an-i

née 358, à titre de colons militaires, avec leurs biens, leurs femmes et leurs enfants. Ils venaient (Fëtre chassés par les Cattes, autre tribu franque, de i’îlc (les Bataves, que Garansius, vers l’an 286, leur avait permis d’occuper ; et ils avaient

(1) Voyez la Note 3 de la Iifi partie. (2) Voy. Note 4 de la {V5 partie. q habite antérieurement les bords de la Sale, à laquelle ils durent leur nom trartioulier. (Ïétait l’une des tribus de cette France transrltenane qui est marquée sur la Table de Peutinger, et dont saint Jérôme place les limites entre leîihin a l’ouest, les Saxons a l’Est, et le cours du Neckct au Sud. Uimportance numérique d-e la tribu est indiquée par les corps de troupes qu’elle a fournis à l’Empire : car la Notice (les Dignités énumère, en Occident, leslSalii et les Sailil galliettni :ils font partie de l’infanterie, et dans la cavalerie, les Salii juniores, qui résidaient dans les Gaules, et les Salii junioresi gallieaiti, qui résidaient en" Espagne. D’autres corps de Saliens figurent parmi les troupes de l’Empire (VOrient. Aucun nom ne [iaraît plus souvenait dans la liste des forces -romaines. Claudien remarque que la tribu ralentie avait renonce aux habitudes franques (Pincursions et de pillage, et quelle se livrait

a paisiblement aux travaux des champs depuis qu’elle avait été

reçue sur le territoire impérial (1). La ’l’otigrie on’I’oxandrie par corruption du mot, ce premier cantonnement des Saliens dans la Garde, est le vrai berceau de la monarchie frauque. Pendantque les [Troncs de Teudomer, de Faramottd, de Clodion, renouvelaient ä trois reprises leurs tentatives sur. la rive gauche du Iihin, les- Saliens étaient tranquillement établis, sous le nom qui leur était propre, entre ce grand fleuve et la Meuse..Dcs Francs transrbéxrans de différentes tribus furent enfin admis. par Aétius, en l’année 432, sous la dénomination de Bipnaires - : mais déjà la tribu salienne avait commencé la monarchie franque dans la Gaule dès le milieu du iv“ siècle.

(1)……….’….’. I{hem‘1mqueminacem Cornibus infrnctis adeo mitescere cogis Ut Salins jam rura eolut, flemsque Sieambri In falcemenrrent gtadios…,…….

(Stilie. land. I, V. 220.) On connaîtra date et les circonstances de ce mémorable évènement.

Voici comment il est présenté par lllllloet de la Forte-Maison, d’après les témoignages réunis d’Ammien lllarcellin, dé Zosime et d’Eunapé (1) :

« On a vu, d’après Tacite, que les Bataves étaient une partie des (lattes qui, chassés de leur pays a la suite d’une guerre intestine, s’étaient vus obligés, pour pouvoir vivre, d’envahir la Batavie, située à l’extrémité de la Gaule, et en conséquence appartenant aux Romains. Pareil évènement a peu près arriva du temps’de Constance II. Les Saxons, rapporte Zosime, forcèrent les Cattes, qui leur étaient voisins, a passer en Gaule, et ceux-ci, envahissant à leur tour la Batavie, où les Francs, ainsi que “nous l’avons vu, avaient été admis à plusieurs reprises différentes par ces maîtres du monde, contraignirent ces derniers, auxquels on donnait le nom de Francs-Saliens, a (luitter l’ile dont ils étaient en possession (2). Forces de

s’expatrier, ces Francs s’étaient portés vers la Tongrie, dans

la Germanie seconde. Ils s’y étaient établis a demeure avec

leur roi, au milieu des Tongriens voisins des Sicamhres, leurs a

autres amis et alliés.

Ë : En 358, le césar Julien, qui avait alors le gouvernement de la Gaule et venait de passer Phivet à Lutèce, se disposait à partiripour aller châtier les Allemands, qui recommençaient leurs ravages dans les environs de Strasbourg. Il attendait le mois de juillet pour se mettre en campagne, temps où commencent dans ce pays les opérations militaires, lorsquîl prit tout à coup une nouvelle résolution. Comme il ignorait la véritable cause qui avait provoqué l’invasion des Francs de la

(t) Histoire des Francs, t. I, p. 249. (2) «wxïl-rn 3è ñ vñaoç, 05cc : vrpârepov grâce : Palpation, 161e 671 :5 riïw Ëdlîœv xœreixaæo. u (ZositIL, lib. lll, cap. 6.) Batavie, il jugea plus prudent (Taller s’en informer et, s’il le jugeait convenable, de mettre à la raison ces Francs auxquels on donnait le nom de Francs-Saliens (1).

« il part donc précipitamment ; et comme il approchait du pays de Tongres, il rencontre les députés de ce peuple qui allaient le trouver à Lutèce, où ils le croyaient encore en quartier d’hiver. Ils. expliquent à César la cause de leur invasion

forcée et lui demandent la paix, à la condition que personne

ne les tronblàt tant qu’ils se tiendraient tranquilles dans le

pays où ils s’étaient établis.

ex Julien, pour inspirer plus de Aterreur, voulut traiter au milieu même de leur nation. Leur donnant donc une réponse équivoque et leur faisant quelques présents au. moment de

leur départ, en attendant qu’isole visseñt à Tongres, il les suit presque aussitôt avec son armée, tombe comme la

foudre sur le canton qu’ils avaient envahi, et les ayant ainsi pfis au dépourvu, il leur accorde ce qu’ils demandent. Puis, itidigué contre lcsvCattes, autrement appelés Chamaves, qui les avaient supplantés, il ordonne à son armée de ne faire aucun mal aux Franes-Saliens parce qu’ils s’étaient avancés sur le territoire romain, -non en en-nemis, mais parce qu’ils y avaient été contraints par la force, de combattre vigoureusement contre les Cattes, mais de laisser passer sur, les terres de l’Empire tous les Francs qui le désireraientŒ). Il fait avec une partie d’entre eux un corps (d’auxiliaires qu’il confie a un

(t) Quibus paratis (Julianus), petit primes omnium Francos, eos-vidciicet quos consuetudo Salies adpellavit, uusos olimin romano solo apud Toxiandriam locum ltabitacula sibi præfigere prælicenter. (Voy. la Note 5 de la xv° partie.), (Amm. Illarcelh, lib. XVIII, c. 8.)

(9) Zosime dit par erreur Kouoîëoiç, les Quades. au lieu des" (lattes. Les Quades habitaient au Sud-Est. des ltiarcomuns ou de la Bohème, dans la Ittoravieqactuelle‘. Il ne saurait être question d’eux dans cet endroit. franc nommé Charietton, lequel se proposait de (tresser des cmbnscades a leurs communs ennemis. »

Nous ne poursuivrons pas ce détail :.quatit aux Cattes qŒAmmien et Eunape appellent Chamaves, Julien les’battit,

sïzmpara de la personne de Néviogast, fils de leur roi, et après

avoir obtenu la soumission de cette tribu franque, lui permit de rester dans la Batavie. Ce fut, (Vaprès Zosime, aux mêmes con- (lÎtÎOlÎIS que les Francs-Saliens qu’elle venait de déplacer : elle dut. a fournir des troupes ä FEtnpire, en qualité (Palliéc, et défendre le territoire ou la position militaire qui lui était concédée. » k -

Zosime remarque encore les heureux ellets de la générosité avec laquelle les Saliens furent traités. Les uns quittèrent lïile des Bataves avec leur roi pour passer sur les terres des Romains (i) ; les autres, qui s’étaient réfugiés sur les hauteurs, allèrent trouver César en suppliants et se livrèrent volontairement avec tout ce qu’ils possédaient.

Telleest la première page de l’histoire de l’établissement des Saliens dans la Gaule. Contraints de quitter l’île (les Bataves par les Cattes ou Chainaves, ils passèrent plus avant sur le territoire romain et ils se cantonnèrent dans la Tongrie. Tongres était alors l’une des plus importantes cités (le la 11o Germanie : Ammien Marcellin parle de sa prospérité ; la Notice des Dignités cite le corps des Tungrï et celui des-Tungrtcarti, qui portent son nom ; et l’Église des Gaules y avait fondé un diocèse dont les annales remontaient aux premiers temps’du Christianisme (2).

Servatius et Agricola se succédèrent sur le siège de Tongres,

(i) Tutti-me ; aiaflépsvot roîi Koticapoç "rñç tptlawôpwrtiaç oî Èoihot, oî ptèv ârtô rñç vrîaou parti 1’05 acpïw Êaaikëwç si ; rqv fnrè Pmpaioiç Ëmpatiofivro 771v"… (Liv. III, cap. 6.)

(2) Voy. la dissertation de Irlenschen déjà citée : De épiscopat. Tungrens. et Tmjcct. ’ ' pendant que la tribu salienne avait déjà sa demeure dans le pays. Trouvèrent-ils dans ce troupeau barbare quelques âmes a conquérir au Christ ? Leur influence, fortifiée par celle de leurs successeurs, a-t-elle preparé la conversion des Saliens à la fin du v” siècle ? Les hagiographes sont muets sur ce point ; mais il paraît certain que les institutions (lu Christianisme subsistèrent à côté du nouvel établissement. Tongres avait son évêque, quand, en l’année 451, les Huns (YAttila et les Francs (l’outre-Bine, ligues contre lllérovée, détruisirent cette ville (-1) et dévastèrent les cantonnements saliens. Quant à Pexistenco (le la tribu au milieu de la population gallo-romaine, on peut Passimiler h celle de toutes les tribus létiques. Venue dans la cité de ’l.‘ongres avec son roi, elle continua de vivre sous ses chefs particuliers, comme auparavant dans l’île des Bataves et comme autrefois sur les bords de la Sale, dans la France transrhénane. Ces chefs appartenaient à la noble famille qui axrait le privilège de donner des rois à toutes les tribus franques. Le premier que nous connaissions, et encore par une seule généalogie (2), est Mérovéev, père de cet illustre llierovee qui a donné son nom a la dynastie mérovingienne, et sous lequel la tribu des Saliens sortit enfin de l’obscurité où s’étaient écoulé-es les quatre-vingt-dix premières années de son

p existence sur le territoire que Julien lui avait coneéflé (3).

v

(t) Ifiévêque de Tongres, Aravatius, nclvit pas les malheurs de son diocèse, car il mourut peu de temps avant l’invasion. (Greg. rie Tours, livr. Il, chap. 5.) Ses successeurs. et Pou en nomme cinq pour le v6 siècle, après lu ruine de la ville de Tongrcs. se transportèrent à Trajcctum 1110m2, Maestriclttl ’ '

(2) u Primes rex Francorum Furamunqusisecundus Cludio filius ejus.

Tertius Merevius filius Jlferauei. n (Geuealogia aregum Francor. À Faramundot

usque ail Pippiuum.) ordinairement le fils n’est pas désigne par le nom de

« son père. v

(3) M. Muet pense que les Saliens de la Tongrie ont donné la main à leurs anciens compatriotes de la France transrhénane, lorsque ces derniers cssayè

Quoi donc ! Mérovée n’était pas le fils de Clodion ? Cilz déjouées ne fu pas son fils, mais il fu de son lignage (de sa parenté). De cesti issi la première génêmcion des rois de France : ce passage des Chroniques de Saint-Denis (liv. I, chap. 6) résume l’opinion de M. Muet. Le récent écrivain discute encore sur ce même point les témoignages de Grégoire de Tours, des autres chroniqueurs et de nombreux généalogistes (i). On voit aussi dans le Prosapia requin Francorum que Mérovée succéda à son oncle parce que ce dernier n’avait pas d’enfant mâle : double erreur, remarque M. Moet : car le salien ildérovée n’est pas le successeur du ripuaire Clodion, lequel, au reste, laissait deux fils. Celte double erreur, notre auteur l’a combattue à l’aide d’un texte de Prisons.

Arrêtons-nous un instant sur ce texte, car il donne sur l’état intérieur et sur les relations des tribus franques avec les puissances étrangères des indications que l’on demanderait vainement à nos chroniqueurs. Prisons, qui écrivait au commencement du ve siècle, rapporte, auxv” fragment, livre IV, de son Histoire gothique, qu’Atlila, après quelques hésitations, se décida à attaquer (lîabord l’Empire d’Occident : guerre plus dangereuse, où il aurait à combattre non-seulement avec les Italiens, mais encore avec les/Goths et avec les Francs. Telle était l’opinion que les Huns se faisaient des Francs, vers l’aunée 450. Et Priseus ajoute au fragment xvi° z à Ce qui amena Attila a faire la guerre à ces derniers était la mort de. leur

rent, sous Teudomer et sous Faramond, de conquérir un établissement sur la rive gauche. Il nous les montre ensuite associés aux armes de Clodion dans la première guerre qui contraignit Aétius de tolérer la présence des Francs dans la Gaule sous le nom de Ripuaires, et encore dans la seconde guerre, où Clodion s’empara de Tournai, qui devint plus tard la résidence des rois salicns. Nous ne suivrons pas le savant investigateur dans son examen des opérations militaires fies rois francs, car cette Esquisse ne comporte que l’es détails indispensables, afin de conserver sa clarté. (t) Voy. M. Moct, liv. VI, chap. 1o’, tome Il.“ roi et le différend pour le pouvoir qui s’était élevé entre ses deux fils. L’aîné avait résolu (rappeler Attila a son. aide, tandis quelle plus jeune s’était atlressé à Aétius. Nous avons vule plus jeune à Rome, où il était en ambassade {il n’avait. pas encore de barbe, et sa longue chevelure blonde couvrait ses épaules. v (1) i l

Nattirellement ce texte a dû attirer l’attention de la cri-g

tique, car il est d’une grande importance pour notre histoire. Quel est le rdi franc et quels sont ses deux fils dont parle un contemporain particulièrement bien informé sur toutes les circonstances de l’invasion hunnique ? Nous produirons les

deux interprétations [qui ont été essayées du passage de

Priscus, avant de passer à celle du nouvel historien. IlLAmérIée Thierry raconte (2) que le chef d’une des

principales tribus franques établies sur la rive droite du Rbin,

près du Necker, étant venu a mourir, ses deux fils se disputèrent son héritage. L’aîné eut recours à Attila, et le plus jeune fut- adopte par Aétius, qui Pcnvoya à Rome, où il fut comblé de présents par l’empereutjValentinien III et déclaré l’ami et l’allié du peuple romain. (Pétaitvers l’an 450 ; Vhistorien grec Priscus se trouvait alors en ambassade à Rome-nil vit le jeune prince qui sortait à peine de l’enfance, tout à fait imherbe, et il admira sa haute taille et la chevelure blonde et épaisse qui flottait sur ses épaules. Aétius mit son’protégé

l’a la tête des Francs du Necker. Mais le frère aîné qui avait

été dépossédé revint avec les troupes d’Attila ; etM. Thierry

(1) 5’11 TÇ) Ïârvnltq Îîv r03 rrpôç Œpäwooç arolëpou wpôcpocctç ’51 rob’ecpâivîastléoiç îrelsérn xotl "c171 ; âpyfiç 133v êxsivou vtociëmvdtotcpopœ, 1 :05 wpaaËo-répoo PJËVUXTÎYSXŒVfÎOÜ 8è veorrépoo Îàéætov êrti auppotxiqt âmîyscdact êyvunxäroç‘ ôv xœrè. r-bv Peint-av êîôopsv mpecësoôpevov (conj. wpecâeoäpsvot), primo) iofilou cîpyppévou, Eoivflov räv néo-av roi ; ŒÜTOÜ vesptxexupévnv du : gtéyèfioç äpozç. (Prisons ; Ifist. des Galbe, frag. XVE.)

(2) Hist. dhlui la, t. I, chap. L.

V ! ! ! 12 ajoute que probablement les Francs du Necker classèrent ou mirent à mort le chef que les Romains leur avaient imposé.

Toute cette explication du récit de Priscus repose sur une conjecture de l’abbé Dubos, d’aeprès laquelle le prince franc que Prisons vit à Rome serait le chef des France Mattiacz‘ établis sur les bords du Necker ; et le motif qui fait porter son choix sur cette tribu est qu’Attila passa le Rhin près de l’embouchure du Neclter dans ce fleuve (-1). La conjecture de Dubos a été généralement acceptée par les historiens, bien qu’elle soit faiblement motivée et qu’elle s’accorcle assez mal avec l’un des motifs qui portèrent Attila a commencer par la Gaule son attaque contre l’Empire d’occident. Prisons nous apprend que le roi des I-Inns voulait profiter de la guerre que la compétition (les deux frères du roi défunt allume en effet entre les tribus franques des deux rives du Rhingll ne s’agissait pas d’une obscure querelle dans la tribu des Franci Jllattiaci. i

Personne n’arait songé eux avant l’abbé Dubos, et l’un s’accordait ä voir Mérovée luianême dans le jeune prince dont parle la relation de Priscus. Écoutons dom Lelong dans son Histoire ecclésiastique et civile du diocèse de Laon, p. 30 : « Clodion ayant laissé deux fils, Mérovée, le plus jeune, obtint la couronne, appnyég par l’empereur, dont il s’était

attiré les bonnes grâces à Rome, et il fut ainsi la souche de

(I) u Le lieu où Attila passa le fleuve et le secours qu’il reçut d’une tribu des Francs qui tiabitait alors sur le Ncckcr, achèvent de persuader que c’était’la couronne de cette tribu que se disputaient les deux frères, dont l’un était à Rome, lorsque Prisons Rhetor s’y trouva vers l’année 450. Nous avons vu déjà que le roi des Huns avait compté sur la facilité que la que» rellc qui était entre ces deux princes lui donnerait pour entrer dans les Gaules, et ici nous le voyons passer le Bhin sur un pont construit avec des arbres de la forêt Noire. au pied de laquelle on peut dire que le Ncckcr coule. n (Liv. Il, p. 105.) la race royale des Mérovingiens, malgré les efforts de son aîné Cl-odebaut, qui appela Attila à son secours. v» Mais le prince imberbe de la relatiomde l’historien grec ne pouvait pas être Mérovée. En/effet, celui-ci était marié à cette époque et avait même un enfant de huit ou dix airs, Childério, que les Saliens chassèrent du trône en l’année 457, a cause de son incontinence, et qui, en 451, était tombé, nous apprend Frédégaire (1), aux mains des Huns, quand ils se jetèrent sur la-Tongrie et —y mirent tout à feu et à sang. La remarque est de Dubos ; et c’est cette impossibilité qui aura suggéré au savant et parfois trop habile critique l’idée d’avoii recours a l’essaim des Illattiaci. Leur [assistance détail ; pourtant pas nécessaire : voyons maintenant comment M. Moet de la Forte-Maison comprend et explique le passage de Priscus.

Clodion, en 448, laissait deux fils : l’ainé, Clodehaut, est montionné dans deux généalogies (2) ; le plus jeune s’appelait peut-être Clodomir : c’est.une conjecture que le récent écrivain appuie d’un passage de la Vie de saint Génulfe (3). Les deux princes se disputeront l’héritage paternel. Clodehaut,

après s’être assuré de la France transrhénane, voulut y joindre

les récentes conquêtes de Clodion dans la Gaule, et il demanda Fassislanceä d’Attila. Quant -au plus jeune, dont les États étaient dans la Gaule, il se mit sous la protection de l’Empire et se rendit à Rome. C’est la que nous Favons vu, dit Prisons ; il était encore dans l’adolescence et tout. à fait imberbe, parias ; îoékou âpxogxévou. Aétius l’adopta et lui fit quelques présents. a ’

C’est ainsi que le récent écrivain adapte la narration de Prisons a ce qui arriva chez les Ripuaires après l’année 448 ;

(1)Hist. France1", Epitom., cap. XI.

(2) Voy. la Note 6 de la Ive partie. (3) Bollaud, 11 janvier, p. 98. (Voy. la Note 7 de la 1v° partie.) et son explication cadre au mieux avec l’histoire générale de ce temps, comme avec les données particulières de nos Chroniques. Le roi dont parle l’écrivain grec est le ripuaire Clodion, qui mourut en» 448 ; et ä la nouvelle d’une guerre civile qui allait armer les unes contre les autres les tribus franques des deux rives du Rhin, Attila, déterminé encore par d’autres intérêts, prit le parti de commencer la guerre par une attaque contre la Gaule, où il faisait aux Francs l’honneur de les compter parmi ses principaux adversaires. Cladebaut, l’aîné, entraîna les Cattes, les Bructères et d’autres tribus trausrhénanes ä la suite des Huns ; il comptait aussi

des partisans parmi les Ripuaires de la Gaule. Le second fils

de Clodion, celui qui alla à Home, qu’il s’appelle Clodomir ou autrement, fut soutenu par Aétius et par les Romains ; il le fut encore par le roi des Saliens, lllérox-‘ée, qui devait désirer le partage des états Ripuaires sous deux chefs séparés, afin d’accroître l’importance de la tribu salienne. Aussi l’on voit que.les Huns avec les Transrhénans se jetèrent sur les cantonnements des Saliens dans la Tongrie. : ils s’emparèrent de la femme de lllérovée et de son fils Childéric, encore

en bas âge ; mais ce dernier fut délivré par le courage et’

la fidélité du» franc Wiomad. Quantfà Mérovée, il combattit avec Aétius contre les troupes d’Attila dans les plaines catalauniques, ‘a la tête (les Saliens et aussi de ceux des Ripuaires de la Gaule qui étaient restés fidèles ä la cause de son jeune cousin, que l’histoire a passé sous silence. Elle ne parle que (le Mérovée, ce qui a engagé quelques chroniqueurs peu attentifs a prendre ce roi pour le fils et le successeur de Clodion. Mais le salieu Mérovée, fils de lllérovée, était par sa mère le neveu du roi des Ripuaires. Ce dernier avait deux fils, comme on vient de le voir, cit le récent historien leur rend la place qui leur appartient dans nos annales. Les enfants de ces deux rois continuèrent, chez" les Ripuaires transrhénans et cisrhé« nans, la dynastie de lllarcomir ; c’est ce qu’il va nous faire voir avec le même bonheur.

Uancien alliép des Hnns, Clodebaut, après’le désastre de l’an 451, conserva son royaume la France transrhénane. C’est Clodébaut, et non pas le salien Childeric, qui, en 463 s’empara des villes de Cologue et de ’I’rèves sur le gallo romain Egidins. On sait continent sonsuccesseui Sigebert fut secouru par le salien Clovis contre les Allemans a la célèbre bataille de Tolbiac, en 496, et fut assassiné par son fils Clodéric, qui tomba Juianême sous les coups des émissaires. de Clovis. Les Bipuaires transrhénans et ceux de Cologne et de Trèves se rangèrent alors sous la domination du roi des Saliens, et la descendance du fils aîné de Clodion disparut eu l’année 509. Quant au pniné, si l’histoire ne nous a rien

appris, on ne peut douter cependant qu’il n’a it été le père de p

ltagnacaire, de Ricaire et de Régnomer, trois frères dont ila critique s’est montrée fort embarrassée jusqu’à ce jour. C’est encore en 509 que Clovis se défit de ces trois rois ripuaires, qui étaient ses parents, et s’empara de leurs États. Bagnaeaire

. régnait à Cambrai, ancienne résidence de Clodion, et Ricaire

i1 Arras, tÿesba-dire dans les États de leur grand-père. Il semble qu’ildüt en être de même pour le troisième frère : mais Régnomei est placé au Mans par Grégoire de Tours.

Ici se présente une difficulté historique dont notre intrépide ’

investigateur propose une solution nouvelle et qu’il nous faut soumettre ä un sérieux examen. p

Clovis régnait à Tournai avant d’avoir vaincu, en 486, le roi des Romains de Soissons z les saliens Cararic et son fils étaient près de lui à Térouenne. D’autre part, les ripuaires Sigebert, et son fils régnaient à Cologne, Bagnacaire à Cambrai, Ricaire à Arras. Tous ces [minces saliens et ripuaires sont établis dans la Il“ Germanie et dans la Il” Belgique. Cologne est sur les bords du Rhin, dans un territoire trahitellement occupé par les Ripuaires ; quant aux autres capitales, Tournai où réside Clovis, Térouenne où est Cararie, Cambrai où est Ragnaeaire, Arras où est cantonné Ricaire, se touchent pour ainsi dire : leurs territoires sont contigus. Seul, Régnomer est placé bien loin de ses cousins et aussi de ses deux frères : il est dans la 111o Lyonnaise, non loin des Diablintes, dans le pays des Cenomaizni.

Comment une peu plade franque pouvait-elle être cantonnée, au temps de Clovis, chez les Cénomaus ? La Notice des Dignités de l’Empire place, il est vrai, sur ce territoire, un corps de Lêles et deiGentiles au commencement du v” siècle ; mais Bégnomer n’a rien de commun avec ces chefs barbares qui entraient avec leurs hommes dans les cadres de la milice impériale. Il appartient à ces bandes de Francs qui, lorsqu’ils se fixèrent dans la Gaule, reçurent le nom de Ripuaires. Aussi Dubes avoue qu’il ne comprend guère cet établissement des Francs chez les Cenonzamti ; et il va jusqu’à supposer que c’est Clovis lui-même qui aura ainsi cantonné Régnomerà cette distance de la Il’ ? Belgitpte et vers le centre de la Gaule. A quelle époque ? Cela n’a pu arriver quand la domination des Francs n’avait pas encore dépassé la Somme, mais seulement après le traité passé avec les Armoricains auxquels appartenait la cité des (Jcnontaæzni. Ses États, vers l’an 497, ne touchaient’qu’à la Somme, on, si l’on veut, aux limites des Parisii. Or, comment avancer, sans une ombre de preuve, que ce monarque jaloux à Fexcès de son autorité, et qui était alors devenu tout puissant, créa un établissement en faveur de celui des princes ripuaires qui se montrait le plus hostile à son élévation, comme le remarque Grégoire de Tours, et qu’il

fit mettre a mortlquelques années après, ainsi que les autres

princes de la famille chevelue ? Il n’y a pas lieu (l’admettre l’hypothèse de Dubos, que Régnonret est une créature de Clovis. Dufour de Longuerumrtlont la dissertation sur Childéric est insérée au t. III du Recueil de dom Bouquet, veut que ce soit ce dernier prince, cïäst-tt-dire un Satien, qui ait établi Sige» hert à Cologne, Cararic à Térouenne, Bagnacaire .1 Cambrai, et enfin Réguomet au Mans. biais cette explication n’est justifiée par aucun fait contemporain ; et elle a le tort grave de

méconnaître ce que nous apprend l’histoire des deux grandes branches de la nation franque sur le territoire gaulois : à M. Moet revient l’honneur d’avoir le premier aperçu et compris la" valeur de cette distinction.

Il nous semble que le récent écrivain, abordant le dernier cette difficulté historique, l’a trauchéeiairec une heureuse audace. Si un roi franc du Mans est peu acceptable et pour ainsi dire impossible à cette époque, car la conquête s’o’péra par degrés, non point par soubresaut, mais pas à pas, on est amené à penser qu’il y a faute dans le texte de Grégoire de Tours, et que le premier copiste, car rien nbblige d’attribuer l’erreur au Père deinotre histoire fit pris un nom pour un autre. Confondant Le Mans et Vermand, il a écrit apuct Cenomanis ou Cino-mannis, au lieu de Veromannis ou Viromanis ; et tous les copistes, ainsi que les chroniqueurs, ont a

reproduit cette leçon fautive du texte., Vermand, Vermandense oppidtzm suivant Grégoire de Tours,

— capitale du Vermandois, plusieurs fois ruinée et qui n’est plus

maintenant qu’un bourg situé à deux lieues environ de Sain-t.-Quentin : telle a été, d’après M. Muet, la résidence de Régnomer. Vermaud n’a complètement cédé la suprématie a sa jeune rivale qu’après la seconde invention du corps du martyr Quintinus par saint Éloi, en l’année 640, (fesse-dire plus d’un siècle après que Régnomet eut péri par Perdre de Clovis. Si l’on admet cette ingénieuse correction, malgré les objections auxquelles elle peut donner lieu (t), Régnomer 11 Vermaud est

(t) Voy. la Note 8 de la [V9 partie. proche voisin de Ragnacaire Cambrai et de Ricaire à Arras. Les trois frères se donnent pour ainsi dire -la maint derrière cette limite de la Somme qu’avait pu atteindre Clodion, leur aïeul, et que le salien Clovis ne parvint à franchir qu’après l’année 497. Les trois enfants du plus jeune fils de Clodion règnent dans un pays conquis par les Bipuaires, jusqtÿa Fhetire où l’ambitieux chef des Saliens, se débarrassant d’abord du roi de Cologne et du fils de ce roi, complète par [assassinat de Ricaire, de Ragnacaire et de Régnomer la destruction des petits princes chevelus des Ripuaires, et réunissant cette grande fraction de la nation franque aux Saliens qui formaient son royaume héréditaire, conquiert le titre de fondateur de la monarchie {rauque que nos historiens nationaux lui ont justement décerné.

Ajoutons que le fils de Chilrléric n’était même pas le seul roi des Saliens avant cette année 509 qui.vit disparaître tous les princes de la dynastie marcomirienne. Elle fut également funeste à Cararie et a son fils ; et il semble que l’on ne petit placer leur royaume ailleursqiÿà Térouenne, cäzst-à-dire à peu de distance de Tournai, première résidence du roi qui, après la bataille de Tolbiac, avait enfin cédé a la pieuse «influence de Clotilde, aux conseils du gallo-romain Auréliauus, aux exhortations des plus grands évêques de la Gaule et aux leçons de saint Remi. Ce qui nous porte surtout à penser que Cararic et son fils appartenaient la la branche salienue, est qu’a la différence des rois ripuaires fort hostiles a la religion nouvelle, tous deux étaient certainement catholiques. Autrement Clovis, qui semble les avoir (Yabord plus ménagés que

ses autres parents, n’eût pas imaginé de les faire entrer dans

l’Église, le père comme {n’être et le fils comme diacre, après que le ciseau eut dépouillé leur tête des insignes francs de la royauté..

Grégoire. de Tours, qui a retracé avec une indifférence signalée par nos historiens les circonstances du meurtre des sept collatéraux de Clovis, ajoute encore que l’on fit des recherches rigoureuses ; et que d’autres parents du monarque furent également mis à mort. Ainsi fut’consommée Pextinction de la famille royale au bénéfice d’un seul, et la monarchie remplaça la polyarchie des princes chevelus. Ce changement s’opéra sans v difficulté, non-seulement a cause des grandes qualités du nouveau chef, mais aussi parce que la nation avait l’instinct et le goût de l’unité politique. Près d’un siècle avant ces tragiques évènements, quand les Ripuaires habitaient encore lanFrance transrhénane, ils voulaient déjà n’obéir tara un seulchef, et ils avaient mis a leur tête Faramondjfils de Marcomir (1).

Revenons a l’aïeul de Clovis. De nombreux services et une supériorité marquée sur les deux fils du ripuaire Clodion, sur (Fautres parents peut-être, dont Aétins, après la retraite des Huns, lui faisait-redouter les entreprises afin de le renvoyer dans son pays (..)-, ont valu à Mérovée Fhonnettr de laisser son

nom aux rois de la première «dynastie. Les témoignages des

chroniqueurs s’accordent sur ce point : on n’a donc nul besoin

q d’un ltléréwing parfaitementiitieonntt, qui serait le père de la

nation franqueietvle héros éponyme desrois de sa lignée. Cette hypothèse moderne, visant a ; la profondeurfet que l’histoire repousse, s’appuie sur une bévue de Roricon, car jamais les [Prancs n’ont portéle nom de ltlérovingietis, et peut-être aussi sur l’indication suspecte d’une généalogie anonyme : Mereveus, filius filer-ceci.

(1) Voy. le passage du Gesta cité p. 12, d’) I. (2) Greg. de Tours-tir. Il, chnp. 7. Il

RÉSUMÉ nu TABLEAU cnnnnnoctons DRESSÉ PAILM. m0131 DE LA FORTE-MAISON nns rnnnxnns ROIS menus GISMIÉNANS JUSQIÏA cnovrs, FONDATEUR on LA nonmcnm. r

Aucun travail deqce genre n’avait encore été essayé sur les

quinze ou seize rois francs dont la présence est signalée dans la Gaule durant le cours du ve siècle. Des conjectures isolées et rien de plus : conjecture que Faramond n’a jamais existé, et l’on va Voir qu’il prend nécessairement sa place entre le transrhénan Marcomir et le ripuaire Clodion : conjecture hasardée par Fréret (1) que Ragnacaire, Ricain-e et Bégnomer étaient peut-être les fils de Sigismer, lequel épousa, au rapport de Sidoine Apollinaire, une fille du risigoth Euric. M. Moet a passé tout à fait sous silence ce Sigismer. Quant au P. Jourdan, il a fait de Sigismer un fils de Clodion et l’a marié avec une fille de Ferréol, préfet des Gaules : alliance malheureuse et ilont il eût été fort embarrassé pour produire le contrat. Adrien de Valois a soupçonné que les trois rois de

Tîambrai, cFArras et de Vermand pouvaient être les arrière petits-fils de Clodion. Il était dans une bonne voie et touchait au vrai ; car cinq des princes mis à mort ainsi que leurs enfants, en tannée 509, étaient les petits-fils de Clodion et les fils du prince imherhe que Priscus rencontra à Rame vers Formée 450. Il y a encore beaucoup d’autres conjectures lan— cées a tout hasard, portant sur le détail sans éclairer l’ensemble, sans valeur et sans intérêt.

(t) De l’origine des Français. Histoire de läkcadémiek des Inscriptions, t. XXIII, complément, p. 537. r Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/190

Le premier fait atteste par Grégoire de Tours, et qui domine cette reconstruction de la Maison royale des Francs, est que les quinze ou seize rois du ve siècle, un seul excepté, appartiennent a une seule et même famille glcpseeotttl fait, amené par les évènements, est la séparation de cette famille en deux branches principales. Mérovéc est le premier nom

connu de la branche salienne ; mais depuis l’année 358, où. "Zosime et Ammien attestent qu’ils vinrent se fixer dans la

Tongrie avec leur roi, jusque l’anuéc 448, les Saliens avaient eu une suite de rois qui n’ont pas paru dans l’histoire. À côté de itlérovée règnent, chez les Ripuaires, les deux fils de Clodion, dont la lignée subsiste jusqu’au commencement du v1e siècle ; ils remontent jusqtÿà Mareomir dans la France transrhénane, a la fin du siècle précédent. Teudomer, créature des Romains, et qui n’était pas de la famille royale des Francs, a seul interrompu la suite des rois de cette dynastie des Ripuaires, que M. Moet a nommée marcomirienne.

Le savant écrivain nous pardonnera-t-il d’avoir eiTacé de

son tableau de la race méroviugieuxic ou des Francs-Salicns ’ le nom de Mérovée, père de lliérovée, auquel ne se rattache

aucun. fait connu, et qui nous inspire quelque inquiétude ? Ici encore on a procédé, comme dans le reste de ce travail, retranchant et ajoutant parfois, et if abordant du tiouveau système que ce que l’on croit comprendre et de la manière dont on le comprend. Le livre de M. Moet de la F orte-Maison corrigera les erreurs commises ; et cette esquisse de son système, p

tel est du moins le l)ut que l’on se propose, fera pénétrer

—l’ordre, la clarté et par suite Finterêt dans l’histoire des

Francs de la Gaule au v” siècle, histoire restée dans un misérable état de confusion et (Pinsiguiliance, en dépit des efforts des érudits français du xvu“ et du xvin“ siècle, et de quelques travaux de FAIIemagne moderne, dont plusieurs de nos critiques contemporains ont de beaucoup surfait la valeur.

IV

— NOTES ET APPENDICE SUB IÏIIISTOIBE DE IÏABMOBIQUE AU Vè SIÈCLE.

NOTE 1.

Du premier élalflissement des Francs dans le paysflc Trêves, et du roi Teudomer.

Au livre II, p. 423 et 456 de son Histoire critique de l’établissement de la monarchie franeafse dans les Gaules, Dnbos reconnaîtirque les Francs, après la prise de Trêves en M2, restèrent dans ce pays, et qu’ils y étaient encore lorsque Castinus les rainquit. Pourquoi les Francs auraient-ils évacué un territoire que les troupes romaines étaient hors d’état de leur disputer, et qu’elles leur reprirent seulement six années’ après, en 4’18 ? ’I’elle est la première phase de leur établissement ‘dans la Gaule.

Leur seul roi connu dans les premièresÇannées du v” siècle est’l’etidomer ; et M. Muet place la mort de ce chef, ainsi que celle de sa mère, au temps où Castinus reprit la ville de Trêves. Aucune daie nov paraît mieux convenir ä cet évènement, rapporté par les IFastes consulaires. ’

Teutlomer était-il le chef unique ou prépondérant des tribus transrlténanes, quand elles essayèrent dïirrêtei la grande, invasion, en l’année 407 ? Avait-il succédé à lllarcomir en 3971’ Cette hypothèse de M. Moet saccorde avec ce que Claudien nous apprend de la politique des empereurs à lï-gard des tribus “ franques. 1

Il faut on dire autant de l’opinion généralement acceptée par lcsérudits, et reproduite par M. Moèt, que Teudomer est bien le fils du célèbre franc Ricomer, consul en l’année 384. On comprend mieux qtÿà ce titré le nom de Teudomer et celui de sa mère Aschila, veuve de l’un des plus illustres personnages de la cour de Théodose, aient figuré dans des Fasles consulaires. Ajoutons que Pinsignifiant quondam du texte de Grégoire de Tours paraît être une erreur de copiste : Adrien de Valois a proposé de lire cons. pour consulis. il. serait bon de consulter (le nouveau les manuscrits sur ce point. Cl).

L’établissement des Francs dans le pays de Trêves et le roiFeudomer se soutiennent mutuellement. On ne repoussera pas la reconstruction de ce règne par M. Moet à cause de quelques ilillîcultés qu’elle présente, et surtout on n’omettra plus le règne de Teudomer à la place qui lui appartient dans nos annales.

NOTE 2..

Du roi Faramond ; du silence de Grègoire de Tours sur ce prince et de l’interpolation du texte du second Prosper.

La question de l’existence de Faramond paraît bien simple. Les Francs furent battus par Aétius, qui leur ravit leurs conquêtes tan-l’année 428 z le fait ne peut être contesté. Ils avaient certainement un roi on chef de guerre ä leur tête, ce qui n’est pas plus contestable. On discute donc uniquement sur le nom de ce roi. Saint Prosper et Cassiodore ont négligé de le dire : fauteur du Geste. nous le fait connaître, et la tradition franque, qu’elle l’ait pris dans le Gesta ’ou autre part, l’a répété..

Quant à l’interpolation des deux manuscrits du second

(1) Les renseignements qui nous sont parvenus n’indiquent pas de variante dans lès manuscrits de la Bibliothèque nationale de Paris. Prosper ; signalée.par Henschen, le plus sérieux des adversaires de Faramond, il ne faut pas en.’faire pxorter la peine au fils de Mnrcomir, Uinterpolation porte également sur les noms de Clodion et de Mérovée, ajoutés après coup dans ces manuscrits. La présence de Faramoud est nécessaire entre Teudomempmis à mort par les Romains vers l’an M8, et l’avènement de Clodion en 428.

Le silence de Gÿégoire de Tours n’est pas non plus une objection contre l’existence de ce roi. L’histoire ecclésiastique ne commence à parler des rois francs qu’en l’année M5. Si l’on excepte la citation des Fastes consulaires où Teudomer est nommé, "elle saute des rois Genobald, Sunnon et Marcomir, là la diaeseptiènne année du règne de Clorlion. La liste des omissions (le l’Histoire ecclésiastique serait fort longue l’évêque de Tours ne mentionne même pas le concile tenu a OrIeans, sur l’invitation de Clovis, en l’année 5M. Et, remarque Duhos, à la p. 30 de son Discours prelinzinajre, et les omissions sont si nombreuses qu’on ne saurait presque jamais fonder sur le silence de cet auteur rancune objection raisonnable contre la vérité d’un fait dont nous avons quelque connaissance tirée Œailleurs. n

Faramond et la loi salique ont été omis par Grégoire de Tours, qui écrigait à là fin du v1e siècle, et par son abréviatcttr » Frétlégaireiau vu° : au commencement du Ville, Vauteur du Geste, quelle que soit la source où il a puisé, n’a pas plus inventé Faramond, roi chevelu, et Marcomir, son père, et le conseil donné par Blarcomir, alors détenu en Étrurie, au rapport de Claudien, et la résolution prise dans - le conseil des Francs de n’avoir plus qu’un seul roi, qu’il n’a inventé la loi salique omise par ses deux devanciers. NOTE 3.

De la dynastie marcomirienne.

M. Moet a été fort malmené pour avoir révélé l’existence d’une nouvelle race royale, la marcomirienne. Il ne l’a pas inventée pourtant ; mais il la révélé, en effet, le lien généalogique ‘des différents rois de la dynastie ripuâire. Une désignation nouvelle devenait nécessaire pour marquer ce lien, et il l’a empruntée au premier roi connu «le cette (lynastie. Le vénérable écrivain’peut à bon droit s’étonner de l’accueil peu gracieux fait :1 ses savants travaux, car le temps ne fera pas disparaître le sillon qu’il a profondément creusé dans le champ de l’histoire du v” siècle.

NOTE 4-.

Les Sicambres.

Ils avaient été transplantés sur la rive gauche du Bhin par Auguste et par Tibère, et ils habitaient dans la 11o Ger-mauie, près des Ménapiens, entre les Ubiens et les Bataves, de Nimègtie a (Jologne. La, ’ils portèrentpquelque temps le nom de Gugerni ou Guberni ; mais celui de Sicambres persiste. Tacite mentionne une cohorte de ce nom dans l’armée romaine. Tous ces faits (le l’histoire des Sicambres sont établis par de nombreux témoignages ; et Bornhack, Geschichte der Franken unter den Illerovingern, Greisswald, 1863 ; voit dans les Sieambres la plus importante des tribus confédérées sous le nom de Francs. Nous ne partageons pas cette manière de voir, car, dès la fin du 111e siècle de notre ère, l’histoire parle surtout des Saliens et des Cattes. Pourquoi « donc les écrivains latins appliquent-ils souvent lenom de Sicambres aux Francs, et particulièrement aux Saliens ? Probablement parce que cé nom était plus anciennement connu. M. Moet remarque que les Sicamhres furent confondus avec les Salieus quand ces derniers se furent établis’dans la Tongrie, c’est—’a-dire durant la seconde moitié du ive siècle : Saliens et Sicambrcs s’unirent alors et se mélangèrent. lllitis depone cella Sicamber, dit à Clovis saint Remi. i

NOTE 5.

Doute sur le sens universel-tentent accepté de l’expression cPAmtn-ien Marocain : primes omnium Francos.

I 

Nous voudrions pouvoir admettre avec tous les historiens peut-être, et en particulier avec M. Moet, quÿtmmien a voulu marquer ici, comme en passant, la supériorité de la tribu salienne sur-les autres tribus franques : mais est-il bien sûr que les mots précités signifient que les Saliens étaient les premiers des Francs ? Il nous semble que fauteur indique simplement que les Francs-Saliens furent les premiers adversaires que Julien attaqua : Quibus paratis, petit primes omnium France3, eos nidelicet quos consuetudo Salies adpellacit. n (Liv. XIIJ, chap. 48v.) Les premiers ennemis qu’il attajqua furent les Franes-Saliens. Il commença par les Saliens, et quand.il les eut reçus a composition, il continua par les F rancs-Chamaves : Chümatios itidem ausos similia adertus… Ceux-ci firent également leur soumission ; et il en fut de même desAlamans, dont les rois Hortar et Stromar obtinrent la paix, après avoir rendu les prisonniers romains. Ammien is’est bornée marquer ici l’ordre dans lequel eurent lieu les trois expéditions qui remplirent la campagne de l’année 358. Si la supériorité appartenait alors a une tribu des Francs, vm ’. 13 c’était aux Cattes. La supériorité des Saliens ne se manifesta que plus tard, au temps de Mérovée.

NOTE 6.

Clodebaut, fils aîné de Clodion.

Clodebaut était fils de Clodion : c’est ce que nous apprend une généalogie tirée par Du Chesne (Historia ; Francorztm script ores, t. I, p. 793) d’un manuscrit de la loi salique :

Primus rex Francerum Faramundxls dictus est. Faramnndus genuit Cleno et. Cludiono : Clndius genllil Chlodebaudo ;

Chlodebaudus genuit Chloderico.

Cela se voit encore dans une généalogie que Perla a tirée d’un autre manuscrit de la loi salique du tx” ou (lu x“ siècle (ms (le Saint-Gall, n° 732, Illonunzeæzta Germaniæ historia, t. Il, p. 307) i ; v

Primus rex Francorum Chloîo ; Chloîo genuil. Glodobode.

Ces cieux généalogies donnent Clodebaut comme fils de Clodion, et la première demie Clodéric comme fils de Clodehaut. Pour ce dernier, l’erreur est évidente : car nous savane. par Grégoire de ’I’ours que Clodéric était le fils de Sitgehert, et qu’il assassiné son père. Quanta Cléno, frère de Clothon, il neùs est parfailenlent inconnu. Le règne de Clodehaut ÛÛÏÏI‘. mença a la mort de son père, c’est-à-dire en 448, et il est qzrotbable qu’il régnait encore su ; les Ripuaires quand ceux-ci s’emparèrent de Trèves, que les Huns avaient, saccagée quele ques années auparavant, ainsi que de Cologne, ville située au ; milieu de ÏCUPJÈËIÜWHHBIÏIGBI, et quŒgiditis ne put défendre. Ces évènements sont île l’année 4611. Le successeur de Gloriebaut fut Sigebert, qui, s’il n’était pas son fils, appartenait certainement a la famille des chevelus, car il fut mis à mort en 509, ainsi que Clodéric, parce que tous deux étaient du sang royal. Ainsi est justifiée la succession des rois ripuaires, comme M. Moet la donne dans son tableau.

Mais où notre auteur a-t-il pris que Clodebaut était le fils aîné de Clodion ? DzînsJa narration de Pri-sous adaptée à l’histoire des Itipuaires. L’invasion de la Gaule par les Huns se complique d’une guerres civile entre les Francs : les uns marchèrent avec Attila, ils soutenaient les prétentions. de Clodebaut sur les États de son plus jeune frère ; celui-ci eut pour lui les Romains et le roi des Saliens, son oncle Méro- , vée, qui combattit dans les plaines catalauniques. La retraite des Huns assura le partage des États de Clodion entre les (Jeux frères, et Clodebaut continua de régner dans la France transrhénane ainsi que sur une partie de la cisrhénane.

/

NOTE 7.

Sur le second fils de Clodion.

Si Mérovée avait été le second fils de Clodion, comme beaucoup (l’historions Font pensé, Clodehaut étant l’aîné ; les citroniqueursdes Francs auraient eu connaissance et n’aura ; ient’

certainement pas omis de parler de la lutte ; qui s’engagea

entre les deux frères, au rapport de Priscus. Un tel évènement dans la vie d’un prince, ’pour lequel. ils expriment tous une estime particulière, était de nature ä attirer leur attention, Mais le roi des Saliens, Mérovée, n’était qu’uu" collatéral dunripuaire Clodion ; et la rira lité dont parle Fécrivaiu grec s’éleva entre les fils du monarque défunt, Clôdebaut et son plus jeune frèrmAprès la défaite dïAttila, Paîné, déchu de ses prétentions sur la part du puîné, laquelle se composait des acquisitions de Cloclion dans la Gaule, ne fut plus considéré que comme un roi transrhénan. Quant au pnîné, réduit äse placer sous la sauvegarde d’Aétius et de son oncle Mérovée ; son rôle resta si obscur que nous ne sommes même pas sûrs de son nom. M. Moet lui prête le nom de Clodomir, avec plus d’ä—propos assurément que Valois ne Favaît prêté à Clodebaut. Or,.Clodomir ne nous est connu que par la Vie de l’évêque saint Genulfe, laquelle est de la fin du x“ siècle" ; on y trouve un Clodomir cité comme roi entre Clodion et, Mérovée : u Post hæc autem Rhenum transiteront, Gallias occupaverunt et (1) sub Clodioize et Çlodomirc, Ilferovingo et Clodovico regibus, à Rheno usque ad Ligerim cuncta romanis principië bus abstulerunt. n (BollancL, Act. SancL, 17 janualä, p. 98.)

Et M. Moet ajoute : « Entre Çlodion et llléroxiée, ou plutôt‘

concurremment avec ce dernier, nous ne voyons (Feutre règne possible que celui de ce Clodomir, lequel, régnant à Cambrai de par la volonté de Valentinien IlI, aura été le père de Ragnacaire, roi de la même ville, de Ricaire, roi d’Arras, et dé

leur frère, Régnomer. n (Hist. des Francs, t. Il, p. 123011 peut regretter que l’auteur de la Vie de saint Genulfe ait omis

le nom de Childéric, fils de Mérovée, »dans une énumération

où il introduit si heureusement, pour nous tirer d’embarras, celui de Clodomîr ; mais cette omission nînfirme pas cependant la valeur de son témoignage, car notre hagiographe n’est pas un ignorant copiste, et il sait les choses dont il parle.

(1) Uhagiographe n’avait pas à citer ici Teudomer et Faramond, puisque ces deux rois ne purent conserver rétablissement qu’ils avaient conquis dans. la Gaule. NOTE 8.

Cinoinaætætis ? Viromandis : correction d’un passage de Grègoire de Tours.

a Le premier copiste de Grégoire de Tours’a pris Vermand, pays qui "touchait à celui de Cambrai, pour Le Mans ; et il a écrit apud Cenomanis (alias Cinomannis) au lieu de apud Veromvanis ou Viromannis : voilà tout le mystère. À Ainsi s’exprime M. Moet, t. 1o ; p. 467.

Notre intrépide investigateur aomis de dire s’il a trouvé quelque part cette forme du nom de Vermand : Veromanis ou Viromannis ; et nous inclinons a penser qu’elle n’a jamais existé, iqu’elle est même impossible. En effet, les manuscrits de César, d’après Gluck, donnent Veromandui et Viromandui.

Le Dictionnaire des nomsgnéographiques de la langue latine,

de M. L. Quieherat, donné Veromandi, d’après Fltinéraire d’Antonin. Grégoire de Tours donne Vermandense, et la carte

de son Histoire, dressée par Jacobs, Viromandum. Le Dictionnaire topographique du département de PAisne, par M. Aug. Matton, Paris, imprimerie nationale, 1871, donne Viromandis sur une monnaie d’or mérovingienne, cab. des médailles de la Bihl. nationale ; Vermandi 1131-, Viromandensi 1153 ; Vermant 1160 ; Verntans 1200 ; Verntandasittm 1215 ; Viromandia, le Vermpandois, 1246, etc. Dans toutes les formes de ce nom anciennes et modernes, la lettre D subsiste : c’est qu’elle fait partie du radical ; et elle appartient au radical de la seconde moitié de ce mot composé. Il est vrai que de Alamannus, Alamannu, la langue française a fait Allemand, Allemande, remplaçante second N par D, ainsi que M. Moet le remarque quelque part : mais dans le mot Vermand elle a simplement conserve laforme primitive.

Ces observations n’empêchent pas de penser que le copiste de Grégoire s’est trompé quand il a écrit Cinomannis, que donnent deux manuscrits de Paris : f. latin-5921 (anc. Colbert A), fol. 4e verso, et 9765’ (âne. Begius e), fol. ce verso. Il est probable que le texte primitif portail ; Viromandis, correction que l’histoire confirme et dont on peut même dire qu’elle a besoin.

APPENDICE

Nous n’avons pas a énumérer ici les parties du v“ siècle vers lesquelles M.4 Moet u dirigé ses investigations parfois heureuses : il donne encore à penser, lors même qu’il ne comraine pas. Pour les commencements de la Petite-Bretagne, aucun érudit de ce temps ne pourrait en traiter avec plus de compétence en dehors des influences opposées de D. Lohineau et de D..Mo« rice : quant à l’Armorique, on va voir que, s’il a incontestablement éclairé quelques points de. son histoire, il en est (‘l’autres sunlesquels on peut continuer de rester en désaccord avec le récent historien des Francs.

DE IÏINDÊPENDANGE nnscrres ARMORICAINES AU v“ SIÈCLE. S’il faut en croire M. Moet de la Forte-Maison, t. 1o‘, p. 358 de son Histoire des Francs, la durée de la confédération armoricain a été de huit années (de.499 à 417). Combien paraîtra téméraire et hasardée l’assertion de fauteur d’u n travail sur les annales de PArmorique, que l’indépendance de ce pays, attestée par des documents contemporains, a pu subir quelque éclipse, mais remplit cependant le cours presque entier du v siècle (1) ! Heureusement pour cet auteur, l’historien des

(t) Voy. Lurmorique au V siècle, Introduction ; Rennes, 1867. Francs admet autre part que les cités de FArmoriqHe devinèrent libres en effet après la défaite de Syagrius, qui eut lieu. en 486. Il’val même plus loin et reconnaît, t. 11, p. 191, qu’après la mort de l’empereur Julius Nepos, en 475, les Gallo-Romains quiet aient sous le gouvernement de Syagrius et les Armoriéains qui avaient pris (le nouveau le parti de se régir par eux-mêmes, se trouvèrent affranchis de la tutelle nominale de l’empereur Zéno-n sur la Gaule et, dès ceymoment, agitent seuls dans leur propre intérêt. La confédération des cités du Nord-Ouest de la Gaule se sera donc refermée après. l’année 475, pour durer un quart (le siècle environ, jusqu’m moment où eîlle traite avec les Francs, comme nous l’apprend Procope, et où elle accepta la domination de Clovis. Mais antérieurement, de l’année 475 à“ l’année 417-, les, cités armorie ai-nes ont-elles vécu sous l’autorité des oliviers du, prétoire (les Gaules ? Nous ne pouvons pas faire cette concession au savant historien. —

Quelle était, en effet, la situation de lfiïrmorique vers le

milieu du ve siècle, au temps de la mémorable campagne tYAétius contre Attila ? Un texte de Jornatidès, répété par Paul Diacre, la fait très-clairement connaître. On voyait, dit l’historien des Goths, dans Fermée, du patrice, un grand nombre de peuples celtes et germains. Les Armoricains figurent parmi ceux auxquels il accorde une mention spéciale ; et l’énumération se termine par la remarque que tous ces peuplemautrefois sujets de l’Empire, parti-rem, en qualité (d’auxiliaires, sous les drapeaux dfiàétius z quondam milices, mme oero in numéro aussiliariornm eæquisiti. Les Armoricîains étaient donc indépendants en l’année 451-, et Pou ne trouve nulle part qu’après l’assassinat de ce grand homme deguerre env454, la Cour de Ravenne ait essayé (le les faire rentrer dans le devoir. Ils avaient séparé“ leurs intérêts de ceux des provinces restées romaines, car on ne les voit pas figurera l’assemblée d’Arles qui, en 455, porta a l’Empire le gaulois Avitus. Majorien, devenu empereur, contraignit aifobéissance le parti qui. lui était opposé dans les Gaules ; il réduisit Lyon et n’alla pas au-delä ; il battit les Visigoths, prépara une expédition contre les Vandales de PAfrique ; et ces eliorts remplirent sa courte existence, prématurément brisée par le crime de Ricimer. Égidius, son maître des milices, eut assez de s’occuper (les Francs et des Visigoths. L’Armorique ne lui importait guère quand, après la mort de Majorien, il essayait, vers l’an 461, de nouer une alliance avec les Vandales de Genséric. Quant a son fils Syagrius, roi des Romains de Soissons, vaincu par Clovis, il va chercher un asile non pas chez les Armoricains, non pas a Paris, qui laisait partie de la confédération armoricain et qui, quelques années après, opposa aux Francs une résistance obstinée, mais à Toulouse, auprès d’Alaric. Ainsi, pendant toute la seconde moitié du v“ siècle, ce que nous savons de l’histoire de ce temps montre que indépendance des cités armoricain es ne pourrait guère être contestée.

Il est vrai que cette indépendance ne se montre pas aussi nettement dans les années qui précèdent. Cependant, nous ne saurions voir des serviteurs et sujets de l’Empire, car telle est la force de l’expression milites de Cassiodore, dans ces Armoricains sur lesquels un des lieutenants du inaître des deux milices, Égidius, essaya de reprendre le castrùin de Chiuon, et contre lesquels lllajorien, un autre des lieutenants d’Aétius, défendit la ville de Tours. L’établissement dîune colonie d’Alains sur. le territoire d’Orléans nous paraît être une précaution d’Aétius pour assurer, contre les séparatistes de l’ouest, la possession du cours de la Loire, et la victoire d’un troisième lieutenant, Litorius Celsus, subacto Aremorico, suivant l’expression de Sidoine Apollinaire, n’a été remportée que sur les Armoricains d’Orléans, résistant à l’établissement des hôtes qu’on veut leur imposer. L’Armorique était si peu réduite, -’qu’on lança peu de temps après contre elle ces farouches voisins, avec leur roi Éocaric, qui fut arrêté par l’intervention de saint Germain d’Auxerre. Tous ces’évènements peuvent être placés entre les années 445 et 440. Quant aux Bagaudes, qui se révoltèretit, en 435, avec Tibâton, et qui furent réduits en 437, il ne faut pas les confondre avec les Armoricains. La Bagaudie n’est pas la république des Armoriques, bien qu’en ait (lit Dubos :, c’est une des vieilles plaies de la société romaine, et qui s’ouvrait de temps a autre‘, au milieu des malheurs communs. Entre les années 440 et M7, l’histoire ne fournit aucun document sur Pétut de l’Airmorique : Le gouvernement réparateur du patrice Constance a pu amener la soumission de ce pays ; et pourtant l’honneur de cette soumission, attribué par le poële Rutilius à Exsupérance, n’est pleinement justifié que pour les cités de la confédération situées au Sud (le. la Loire.

Au reste, ce que l’on a écrit et ce que l’on pourra écrire encore sur les annales de FArmorique au ve siècle est dominé par deux textes : Funou Zosime rapporte que les habitants ne voulurent plus obéir aux magistrats romains et qu’il s’établirent un gouvernement ä’leur guise : l’au, tre où Procope remarque qu’à l’époque où les Francs traiteront avec les Armoricains, ces derniers avaient depuis longtemps changé la — formeœle leur existence politique, 409-491 (1). i

Des Bnnvoms causes son LES Bonus ne LA LOIRE, vans Läiu 470 {ILS VENAIENT DE L’u.u na Bnuraous m NON ne IÎAtInIORIQUE. —r Les Bretons, dans la.seconde moitié du v° siècle, formaient-ils déjà un corps. Ce nation sur le conti-

[44] nent ? Telle est l’opinion du récent historien ; et l’on pourrait être tenté de la partager, si Fou acceptait la traduction qtr’il donne d’un passage devenu fameux, parce quîlxa servi de prétexte à un avènement anticipé des Bretons de France sur la scène de l’histoire. Mais ces mots de Sidoine Azpollinaire,

liv. I I, lettre 9 : Britattnos super Ligerint sites impugtnari opertere demonstrans, ne si nifient as, commele veut M. Moet u’il fallait uÎEurtZc chassât les Bretons établis ait-dessus de lal Cl Loirc ; car ils ne s’appliquent pas à un peuple placé au Nord de ce fleuve, et que, d’ailleurs, les Visigoths n’allèrent jamais attaquer. Ils s’appliquent, à n’en pas douter, à Riotam -et aux douze mille Bretons ui, ré ondant à l’a el de l’em ereur

Anthème, vinrent rendre. iosition sur la Loire, et furent battus ar Euric en l’année 470. Le réfet du rétotre des Gaules, Arvande ui trahissait les devoirs de sa char e et se montrait infidèle à ses serments, les a signalés aux coups des Visigoths, non pas afin qu’ils n’eussent atzcunc part dans son projet de démembrement de la Gaule en faveur d’Euric et des Beur ui nous, mais uni uement arce n’Anthème les avait ÿ ÿ (l P

fait venir sur les liords de la Loire pour les opposer aux progrès de la puissance gothique. Ce sont des auxiliaires que l’Empire a pris à son service : il ne s’agit point ici de réfugiés établis, dès cette époque, en nombre très-considérable sur la côte méridionale de la péninsule armoricain ; et le texte précité laisse parfaitement intacte la question de savoir d’où viennent ces Bretons.

Soulevons donc encore une fois, puisque M. MoetPexige, le fardeau de cette question si souvent discutée dans les congrès des savants de la Bretagrte. Biotam et son armée, qui. avaient pris position sur la Loire, vitirenoils de l’île de Bretagne, comme le texte de Jornandes semble l’indiquer (i) ?

(I) à Euricus, rex Visigothorum. crebram mutationem romanorum princiOn répond que, vers l’année 4’70, l’île n’était point capable d’un effort aussi considérable. Et cependant il’n’y a rien (Pétonnant a ce que l’empereur ait pu l’aire recruter par un chef nommé Riotam douze mille «soldats dans un pays où la guerre civile et étrangère avait armé tous les bras et que ses enfants commençaient abandonner. L’île de Bretagne n’a-belle pas envoyé sur’le continent toute une population qui, au siècle suivant, est devenue maîtresse d’une grande partie de l’Armorique et qui lui a même imposél son nom ? Ceci posé, commentons maintenant le récit de Jornandès. Anthème, qui succéda à Selvere en l’année 467, ou même en 465 d’après la Chronique dîdaee, voyant les efforts d’Eurie pour semparer de la Gaule entière, tire de l’île de Bretagne un corps (Parmée, “ pros-mus salarie Britonum postuloit. Voilà la vraie cause de la, guerre, et la conspiration dflàrvaude- n’est qu’un incident, Il est question de ces Bretons dans la fameuse lettre où le préfet du prétoire engageant le roi des Visigoths à ne point faire la paix avec cet Anthème, qu’il’appelle l’empereur grec, parce que Zénon Parait envoyé de Constantinople ; et l’on doit penser que les Bretons avaient déjà établi leurs quartiers [JFÈS de la Loire vers l’année 46S, puisque.l’on voit dans la Chronique de Cassiodore que la trahison d’Arvande fut jugée par le sénat de Home et punie en 469. Il est probable qu’il s’écoula quelque temps entre le moment de leur arrivée au poste qui leur était assigné et celui où ils furent attaqués par les

pum cernens, Gallias suo jure nisus est occupare. Quod compétens Authemius imperator, protiuus solotia Britonum postula vit. Quorum rex Riotimus cum zut millibus venions, in Bitnrîgas civi-tatem, Oceano a navibusegressus, suseeptus est. Ad quos rex Visigothorum, innumerum ductans exercitum, advenu, dinque pugnans ltiotimum, Britonum lizegem ; antequam Romani in ejus sncietàte eonjungerentur, superavit. Qui, ampla parte exercitusamissa. cum quibus potuit rugiens, ad Burgundionum gentem vicindm Romanis eo temporelæderatam udvenit. n a ’ ' I Visigoths, car Sidoinc Apollinaire raconte que ses compatriotes eurent plus d’une fois à soutïrir de leurs déprédations. Quoi qu’il en soit, la découverte des menées coupables d’Arvande n’arrêta pas la marche des évènements ; car, en l’année 470, Euric, a la tête d’une nombreuse armée, livra aux Bretons de nombreux combats avant que l’armée romaine n’eût opéré sa jonction avec Riotam ; et ce dernier, réunissant les débris de son armée, alla chercher un refuge chez les Bourguignons, qui étaient alors des alliés des Romains. Telle est la suite des faits dans le récit de Jornandès, et elle ne présente pas de difficultés sérieuses, car on ne peut pas dire que le temps ait manqué pour faire venir les Bretons de l’île sur le théâtre de la guerre.

Assurément cet épisode des lainières luttes soutenues par les empereurs pour maintenir leur, autorité dans les Gaules eût passé, pour ainsi parler, inaperçu, si quelques historiens n’avaient pas cédé a la tentation de voir dans Riotam et ses soldats les représentants d’une nouvelle nationalité bretonne sur le continent. Mais quelle haute idée se font-ils donc de la’ puissance de l’immigration bretonne vers l’an 470 sur la côte méridionale de l’Armorique, tandis que sur la côte septentrionale ils semblent reconnaître que le rôle politique des Bretons ne commence qu’en l’année 513, avec les Domnonéens de Riwall Ona vu que le passage de Sidoine Apollinaitte ne peut‘ leur servir d’appui ; quels autres textes, quels faits nouveaux potirrortt-ils allégueri’Que le récent historien des Francs, ce laborieux imrestigateut des antiquités de la Petite-Bretagne. s’il en a découvert, veuille bien les produire ! Nous m’en cou naissons qu’un seul : la présence de Mausuetus, qualifié épiscopats britannorttttt parmi les prélats qui se réunirent à l’ours, en 461, pour la réception des reliques de saint Martin. biais, en supposant que le métropolitain Perpétuus eût invité cet évêque parce qu’il était déjà dans l’Armorique avec un certain nombre de fidèles, ceci prouverait que l’émigration des insu-laires était tléja commencée, fait dont personne n’a jamais

douté. Mais il faudrait bien (Feutres indications de ce genre pour établir le rôle politique et l’importance que prématurément on prête à ces réfugiés. [Les Bretons’du continent, qui auraient vingt années auparavant porté secours a l’empereur Anthème, ne sont même pas mentionnés par Proeope dans la belle digression sur les Francs, où il nous a fait connaître la

t longue lutte que les Armoricains sentiment contre Clovis

jusque dans les (dernières années du v ? siècle ; C’est que les premiers arrivés de l’île de Bretagne, qui trouvaient un asile dans, cette contrée hospitalière, disparaissaient, pour ainsi dire, au milieu de Pancîiennepopulation : plus tard seulement, et quand les malheurs croissants de l’île eurent augmente le flot de l’émigration, les Bretons formèrent un corps de peuple et s’assurèrent en quelque sorte une existence nationale. Au. temps de l’expédition de Riotam sur les bords de la Loire, il n’y avait pas encore de nation bretonne en Armorique.

De LïNvAsioN DES FRISONS sans IÏARMORIQUE :- ms NE DOIVENT ras ÊTRE CONFONDUS AVEC LES "Litrès-FRANCS ne RENNES, m ILS N’oNr ms ÉTÉ ENVOYÉS DANS CE“ pus ma. CLovrs. — Le récent Ilistorien embrasse l’opinion émise par l7abhé Gallet et reproduite par D, lllorice, sur les Erisons qui dévastèrent la côte septentrionale de FArmorique, avant l’arrivée, en l’année 513, du breton Riwal et de sa colonie de Domnonéens. Notre écrivain citeitextuellement l’abbé ; Gallet, t. Il, p. 257, etvil veut, comme lui, que ces Frisons’aient été chargés par Clovis de châtier une révolte Œuneepartie des Bretons de la péninsule. Je dis une partie seulement : car il pense que les réfugiés de la côteioeeidentale, notamment" ceux qui reconnaissaient Grallon pour chef, n’ont pas’pris’part a la révolte. Et a cette invasion de la côte Nord par les Frisons, M. Moet rattache ce qu’on lit dans la Vie de saint Melaine d’une expédition d’Eusèbe, roi ou comte de Vannes, et de la répression cruelle exercée par ce chef dans les campagnes de Comblessac. Le biographe de l’évêque de Rennes, narrateur contemporain, ne sait pas pourquoi le roi des Vénètes s’abandonna a ces excès : nobis incertum cur, forte iratus, multorum hominum oculos erui jussit et menus evelli ; mais le savant moderne n’hésite pas. Eusèbe, qui exerçait l’autorité dans le pays de Vannes au nom du roi des Francs, n’a fait qu’obéir à Clovis quand il a réprimé cette révolte, qui est placée par Gallet, par D. Moriee et par notre auteur, en l’année 509 ; année célèbre où le fondateur de la monarchie franque se débarrasse de tout ce qui faisait obstacle ä son pouvoir, soit par la guerre, soit par l’assassinat.

Ces Frisons auraient donc été les exécuteurs des ordres de Clovis. Allant plus loin que ses devanciers, le nouvel historien les réunit avec les Lètes-Francs du pays de Rennes. Ce sont, s’il faut l’en croire, des Lètes-Francs-Frisons, tel est le nom qu’il compose pour les désigner, qui ont dévasté l’Armorique de l’an 509 à l’année 513 ; et qui, restés païens selon toute apparence, ont renversé, par exemple, les églises et les monastères que releva, quelque temps après, saint Pol Aurélien, évêque de Léon. Les Lètes-Francs-Frisons seraient même si bien devenus les maîtres du pays, que de leur nom général de Lètes, l’Armorique aurait reçu celui de Létavie.

Tel est le rôle que notre auteur assigne aux Lètes-Francs établis à Rennes très-certainement à la fin du ive siècle et peut-être même à la fin du iiio, d’après la conjecture fort acceptable du savant historien, que ces Lètes sont une colonie installée sur le territoire des Redones par Constance-le-Pâle, dès l’année 293. Mais les Frisons, qui ont été fort souvent, à n’en pas douter, les alliés et les compagnons des Francs, comme l’histoire en fait foi, ne peuvent cependant pas être, d’une façon générale, confondus avec eux ; et quand il s’agit, comme dans le cas présent, (Pu-ne colonie déjà ancienne, on ne peut pas ajouter Frisones l’a où la "Notice des Dignités de l’Empire a mis seulement z Præfectus LœtoruntFrancorum Hcdonas. Cette assimilation des Frisons avec les Lètes-Franés de la 111o Lyonnaise nous paraît donc arbitraire et hasardée ; et nous ne pensons pas non plus qu’ils aient étéJes exécuteurs de prétendus ordres de Clovis. Personne ne révoquera en doute l’invasion friscune : elle est attestée par des documents bretons, et elle se rattache a l’histoire de l’établissement de Èiwal sur la côte septentrionale de la péninsule, ä une partie de laquelle la [irésence de ses Domnoncens valut le nom de Domnonée : évènement qui a sa place et sa date marquées dans les annales’de la Petite-Bretagrïe. Mais il rn’en est pas ainsi quant à l’ordre qu’aurait donné Clovis, car cet ordre n’est cité, que nou s sachions, ni par les chroniqueurs des B-retons, ni par ceux des Francs : Que conclure de ce silence, sinon que Clovisest resté étranger a un fait qui appartient tout entier a l’histoire particulière de la province armoricain ? D’où viennent donc ces enÿahissettrs, s’îls ne sont pas de Bennes, et s’ils iront pas été lancés sur le pays par le puissant monarque dont le nouvel historien nous montre avec raison l’autorité reconnue jusqu’à l’extrémité de la péninsule ? Ils viennent des contrées où leur nation avait conservé son nom et son existence propre : soit des côtes de la Batavie, la Frise moderne, soit plutôt de cette îleuvoisine qui envoyait, à cette époque même, sur les côtes (le PArmOrique, de nombreux habitants. Procope rapporte que trois peuples considérables, ayant chacun un ou plusieurs rois-occupaient alors l’île de Bretagne : les Angles, les Erisons et les Bretons ; il remarque même que des essaims de ces trois peuples allaient souvent. chercher des établissements dans la Gaule. Les Frisens. de l’île auront passé sur le continent a la suite des Bre-

I tons, et commis ces horribles (dévastations, ces épouvantables cruautés rapportées par les chroniqueurs bretons, et dont les Lètes-Francs, diocésains de saint Melaine, depuis longtemps établis en pays gallo-romain, ne doivent pas porter la responsabilité. Les Frisons furent enfin vaincus, en fermée 5’13, avec leur roi Corsoldus, par Riwal, venu de la Domnonée insulaire ; et Riwal, qui avait débarrassé l’Armorique de ce fléau, obtint la concession d’un territoire du roi Childehert. L’histoire n’attribue aux Lètes-Francs de Rennes aucune part dans ces évènements.

UNE CHARTE ne LÏABBAYE DE LANDÊVENNEC ET LE no ! GRALLON.

— L’hypothèse de Perdre de Clovis aux Frisons, émise par Gallet et répétée par dom Morice, a conduit notre persévérant investigateur à une ingénieuse explication d’une charte du Cartulaire de Landévenncc. On lit avec quelque surprise dans cette charte que Grallon a acheté Plle-Longueffläïneshir) et d’autres domaines avec 1’or et l’argent qu’il a reçus des fils du roi des Francs. n Hæc nzenzoria retinet quod entit Gradlonus Eneshir atque Rachenes, Caer-Balawer et Rosserechim de auro atque argente quod accepit a filiis regis Francorum. .. n (D. hîlorice, Preuv., t. I, col. 177.)’Les réfugiés de la côte occidentale, notamment ceux qui obéissaient à Gratton, n’ayant pas pris part a la révolte des Bretons que les. Frisons

avaient si rigoureusement réprimée, Penvoi de ce métal, s’il.

faut encroire le nouvel historien, a été la solde de leur fidélité. Grallon serait donc, d’après M. Moet, contemporain des successeurs immédiats de Clovis. M. Halléguen le place seulement dans la seconde moitié du v1e siècle, après Fépeque du redoutable Comore, comte franc ou au service des Francs chez les Osismes. La chronologie attend encore que Pou fixe positivement le temps de ce chef célèbre, dont la statue équestre domine l’entrée principale de l’église cathédrale de Quimper. Du nom ne LETAVIA nonne A IÏÀRDIORIQUE. — Notre savant investigateur veut que le nom de Letavià. signifie -pays des Lètes et. qu’il ait été impose au pays à la suite-de Pincasion des Frisons. Si la philologie accepte le sens qu’il prête a ce

nom, nous croyons que l’histoire ne saurait s’en accommoder.‘ Dfabord, la domination de ces envahisseurs, brisée par Riwvali

en 513, n’a passasse duré pour déterminer un changement de ce genre. Puis, ces Frisons, qui ne sont pas des Francs,

on l’a vu, ne sont pas non plus des, Lètes : cette dernière

désignation, qui est d’origine germanique, comme notre savant auteur l’a fait voir, quand il n’y a plus eu (Tarmlée romaine, aura naturellement disparu. Le seul nom que ces pirates pouvaient apporter avec eux était celui de Frisons.

Letavia est {l’origine insulaire et bretonne : c’est la forme

Ïatinisée du Cambrien Litau, aujourd’hui Llydaw, qui signù

fie littoralis. Telle est l’interprétation des Bôllandistes dans l

une note d’un passage de la Vie de saint Gildasv, qui mérite d’être rapporté : Cum Dei jussu perve-nïsset in Armoricam, quondam (ïalliæ regionem, tune autem à Britannis a quibus possidchatur ; Letavia dicebazztr, ab iis honorifique eæceptus est. (Act. SS. Jan., Il, 961.) De même on lit dans le dictionnaire gallois d’owen : Llydnw, zhat eætends ’ along me water, {ne

nome o)‘. the province of Brita-ny or Armorica in France. Ce.

’ sens est également reconnu par Gluck dans sa brochure, Dic vorkomznenden bei Jul. Cæsar keltischen nanzen, au mot Litavicctts qu’il explique ainsi zqe littorale regione orïundus. Il est a peine nécessaire de faire remarquer que l’histoire confirme cette interprétation. ’

"RÉSULTATS DE L’invasion bas Faisons DANS ifAnmomoue. -Sur les conséquences de l’invasionflfrisonne, notre savant auteur a- un trait deiumière. Admirons ici la clarté que peut répandre un seul fait bien aperçu. Rien de ce que Pou connaît

VIII 1L des annales de l’Armorique pendant le ve siècle ne prépare au tableau que présentent de ce pays les biographes des saints venus de l’Irlande et de l’île de Bretagne dans cette partie du continent : pays sauvage, presque désert, et d’où tout vestige de culture matérielle et morale a entièrement disparu ; pays païen, comme si l’Église des Gaules, et en particulier les successeurs de saint Martin de Tours, avaient négligé d’en faire la conquête !

Ce sont les ravages de l’invasion frisonne qui, des rives du Couesnon à l’extrémité du Finistère, ont fait le désert où les saints de l’île de Bretagne et de l’Irlande apportèrent de nouveau les germes de la foi chrétienne et de la vie civilisée. Le désert et la barbarie dont parlent les hagiographes, sont l’ouvrage des Frisons. Avant les premières années du vie siècle, l’Armorique, moins éprouvée que beaucoup d’autres parties de la Gaule, qu’avait pas encore subi de tels désastres. Les horribles ravages des grandes invasions n’ont commencé pour ce pays qu’au vie siècle. Alors, ce semble, ont disparu Corseult, la capitale des Curiosolites, et aussi la capitale, quel que soit son nom, de la cité des Osismes : ces deux villes ne se sont jamais relevées. Les pirates ont amoncelé bien d’autres ruines : celles des deux évêchés gallo-romains des Osismes et des Curiosolites doivent leur être imputées. Quant aux prêtres de l’émigration bretonne, comme ils n’ont plus rien trouvé debout, ils n’ont rien renversé ; et la solution de continuité qu’on remarque entre leurs traditions et celles de l’Église des Gaules a sa cause principale dans les calamités de l’invasion frisonne. C’est ainsi ou à peu près que le nouvel historien des Francs comprend la situation de l’Armorique au commencement du vie siècle. Nous croyons qu’il s’est trompé sur l’origine du nom de Létavie, sur le rôle qu’il prête aux Lètes-Francs de Rennes, et aussi quand il remet en honneur l’hypothèse qui fait de ces Frisons les exécuteurs des ordres de Clovis : mais ces assertions hasardées, faciles à corriger, ne sont rien auprès du service qu’il a rendu à l’histoire des origines ecclésiastiques et civiles de la Petite-Bretagne, en indiquant le premier, avec une sagacité et une fermeté d’esprit bien rares, les résultats de l’invasion, frisonne dans ce pays.

E. MORIN.

NOTICES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

SUR LES

PAROISSES DES DEUX CANTONS DE FOUGÈRES[45]


I. — BEAUCÉ.

Belceacum, xie siècle (Bulletin Arch. de l’Assoc. Bret. t. III, page 248) ; Belceium et Beaucé, xiie siècle (D. Mor, Pr. I, col. 606. — Titres du prieuré d’Igné ; Bl. Mant., 45, p. 673) ; Beauceyum, xvie siècle.

Histoire religieuse. — Nous n’avons aucun renseignement sur l’origine et les commencements de cette paroisse. Tout ce que nous savons, c’est que, dans les premières années du xiie siècle, le prieuré d’Igné était en possession de la moitié, ou du moins d’une partie considérable de ses dîmes. À la suite de difficultés survenues entre les religieux de Pontlevoy, titulaires de ce prieuré, et Raoul, seigneur de Fougères, Josse, archevêque (le Tours (1158 à 1173), à l’arbitrage duquel les parties avaient remis la conclusion de leur différend, attribua le droit de dîmer au seigneur de Fougères, mais avec la réserve qu’il ne pourrait en disposer a titre d’aumône, ni a aucun autre titre, si ce n’est en faveur des religieux de Pontlevoy.

La cure de Beaucé était à l’ordinaire.

Recteurs. — xie siècle, Reginald. — 1566, M. René Delaunay. — 1616, M. Vincent. Le Marchand. — 1679, M. Michel Lei Pannetier.«.— 1705», M.’ N.-Le Maczon. — 1749, MÇN. Guyodo. — 172…, M. Sébastien ilialherbe. -.— 473…, M. Eusèbe Guérandel. — 1744, M ? Jean Blanchard. — 1758, M. J.-B.—Charles Gibet. — 1781, M. N. Picard.

Archéologie. — L’église de Beaucé est sous l’invocation de saint Martin, archevêque de Tours.

Elle n’offre rien de remarquable. La plus grande partie du vaisseau a été reconstruite en 1785 ; un mémoire de l’époque nous apprend que la dépense s’éleva 331.1600 livres. Un ancien par de muraille, conservé lors de la reconstruction, porte des traces de baies romanes qui prouvent que l’ancienne église devait remonter au x1“ ou au 311e siècle. q

On remarque à l’intérieur, auprès.de la grande porte, une ancienne cuve baptismale en granit, de forme octogone, et ornée sur chacune de ses faces d’une arcature trilohée.

Histoire féodale. — La. paroisse de Beaucé a été le berceau d’une famille qui lui a emprunté son nom et qui a fourni plusieurs illustrations ä l’histoire de notre province.

Le premier de ses membres que nous y voyons figurer est Canoart qui, vers 1450, donna une de ses terres a l’abbaye de Savigny. (D. Mor., Pr. I, col. 606.) l

Plus tard, en 1226, un de ses descendants, Hugues de Beaucé, fut choisi par le roi saint Louis pour faire partie de la Commission d’arbitrage qu’il institua a l’effet de statuer sur toutes les difficultés qui pourraient surgir entre lui et Isabelle de Craon, relativement à l’exercice de la charge de sénéchal des provinces d’Anjou, de Touraine et du Maine, qu’il venait de lui conférer. (Id., ibid., col. 860.)

Alu xive siècle (1311.41), les actes de Bretagne nous moult-n’eut Robert de Beaucé, dit de Melècee, recevant de Jean, duc de Normandie, en récompense des services qu’il lui avait rendus, les deux domaines de la Haye et de la Gaudinrîtère, dans la province du Maine. Cei, ibicL, col. 1449.) ’.

Jehan de Beaucé (1365), appelé à Phonoeur de signer comme témoin le traité (le Guérande (fiat, ibid.. col. 1598) ; Perrot (1371), figurant en qualité" (Péeuyer dans une monstre (le Bert-rand du Guesclin (col. 1652), et faisant partie en 15.359 de l’association des seigneurs bretons formée pour la défense des droits duduché.

Dans le in” siècle, ces mêmes» actes nous montrent (1418) Nieolas de Beaucé, officier de la Maison du duc de Bretegnze,

raccompagnant dans son voyage ä la Cour de France et recevant douze livres pour les frais de son voyage ; Jehan de Beaucé (1420), faisant partie de la montre du vicomte de la Bellièré et de Fermée qui se proposait de délivrer le «lue des mains des Penthièvre ; Pierre de Beauoé (1426) ; conseiller" du duc aux gages de cent livresipar an, et Sénéchal de Ploërme ] ; Robert de Beaucé (1452), écuyer du duc aux gages (le soixante livres par trimestre, Faccompagnant dans son voyage de Guyenne, nommé plus tard (1457) commissaire, avec le

sire de Derval, Pierre de la Marzelière et Olivier GitÏard, pour

tenir les menues générales de l’évêché de Bennes, Chambella-n du (lue, etc. (o. M012, m. n, col. 967, 1061, 1667-69, », 1105, 1194, 1627-28, 1116-22, etc.)

Je suis loin (l’avoirïäpuisé la liste des membres de cette famille, dont l’histoire a enregistré “les services et dont elle nous. a conservé les noms, pendant cette période ; j’ai tenu seulement à citer les principaux, pour faire ressortir son im.» portance et constater le haut rang qu’elle [a occupé dans la société du moyen âge.

Cette famille, du reste, ne me semble pas être restée exclusivement attachée à la baronnie de Fougères. Dès le xiv° siècle, elle nous apparaît divisée en trois branches, dont l’une s’était établie dans le pays nantais, où elle forma de grandes alliances, entr’autres avec la famille de Machecoul ; la seconde, aux environs de Rennes, dans la paroisse de Melesse, où l’un de ses membres bâtit un château auquel il donna son nom ; la troisième enfin, sans doute celle qui coutinna la souche, était demeurée au manoir où elle avait pris naissance. — Celle-ci ne tarda pas elle-même à se pat ?tager en deux rameaux : le premier, qui prit le surnom de Montframmery, d’une terre qu’elle possédait dans la Chapelle-Janson ; l’autre, celui de La Motte, nom’du manoir seigneurial de la paroisse, qui vraisemblablement avait été le berceau de la famille. r

La branche des Montframmery donna ä la ville de Fougères un connétable en 1473 et un gouverneur en 1562 (i). "

La branche de La Motte était représentée en M98 par Jean

de Beaucé, qui faisait partie de la compagnie de cinquante hommes d’armes de lareine, sous le commandement du sire de Maillé. (D. Mort, Pr. III, col. 805.)

A l’époque de la Ligue, les de Beaucé suivirent le parti du duc de Mercœur. Ils furent alors déclarés coupables (le lèse majesté et leurs biens confisqués (D. Mor., Pr. III, col. 1497). L’un d’eux servit avec distinction dans les armées duduc,

(i) C’est au connétable que l’on doit rapporter le nom de Monttrammery donné à la grosse tour qui se trouvait a l’angle Nord-Est de l’enceinte de la ville de Fougèrcsfet qui avait été en grande partie construite pendant qu’il était en charge.

s qui, lors du siège rfflennebont, Fenvoya comme otage pendant qu’il traitait des conditions de la capitulation.

a Cette branche des de Beaucé a fini au xvm° siècle dans la personne d’Anne de Beaucé, qui, en 1630, épousa Gabriel du Bois-le-Hous..

Lenom de Beaucé continua néanmoins d’être porté jusqu’ä

l’époque de la Révolution par les descendants d’une sœur

aînée de la dame du Bois-le-Houx, qui, avant le mariage de

celle-ci, avait épousé Eustache du Lys, Sénéchal de Rennes, et était devenu, de son chef, seigneur de Montframmery et des Temples. (Voir la Chapelle-Janson.) , On voyait encore, il y a quelques années, les traces de deux châteaux à motte : l’un près du village de la Motte, sur les bords du Coësnon ; l’autre auprès du village de la Salle.

Terres nobles. — Les principales terres nobles de cette paroisse étaient z I. Laîterre seigneuriale de La Motte, a laquelle était attaché le droit de basse justice.

Je regrette de ne pouvoir donner ici le détail des autres

. droits. dentelle était en possession, ni le dénombrement des fiefs qui la composaient ; mais bien que la paroisse de Beaucé relevât de la baronnie de Fougères, la terre déLa Motte relevait de celle de Vitré, comme faisant partie de la terre de Châtillon ; et malgré mes recherches les plus actives, je n’ai pu retrouver qu’un petit nombre de documents relatifs aux terres dépendant de cette châtellenie, qui comprenait, dans l’arrondissement de Fougères, les paroisses de Billé, Combourtillé, Chienne, Vende], Parce, Javené, Dompierre-dm Chemin, Luitré, la Selle-en-Luitre et une partie de Beaucé.

». Il. La terre de La Chnudronnerais, à laquelle était attachée

la charge de sergent féodé au bailliage de Fleurigné ou du Bois-Février, pour être exercée par son possesseur une année sur trois, dans toutes les paroisses de ce bailliage, à l’exception de celledu Loroux, dans laquelle le sergent du l Bois-Février avait seul qualité.

Le possesseur de cette terre avait, dans l’année de son exercice, tous les droits et privilèges résultant de ses fonctions, tels que droits d’épaves, de gallois et de déshérence, le cas échéant.

Il prétendait aussi aux droits de seigneur fondateur. dans la chapelle de SainbThébault ou du petit Saint-Nicolas, située dans le bas de la rue de PAumailIerie, dans la ville de Fou.» gères ; mais il en fut débouté par ïfarrèl de réformation de 1680.

La terre de La Chaudronnerais appartenait, à la fin du xv“ siècle, la Jean Pioger ; en 1548, à Nicolas de la Cervelle ; en 1621, à Pierre de la Palluelle et à Henriette Pirnel, qui firent bâtir, en 1641, la maison qui existe aujourd’hui ; ein 1644, à Barthélemy Payel et Olive Menard, son épouse, qui la vendirent, en 1661, ä M. Bonaventure de Valais. Celuiæi la revendit, en 14’371, à M. Nicolas Morcl, sieur de la Marti» nière, dont les petits-enfants la revendirent encore, en 1742, à M. André du Ponlavice, qui en prit le nom.

IH. Les autres terres nobles de cette paroisse étaient, en 1680., La Salle, ä Mm“ Marie Echart, dame de la Guitonmère. Launtzy-Fttrgon et le BaswLaunay, a écuyer, Jean de Scelles, sieur de Chamhulant, mari de dame Perrine Le Con» vaisier, et a li ?“ Marie Le Corvaisier, dame de Peslaine.

La : Vas-bière, à dame Olive Le lllaignan, dame du Fos—

Kéraly. La Vallettc, à M. Michel Le Pannetier, recteur de Beancé. Faits particuliers. —« Il y avait autrefois (en 1660) 11

Beaueé une assemblée qui se tenait le jour de la fête de saint Arme]. Le seigneur du Bois-Février avait le drit d’) ;

lever et devoir le havage. — - ’

— A l’époque où la ville de Fougères fut ravagée par la peste, qui donna naissance à. la Société de Sainte-Aune et de Saint-Roch (1626 à 1632), les habitants de Beaucé, se voyant menacés par le fléau qui avait déjà envahi quelques-uns. de leurs. villages, eurent l’inspiration de faire une procession solennelle jusqu’au village de la Plaeeardière, où.il s’était déclaré,

Arrivés à ce village, ils plaeèrent le drap mortuaire sur la dernière maison qu’il avait atteinte, et laissèrent leur grande croix de procession.

col. 630 et 771.)

Dieu permit que le fléau serrétàt devant cette «pieu-se manifestation-, et en témoignage de leur reconnaissance, les.

paroissiens voulurent que leur croix restât atout jamais déposée dans la maison où sa présence semblait avoir conjure le fléau. A. ’ —

Elle y a été toujours conservée depuis, et ses habitants la montrent encore aujourd’hui avecsun véritable sentiment de respect, en mémoire de l’évènement auquel ils doivent d’en

, titre les possesseurs.

il. Q- BILLÉ.

“ Ecclesia de Billeio, Billeium, x11e siècle. (DL Molu, Pr. I, Histoire religieuse. — C’est au commencement du x11e siècle que nous trouvons la première mention de l’église de Billé. Elle était ides lors unie à l’église de Notre-Dame de.’ Vitré, dont elle formait une dépendance. André, seigneur de Vitré (M09 a 1H6), ayant disposé de celle-ci en faveur de l’abbaye de Saint-Melaine, l’église de Bille passa, avec elle, aux mains des religieux, qui furent également émis en possession

“du cimetière et de toutes les dîmes de la paroisse. Il ne‘

semblé pas néanmoins qu’elle soit restée bien longtemps. dans cette condition. Uneicharte de 1157, par laquelle Robert de Vitré, petit-fils d’André et le second de ses successeurs, confirma a l’abbaye de Saint-Melaine la donation de son aïeul, nous apprend en effet que, dès lors, l’église de Billé avait cesséd"être unie ä celle de Notre-Dame. Elle en avait été détachée à la suite d’actes de violence qui avaient amené une elïtision de sang et avaient eu pour conséquence la profanation du vaisseau et du cimetière.

La charte ne nous fait connaître ni la nature ni les auteurs de ces actes ; elle se borne a nous faire entendre que le seigneur de Vitré nesput ni les empêcher ni les prévenir, et

que, pour donner une certaine satisfaction aux religieux, il’

s’engagea envers eux a leur remettre l’église ainsi que le cimetière, lorsqu’il en aurait obtenu la réconciliation. (D. Mor., Pr. I, col. 630.) a.

Cet engagement’fut-il tenu, et les religieux. rentrèrent-ils dans la possession de leur église ? Nous Vignerons complète ; ment. Cependant, nous pouvons dire que s’ils y rentrèrent, ce ne fut pas pour la conserver longtemps. À partir, en effet, de cette époque, nous ne trouvons pas la moindre trace de rapports entre l’église deflfiillé et Pahhaye de Saint-Melaine ; et plus tard, lorsque cette église reparait dans notre histoire, elle est devenue le siège d’un important doyenné, preuve évidente qu’elle était rentrée entre les mains de l’ordinaire (1).

(t) Le doyen avait une position assez importante dans la hiérarchie ecclésiastique. Tous les prêtres de sa circonscription lui étaient subordonnés et ne pouvaient avoir de communications officielles avec l’évêque que par son entremise. ’.

Outre ledroit de visite qu’il exerçait sur toutes les églises et chapelles soumises à sa juridiction, il était chargé de recevoir tous les mandements et autres actes de l’autorité épiscopale et de les transmettre aux curés de sa circonscription. Il en était de même pour les saintes huiles, que ceux-ci étaient obligés de venir chercher et prendre-de ses mains, etc.

Il est donc à présumer que le conflit élevé entre les ravisseurs dé l’église d’un côté, le seigneur de Vitré et les religieux de Feutre, se termina par un arrangement qui remit léglise en litige en la possession de l’évêque. Du reste, il nous faut descendre jusqwaux premières années du xvrî siècle pour retrouver la trace de l’église de Bille ; elle était dès lors, commeje viens de le dire, ’le siège d’un doyenné ; maistout en étant le siège de cette juridiction, elle n’en était pas le titre. Le recteur de Billéprenait bien, en cette qualité, le titre de «recteur-doyen de Bille ; mais lorsqu’il s’agissait de sa dignité, abstraction faite de Ïsa cure, il prenait exclusivement le titre de doyen deFougères. Nous ne le trouvons pas autrement qualifié dans tous. les actes du moyen âge rdecanus Filgeriarum ou de Filger-iis ; ou bien encore, au xvi” siècle : decanns Fulgeriaci, dest-ÿa-dire doyen du Fmigerais. "Plus tard, il est vrai, les curés de Billé ajoutèrent à leur titre de curé-doyen l’énumération des, pays soumis à leur juridiction et se qualifièrent de doyens de Fougères, d’A ntrain, de Bazouges et du pays vende lais ; mais cette usurpation yani ; teuse n’eut jamais le caractère d’un titre officiel. ’ h Le doyenné ode Fougères, dont lïglisede Bille était le

siège, avait une très-grande importance ; car outre une abbaye

et quatorze prieurés, il. comprenait dans son ressort ou sa juridiction soixante-deux paroisses et une trêve, ce qui lui faisait une situation tout exceptionnelle dans le diocèse, dont les autres doyennés ne comprenaient dans leur ressort qu’on nombre de paroisses limité entre douze et vingt-cinq.

Cette anomalie dans sa constitution, et le défaut (Pharrñonie qui en résulte dans les rapports de nos anciennes circonscriptions ecclésiastiques-entré elles, nous amènent naturellement à nous demander s’il est possible qu’—un pareil ordre de choses remonte va Forgauisation primitive de ces circonscriptions, ous’il n’est pas plutôt la suite de perturbations qui auraient

J amené la suppression d’un ou deux autres doyennés précédemment existants, et les auraient fait annexer au doyenné de Fougères dans un temps et dans des circonstances dont Fhistoire n’a pas conservé le souvenir.

Le pouillé du diocèse de Bennes de l’année 15,16, publié par M. de Courson dans les Prolégomènes du Catrtulaire de Redon, semble résoudre cette question dans un sens favorable a cette seconde hypothèse, lorsqu’à l’endroit du doyenne de Fougères il nous le représente avec des annexes : Decaé p nus Fulgeriaci cum ennemis.

Que peut-on entendre, en effeL-par cette expression d’annexes, dans ses rapports avec notre doyenné ?

Est-il permis de supposer qu’elle puisse signifier. autre chose que l’adjonction Œéléments étrangers à sa constitution primitive, qui lui ont été incorporés et ont accru son importance ? D’où nous sommes déjà en droit de conclure a une modification dans les conditions de son existence.

Mais quelle pouvait être la nature de ces éléments ? Étaient-ce seulement quelques paroisses, ou bien un-ou plusieurs grous de paroisses ayant déjà leur organisation, en d’autres termes, un ou plusieurs autres doyennés ?

Il me semble qu’on ne saurait s’arrêter à la première supposition : elle serait, en effet, entièrement subordonnée à celle d’un simple remaniement dans la constitution des doyennés existants, et leur disposition, non moins que celle du doyenné de Fougères, qui est placé en dehors de tous les autres, à l’extrémité du diocèse de" Bennes et sur les confins de deux diocèses étrangers, ne saurait se prêter à l’idée -d’*un pareil remaniement.

L’expression dïmnexes me paraît donc devoir être prise ici dans un sens plus large. et se rapporter à des circonscriptions de même ordre qui auraient été supprimées et réunies.

au doyenné de Fougères. Celui-ci ne serait donc en. définitive, dans les conditions. où nous le présente déjà le pouillé de 1516, qu’un doyenné multiple et ; le résultat d’une agrégation.

Maintenant, nous est-il possiblei de reconnaître les éléments primitifs de cette agrégation ?

M. A, de la Borderimpdans son Aizhnuazire de Bretagnet

dé1861, a commencé Îa éclaircir cette question, en distrayant ; du doyenné de Fougères les vingt paroisses et la trève qui

formaient autrefois le pages Vendellensis (tu le Vendelats, pour en constituer un doyenné sous le titre de doyenné, de

Van-ciel». Uexisgtenee de ce doyenné nous est attestée (Pailleurs d’une manière péremptoire par une charte de 125,4 que j’ai eue en ma possession, et qui l’ait aujourdïittji partie du dépôt des archives départementales. ’ '. Geoffray de Malnoë ayant vendu, en cette année-la, une portion des dîmes de la paroisse de Parcé à Guillaume Soubric, avec affectation spéeialeau profit du prieuré de La Dauphinaye, l’évêque de. Rennes, dont le nom était Jean, autorisa cette vente, qui avait été faite, dit-il, avec l’assentiment du

recteur e.t de Jean, doyen de Vende ! : Cum assensu personœ et Johannis decani de Vendello. A t

Voila donc l’existence du doyenné de Vende ! clairement

démontrée ; voila, par suite, le (loyenné de Fougères diminué de ringtV-et-unc paroisses et ; réduit à quarante-deux. Mais quelque forte que soit cette réduction, elle ne. le constitue pas encore dans des conditions normales (l’importance et d’étendue par, rapport aux autres doÿennés ; ieinombre, en effet, de

quarante deux paroisses qui lui restent surpasse de moitié

et plus la moyenne de çelui dont i-ls sont, généralement composés. A a

PGLIWOIIS-BOIJS croire, après cela, avoir complètementmésolu le problème de ses annexio-ns et en avoir d’un seul coup touché le terme ?

Non : plusieurs motifs nous donnent lieu de penser le contraire.

lïabord, l’expression du pouillé, cum ennemis, avec ses

annexes, ne semble-t-elle pas par elle-même impliquer une pluralité ? Mais, en outre, cette conclusion semble ressortirïle la constitution même de notre diocèse et de l’organisation de ses circonscriptions. a.,

Si, en effet, nous jetons un coup d’œil sur cette organisation telle qu’elle était encore au siècle dernier, nous voyons les 222 paroisses, dont il était formé, réparties entre deux archidiaconés : H3 dans Parchidiaconè de Rennes, 109 dans Parchidiaconé du Désert ; puis chacun de ces archidiaconés se subdivisent en doyennés entre lesquels les paroisses de leur dépendance sont de nouveau réparties : Farchidiaconê- du Désert en cinq doyennës ; celui de Rennes en trois ou bien en quatre, en tenant compte du doyenné de Vende].

Mais si l’on considère les règles de mesure et les principes Œharmonie qui semblent avoir présidé à la répartition des paroisses entre les deux archidiaconés, et qui sont un des caractères particuliers de toutes les œuvres de l’É.glise, ne doit-on pas supposer que les mêmes règles et les mêmes

principes ont dû présider à la subdivision de tzeux-ci en,

doyennés ?

Si donc Farchidiaconé du Désert comptait cinq juridictions

subalternes, pourquoi Farchidiaconè rie Rennes qui, à tous les points de vue, avait une plus grande importance, ifen aurait-il pas eu le même nombre ? Une division contraire me paraîtrait en contradiction flagrante avec tous les principes généralement admis par l’Èglise dans l’organisation de ses circonscriptions territoriales.

La constitution du doyenné de Fougères, telle qu’elle se présente à nous dans les trois derniers siècles, est donc, même après le rétablissement du tioycunéoe Veudel, condamnée comme instillation primitive, au nom des principes de la hiérarchie dont elle trouble l’harmonie.

Une sérieuse induction et une puissante analogie nous conduisent donc à penser qu’en outre du doyenné de Vende}, un autre doyenné a dû entrer dans la formation de celui de Fougères, tel que- nous représente le pquillé de 1516 ;

Mais ce doyenné, quel est-il ? et où le trouverons-nous ?

Les pouillés queinous possédons depuis celui de 1516, ainsi qu’lun grand nombre {l’actes postérieurs, en donnant à l’église de Montault le titre de doyenné rural, decaætatus retraits, et au curé de cette paroisse celui de curé-doyen, ne permettent pas la moindre hésitation a cetégard.

Il nous est impossible, en effet, de nous rendre compte (le

ce titre, avec lequel l’église de Montault traverse tout le

moyen âge, et arrive jus qu’au’ moment où elle disparaît avec lui dans la tempête révolutionnaire, s’il n’a pas son origine dans une possession primitive de la dignité qu’ ; il exprime.

Cependant, comme pour l’église de Baille, si l’église de Montault était le siège du doyenné, elle ne paraît pas en avoir été le titre. Nous trouvons aux archives départementales (série *H“, n“ 1%) un acte de Pierre de Dinan, qui fut évêque de Bennes de 1199 à 1210, et qui porte la- signature de Guillaume Rcvel, doyen de Liouvigné, Willelmo Revel, de Lovigneio decano. ’ ’

Louoignê ! non pas l’église, mais le pays (pagus) de Louvigné, car il y avait un pays de Louvigné, comme il y avait un pays de Fougères et de Vendel, Lotwigné me semble, par eonséquentçïavoit été le titre du second doyenné ’ qui s’ést perdu dans cel-"ui de Fougères et dont nous venons de retrou- {ter la trace.

"Résu-mant cette discussion, dont- le lecteùr, j-’ose l’espérer, 4

me pardonnera la longueur‘, en raison de. l’intérêt’qui s’attache à cette question de nos origines religieuses, nous pou-’vm. 15 A vons tirer cette conclusion, que ledoyeuné de Fotigères, tel que nous le voyons constitué dans les trois derniers siècles, était formé de la réunion de trois doyennés, fondés, dans le principe, sous les noms de Fougères, Vendel et Lotwig-né, et dont le premier avait absorbé les deux autres.

Le doyenné de Veudel devait comprendre, comme l’a dit M. de la Borderie, les vingt paroisses et la trève qui COllSlÎr tuaient l’ancien Vendelaîs.,

Quant au doyenné de Louvigné, je ne puis que hasarder une conjecture sur les éléments qui étaient entrés dans sa formation. Il me paraît hors de doute qu’il comprenait les neuf paroisses de la circonscription féodale dont il portail. le nompde la voirie de Louvigné ; maisen tenant compte de l’étendue moyenne des autres doyennés du diocèse, je croirais devoir lui donner une plus grande extension et rapporter a sa juridiction huit paroisses dépendant du Coglais ; que leur position géographique semble rattacher à celle de Louuigné dans un même groupe administratif ;

Il aurait donc compris dix-sept paroisses, et vingt-cinq

seraient restées pour le doyenné de Fougères.

Ainsise trouve rétablie entre nos doyennés cetteiharmonie que nous trouvons généralement a l’origine de toutes nos institutions religieuses, et dont la considération m’a lÏourni la première pensée des recherches auxquelles je me suis livré.

Je crois devoir donner ici la liste complète des paroisses et autres bénéfices dépendant du doyenné de Fougères, d’après

les anciens pouillés du diocèse, en les subordonnant en même

temps aux anciens doyenués, à la juridiction desquels nous avons constaté qu’i la devaient avoir appartenu. a a

Je joins au nom de chaque paroisse ou bénéfice l’indica—’ tion de sa qualité, le nomldti présentateur et le montant de la taxe qui lui était dévolue dans la levée des contributions ecclésiastiques.

En 15/16, Lenn X ayant, par une lïnlle spéciale, accordé a François Ier delever, rieur cette année, un décime sur le clergé. de France, ’on dressa un état particulier des biens de chaque bénéfice et on établit, pour chacun (Peux, une taxe qui fut awdesseus’du dixième. Cet état, dressé en’ 1516, et le tarif qui en fut, la suite, dm toujours, depuis 1ers jusqu’} l’époque de la Hévcælulion, servi de base à toulesj les levées

de deniers dont on a frappé les biens ecclésiastiques ; en.

sorte que cette taxe peut jusqu"ä un certain 130m : servir ä (létermîuer la valeur comparative des différents bénéfices.

Paroisses et. bénéfices compris dans le doyenné de Fougèrjes.

’. 1. — DOYENNIÏ‘. ma FOUGÈRES PROPREMENT un’.

0

Parozsses. Antrain, entre, un chañoine de Rennes. Lx s. Baille, cure, l’évêque…..’…….’… c s. Bazouges-la-Pérouze, prieuré-cure, l’abbé dfgwfii-lléCUÛ-llflICUÛIUÜÛCCUCUOLCÛCUÜIQI Chauvignré, cure, l’évêque……….. c s.

Fougères (Saint-Léonard), cure, le roi. Fougères (Saint-Sulpice), cure, l’abbé «le

1’11 ! l. m s.. w il.

Nlarmou-tîersuuu………………. Lxs. Fougères (Netre-Dame (le ARilIé), cure et

prieuré, Pabhé de Rillé………….. w l. Laignelel, cure et prieuré, l’abbé d’Éw l ; Le Loroux, cure, l’abbé de Savigny.,. lv l." Le Tiercent, cure, Févêqrÿe………. LX s.

lllarcillé-Baoul, prieurér-cnre, Vahhé de Saint-Melaine…………………… Noyal-sous-‘Bazouges, cure, le prieur de Saint-Denis….. ;………‘………. Romazg’, prieuré-cure, lÎabbé de Saint-Florent. Saint-Christophe-de-Valains, prieuré cure, l’abbé de Rillé…………….. Saint-Hilaire-des-‘Landes, cure, Févêÿque. Saint-Mard-le-Blanc, cure, l’évêque…. Saint-Mard-suryüoësnon, cure, l’évêque. Saint-Ouen-des-Alleux, prieuré-cure, l’abbé de Rillé…………….. ;….. Saint-Ouen-de-la-Bouërie, cure, l’abbé de Marmoutiers………….. ;……-. Sens, prieuré-cure, l’abbé de Rillé…. Sougeal, cure, l’abbé de Marmoutiers.. Trans, cure, le scholaslique du chapitre de Rennes.«…………………’…. Tremblay, prieuré-cure, Pabhé de Saint-Florent. Vieuxviel, cure, l’évêque…………. Vieuxvy, cure, -l’évêque…………..

Bénéfices.

Uabbé commendataire de Rillé, à la présentationduroin “ Le prieuré du château de Fougères,

Le prieuré de La Trinité de Fougères, Marmourîers………………… ;…. Le prieuré de Saint-Pierre dîgné, PontlevOy-on : ,0001-uontcfliàoolnouloon’.In

1v l. w’l. VH1 l. xx s.

1v l. 4 1v l..1

1111 I. 111 s. 1v d.

x11 l.

1.x s. x11 I. c s..

VII l. c s.

11’ l. v1 ; I.

xL1 I. X111 s. 1v d.

1V l. 111 s. 1v d.

xx l. Le prieuré de Tremblay, Saint-Florient de Saumur………………

Le prieuré de Laignelet, Évrou……

Le prieuré de Vilcartier, à la nomination du roi.

La Maison-Dieu de Fougères………

Princé, cure, l’abbé ide Marmoutiers…

xv l. vm l. v1 s. vu : d.

Iv l. La Magdelaine de Fougères……… 1v l. — I

u. — ANCIEN DOYENNÉ DE VENDEL ; Paroisses. I I Beaucé, cure, Févêqùe………….. c s. Billé, cure et doyenné, l’évêque……. xrv l. Châlillon-én-Vendelais, cure, Pabbaye de

Saint-Florent de Saumnr : Â………… vm l.

Chienné, cure, l’évêque…………. vu !» l. "Combourtillé, cure, liïävéque……… w liv. Dompierrewdu-Chemin, cure, ParchidiacredcBennes. Fleurigné, prieuré-cure, l’abbé de Rîllé. v ! l. Javené, cure, un des chanoines……. vu I. La Chapeile-Janson, prieuréhlïnbbesse

de Saint-Georgesnnuu………

La Chapelle-Saintqïuhent’, cure, Pabhé de liiarmoutiers….«.u.».-.«.—.-.«.».—.-. îv i.

Lecousse, cure, l’abbé de Pontlevoy… c s. Luitré‘, cure, un des chanoines….. XIV l. La Celle-en-Luitré, sa trêve.

Mecé, cure, l’abbé de SainhMel-aine..«.» c s.

MQntreuil-des-Làndes», cure, l’évêque. nu l.

Parcé, curé, l’évêque…………… c s. 1.x» s. Romagué, cure, Fabhé de Pvlarmotitiers. vu l. Sain t-Christophe-Lïes-Bois, eu re et prieuré, l’abbé de Saint-Florent. Q.. Q ;. ;..’..’.. ;. c s. À Saint-Sauveur-des-Landes, prieuré et cure, l’abbé de Marmoutiers……….. Lx s. Vendel, cure, Févêqtxe…………… Lx s.. Bénéfices. Le prieuré de La Chapelle — Janson, l’abbesse de Saint-Georges de Rennes. Le prieuré de la Dauphinaie, Notre-Dame-la-Royale de Poitiers………… xu l. Le prieuré de Saint-Christophtædes-Bois, Saint-Florent de Saumur………… vm l. Le prieuré de PonbRémy-Saint- Blaise, Saint-Jouir : de Marnes. A Le prieuré de Saïnt-Sauvetar-des-Lanües, hlarmolntiers……………… ;…… xxx l. m. — ANCIEN DOYENNÉ m : LOUVIGNÈ. jParoisses. La Bazouge-du-Désert, cure, Varchitliacre, (ÏCBEHHGS…………………….. xl. Le Ferré, cure, Parchidiacre de Rennes. v : l. Landéan, [Jrieuré-çzure, l’abbé de Bille. 1x l. Louvigné-du-Désert, cure, Fabhé de Marmoutiers. Mellé, cure, l’évêque.e. e………….. v : l. Dionlantt, mare-doyenné, Aïarchîdiacre de ’ Rennes………….»……..,…….. es. Poilley, cure, Pabhé du liionvsaiut-

Michel. Saint-Georges-de-Reinthembault, cure,

FÉVËQÎJC………………… Villamée, cure et prieuré, Pahhé du

Mont Saint-Michel………… (Ces neuf paroisses formaient ’ la vairie

de Louvigné.),

La Celle-en-Coglais, cures, Y-érèque…. Le Châteilier, cure, l’évêque……… Menteurs, prieuré-cure, l’abbé de Bille} Parigné, cure, l’évêque…………

Saint-Brice-en-Cuglais, prieuré eÎ cure,

Pabbé de Saint-Florent de Saumur…… Saint-ÉLienne-èn-Coglais, cure et prieuré, l’abbé de Toussaiuts däàngers………. Saint-Germain-en-Coglais, cure, un des chanoines“……………………. Saint-Jean-en-Coglais (Cogies), cure, Publié de- Saint-Melaine…… ;…… a.


’ ’ Bénéfices.

Le prieuré de Villamée, le Mont Saint-Michel. ..‘ Le prieuré de Saint-Brice, Saint-Flamant de Suumur………’…………….. Le prieuré de Saiut-Étienne-en-Cogies, Toussainls däângers………………

çgonoçoocon


vu l. iv "l. w 1. 1V l. vu l. xv l. 11x11 I.

wl.

xx l.

LX S.

xw l. xv l.

xw l.,

Nous avons vu que de temps immémorial, et jusqiÿä la fin

du siècle dernier, les églises de Billé et de Montault ont été v

eu [10ssession du titre de doyenné dans les circonscriptions

l auxquelles elles appartenaient ; mais nous n’avons pas indiqué, dans la circonscription du dqyenrté de Fougères, l’église à laquelle ce titre était attaché. Quelle était donc cette église ?

Les documents que nous possédons ne nous fournissent aucun renseignement à cet égard. Les églises de Billé et de Montault sont les seules auxquelles la. tradition, d’accord avec eux, rattache cette dignité parmi toutes les églises qui formaient, dans les derniers temps, le doyenné de Fougères. : d’où je suis porté à croire que la [dignité de doyen, lors de son institution dans nos contrées, était une dignité purement personnelle, conférée a un prêtre qu’ill plaisait à l’évêque de choisir, sans tenir aucun compte dé l’église qu’il desservait.

Ainsi, une charte du x11e siècle nous montre, vers 1150, un

curé de Saint-Léonard de Fougères, du, nom de Juhel, remplissant les fonctions du décanat à la place du titulaire qu’elle nomme tout simplement Guiton, sans spécifier la position qu’il occupait.,

Ce ne fut sans doute que plus tard, au xiv“ siècle. cru-être, que l’on aura songé a inféoder, si je puis me servir cette expression, cette dignité à une église ett’a l’y attacher dg’une manière fixe et permanente, (le telle sorte que le titulaire de l’église fût également investi de la dignité. i

D’après cela, il y a tout lieu de présumer que la fusion des doyennés de Fougères et de Vendel était un fait accompli au moment de cette transformation, et que l’église de Billé fut choisie pour être le siégé des deux doyennés réunis. Ainsi s’expliquerait l’absence de tout vestige du siégé primitif du doyenné de Fougères, qui, s’il eût été déterminé, aurait dû conserver, sinon les droits, du moins le souvenir de son ancienne dignité. Mais quel put être le motif qui valut à l’église d’un simple" village, a- l’église déBillé, ’cet insigne honneur, ce remarquable privilège qui l ui snhordonanait en

quelque sorte toutes les églises de la contrée ?

Ce motif, on le pense bien, il est assez difficile de le pénétrer ; cependant on peut dire, pour justifier l’exclusion d’un grand nombre d’églises qui semblent avoir eu dès lors une importance plus a considérable, celles de la ville de Fougères entre autres, q-u’el’les ne dépendaient pas entièrement de Férveqtie, que le choix du recteur ne lui appartenant pas, il eût été imprudent à lui dätflacher à une église, sur laquelle il g ifavait qu’une autorité restreinte, des droits et des rivilégesdon-t il naurait pu pleinement contrôler l’exercice.

Quant à la préférence donnée à Féglrîse de Bille, s’il nre fallait hasarder une conjecture, ÿincliînerais à voir, dans. le choix qui porta sur elle, une reconnaissance de l’ancienneté de son origine.

On ne doit pas, en effet, perdrevde vue quelle était placée sur les bords de la voie romaine (lésignée dans le pays sous le nom de Chemin-Charles ; que les premières églises fondées dans nos contrées ont d-û- être construites près de ces voies, ui en même tem s n’elles récuraient aux missionnaires les moyensde pénétrer dans Iïntérieur du pays, facili-t-aient ; aux populations dispersées ceux de se réunir autour de leur chaire et au pied de l’atu=tel quîils élevai-ent plus tard. ans cette hypothèse, la dignité conférée à l’église de Bis-lié ne serait autre chose quë”un- hommage rendu canne des Plwrmrèrest églises de la centrée, et la consécration d’un respectable souvenir, Réacteurs-doyens de Bute. —»— 1529-‘, M. Jehan de la Cholätais..— 1590, Ms. Jehan Cherbonnelfl-‘lôæ, Mf, René Le

Marchand. —17… M. N ; Gantier, +1732 M. J. B. Gabriel Lé Tondn, docteur en théologie. — 13737, Bougret, + 1764.- : 1781, Ma-Th. du Chas-ttelti-er.— 1786, M. Mathurizn Hunault, qui fut ! un des. députés. la communauté de Rennes r aux États-Générattx de 1789, et à PASSemblée constituante.‘

Archéologie. — Uéglise de. Bille est sous l’invocation de saint Médard. Elle est formée Œune ne ! et de deux : “transepts ciuicommnniquent avec elle au moyen d’arcades géminées ; ell’e semble avoir été presqwentièrement reconstruite dans la première moitié du xvi” siècle.

La grande arcade qui sépare le chœur de la nef paraît remonter à une époque plus ancienne. Les arceaux, de forme ogivale en tiers-point, reposent sur deux pilastres engagés dans la muraille, dont les bases, enfouies dans le sol, accnsent un exhaussement du pavé assez considérable.

Les tirants, à l’endroit où ils se détachent de la muraille, sont ornés de têtes de crocodile sculptées, et leurs mâchoires, armées de dents, semblent servir de soutien au madrier dont ils sont formés.

Le maître-autel est surmonté d’un rétable en pierre dans le genre de ceux que l’on voit à Dompierre, à Luitré, à Parcé, etc., et qui appartiennent au xvn“ siècle.

La porte qui sl’ouvre dans le porche est ornée de chambranles de granit en application, avec des ornements de la renaissance. l ä

Chapelles. — Deux chapelles, qui existaient autrefois a Maintibœuf et à Mesaubonin, sont aujourd’hui détruites.

Histoire féodale. — La terre seigneuriale de Bille était la terre de La Ronce. Ï

Cette terre donnait à son possesseur le droit de moyenne justice dans les terres et fiefs de sa dépendance ; droit de prééminence, de litre, d’enfeu, etc., dans l’église de Bille.

Au commencement du xve siècle, elle appartenait 11 Jeanne Croc, qui la fit passer dans la famille de Malnoë par son mariage avec Michel de Malnoë, chevalier. (Dupaz, p. 490.)

Les autres terres nobles de la paroisse étaient z la terre et seigneurie de Mésaubouin, avec droit de basse justice (1) ;

(1) Cette terre appartenait en 1750 à Thérése desvùlos, épouscadc M. PierrorFrançois -Martiti de Montlige. ï celles de La Saute-Cochère, de Jÿlainfibœæif, de - LaJioueile, du Bois-Grenier et du Margat.

On conservait avanHa Révolution, dans les archives de la fabrique, un acte constatant que Monsieur, frère du. roi Louis XIÎI (Gaston (Yürléans), avait couché au [presbytère de cette paroisse lorsqu’il vint à Nantes, en 1626, épouser ltlmïde d/lontpensier.

Celtes pièce curieuse, craquelle les paroissiens. attachaient une telle importance que, chaque année, le trésorier entrant en fonction-s était tenu d’en donner décharge à son prédécesseur, a été perdue pendant la Révolution et n’a pu être retrouvée depuis.

a un. — COMBOÙRTILLÉ.

Conzbortilleium, Conzbortillë, Conzburtltilleiunæ, XI° siècle‘

(flpMorice, P-r. I, col. 585, 623, 644, 646, 776). — Combourtïllye, av“ siècle. — E. de Comburno Tilleyo (ponillé de 1516), CombonrgTilley (acte de 1729). i , Recteurs de Combourtillne‘. — 1657, M. Nicolas Le Fehure. — 1732, M. Charles de Lange. — 1’765, M. Hilaire Pichet, + 1786. Â- 1786, M. Deshaies.

La cure était à Falturnalive. a

Archéologie. — Uéglise de Comhourtillé, sons Finvocation de saint Cyr, a. été retouchée à tant de reprises différentes, qiril est impossible de déterminer le caractère architectural qui g domine. Dans le principe, son vaisseau se composait d’une seule nef‘, dont la construction devait remonter à Fépoque romane. Dans un par de mur quiaété démoli en 1848, on voyait les traces d’une haie dont la pierre (Tamartissement, taillée en plein cintre, a été replacée dans le mur du choeur où on la voit ; encore aujourd’hui.

L’église actuelle se compose de trois nefs qui communiquent entre elles au moyen de trois arcades.’

Le collatéral nord a été construit vers la fin du xvïsièele : j’ai trouvé dans un compte de la Fabrique de Saint-Sulpice, de l’année 1498, une note qui meqiaraît se rapporter à cette construction ; elle est ainsi conçue : d’ar le conseils et advis de la plus saine partie des parroayssiens de ayons les diotz trésoriers ont vendu aux trésoriers de Combourtillye la four mairie de la petite vitre de Saint-Domyn avec XX, piez de pierre de viez enohappement quest pour ce LIII s. n

Le collatéral sud a été construit en 1848, ainsi que le clocher, qui a remplacé une bàtière.

Avant la Révolution, il y avait dans le bourg une chapelle dédiée à saint Denis. Cette chapelle dépendait autrefois de la terre de Malnoë.

En 1657, Mm“ Charlotte Harel, veuve de M. Urban de Cervou, baron des Arcis, propriétaire de cette terre, en fit Fabandon au recteur…

Histoire féodale. — La paroisse de Combourtillé avait des seigneurs particuliers au xu siècle. Les actes de cette époque

mentionnent Guillaume de Conzbourtillé, qui, en- 1142, fut.

témoin (furie donation faite à l’abbaye dé Savigngrqaa-t" Payen Senselinel, et, en M62, d’une autre donation faite à même abbaye par Robert de Vitré (D. Mon, Pr. I, col. 585, 646) ; Jean, religieux à Savigny (ici, ibid., col. 623)’ ; et enfin, dans

les dernières années du siècle, Robert, après lequel ; on’netreuve. plus. aucune trace de cette famille‘, soit qu-’elle ait

. changé de nom ! ou qu’elle se soit réelle-meurt éteinte.,

Latsenle terre noble de cette paroisselétait la» terre des Combats-milles, à laqiuelêle. était attaché le droit de baisse just-ice. IV ; Â- DOMPIERRE-DU-CHEMIN.

E. de Donna Pctro, ’1 166, Monast ; bénéd, f° 211.

313. de Donmo Petro de Limite, pouillé de 1516.

Recteurs de Dompierre. — 1166, Laurent. -, -.— 1670., Mi Le Doyen. — 1717s, M. Jean Jamme. —1747, M. R. Baudry. —irer, M. N. ; Trotteminard ?, — 17st, M. Robert Martin Boisgay. — 1789‘, M. Jean Roger.

’ ', a l. a o a. La cure elatt à la présentait ion de Yarclndiacre de Bennes.-

Archéologie. — L’église, sous Pinvocation (le saint Pierre, présente extérieurement un assemblage de pans de murailles construits à différentes époques. Les contreforts qui soutien. nent le chevet sont de la plus ancienne : ils appartiennent vraisemblablement à la p-ériode (le/transition. Jattribuerais volontiers à la même époque plusieurs fenêtres aux jambages épannelés et a l’amortissement en plein cintre, ou bien à Parcade trilobée encadrée dans une ogive ; mais généralement les autres reconstructions sont d’une époque récente ; la tour, principalement, qui a remplacé une bàtière, ne date que de quelques années..

Onmemarque dans le pian de cette église tme. déviation très-prononcée de son axe, qui sïncline du. côté droit, a partirçde l’entrée du chœur. Est-ce l’expression d’uneq t pensée

symbolique ou l’effet d’une inadvertance de l’architecte ? (Test.

ce qu’on ne saurait décider.

Du côté de l’Épitre, ail-dessus de la sacristie, la muraille présente uneouyäerture, en forme de galerie, qui donne lieu de supposer qu’i] y avait autrefois un ambon ou bien une chantrie à cette place. q.

La grande arcade est surmontée d’un’écusson aux armes d-u Bois-‘le-Hbux (frotté d’argent«et de sable de six pièces) ; la porte de la sacristie, d’un autre écusson aux armes de la famille de Vendel (de gueule il trois gantelets (l’argent).

Un assez beaurétableetl pierregdans le genre destin’siècle, sert de décoration au grand autel.

Chapelle Saint-Blaise. — Sur le bord de la route départlÿ, » mentale de Fougères à Laval, et ä une petite distance du bourg deDompierre, on rencontre une petite chapelle qui est dédiée il saint Blaise et qui était, avant la Révolutibn, "le titre

. d’un prieulé dépendant de l’abbaye de Saiut-Jouin de lllarries,

au diocèse de Poitiers.

L’époque et les circonstances de sa fondation nous sont également inconnues, et le plus ancien titre le concernant, que nous possédions, est de 1625. C’est un acte d’investiture donnée a Alain Laurent par Pierre Le Coruulier, évêque de Rennes. (Arch. dép., sér. G.) La chapelle y est désignée sous le nom (le Capelle sancti Blasil’alias prio-l-‘altls de Pont-Roznmy in capellà de S. Blaise intra limites parochiœ de dono Pair-l’ (sic).

Dans les actes français, il est généralement (lésigné sous le nom de Prieuré de Pont-Rémy S. Blaise. à A d

Ce nom de Pont-Rémy est sans doute celui du pont sur la Cantache, près duquel.il est situé, et qu’il lui a emprunté.

Ce petit bénéfice, qui avait le titre de prieuré simple et régulier, rapportait annuellement a son titulaire une somme de cent livres, indépendamment de celle de soixante livres qu’il abandonnait“ au recteur pour la célébration de deux messes, à laquelle il était obligé chaque semaine.

Voici les noms de quelques-uns des derniers prieurs : Alain Laurent succéda en 1625 à Pierre Vallet. — 1’760, dom Odom Hombel, religieux de l’abbaye de Saint-bielaine. — 1782, dom Charles-Joseph Béry..

On a découvert en 1850, près du village de la Jalcsne, deux cercueils en calcaire coquillier, semblables 3l ceux que l’on a découverts différentes reprises aVendel, a laouvigné et au Cllïltellier, ole. l i ’ V

Je suis porté a croire, bien que je ne puisse donner a-rtcune preuve a l’appui, que cette. paroisse était traversée par une voie romaine qui devait se rendre de Jublains à Rennes ou à

Corscult ; Cette voie ; dont le premier tronçon est reconnu ’

entre Jublains et la Mayeuue qu’elle traversait, près du bourg de Moulay, n’a pasiété, ce me semble, recherchée dîme manière assez sérieuse dans notre département. La découverte des tombeaux de la Jalesue, le nom de notre paroisse, — enfin celui d’un champ près de la Jalesue, qu’un aveu du xvn“ siècle

— désigne sous le nom de champde dessus la voie, me font sir-p :

poser que des recherches soigneusement faites dans ces parages pourraient avoir un heureux résultat. Cunriosités itattrrelles,— À un kilomètre environ du bourg de Dompierre, à. droite de la route départementale de Feugères à Laval, et a une petite distance du point (Pintersection de celle-ci avec le chemin de fer, ou aperçoit un groupe de rochers dont la disposition est fort remarquable. Il consiste

en deux masses énormes, placées en face Puue de Parure, de" i

chaque côté d’.une profonde vallée au milieu-de laquelle coule un faible ruisseau,.qui n’est autre que lu rivière de Cantache. Ce groupe de rochers, qui a perdu beaucoup de l’aspect à la fois grandiose et pittoresque qu’il avait autrefois, depuis que Fou exploite le quartzite dont il est formé pour Yeutretien des routes dans la cotitrée, porte dans le pays le nom de Saul-Rolland, sous lequel il est devenu légendaire.. —« S’il faut, en eliet, s’en rapporter la tradition, le héros de la chevalerie fabuleuse, le fameux Rolland, aurait un jour franchi avec son cheval l’intervalle de cent mètres qui sépare les deux rochers, et cela même a plusieurs reprises. Une première fois, ce fut pour le ben JDÏGZL, et un bond de son coursierlle lança sur la roche opposée. Une seconde fois, ce lut pour la bonne Vieiêgg, et un effort du généreux palt-ifroi le reporte à Fendroit d’oii7il- était parti ; enfin, il essaya de sauter une troisième fois pour sa dame, mais ce fut pour son malheur. Uinfortuné Rolland et son coursier tombèrent au fond du précipice et périrent dans leur chute.

On voit encore gravées sur la pierre les traces d-’un fer a cheval, qui viennent à l’appni de cette légende. Mais comme elles ne représentent que la moitié de sa forme, Fou observe judicieusement que c’est la que le pieddu cheval de Rolland glissa lorsqu’il sauta pour sa fatale maîtresse.

Non loin de l’endroit où sauta Rolland et dans le même massif de rochers, l’on rencontre la pierre dégouttant, ainsi nommée parce qu’elle distille «continuellement des gouttes d’une eau transparente, qui tombent dans un bassin profondément creusé dans le roc. Cette pierre, jetée sur la limite dÏuue roche’qu’elle dépasse de près de la moitié de son volume, a été longtemps, de la part des habitants dupays, l’objet d’une superstition que résume un (licton populaire ana quel elle a donné lieu : Quand la pierre dégouttant. tombera, le jugement viendra.

Heureusement, ces superstitions surannées, qui tenaient les populations de nos campagnes asservies sous le joug de la crainte, tendent a disparaître bientôt ; et si nous étions parfois tentés de les regretter sous le rapport de la poésie, dont « elles imprégnaient nos mœurs, nous devrions nous consoler de leur perte par la considération des avantages qu’en retire la dignité de l’homme, dont elles rabaissaient la destinée au point de la faire dépendre d’un caprice ou d’une bizarrerie de la nature.

MM. Ducrest de Villenenve et l’abbé Bucheron, aujourrPhui aumônier de Saint-Méen, ont publié chacun leur légende sur le Saut-Rollaand : le premier, dans FAnnuaire de Farrond-issement de Fougères pour l’année 1838, p. 59 ; le second, dans le Magasin Universel, année 1836-37, p. 195.

Terres nobles..—s I. La terre de Launay-Vendel. —. Cette terre, unie (ÏBDUÎS longtemps a celle du rBois-le- Houx (voir-L-uitré), élaitla terre seigneuriale de la paroisse. Elle donnait à son possesseur le droit-de haute, moyenne et basse justice -, droit de prééminence dans l’église de Dompierre, de litre et de ceinture au dedans eteau dehors ; droit de quintaine, etc.

b :

Je dois a l’extrême obligeance de M. le comte de la Belinaye la communication d’un aveu présenté 11 la Gourde Châtillon le l“ mars 1581,.qui nous donne, sur la manière dont était exercé ce droit de quintaine, des renseignements trop curieux. pour que je ne me fasse pas un devoir de les reproduire : — a

a Conlesse avoir droit de quintaine sur tous ceulx qui

épousent filles ou femmes en l’église d-u dict Dom Pierre ; lesquelz nouveaulxa mariez, l’an de leurs épousailles, sont tenuz, au jour Sainct Pierre, premier jour (Yaougst, comparoir par-‘deævant les juges et OÎÏÎCÎCFS de la dicte Court de Vendel, au pauiz de Verdun, après les vespres dictes en l’église du diet lieu, chacun d’eulx garniz d’une lance gaye de boys et faire, leur debvoir de courre et rompre leurs lances contre un post et escu y estaut. planté.

ci Aux quelz coureurs le d. sieur du Bois-læhou et de Vend el doit fournir de cheval, esperonset fer de lance appelé Hoquet et à faulle aux d. coureurs de demander congé de prendre les d. esperous, de monter sur le d. cheval, de courir et de descendre après avoir couru et ouster les dictz esperons et de rompre leur «licte lance, »y a amende d’unemyne d’avoine mynue (3 hectolitres) sur chacun des diclz défaillons à faire le d. debvoir et aurcas quilz aient-trompe leur dicte lance, ils sont subjectz à Famende d’une myne de la d». avoine. »

Le même aveu mentionne un autre droit curieux qu’il expose de cette manière :…

tu Aussi que la dernière nouvelle mariée qui dernièrement vu1 4 - 16 « es pou seroit en la d. paroisse de Dom Pierre du chemin, auparavant la feste de l’Ascension deN. S. J. C. en l’an de ses épousailles doibt et est tenue à issue de la grande messe dicte en l’église rlud. Dom Pierre, qui est le jour que la procession se fait par les parotiaissiens alentour de la Blée d’icelle paroisse et par devant les d. juges et officiers de lad. Court de Vendel, bailler et présenter and. seigneur du Bois-le-hou, a raison des droiclz seigneua riaux à lui appartenanlzla cause de lad. seigneurie de wVendel, ung chappeau de fleurs, le quel lecl. seigneur ou son procureur donne et présente à icelle fille que c bon luy semble en la dance publique qui se faict led. jour, en l’assemblée (Ficelle procession, en la quelle se trouve grand nombre (le jeunes filz et filles hounestement et paisiblement, la quelle fille à laquelle est donne le dict chappeau (loibt le debvoir de baiser and. seigneur ou a son procureur. »

La seigneurie de Launay-Vendel ne comprenait primitivement que le manoir, la métairie et le moulin de Latmay-Vendel, avec les fiefs suivants : le bourg, de Dompierre ou la Comté, le Pin, Brécé, la Jalesne, le Theil, Beaulictt, Launay-Fusel, les Vallées et une partie des fiefs CÏATdiÜOtL et de la Foucattchére ; mais en 1615, M. René du Bois-le-Houx l’accrut de la plus grande partie (les fiefs qui dépendaient auparavant de la terre des Haries, et qui lui furent cédés par M. Germain Le Limonnier, leur propriétaire. p -

Les fiefs de la Comté et de Beaulleu donnaient alleur possesseur droit de coutume sur les denrées et marchandises qui passaient du pays de France on du illlaine au pays de Bretagne, avec entende esusr les contrevenants ; étaient néanmoins exemptés Cella} qui allaient en la ville de Vit-ré, à laquelle ils acquittaient ce devoir. Par suite d’une concession faite par les anciens seigneurs, il appartenait aux teneurs de ces fiefs pour les denrées et marchandises qui passaient par le chemin chartier. (Aveu précité.)

II. La terre des Haries, avec droit de basse justice dans les fiefs qui en dépendaient.

La terre des Haries se composait, à la fin du xv1e siècle, de la maison seigneuriale avec ses dépendances, les trois métairies des Grande et Petite-Hem", du Donzaine ou Illétairie-Neuve, et du moulin de Courtcilic.

Elle avait dans sa mouvance les fiefs suivants, situés dans les paroisses de Dompicrre, de Lilitré, de La Celle-en-Luitré, de Javené et de Parce : la llîorinais, la Graf/‘ardière, ’la Bavssetière, la Boche ou la Chaérinc, la Guënaudié-re, le Haut et Bgs- Loisil, la Frazelière, la Pouvez-t’être, la Houducière, les

"Landes, le grand fief du bourg de Javené, le Bois-Grosse. la

Haya-is, la Charbonnière, Çures, la Rebesque ou la Brèche, et enfin une partie des fiefs dfidrdillouæ et de la Fouaau ; dière. a a ’ ’

En 1645, Germain Le Limonniervendit tous ces fiefs, à la réserve de celui de la Jlforinais, à René du Bois-le-Houx’, à la charge de payer le donaire de Perronnelle Œlälrbrée, veuve de Michel [Je Limonnier, sieur (le La Marche, son oncle.

"Par le même contrat, le seigneur du Bois-le-Houx concéda au vendeur un droit de basse justice et d’enfen avec celui (Parmoirics au côté droit de l’église de Dompierre, devant l’autel de saint Jean.

Les Haries appartenaient en 1476 à Pierre de la Bonexière ; en 156%, à Gabriel de Montgommery, comte de Longes, de Bourgbarré ; des Rochers, etc. ’ A

Au commencement du xv11e siècle, à Leonard de la Bizaie, sieur depBeauehêne, inari de Andrée Le Jariel ; qui l’échangea avec Jean Le Linionnier ; lequel en prit le nom. A

En 1629, un de ses successeurs, M. Édouard Le Limonnier, les vendit à Jean Hameau, qui sept ans- plus tard, en 1736, les revendit lui-même in Nicolas Alleaume etnä. Jeanne Le Liepvre, sieur et dame du Chasteignier.

Jeanne Alleaume, leur fille, ayant épousé «M. Jean Le Bouteiller, elle lui porta la terre des Haries, que leurs descendants ont possédée jusqu’ä nos jours.

III. Le lieu et la métairie du Theil.


V. - FLEURIGNÉ.

Florineium, 1242, actes de l’abb. de Savigny. — Florinë, 1361. — Florigné, 1429, — E. d ; Florigneio, pouillé de 1516.

Histoire religieuse- Ijéglise de Fleurigné était un prieuré

dépendant de l’abbaye de Rillé et desservie par un religieux, de cette abbaye. Voici les noms de quelques-uns de. ceux qui, dans les deux derniers siècles, ont été appelés à remplir cette

fonction : 1606, F. Nicolas Breillet. — 1644, F. Jacques-

Gérard. — 166”, F. Alexandre Bourée. — ’1670, F. Jean du Ponchel. — 1690, F. N. Bincolais. — 1’703, N. Pyart, + 1728. — F. Louis Deniau, + 1749, N. de Guéry. —

1754, F. N. Perruclion, +1781, F. N. Le Marchand, qui,

en 1’792, fut transféré à Saint-Léonard de Fougères comme curé constitutionnel. Archéologie. — L’église de Fleurigné, sous Pinvocalion de

saint Martin, archevêque de Tours, se compose d’une nef et de‘

deux transepts d’une grande régularité. Quoiqdelle présente des traces’de restaurations faims a "diverses époques, -on peut néanmoins la classer parmi les édifices du temps de la renaissance, lye style de cette époque dominant’presqwexclusivement dans toutes ses parties. Le chevet est a pans coupés, et la porte du transept sud présente pour principaux caractères des chambranles en application, ’avec une archivolte ornée de crosses et surmontée d’un arc Tudor.

Le millésime de 1729, placé 30711858118 de la porte, indique la date de la construction de la façade occidentale, qui n’offre rien de remarquable.

Le toit repose sur une corniche composée de petits modilè lons en pierre et d’un aspect assez agréable ; air-dessous, on

remarque une série de pierres de tuflean engagées dans la muraille, —et sans doute destinées a recevoir des écussons dont

la Révolution a fait disparaître les traces.

Dans le chœur de l’église et du côté de FÉvaugile, on reremarque un enfen, dans «le style renaissance, anciennement

consacré a la sépulture des seigneurs du Bois-Février et des

membres de leur famille. Unacte de 1615, faisant partie du dépôt des archives dé-

parte mentales, constate qu’en cette année M. Gabriel de Lan- «

gan fonda dans l’église six chapelains, aux émoluments "de quarante livres chacun, pour célébrer, tous les jours de la semaine, une grandïnessepsur le tombeau de ses ancêtres. Cette rente fut supprimée, dans la suite, par un des descendants du fondateur, qui alïecta s ce service les revenus de la terre du flallay-Robert, en Laignelet., l Trois panneaux de la chaire oflrent des sculptures assez bien traitées et représentant des bouquets de fleurs avec des épis de froment. ’ ' V Une inscription ainsi conçue : Fut fa-ict par la grâce de

Dieu par M. Julien Éoutay chèrpantie151669, et placée sur ’

l’un des arbalétriers de Fintertransept, indique Fépoque à laquelle cette partie a été reconstruite., ’ Chapelles. ê» On comptait ayant la Révîrolution cinq chapelles sur le territoire de cette paroisse : 4o au Bois-Février,

elle était ruinée dès 1688 et n’a jamais été rétablie ;,

2o À Patrion, "sous Pinvocation de saii1tAhral1am° “elle airaît 7 été fondée, en 1657, de vingt livres de rente, pour la célébra-

lion d’une messe chaque semaine, par M. Jean de Quenouard, seigneur de Patrion, fondation qui fut renouvelée en. 1735 par M. Robert Avenel, seigneur dudit lien et du Piessis.

On y allait en pèlerinage le lundi de la Pentecôte, — el il se

tenaitce jour-là une assemblée assez importante sur le piacis qui Penvirontie. Encorefort suivi dans les trente premières années de ce sièclegle pèlerinage est entièrement. abandonné aujourd’hui et l’assemblée est tombée avec, lui.

3o À la Motte-dîgné ; elle existait dès 1579 etelait alors desservie par un chapelain ;

4o À Fourgon ;

5o Enfin, à Montbraud.

Histoire féodale. — Dès le xur siècle, Fleurigné était lie siège et le titre d’une vairie, qui for-ma plus tard la sergenterie ou bailliage du même nom, et» dont., la terre du Bois-Février était le gage féodé.,

La première mention que j’aie rencontrée de cette vairie se rapporte à l’année 1242. En cette année, Baoul III, seigneur de Fougères, donna a l’abbaye de Savîgny dix livres tournois pour une chapellenie et cent’sous pour une pitancea la communauté, le jour anniversaire de sa morue prendre chaque année, le jour de la Décoliation de saint Jean-Baptiste, sur sa uairie de Fleurigné et aux mains de son voyer et de ses successeurs.

Du reste, le nom de Fleurigné ne me paraît pas avoir été le titre primitif de cette vairie ; dans l’énumération des diverses circonscriptions entre lesquelles se partageait la terre de Fougères au an“ siècle, el’. que nous trouvons dans la « grande charte donnée, en’1163, par Raoui Ilen faveur de Bille, savoir : Louvigner, Le Vendelais, Le Coglaiis et Loerrum, les trois’premières nous so-nt connues, et Jen dehors

æ.

d’elles ii ne «reste que le territoire correspondant «ä celui que‘ nous trouvons plus tard désigné sous le nom- de vaïrie de Fletïrigtié ; c’est donc ace territoire que je me crois fondé dhttribuer ce nom de Locrtjum, dont l’explication n’a pas encore été donnée. Quant à l’origine de ce nom, je ne saurais émettre qu’u’ne conjecture ; mais il me semble qu’on peut supposer qu’il est le nom primitif d’une terre de Laignelet, aujourd’hui Louedron, donnéeau xnïsiècle à Pabbaye de Bille ; et qui aura été, dans le principe, le gage féodé de cette vairie.

Le bailliage ou sergenterie de F leurigué comprenait les paroisses de Beaucé, de Fleurigné, (Vigne (ancienne paroisse), de la ChÛPÛHCfJHÏÎSOÛ, de Laigttelet et du Loroux ; quelq-ues fiefs de Lecousse (la Dauiais, la Dorissais et Villeerbue) et celui du Haut-Mousset, en la chapelle Saint-Aubert.

Les conditions de son -existence ont été profondément modifiées par la création de deux nouvelles’sergenteries formées dans son ressort : la première, celle de la Chandronnerais au xv” siècle, celle de Montbraud au’xvti“ :

Par suite de cette double création, le sergent du Bois-Fé-

yrier n’eut plus a faire la cueillette des rentes dues au bailliage, (rebord que deux années sur trois, e.t plus taiäd que tous les-trois ans, à l’exception-n de la paroisse du Loroux, dans la.quelle il conserva toujours le droit exclusif {Pexercer les droits de sa charge ; il ÔUÙCOHIÎHUOI néanmoins de faire chaque année, ‘a la recette de Fougères, l’apport et l’a.cquit des rentes dues au seigneur, lesquelles lui étaient remises par les deux autres sergents dans les années de leurextareice, lui seul ayant qualité our faire cet apport et en recevoir décharge. ’ Le revenu de ce bailliage consistait, au commencement du xvxti” siècle, en L529 boisseaux 3/4 d’avoine menue, un muid de vin estimé,30 livres, et 74 livres 4 s. en’monnaie. Le tout rêvalué à la somme de 1,692 livres l sol 6 deniers.

Le seigneur du BoiseFévrier avait, a raison de z sa sergenterie, outre les (lroits attachés ä sa charge, celui (le havage à la foire de la Magdelaine, qui se tenait au lieu de ce nom, près Fougères, le 22 juillet de chaque. année, ainsi.qu’à l’as« semblée de Beaucé, le jour de la fête de saintÿArmel (i). Il avait, en plus, un droit de hou teillage de «i deniers sur chaque pipe de vin amenée à chevaux dans la ville de Fougères, à la

(1) ll y avait autrefois des assemblées dans la plupart des paroisses, soit à l’occasion de la fête patronale, soit à l’occasion de la fête de quelque saint qui était honoré d’une manière plus particulière dans leur église, et à l’autel duquel les populations des environs se rendaient en pèlerinage.

Ces pèlerinages ne tardèrent pas à perdre tout caractère religieux, et dégénérèrent plus tard en assemblées tumultueuses dans lesquelles la religion et la morale étaient indignement outragées.

Dans le cours duxvize et du xvrne siècle, les évêques de Rennes, frappés des abus qui en résultaient, essayèrent plus d’une fois, par leurs mandements et leurs exhortations. et dans leurs visites pastorales, (l’amener leur suppression, mais ils ne purent y réussir.

Il arrivait quelquefois que plusieurs paroisses se réunissaient pour donner plus (l’importance et plus de solennité à leurs assemblées. Ainsi, les paroisses de Louvigné, de Saint-Georges, de Poillevy et de Mellè avaient une grande assemblée commune le jour de la Pentecôte.

Les habitants montaient à cheval, tenant à la main des’ étendards, qu’ils appelaient des étendards du Saint-Esprit, par raison que la con frairie dont ils se prétendaient membres était sous son invocation et son patronage. Ils allaient ainsi en cavalcadesfijusque dans les cimetières des paroisses et a la porte des églises, dans lesquelles ils troublaient le serviÿe divin ; dans les promenades, ils arrêtaient devant toutes les croix qu’ils rencontraient, et chantaient devant elles des prières de leur façon, auxquelles ils mêlaient mille extravagances.

En 1’100, le désordre fut tel que M. de Lavardin, qui avait épuisé, pour les faire cesser. tous les moyens en son pouvoir, exhortations, remontrances et censures même, eut recours à la justice et porta plainte au Parlement, qui, sur le réquisitoire du procureur général, décrète de prise de corps plusieurs des plus mutins et des plus entêtes.

L’un d’eux, nommé L’Èvêque. fut détenu pendant près d’un an dans les prisons de la Cour. Il se qualifiait du titre de vicaire de cette séditieuse confrérie, dans laquelle. il semait le trouble et l’agitation. destination d’autres que des bourgeois, et de.8 deniers par celles qui étaient amenées c ; bœufs.

Par contre, il devait rendre et payer au château de Fougères acquit de (leu) ; muids de vin, moitié d’entre Chartres et blayenue, Feutre moitié de la quinte d’Anjou, dont les fûts et les lies devaient lui être rendus.

Terres nobles. — I. La terre et seigneurie du Bois-Février, avec droit de haute, moyenne et basse justice, de prééminence et de seigneur fondateur dans l’église de Fleurigné.

Cette terre, qui fut érigée en baronnie en union avec Montbraud, le 16 octobre 1658, et en marquisat en 16711, en l’aveur de M. Gabriel de Langan, appartenait, a la fin du xw“ siècle, à Geoffray Février, l’nu des capitaines les plus renommés’de cette époque, compagnon de du Guesclin, dont il reçut la capitainerie de La Guerche, qu’il occupa jusqiÿa sa mort. (D. Mor., Pin, l, col. 1633, 31a et 33-, Il, col. 997, etc.)

A (léfant «Tenfaiitsi mâles, qu’il ne parait pas avoir laissés,

la terre du : Bois-Février passa à Isabeau Février, sa’fille, qui la porta dans la famille de Langan par son mariage avec Simon de Langan. i

Cette famille, dont-le berceau semble avoir été la paroisse de Langan, dans Pérêché de Dol, était une des plus nobles et des plus considérables de la province. D-ès le x1e siècle, oñ roit figurer le nom de ses membres parmi les fondateurs des

églises et des monastères, et parmi les principaux personnages , attachés aux seigneurs de Dol et de Dinan, qu’ils assistent,

(lans un grand nombré d’actes, en qualité de témoins. (Dom Mol’., P1‘. l, col. 429, s67, 65s ; 77s, etc.) t

’ Elle ne semble pas être sortie des évêchés de Dol et de Saint-Malo, où elle sfétait considérablement développée, jus : qu’aux premières années du xv” siècle. A cettevépoque, on rencontre tiualre ide Langan : Olivier, Pierre, Raoullet et Simon, le mari (Plsabeau Février, le seul dont nous ayons à nous occuper.

Ce seigneur paraît avoir été très-attaché a la personne de Jean II, duc d’Alençon, rle dernier des seigneurs de Fougères de la Liaison de France : ce prince ayant été fait prisonnier à la bataille de Vernenil (1 3,24), et n’ayant pu obtenir de recouè vrer sa liberté qu’à la condition de verser la somme énorme de 200,000 écus pour sa rançon, le sire du Bois-Février se constitua comme un de ses otages. A ’

Quinze ans après, le duc, reconnaissant du service qui ! lui

avait alors rendu, lui donna une sauvegarde pour lui, ses

gens, ses familiers, métayers et serviteurs, ses blés, vins, avoines, bestails, nourritures et toits ses autres bienset choses en quelques lieux qu’ils fussent. (Id., P1‘. Il, col. 1324.)

Dans le siècle suivant, un de ses descendants, Claude de Langan, seigneur du Bois-Février, fut gentilhomme et grand panetier de la reine Catherine de Médicis en 1558, gouverneur de Rennes en 1566, puis maître d’hôtel du roi et de la reine, gouverneur et lieutenant-général pour le roi au pays Yendômois, etc.

Il occupait ces diverses charges lorsqu’il mourut en 1569, et la reine, en reconnaissance de ses services, autorisa sa veuve et ses enfants à demeurer dans le château du Loir.

I (ld., Pr. III, col. 1366.) ’

Durant la Ligue, le seigneur du Bois-Février se montra très-dévou’é au roi. Il paraît même que son dévouement lui suscita quelques vexations, a la suite d’u=ne sédition qui éclata à Fougères en 157 :1. (n. Mor., Pi‘. m, col. 1’441.)

Plus tard (1591), ayant été chargé d’une mission en Bretagne, de la part du roi, il tomba au pouvoir des ligueuraqui" feignirent de mettre en doute le caractère officiel dont il étai-t revêtmafin de le tiraitei autrement qu’un prisonnier de guerre. Le roi, informé de sa position, n’hésita pas a avouer la mission qu’il lui avait confiée, et h déclarer qu’il n’avait agi que dbprès son exprès et forrpel commandement.

Lesligueurs consentirent dès lors a île traiter conformément auxrloîs de la gilerre, et l’enfermer«ent au ohàteaude

Fougère-s, où ils le détinrent prisonnier jusqu’au mois (Parril,

1593, qu’ils lui rendirent la liberté moyennant une rançon de 11,000 écus. (D. Mon, P-r. III, col. 1558, 1561.) La terre du Bois-Février fut vendue rationnement à

l’époque de la Révolution et rachetée plus tard par 1M. de‘

Vaujnas, qui avait pensé l’héritière de la maison de L-angan ; elle appartient aujourd’hui à le-ur petit-fils, id. le vicomte

Christian Le Bouteiller.

L’a terre du Bois — Fourier" était composée ainsi qu’il suit :

Douniun PROCHE. — 1o Le château, la métairie et le moulin de Février ; 2o les métairies de la Gttiberäiêre et de la J’eus.-

« soya ; 3o la terre et seigneurie dé Fourgon, sur laquelle exista-à une ancienne motte, contenant environ 500 journaux (1) ;

44o la fterïre de iîlontbrault. (Cette terre, unie au Bois-Février

vers 1650, appartenait "antérieurement à la famille du Hallay. {n’avoir pour la réformation constate qu’elle possédait autrefois un ancien château, clos de fossés, murailles. et pont-levis, 1680.) 5o La métairie noble dzgfizut-Montlaraud. 7 Mouvaucns. — En Fleurigné :. les fiefs de. La Piehonnerie, 60 journaux ; de La Ilîartirtière, 100 journaux ; de PÉpine, 460 journaux ; du Bois-Gaucher, 60 journauxçde La Gam-borire et de Jehaztnay, 2920 journaux ; le grand fret de Illumbra-ud, d’où dépendaient les fiefs de Centaine et de La Gambrètière, 160 journaux ; les fiefs de La Petite-Bue‘, de La Coetfordièreet de La Galaiserie. 140 journaux.

(i) On trouve en 1102 un seigneur de Fourgon, Robert de Fourgon. (Doni Mor., Pr. I, col. 656L) i

En Laignelet : les fiefs de La Faucheraie, 100 journaux, et. de FHomnzée, M0 journaux.

En Luimäet La Sclle-en-Luitré : les fiefs de Le Couen» nerie, de FOrberie et de La Pignonniére.

II. — La flIotte-Lïlgnë, avec droit de haute, moyenne et i

basse justice.

Cette terre avait ses seigneurs dès le commencement du xu° siècle. La donation de l’église et de la dîme du Loroux à l’abbaye de Saviguy, par Raoul de Fougères, est faite avec Fasseutiment ! de Jean dîgné, qui donne aussi 1a dîme de sa terre. (D. Mont, P-r. I, col. 606.) ’

Cette terre appartenait, en 14H, à Pierre de Gaine ou de‘

Gagne, du chef de literie de la Croizilie, sa mère ; en 1485, à Guillemette de la Vairie ; en 1543, à Ambroise Le Pore ; en 1579, à Çuy Gefïrard, sieur de La Leutillèrè, du’chef de Renée Le Corvaisier, sa femme ; en 1639, à M. Pierre du

Châtaignier ; en 1659, à M. Berlrand du Guesclin, de La

Roberie, de Cariquet, du Plessis-au-Breton et de La Mottedîgné ; enfin, en 1680, à Mm“ Hélène du Gueselin, marquise du Brossay. A ’

Le domaine proche de cette terre consistait simplement dans les métairies de la Illolte-(Plgné et du Bois-deelÿigneztl, et sa mouvance dans le grande fief de la filottcædîgizé, 7 à 800 journaux ; les fiefs de FE/ficerée, 100 journaux, et de La Gesrie, près le bourg du Loroux, 126 journaux.

III. — Patrion, en 1680, à M. Michel de Quenouaflz, sieur de Pàtrion, terre formée des métairies de Ratrion et de Gicour, et du fief et bailliage de La llfonnerie, 86 journaux.

IV. — [ÏE/jîcerie (PEvesserie auxv siècle). VI. — JAVENÉ.

Jauené, Jaiaeueium, xu° siècle. (Blaucs-manteaux, 45,

p. 677 et 678.)

, Histoire religieuse. — Les documents contemporains nous apprennent que, tdans les premières années du un“ siècle, Étîenne de Javené, qui était sans doute le seigneur de cette

paroisse, puisqu’il en portait le nom, donna le huitième de ses dîmes aux religieux de Pontlevoy pour Ventretien de leur prieuré dîgné, donation qui fut plus tard ratifiée par Geoffroy son fils et ses autres enfants.

Son exemple trouva des imitateurs dans les autres seigneurs, possesseurs de biens en.cette paroisse, si bien que- nous voyons, un demi-siècle plus tard, les religieux de Pontlevoy

prétendre ä la jouissance de la presque totalité de ses dîmes. ’ ' Ces prétentions étaient-elles fondées ? Ce qui se passa peu de

temps après entre eux et Robert II, seigneur de Vitré 14152-

M78), tendrait à faire supposer le contraire. Ce seigneur, en

elTet, de la terre duquel relevait la paroisse de Javené, ne voulant pas admettre leurs prétentions, consentit, d’accord avec eux, à soumettre les questions qui les divisaient à Varbitrage de Josse ou Joscius, archovêquede Tours, (levant loquet -

il se fit représenter par Reginald, son chapelain, et Robert, prieur de Notre-Dame. v *

Les représentants des religieuxqfurent. les prieurs de Pontlevoy, d’Amboise et îdîgné. u v

Le prélat n’eut pas de peine à les mettre d’accord, et il fut convenu que le seigneur-de Vitré abandonnerait aux religieux la moitié des (limes de la paroisse, dont l’autre moitié lui appartiendrait, et qu’ils feraient bâtir a frais communs une grange qui serait également commune entre eux, les religieux devant rendre au seigneur un bon et fidèle compte de tous les produits qu’ils y auraient rassemblés. Plus tard, en 1207, les dîmes de Javené donnèrent lieu à une autre contestation entre les, religieux de Pontlevoy et les chanoines du prieuré d’Allion, de Perdre de la Gastine. Mais Fallaire, presque irnmédigtement assoupie et réglée par les bons olfices de Robert de Vitré, frère du seigneur et chantre de Paris, n’eut aucune suite. ’ i

La cure était à la présentation d’un des chanoines de l’é>giise cathédrale.

Recteurs de Javené. +1590, M. Jean Chaussière, chanoine de l’église cathédrale de Rennes. — 1620, M. François Le Porcher. — 1631, M. Gilles Debregel, sieur de la Gai-mine tière, docteur en Sorbonne. — 1657, M. Nicolas Le Febure. —1663, M. François Prières, 1707, M. François-René Pitteu, + 1736. — 1737, M. P.-J. Pioger, transféré à La Bazouge-du-Désert en 1749. — 1750, M. N. Beaudouiu. — 1772, M. N. Renard. — 1786, M. Julien-Pierre Maigné, + 1834.

Archéologie. — Uéglise de Javené est sous Pinvocation de saint Martin, archevêque de Tours.

Il résulte »d’une note que j’ai extraite des registres des comptes de la fabrique de l’église Saint-Sitlpice, pour l’année 1498, qu’elle était en construction en’cette année : à Pour avoir loué les sou/[teîctz (1) de l’œuvre de cyens aux nmczons de Javené pour attctm espace de temps ont reçu les (Iictz thesorieæs XXVI s. n Du reste, elle présente tous les caractères

A saillants du genre Œarchitecture qui florissait à cette époque, et il n’était pas nécessaire, pour déterminer s.on âge, de trouver ’

(1) Sans doute les soumets de forge pour refaire les pointes des marteaux et ré1rer les outils propres à tailler la pierre. la date de sa construction dans un document écrit. Sa forme est très-irrégulière ; elle se compose d’une nef principale accompagnée d’un collatéral avec lequel elle communique au moyen de quatre arcades ogivales au Nord, et d’une chapelle on transept seulement au Sud. Laplace correspondante à celle-ci est. occupée de l’autre côté par une sacristie voûtée, avec des arêtes et des arcs doubleaux a nervures prisma-tîques.

"Uéglise de Javené paraît avoir eu autrefois toutes ses fenêtres garnies de verrières, et les débris qui en ont» été conservés sont de nature à nous faire regretter ce qui en a été perdu. Les panneaux qui ont échappé à la destruction représentent, dans une fenêtre, l’Annoncia’tion de la Sainte Vierge, l’Adoratioi1 des Bergers et l’Adoration des lllages ; l’image du

Père Éternel remplit le sommet de l’ogive, dans le tympan.

Dans une seconde fenêtre, Nolreseigneur au jardin des Oliviers, priant dans la grotte de Gethsémani, et saint Pierre endormi.

Dans une troisième fenêtre, au Sud, se trouvent les têtes ’

des quatre évangélistes.

Ces sujets sont assez bien traités et d’un bon coloris ; ils sont sans doute l’œuvre d’un artiste du milieu du 2m“ siècle, de Pierre Simon peut-être, qui, a cette époque, fit un grand nombre de vitres pour les églises de Fougères, et sans doute aussi pour celles des environs.

Uornementation du tympan de la fenêtre du transept est remarquable parla grâce de ses contours et une disposition des figures que je n’ai pas rencontrée ailleurs. Elle reproduit exactement une fleur de Pensée, moins l e pétale inférieur, qui

est rem lacé ar l’amortissement trilobé de l’o ive secondaire. P, D 3

La grande fenêtre du chevet est marée.

Il’église de Javené est accompagnée d’un porche qui semble avoir été primitivement idestiné à servir Œossuaire‘. Le mur occidental est orné de trois panneaux à ogive en accolade : l’arcade de l’entrée a son archivolte relevée par des choux frisés et (l’outres ornements du xi“ siècle. l Les murs de l’église conservent extérieurement les traces d’une litre. A On lit sur une des sablières, à l’intérieur, l’inscription suivanté :

C. TuHayee ‘me fist faire. 1544.

Et sur un des piliers, cette autre inscription :

J. de la-Bue et-. Marie de la Tousche sa l’ema fisdrent.

Une pierre du mur septentrional, ä l’extérieur, porte le nom de Ilenis. Ce nom, que l’on trouve également sur l’une des pierres de la côtière Nord de l’église Saint-Léonard, donne lieu (le supposer que les deux églises ont été, en partie du moins, Pœnvre du même architecte. a

La tour de Javené est fort élevée : elle a cnÿiron 1E0 mètres « le hauteur..,

Une inscription, placée sur la porte occidentale, nous apprend que cette partie fut faite en 1544. Cette inscription, gravée sur un écusson, zut-dessus d’un are Pudor qui couronne la porte, est ainsi conçue :

INRI.

A544. [E

FU S VP.. OZEE. (y posée.)

/

Le millésime de 1561, que nous trouvons gravé intérieure-. ment à, la partie supérieure, indique l’époque à laquelle elle fut terminée.

Elle a été, à la fin du dernier siècle, frappée par la foudre, qui la crevasse en plusieurs endroits et la lézarda dans toute sa hauteur.

Par suite de cet accident, elle était rédniteä un état de délabrement tel qu’une ruine complète semblait menaçante, lorsqu’en 1847 l’administration de la commune, effrayée des conséquences, songes ä y faire les travaux de consolidation

que conseillait la prudence. Elle dépense pour ces travaux une

somme (le 3,600 fr.

Il y avait, avant la Révolution, au village de la Rivière, une chapelle dédiée à saint Julien (1), dest de cette chapelle, qui était fort voisine, qu’a pris son nom le moulin qui se trouve aux bords de la roule de Fougères à Vitré, sur le Couësnon, à moins de cent mètres de l’endroit où il a reçu le Nançon. i

Terres nobles. — Les terres nobles de Javené étaient :

. I. — La’seigneurie de la Bécanière. A

Il. — La terre et seigneurie de POnglèe, avec la métairie de la Louairie. i

III. — La terre de lzfürande-Marche, avec le moulin de Galascher. i,

Le possesseur de la terre de La Marche avait droit de banc dans l’église de Javené. «

1V. — Les lieux et métairies de la Rivière, de la Feuvrie et de la Pilletière.

(t) Elle était fondée (le. 20 fr. de rente.

vu : ’ 17

I

vu. — LA CIlAPELLE-JANSON

Capella Jançon, x1e siècle (D. Mon, P4‘. I, col. 371). -Capella Janson, xm° siècle (Arch. départ, série G.). — Ecclesia Sancti Lezini de Capelle Janson, xm“ siècle (Ibidï). —

Capella Janczon, pouillé de 1516. a Histoire religieuse. — Une notice, extraite du Cartulaire de Pabbaye de Saint-Georges de Rennes, nous donne de curieux renseignements sur les commencements de cette paroisse Elle nous apprend qu’a une époque que l’on peut rapporter avec certitude aux années qui s écoulèrent de 1030 a 1040, une noble dame, nommée Roiantelinè, à laquelle elle donne le titre de vicomtesse, et que l’on s’accorde généralement à regarder comme la veuve du vicomte Eudon, ayant pris la résolution de quitter le monde et de se consacrer ä Dieu, fonda au bourg de Chavagne un monastère, dans lequtäl elle

réunit quelques compagnes éprises, comme elle, du goût de

la retraite et du désir de leur sanctification.

(Ïétait peu de temps après qu’Alain III, duc de Bretagne, avait fondé, auprès de la ville de Rennes, la célèbre abbaye de Saint-Georges, qu’il avait donnée à sa sœur Adèle. 9 4

Roïanteline n’ayan t pu réussir n’établit une entente comq plète entre elle et ses compagnes, et désespérant de leur faire

adopter la règle qu’elle s’était proposée, renonça à son premier projet et conçut le dessein de réunir sa petite communauté ä la nouvelle abbaye. i ’ Dans ce but, elle alla trouver l’abbesse et la supplia avec les plus grandes instances, tant en son nom personnel qu’au

(t) Le nom de Janson me paraît être un nom (l’homme.

{Jacta de donation de Pégtise de Laîgnelet à Pabbave d’Èvron fut passé en présence de Janson de La Chapelle, sans doute un des descendants du fondateur de cette paroisse. nom de neuf de ses compagnes, de les admettre au nombre de ses Sœurs, lui promettant d’apporter a sa «maison une portion considérable de leurs biens.

Ijabbesse résista quelque temps, mais touchée de la constance de Roianteline et de la ferveur de ses instances, elle finit par céder et consentit a la réunion qu’elle lui demandait.

La petite communauté de Chavagne vint dès lors se fondre (tans la grande abbaye, à laquelle elle apporta, entre autres domaines, l’église de la Chapelle-Janson avecïoutes ses dépendances.

Mais (Fou venait, a la communauté de Chavagnve, la pro-

priété de cette église ? De Ïloïanteline ou de quelquïme de ses

compagnes, descendante peut-être du fondateurP

Je lîgnore complètement.

Parmi les papiers concernant cette paroisse et conservés aux archives départementales (série G) se trouve une lzioticc dont l’auteur inconnu a entrepris d’éclaircir cette question.

Suivant lui, l’église de la Chapelle-Janson, qui, dans le

principe, appartenait à Eudon le vicomte, aurait été partagée

à sa mort 2 une moitié aurait passé entre les mains de Botanteline, sa veuve, et Fantrè moitié serait revenue au duc Geoffroy, lqu’ll avait institué son héritier.

Ce prince, lors de son mariage avec Hedwige ou Havoise, fille de Richard, duc de Normandie, aurait fait d’on à cette princesse de la part pour laquelle il était fondé dans la propriété de l’église de la Chapelle-Jausen, et cette princesse en aurait elle-même disposé plus tard en faveur dfiàdèle, sa fille, et de l’abbaye de Saint-Georges lorsqu’elle fut fondée..

Quant à la part de Roîanteline, cette dame l’au rait porté-e à la petite communauté de Chavagne d’abord, et puis à Fabhaye de Saint-Georges lorsqu’elle y entra elle-mêmé.,

Ces renseignements ne paraissent Ÿnnllement en contradicv tion avec ceux quenotte fournit le Cartulaire. Il existe même entre eux une certaine concordance qui semblerait tout d’abord leur donner quelque autorité. Mais en examinant de plus près les termes du Cartulaire, on reconnaît bientôt qu’ils excluent toute idée de division en ce qui concerne l’apport de Roîanteline. Capella Janson, porte-t-il, cum omnibus appenditiis suis sine calomnia alicujus hontinis. C’est donc bien l’église de la Chapelle-Janson tout entière, et non pas une moitié, qui constitua rapport de la vicomtesse.

Quoi qu’il en soit, la donation de Roïanteline a toujours été le point de départ de la possession de l’église de la Chapelle-Janson par l’abbaye de Saint-Georges, possession que cette abbaye a conservée jusqu’ä l’époque de la Révolution.

Elle en fit le chef d’un important prieuré, auquel elle subordonna la cure, qui fut réduite par la même à la condition d’un simple vicariat, dont l’abbesse avait la présentation.

Le titulaire de ce vicariat est désigné dans les anciens actes sous le modeste nom de chapelain. Ses droits et ceux de l’abbesse n’ayant pas été déterminés d’une manière bien précise dès le principe, donnèrent lieu quelquefois a ide longues et pénibles discussions. Enfin, vers le commencement du xm” siècle, "de nouvelles difficultés s’étant élevées, les parties

. portèrent l’affaire devant l’évêque de Rennes, qui était alors

Pierre de Dinau (‘l 199-1207), déclarant expressément s’en rapporter a son arbitrage.

Le prélat, après avoir examiné Fafiaire et pris conseil de personnes sages et éclairées, fit un règlement auquel elles souscrivirent, et qui depuis a toujours servi de règle dans les rapports de l’abbesse et du chapelain, jusqu’au jour où il fut déchiré par la Révolution. ’ '

Dans le partage des revenus des terres et des dîmes qui appartenaient à l’église ou qui pourraient qu’appartenir par la suite, a quelque titre que ce fût, il attribua les deux tiersa l’abbesse et l’autre tiers au chapelain. — i‘

Il

l

Il appliqua la même règle aux oblations faites i : l’église, tant aux jours de fêtes qu’aux jours ordinaires ; à l’exception toutefois de celles qui seraient faites le jour des Morts, après la fête de tous les Saints, qu’il attribue exclusivement au chapelain. Il lui attribue également, à l’exclusion de l’abbesse, les offrandes qui seraient faites a l’occasion des enterrements ou des sépultures, lorsque le corps serait présent, et, en général, tous les droits et produits casuels des ofiiees des morts. —

Puis, relativement au partage des dîmes, il statua qu’au

temps de la moisson elles seraient toutes transportées à la

grange du prieuré, où se ferait le partage du grain et de la paille ; enfin, que celle-ci serait fermée a deux clefs, dont l’une serait remise au chapelain, l’autre aux religieuses ou leur représentant, de telle sorte qu’une des parties intéressées ne pût pas y entrer sans l’autre. (Pris sur une copie faite en 1612. — Areh. déparL, série G.)

Les dispositions de ce règlement étaient exécutoires dans toute l’étendue de la paroisse, et recevaient uueexception seulement en ce qui concernait le trait de la Templerie, dans lequel les chevaliersudtt Temple percevaient les deux tiers des dîmes ; encore Feutre tiers était-il soumis «à la même réglementation. A

Quelque positifs qu’aient été les titres de lfabbaye de Saint-Georges, ses droits sur notre paroisse ne laissèrent pas de lui être plus d’une fois contestés. Les anciens documents nous ont conservé les traces de deux contestations, entre autres, quüälle eut a soutenir. La première, i en 15%, contre Mm” Aljzon dé Pontbellanger, abbesse de Saint-Sulpice, qui éleva quelques prétentions sur le prieuré en faveur de son abbaye, prétentions, du reste : auxquelles elle ne semble pas

avoir donné de suite ; la seconde, en 1635, — contre M. Robert,

curé, qui osa disputer le bénéfice à sa patronne. Mais le Pré’sidial vÿabord, par une sentence du 24 mai 1635, et le Parlement ensuite, par arrêt du 20 juillet suivant, firent bonne justice de ses prétentions, et confirmèrent l’abbaye de Saint-Gcorges dans la possession pleine-et entière de tous-les droits qu’elle avait jusqu’alors exercés.

J’aurais désiré donner une chronologie aussi complète que possible des prieures de la Chapelle-Janson ; mais, malgré toutes mes recherches, il m’a été impossible de remonter audelä du milieu du xr“ siècle ; même depuis cette époque, l’a,

liste que je donne offre des lacunes considérables. Je n’hésile pas néanmoins à la produire. Les noms qu’elle présente, et qui appartiennent tous aux premières familles du pays, sont de nature ä faire ressortir l’importance du prieuré.

Prieures de la Chapelle-Janson. —, En 1450, Bobine de Champaigne. — 155…, Jeanne Doré se démet en 155.1. — 1554, lliarie de Kermeno. — 1612, Jacquemiue Dehordes se (lémet en 162.1. — 1624, Jeanne de La Villéon. —.- 16113, Élisabeth de La Villéon. — 1676, Jacquette de Èectlelièvre. — 1693, Françoise de Keraly.

Cette dame fut la dernière prieure. Elle était encore titu-

faire lorsque le prieuré fut réuni à la mense abbatiale par

lettres patentes données a. Fontainebleau au mois d’octobre 1714, et enregistrées au Parlement de Bretagne le M novembre suivant..

Avant la Révolution, il se donnait dans cette paroisse une mission tous les dix ans. Cette pieuse fondation remontait à l’année 1667, et était Voeuvre de M. Léonard Le Boisne, prêtre lazariste de la maison de Saint-Wéen, qui y avait affecté une somme de 1,100 livres. Jene sais si ses intentions furent bien exactement remplies ; je n’ai trouvé de traces de mission, dans le cours du xvni” siècle, »qu’aux années 17,11, 1732 et 1764-, mais ces chiffres disent assez, du moins, que le pÎrin : cipe de la décennalité n’était pas scrupuleusement observé.

4

En 1772, dans la nuit du 15 au 16 janvier, des voleurs s’introduisirent dans l’église en brisant le seuil de. la —p»o.rte, a près du maître-autel, et s’emparèrent d’une somme de 4,400. et quelques livres qui était dans la sacristie.

Recteurs de la Chapelle-lumen..— En 1436, ML Pierre de G rigane se démet pour. la chapellenie de Montmnran. — 446…, M. Pierre Picot, + 1464. —’ «est, M ; Jean Papin. — 1604, M. René Texier. — 16924, M. Étienne Pavé, + 1637 ; M. Jean Robert. — 1667, M. Bertraud Berel, + 1683. —1683, M. lirlichel Duclos. — 1688, M. René Crespel. — 1709, M. Charles de la Jaille. — N°28, M. N. Maillard. — 1777,

q M. N. Malle. a

Archéologie. — Uéglise de la Chapellenlanson est sous l’invocation de saint Lezin, évêque däèuigers.

Elle a la «forme de la croix latine. Sa construction tout entière se rapporte aux 1m et xvit“ siècles. La nef est antérieure à l’année 1552, ’puisque le vitrail de la grande fenêtre, qui n’a pu être [ilacé que lorsqu’elle était entièrement terminée, porte cette date.

Le transept Nord a été terminé en 1552-, celui du Sud ne Pu été qu’en 1641..

On remarque sur {les nervures qui soutiennent les arêtes de

la yoûte de ce dernier, un écusson qui se retrouve ençore.

dans plusieurs autres parties de l’église. Cet eusson, qui est de gueules a laifasee dnrgent, chargée de quatre hermines et

surmontée de deux fleurs de lys Œargent, est celui de la

famille de Lys,.dout un membre, Eustache de Lys, sénéchal deRenne-s, avait épousé N. de Beaucé, dame de hlo-ntiram» mery.

Toutes les portes de l’église nous montrent extérieurement Parc Tudor avec ses accessoires ordinaires. Celle. du transept méridional il son tympan rempli par les principaux instnp monts de la Passion : la couronne d’épines, lemartoau, les clous et la lance ; le tout surmonté d’un cœur placé au som-i met de Paccolade. Cette figure du cœur se trouve également au sommet de Paccolade, à la partie supérieure de la porte au Sud de la nef, mais dans une position renversée.

Les fenêtres, qui se distinguent par quelque caractère, sont dans le style flamboyant. Les meneaux sont prismatiques et forment dans le tympan des dessins qui se rapprochent plus ou moins de la figure du cœur enflammé. Les archivoltes sont ornées de choux frisés.

La corniche est en pierre de granit : elle est creusée en gorge et relevée, au côté Sud, par des espèces de boules également espacées et faisant corps avec elle.

La sacristie, sur le mur de laquelle on lit la date de 1629, est un ancien ambôn ou chantrie qui communiquait avec le choeur au moyen d’une arcade aujourd’hui marée., Iéglise de la Chapelle-Janson possède, sans contredit, les

deux plus belles verrières de l’arrondissement de Fougères. L’une se trouve ä la grande fenêtre du chevet ;.l’autre à celle,

du transept septentrional..

La vitre de la grande fenêtre du chevet a été malheureusement très-endommagée. Les trois panneaux inférieurs ont même été entièrement détruits et sont remplacés aujourdflini par des verres de couleur. i ’

Voici, en commençant par la partie supérieure, l’indication des tableaux qu’elle renferme : i -

l“ Dans le compartiment en forme de cœur qui remplit le sommet du triangle ogival, un grand édifice qui figure» sans doute la Jérusalem céleste. A

2o Dans les deux cœurs qui se trouvent immédiatement au-dessous, et qui remplissent les interstices entre les arcs des,

trois ogives secondaires, l’Annonciation de la Sainte Vierge. L’un des panneaux présente l’image de Marie ; l’autre celle de Tange, tenant un phylactère sur lequel on lit les paroles de la Salutation Angélique.

3o La Sainte Vierge et l’enfant Jésus. Un ange présente la croîx au divin enfant, et un glaive transperce le cœur de sa sainte mère.

Au-dessus-de ce tableau, on lit dans une sorte d’ai’al)esqtie la date de 1552.

4o -Le prophète Élie recevant le pain que lui apporte une lèvrette, et un ange qui-lui adresse ces paroles : Surge et manduca.

5o Saint Lezin, "évêque (Dangers, et patron.de la paroisse, bénissant une jeune femme richement parée et agenouillée devant un livre ; sans doute la donatrice de la vitre. Le nom du saint évêque rsanctus Lezinus, est inscrit sur une banderolle dans le tableau. i

Àll-ÔBSSOIJS de ces tableaux se développait, sur une double ligne, une inscription commémorative presque entièrement détruite ; cependant on ylît encore ces mots : Robert Claude écuyer de Plédren… ses haultes… bon et belle… Dieu qui le loge et… cinq cens..

Les trois arcades trilobées, formées par l’amortissement

des meneaux au sommet des ogives, sont remplies par trois

écussons. Cent des deux côtés sont semblables. Ils sont d’argent, au lion coupék de gueules et de sinople, armé d’or. Celui du milieu est écartelé mi-partie de gueules à la fasec (Nierurines, mi-pdrtie Œazm‘, à la fasce d’argent, avec amulettes de gueules.‘.

Lespremiers appartiennent. À la famille d’Espinay et se rapportent vraisemblablement à Philippe d’E’spinay, qui. fut abbesse de Saint-Georges de 1573 à 1583, et qui petit-être était prie-ure de l’a chapelle Janson ä l’époque ou la verrière, fut-placée. ’ l

Le dernier nous représente les armes accolées de Robert Claude de la Chapelle, seigneur de Plédren, et de Charlotte Ferré, son épouse, qui, au xvi” siècle, avaient, dans la paroisse de la Chapelle-Janson, un droit de prééminence authentiquement reccnnu par un acte de 1533.

Les trois tableaux inférieurs représentent : l“ le saint homme Job sur son fumier ; 2o Abraham conduisant son fils, chargé du bois de son sacrifice, 3o enfin le saint patriarche

au moment où son bras est arrêté par range, lorsquÏil se disposait a immoler son fils.,

Les sujets représentés dans les panneaux inférieurs de la verrière du transept septentrional sont : 1o Une abbesse, mitrée et crossée, en tunique et en chape, la tête ceinte de Fauréole ; 2o un personnage, coilïé à Porientale, et portante bourdon de pèlerin, présentant une dame agenouillée devant un prie-Dieu, et sur le vêtement de laquelle on remarque. un écusson en partie détruit, mais sur lequel on distingue encore un demi aigle aux ailes déployées de sable ; 3o un archevêque, tenant en main une double croix et présentant un chevalier dont l’écu d’argent porte un aigle de sable, membré et becqué (Par, au bâton de gueules brochant.

Ces armes étaient celles de la famille de Beaùcé, qui avait droit de prééminence et les autres droits de seigneur fondateur dans l’église de la Chapelle-Jauson, ä raisonné la terre de lliontframmery, et les sujets représentés dans ces trois giletiers panneaux se rapportent sans aucun doute quelques traits de l’histoire de cette famille, dont ils étaient destinés a conserver le souvenir..

Les sujets représentés dans les panneaux supérieurs sont : l“ la Sainte Vierge tenantlenfant Jésus sur ses genoux :

auprèsr est un agneau qui cherche à monter sur elle et semble

vouloir jouer avec le divin enfant ; 2" un chanoine revêtu du rochet romain, bordé d’une fourrure.

o ’ I 

Il est représenté dans Pattitué de de la prière, a genoux devant un livre. Un ange soulève un draperie aw-dessïus de sa tête et semble le considérer.

3o Le troisième tableau est incomplet et fort confus. Il paraît formé des débris d’une ; autre verrière, probablement de celle du chevet z il se composait de plusieurs personnages, parmi lesquels on croit reconnaître un cardinal. Sur un fret ; ment de verre colorié, on lit- le nom de Claude, peut-être encore celui de Claude de Plédreu, et sur un, autre de verre blanc, ces mots : adonné cet… et au-dessous : fait ce en…

Les deux rangs supérieurs sont remplis par tinseul sujet : la mort, ou pour mieux parler le langage de lÎÉglise, le trépasse ment de la Sainte Vierge. Marie est représentée sur son

’ lit, derrière lequel sont rangés tous les apôtres. Saint Pierre

lui donne lïExtrêmeeûnetion, et saint Jean, qu’il est facile de

reconnaître à la jeunesse de ses traits, lui remet une palme entre les mains. Un autre apôtre tient la croix levée.,

Sur le devant sont deux autres personnages assis, et auprès (Yeux sont déposés un bénitier, un livre et un enoensoir.

Les sujets compris dans «les compartiments formés par les divisions du tympan se rapportent à IU-Xssomption de la Sainte Vierge. Au sommet, le Père Éternel pose la eoutinmte d’immortalité sur la tête de sa fille bien-aimée, et des deux côtésnletis anges célèbrent ses louanges, en jouant l’un de la harpe, l’autre d’un instrument qui ressemble à un violon.

Dans les arcades formées par l’amortissement des meneaux

des ogives secondaires, on retrouve les mêmes armes que dans la partie inférieure ; plus celles de la maison d’Espi nay

(Jargon : au lion cottpé de gueules et de sinople).

Ces sujets, ainsi quetous les’autres que "j’ai énumérés ’

dans les deux verrières, ne [If-tint semblé être ni du même

attteur, ni de” la même fabrique que le trépassemeuzt (16411Sainte Vierge z c’est aussi’Propulsion eM. Brune, qui-déclare n’y avoir retrouvé ni la même Correction dans le dessin, ni le même ton dans les couleurs. (Arch. relig., p. 421.) ’

La fenêtre du transept Sud conserve également quelques vestiges de vitraux coloriés, mais ils sont insignifiants. Les meneaux en pierre qui existaient primitivement ont été brisés et remplacés par une armature en fer. La verrière tout entière a dû disparaître en même temps et faire place ä celle‘

qui existe aujourd’hui., A a Uéglise de la Chapelle-Janson renferme un bénitier et une

r cuve de fonts baptismaux qui méritent uneïnention touté

spéciale. i., Le bénitier, qui provient de la chapelle de la Templerie,

située sur le territoire de cette paroisse, semble appartenir à’

la période romane. Il consiste dans une colonne mono cylindrique en pierre de granit, haute environ de 80 cent, et creusée en cuvette à sa partie supérieure. Celle-ci se distingue du pied proprement ditpar une double moulure, en vforme de tare, assez grossièrement taillé, qui se dessine a sa base, et par des espèces de cannelures qui l’enveloppent tout entière, etiqui, se croisant à angle droit, forment tout autour comme un assemblage de croix de Bourgogne. i ’

La cuve baptismale doit être de la fin du xrv“ siècle ou du commencement du xv“ : elle est aussi en pierre de granit et divisée en deux compartiments octogones, tantii l’intérieur qu’à l’extérieur. Chacune de ses faces est décorée de deux arcatures trilobées, peu profondément fouillées et sans aucun ornement accessoire. ’ ’

On voit sur les murailles extérieures les vestiges d’une litre qui y existait autrefois.

Chapelles. — Il y avait anciennement deux chapelles sur

le territoire de cette paroisse, l’une à la Templerie, Feutre i : Montframmerÿ. ’ La chapelle de la Templerie était située au village de ce nom, un peurau Nord de l’ancienne grande route de Fougères a Paris.

La tradition et le nom de ce village s’accordent pour faire" —remonter son origine aux chevaliers du Temple, qui possé-

daient en cet endroit un fief d’une certaine importance, dépendantduue de leurs commanderies. a v

’ En 1793, cette chapelle était dans un état’de. vétusté et de délabrement tel, qu’il y avait danger a y-enlrer, On profita, pour la démolir, de l’occasion qu’offrait un élargissement de la route, devenu nécessaire. Elle avait, suivant le procès verbal dressé alors, 48 pieds (iôm) de long, sur 18 (6 ?) de large.’, ’ ', l I

L’abbesse de Saint-Georges avait, suivant IŸarrêt de réformation de 1677, les droits de fondatrice et de patronne dans cette chapelle, qui est qualifiée fillette de la Chapelle-Juneau.

Histoire féodale. — Le bailliage et prieuré de la Chapelle-Jauson conférait à l-‘abbesse de Saint-Georges, outre les droits de fondatrice et de patronne dans l’église de cette paroisse et dans la chapelle du Temple, les droits de haute‘, moyennç et basse justice dans toute son étendue, avec le privilège de ne

— relever que du Présidial, auquel ses appels étaient portés

directement.,

Les fiefs qui en dépendaient étaient fort nombreux, et quelques-uns d’une "très-grande importance. En voici le dénombrement tel que je l-’ai trouvé dans un acte de 1633 :

I. — Deux grandes seigneuries relevaient du prieuré de la Chapelle-Janson" à devoir de lods. et ventes et de rachat seulement ;

i“ LalCréveztre et le Plessiæ-Gàt-inel. — Ces deux terres

appartenaient en ilifiltälfiaoul Le Porc ? seigneur dé Larchapt, qui les tenait du chef de Marie de Gougues, sa lemme. Un

acte de cette, année nous apprend que ce seigneur ayant refusé de venir rendre hommage à l’abbesse, suivant lafcoutumm l

le lendemain de la, lili-Carémefä l’abbaye de Saint-Georges, où se tenaient les plaids généraux, celle-ci fit. saisir ales fruits de ces deux terres et du moulin de Choisel. l

Les descendants «de Baoul semblent s’être montrés moins récalcitrants que leur auteur. Nous voyons en eiiet, en 1496, Geoffray de Poilley, qui avait épousé Anne LePorc, payer sans difficulté le rachat de la terre de la Créveure, échue à sa femme ; néanmoins, il se fit condamner juridiquement pour prêter foi et hommage à Yabhesse.

Il paraît que Geoffray de Poilley meut-pas d’enfants, et la terre de la Créveure revint, à la mort de sa femme, ä Jehan Le Porc, baron deCharné, et à Marthe de la Porte, sa compagne, qui en prirent le nom (1545). a ’

Ew1584, Jacques Le Porc, sieur de la Porte et de la Créveure, baron de Vesins et de Pordic, conjointement avec

Louise, de lilaillé, son épouse, vendi-t (acte du 23 juin), pour,

la somme de 13,000 écus soleil, les terres de la Créveure et n Plessix-Gâtinei, avec les moulins de Choisel et de Gravelet, à René de Laugan, seigneur du Bois-Février, qui les réunit à cette terre.- i Deux ans après, en 1586, Ernestine-Reine de Laugan. fit hommage pour ces terres. j ’ 2o Montframmery et les Temples. — Cette terre donnait à sou possesseur le droit de haute,.moyenne et basse justice, avec devoir de coutume sur les marchandises qui se déhitaient dans les fiefs de sa juridiction, droit qui fut converti plus tard en droit de b-o-teillage (1) ; droit de prééminencephanc à accoudoir, enfeu prohibitif, pierres tombales et" autres droits de

t.

(t) Un pot de cidre ou de vin ait-dessus et un autre alu-dessous de la barre, par chaque pipe de cidre ou de vin vendue en détail dans le ressort de la juridiction ; seigneur fondateur dans l’église de la’Chapelle-Jansou -, droit de foire et de marché au bourg de la l’emplerie.

Cette terre, qui, eaux xv° et xvi siècles, appartenait à la famille de Beaucé (voir Beaucé), passa, de 1620 à 1630,21 Eustache de Lys, Sénéchal de Rennesgqui avait épousé une des héritières de cette famille.

En ’ 1666, elle appartenait à Georges de Gaula-y, seigneur du Bois-Guy ; plus tard, à M. Jean-Baptiste Le Coq, qui en

. prit le nom ; et enfielle passa dans la famille Prioul par le

mariage de Jeanne Le Coq, dame de llloutframmery, avec M. Marc-Joseph Prioul du Haut-Cherfiin mes).

filaire-anses». — 4o Les fiefs et bailliages de la Métairie ; â“ (le la Haute et Basse-Cuillère ; 3o de la Lande-Jeunet, de Duchay, de lädubruy et du, Pairay ; 4o les fiefs de la Houde ?nais, le bailliage du et du Plat-dis, — 5o les fiefs de Jllontignë, du ifertre et de la Bmnelais, contenant le tout environ 566 journaux ; 6o le fief de la Templerie, 300 jolll’naux ; 7o le fief de la Pommerais, 300 journaux. l

En 1779, la terre de la Templerie était détachée de Mon’fiammery et appartenait ä écuyer Jean-Charles Logeais, seigneur de Biutin, alloué lieutenant-général civil et criminel au Présirlîalde Rennes. ’ A

3o La Illotte-dïgvnïë, en 1633, à Pierre Chasteiguier, de la Ghasteigneraie (voir Fleurigné).

4o La Coëtfardièrc et les Angevinières, à M. René du Boisé

’ Ira-Houx. — Le seigneur de lmugevinière devaità l’abbesse de Saint-Georges une paire Œépearons dorés et la permission de,

prendre un épervier dans ses bois (aveu de 1545). En 1476, Pierre de la iBeuëx-ière, seigneur des Haries et de la Coëtfardière, fit hommage pour cette dernière terre.

II. — Fiers relevant entièrement du prieuré de la Chupelle-Janson.

1o Les fiefs du Iîe/‘oul, 2o de la Gripomiière, 3o de la Basse« Cuillère, 4o de la Rivais, 5o de la Jumelais, 6o du Clairay, 7o de la Ville-du-Bois, 8o du Plantés, 9o de la Chenarclrie, 10o de la Vannerie, il“ de la Iiablais, 12o de la Planche, 13o de l’Euche. *, “

Le prieuré avait, en outre, des droits sur les moulinasse Choisel et de Graeelct, ainsi que sur le fiel’de la Pommerais et une partie du bois de la Cochonnière.

Le moulin du prieuré était le moulin de Greuouillet.

Il y avait encore dans la paroisse de la Chapelle-Janson deux autres fiefs nobles qui dépendaient de la terre du’Boisle-Houx : les fiefs de la Ruelle et de la Crepelle.

, Le premier donnait à son possesseur droit de juridiction sur les hommes du fief, et droit (Pécusson armoyé de ses armes en la vitre de la chapelleSaint-Yves, à Fougères.

Nota. — C’est sur le territoire de cette paroisse, non loin du village de la Templerie, que débouche dans le département dïlle-et-Vilaine l’ancienne voie romaine, connue dans le pays sous le nom de chemin Chasles, et à laquelle on devrait restituer son vrai nom de chemin Charles. (Voir le bulletin de la Société dlrchéologie, année 1363, p. 146.)

Depuis cette publication, j’ai eu entre les mains deux aveux, tous les deux remontant au 1m“ siècle, qui m’ont pleinement confirmé dans Fopînion que démettais alors. Dans ces deux aveux, qui sont entièrement indépendants l’un de l’autre et se rapportent à des terres situées à une assez grande distance, puisque les unes sont dans la paroisse de Luitré, les autres dans celle de Vende], lavoie en question estxplusieurs fois désignée sous le nom de chemin Charles.

Non loin de cette voie et un peu à Fûuest du village de la Boussardiere, on voyait encore, il y a quelques années, des traces assez remarquables d’un camp que la charrue et la. pioche ont aujourd’hui fait disparaître, Il couvrait une surface d’environ un hectare, et formaitiune enceinte rectangulaire close de tous cotés par un fort talus ou rempart en terre.

Dans un aveu de 1581, dont je dois la communication à l’aimable obligeance de M. le comte César de la Belinaye, et qui se rapporte une terre voisine, il est fait mention de la hayc Charles. Je suis portérä croire que cette désignation snppliqirait à cette enceinte, dont la tradition rattachait Forigine ‘a la voie près de laquelleîelle était placée et in laquelle elle donnait le même nom.

l

r

Vil]. — L’AIGRELET. m

Ecciesia Sancti Martini de Bosco, avant 1076. — De 4gnello, fin du xi ? siècle, pouille (FÉvron. — De Agniculo,

pouillé de 1516. — I/Aignelet, 1511, inscription sur la porte principale de l’église. — De Laigneio, 1578. — Sanctzïiilartint’de Lainelay, 1667. ’.

Histoire religieuse. — Une notice, extraite du pouillé d’Évron, dont une copie, collationnée au commencement du

(t) La paroisse de Laignelet a subi, de nos jours, une modification très-importante dans sa circonscription territoriale, du côté de la ville de Fougères.

A l’époque dam-Révolution, elle sävÿançait jusqu’à Penti-ee du faubourg Roger, dont elle prenait le côté Nord tout entier avec les rues adjacentes, les villages de Bel-Air et du Gué-Landry, et tous les terrains compris entre la rivière de Nançon et le ruisseau qui passe au milieu du faubourg, jusqufii une ligne partant de Pune des premières maisons de ce faubourg et allant aboutir à la rivière. un peu au-dessusliu Pont-Neuf. i

Aiäépoque de la réorganisation. des paroisses, les habitants de ce quartier, -que leurs convenances non moins que leurs intérêts rattachaient a ta ville, sollicitèrent de ÿaulorite ecclésiastique «Pètre distraits de la paroisse de}. Lnignelet et d’être annexés à cette de Saint-Léonard ; mais leurs démarches) ;

vm , 18 xvn” siècle, se trouve entre les mains de M. Tiennotle, notaire a Fougères, qui a bien voulu me la communiquer, nousn donne sur les commencements de cette paroisse des renseignements pleins d’intérêt.

Cette notice, rédigée, suivant toutes les apparences, dans la dernière moitié du xn” siècle, nous autorises reporter sa fondation vers le milieu du siècle précédent ; elle ne reçut pas alors le nom sous lequel elle nous est connue aujourd’hui, mais bien celui de Saint-Martin-des-Baois, EccIesia-g Sancti lllarliæti de Bosco, nom du saint sous le vocable duquel son église avait été consacrée, auquel on ajouta comme signe distinctif le surnom de des bois, emprunté sans doute à laconalition du lieu dans lequel elle était placée.

Après la mort de Main (1), son père, Raoul, seigneur de

restèrent sans résultat, et il en fut de même de toutes les autres qu’ils ne cessèrent de faire pendant près de vingt ans.

Enfin, en 1821, Mer Mannay, pour lors évêque de Rennes, étant venu à Fougères et ayant pu se rendre compte par lui-même et sur les lieux de la convenance de la mesure qu’on lui réclamaiuacquiesça au vœu des habitants, chaleureusement appuyé.par M. Gaultier, alors curé de Saint-Léonard,

et prononça leur annexion à cette paroisse.

Douze ans plus tard, l’administration de la ville de Fougères, pour la» quelle cette situation anormale était une source d’embarras et de difficultés, surtout en ce qui, concernait la perception des octrois, sollicita du gouvernement une décision qui appliquât au civil la mesure prise antérieurement par l’autorité ecclésiastique. et réunit à la commune de Fougères les portions de territoire détachées de la paroisse de Laignelet et annexées à celle (le Saint-Léonard.

Une ordonnance royale, en date du 16 novembrct1833, fit droit à sa réclamation. La contenance de ces terrains était de 69 hectares 73 ares, délai : cation faite du village de Paron, avec quelques parcelles de terres voisines, distrait de la commune de Fougères et donné. À Laignelet.

(1) Je rétablis ici la véritable orthographe du nom des seigneurs de Fou ; gères, qui était lllain, en latin lifaino, ’et dilTère essentiellement de Méen, en latin nlevenntts. l’ - ’ Fougères, et Adélaitle, sa mère, disposeront de cette église

en faveur de Falibaye d’Évron, à laquelle ils donnèrent, en

s

même temps, la moitié des oblations, (les prémices et des dîmes de toute la paroisse.

Quelques années après, toujours Œaprès la même notice, -ils trouvèrent convenable de déplacerléglise et de la transférer sur un autre point de la paroisse, dans un cimetière qui y existait et que l’on désignait sous le nom de L-Ztiigneiet. In cintœterioiqtiod Agitellus dicitur. (1) ’

La, nouvelle église construite, les fondateurs lui transférèrent tous les droits, et privilèges de la première, augmentèrent même son patrimoine de la terre de la Bellandière, de divers autres droits et redevances ; et Payant ainsi richement

. dotée, ils la remirent, comme elle, aux mains des religieux

d’Évron. Dès lors, le surnom de Saintalliartin des bois n’avait plus de raison d’être, et on le remplaça par celui de Lïxlignelet, nom du cimetière dans lequel la nouvelle église était construite.,

Dès le commencement, les seigneurs de la paroisse se montrèrent empressés à marcher sur les traces du seigneur et de

la dame deFougiäres, et vinrent par leurs libéralités et leurs =

largesses ajouter à la prospéritédtt nouvel établissement.

La notice cite entre autres les noms de Marquieijet‘.de Gauthier, qui firent don aux religieux d’une terre attenante au cimetière, et sur laquelle ceux-ci bâtirent leur prieuré, se

(t) Le mot Vcimetiêere ne doit pas être entendu ici dans le sens où nous l’entendons commnnémettt, iÿest-à-dire comme désignant un lien destiné aux sépultures, mais bien un lieu d’asile, un lieu de refuge.

Nos documents nous fournissent un autre exemple de cimetière atiec cette destination, dans nos environs, à La Chapellc-Saint-Aubert, où au 1111 ! siècle

Étienné de La lioeheloucauld, évêque de Rennes, déclare l’avoir menti, uniquement pour le refuge des vivants et non pour la sépulture des morts ’ :

Ac ! réfugium tantnm vivarum, mm ad sepulturam mortuarum. réservant seulement une rente censive de deux sous deux deniers, qui devait leur être payée chaque aimée au jour de la fête de saint Rémy.

Les propriétaires du moulin du il allay leur donnèrent égale». ment la moitié de leur moulin ; et un peu plus tard, l’un d’eux, Hugues de illalhaire, a son entrée en religion dans leur monastère, leur fit don d’une autre terre nommée le Rocher, qui était également très-rapprochée du cimetière. A

La participation commune de Raoul et däàdélaîde à ces divers évènements permet d’en déterminer la date dune manière assez précise. Le premier, en eiïet, ayant pris possession de la terre de Fougères à la mort de son père, arrivée vers 1074, et la seconde étant décédée elle-même vers 1084, ils durent nécessairement s’accomplir dans l’intervalle des dix années qui s écoulèrent entre Favènement de l’un et la mort de l’autre.

Nous serait-il possible maintenant de déterminer l’endroit où a dû exister l’église de Saint-Illartin-des-Bois ?

Parmiiles nombreux documents qui me sont passés sous les yeux, je n’en ai trouvé qu’un seul, et encore date-t-il du xvn° siècle seulement, qui fasse mention de cette église, et quj, (Paprès une ancienne tradition, marque sa place dans la forêt.

Ce renseignement, quelque vague qu’il soit, ii’est pas

néanmoins pour nous -sans importance. Rapproché du nom de

Saint-Martin, sous lequel on a toujours désigné. et sous lequel on désigne encore de nos jours le point cul-iuaut de la forêt, situé sur la grande roule de Normandimlentre la Verrerie et la GrandTiivière, il semble nous donner l’explication de ce nom et nous présenter en lui un témoin, toujours subsistant, qui dépose de l’existence de l’ancienne église de Saint-Martin en [cet endroit.

Lorsqwen-effet nous avons, d’un côté, un document d’une autorité incontestable qui nous apprend que l’église de la paroisse actuelle de Laignelet occupait, au xi siècle, une place autre que celle qu’elle occupe aujourŒhui ; quele nom sousvleqtiel elle était désignéé alors ne permet pas de

douter qu’elle ne fût dans un bois ; que la tradition, précisant

ce renseignement, nous désigne ce bois comme rétant la forêt

’ même ; lorsque, d’un autre côté, nous rencontrons dans cette

même forêt un point auquel, de temps immémorial, le nom de Saint-Martin est attaché de telle manière qu’il est devenu le terme commun de sa désignation dans la contrée, il nous es-t impossible de ntrpas reconnaître la relation intime qui existe entre ces diverses’données, et de chercher ailleurs l’explication de ce nom de Saint-diartin que dans le souvenir quisest conservé de l’ancieurte église de. SainbMartiu-des-Bois à la place même qu’elle a occupé. v Cette explication étant admise, une nouvelle et rintéres- l

saute perspective s’ouvre devant nous, en ce qui concerne la fondation de notre église et sa translation dans le cimetière de Laigneleet.’

Uhistorien de saint Bernard de Tyran, Geoffray Le Gros, dont le témoignage a pour nous d’autant plus (l’autorité qu’il

semble avoir vécu sur les lieux, ’nous représente la forêt de Fougères, dans les dernières années du si siècle, comme une nouvelle Thébaïde, peuplée de pieux solitaires et de fervents anachorètes, qui y menaient la vie la plus recueillie et la plus austère, sous la conduite de quelques chefs qui se distinguaient par la sainteté de leur vie et l’éminence de leurs vertus. - r a D’après lui, le Quercus Docta, aujourcFhui Chesnedé ou

tlfhiennedé, étaitJe ceutrevde réunion des diverses colonies

quîils formaient entreux (1).

u (t) BollantL, X1, En ; vita B. Beinardi Tironensis, in’ ? 61 et suiv. i

l

Or, en considérant la petite distance qui sépare cet endroit

de la forêt, auquel est attaché le nom de Saint-illartin, du.

village de Chiennedé, et le zèle apostolique dont devaient être animés nos anachorètes, il n’est pas possible de les. regarder

I - I ’ ' ’

comme étrangers a la fondation de notre église, et de ne pas

la rattacher, au contraire, a leur présence en ces lieux. Cette conjecture, du reste, trouve un grand point dappui dans la coïncidence ou les rapports que nous pouvons constater entre la cession de’l’église faite par Raoul aux religieux d’Év’ron, et

l’éloignement des solitaires de la forêtgqui fut également"

l’œuvre de Raoul, deux faits dont l’un nous semble la conséquence de Î’autre.

Geoffroy Le Gros nous apprend, en effet, que ce seigneur, qui avait un goût passionné pour la chasse, ne vit pas sans en être vivement préoccupé le nombre des ermites s’accroître dans la forêt. Craignant que le gibier, " effrayé de leur présence et privé d’abris par suite des défrichements qui se multipliaient sous leurs pas, n’al|àt chercher dans une autre forêt des conditions plus paisibles d’existence, il prit le parti, pour les éloigner, de leur offrir et de leur céder en toute propriété la forêt de Savignÿ, dans laquelle leur séjour, en raison de la distance de son château, n’aurait pas pour lui les mêmes inconvénients. I

Mais si la présence des ermites dans la forêt put, être pour Baoul, au point de vue de la conservation du gibier, un sujet (l’inquiétude tel qu’il ait pris le parti de les en. éloigner, ne

t

sommes-nous pas fondés a supposerique l’existence dïune

A église, autour de laquelle il se produit toujours un mouvement plus ou moins considérable, et qui «tailleurs pouvait, par la suite, devenir «le centre d’un treillage, aura étreillé chez lui les mêmes sentiments, et quesous l’impression°de ces sentimentslil aura pris une mesure analogue en transférant l’église en dehors des limites de la forêt ?

La destinée de l’église de SaÏfltnÜÏüTlÎîl-CÏBS-BOÏS me semble

donc avoir été intimement liée»a celle des solitaires que je suppose avoir été "ses fondateurs.

’ Atnssi longtemps qu’ils demeurèrent dans la forêt, ils purent l

la desservir» ; et Raoul ou son prédécesseur, conservant sur elle tous les droits que" leur donnaient leur qualité et leur titre, meurent pas ä sen préoccuper ; mais du moment qu’il les força de s’éloigner, Baoul devait a ses vassaux, il se devait à lui-même de pourvoir à leur- remplacement, et d’assurer

dans l’a paroisse Pesercice du saint ministère.

Peut-êtré ; parmi les-ermites qui habitaient la forêt de Foua gères, y en avait-il unou plusieurs que Raoul axrait connus plus particulièrement et qui, lors de leur dispersion, se reti—rèrent à Yabbaye (PEvrou. Un fait de cette nature pourrait "expliquer le choix qu’il fit de. cette abbaye pour lui remettre

son église.”.

La cure de Laignelet est restée, jusqu’à lîépoque de la Révolution, dans la dépendance de l’abbaye d’Évron-, mais les religieux avaient depuis longtemps abandonné leur prieuré. Dès la fin du XVI° siècle, il avait été réuni au prieuré de Saint-Pavane‘, autre prieuré de cette abbaye, situé dans un des faubourgs du Mans. ’

La plus grande partie des fiefs de sa dépendance avaient été aliénés avec la terre de la Bellandière, en 1569 ; en sorte qu’en’ 1680, le prieuruavait plu’s d’autres revenus que le tiers des grosses dîmes de Lqignelet et deux traits de dîmes dans la paroisse de Eleurigné : le trait de la Bellandière, dans lequel il-recueillait la moitié des grosses «limes ; et le trait des communs, comprenant les-fiefs de Laigneïet, de- la Pichomiaie, de la Besnardiére ; de la Touche et de YEp-iite, dans lequel il recueillait suivantvfusage.

Les seuls noms dcœprieurs de Laignelet qui me soient eon-

/ nus sont les suivants : 1667, F. Jean Oran.’— 1680, Jacques Œfléricouard. — 1695, Ambroise du Bois-Béraxtger.

Recteurs de Laigætelct. — M. Denis Monteehe-snc, + 1578. — 1652, M. Jean Morazin. — 1667, M. Michel Trouillard. — 1672, M. JeankLory. — 1705, M. N. Malherbe. — 1’727, M. N. Guimond, + 1742, M. N. Duval. — 1747, M ; Jean Catillonaf- 1762, M. Rossignol. — 1’780, M. Duval.

Archéologie. — L’église de Laiguelet est sous Finvocation de saint ll/lartin, archevêque de Tours. i

Le vaisseau est formé d’une seule nef, terminée a l’Ouest par une abside de construction moderne. a

Les murs latéraux de la nef accusent les nombreuses restaurations dont elle a été l’objet. Quelques parties appartiennent encore à la construction. primitive ; il est facile de les reconnaître à l’appareil, et surtout a la présence des baies, aujourd’hui fermées, dont on distingue encore facilement les contours.

La retouche la plus ancienne semble remonter au.x’1v siècle ; elle est particulièrement accusée par une fenêtre ottverte dans le mur méridional, et dont la forme est celle d’une ogive geminée, surmontée d’un trèfle aux contours fortement arrondis. “

La restauration la plus importante" date du commencement du xvi” siècleyelle embrasse toute la partie antérieure de l’église, qui me paraît avoir été agrandie, du côté de Püuest, a cette époque.

La grande porte présente tous les caractères du style de la renaissance. Ses pieds droits sont accompagnés de deux chambranles en granit, divisés en panneaux, sur lesquels on a répandu à profusion les ornements du règne végétal.

Lïlrchivolte est formée d’une banderolle qui se déroule en décrivant un arc 11 contre-courbure, et sur laquelle est gravée, en caractères gothiques ;l’inscription suivante : IIIVPP XI ; fut faict — porte mortuaire de. L’Aignelet. Le sommet de. liarc est orné d’un écusson sur lequel on a représenté FAgneau ravec sa croix.

Les murailles extérieures portent les traces d’une litre et présentent plusieurs pierres tombales encastrâtes, arec une croix. fi 4. 4 I »

Établissements religieuse et chapelles. — 1o’ Le couvent des Urbanistes, aujourd’hui caserne de la ville de Fougères.

Cette maison devait son existence a la piété et a la bienfaisance de M. Jean Lejeune et de M“ Marguerite de Bonnefosse, sieur efdame de la- Tendrais, qui, en Panti-ée 1634, firent venir’d’Argentan et de Laval des religieuses de l’ordre de sainte Claire, approuvé par le "pape Urbain IV.

Nïtyant pas de èouvent préparé pour les recevoir, les fondateurs les établirent (rebord 11 leur terre de Bonabry ; puis, peu de temps après, auClos-Morel, aujourd’hui propriété de M. Duraud, dans des maisons qui leur appartenaient, Elles firent la un commencement d’établissement, dont le fait principal fut La clôture tics jardins.

Maispeu- de temps après (le 3l janvier. 1635), le seigneur et la dame de la Tendrais leur ayant cédé une pièce de terre d’unc contenance de six journaux quarantæsi ; cordes, qui leur appartenait, au haut du chemin Melouen, et q-u’on nommait le chamzraum Belles-Femmes, elles renoncèrent a leur premier projet et jetèrent la les premières assises de leur couvent.

L’année suivante, ayant obtenu du roi des lettres d’amortissement pour le don des sieur et dame de la" Tendrais, avec extension a toutes les acquisitions qu’elles pourraient faire par la suite, ä quelque titre que ce fût, elles s’appliquèrent dès lors à profiter de cet avantage ; et, de 1638 a 1648, » elles firent cinq acquisitions, qui leur permirent de donner ä leur établissement toute l’importance et l’étendue qu’il avait au moment de sa suppression.

L’on ignore complètement l’époque à laquelle les religieuses s’y installèrent. Un aveu rendu au roi le 6 mars 1691., par Françoise du Saint-Esprit, abbesse du couvent des Urbanistes, est daté d’un des parloirs du faubourg Rogetg-où elles sont en hospice. Ce qui prouve qu’elles n’avaient pas encore alors pris possession de leur couvent, quïelles n’ont pas par conséquent occupé l’espace’d’un siècle.

C’est à cette communauté qu’appartenait la Soeur de la Nativité, dont la vie et les révélations ont été publiées par l’abbé Genêt (Paris, 1817 et 1819). Elle était née à la Chapelle-Janson, le 24 février 1731, de René Le Boyer et de Marie Le Sénéchal. Entrée en communauté le 6 juillet 1753, elle reçut l’habit le 29 juin de Fermée suivante, fit profession le 30 mai 1754, et mourut le 15 août 1798, chez un pieux habitant de Fougères qui Favait recueillie. Son corps fut transporté à Laignelet et fut inhumé dans le cimetière‘, devant la grande porte de l’église, où son tombeau se voit encore atrjourtFhtti. On y lit l’inscription suivante : Cy gît le corps de la — vénérable S’ — Jeanne Le Roger — de la Nativité

— Relig” converse — des 3*” Claires — Urbanistes — de Fougères — morte en odettr —=—de sainteté le 15 — août à midi 1798 — âgée de 67 arts «I- V..

Le couvent des Urbanistes fut fermé à l’époque de la Révolution et les religieuses dispersées. Ses dépendances, vendues nationale ment, constituent aujourcYhui une propriété particulière (1), et ses bâtiments, réunis d’abord à j la sénatorerie d’Ajaccio, puis au domaine de l’État, sont convertis en caserne.

(1) En 1808. l’État vendit trois hectares clos-de murs, avec un petit bâtiment, pour la somme de 10,600 livres. — ’

2o La chapelle Saint-Gorgon. — Non loin du couvent des Urbanistes et à feutrée du chemin Melouen (aujourd’hui rue de la Caserne), se trouvait une chapelle dédiée à saint Gortgon et qui avait une certaine importance.

Cette chapelle, désignée dans les actes du xw’sièelesoups le nom de chapellé de Saint-Gorgon au faubourg Roger“ de Fougères (Cape-lia Sancti Gorgànii in ste-bwtbio Bogerii tir-bis F-ilgeriarum), remontait. À une tê-poque anténrieirre à 1529-.

Elle avait été bâtie par Heuri Fauvezl, seigneur de La Fontaine, qui y axaîl ; fondé deux messes par semaine, à être «lites et célébrées par un. chapelain, à l’a présentation du seigneur de La Fontaine,

Cette chapelle acquit en peu de temps une grande célébrité dans la contrée, et on y vit bientôt encourir-une foule de pè» lerins qui venaient pour être guéris du mal des gouttes, surtout le lendemain de la fê-te (le la Nativité de la Sainte Vierge, le 9 septembre. v

Guillaume de La Fontaine, petit-fils «(Plieuryi Fauvel, le fondateur de la. chapelle, voyant cette affluence s’accroître chaque année, voulut en tirer avantage dans l’intérêt tde la contrée. Il sollicite donc et obtint (PHenry III des lettres pro. tentes, datées du mois de février 1575, qui : F-autorisaient à tenir, le 9 septembre de choque année, artprèstdç la chapelle, une foire qui devait s’appeler la foire de La Fontaine et durer trois jours. -. ’. v i t

Telle est Porigîne de la foire connue alljülllïdql-lli sous le nom de PAngevine. l

Ces lettres patentes furent de nouveau confirmées, ou mois

de juillet 1688, par le roi Louis XIV, en faveur de dame

Marie Geslin, veuve de messire Anue Guérin, soigneuse-de Sain-t-Brice et de La Fontaine. t - ’

À cette époque, la cita-pelle Saint-Gorgon n’appartenait plus aux seigneurs de La Fontaine ; elle avait été cédée par ; l.’nn

l d’eux aux religieux cordeliers du couvent de Saint-François de la Forêt, avec les maisons voisines.

Ces maisons, situées entre les rues désignées aujonriïhui sous les noms du Parc, de la Forêt et de la Caserne, formaient un îlot que l’on nommait l’Ile de Saint-Garçon.

Un aveu rendu en 1683 par les religieux reconnaît que ces héritages leur ont été accordés pour auspices (sic) à cause que leur maison contractuelle est dans la forêt. Ils se composaient de la chapelle‘, de la maison qui leur servait dmospice et de la maismfde Saint-Pierre avec ses dépendances ; en sorte que tout porte ä croire que l’auberge qui porte encore de nos jours, pour enseigne, l’image de Saint-Pierre est une fondation des religieux. —

La chapelle de Saint-Gorgon a été démolie peu de temps

après 1830.

3o La chapelle de la Cour gelée..— Cette chapelle avait été fondée en 1724 par Marie Le Gorvaisier, damecdes Jugnenais,

Histoire féodale. — Les principales terres nobles de cette paroisse étaient : à V

l.—La terre de La Fontaine, érigée en châtellenie par lettres patentes du roi, du 27 octobre 1573, en faveur de Guillaume de La Fontaine, conseiller au Parlement de Bretagne.

Elle passa peu de temps après dans. la maison d’Erhrée,

. par le mariage de Gillette de La Fontaine, fille de Guillaume,

avec Jean d’Erhrée, seigneur de la Chèze, d’bù lui est venu le nom sous lequel elle est encore désignée de nos jours.

De ce mariage naquit Jeaune d’Erbrée quiUcn épousant Henry de Volvire, fit passer la ferre de La Fontaine dans la maison de ce seigneur, dont les descendants l’ont possédée jusqu’à l’époque de la Révolution. (Voir Saint-Brice.)

Cette terre donnait à «son. possesseur droit de haute, « moyenne et basse justice dans tous les fiefs qui en dépendaient. ,, l

a ’ - l

La terre de La Fontaine se composait ainsi qu’il suit :

Domaine proche. —7’ i.“ la terre de La Fontaine ; 2o le lieu et métairie noble de Laignelet.

Illouoances. — 1o le fief dit de zsairtt-Brice, dans la mille de Fougères, lequel setendaite sur une partie du fa-ulioqig Roger, les rues du Pressoir et du Colombier (rues Saint-Louis et de Paris), et sur quelques maisons dans le Gast ;

2o Le grand fief ou bailliage dîgittxiautrefois appelé lev taillis de Lottaire ou de Poilïey, s’étendant dans les paroisses de Saint-Léonarde : de Beaucé, t Ce bailliage, au commencement du xve siècle, comprenait la

i. plus grande partie de. la paroisse Saint-Léonard, telle qu’elle est constituée aujourdÂhui. -.

En M34, on en détache les fiefs du Pressoir, du faubourg Sïtiætt-Nicolas, les vallées de Guibaztlt et les vaux Gttillaume, que l’on réunit aufief des pauvres ; le fief de Ligneul et la terre de Bornabri.. À cette époque, le grands fief dîgné appartenait à GuiL» laume Louàire, comme il résulte d’un aveu rendu en son

nom par Pierre Poitrine, son procureur,

Il futvendu en 1476m acheté par Jean de Poilley, dans la famille duquel il resta jusqu’en 154% ou 1543, iqu’il fut acheté par Jean de La fontaine. l

3o Le fief de le Pissottiére, comprenant les mesures et métairies de. la Cour gelée, de la Maçonnais, du hautjmoyenr et

vieil Aron, avec le moulin de Grolay.

Ce fief appartenait également anciennement à la famille de Poilley.

Geoffray (le Poilley le vendit enrläll (acte au 29 juin) à

Jean de La Fontaine, pour la somme de 185 livres de prin-

Cîpal et ’10 livres de vin’., V A 4o Le fief, bailliage et vairic de Jllalhaifire, comprenant les fiefs de la Percherie, de la Mœssaomais, de Laignelet eude Phezrpet.

5" Les fiefs de Loryueraye, des Tesnéfiëres ; du Hai, de 1a Bastardière, de la Roulardiêrer et Février, " de la Forêt, du Bois-Gallois, de la Charpenterie et de la Tuchenerie (260 jour-i naux en Laignelet et Fleurigné).

6o En arrière-fief z la terre seigneuriale de la ZVIotte-Anger,

le moulin et la métairie de Ligneul, avrec le fief de la Trëbil-

lardirère (Le Loroux), le lieu et domaine de Malhaire e-t’de la Brezonnière (Laignelet). l II. La terre et la seigneurie de Malhairc. —Cette terre avait été aunoblie en 1446 par le duc François Ier, en faveur de Pierre Geraud, sieur- de Malhaire, fils de Jean Geraudfliculenant de la juridiction de Fougères, en considération des

services que celui-ci lui avait rendus.

Non content de cette faveur, le duc lui accorda à "tout

jamais, et pour toutes ses terres, lÏexemption de tout louage et de tout subside, et, pour la paroisse de Laigtlelet, celle d’un demi-feu. a

Un de ses descendants ayant acheté, en 1569, la plus grande partie des fiefs du prieuré de Laignelet, et ressayant réunis à sa terre de lllalhaire, le possesseur de cette terre eut dans lïglise une partie des droits de seigneur fondateur (là, dest-à-dire droit d’enfeu, de pierres tombales et d’armoiries dans les chapelles (de gueule à trois croissants’d’argent ).

En 1578, la terre de Malhaire appartenait à M. Eustache

I

(1) Le seigneur du Bois-Février prétendait aux droits de seigneur fondateur dans l’église de Laignelet, comme possesseur du Ballay-Robert : il fut même maintenu dans ces droits par la sentence de réformation du Domaine en 1683 ; mais cette sentence fut attaquée par le propriétaire de la terre de‘ Malhère, et j’ignore uuelîe fut la décision définitive.

’ s Desprez, sieur de la Martinais’, qui avait épousé iaderuière (lescentlante des Gerault. Julienne Desprez, sa fille, ou petite fille, l.a fit passer dans la famille de Botherel par son mariage avec Henry de Botherel, lieutenant du château de Fougères,

sous M. de Thémines,.en- 1621.

Elle fut ensuite vendue, "vers 1693, à M. Guillaume Le Tanneur, sieur de la Provotière, maître particulier des eaux, bois et forêts. A l.

Le seigneur de ilialhaire avait le droit de basse justice dans les fiefs de sa mouvance, dont voici les noms :

Châzeatt-Regnault, la Bretonnière, le Bourg de Laiÿttelet,

la Bellarïdière, les Mezerettes et la Bonnerie, la Grande-Bot ?

et la Vigne (i) (environ 500 journaux) ;

Ili. La Touche et la Coche-minis. — Ces deux terres appartenaient en 1450 à Jean de Rollonet à Jeanne Thomas, sa femmenJeanne de Rollon, leur fille, les porta dans la suite à Collas de flibustiers, avec lequel elle contracte mariage. Le duc François II, voulant reconnaître les bons et’loyaux sera, vices que lui avait rendus ce seigneur, Fannoblit lui et son fils aîné», ainsi que leurs descendants. (Lettres, patentes du 2 novembre 1484.)

Par ces mêmes lettres, il affranchit, quitta, exempte perpétuellement et a tout jamais les maisons de la Touche et de la Cochonnais, et -ceux qui ÿidemeureraient, pour le présent et

pour l’avenir, un métayer en chaque maison, de tout fouage, l

taille et subside, guet, garde de portes, et de toutes autres aides et subventions quelconques.

Ilalla/cha plus tard aux deux maisons de la Touche et de

(1) Le fiel’de la Vigne dépendait autrefois du prieuré de la Trinité de

Fougères ; il fut alièné. en 1587 et acheté par Jean Desprez,. sieur de la‘

Illarlinais, pour l’a somme de 708 écus sol ; mais par suite d’une nonvelie taxe, l’acquéreur. ou ses ayant-cause furent obligés de paÿer en outre une somme de 1265 l. 10 s. la Cochonnais le titre et l’office de sergent forestier féodé et héréditaire de la forêt de Fougères, afin que le possesseur de ces maisons jouit de tous les droits et émoluments qui étaient attachés à cet office, tels que les droits d’usage a hoisïlans la forêt, tant pour cliaullage que pour édifices ; droit de tenir trente vaches avec leurs suites, et un taureau, a pâturer dans ladite forêt ; également trente porcs, une truie et sa suite, durant la posson de celle-ci ; en outre, le droit de taxer le poisson qui serait vendu dans la" ville de Fougères, etc.

La guerre avec la France, qui survint peu de temps après, ne permit pas au seigneur de la Touche et de la Cochomzais d’entrer immédiatement en jouissance de ses privilèges ; ce ne fut qu’en M90 qu’il put en prendre possession.

Soixante ans après, c’est»a-rlire en 1540, les deux terres avaient déjà cessé d’être dans les mêmes mains : la Touche appartenait à Jean de Quenouadz, et la Cochonnais à Jean de Carnet ; par suite, Foffice de sergent forestier avait été divisé et était exercé conjointement par les deux seigneurs propriétaires, qui partageaient également les charges et les émoluments. ‘

IV. — On comptait encore en Laignelet, en 1680, les terres nobles de la Ha-ute et Petite-Teurtfiais, du Hallay-Robert, de la Regnartiiére et de Beaumanoir, enfin, la métairie de Laignelet. ’h

1X. — LANDËAN-

Landea-nium, “soin. llioin, m. 1, col. e53). — Landaenum, milieu du x11e siècle (chartes du prieuré, de Saint—.

Sauveur-des-Landes). — Lagtdeen, 1158 (Ibid.). — Landéin, Landeham, 1210 (Ibitt). — Landeem, 1211 (Bulletin de FAssoc. unet., t. lll, p. 2419.). — Lazzdsaiznm, 1410. — Ecclesiaïle Landanio, pouillé (le 1516, etc.’

Ces différents noms sous lesquels notre paroisse est’désignée dans les actes du moyen âge ne sont, comme on le voit, que des formes plus ou moins variées du nom sous lequel elle est commeaujourdîiui, et qui semble être celui quelle reçut a lÎorigine. ’ p

Le nom de Lantdéaiz, en effet, n.’est autre chose que. le résultat de la combinaison de deux mots appartenant a la langue celtique, et dont le premier, Ion, répond a’l’idée dïäglise, de pays ou de paroisse ; lesecond, déan, a celle de doyen, et signifie, parconséqtaent, l’église ou la paroisse du doyen. i.

La langue a laquelle ce nom appartient semble devoir rattacher la fondation de la paroisse à laquelle il a été donné au peuple qui parlait cette langue ; et l’idée qu’il représente semble également indiquer qu’a son origine elle fut mise en

, possession de la dignité qu’il rappelle. Malheureusement, les

documents qui pourraient éclairer cette importante question nous font complètement défaut, et leur absence nous réduit i1 de simples-conjectures. Cependant, les quelques noms ap—

parvenant a la langue celtique qui sont restés dans le vocabulaire géographique de la contrée, — tels que les noms de Landéan, Landiuy, Malien ; Harcoët (Saint-Hilaire-du-Harcoët), sont à mes yeux une donnée a peu [très certaine de Pétablissentent (Pane colonie bretonne, dans ces parages, a l’époque où ce peuple ajouta a ses possessions les terres les plus rapprochées (le la Normandie et du Maine, dest-ä-dire vers le milieu du 1x” siècle. ’

Aux noms que je viens de citer, j’ajouterai encore celui : de Villavran, village de Louvigue qui sélève au milieu d’u’ne fortification en terre fort importante, et dont le nom, te" ! qu’on le trouve iécrit dans (d’anciens actes, Villa Bran, semble rapvnt t 19 peler le souvenir d’un personnage breton (l’une haute importance à cette époque, le comte Bran, dont il est souvent fait mention dans les actes du Çartulaire de Redon.

Or, comme dès lors les Bretons, peuple éminemment religieux, avaient déjà depuis longtemps établi la division par-ois« siale dans la région qu’ils avaient précédemment occupée, il y a lieu de supposer qu’en prenant possession de nouveaux pays, ils auront tenu à y implanter les mêmes institutions.

À ce point de vue, la paroisse de Landéan me parait connme un des rares témoins de cet essai de l’organisation religieuse tenté, il y a-neuf cents ans, par un peuple étranger, et dont seuls ils gardent le souvenir.

Elle serait, par conséquent, une des plus anciennes de la contrée, et si nous nous en rapportons a son nom et à Vidéo qu’il exprime, son église aurait même eu sur lesi autres églises de même origine, dans sa circonscription, une prééminence que nous ne voyons pas confirmée par l’histoire. Du reste, la perte de cette prééminence sexpliqtxe aisément par les évènements qui s’accomplirent un demilsiècle plus tard, lorsque les Bretons, refoulés dans leurs anciennes possessions, furent obligés de renoncera Foccupatiozt d’un pays dans lequel le fléau de la guerre avait tout dévasté. Tout porte i1 croire que la primitive église de Latidéau disparut dans ce grand désastre, et lorsqu’un siècle plus tard le calme rétabli permit de procédera la reconstitution des paroisses, elle, recopiera son nom avec l’existence, mais non son ancienne dignité. n

Quoi qu’il en soit, ce n’est que vers le milieu du xn° siècle que l’église de Laudéan fait son apparition dans notre histoire. Elle nous est révélée par la donation que fit un bourgeois de Fougères, nommé Garnier Bool, d’une partie des dîmes de la paroisse qui lui appartenaient au prieuré de

Saint-Sauveur-des-Iaandes. Je me réserve de parler des suites de cette donation lorsque je IIYOCCIIpCPGÎ de ce prieuré». (Voir plus loin Saint-Sanveuredes-Landes.) ’

Ilexiste dans nos documents une lacune qui nous laisse sans aucun renseignemaentqsur la destinée de notre paroisse. Lïass-istance de deux prêtres, Geolïroy et Gédouyn, qui sont qualifiés prêtres de Landéan, a un acte par lequel, en 1161, l’évêque de Rennes mit fin à des difficultés qui s’étaient élevées entre les enfants de Garnier Bool et le prieur de Saint-Sauveur, relativement a l’exécution de son testament ;

Passistance, dis-je, de ces deux prêtres et la qualité quÏils

prennent nous démontrent d’une manière certaine quïä’cette époque Pégtise de Landéan était encore aux mains du clergé séculier ; mais elle ne devait pas désormais y rester longtemps, et elle ne tarda pas a passer à Pabbaye de Rillé. Ce-

— pendant, il est impossible deudéterminer l’époque à laquelle

eut lieu ce changement. Les documents que nous possédons ne contiennent pasla moindre trace de l’acte qui ie consacra. Ce n’est que de1197 a 120.0 que l’abbaye de Bille nous apparaît d’u ne manière certaine en possession de cette église.

Un document de cette époque nous la représente tomme un objet de litige relativement à la possession de ses dîmes, que se disputent trois compétiteurs : l’abbé e Rillé, le prieur de la Trinité de Fougères et le prieur de Saint-Sauveur-des-Landes. ..

Nous connaissons leslitresidtt dernier ; quant à ceux des deux autres, les actes qui les constataient ne sont pas parvenusjiusqtra nous.

Du reste, il est permis de croire que leurs droits n’étaient pas déterminés d’une manière bien claire et bien précise. Nousvoyons, en effet, la contestation aboutir i1 la cession faite à lÏabbé de Rillé par les deux prieurs, sans aucune réserve, (le tous lesd-roits auxquels ils pouvaient prétendre sur la paroisse dé Lamléan ; moyennant qu’il leur fournirait a chacun, et chaque année, six mines de froment, mesure de Fougères (environ vingt hectolitres), de qualité telle qu’il ne pût être refuséni a l’achat, ni a la vente. lLfut stipulé que la livraison s’en ferait aux prieurs avant la fête de la Foussaint, et que dans le cas où l’abbése mettrait eu retard, il’paierait a chacun d’eux une amende de 50 sous, sans pour cela être dispensé de sa fourniture ou d’en payer le montant.

Je ne sais si cette clause pénale fut souvent appliquée, mais nous avons aux archives départementales un acte qui prouve qu’a l’occasion-elle l’était avec la dernière rigueur.

(fêtait en 1416 : Thomas Galiot, qui était pour lors prieur curé de Landéan, avait négligé de fournir à Louis de La Chapelle, prieur de Saint-Sauveur-des-Landes, lessix mines de froment qu’il lui devait pour l’année précédente ; celui-ci l’appela devant Pofficial de Rennes, et quoiqu’on ne fût encore qu’au mois d’août, le prieur de Landéan ne. se tira d’affaire qu’en consentant à lui payer, pour la fourniture" des deux années, une somme de 1&0 écus d’or de bon aloi, vingt écus avant la fête Saint-André, et les vingt écus restant’avant la fête de la Purification…

Les dispositions que j’ai relatées ci-dessus avaient été consenties par les parties, et leur accord confirmé par l’archevêque de Tours, lors d’un voyage qu’il fit à Fougères, où il se trouva le l" janvier 1210. Mais dans le traité il- n’avaitspas été question du lieu où devait se faire la livraison, de n de nouvelles difficultés, qui firent encore recourir à Parbitragc de l’archevêque. Celui-ci, ayant pris connaissance de Pallaire et

entendue les parties, décida que la fourniture se ferait alterna- —

tivement, une année à Pabbaye de Bille, et l’au’tre à Landëan même. (Bull. de FÀss. BreL, t. IlI, p. 242.)

Ce règlement fut modifié plus tard, et l’abbé de Rillégpour éviter les soins cries embarras que lui occasionnait la fourniture de cette redevance, en fit l’assiette sur les traits de la Hunattdière, de la Rivière, du Bois-Guyoit, de la Lordière, de la Vieux-Ville, de la Pérouse, de la Chaitoittière, de la Harlais, de Montfranc et du Hallay.,

L’église de Landéan était, avant la Révolution, desservie par un religieux de l’abbaye-de Rillé, à titre de prieuré-cure. Celui-ci avait, dans les derniers temps, Îla disposition de toutes les dîmes de la paroisse, à condition de payer a la mense abbatiale une rente, foncière de douze livres et d’acquitter les diverses charges du prieuré.

Prieurs-cwés de Landéan. — M16, Thomas Galiot. —. 1540, Jean Clercé, évêque de Macérat, auditeur derote a la Cour de Borne et archidiacre de Dinan, nommé par le roi pendanttla régale. —+ 1596, M. Nicolasi-Freslou. —16/t9, M. Nicolas inot. — 1650, M. Jean Gillard. — 1674, M. Guîllauvmeifiamean. — 1708, M. Bordier. —’1723, M., de Ravenel. — 1756, M. Bordier. — 1781, M. Proust.

Archéotogie.— Uëglise de Landéan, sous le vocable de saint Pierre (29 juin), xfollre rien de remarquable. Le vais-

"seau, qui consistait autrefois en une seule nef rectangulaire,

a été accru, en 1833, de deux chapelles, latérales qui lui donnent la forme de la croix latine. On ytrouve des vestiges de [architecture de toutes les époques, depuis le style roman jusque Pogival, flamboyant,

mais rien i de saillant.

a Étab-lissentents religieux et chapelles. —. Couvent de Saint-François. — Il existait avant la Révolution, sur- le territoire de cette paroisse, dans, la forêt, un couvent de Cordeliers, dont la plus grande partie des bâtiments existent encore au-

— jourd’hui et servent de maison (l’habitation ;

La fondation d’e.ce tzouvent remontait a l’an 171440.

. Quelques religieux de, l’ordre de Saint-François, à la tête n.

desquels étai-t un Frèrequo les : actes contemporains design-eut sous le nom de Vauroulon, s’adressèrent afFrançois Ier, filsÎ aîné du duc Jean "V, qui avait reçu de son père l’investiture de la terre de Fougères, le suppliant de les autorisera sïêtahlir dans sa forêt, et de leur abandonner un lieu où ilspussra.ut construire un couvent et y faire leur habitation.

Le prince, désirant. faire œuvres mémoires pour le salut de

son cime et de ses prédécesseurs et successeurs, et têtre zmrtici- a peut aux bonnes prières, messes et oraisons des religieux, s’empressa (Yaceueillir leur demande ; et, par lettres patentes du 2/1- junvier 1440, il leur céda un lieu que l’on nommait alors le Pas-azwlleunier, avec trois journaux de terre, et la permission d’y construire une chapelle, ainsi que les bâtiments qu’ils jugeruient convenables pour leur habitation.

Il leur accorda en outre le droit de prendre, dans la forêt, tout le hois qui leur serait nécessaire, tant pour leurs constructions que pour leur chauffage, dans tous les’temps à’

venir.

Ces dispositions du prince furent confirmées cinq jours après, le 29 janvier, par le duc Jean V, son père, et approuvées, le 8 février suivant, par Guillaume Breillet, pour lors évêque (le Rennes. i

Les religieux purent dès lors jeter les fondements de leur couvent et commencer leur installation., ’,

La bienveillance et l’intérêt que les fondateurs aviaient rencontres’dans les princes de "Bretagne, leurs successeurs les rencontrèrent encore dans les rois de France qui, après eux,

possédèrent la baronnie de Fougères. Charles VII eu : 1498,.

Henri II en 1559, François II en 1560, Henri IV en 1598, Louis X111 en 1612, et enfin Louis XIV en 1643, se-Ïfireut un devoir de confirmer leurs privilèges. Plusieurs même de ces princes se plurenf. a les étendre, en accroissant leur domaine et en leur procurant de nouveaux moyens qui leur facilitaient la pratique (le leurs règles. C’est ainsi qu’en 1549., Henri Il les autorisa a faire achever la touraille de clôture qui devait enceindre leur couvent, et leunpermit de faire enlever la pierre qu’ils avaient tirée à cet effet dans une carrière voisine ; qlÿau mois de janvier 1613, Louis XIII leur céda à. tout jamais et à perpétuité sept arpents de marais et de bois et un petit ruisseau nommé la Mare-Noire,

pour faire un vivier et réservoir à poisson, dans-le but de pourvoir ä leur nourriture pendant les deux carêmes qu’ils étaient tenus d’observer chaque année ; qu’il les autorisa, en outre, ajoindre ces terres a leur enclos et a les faire entourer de murs, si bon leur semblait, que quatre ans plus tard, au mais, de janvier 1617, le même souverain leur fit la concession de dix nouveaux arpents de terre et de bois situés entre

’ le Préwllichard et la Adore-Noire, toujours avec l’autorisation

de les faire enclore et planter (l’arbres à fruits, et même celle d’y construire unmoulin, qu’enfin tLouis XIV, par lettres patentes du 12 novembre 1654, leur donna en toute propriété dix ä douze journaux de terre, situés au lieu de la Coulétäct du Poteau-Meunier jusqu’ä la Grande-Rivière. 7 En retour de toutes ces largesses, les souverains n’exigeaient autre chose que des prières et des services religieux, que les frères acquittèrent exactement jusqu’au moment de leur expulsion de leur couvent.

Ces services consistaient (Vabord dans la célébration de trois grandes messes, chaque année r l’une le 14 mai, en

fi mémoire (Yfieuri IV ; lïautre leflä août, jour de lit-fête

desaint Louis, pour la conservation du roi et la prospérité de la France ; la troisième le 8 septembre, pour la conservation de la reine mère. (Donation de Louis X111.)

Puis. dans la célébration, le premier de chaque mois, d’une messe solennelle du SainbEsprit, précédée d’une procession généralement chantant Phymme Vent Creator, et suivie d’un

p salut avec prières pour la conservation des personnes du roi etdes deux. reines. (Seconde donation de Louis X111.)

Enfin, dans la célébration d’une seconde grande messe, également le 14 mai, jour anniversaire "de la mort du roi Louis’XlIl, pour le repos de son timon. et d’une antre, le 26 juillet, jour de la fête de sainte Aune, pour la -conservation des jours de la reine. (Donation de Louis XIV.)

À l’exemple des souverains, de simples particuliers m’outrèrent un pieux empressement a contribuer, par leurs largesses, a l’accroissement et à la prospérité du couvent.

En 1575, Jean Meneust, sieur de. la Gasnerais et des Bois-Guyons, leur donna. trois journaux de terres vagues situées dans les environs. ’ ' -

Vers la même époque, le seigneur de La Fontaine leur céda sa chapelle de Saint-‘Gorgon, située a feutrée de la rue de la Caserne, avec les maisons adjacentes, pour y établir un Ospice (sic) où ils pourraient descendre lorsque les affaires de leur couvent les appeler aient à la ville. a — ’,

Enfim-par acte du 15 juillet 1659, M, Bertrand du Guesclin, seigneur dudit lieu et de la Roberie, et dame Judith/ du Châtaignier, son épouse, en fondant un obit dans la chapelle de la Sainte Vierge de l’église du couvent que les père et mère de ladite dame avaient fait construire et orner de peintures et de tableaux, donnèrent aux religieux la prairie de la Saichefilière (Serfilière).

Il y a lieu de croire que le nombre- des religieux attachés au couvent de Saint-François ne fut jamais bien considérable. Le seul renseignement que j’aie retrouié en ce qui concerne cette question date de 1683 et porte a neuf le nombre des profès, sous la direction d’un gardien ; à cette époque.

Chapelle de FHermitage. — On voyait encore dans la, t’orêt une chapelle dont l’origine remontait a une très-haine antiquité, et semattachait, suivant. les traditions du pays, au séjour de saint Vital, de saint Guillaume «Firmat, de saint Bernard de Tyron et de leurs compagnons dans ladite aforêt.

Elle était connue sous -le nom de l’Hermitage, et était située vers l’extrémité Nord-Ouest de la forêt, un peu à l’Est t’du chemin vicinal de Parigué à, Fougères, laoù se trouve aujourd’hui un petit village qui a retenu son nom.

, Voici, d’après les documents. contemporains, les faits qui donnèrent naissance a cette chapelle et lui tirent donner le nom sous lequel son souvenir s’est conservé.

Dans les dernières années du x1e siècle, les saints solitaires dont je viens de citer les noms s’ét.aient retirés dans la- forêt de Fougères, où leur réputation de sainteté ne tarda pas à attirer autour d’eux un grand nombre de disciples, épris comme-eux de l’amour de la. solitude et du désir de se livrer, sous leur direction, à la pratique des cotise ils évangéliques, ‘a

Ils s’y étaient fixés dans un lieu que le biographe de saint Bernard de Tyron désigne sous le nom de Quercus docte, et que, (PRCGOITÏÆIVCG la tradition, je suppose devoir être celui que nous connaissons soustle -nom de Chiennedä, Chesnedé —dans les titres du moyen âge.

Raoul, seigneur de Fougères, dit le biographe que je viens de citer, Raonl aimait passionnément la chasse, et il attachait une si grande importances la conservation du gibier, q’u’il avait entrepris d’enfermer.la forêt tout entière dans une ceinture de fossés et de remparts quiFy retiendraient autant que possible. Craignant que la présence des religieux dans la forêt Ifefirayàt legibieiy-et en multipliant les défrichements n’amenàt plus tard sa destruction, il leur offrit de leur abandonner la forêt de Savigny, qu’ : ils acceptèrentget où, quelques années plus tard, — ils élevèrent la célèbre abbaye à laquelle ellé donna son nom.

Les solitaires, iaéanrnoins, ne quittèrent pas immédiatement et tous ensemble leur première retraite. Plusieurs d’entre eux semblent même y être demeurés quelques années, avant (Taller se réunir à leurs frères. Mais il y a tout lien de croire qu’ils ne restèrent pas à Chesnedë, dont la position, au milieu de la forêt, pouvait justifier lcsicraintes du seigneur, -et (juîls se retirèrent au lieu de Pfiermitage, qui en est éloigné d’environ L500 mètres, mais sur la lisière du bois et dans un endroit où leur présence ne pouvait en aucune manière inquiéter le gibier. (Bollandistes, Vie de saint Bernard de Tyran, n” 6l et 62-, 19 mai.)

Quoi qu’il en soit de cette origine-yen ne saurait révoquer en doute la haute antiquité de la chapelle z au moyen âge, elle constituait un petit bénéfice qui était a la présentation du seigneur de Fougères. On conserve aux archives département tales (série G) un acte de présentation à cette chapellenie, fait le 7 septembre 1531, par René, sire de Montéjean, baron de Fougères, de Sillé et de Combourg. 4 »

Le candidat présenté porte le nom de Jehan Champion, et son prédécesseur celui de Pierre F rest. a a

Quelques années après, elle fut donnée aux religieux de Saintflirançois, qui furent chargés de la desservir.

Chesnedé ou Chiennedéfainsi que l’Hermitage, forment deux fermes enclavées dans la forêt : les ducs de Bretagne les donnèrent, au xve siècle, à l’Hôlel-Dieu de la ville de Fougères, pour Feutretien et la nourriture des pauvresnEtlles ont été aliénées lors de la construction du nouvel hospice (vers 1850) et sont aujourd’hui la propriété de Mm“ la comtesse de laVillegontier. ’ » l

Chapelle des Renardières. — Cette chapelle, fondée le 22 septembre 1665, de deux messes par semaine, le dimanche

et le samedi, par Pierre Vivien et hlarie Courtais, son épouse, ".

sieur et dame des Renardières, était sous le vocable de saint Roch. ’ a a

Elle a été reconstruite a neuf, il’y a unerittlgtaîne d’années, par M. le comte du Poutaviee, le père du propriétaire actuel de» la terre des Renardières.

Monuments druidiques. — La forêt de Fougères conserve, à l’abri de ses vieux chênes, trois monuments dont l’origine se rattache au culte des plus anciens habitants connus de la contrée.

Quoiqu’ils aient été signalés et décrits plusieurs fois, je ne crois pas néanmoins pouvoir me dispenser de le-s rappeler dans cette notice, sous peine de la laisser incomplète.

Le plus remarquable est un dolmen, connu dans le pays sous le nom du Monument. Il est situé dans la partie occidentale de la forêt, à 12 mètres seulement à l’Est de Vallée (literie Clair-Doua, et a environ, 300 mètres au Nord du carrefour du Poulailler et du chemin vicinal de Parigné.

La pierre de recouvrement avait environ 4 mètres 87 de longueur, 2 mètres 60 dans sa plus glande largeur, et 4 mètre 13 (l’épaisseur.

Elle est soutenue à 73 centimètres du sol actuel par six autre pierres de moindre dimension, dont la disposition sur deux rangsformeüune allée dont la direction est du Nord-Est au Stand-Ouest, et dont la largeur est d’environ i mètre.

Plusieurs pierres que l’on remarque au Sud-ouestttle cette allée, et quilsont placées dans la même direction, semblent indiquer qu’elie se prolongeait autrefois davantage.

Quelques-uns des supports aÿantété dérangés par suite de Patïaissémetitidu sol ou par les etforts des hommes, la pierre de recouvrement s’est trouvée porter a- faux, et il en est résulté unorupture qui la partage en deux morceaux ; mais ceux-ci se sont peu écartés, et la fissure qui les sépare est telle quel-laine permet-pas de douter qu’ils iraient, dans le

Toutes ces pierres appartiennent à l’espèce de granit qui se rencontre communément et quelquefois en assez grande masse dans cette partie de la forêt et dans la contrée voisine.

Le second monument est également un dolmen. Il est connu dans le pays sous le nom de Pierre du Trésor, ’nom qui lui a porté malheur, car on a cru qu’il recouvrait réellement un trésor, et l’espérance de le découvrir a poussé à faire des fouilles qui ont dégradé le monument sans enrichir ceux qui les ont entreprises.

Cette pierre, d’une nature siliceuse, a 3 mètres 79 de longueur sur 2 mètres 27 de largeur et 80 centimètres d’épaisseur. Elle était supportée par plusieurs autres pierres moins grosses ; mais quelques-unes (Feutre elles ayant été déchaussées et renversées, la première a glissé obliquement jusqu’à terre, de sorte qu’elle ne porte plus que d’un côté sur ses supports.

Ceux-ci étaient, comme pour la précédente, rangés sur deux lignes, et formaient une allée dont la direction était du Nord au Sud. ’ -

Le troisième se trouve dans la même partie orientale de n’ forêt, sur le bord et un peu au Nord de Palléequi conduit à l’ancien couvent de Saint-François..

Je ne crois pouvoir mieux faire connaître ce monument, qu’on désigne ordinairement sous le nom de Cordon des Druides, qu’en reproduisant la description qu’en a donnée M. Danjou dans le Bulletin de la Société (année 1862, p. 44) : ’ ' v ’

« Il consiste, dit-il, dans une rangée de blocs de quartzites u (Tenviron un mètre «l’élévation ; alignés à peu près dans la a direction du Nord-Est au Sud-Ouest, sur une longueur. de « x 300 mètres. Vers le milieu se trouve une pierre quadram cr gulaire de 2 mètres de hauteur. a

u Vers, l’extrémité Sud-Ouest de cettalignement sont deux a débris de cromlechs de 7 à 8 mètres. de diamètre, composés u de blocs de pierre de petite dimension. À cet endroit el’alis gueulent cesse ; mais on le ÏÏEIPOUVB bientôt, écarté vers le Sud de sa direction ; et, taprès un court trajet, il" finit par quatre pierres posées en carré. Plusieurs débris, ça et la, z annoncent 11u’il a été anciennement plus considérable. n

monuments du moyen-âge. — Les Celliers de Landéan. -On. rencontre encore dans la forêt de Fougèrespa environ 850 mètres, au Sud du bourg de Landéan et à 45 mètres 11 POnest de la grande route, un monument quiÿa non moins occupé la sagacité des historiens et des antiquaires que rimagiiratioti des. populations de la contrée, et dont l’existence ne me semble pas avoir encore reçu sa véritable explication.

Ce monument est généralement désigné sous le nom de Celliers de Landéan. — -. ’ e

De vieilles traditions, que d’Argentré lui-même attrait accueillies dans son Histoire de Bretagne, et dont Peau qui les remplissait ne permettait pas de vérifier l’exactitude, les mettaient en communication avec le château de Fougères.

On sflappnyait‘, pour leur donner crédit, sur cette observation que le niveau des eaux du souterrain suivait les mêmes oscillations que celui des eaux de l’étang de la Couarde, et sur ce récit, généralement admis, qu’un canard lâché E1 läentréo du premier, après s’être enfoncé sous ses voûtes, avait fini par reparaître sur le second. i

Un peu de réflexion sur la différence Œaltitude des deux points, avec la moindre connaissance des premiers éléments

de Fhygrométrîe, eût suffi pour démontrer l’inadmissibilité u

des raisons au "moyen- desquelles on prétendait appuyer cette communication. et expliquer la crue ou la baisse simultanée des eauxdans le souterrain et dans l’étang du château. Dans les (leur : endroits, en eiïet, elles obéissaient, comme elles obéissent encore aujaourddtuiç aux lois qui-résultent des conditions de l’atmosphère, et par suite desquelles toutes les nappes d’eau, soumises aux mêmes influences hygrométriques, faussent ou baissent en même temps, sans qu’il y ait aucune relation entre elles.

Quoi qu’il en soit, en 1808, M. Rallietyrqui avait devancé son époque, et qui dès lors s’occupait avec un zèle remarquable de la recherche des antiquités de notre pays, désirant s’assurer par lui-même de ce qu’il pouvait y avoir de bien ou de mal fondé dans ces traditions populaires, sollicita et obtint de l’administration forestière l’autorisation de faire tous les travaux qu’il jugerait nécessaires’pour arriver a reconnaître exactement l’état du souterrain et les communications qu’il pouvait avoir avec «des lieux plus ou moins éloignés, si toutefois il en existait.

Il fit donc épuiser les eaux qui le remplissaient et enlever toutes les terres ainsi que les autres matériaux dont il était encombré. Le fond ayant été mis a découvert, il descendit dans le souterrain net la, en présence d’un grand nombre de personnes qui sïntéressaieitt à ses recherches et qui y descendirent avec lui, il se livra aux perquisitions lest plus minutieuses pour reconnaître s’il ne présenterait pas unciottverture, si petite qu’elle fût, qui le mit excommunication avec le dehors. Mais ses recherches n’eurent (Feutre résultat que de lui démontrer la fausseté des traditions populaires, en lui faisant constater, de la manière la plus certaine, que Pintérieur du souterrain était complètement fermé et qu’il ne présentait d’autre issue que celle qui lui servait «feutrée.

M. Rallier publia alors dans les Mémoiresde Pitcadémie celtique (n° xm), dont il était imembre, une notice accompagnée d’un plan des celliers, dans laquelle, après avoir rendu compte de la manière dont il avait procédé, il donnait l.a description du souterrain, et examinait les diversesqtuestions qui se rattachaient a son origine et à sa destination. ; a

Il fit même tirer a part quelques exemplaires’deVcette notice et du plan dont elle était accompagnée ; mais comme elle est devenue très-rare anjourtïhui et que les Mémoires rle° l’Académie celtiquersoxit en fort peu de mains, je crois devoir, pour ne pas laisser de lamine dans mon travail, reproduire ici, enlabrégeànt, la description qu’i’l a. donnée du monument.

Il s’annonçait, comme il snnnonce encore anjonr-(Phui extérieurement, par deux rampes presque entièrement comblées, qui formaient entre elles un angle droit et se réunissaient à un pallier commun. Ce pallier, ivoûté comme elles, était placé à l’entrée du souterrain, qui eonsiste en un berceau lfplein cintre ayant 15 mètres 08 de longueur, 6 mètres 3l de lar—’

geur et 4» mètres 22 (le hauteur, mesurés de la voûte au-dessus du plancher. t

Ce plancher, d’une épaisseur de 54 millimètres, était formé‘

de madriers de bois Ide chêne ou de châtaignier dont M ; Rallier ne retrouva plus que quelques fragments. Il était porté par des poutres en bois de hêtre, qui reposaient elles-mêmes sur des sommiers en bois de hêtre ou de chêne dînégale épaisseur, et» posés transversalement de (listance en distance sur le sol. A.

Les parois, ainsi que la voûte, son/t construites avec {les pierres (le moëllons et des briques. Ces briques’, qui sont très-bien cuites et bien Aconservees, ont 30 centimètres de longueur, 2l de largeur et 3,38d’épaisseur.

La voûte est soutenue par des contreforts qui, se cqutitinant en saillie tout autour, forment comme des arcs donhleanx qui lui semblent adhérents, sans pourtant être liés avec elle.

(les contreforts, au nombre de onze, sont en pierres (le taille, et dans les intervalles qu’ils laissent entre eux la muçotitierie a été revêtue d’un enduit qui se présenta aux yeux des. visiteurs. dans l’état le plus parfait de conservation.

Un soupirail pratiqué dans la partie supérieure de la voûte, entre la seratièmse et. la huitième arcade, semble avoir en pour objet de procurer de l’air [ilutot que de la lumière aux per» sonnes qui étaient descendues dans le souterrain.

Au moment de sa visite, M. Rallier constata avec surprise que les racines des arbres, si puissamment attirées par Peau, ne s’étaient fait jour nulle part au travers de la maçonnerie, quoique de vieilles souches, placées immédiatement au-dessus de la voûte, attestassent l’existence des’arbres (Iepuis un temps très-éloigné.

Pour préservatif contre lÎhumidi-té, on avait ménagé une légère inclinaison dans l’établissement du plancher, et on l’avait fait aboutir à un puisard placé à Fàngle Sud-Ouest du souterrain. Ce puisard, creusé dans le roc, est de {mètre 30 plus bas que le sol à l’endroit où il est le plus bas lui-même. Les eaux y affluaient de tous les points ; mais il fallait les extraire a bras ou bien au moyen d’une pompe, ou de tout autre procédé. —

Les Celliers de Landéan sont encore aujourd’hui ärpeu près dans l’état où ils étaient lorsque M, Rallier en entreprit l’exploration. Peu de jours après, lorsque les tranchées qu’il avait pratiquées pour l’écoulement des eaux eurent été recomblées, celles-ci, en reprirent peu 11 peu possession, et les terres, en riaccumulaut dans les parties les plus rapprochées de l’entrée, en ont singulièrement obstrué Forifice.

Il n’eu est pas de même des parties extérieures ce qui restait à cette époque de.la maçonnerie des rampes et du palliena presqu’entièrement disparu, et même un grand nombre de pierres et de briques ont été détachées de l’entrée de la voûte et lancées dans les profondeurs du’souterrain par les visiteurs, qui, moins soucieux de la conservation du monument que d’un amusement passager, prennent plaisir, en les jetant dans les eaux, ä provoquer le puissant retentissement d’un écho qui ne manque jamais de leur répondre. ‘

Maintenant, a quelle époque et pour quelle destination "ont été construits les Çelliers de Landéan ?

M. Rallier a examiné cette double question, et s’arrêtant a l’opinion exprimée par dÎArgentré, dom Lobineau et les autres historiens" de la proviqce et accréditée par eux, il les fait remonter à Baoul H, seigneur de Fougères, qui les aurait fait construire lors de sa grande lutte avec- Henry Il, roi dflangleterre, riest-ä-dire dans l’intervalle de 1166 a 1173, pour y cacher ce que lui et ses vassaux pouvaient avoir de plus précieux. Moi-ïmême, dans un travail antérieur publiées 1846, je metais’, quoique a regret, range à cette opinion, Ifayant

pas de motifs pour lui-e en substituer une autre, et surtout

aucune autorité qui pût faire contre-poids à celle que ÿavais’

a combattre. Mais, aujourŒhui, il, n’en test plus de même. Je (lois a l’aimable obligeance de M. Pol de Courcy la- communication dé l’histoire manuscrite des seigneurs de Fougères, par le P. Dupaz, et qui devait faire partie d’un second volume que ce savant religieux se proposait de publier. Or, cette hist toire renferme quelques lignes qui, ta mes yeux, font justice complète de toutes ces traditions, dont le grand tiéfant est

(Pê-tre en [Jarfsait désaccord avec la vraisemblance, car on’ne saurait imaginer une cachette construite dans un endroit et dans des conditions semblables.- En eflÎet, comprendrait-on que Raoul, voulant dérober ses richesses et celles de ses vassaux ä la rapacîté de ses ennemis, et ayant pour les cacher une

—t’orët d’une Étendue considérable, ait. été faire choix d’un lieu "que sa situation seule eût du lui faire repousser, puisquîl

était a l’extrémité de la forêt et a une très-petite distance de la route que ses ennemis pouvaient prendre pour venir atta»

A quer son château ? comprendrait-on’encore que, négligeant toutes les précautions que suggère la prudence pour dérober ’ aux regards le lieu de soit dépôt, il eût accumule tout autour

tous les indices qui pouvaient révéler son existence ? Carvm

- ’ 20 pourquoi ce soupirail, ÏJOIIPqÙlOÎ surtout ces rlettx ampes

extérieures, qu’empêchaient de masquer Fctttrée du soirterraiu, lorsqu’une seule" était bien suffisante ?, Je sais très-bien que les auteurs de cette opinion in troquent en sa faveur un passage de la Chronique du Mont «Saint-Michel, document d’une très-grande importance sans doute, dans lequel est relatée la surprise faite par Partmée anglaise des hommes du seigneur de Fougères, qui, suivant les ordres qu’il leur avait donnés, se retiraient dans la forêt avec tout leur avoir, et furent atteints par elle avant d’aroir gagné leurs retraites, Latibula ; mais ce mot ne doit s’eute-ndre ici que de

n

la profondeur des bois, et ne saurait {appliquera une ca-r chette construite de mains dÎhommes, telle que les Celliers’tle Latidéan. Cette explication, du reste, ressort même du texte du chroniqueur‘, lorsqu’il dit qu’ils se retiraient avec leurs r chevaztæ, leur gros bétail, lettre troupeaux et tout leur avoir : I

equos, armenla, pecudäs, etc. Or, personne, je crois’, ne s’avisera de penser que les Celliers de Landéan aient jamaispu avoirune pareille destination. ’- *

En voilà assez, trop peut-être, sur cette question ; mais loi-squfiine erreur historique est passée dans les traditions

populaires et qu’elle s’est identifiée avec l’autoi’i’të de u‘

science, elle ne satirait être trop fortement attaquée, "et il est nécessaire, si l’on veut l’empêcher «de revivre, de couper j usqufaux fibres les plus tenues de ses dernières racines.

Je reviens donc à l’histoire du P. Dupaz, auquel remprunte ce passage, qui me paraît des plus concluants :

t «Henr, baron de Fougères, éïant, dit-il, un jour ä la a chasse dans sa forêt de Fougères, en temps C’este, il tomba « eu maladie, dont il ne revintä convalescence ; et s’estant « rctirédatis sou manoir de La Foresterie, près leihotirg de « Landéau, duquel on voit encore quelques naines et vieilles fl INÜSUTÊS. l ? A

Dans une antre. copie du même récit, faite également de sa  main, il met cette variante : ci dont on ne voit plus qtäunc»

vieille cheminée et les/caves sottterraittes qu’on appèleettlgaiiretirent les Celliers de Landéan, n etcu, et il ajoute en note : u Le reste du corps de logis estant toïmbé en ruines par vieillesse et pour aviavoir esté entretenu de réparations. v

Ainsi’donc, au temps où le P. Dupaz écrivait, cïzst-ä-dire

a la fin du xvtf’ou au. commencement du xvn’siècle, il tfy‘

avait ttucune incertitude sur l’origine de ces ruines et la (les-

. tirtation de l’édifice auquel elles appartenaient ; et il y a lieu de sïitonner que, dïärgentré, qui écrivait vers le même temps, ait pu se faire l’acteur, car tout me porteà croire.qu’il est le premier’ à Paroi-r émise, dîune opinion -qu’il est si difficile de concilier avec les caractères et les (lis positions du. monument rtuquel elle se rapporte.

Si, en effet‘, l’existence des deux rampes ne settplique pas idarts l’ancienne hypothèse, elle s’explique de la manière la plus naturelle s’il est vrai, comme je le crois, que notre souterrain trait été autre chose que la cave du manoir. seigneurial du baron deÿougères. L’une (Pelles en effet, la plus large, devait servir irmettrela cave en communication avec Texterieur et in y introduire les grosses provisions, à la conservation desquelles elle était aflectée ; Foutre au contraire, plus étroite, était destinée au service intérieur et avait pour objet de mettre la cave en communication avec Potage supérieur.

Du reste, le nom de Celliers, conservé jusqu’à nos jours i a ces souterrains, semble fournir un argument à l’appui de cette hypothèse : qu’est-‘ce, en ellet, qu’un cellier, ’sinon un lieu destinée recevoir et à conserver les diverses’provisions nécessaires à la consommation ? ’ -

Jé persiste donc 21 croire querlon doit renoncer à tous les histoires 1iitxs ou moins fabuleuses que Pou a imaginées jllSqtŸÎcÎ-potll’rendrecompte de l’existence île ces souterrains, auxquels leur situation dans la forêt semble avoirqdonné une partie jde leur prestige ; car’j’ai été à meine d’observer plusieurs fois d’autres caves présentantjsauf les dimensions “et la recherche dans les matériaux, des dispositions analogues ä celles-ci : à Fougères entre autres, dans l’ancien Hôtel-Dieu ; à la Chapelle-Janson et à Tremblay, dans les bâtiments de l’ancien prieuré, et en A ’

L’explication a laquelle je m’arrête est évidemment la plus simple et la plus naturelle ; mais il est a remarquer qu’en archéologie, comme en toute autre science, c’est presque toujours à Fontbrede la simplicité et le plus près possible de la nature. qu’il faut aller chercher la vérité.

Cette explication admise, la constructiontlestîelliers de Landéan doit être reportée en arrière de Vépuque que lui ont assignéeM. Rallier et les autres antiquaires qui s’e.n sont occupés. Nous avons deux actes qui font mention du manoir de la Foresterie. Le plus ancien est l’acte de fondation de l’abbaye de Rillé, celui-la même auquel se rapporte le passage que j’ai cité de l’historient Dupaz. Il ne saurait être postérieur a l’année 1150. (D. M012, Pr. L) ’

Ce manoir existait donc à cette époque ; mais depuis combien de temps ? (Ïest ce qu’il est impossible de déterminer. Uacte fixe pour nous une limité certaine pour les temps ultérieurs ; mais en deçà, toute liberté est laissée à nos con"jectures. a

Je ne puis terminer ce qui concerne les Celliers de Landéan sans faire remarquer que. les deux groupes (l’habitat ions qui ensont le plus rapprochés, sur la limite de la forêt, portent-encore aujourd’hui l’un, le nom du Chalet, l’autrei celui"

de la Foresterie. On y a trouvé à diverses reprises, au village du Chfitel, des fragments de colonnes et des débris de matériaux qui avaient évidemment appartenu a une construction importatiteJPeut-on conjecturer de u que le village, comme semble l’indiquer son nom, soit bâti sur l’emplacement d’un ancien château qui aurait’succédé la celui qui était superposé aux Celliers de Landéan ; ou bien seulement qu’il ait reçu le nom de Ch-âtet, parce que ses premières habitations auraient été construites avec les matériaux provenant de la démolition Uabsence complète de toute espèce de matériaux à Pendroît des Celliers, absence qui ne peut. s’expliquer que par l’enlèvement que Pou en a fait pour les employer dans d’autres constructions, me rend bien plus plausible la seconde de ces hypothèses.

Le second acte dont j’ai parlé, et qui a pour objet la remise d’un droit de repas fait par Hugues de Lirsigtian, seigneur de Fougères, au prieur de Saint-Saitveur-des-Landes, est daté du vendredi après l’Épiphanie (le il’année 42811, et du manoir de la Foresterie, opud foresteries. Ce qui prouve qu’il existait encore à cette époque. Mais la baronnie de Fougères était à la veille de passer dans la lllaison de France et de tomber entre les mains de princes qui n’y feraient jamais leur résidence, Le manoir de la Foresterie dut dès lors être singulièrement négligeiettinir, faute dïtccupatioritet d’entretien, par

tomber complètement en ruines. Sa’situation dans la forêt‘

ne permettant pas de reconstruire sur place, les administrateurs’de la terre de Fougères auront vendu les matériauuqtii

’ en provenaient, — avec lesquels se seront élevés, ’ à quelques pas de lui, les premières maisons des deux villages dont les noms

semblent empruntés à son souvenir.

On voit encore-dans la forêt de Fougères, a environ i kilomètre

auNord de l’ancien couvent des Cortleliers et un peu à‘l’ouest de la prairie de Mont-Richard, sur les bords d’un ruisseau, une foule de monticules qui couvrent une surface d’environ 1 hectare : ils sont ; assez informes et entourés de fossés. On les nomme, dans le pays, les Vieu-az-Châteattæf r

v, ' >. ’. x

Deux autres châteaux à motte se trouvent encore dans les marais ; sur les bords de la rivière qui sépare à l’Ouest cette paroisse (Je celle de Pnrigné. L’un est situé pro-elle le village des lllntz et est désigné sous Ie nom de Burette-filaheu ; il n environ 6 mètres 50 d’élévation an-dessils du sol, et son diamètre peut être de 3l à 32 mètres à sa base. Le second est situé il vue et ä 1,200 mètres environ de celui-ci, tout [nies du villàge de l’Artoire ; il est désigné sous le nom de Barre airæ-Reizaids. Il ne diffère du précédent que par ses dimen : siens, qui sont plus petites.

La paroisse de Landéan était traversée du Nord au» Sud par une voie romaine dont les traces étaient encore fort appa» rentes, il y a quelques années, entre le viliage de la Vieux-Ville et celui de Launay. Je me réserve d’en parler lorsque je lnbecnperai de la» paroisse (le Louvigné, sur laquelle elle débouchait dans le département (Yllle-etflïilaine. i ’

Iïlistoire féodale. — Maisons nobles. — Les plus anciennes maisons nobles de cette paroisse "étaient : ’ v

I. — Le Halley, le Pontpèan et PAitoire, ou IUÆ-retoicère.

En 1269, ces trois terres étaient réunies entre les mains de N…, seigneur du l-Iallay. En. cette année-le, Hugues de Lnsignan, qui avait épousé l’héritière de la maison de. Fongèrcs, accorda à ce seigneur droit d’usage, de chauffage et de pasnage dans la forêt pour ces trois terres. p

Ce droit fut confirmé à ses descendants par lettres pelenles de Pierre et de Jean, comtes d’Alenço.n et seigneurs de Fougères, (lonnées ä Alençon, les premières le 10 septembre l 381, les autres en M28, à’la charge d’exercel’ou (le faire exercer

la charge de garde forestier dans une partie de le fol-et, pour

laquelle charge ils étaient autorisés il prélever chaque année

— une somme de trente sous monnaie sur les revenus et amendes

de la forêt. p

Ces terres ayant été désunies vers la fin du xvl“ siècle, la serpentine, car c’est le nom qu’on (ionnait à cette charge, semble être restée attachée ä celle de PArtoire jusguît la supè agression de ces OiÏÎCCS, en 1669. C’est du moins ce qui paraît r résulter de. lettres patentes du roi, du mois de février 1652, accorées à dame Perrine Monneraie, veuve de René Le Corvaisier, seigneur de la Viilegontier, [propriétaire de la terre de FArtouère.

Les terres du Hallay et du Pontpéan ne cessèrent pas pour celaâde jouir des droits d’usage dans le forêt, qu i furent fixés à trente charret-ées dethois par an pour chacune des trois terres. (Béformation de la forêt de Fougères, en 1664.)

Ces Lieux terres ont continué (Tuppartenir à la famille duflaiiay jusque l’époque de la Révolution.

Celle du Halluy donnait à son possesseur le droit de préé—

{minence dans l’église de Laudean, droit de banc et (Yenfetu

dans le citoeur, et tous les (truite de seigneur fonciutgeur. Les üefsde sa dépendance se bornaient au grand tief du Ælallay, s’étendant entandéuu et La Bazouge, et contenant.

411-0 journaux, et un fief des hautes et basses Ziféltaliæzais, 80 journaux. v‘..

La terre et seigneurie de PArtoire était passée, à la fin du 1m“ siècle, dans la fàmille Le Corvaisier, dont l’héritière, Gilieïte Lefiorvaisier, la. porta, vers 1630, eavec la terre de la Villcgontier, à Pierre-Sébastien Frein, sieur du Chesnay et (Plfïer, qui prit le nom de la Villegontier, et dont les descendants lu [Jossèdent encore aujonrcFhui.

Elle flotmnit à son" possesseur les droits de banc, de tombes

et denfeu prohibitif avec écussons dans Fégiise de Lande-an,

au-devunt- desiautels de NotneDntne et de Saiut-Gorgon ; La terre-Île VArtoire se composait de la Çnétairie et du moulin dcËVArtoire. » ’, x

Ses gltâpextdagtçes étaient le fief du Rocher ou des Potiers, 100 journaux, et le fief de la Vieztaæ- Ville, 200 journaug —

Il. — La terre des Renardiêres ; appartenant en 1680 à ularie Courlais, dame de la Guichärdière, veuve de Pierre Vivien, sieur des Renardières. -

Domaine proche. — La métairie des Renardiëres, 90 journaux ; le moulin du Tertre-Robert, les métairies de «la Gaucherie, 36 journaux ; du Bignon, 35 journaux ; de la Basse-Roùelie, 88 journaux jet le moulin des foulons de la Basse Rouelle.

Mouvances. — Le grand fief de la Vieuæ-Ville, 80 journauxg’les fiefs de la Petita-Vieuæ-Ville, 25 journaux ; de la Croneille, 78 journaux ; de YEpinay (Le Loroux), 80 journaux, et la mesure de la Recussonniëre (La Bazouge}, ’75 journaux. — à K

lII. — La Haute-Rouelle, avec- maison seigneuriale, à Michel de Quenouarlz, seigneur de Patrion. i

IV. — Le Châtel, à M. Publié Malhien Denoual.

s

—.—u1—

x. — LECOUSSE.

o Eçclesia de Eæcussa, x1e siècle (Blancs-Manteaux, t. XLV, p. 676). — Esecussa, xu” siècle (D. Ivlorice ; P-r. I, col, 652 ; Bulletin de l’Assoc. BreL, t. IlI, p. 236 et 237). — I/Escausse, xve siècle et suiv. — Saint-Çllartin. de L’Escousse, xvn“ siècle passive. Il

(Test à la fin du x1e siècle, à une "époque que l’on peut, avec toute certitude, fixer entre les années 1080 et 1090, que celle paroisse fait son apparition dans notre histoire. Son église était alors, comme nous. l’apprend une notice extraite du Carlulaire de Fabbaye (le Pont-le-Voy, dans la possession d’un clerc auquel elle donne Je nom de lllorand etlle titre de doyen. ’ r i ’

Celui-ci ayant résolu de quitter le monde et (l’embrasser la vie religieuse, en disposa en faveur de l’abbaye de Pont-le-Voy, qu’il avait choisie pour sa retraite, et ajouta ä ce don celui des dîmes et de tout ce qu’il possédait dans la paroisse.

Bien que ces dispositions eussent été faites avec l’assentiment de Baldtteie, mère du donateur, et de Gaultier, son frère, celui-ci ne se regarda pas comme lié a l’égard des religieux ; et prenant pour prétexte, qu’ilsne lui avaient pas acquitté les droits de cens qu’il prétendait lui être dus, il leur enlev-ade vive force les biens qu’ils tenaient de la lilaé- ralité de son -frère,.et les transmit, eu mourant, a un autre frère qu’il laissait après lui et qui portait Ie nom. de Godfroi. Sur ces entrefaites, Irlildebert, abbé de Pont-le-Voy, vint a Fougères ou l’appelait le devoir de sa charge, et faire la visite des biens qui appartenaient ason abbaye, dans les. environs.

Il profita de sa présence sur les lieux pour, adresser ses plaintes ä Raoul, seigneur de Fougères, et pour appeler Godä lroi a rendre compte, devant lui, des actes de. violence et de spoliation dont son frère s’était rendu coupable. Godfroi comparut en personne et présenta lui-même sa défense ; mais il ne put réussir à justifier la conduite de son frère, ni la sienne, et il se vit condamné à restituer aux religieux. l’église et les autres biens qu’ils s’étalent violemment appropriés. La sentence du seigneur de Fougères fut presqwaussitôt i ratifiée par Sylvestre, évêque de Rennes, qui, non content de confirmer l’abbaye de Pont-le-Voy dans tous les droits qu’elle lui donnait sur l’égliâe de L’Escousse, fit encourir l’a peine (Yexcomuiuniealion à tous ceux qui s’aviseraient de les leur contester.

Les religieux, en rentrant en possession de leur église, offrirent quelques présents aux membres de la famille de leur adversaire‘, moins peut-être à titre d’indemnité de la perte qu’ils leur taisaient éprouver qu’à titre de gage d’otibli pour le passé et de paix pour l’avenir.

La notice énumère ainsi les présents que reçurent chacun. d’eux : le jeune Gaulticr, Le Fromentier, quatre sous pour la délivrance du gage de l’église ; Godfroi, un cheval du [iris de quarante sous ; Orfilie, sa mère, quatre vaches ; et enfin Geotïroy, frère de Godfroy, qui était clerc, eut la promesse d’êt ré admis dans Pahbeye, dans le cas où il embrasserait la vie religieuse.

Depuis lors jusqu’au moment de la Révolution, l’abbaye de Pont-leNoy a toujours été en possession de l’église de Lecousse, sous la dépendance du prieuré dîgné.

Le prieur percevait les deux tiers des dîmes de la paroisse. Bien-que les souvenirs. que j’ai. retracés nous reportent une époque fort reculée, je ne pense pas néanmoins qu’ils nous aient encore conduits jusqu’à l’origine de notre paroisse. Le nom d’Ea : cnssa, sous lequel elle "est désignée dans la notice qui nous les a transmis, implique nécessairement Fidée d’une périodeautérieure. dans son existence. Qu’est-ce, en eiïet, que’ce nom d’Eœcussa, sinon le nominatif du participe passé léminin du verbe eæcutere, se rapportant au substantif ecclesia sous-entendu ; comme qui dirait : EcclcsiaEœcttssa, en’français : l’église Eseoussc, ou tout simplement : L’Escoussie. Mais si le nom sous lequel notre paroisse est désignée dans la notice est un participe, il ne saurait se faire accepter par nous comme étant son nom primitif. Participant ; en clfet, de la nature de l’adjectif et du verbe, il détermine dans son existence une manière dïître résultant de l’acte exprimé par le verbe auquel il-appartient, et ne saurait par conséquent être considéré comme son nom propre, dest-ä-dire comme le signe caractéristique de son individualité. Or, comme on ne conçoit pas une individualité quelconque, paroisse ou autre, sous un nom qui la spécilie et serve à la faire distinguer de toutes les autres individualités de son espèce, il en résulte qtÿun. participe qui se rapporte- uniquement à sa manière d’être, à un mode dé son existence, ne saurait remplir cette fonction, ni être par conséquent considéré commoson nom primitif.

Mais [JOIJSSOIIS plus loin cette démonstration, en en lîziisant Pnpplication au cas dont il siagit. A

Quelle est la signification de ce nom- d’Eaccussa ou plutôt du verbe eæcutere auquel l’appartient ? ’

Ce verbe qui, employé activement et au, sens propre, signifie secouenpénranler, employé au passif’et : au sens figuré, se prend généralement comme exprimantleflet résultant de ces actes ; Fidée qu’il représente est par eonséquentune idée d’amoindrissement du sujet auquel il se rropporle, une diminution. quelconque de son’ être. Ainsi, arbor CŒCNSSŒ peut s’entendre, suivant les circonstances, d’un arbre dépouillé de ses fleurs ou de ses fruits. ’

Appliqué à, une paroisse, il ne peut donc être. considéré que. comme Peripression d’un changement introduit dans sa constitution primitive, soit par rapports ses prérogatives, soit par

s

rapport a son territoire ; d’un amoindrissement dans les conditions de son être ; résultant d’un évènement ou d’un

a acte qu’il ne particularise pas, mais jamais somme le signe

déterminatif de son individualité…, A ce point de vue, lenom (PExcttssa ou de L’Escoussc se

présente donc à nos regards comme le résumé énigmatique

d’un chapitre de l’histoire de notre paroisse, dans les "temps qui précédèrent-t sttdonetion ä>l’abbaye de Pont-le-Voy. Du moment, en etTet, qu’il implique l’idée d’un changement dans les conditions de son existence, il est une démonstration péremptoire de sa préesistenvee à l’acte dont il détermine Pellet ; mais si elle existait, elle devait avoirs un nom, Quel était ce nom ? 3 « le I '

Avant dahnrder Pexamen de cette question, dont je ne conteste pas l’importance, je crois néanmoins que l’intérêt que l’on peut y prendre est primé par celui qui sinttaclte au nom tYEæcussa lai-même, et à la recherche des évènements ou des faits auxquels il fait allusion. Je vais donc tout d’abord essayer de soulever un coin du voile qui les dérobe/à nos regards, et rétablir, s’il est possible, " ce premier chapitre, demeuré en blanc, de l’histoire de notre paroisse.

Si le nom dïÿæcussa ne remontait pas a une époque ante» r

rieure aux vingt premières années du x11e siècle, les démembrements que subit alors la paroisse, " dont il est devenu le terme de désignation, en fourniraient une explication surabondante. i

Ces démembrements, du reste, me paraissent avoir une si grande importance pour la solution de la question qui nous occupe, que je crois devoir devancer les temps et entrer des maintenant dans quelques détails en ce qui les cottèerne,

Parmi les documents contemporains qui nous en ont-transmis le souvenir, une notice (1) rédigée en 1’143, sous les signatures de Henry, seigneur de Fougères, et’ (le Hamelin, évêque de Bennes, doit appeler surtout notre attention.”

Voici de quelle manière elle nous présente les faits relatifs

l

ä la fondation de Yabbaye de Rillé ;. « sachent nos successeurs qu’a la sollicitation de Henry, seigneur de Fougères, les moines de Pont-le-Voy ont cédé t aux chanoines de Fougères le bourg de Bille, tel qu’il su comporte, avec le fossé et le boulevard qui Ventourent, pour y construire une "église et y établir un cimetière, a ä charge de leur payer chaque année, a la fête de saint ç André, une somme de cinq sous, monnaie duxngcirs’, en

(1) Communiqués par M. A. de la Borderie. souvenir et reconnaissance de la mère églisersaooil’de L"Eseousse.r i l ’, l.

u Les chanoines, de leur côté, ont renoncé ä toutes les revendications quîls se disaient en droit iderxercer sur la chapelleSaint-Ëlieolas, l’église Saint-Léonard’et la métairie de Mesa Picato (la Cour-Pecault ?), dont les’moines conserverontlær paisible jouissance, etc., etc, n Deux faits importants ressortent de cette notice :

A‘

Ë.

R

ê

à

I

1o La filiation bien et dûment constatée de l’église de Rillé ’ par rapport à celle de L’Escousse, et aussi la formation de la

paroisse de l’une au moyen d’un démembrement du territoire tic l’outre‘, t A e

2o Les droits de l’abbaye de Pont-le-Voy sur l’église et layaroissc Saint-Léonard hautement reconnus, reconnaissance qui nous amène directement à cette conclusion que l’église de Saint-Léonard est, comme, celle de Rillé, fille (le L’ESconsse, et que sa paroisse est formée égalementdïm démembrement de son territoire. l - “ ’

Remarquons, en effet, que la notice ne donne pas cette reconnaissance comme le prix ou l’équivalent de l’accession du

bourg de Bille, non, cette cession en a été seulement Foccasien, mais nullement la cause.

r Elle nous montre clairement que les religieux étaient en possession de l’église Sainblséonard’lorsque les chanoines s’avisèrent de les troubler dans leur jouissance en leur opposant un prétendu droit.’.L’un et l’autre faits, celui de tapes session et celui du trouble, sont établis par elle de la manière

la plus évidente : Canonict‘, ditëelle, calomnias quam se jure mittere dicebant, dimiserztrtt. — Ecclcsiam Sancti Lèonazÿdi moitachi quiete possideartt. l a i La notice ne nous fait pas connaître sur quel titre reposait la possession des religieux ; mais si nous considérons qu’au moment où ces discussions éclatèrent la paroisse de SaintLéonard comptait 31 peine vingt années’dlexistence (t), nous serons autorisés à croire que leur droit était préexistant à la fondation de cette -paroisse-, car s’il était résulté d’un titre postérieur, sa récente origine l’aurait mis ä l’abri de toute contestation, et les chanoines n’auraient jamais songé ä l’attaquer.

Le droit des religieux devait donc remonter à une source plus éloignée et atteindre la paroisse dans les éléments mêmes dont elle fut constituée, lorsqu’ils étaient encore incorporés a celle dont ils furent détachés, pour lui donner naissance. On ne conçoit pas, en effet, dans les circonstances données, une portion de territoire, si petite qu’on la suppose, qui ait pu rester en dehors de toute paroisse voisine. Du moment donc que celle de Saint-Léonard n’a commencé à exister juridiquement que longues années après les autres paroisses aumilieu desquelles elle se trouvait, elle a dû, pendant tout ce tempslä, exister matériellement, si je puis m’exprimer ainsi, à l’état d’nnion, et incorporée ä l’une d’elles, quant à son territoire. Lors donc que -nous voyons les religieux de Pont-le-Voy eu possession de la paroisse Saint-Léonartlquelques années après sa fondation, nous pouvons croire arec certitude qu’ils ne faisaient que continuerdexercer un droit qu’ils avaient sur la paroisse dont elle avait été détachée et que sa séparation n’avai-t pu amoindrir, laquelle paroisse ne pouvait être que celle de L’Escousse.

A l’époque à laquelle la paroisse de L’Escousse fut- donnée ä l’abbaye de Pont-le-Voy, elle avait donc une importance tout autre que celle qu’elle a de nos jours, puisque son territoire actuel elle joignait tout celui qui était compris ä la fin

du dernier siècle dans les deux paroisses de Saint-Léonard et’

de Rillé. La paroisse de Saint-Sulpiçe formait par conséquent alors une enclave dans son territoire. f

(t) Elle avait. été Ïondée de.1120 a 1125. ’

Maintenant, si nous CÜDS’l-ÏE[{’ !“FÛÜS cette (ÏÎËPPOSÎÊÏJOH et =qîue tious nous’rappelions Pépoqsue de -la formation de l’a paroisse de Saint-Sulpi-ce, -qui.n’a pas -dû précéder (le plus dîme quarantaine (Fennecs celle de Saint-Léonard, nous serons ramenés

aux mêmes déductions en ce qui la eoucerîne, et conclure,

qu’lav-ant de constituer tune ; paroisse, seu =territoire a dû égale-

« ment appartenir a une autre paroisse, laquelle nîa puwêlre

que celle çle LïEseottsse. Cette ËÜDGIÜSÎOHyIÇÎÏI reste ; se trottve pleine menti "confirmée par une charte d’Étiee.n’ne, évêque de

Rennes, de M69, qui aeté publiée parmi les chartes du prieuré de la Trinité, dan-s le troisième volume du bulletin rlefflbëlssocitttioaz Bretonne, p. 236.

ÉLersque "l’église de IJEscousse fut donnée Palibaye (le

v Pont-le-Yoy, la paroisse de Saint-"Sul-piee était fondée, et les

religieux eurent prendre les choses dans liétat- où "elles se trottaient. Aussi ne VOyOnS-‘HGUS pas q»u’ils aient jamais songé à tliSput-Gl’la possession de cette paroisse auxrreli.gicu—x de lilarmouiiers, qui la tenaient des Raoul, seigneur de Fougères,

GIÏPÀÜÉÏËIÏIÂG, sa mère ; a Mais, plus tard, la paroisse ayant pris des tlétvelopitements, la. qIIBSl-ÎOI ! des limites devint un sujet de litige entre les deux

abbayes, qui la soumirent ä l’arbitrage de l’évêque de Rennes. Le prjëlat, allures favoir pris connaissance de l’affaire, lirxa

les limites des (leu-i : «paroisses. telles qu’elles ont subsisté jusquïa l’ordonnance royale (191833) qui les a modifiées, et

régla tous les points sur lesquels les parties n’étaient pas,

d’action].

q Parmi les dispositions de ison règlement, il en est une qui, i1, ntesyeux, tranche (Tune manière péremptoire la question

qui IIOUSOBCUPG-Après’avoirfait lapart de chacune (les dettx paroisses dans le territoire en litige, elle sépare, en ce qui conôerne la pot’-

tion attribuée à Saint-Saillant), la jtrritliction spirituelle (les ’ droits temporels, «et en assignant la première à cette paroisse, réserve les seconds pour L’Escousse. Tout ce qui pourra s’y faire, dit-elle, ressortira de sa juridiction (Saint-Sulpice) à Peœception des dîmes des moissonaqui, parce quelles ont appartenu à L’Escottsse, retourneront désormais à L’Escousse. — Que quia de jure Euzcussœ fuerunt, ad Excussum dcinceps revertetttter. ”

Le droit de l’église de L’Escousse à des moissons sur-des terres reperdant de la paroisse de Saint-Sulpiee, ce droit, hautement reconnu et proclamé comme ayant toujours existé, peut-il avoir été basé sur un autre principe que celui d’un droit sur le sol même qui les portait ? Et dans ces conditions, n’est-il pas la {démonstration la plus concluante de la -propositionque j’ai émise, à l’égard de la paroisse de Saint-Sulpiee, qu’elle était, comme les paroisses de Saint-Léonard et de Rillé, un membre détaché de UEsconsseP

Arrivé à ceÏlernier terme des démembrements de notre

—paroisse, ne nous semble-t-il pas enfin avoir en notre possession la clef de l’énigme que nous présentait ce nom d’Ex—

, cussa (UEscousse) ?

À la fin du x“ siècle ou au commencement du x1“, lorsque l’auteur de la maison de Fougères prit possession de son fief, le territoire compris aujourd’hui dans les communesvde Fougères et de UEscousse (1) ne formait qu’une seule paroisse,

dont le nom n’est pas venu jusquîx nous. Ce fut sur ce terri- -

taire que le nouveau feudataire choisit la place (lu château qu’il devait construire pour y établir sa demeure.

Le château et la ville qui devait le compléter étant bâtis, et une nouvelle ville ayant commencé à se. former en dehors de leur enceinte, le seigneur de Fougères détache de cette paroisse l’étendue de terres qu’-il regardait comme nécessaire

(t) Moins les terres prises sur Laignelet en 1833. à son développement, et il en forma une nouvelle paroisse ä laquelle il donna-pour chef l’église de Sainte-Marie, construite dans l’intérieur de son château, (Yabord, et plus tard, vers 1076, l’église de Saint-Sulpice.

N’est-on pas, après tout ce que nous avons vu, en droit de supposer que ce fut à l’occasion de ce démembrement, etipar allusion} : Famoindrissement qui en était la conséquence, que notre paroisse ‘reçut ce nom d’Etr : c-ussa, véritable sobriquet qui finit par prévaloir dans l’usage et fit même oublier. son nom primitif ? i ’ l

q Du reste, les évènements semblent s’être chargés de justifier ses auteurs, car, après huit siècles écoulés, on peut se demander s’ils ne furent, pas plutôt inspirés par un secret pressentiment de son avenir que par le sentiment de ce qu’ils avaient sous les yeux. ’ ' A -

p Il était, en effet, dans les destinées de notre paroisse d’êtrev sans cesse rescousse, amoindrie‘, pour’satisfaire aux convenances dezrétrangère qui était venue s’installer chez elle. Démembrée au x1e siècle pour former la’paroisse de Saint-Sulpicc, au xn° pour former. celles de Saint-Léonard, de Rillé et (Figue, elle s’est, vne ‘encore arracher de nos jouis une lisière de terrain pour arrondir la commune de Fougères (1). ‘

Ainsi se trouve expliquée la configuration anormale de cette paroisse, qui décrit autour de la ville de Fougères les trois quarts Œunetcirconférence. ‘Ce défaut d’harmonie n’estivas inhérent a sa condition primitive ; mais il est le résultat et la

,.

q (1) Cette lisière assuma depuis le Gué-Landrv jusque la route deLaval, et comprend les’faubourgs de LîÈchange et de Savigné, ainsi que les villages de Ncuville, du Rocher-Coupé (côté Nord), de la Cour-Duvet, de la Vigne,

p de la l-Iaute-‘Bourgère cl. des terres en dépendant.

La surface totale est de 2a hectares 93 ‘ares. (Ordonnance du roi du 1p novembre 1833.) p i ‘

k

’ vm ’ ' ’ 21 conséquence des évènements qui ont donné naissance à la ville de Fougères et favorisé son développement.

Maintenant qu’il nous paraît bien démontré que le nom dflÿæcussa n’est pas le nom primitif de notre paroisse, il nous reste à rechercher quel a pu être ce noms itlalheuireusement nous ifavons, pour résoudre cette question, que des données sur lesquelles nous pouvons hasarder une conjecture, mais

e jamais établir une certitude.

Dans l’absence complète de tout renseignement fourni par

nos documents historiques, je me suis demandé si, dans les.

notions que nous avons (le l’état de la contrée au x1e siècle, il ne se trouverait pas quelque indice qui pourrait nous mettre sur la trace de ce nom et nous faire arriver à le découvrir. En considérant que la paroisse de L’Escousse es-t sous le vocable de saint Martin, et en’ me rappelant que la paroisse actuelle de IRAigitelet s’appelait autrefois SaintJflartin-des-Bois, j’ai cru avoir trouvé dans ce nom Pindiee que je cherchais. Quelle raison, en effet, a pu faire ajouter au nom du patron de cette -paroisse un substantif désignatif de la situation de son église, si ce n’est pour la caractériser dîme

manière spéciale et la distinguer d’une autre paroisse de

même vocable, mais dont l’église était placée dans des conditions différentes ? Ce nom de Saint-Wiartin-des-Bois me paraît donc impliquer l’existence dans la contrée d’une autre paroisse portant également le nom de Saint-Martin. Cepena dant, nos annales religieuses ne nous en oiïrent pas la moindre trace, quoiqu’un grand nombre de nos églises soient placées sous le patronage de ce saint. Il est donc nécessaire que cette autre paroisse de Siaint-htartin ait perdu son nom, priinitif’à une époque très-rapprochée de sa fondation-et Paitiechaugé contre celui sous lequel elle est connue depuis. Mais, de toutes les paroisses de la contrée, celle de L’Escous.se paraît

n être la seule qui portemi nom autre que celui quïelle atrait reçu lors de sa fondation : première présomption- en faveur de ses droits à la restitution du nom dé Saint-Martin. Ÿ

. Maiscette première présomption se fortifie singulièrement par suite d’une considération que nous fournit la topographie locale. y ’ a

. La partie de lu vallée qui est située ; au Nord»ouest du châé

teau, et sur laquelle s’élève la ferme de Dieuville, ainsi que la.

fontaine qui source à ses pieds, ont toujours été et sont encore aujourd’hui désignées sous le nom de Saint-Martin. Or, d’où peut leur venir ce nom, si ce n’est, comme je l’ai dit à l’occasion de L’Aiguelet, du souvenir traditionnel d’un culte rendu en cet endroit au saint archevêque, et évidemment d’une église qui y avait été élevée en son honneur ? Mais comme alors cette vallée dépendait dé la paroisse qui plustard a prisle nom de L’Escousse, nous sommes rationnelle- . ment amenés à conclure que cette église n’était autre que l’église paroissiale elle-même. Ï —. L’histoire de cette première église nous est entièrement inconnue.

Tout me porte ä croire qu’étant située à une très-petite A

distance ide la ville de Fougères, elle fut déplacée et trans-

— férée à Veudroit où se trouve l’église actuelle, lors de l’érection de la paroisse Saint-Sulpice. Comme ce fut aussi alors quïellc dut changer de nom, ’ou pourrait, sans forcer la signification rlulparticipe eæcussa, le rapportera l’église elle-même, et le considérer comme faisant allusion a sou déplacement

aussi bien qu’au’ démembrement de la paroisse. Maintenant, le nom de Saint-Martin étant admis comme son’nom propre, que] pouvait-être le signe destiné à caracté-

riserson individualité ? ’

’ Sans doute qu’il était emprunté au même ordre (Vidéos que . celui de sa voisine, c’est-ä—dire a la condition de situation de son église. Ainsi, si l’une portait le nom de. Saint-Illartiitdes-Bot’s, parce que son église était située dans la forêt, Feutre, dont l’église était sur le sommet ou sur le versant d’une colline, devait porter un nom analogue ä cette situation, tel que celui de Saint-Iflartin«tes-Citamgis. ou Sarintvfllartinde-Za-Vallée.

Je demande pardon au lecteur de l’avoir retenu aussi longtemps dans le champ des conjectures ; j’y ai étéponduit par le désir de soulever, autant qu’il m’était possible, le voile qui dérobait ä nos regards l’origine de notre paroisse, et’j’y ai été retenu par l’intérêt toujours croissant que ÿéprourals en découvrant, en même temps, le berceau, complètement ignoré, dans lequel nos paroisses de la ville de Fougères ont pris naissance. A ’

Le lecteur indulgent me permettra tde le retenir encore quelques instants sur les commencements de notre paroisse.

La donation d’église de L’Escousse à Pabbaye de Pontle-Voy, a une abbaye placée loin de la Bretagne et complètement en dehors de ses relations politiques et religieuses, cette donation m’a paru un fait si étrange que j’ai cru devoir rechercher dans l’hisloii’e générale de notre province un évènement auquel’elle polirait se rattacher.

Cet évènement, j’ai cru le trouver dans le voyage que le duc Conan fit à Blois, en 1066, à la Cour de son oncle Thibaud, comte de Champagne. (D. Mor., Pr. I, col. 409.)‘

q Les documents contemporains nous font connaître les noms d’un grand nombre de seigneurs qui l’accompagnèrent, et il

est a présumer que des ecclésiastiques figurèrent également dans le cortège ducal. l ’

Le prince devant passeijä Tours et s’arrêter à Marmoutiers, où le tombeau de saint Martin attirait un grand nombre (le peleriits de toutes les parties de la France, et particulièrement de la Bretagne, l’occasion était bonne pour eux «Taller se prosterner devant le tombeau du saint, et le voyage ne devait pas manquer (d’attraits. Il n’y a donc pas une témérité trop grande à supposer que Morand, qui était un dignitaire ecclé- si astique, fût du nombre de ceux qui. accompagneront le duc ; que rendu à Blois, il ait eu la pensée de visiter l’abbaye de Pont-le-Voy, qui’n’en est-éloignée que de vingt- kilomètres ; et que plus tard, se déterminant à embrasser la vie religieuse, il ait -choisi, pour le sacrifice de : sa personne et de lesbiens, une abbaye que le souvenir de l’hospitalité qu’il y avait reçue pouvait recommander ases préférences.

Recteurs de Lïÿscousse. — 1532, M. G. Hoguerel. —

’ M. Pierre Bantou, + 1574. — M ; Jean Jamet, + 1579. —
M. Guillaume Malivint, + 161m0. — M. Julien Guémen,

+ 1675. -* 1704, M. Philippe, + 1727, — 1770, M. Beaufils’, du diocèse de Mende, + 1784-. — 1785, M. Bouchet, + vers 1829… l.

Archéologie. — [Jéglise est, comme je l’ai dit, sous Pinvocation de saint Martin, archevêque de Tours, 11 novembre.

Elle "a été en 1869 Fohjét d’une restauration considérable, par suite de laquelle elle a été augmentée de deux transepts et d’un nouveau chœur. ’.

Uancien vaisseau consistait dans deux constructions dînégale hauteuiglse faisant suite et formant l’une la nef, Fautre

. le chœur. La première n’était autre que Féglise primitive, dont

Pcnveloppe mitrale existe encore en grande partie au Nord, et qui avait été restaurée au xvi“ siècle. La seconde devait remonter au ixivl’, ä Perception du mur du chevet, dont la grande fenêtrera été replacée“ dans le pignon actuel, et qui devait être de la même époque que la reconstruction de la nef. Je suis porté a croire qu’elle avait remplacé une abside accolée à l’église primitive. Elle était accompagnée, du côté du Nord, d’une sacristie qui n’était pas la’p’artie« la moins curieuse de l’édifice… i

l

Cet édicule était tout entier construit en pierres de grand appareil et surmonté intérieurement d’une voûte d’a.rêtes avec des nervures prismatiques. Il n’avait de communication avec l’intérieur de l’église qu’au moyen d’une, ouverture pratiquée dans le mur, dont l’épaisseur n’était guère moindre d’un mètre. La porte qui en fermait l’entrée était formée de gros madriers, et munie (Pane forte serrure qui devait remonter au av“ siècle. I ’

Cette serrure, dont ; j’ai obtenu la cession lors de la démolition de l’église et dont j’ai fait hommage aumusée archéo» logique dîlle-et-Vilaine, s’annonçait ä l’extérieur par une plaque d’environ 20 centimètres de hauteur sur 15 de largeur,

ornée de dessins flamboyants en creux. Les clous qui rattachaient aux madriers étaient des figures d’anges.

Dans l’intérieur de la sacristie, on voyait un vieux chappier constru-it en boisde chêne, divisé en trois compartiments et portant sur son entablement l’inscription suivante :

S. L’an. S. mil vec XXXII : furêt | faictes : l à Fonlgères | au : temps : R. N. gi. Hoquerel l D. R. Anger : curet | tresseriers l G. Dupont l Y. Mebenartl P. R.

On voit sous le porche de l’église une. vieille cuve baptismale en pierre de granit et un vieux tronc, aussi en pierre, qui sert aujourd’hui de bénitier (1). 1

On remarque dans le cimetière une croix en granit qui doit être.de la même époque que ce tronc, dest-à-dir-e des premières années du xvt siècle. i.

Sur le devant est représenté Parchange saint Michel recouvert de ses ailes et terrassant le dragon : (Pane main il tient une lance et de l’autre un bouclier. Le milieu du croisillon est orné de chaque côté de médaillons, dont Pun

(1) J’ai donne la description de ce tronc dans les Mélanges däirchéologic-

Bretonne, t. I, p. 171. renferme l’image du Christ, l’autre celle du la Sainte Vierge.

Le chanfrein formé. par Par-aplatissement des angles est relevé sur la face antérieure par deux branches de fleurs épanouies : une rose d’un côté, un lis de l’autre, et sur la face opposée par une flcur-de-lis et une hermine. Chapelles ; —.On voyait autrefois plusieurs chapelles sur le territoire de cette paroisse : ’. 1o À Bliche, sur la gauche de la route de Rennes, en face deilauberge actuelle. Elle est détruite depuis fort longtemps. 2o À Montaubert ; elle avait été fondée en 1630, sous le. vocâble de saint Joseph. Idem. ’.

= 3“ Au faubourg de Savigny, sous le vocable dé saint Ma-

.. thurin. Idem.

4” Au manoir de la Forêt ; elle a été rendue au culte il y a 35 à 40 ans. ’ -

’ 5o À la Garenne, sous le vocable de saint Jacques ; elle sert aujourd’hui de maison ËYhabitation.

Histoire féodale. — À la fin’du x1e siècle, la paroisse de UEscousse dépendait de la seigneurie du Chàtellier.

Cette dépendance nous est attestée de la manière la plus formelle’par la notice relative à la donation de son église à l’abbaye de PonHe-Voy, qui nous présente Bcthard du Châtellier comme seigneur du- fief donLelle relevait : De- cujus fendu nzuuchal ecclesia.

Les terres nobles de cette paroisse étaient :

I. — Le angmoir de la Foi-et : cette terre, qui donnait 11 son possesseur les droits de basse et moyenne justice dans les fiefs destydépendance, les droits de prééminence et autres, attachés au titre de seigneur fondateur dans l’église de. L’Escausse, appartenait en 1680 à Ml Joachintde Beaucé, seigneur abbé de Champhellé. ’

D’après la réformaüon de cette époque, c’était un usage immémorial’que le lundi "de la Pentecôte le seigneur du manoir ou ses fermiers donnassent-un chapeau de muguet ä la croix de la paroisse, au moment de la procession ; qu’ils le reprissent ä son retour, et qu’après avoir baisé la croix, ils le donnassent a une des filles de la paroisse.

Cette terre était formée des éléments suivants :

Domaine proche. — 1o La maison, la métairie, et le moulin du Manoir ; 2o les métairies des Landes et de la Bandounais ; 3o la maison seigneuriale de Vilherbue ; 4o les moulins du Pont-auæ-Anes et de Elinchart. « ’

Mouoances.p— En L’Escousse : i“ le fief et bailliage de La Porte, contenant ’28 journaux ; 2o le fief de La Daviais, 28 journaux ; 3o le fief Alinne, au village de La Chosnière,

" 40 journaux ; 4o le fief de La Chusniére, 80 journaux ; 5o le

fief de Pérousel, M0 journaux ; 6o le fief de La Herpandière, avec extension en Romagné, 200 journaux.,

En Saint-Germain : 1o le fief et bailliage de Joué, M0 journaux ; 2o le fief de la Galodrie, 128 journaux ; 3o le fief de la Halbrenais, 60 journaux ; 4o le fief dbälrdanne, autrement dit de fllontillon, 240 journaux..

lI. — La Mèsangére et la Garenne : ces deux terres, qui, en 1680, étaient la propriété (le M. Germain Goret, sieur de Courteille, appartenaient en M48 à Pierre Beylet, secrétaire du duc François l".

Ce prince, voulant reconnaître les bons services que celui-ci lui avait rendus, l’autorisa, lui et ses successeurs, a’avoir sur son domaine de la Mésangère, situé au milieu de sa Garenne, telles mottes, terriers et garenne que bon leur semblerait, ‘et à s’y livrer à tous les genres de chasses interdits à. ses autres sujets, comme tendre pièges à lapins, d’aisans, cailles, perdrix ; chasser avec chiens, oiseaux, furets et filets, etc.. i

III. — Le fief de la Guillerie, contenant 124 journaux, avec droit. de basse justice, possédé en 1680 {rar M. Jacques Tranchant, sieur des TuHayes, du chef défrettée Le Mat» chaud, dame du Trait, sa mère,

1V. en Les fiefs de Pérousel, de la Hmneiinaye,.de la Burleis, des Haute et Basse-Chatterie et de la Tangougèrc, contenant 270 journaux, dépendant de la terre et seigneurie. de Larchapt. (Voir Romàgné.) ’ ' Outre ces terres nobles, il y avait en, cette paroisse plusieurs fiefs amortis : x

I. — Le fief du bourg de L’Escousse, dépendant du prieuré (Figue. L’abhé de Pont-le-Voy y exerçait le droitlde liasse

justice. ,

Il’. — Le fief d-u bourg de Savigny, appartenant à l’abbaye de Saviguy, qui y exerçait les droits de haute, moyenne et basse justice. ’ A

Uorigitie de ce fief remontait à la fondation même de l’abhaye, dest-ä-dire au commencement du x11e siècle.

Les chartes contemporaines nous apprennent qu’une dame.

—qu’elles désignent sous le nom de la Pèlerine, et quïelles-fotit‘

fille de Geoffroy et petite-fille de Réginald de la Forêt, vraisemblablement le seigneur de la terre du liianoiu ; et son cousin Robert Le Voyez, donnèrent aux religieux de Sarigny un moulin avec son étang, la maison du, meunier, un pré (connu depuis sous le nom de pré lllettlan), et le droit de mouture sur tous les hommes de leur domaine.

Ellesnous apprennent encore que, peu de temps après, cette dame ajouta à son premier don celui’de deux maisons en «Bille, et de la. moitié d’une terre qui avait appartenait

Geoffray, son père, et qui était située sur etiauprès de la

monstägtie (in morue et jiuæta anontent) sur laquelle se trouvait la vigne du seigneur de Fougères, avec toutes leurs dépendances et les droits qui») ? étaient attachés.

’ Pelle lut l’origine du faubourg tittilse forma à la porte de la ville de Fougères et qui prit le fl]olÏl de Sauigny, qu’il porte encore aujourd’hui, du nom de l’abbaye dont i-l relevail.. Vers 1150, un seigneur nommé Aëles-le-Chattce, leur ayant donné quelques pièces de terre situées auprès du prieuré dïgné, entre le cheminée Marre-Bouillon et celui de la Landronnière, et sur lesquelles se trouvait une chapelle dédiée à saint Jean (i), ils les réunirent à leur fief, qu’ils accrurent encore de toutes les donations qui leur furent faites dans les environs. , l,

A l’époque de la Révolution, l’abbaye de Savigny était encore en possession des moulins a tan et à blé, ainsi que du

four à ban du faubourg, avec droit de percevoir, pour la cuis-,

son du pain, 12 deniers par boisseau de grain et 3 sous par pile de tan. a

Les autres dépendances du fief avaient été afféagées depuis

longtemps, et rapportaient annuellement à l’abbaye 20 livres 7 sous 4 deniers, maille et deux chapous. r

III. — Uabbaye de Rillé avait également des possessions considérables dans la paroisse de L’Escousse, et elle y avait droit de haute, moyenne et’basse justice. i

Voici, autant que j’ai pu m’en rendre compte, le détail de ces possessions : ’ '

1o Les étangs, prés et moulins à blé, a draps et atan du Gué-Landry ; — 2o la terre de Folleuille (2) ; — 3o une grande partie des maisons et des jardins du faubourg de

PÉchange (barges Escambiæ) (3) ; — 4o le fief de Montaubert ; — 5o le fief des Rochers, situé entre I-e chemin de Lecousse

au Pont-aum-A nes et le Gué-Pérou ; — 6o le fief de la Buse setiére ; — 7o le fief des Buffetieres, près" le faubourg du Gast ; — 8o le fief de la Illétairie ; — 9o les fiefs du Parc et

(1) Elles portent encore aujourd’hui le nom de Savigny. A (2) Donnée, vers 1160, à Bille par Nigel, fils de Béranger. » (3) Donnés à Bille, vers 1160, par Guillaume L, ’Angevin, frère de Baoul Il. de Pérousel ; — 10o le fief de la. Dorissais ; — 11o le fief de L’Escousse ou. de la Belinaye ; — 12o enfin diverses’pièces de terre et prairies contenant ensemble environ 60 journaux, et situées en diverses parties de la paroisse, près du bourg, du Pont-aux-Anes, de la IIaute-Bourgère, et sur la rivière de Nançon, du côté. de la Bayette. :

1V. — Le prieurétde la Trinité de Fougères avait aussi autrefois de nombreuses possessions dans notre Çparoisse. Je n’en ai pas trouvé le détail ; mais il existe. aux archives (Filleet-Vilainetire-urbdocuments qui en font foi. Ce sont deux

contrats de vente, l’un des terres de la Bardoulais et de 1a

Gautmis, consenti en 1277 par Pierre Htoyte à Publié de Marmoutiers, et l’autre des terres de la Hamelittaye, consenti en 1406 à Humelot Biboays (d’où, sans doute, le nom de la Riboisirère), bourgeois deflFougères, par Pierre dämgoulême, alors prieur de la Frinîté.

Au commencement du xvie siècle‘, le prieuré avait encore, outre le droit de haute moyenne et basse juridiction, (les

droits de propriété ou de mouvance sur une partie des terres

dépendant de la Bayette et autres terres voisines.

N. B ; — Parmi les biens donnés a l’abbaye de Pont-le-Voy par le doyen Morand, avec l’église de lJEscousse, se trouve comprise une maison qui me seriible avoir été le berceau et plus tard le siège du prieuré que les religieux foudèrentau village (Plgné, et auquel ils réunirent toutes leurs possessions dans les baronnies de Fougères et ide Vitré. Ce prieuré nous offre cette particularité remarquable que, dans les premiers temps, il parait ; avoir été ouvert indistinctement aux hommes et aux femmes qui voulaient y ’ faire la profession religieuse. Cet fait nous est attesté de la manière la plus certaine par un acte (Yflerbert, évêque de Rennes (-1184 311199), qui autorise un (Ion de quatre arpents de terre, fait aux religieux par -un chevalier nommé Orry, lorsque sa mère se fit moinesse dans leur maison dîgné. Ouando mater ipsius [acta fuit monaçha in domo Inuit. (Mon. BenedicL, XXlV, f° 2M, communiqué par M. de la Borderie.)

L’église du prieuré, qui était sous le vocable de saint Pierre, devint église [paroissiale en même temps que Saint-Léonard, et reçut une juridiction qui semble s’être étendue sur tout le territoire compris plus tard dans cette paroisse, et qui était en dehors de l’enceinte de la ville. Cette disposition avait été prise, sans aucun doute, en considération des habitants auxquels la distance rendait Paecès de l’église de L’Escousse fort difficile, et les exigences de la garde et de la sûreté de la ville celui de l’église Saint-Léonard impossible en certaines circonstances ;

Cette paroisse paraît avoir subsisté aussi longtemps que durèrent les besoins qui avaient motivé son établissement, cïast-à-dire jusqu’au commencement du xvn“ siècle, époque à laquelle la ville cessa d’être fermée. Elle fut alors réunie à Saint-Léonard.

Le prieuré était uni lui-mémé depuis longtemps à la mense abbatiale, et son église tombait en ruines. Les, religieux firent alors construire à sa place une chapelle, dont le bâtiment sert aujourd’hui de cellier, et qui fut desservie, jusqu’à-

î

l’époque de la Révolution, par un prêtre attaché a l’église Saint-Léonard, avec le titre de curé dîgné.

Ce prêtre devait y célébrer la messe tous les dimanches et y faire une instruction. Outre cette messe, il s’en disait encore trois autres chaque semaine. Ces messes avaient été fondées par les religieux de Pont-le-"Voy, lorsqu’ils avaient quitté" leur prieuré. ’

Le Saint-Sacrement était conservé dans la chapelle, ainsi que les saintes Huiles, pour l’administration du sacrement de Fläxtrême-Onction. À ’ i

Enfin, cette chapelle avait son cimetière particulier, qui servait à Pinhumation de toutes les personnes qui décédaient dans l’étendue de sa circonscription.

x1. — LE Loçotnk.

Ecclesia villœ de Loratorio, 1150 (D. Mon, Pi‘. I, col, 605).,

— E. Saneti lllarlini de Loratoritndlïfl. — De Lorcore, 1209. — Loratorittnt. ’ Histoire religieuse. — Les actes de l’abbaye de Savigny

nous apprennent que, vers 1125, un seigneur, qu’ils désignent sons le nom de Raoul, fils de Payen, douuatä cette abbaye l’église du Loroux avec toutes ses dépendances, le cimetière et la totalité des dîmes de la paroisse, "

Cette donation, faite avec l’agrément de tous les parents du donateur, fut tout (Pabord approuvée. par Avicie, veuve de Raoul, seigneur de Fougères, et par Rouaud ou Roalde, qui était alors évêque de Rennes ; Hamelin, qui sticcétla à ce prélat, la ratifie également, et plus tard, en 11571, Étienne de la Rochefoucauld confirma

l’abbaye de Savigny dans tous les droits que lui avaient

octroyés ses prédécesseurs, laissant le choix du. ’pt’êtt’e, destà-dire du recteur, à son entière disposition, et’ne faisant

(foutre réserve que ceux des droits de l’église cathédrale et l

de l’évêqu-e., g ’ De son’côté, Henry, seigneur de Fougères, ratifia cette de ;

nation, en ce qui le concernait, par la grande charte qu’il

donna en faveur de Saviguy, lorsqu’en 1-150 il se démit de ses droits enfaveur de son fils, et prit l’habit religieux dans cette abbaye. ’ a.

Depuis lors, jusqu’à l’époque de la Révolution, l’église du‘ Loroux a toujours été dans la possession de l’abbaye de Savigny.

Recteurs du Lorouæ. — 15…, M. François’de la Haye Saint-Hilaire, remplacé en 1526 par M. Hilaire de la Haye. 1596, M. Jean Pellet. — 1644, M. Jacques Perrin. — 1659, M. César Égasse du Boullay. — 1679, «M. André Le Vannier‘. — 1703, M. E. Trouillard. — 1725, M. Busnel. — 1733, M. Le Menuet. —. 1781, M. Bossard. — 1784, M’. Bernard.

Archéologie. — Uéglise est sous Pinvocation de saint Mar ; tin, archevêque de Tours. g

Elle n’offre rien de remarquable. «  "

Chapelles. — l] y avait deux chapelles à la Motte-Anger. L’une d’elles, située sur le bord de la route départementale de Fougères à Goron : existe encore aujourd’hui. a

Histoire féodale.» — La seigneurie de cette paroisse appartenait à l’abbé de Savigny, qui y exerçait les droits de hante, moyenne et basse justice, et ceux de prééminence dans l’église. -

Les fiefs soumis à sa juridiction étaient les suivants :

1o Du bourg du Loroux avec la maison presbytérale et ses dépendances ; 2o de la Couperie, 3l journaux ; 3o de la Boisnière, M journaux ; 4o de la Bodinière, 15, journaux ; 5o de la BlancheeAveniére, 9 journaux ; 6o de la Bieudière, 4l journaux ; 7o de la Jarretière, 10 journaux ; 8o de la Ragonnière, a 28 journaux ; 9o de la Lolliverie ; 2 journaux.

Le revenu de ces fiefs s’élevait, en 1680, à la somme de

45 sous 10 deniers, 257 boisseaux de froment rouge (mesure

de l’abbaye), et 320 œufs’au terme de Pâques (1). r

(1) Le boisseau de Savîgny, mesure de grenier, contenait 30 litres 24.centilitres, en sorte que les 251 boisseaux représentent environ 78 hectolitres de nos jours. ’ a

Terres nobles. — l. La terre et seigneurie ele la Motte-Angèr. Celle terre ; qui relevait prochainement de Saint-Brise et en arrière-fiel’du roi, donnait à son possesseur droit de haute, moyenne et basse justice. Elle appartenait on {1380 ä Robin de "la Motte-Anger ; en 1676 à Heleine du Guesclin, dame marquise du Brossay ; en 1751 b. M. Christophe-Joseph- Marie Juliot de Bénazé.

Domaine proche. — i“ La maison seigneuriale et la métairie de la Motte-Ange” 2o la métairie de la Mancellièrer ; 3o le moulin du Tertre. l 1H9uvances. — Les fiefs : 1o de la Couerie, 30 journaux ; 2o de la Trébillnrdiërc ou du Verger, H journaux ; 3o de lÿlubruniêrfle ou fief Porcon, 11.0 journaux ; 4o de la Poissonnaie, 70 journaux ; 5o de flfonthoudry‘, de la Peuæjdiére et (lu Tertre, 166 journaux ; 6o de la Mailtetière, 36 journaux ; 7o de la Boulais, 30 jotrrnanux ; 8o de PEchange, 470 journaux. il. — Le lieu de Bourboulier, en 1680 à Perrine, Reste, dame des Faueheries ; en 1751 ä M. André-Gabriel du Ponta-VICE.

IlI. — Le fief de la Bigottière.

Un certain nombre de fiefs" de cette paroisse relevaient de Mayenne, sous la seigneurie du PontMain, par suite (Pane transaction passée en 61909 entre Juhel de Moyenne et Geofiroy de Fougères, et par laquelle ce dernier, obligé de payer au premier 50 livres de rentes, lui avait assigné 20- livres 10 sousj à prendre sur les fiefs duLoroux. (1). Mon, Pr. I, col. 813.)

x11. — LUITRÉ.

Ecclesia de Lustreimzm“ siècle ; — de Lutreio on Lutreÿo, xvé et xvr’. — Iffluistré, xvn° siècle.

Histoire religieuse. - Nous n’avons aucun renseignement sur l’origine de cette paroisse, dont la cure, une des plus importantes du doyenné de Fougères, était ä la présentation d’un chanoine de l’église cathédrale de Rennes. i

Il résulte néanmoins de quelques documents qui sont parvenus jusqu’à nous, qu’ä la fin du m“ siècle le prieuré de

Sainte-Croix de Vitré et l’abbaye de Saint-Florent de Saumur ’ l’réclamaient la possession d’une grande partie de ses dîmes,

mais aussi qu’"elles leur étaient quelquefois disputées par des seigneurs qui faisaient valoir des prétentions contraires. Le Cartulaire de Marmoutiers nous a conservé le souvenir d’une contestation de ce genre suscitée au prieuré de Sainte-Croix par plusieurs seigneurs de la paroisse qu’il désigne sous les noms des Hernier et des La Perche, et qu’il nous représente comme disputant au recteur et au prieur ide Sainte-Croix,

non-seulement la jouissance des dîmes de la paroisse, mais

encore l’exercice de certains droits sur la sacristie de l’église elle-même.

Après de longs débats, cette affaire se termina par un arrangement conclu sous les auspices dîändré de Vitré (1173- 1211), et d’après lequel les seigneurs durent renoncer à toutes leurs prétentions, moyennant une somme de 25 sous, monnaie d’Anjou, qu’ils reçurent du prieur de Sainte-Croix et du -

recteur de Luitré, nommé Saulnjer.

Recteurs de Luitrê. — Vers 1200, M. Saulnier. — 1624, M. Cristophe de Cogles. — 1629, M. Marin Bardou. —, — 1633, M. Pierre Nicolas. — 1668, M. Pierre Morin, +1721. — 1722, M. Pierre Tribourdel. — 1742, M. PierreLe Bannier. «— 1762, M. Joseph Le Bannier. A q « a Archéologie. — Uéglise, qui est sous Pinvocation de saint Martin, archevêque de Tours, est une ancienne église romane, reconstruite en grande partie aux xv1o et xvn° siècles. Elle se compose d’une nef et de deux transepts, qui communiquent avec elle par deux grandes arcades à plein cintre, et avec le chœur [iar deux autres petites arcades à cintre surbaissé, disposées en biais’dans l’an le. 11’ils forment avec lui.

Cesïlenx transepts, d’après les dates inscrites sur leurs murailles, remontent, celui du Nord ä l’année 1652, celui du

Sud ä l’année 1656.

Dans le murde ce dernier se trouve une pierre taillée avec un écusson, dont le champ porte un lion rampant, surmonté d’un croissant et dune hermine.

Le transept Nord renferme un autel dont le rétable, en pierre, est d’un assez beau travail. On y remarque un écusson d’azur écartelé de quatre pièces : au i", une tête de lévrier, de gueules avec un collier ’d’or au con (Launay-Ventlel) ; au

2o, frette de gueules (du Bois-legHonx) ; au 3o, un’aigle de‘

sable, aux ailes éployées, fascé d’un bâton de gueules (de Beancé), au 4o, trois mains d’or (Langevinière) ou gantelets. d’or (Vendel). ’, n.

Le rétable du grand autel nousprêsente également deux écussons, aussi à champ d’azur, mais ils sont disposésldïme manière différente" : la tête de lévrier ne s’y retrouve pas, et

on y remarque trois charmes et trois hermiues (PEsperonnière),

La tour est entièrement construite en pierres et se rattache, par son origine, à la construction primitive, mais les restaurations quelle a sulgiesä diverses époques, surtout en 1850, qti’elle fut frappée par la foudre, ont complètement altéré son caractère. ’ '

Les deux chambranles en application que l’on remarque à la ponte latérale du Sud, avec Parc Tudor orné ; d’un panache qui la surmonte, reportent évidemment sa construction au XVI° siècle. Elle me semble se rattacher ä une réparation, ou plutôt a un agrandissement de l’église qui eut lieu en 1526,

et dont j’ai trouvé la constatation aux archives départemens

us un ace e cession e terrain aie ar e r cenr tales, (la t d d t ft p l et vlu. 22 de Luitré à MM. du Bois-le-Houx, de hlont-Ogé et autres paroissiens, pour accroître et élargir l’église. La portion cédée était de huit pieds a prendre sur le presbytère et les jardins, à la charge par les paroissiens de remettre la propriété en état, de manière à ce que le recteur n’en éprouvàt aucun’ préjudice.

Une inscription conçue en ces termes : Couverte de nevf et doublée eslant — — M. R. Gresset — R. Courtoux — trésoriers

— 1644 — et gravée sur l’une des filières, prouve que le doublis et la couverture ont été refaits à cette époque.

Histoire féodale. — La terre seigneuriale de- cette paroisse était la terre et seigneurie du Bois-le-Houæ.

Cette terre est fort ancienne ; nous avons des preuves de son existence dès la fin du x11e siècle. Elle appartenait dès lors à une famille qui d’elle avait pris son nom, a la famille du Bois-le-Honx : de Nemore Leho (D. Mon, Pr. I, col. 777).

Les premiers seigneurs de cette maison que nous rencontrons dans l’histoire sont deux frères, Jacques et André, qui vivaient, comme je viens de le dire, à la fin du xn° siècle.

Ils nous sont connus par une donation qu’ils firent au prieuré de Sainte-Croix de Vitré de la dîme de leurs terres du Bois-le-Houx, du Grand ainsi que du Petit-Bouessay et de la Silvelle (aujourcFhui la Cervelle), réserve faite toutefois des droits des religieux de Saint-Florent de Saumur sur le huitième des dîmes de cette dernière terre, qui leur ÛPPÊÎÎÉ“, nait.

L’acte nous apprend qu’en reconnaissance de cette libéralité

les religieux de Sainte-Croix donnèrent ami deux frères douze‘

livres monnaie d’Anjou. *

La famille du Bois-le-Houx a continué de posséder cette terre jusque vers la fin du xvn“ siècle, qu’eile passa dans la famille de la Belinaye, à qui elle appartient encore aujourd’hui, par le mariage de Marie du Bois-le-Htmx, ’fille, de M. Jean du Bois-le-Houx, chevalier, seigneur dudit lieu, et‘ de dame Marie de Goué, avec M. François de la Belinaye, seigneur vicomte dudit lieu.. (Le contrat de mariage est du 9 septembre 1672.) A

La famille du Bois-Je-I-Ionx compte plusieurs de ses membres qui figurent dans les montres des xvïet xvi” siècles, et son importance semble avoir été toujours enicroissant, dans toute la période du moyen âge, par les puissantes alliances qu’elle contracte successivement avec les familles les plus considérables de la Brctagne et du Mairie ; si bien qu’au milieu du xvn“ siècle le seigneur du Bois-le-Honx pouvait ajouter au nom de son domaine primitif les noms des nombreuses

seigneuries qu’il lui avait annexées, telles que Vende], Lan’nay-Vetidel, PAngevinière, les Haris, Vezins, LanrigangLalour, Lespaè, etc.

La terre du Bois-le-Houx donnait à son possesseur droit de haute, moyenne et basse justice dans tous les. fiefs de sa dépendance. On voit encore aujonrtFhui, sous la salle à manger du château du Bois-le-Houx, un souterrain qui, suivant un aveu de 1581, servait de prison pour la juridiction ; suivant le même aveu, c’étatit aux hommes des fiefs de la Ché-

rine, des Domaines-anæ-Vallets et du fief Aubert qu’incombait la charge de faire la police dans toute son étendue. Et sont sujets, dit-il, les hommes de ces fiefs, prendre les délinquants, si auchuns sont trouvez ès iliz fiez et iceua : mener et rendre prisonniers ana : prinsoits du Bouais le hou et les garder vignt

’ quatre heures chacun en son tour et rang ; et si les iditz appréhendez sont condamnez en enclume peine corporelle sont lesd. hommes tenuz conduire et mener icela : prisonniers d’empm’s les prinsons au lieu où a estë leur sentence donnée jusques àla justice patibulaire de la juridiction. Celle-ci était située en une

lande appelée la Landelle-de-la-Justice, au fief de la Chérinez’

(Aveu de 1581, communiqué par M. le comte de l’a Beliuaye.)

Elle donnait, en outre, ä son possesseur droit de prééminence dans les églises de Luitré et de la Selle-en-Luîtré, avec droit de sépulture, (le litre el de ceinture tant ä l’intérieur qu’a l’extérieur.

La terre du Bois-le-Houx se composais ainsi 11 la fin du xvi° siècle :

Domaine proche. — 1o La métairie du Bois-le-Hoizæ, moulins ‘a eau et à vent, 140 journaux ; 2o le lieu et domaine île la Cervelle, 100 journaux ; 3o les domaines du Grand et Petit-Bouessaÿ ; 4o le lieu et domaine de la Coaifordière, 100 journaux.

Motivcmces. — En Luitré : 1o le lieu noble (le la Cuillère,

tenu à devoir de foi et hommage (1) ; 2o le fief du bourg (le Luitré ; 3o les fiefs (les Rochers ; 4o les masures (le la Caillère, de Feulavoir et du Bois-Iïouqieet ; 5o les fiefs du Bais-Ælorëhan et. de Bouessay ; 6o les fiefs Pozztrel, de la Deniziére, de Launay-Fuscl, de la Souainière, de Hagroiz, des Vailées, de la Roche, du Fait. ’

En la Êelle-en-Luitré : 1o Îe lieu el. moulin’ (le Cou-rtcille (È), avec les fiefs (le Préaux et de la Buffet-acre, tenus noblement et prochainement {i foi etwliommage lige, avec moyenne et basse justice ; 2o le fief noble (le la Selle (3) ; 3o lescfiefs de la Loueszrard-ièrc et (le la Plzelipai-dière, de Boisson-rée et de

Préaux ; 4o les fiefs-mesures de la Gasrie, de Launaÿ-Grafg

fart, (lu Rouzay, de la Galletière, de la Pouli-nière et (les

Essarts ; 5o les fiefs (lu Pommeray, des Plessis, (le xBérichot et de la Cervaignière ; 6o les fiefs de PO-æilire, (le la Chérine, (les Domaines-auæ-Vailels et le fief Aubert.

(I) En 1580, il était tenu par Richard Dobier, sieur de la llayc d’.Erbrée.

(2) Tenu en 1580 par Jelzian Le Lymonnier, sieur des Haris. (3) Tenu par lllii-hel Le Bouteiller, sieur des Blairons.

Les autres terres nobles de cette paroisse (étaient les suivantes : .

1o La terre et seigneurie de Illontoger ; î 2o La terre d.e Loisonnière,5

3o La métairie de Illésory, dépendant (lu chapitre de Saint-Tugal de Laval ;..

4o Les terres de la Fosse et du Bois-Chevalier.‘

X111. — m ; sELLE-EM-LUITBÉ.

Cella de Lutreicy, trêve de Luitré. i,

Uéglise, sous le vocublede saint Jean-Baptiste, n’offre rien de remarquable. Aucune de ses parties ne remonte à une «époque antérieure au xv1e siècle.

nnî-ù

X117. — PARCÊ.

Ecclesia de Parraccio, X111e siècle ; — de Pareiaco (B-ulletitt de la Sgeiétéfirchj ; — de Pareceyo, pouillé de 1516.

Histoire religieuse. — La cure de cette paroisse qui, à la lin du’ 30 :1e siècle, était à la présentation du grand chantre et du scolastique de la cathédrale, était revenue ä l’ordinaire dans les premières années du siècle suivant. Le prieur de la Daufinaie percevait 19 mines de grain sur les dîmes de cette‘ paroisse. (Voir Rqmagné, prieuré de là Danfinaie.)

Recteurs de Parcè. — 156..-., M. Jacques Bouland résigne en 1570‘. — 1571, M. Jean Bazin résigne. — 457…, M. Jean Le Lonel résigne. — 1594, MzPierre Alliaume, nommé l’année suivante à Saint-Étienne de» Rennes..— 1595, M. Jean

l Martin. — 1622, M. N. Avignon. —» 1655, M. François Le Marchand. — 1730, M. Jean Auger. — 1745, M. Fiacre Lendormy.

— 1783, M. Julien Le Saulnier.

Archéologie. — Uéglise, qui est sous Pinvocation de saint Pierre, ne présente rien de-remarquabletîfiest un vaisseau rectangulaire auquel on a ajouté deux transepts en 1849. Les reprises nécessitées par cette adjonction ont fait disparaître presque entièrement l’ancienne enceinte, dont il ne reste plus guère que le chevet et la façade occidentale. Uune et l’autre portent tous les caractères de l’architecture ogivale de la dernière époque.,

L’église était ceinte d’une litre, et l’ion remarque dans les murailles plusieurs pierres ayant porté autrefois des écussons dont il ne reste plus le moindre vestige.

Une particularité que je n’ai pas remarquée ailleurs, c’est un banc de pierre faisant corps avec la muraille, qui se déploie extérieurement a la façade occidentale, des deux côtés de la porte, et se prolonge le long de la côtière méridionale jusqu’t la rencontre de la porte qui s’y trouve.

Le maître-autel est surmonté d’un beau rétable, style renaissance, " en pierre de Caen, avec.des colonnes en marbre.

Il y avait autrefois une chapelle à Mué.,

Histoire féodale. — Le seigneur de Malnoë avait la prééminence dans l’église de cette paroisse. En 1603 on y voyait deux écussons, l’un armorié de ses armes : trois aigles membrés d’or à fond d’argent ; et l’autre, un lioude gueule, couronné et membré d’argent. -.

Les terres nobles étaient : 1o la seigneurie et châtellenie de Muté, composée des métairies de Mue, de Maintibæuf, des Besmes, de Champasseauet, du Bois de Montbelletu ;

2o La seigneurie de Vauhoudin ;.

3o Les terres de la Villorèè, de la Mancellière, des Noë-s, de la Mussonnière, des Douairics, de FÉpinettræet de PADbaye

xv. — PARIGNÉ.

Ecclesia de Parigneyo, pouillé (le 1516.

’ Histoire religieuseÿm Nous n’avons aucun renseignement. sur cette paroisse, dont l’a cure était a l’ordinaire.

Recteurs de Parigné. — 1585, M. Pierre Garnier. 1586, M. Pierre Cousturier. — 159…, M. Denis Bregel. 1667, M. Pierre IIIarchis. — 1671, M. Pierre Menardy 1704, M. Piuczon. — 1721, M..l.-B. Racinoux, + 1748. 1768, M. P. Duclos. — 1781", M Guign-ette.

Archéologie. — L’église de Parigné, qui, est sous Pinvocation de la Sainte Vierge, a été reconstruite à neuf, il y a quelques années, en grande partie aux frais et pair les’soins de Mmï la comtesse de la Villegontier et de ses enfants.

Celle q-u’elle a remplacée iÿotfrait rien de remarquable : elle consistait dans une seule nef rectangulaire, sans aucun carac ; tère qui pût servir ä déterminer, même d’une manière approximative, l’époque de sa construction.

Les seuls objets a noter- étaient, a l’intérieur‘, une pierre de granit aux armes de la famille de Parigné, et deux pierres tombales qui ont repris leur place-dans la nouvelle église.

Sur Pune de ces pierres, placée a l’entrée du "chœur, était représentée une femmegles bras croisés’sur’la poitrine et la

. tête appuyée sur un coussin. li est vraisemblable que cette

pierre recouvrait la sépulturelde la nièce du trésorier Landais, Marie Guibé, veuve douairière de Jean 41e Pärtheti-ay, seigneur de Parigné, morte dans les premières années du 5m“ siècle et inhumée dans le chaneean de l’église. ’ ' La secondé [sorte cette inscription : Cy gist noble et puis» sont seigneur René de-Gaulny, sieur du Boisguy. 1561. Chapelles. — On comptait autrefois six chapelles sur le terl

t ritoire de cette paroisse, dont trois seulement subsistent encore aujourtVhui.

1o Près le village de Seye, sous le vocable (le saint Roch. Cette chapelles été construite par les paroissiens en J625, par suite d’un vœu qu’ils avaient faith Foccasiott (Tune épidémie, et tient l’inscription suivantegplacée sur un tableau‘

dans l’intérieur, est destinée à" consacrer le souvenir aussi bien que celui de sa réédification en 1774 :. — Hæc. sacra. ædes ’ voti pro pestilentiel monvmentum extru 5 cta a paræcis. aune 1625. Sumptibus eorum prope reædificata fuit. anno 1774,

On y remarque une statuette la Sainte Vierge qui y a été apportée de l’église de Parigné, et qui est honorée sous le nom de Notre-Dame-de-Bonne-Garde. Cette statue, qui représente la Sainte Vierge assise et tenant l’enfant Jésus sur ses bras, doit remonter à une époque fort reculëe.

On dit la messe plusieurs fois l’an dans cette chapelle, et il paraît qu’avant l’a Révolution on y prêchait quelquefois. C’est du moins ce que l’on est induit à penser de Fexistettce d’un petit balcon placé dans la façade et qui domine laplateforme sur laquelle elle est construite. ’ , ’ '

2o À la Tendrais, aujourd’hui la Villegontier ; on y dit la messe.

3o Au BoiswGuy.

4o Aux Acres, fondéeen 1659 de deux messes par semaine, ’le jeudi et le dimanche : complètement détruite.

5o A 1a Villegontier. 1a. i a

6o Au Sellier. Id. " I On remarque au village de la Villegontier une. croix en pierre assez curieuse. Elle a de 4 a Ënmètres Œélévation ; le montant est : de forme oetogone, à pans cannelés, et repose sur-un socle octogone comme lui. a

Sur le soclepon lit l’inscription suivante, de laquelle il.

résulte que cette croix avait été d’abord élevée au laord d’un chemin, d’où elle a été transférée dans le village au milieu duquel elle se trouve : Je-esté-Ievee -pree1 cette voye-‘par sire Jean’ Brevet-S’de la -Dorisaye en octobre et c’ estoit cvmtrvn. (sien) 1581 Sur quatre des faces du socle sont représentées des têtes de mort. La croix porte quatre écussons avec un monogramme.

Le montant est renflé vers les deux tiers de sa hauteur etj

se terniine par des amincissements gradués. q

Deux écussons reproduisent, l’un le monogramme, Foutre le nom de Drouet, avec la date de 1581. p e l ’

Les. bras de ta croix sont terminés à leur extrémité par les noms de Jésus et de Marie" : I+S—MAR.

Histoire féodale. — Les seigneurs de Pariglté ont joué un

rôle assez important dans l’histoire (le notre province pour que je m’y arrête quelques instants. W

Quoique leur nom n’y apparaisse pour la première fois que vers le milieu du x1v° siècle, on aurait tort de conclure de la à une [origine aussi récente. Tout nie porte a croire que les seigneurs de Parigné, que nous trouvons en Normandie dès le 2m“ siècle, netaient autres que les premiers seigneurs de cette paroisse qui accompagneront Gui !laurne-le-Genquérant dans son expédition en Angleterre, et qui, pour prix des services quïils lui avaient rendus, reçurent de lui, dans le diocèse d’Avranches, une terre à laquelle ils donnèrent le nom (de celle qui avait été leur berceau. i

Quoi qu’il en soit, le premier seigneur de Parigné qui,

se présente à nous, comme appartenant incontestablement à notre paroisse, est Jean de. la Motte, qui vivait en 1340.

Il eut un fils du nom de Guillaume, qui ajouta an nom de Parigné celui de La Bguessière, en la paroisse de Villamée, et qui lui-même fut père d’un autre Guillaume, — lequel servit avec distinction sous Du Guesclin, et fut fait par le duc d’Anjou lieutenant-général de Charles V, capitaine de cent hommes (fermes et de vingt-cinq arbalétriers, gouverneur de Châtillon, etc. (Dupaz, p. 480.) Une petite-fille de celui-ci‘, errine de La Bouessière, épousa Michel de Parthenay, seigneur

dudit lieu et du Bois-Briand, et’lui porta, avec la terre de Parigné, celles de Saint-Étienne et de Racinoux, qu’elle possédait également. z

’Michel de Parigné, seigneur de Parthenay, comme on le sait, occupa les charges les. plus importantes à la Cour desducs de Bretagne : il fut conseiller et chambellan des ducs Jean V, François.1", Arthur llI, François II et de la duchesse Aune, connétable de Fougères et de Rennes, capitaine des villes de Fougères et de Saint-Aubin-du-Core mier, etc.

À la mort de sa femme, arrivée en 1461 (19 mai), le duc François II lui donna le bail de-la terre de Parigné, qui était échue à Jean son fils, et il la conserva jusqu’à la majorité de celui-ci. " ’ v

Jeanayant été tué a la. bataille de"Saint-Anhinedmflormier‘ (M88), la terre de Parigné forma le douaire, de Marie Guibé, sa seconde femme ; celle-ci, en se remariant peu de temps agirès avec Briant de Chateaubriand’, seigneur d’Orange, lui

I porta la jouissances de la terre de Parigné, dont il ajouta le nom aux titres qu’il possédait déjà.

Toutefois, la propriété en demeura à Jeannede Parthenay, que Jean, avait eue d’un premier mariage avec Perrine Le Bouteiller, dame de La Che-snaye.

Jeanne ayant épousé Jean de Lorgeril, seigneur de Lorgeril - et du Bodou, ce seigneur entra par ce mariage en possession de la terre deParigné,.qui passa ensuite dans la maison »de Rohan par le mariage de Jean de Bohan, seigneur de Landal, avec Gnyoune de Lorgeril, morte en 150 ?.

Hélène de Rohart, leur fille aînée, ayant épousé, en 1513, i,

François, comte de Maure, elle lui porta la seigneurie de Parigné, qu’il paraît, avoir possédée jusqu’t sa moruvarrivée en 1557. ’ ' o. Cette terre fut ensuite possédée successivement par Claude de Maure (1551-1564), Charles de Maurefiläfiäg-läîä) et

»Lonise de Maure, qui, veuve d’odet de Matiguou, comte de

Thorigny, qu’elle avait épousé en 1587, se remarie en 1600 à Gaspard de Rochechouart, seigneur de Mortemart.

Celui-ci prit les titres de comte de Maure et de seigneur de Parigné, qu’il porta jusqu’ä sa mort, arrivée en 1643. . Enfinfleur fils, Louis de Rochechouart, aussi comte de

Mettre, venditen 1653 les terres de Parigné, des Acres et du,

Sclier à M. Guérin, seigneur de [a Grasserie, et ä Henriette

de Volvire, son épouse, dont les descendants les ont possédés jusque l’époque de la Réxrolution.t(L’acte de vente est du lys-septembre.).. à A À cette époque et depuis assez longtemps ; paraît-il, le château des Aicres était la résidence des seigneurs de Parigné. Ce château, qui semble avoir été construit ou du moins

ire-stauréletftgraude partie en 1560, par Claude/de Maure,

seigneur de Parigné, "avait échoppes au vandalisme révolutionnaire, et n’a été démoli qu’en 1854‘. Il m’a. donc été donné de l’examiner dans tous ses détails, et je me crois en mesure de pouvoir en donner aujourd’hui la description. Son plan était celui d’un rectangle fort régulier. Chacun de ses angles était flanqué d’une tourelle dont le toit conique et aigu se dessinait assez harmonieusement dans le paysage, a {tu-dessus de la masse noirâtre du corps du bâtiment. Une des tourelles, celle de l’angle Nord-Est, reposait immédiatement sur le sol et renfermait l’escalier destiné à relier le rez-de-chaussée avec les deux étages qui lui étaient superposés. Chacun de ces étages se composait de deux grandes pièces, sans compter celles qui étaient dans les tourelles. Chacune d’elles était pourvue d’une grande cheminée et éclairée par une seule fenêtre, pratiquée dans le mur oriental. Ces fenêtres, comme celles de l’époque, étaient’diviséesï dans le sens de leur hauteur et de leur largeur par deux barres en forme de croix.

Les trois autres tourelles ne prenaient naissance qu’a la hauteur du premier étage. Elles manquaient entièrement de cette grâce et de cette élégance qui distinguent, dans certaines constructions du X’l° siècle, les appendices du même genre, lorsque leurs assises inférieures, ornées de délicates moulures, se détachent en gracieux culs-de-lampe et donnent

aux tourelles qu’elles supportent l’apparence de gigantesques q

nids (Phirondelle, suspendus aux flancs de l’édifice tient elles l’ont partie. Dans toute son œuvre, l’architecte semblait s’être

plutôt inspiré des lois de la solidité que des règles, du goût et.

de l’élégance. Les assises inférieures de ces tourelles étaient bien disposées un peu en nids d’aronde et ornées de quelques moulures ; mais elles se «détachaient anpeine (le Pédifice. et reposaient sur deux supports massifs, construits en granit, qui. se liaient à sa base et formaient comme une espèce de contrefort a chacun d-e ses angles. p

k.L’entrée du château était du côté de l’ouest, sa façade ne présentait aucune ouverture de ce côté, si ce n’est une grande arcade ïoûtée et acintre surbaissé, qui traversait le château et servait de passage pour pénétrer dans une vaste cour, située de Feutre côté. Cette cour était entièrement close par des bâtiments de service et la chapelle, ou bien pari des murailles la où ils faisaient défaut.

Une reprise a la muraille a la hauteur du second étage, et quelques "pierres en encorbellement qu’il était facile de reconnaître comme les restes (d’anciens mâchicoulis, semblaient attester qu’il avait existé autrefois un mottcharaby destinéa défendre l’entrée, déjà protégée par une herse et une porte battante.

Uédifiee était entièrement construit en pierres de moëllon, a l’exception des encoignures et des ouvertures qui étaient en pierres de granit.

Terres nobles. — Les terres nobles de cette paroisse étaient et} 1680 : V -

I. 4- La terre et seigneurie des Acres, avec droit de haute,

moyenne et basse justice dans tous les fiefs qui en dépen— "

daient.

orLe duc Pierre II, par lettres patentes données à Plästreniclès-Vannes, le 22 octobre 1455, avait : donné à Michel dé

Parthenay ; pour lui et ses successeurs, la [JGFIIIÎSSÎOD et le privilège delever- et de tenir perpétuellement une justice n37 tibulairea trois pots dans ses terres de Parigné, de Saint-Éticnne et de Racinoux.. —. ’ a

Le même duc lui avait également accordé, par lettres patentes du M juin 1451, droit (fustige dans la forêt de Fougères, tant pour son chatifiage que pour rebâtir ou réparer ses châteaux, métairies et moulins ; comme aussi -celui d’y faire mener" paître vingt-deux mères vaches avec leur suite et trente porcs.

Ces droits furent ÏÎEÏÉS et réduits par Parrêt de la réformation de 1664 a trente charretées de bois par an.

Le seigneur de Parigné avait, en outre, droit de banc d’enfeu prohibitif, (Vécussons et Œarmoiries dans le chanceau de l’église, de iisière et de ceinture au dedans et au dehors, droit d’un autre baucidans la nef, de prières nominales et autres droits’de patron et fondateur de l’église, cimetière et presbytère, et seigneur de tout le bourg.

La terre et seigneurie de Parigné ou des Acres se comjnblsait ainsi qu’il suit : —

Domaine proche. — 1o La métairie des Acres ; 2o le domaine et métairiekde Parignè appelé le Haut-Bourg, — 3o le lieu et domaine de Ponz-FEeard ; 4o le lieu et domaine de la Chesnaye ; 5o le moulin de Mezerelte ou du domaine de Parigné ; 6o le moulin de Hérisson, construit en 1414 par

Michel de Parthenay.

Mouvances. — En Parigué : 1o le grand fief du bourg de Parigné, 82journaux ; 2o le fief de la Peîgnardière, 70 jour»

naux ; 3o le fief de la Crossonnais, 4.2 journaux ; 4o le fief

de la Costardais, 27 journaux.

En Montault : 1o le fief de Lignères (1) et lesuzommuns du Grand-Rocher, de la Coursonnière, etc., 455 journaux ; 2o le fief de Bonnefontaine, 156 journaux. a

En Villamée : le fief de la Basse-ficellerait, 117 journaux.

En Lecousse : 1o le fief de la Porcherie, 30journaux ; 2o le fief de Montaubert, 40 journaux ; 3o le fief de la Guiberdiére et de la Faverie, 68 journaux. — l ’

En Louvignë met Mellé : le fief de la Roche-Gaudin,

70 journaux.’

(1) Le fief de Lîgnères devait à 1. ; Cour de Fougères une îuste de vin valant 3 sous 3 deniers. h

II. — La terre et seigneurie du Sollier, avec droit de moyenne et basse justice ; droit de pêche dans la rivière du Nançon ; droit d’usage dans la forêt de Fougères, consistant, pour le seigneur, à y prendre son bois de chauffage et le bois à merrain nécessaire pour les réparations des bâtiments du Sellier ; les feuilles et fougères pour les engrais, etc.

Cette concession avait été faite anciennement an seigneur duSollier, a la charge de veiller à la garde de la forêt ou de commettre un forestier dont il était responsable.

Ces droits sur la forêt furent réduits, par la réformation de 1664, à trente charretées de bois par an.

La terre du Sellier, qui était, comme on le voit, un gage féodé de la forêt, appartenait en 1351 à Perrinet du Sellier ; en 1452 au seigneur de Sacgonnis et à Jeanne L’Abbé, sa compagne ; en 1586 à François de Channé ; en 1607 elle était réunie ä la seigneurie de Parigné, dont elle n’a pas été séparée jusqu’à l’époque de la Révolution.

Domaine proche. — 1o Le manoir et maison seigneuriale du Sellier ; 2o. le moulin d’Avillon, afféagé par acte du 18 septembre 1439, à Pierre Morel, seigneur de la Villegontier, moyennant 9 livres de rente par an, et l’acquit des dîmesdues a l’abbé de Bille.

Mouvances. — En Parigné : 1o le fief Freusliin ou du Pont, 70 journaux ; 2o le fief et bailliage de Seez, 87 journaux ; 3o le grand fief et commun de Landes-Muret, 150 journaux ; 4o le fief Gonnelle, 120 journaux.

En Landéan : 1o le fief de Villalard et Pierre-Blanche, 90 journaux ; 2o le fief des Cervellières, 86 journaux.

En Saint-Germain : le fief de la Harée et du Vaugrémiot, 136 journaux.

III. — La terre et seigneurie de la Villegontier, avec droit de banc et d’enfeu dans l’église de Parigné, au-devant de l’autel Saint-Antoine, du côté de l’Évangile, à charge (le rendre avei au seigneur de Parigné.

La terre de la Villegontier était le gage féodé de la sergeng terieidu Coglais. Son propriétaire était, par suite, chargé du devoir de cueillir les rentes dues au roi dans tout le bailliage du Coglais, qui comprenait les paroisses de Cogles, de La Selle-en-Cogles, de Saint-Brise, de Saint-Étienne, de Montours, de Saint-Germain, du Châtellier et de Parigné ; et en outre, quelques fiefs dans les paroisses du Ferré, "de Poilley et de Villamée (1).

Cette terre appartenait autrefois a la famille Morel, qui

« ajoutait à son nom celui de cette terre. Alain Morel, sieur de

la Villegontier, comparut, par devoir de sa charge, au Parlement tenu à Vannes en M62.,

. Au commencement du xvi“ siècle, elle passa dans la famille Le Gorvaisier, dont un membre e n prit le nom, enfin, un siècle plus tard, Gillette Le Corvaisier la fit entrer. dans la famille Frain par son mariage avec M. Pierre Frain, sieur

d’lfler, qui changea ce nom pour celui de la Villegontier, que

ses descendants portent encore aujourd’hui.

Domaine proche. — 1o La métairie et le moulin dela, Villegonticr ; 2o le lieu et terre noble du Bèehé ; 3o le lieu et terre noble de la Barrais.,

Jean, duc d’Alençon, seigneur de Fougères, voulant reconnaître les bons et agréables services que lui avait rendus Baoullin Dorange, sieur déla Barrais et de la Bondinais, et pour décharger sa recette de 12 livres 3 sous 4 deniers

qu’elle était tenue de payer chaque année aux sergents a

(1) Le ange du Coglais rapportait, en 1722, à la recette de Fougères,

3,865 boisseaux 1/9 d’avoine, î rnuid de vin (environ 2 pipes) estimé 75 liv. Le tout était estimé, à cette époque, Æ,074 liv, 12 s. 3 d. gages de la forêt, par, lettres patentes du ’20 octobre 1428, annexe une sergenterie féotlée aux terres de la Barrais, de la

Bondinais et (le la Foresterie, pour être exercée par les propriétaires de ces terres, et leur octroya tous les droits, fran-

. chises, usages et privilèges ides autres sergents. féotles, tels

justice.

que droit de chauffage, de pâturage, etc. Cette sergenterie ne subsistait plus lors de la reforma lion de la forêt, en 1664. Je suis porté à croire qu’elle avait été transférée à la terre du Solier quelques années auparavant.

illouvances. — i“ Les fiefs-de la Granulats et de la Foresterie, 60 journaux ; 2o le fief de la Nonardièra, 68 journaux ; 3o le fief Herbron,235 journaux ; 4o le fief de la Grande et Petête-Pesnqis, 50 journaux..

IV. — La terre et seigneurie de la Tendrais (aujourd’hui

château de la Villegontier), avec droit de moyenne et basse ,. Cette terre appartenait anciennement à la famille Le Jeune ; en 1676 aéeuyer François Desnos, comme héritier de Jeanne Le Jeune, (lîlI/IIB de ll/Iésauhoaiin, sa mère ; elle appartient, depuis le milieu du dernier siècle, à la famille de la Villegonlier. ’ a Domaine proche. — lïLa retenue, la métairie et le moulin

de la Tèndrais ; 2o le moulin du Basellérisson ; 3o la n1étaîrie

noble» de la Terrouas.

I Mouvances. — En Landéan : 1o le fief du Rocher ou (les Potiers ; 2o le fief de la Vieux-Ville, consistant dans les masures de la Vitrines-Ville, de la Poivrie, des Jlfatset de Pierre-Aubc. ’ A

Les hommes du fief du Pont devaient tous les ans, au seigneur de. la Tendrais, un chapeau de boutons de roses rouges, cousu de til noir, qu’ils devaient lui présenter dans son banc‘, en l’église paroissiale, au jour et fête de saint Jean-Baptiste, entre les deux élévations de la grand’messe.

VIII ’ 23

V. — La terre et seigneurie du Bois-Guy, avec droit de basse justice, droit de banc, de sépulture, etcwvdans l’église Saint-Léonard, auprès de la chapelle de Saint-Christophe ; même droit dans l’église de Parigné, à charge de rendre aveu au seigneur de cette paroisse ; et aussi dans l’église de Lecousse, à cause du fief de Lecousse.

Dès le commencement du xvi“ siècle, la famille de Gaulay

’ était en possession de cette terre. V

À la mort du dernier membre de cette famille, arrivée en 1703, elle fut vendue sur une mise ä prix de 22,000 livres, par M. Martin, seigneur de Bouillon, son héritier bénéficiaire, à M. Picquet, greffier en chef des États de Brelagne, qui ajouta à son nofn celui de cette terre.

Domaine jaroclze. —, 1o Le château, domaine et moulin du Boisgzzy, 130 journaux ; 2o les métairies de fllébesnard, 100 journaux ; de Cogé, 85 journaux ; de Vaucelles, 105 journaux ; des Bouliers, 160 journaux.,

Mouoances. — En’Parigné : 1o les lieux et métairiesrle la

Hurlais et de la Fauerie, de 90 à 100 journaux ; 2o le

domaine des Matz, 300 journaux ; 3o le fief de Vilgerard, 100 journaux ; 4o de la Cozzpriére, 100 journaux ; 5o d’Ardanet, avec extension on Louvigué, 60 journaux ; 6o de la Guénussonnière, .60 journaux ; 7o de Vaucelles, 120 journaux ; 8o de la Galodrie, 40 journaux. j “

Dans le Châtollier : 1o les deux fiefs du Haut-Frezay et du Fauteuil, 120 journaux ; 2o] le fief de la Blairie, 66 journaux ; de la Ribassais, 39 journaux.

En SainbGermain : les fiefs de Loisance, 80 journaux, et

, des Échelles, 140 journaux.

En Leconsse : le fief de Lecousse, 80 journaux.

En Romagné : le fiefde la Mo-rinais, 80 journaux.

En Louvigné : le fief de la Jar-guenuis, 66 journaux.

Dans Le Loroux : le fief de l’Espiu.ay, 100 journaux.

Dans Le Ferré : 1o le fief de la Laots-zcHaye, 11.0 journaux ;

2o le fief et bailliage du Hirel, s’étendant dans les paroisses de Cogles et de Monte-ors, 460 journaux.

En Montault z le tief de la Pasquerais ou de la Barattais, 80 journaux.

En Poilley : le fief de la Boutriais, 404 journaux.

En Villamée : les fiefs de ’13 Céteyère, de Illontbrouaud et du Champ-Marie.

VI. — La Chaumoie, avec droit de basse justice.

VII. — Les métairies de la Hurlais, des Bayettes, de la

Barraia-de la Terrouas, de là Courbe, de la Faoerie, et lev

fief de la Peignardière.

x1711. — "ROMAGNÉ.

Ecclesia de Roænaniaco, x1“ et x11e siècles (D. M012, Pr. I, col ; 394, Bulletin de-FAss. B-ret, t. 111, p. 19e, 239, 240). — Romaniaca Ecelesia, x1e siècle (titres du prieuré de Saint-Sauveur des ’Lantles-, arch. dép., série H“, n°512). — E. Ro-

« maniaci (ibict). — E. de Bomania, 1111e siècle (Bulletin de

P1435. 81m., t. HI, p. 197). — Bommaneium, x11e siècle

(D. M012, Pr. I, col. 651). — Parrochia Beau Martini de

Romaigneio, X111e siècle (icL, ibicL, col. 967). — Ruantgneium

et «Rumma neium iml° et x1v° siècles titres du rieure (le , ÿ 7

Saint-Sauveur). — Romagneyum, pouillé de 1516. Histoire religieuse. — La conditionnée l’église de Romagné, vers le milieu du x1e siècle, époque à laquelle elle fait son

apparition dans notre histoire, était celle que nous avons déjà’

constatée pour un certain nombre d’églises de nos contrées : elle constituait une propriété privée et était possédée, à titre (le fief, par les descendants des seigneurs qui Fuvaient fondée.

Cependant, le moment était venu où les détenteurs des

biens ecclésiastiques, les uns effrayés des censures rleFÉglise, les autres touchés de ses pieuses exhortations, allaient enfin se dessaisir de ces biens qu’ils avaient trop longtemps possédés, au mépris de ses lois.

Main 1l, le seigneur de Fougères, qui jouissait a lui seul de la moitié de l’église de Romagné, fut le premier à entrer dans cette voie, en faisant l’abandon de ses droits a l’abbaye de lllarmontiers’en faveur du prieuré de Saint-Sauveur-des-Landes, qu’il avait fondé peu de temps auparavant.

Cette disposition ne se fit pas sans exciter quelque mécontentement parmi les seigneurs ses co-propriétaires, dont le principal était Pinel, fils dTIermeniot (voir Saint-Sauveurdes-Landes)

et pour le faire sentir aux religieux, ils commencèrent

par revendiquer pour eux-mêmes le droit de choisir et de présenter le prêtre qui serait chargé de desservir la paroisse.

Le seigneur de Fougères évoqua Paffaire ; et dans une assemblée a laquelle il avait convoqué, en même temps que les

opposants, le plusxgrand nombre possible des autres seigneurs de ses terres, il leur démontra, pur le témoignage des anciens, que le droit qu’ils réclamaient avait toujours été exercé par lui et ses prédécesseurs, et il les amena ainsi à renoncer à leurs prétentions et a reconnaître le droit des religieux a la présentation du desservant de la paroisse.

L’exemple du seigneur de Fougères ne tarda pas d’aveir des imitateurs. Plusieurs autres seigneurs, Juhel, Guitlienocet Gauthier, ces deux derniers fils de Cantelin, qui étaient en possession de certains droits sur l’autel et l’église de Romagné, s’en (ressaisirent également enfaveur de Marmontiers et du prieuré de, Saint-Sauveur-des-Landes.

La notice concernant la donation de Juhel (Bull. de PAss. i

BreL, t. IlI, p. 197) nous donne un curieux renseignement sur Pextrême division à laquelle pouvait être portée 1a propriete d’une église. Ce seigneur n’était fonde dans celle de l’église de Romagné que pour un neuvième, et ce neuvième se trouvait encore réduit par le prélèvement fait, avant le partage, dÎune mesure (le-grain au profit d’un autre seigneur nommé Hervé, fils (Yflildegarde.

J’aurais dû l’aire remarquer plus tôt que ces cessions de droits sur les églises fieraient presque jamais acceptées d’une

manière absolument gratuite par les religieux auxquels elles’

étaient faites. A moins qu’elles ne provinssent de seigneurs suzerains, les religieux se faisaient presque toujours un’devoir d’ofirir à leurs auteurs un présent quelconque en compensation

du sacrifice, qu’ils sîmpo-saient. Les anciens actes désignent -

généralement ce présent sous le nom de gratin» ou de pearitas. " l ’

Dans la circonstance, Juhel reçut la promesse de son admission dans la communauté de Marmoutiers, au cas où il voudrait y entrer ; Guithenoc et Gauthier une somme de cinq sous, qui leur fut remise par un moine nomme Albert.

Ces diverses donations furent confirmées à l’abbaye de Marmoutiers par Hamelin, évêque de Rennes (M27 ä 1140), qui lui accorda dans l’église de Bomagné les mêmes droits et les mêmes privilèges que ceux qu’elle exerçait dans l’église de Saint-Sauveur. i i,

Ifiéglise de Romagne prospéra entre les mains des religieux, et bientôt l’on fut forcé de reconnaître l’insuffisance du cimetière pour recevoir les sépultures et les constructions des pa-..

rois siens qui venaient s’y établir. Nondttm sulpiciens emt mm ad humanda corpotza quamque ad domos ædificdndas. (Archives départementales.)

‘. l. -. .4 o l Le prieur de Saint-Sauveur, nomme Alfred, ainsi que le recteur de la parois-se, s’employèrent activement pour faire,

cesser cette insuffisance. Cedernier, nommé Robert, obtint de Gaultier Loup et de ses frères Mainard, Daniel et Guy, à qui appartenaient les terres adjacentes, et d’Ôlivier, fils de Guinard, le seigneur du fief dont elles relevaient, la cession du terrain qui était jugé nécessaire pour l’agrandissement du cimetière, et cela, a la seule condition qu’ils seraient, eux et leurs prédécesseurs, associés aux prières et aux bonnes œuvres de Marmoutiers.

Cette cession se fit solennellement, le jour de Pâques, en présence de toute la paroisse assemblée. Olivieret sa mère Halvide déposèrent sur l’autel un couteau à manche blanc, comme symbole de la tradition qu’ils faisaient de leur propriété-, et le prieur, de son côté, leur remit, devant toute l’assistance, une somme de dix sous à titre de présent, et les admit à la participation de tous les biens spirituels de Pabbajie.

Peu de temps après, Alain, évêque de Rennes (1141 a 1156), étant venu ä Bomagné, sur l’invitation du prieur de Saint-Sauveur, les habitants de la paroisse se réunirent aux quatre frères dont la libéralité avait permis d’accroître le cimetière, pour le prier de le bénir lui-même. i

Le prélat accéda a leur demande et ratifie tous les actes qui avaient été faits a cette occasion. l F’. Bien que les religieux possédassent la plus grande partie de l’église de Romagné, ils ne pouvaient encore néanmoins se flatter qu’elle ne serait pas pour eux le sujet de quelques difficultés.

Le seigneur de Fougères, antérieurement à la disposition qu’il avait faite en leur faveur, en» avait donné une portion en

fief héréditaire à Guillaume du Feil, à chargerdele servir a la

guerre avec ses armes et ses chevaux, et de lui rendre, en temps de paix, les devoirs accoutumés, tels que celui de procuration pour lui et le comte de Rennes, ainsi que la taille d’août- et de Pâques. ’ j.

Le seigneur du Feil, à son tour, avait rétrocédé ses droits à Guillaume Le Doÿen, et il recevait de lui le devoir de- procuration, qu’il rendait loi-même aux voyers du seigneur de Fougères.

De 1140 ä 1150, sans qu’il soit possible de préciser l’année. Guillaume et son neveu Geofiroy, qui desservait alors l’église de Landéan, disposèrent, avec l’assentiment du seigneur de Fougères et en faveur de l’abbaye de Rillé, de tous les droits qu’ils avaient sur la paroisse de Romagné, t’ajoutèrent encore à ce don celui d’une terre qui leur était venue par héritage et qflui était contiguë au cimetière. C). Mon,

P1‘. I, col’. 65L)

Par suite de cette donation, l’abbaye de Rillé se trouva en concurrence d’intérêts avec l’abbaye de Marmo-utiers, car elle lui donnait droit à cinquante-sept quartiers (Yavoine, quatre de seigle et un de froment (t).

Mais il ne paraît pas que ce rapprochement ait jamais occasionné de discorde entre elles. Les difficultés pour Marmoutiers devaient venir d’un autre côté.

Malgré le silence de l’histoire, il me semble entrevoir que Piuel et les autres fils dîrlermeniot, qui dès le principe s’en taient montres hostiles aux religieux, forcés eux-mêmes de résigner leurs droits, en avaient fait la remise à Porrlînaîre.

Ce qu’il y a de certain, c’est que, nonobstant les dispositions de l’évêque Hamelin, la cure {le Romagtté étant devenue

(t) Iÿaprès les recherches auxquelles je une suis livre sur les anciennes mesures en usage dans la baronnie de Fougères, je crois pouvoir donner, comme à peu près certaines, les valeurs suivantes z pour les temps antérieurs â 1719, le quartier équivalait :1 environs hectolitres (6 11. 0%‘) ; ses subdivisions étaient la mine ou Pasine, moitié du quartier ; la somme, moitié de la mine ou de Pasinc ; le boisseau, quart de la somme, et enfin le demeàu, moitié du boisseau (i8 litres 99 cent.)

Au xvc siècle, on trouve dans les anciens comptes une autre mesure-pour les céréaliers, désignée sous le nom de querït, elle était le huitième du quart ? tier et équivalait par conséquent à deui boisseaux (environ 75 litres 96 cent). vacante, Ëtienne, pour lors évêque de Rennes, s’empressa d’y pourvoir et la donna ä un prêtre nommé Hervé (1).

Iiabbé de Marmontiers proteste et invoque en sa faveur les droits d’une ancienne possession à laquelle l’évêque ne put opposer aucun titre.

Reconnaissant alors qu’il était mal fondé dans ses prétentions, il fit venir Hervé et obtint de lui la démission de son église. Il en disposa immédiatement en faveur de son notaire, nommé Engelhert, qui était religieux et appartenait à la congrégation de Marmoutiers, mais en lui exprimant le désir qu’il la remit à Hervé, le prêtre dépossédé.

Engelbert, après avoir pris conseil de son abbé, en disposa conformément au désir d’Étienne,. qui, satisfait et désireux de faire disparaître toute trace de ce conflit, confirma a l’abbaye de Marmoutiers tous les droits et privilèges que ses prédécesseurs lui avaient accordés dans l’église de Romagné, constatant particulièrement le droit qu’elle avait de présenter le curé et de percevoir les deux tiers dans les dîmes et les oblations, ainsi que la moitié dans les sépultures, tout comme dans l’église de Saint-Sauveur, à laquelle il Passimila complètement. i ’

Ces dispositions, quelque formelles qu’elles fussent, ne semblent pas néanmoins avoir prévenu tout dissentiment entre les religieux et l’autorité épiscopale. La concorde et Funiou ne furent définitivement établies qu’en M97, sous l’épiscopat d’Herbert. De nouvelles difficultés s’étant élevées entre ce

(i) Il est difficile de déterminer l’époque de cette vacance ; deux évêques ’

du nom tPÈtienne occupèrent dans ce temps»là l’évêehé de Rennes : l’un, Ètienne de La Rochefoucauld, de 1156 à 1166 ; l’autre. Ètienne de Fougères, de 1168 à 1178. Cependant, comme Ètienne de Fougères prend assez ordinairement dans ses actes le titre de chapelain du roi dätngleterre, je serais disposé à rapporter ai Ètienne de La Rochefoucauld les faits dont il est question. prélat et l’abbaye de Marmoutiers, relativement aux églises de.

Romagné et d’entrain, il entra en arrangement avec les. religieux, et moyennant l’abandon qu’ils lui firent d’une portion de leurs tiroirs sur l’église d’Antrain, il consentir "a leur doué ner une charte par laquelle il. leur confirma la pleine propriété et la libre jouissance de toutes -les églises qu’i la possédaient dans le diocèse deÎRennes.

Jéglise de Romagné se trouve en tête de la liste, qu’il en dressa alors, et la même charte constate que l’évêque, avec l’approbation de son chapitre, a reçu comme titulaire (le la paroisse Pierre de Beaumont, que les religieux [lui avaient présenté. (Ballet. de 1243s. BreL, t. lll, p. 239-240.)

Depuis lors, l’église de Bomagué a toujours glépendti de

Pabbaye de Marmoutiers, sous le prieuré de Saint-Sauveur, jusqu’au moment où M. de Bragelonne ayant disposé ide ce prieuré en faveur (les Eudistes de Bennes, elle revint ä Verdinàäire. ». ’ 1 Ÿ.

lecteurs de Romagne‘. — Vers 1040, Tetbaldus. — 106…. Herbert. — 11…, Geoffroy. — 1121…, Robert. — 115…,

Gantier. — 1158, Hervé. — 1197, Pierre de Beaumont. — I 1519, M. Quesnel. — 1606, M. Fralin- Dauguct. — 1608, M. llilaussan ? — 1637, M. Louis Grumet de la Devison..—1668, M. Le Bannier. — 1696,11. AndréRoeher, +1717. — M. Haber, 1741. — 1742, M. J.-B. Bougay de laMouttaye. — 1755, M1. Dussault. — 1768, M. Gabriel Le Roux. — 1787, M. de Mésange. ’. —

Archéologie. — Uéglise est sous AtlÎinvocation de saint Mar-A

tin, fêté le‘3 juillet.

Elle n’o1i’re rien de remarquable ; elle seÏcomposetYune nef accompagnée de deux transepts ; antenne de ses parties ne paraît remonter à une époque antérieure âu xve siècle ; depuis lors, elle a subi de nombreuses restaurations et aété agrandies plusieurs reprises.

On voit derrière le grand autel, appliqué contre la muraille, un petit bas-relief en marbre blanc représentant quelques scènes de la Passion, et qui doit remonter au xvx° siècle ; il provient de l’abbaye de Bille.

Chapelles. — Il y avait autrefois un grand nombre de chu pelles sur le territoire de cette paroisse. Voici les noms de celles dont j’ai retrouvé les traces ou l’indication ; une seule, celle de Sainte-Aune de la Bosserie, est aujourtPhui desservie :

1o À la Daufinaie, sous le vocable de Notre-Dame‘. 2o À Sainte-Aune de la Bosserie, sous le vocable de sainte Aune. -

3o Au bourg, sous le vocable de Notre-Dame.

4o À la lllarehe. x. 5o À Larchapt, sous le vocable de saint James ou saint Jacques.

Cette chapelle remontait au moins au xve siècle. Elle fut donnée en 1525 à Jehan Rouaud, après le décès de Guillaume Jubet, par François Le Porc, seigneur de Larchapt, aron de Charné, seigneur de Bazilles, de la Créveure, etc.

6o Au Portal, autrement à à la Basse-Riboisière, fondée en 1663. a ’

Î 7o La chapelle Saint-Ètienne, fondée en 1663 par literie

Lasne, veuve de N. H. François Préhu, sieur de la Chapelle.

8o Au Coudray, sous le vocable de saint Deluron.

Les trois premières seulement ont de l’importance, et, ä ce titre, leur phistoireoa sa place marquée dans cette notice.

1o Chapelle de la Dauflnaie. — C’est à environ 1,500 mètres du chef-lieu de la commune de Romagné, et à 300 mètres du chemiuvicîual qui descend dans la vallée du Coësnen, que se trouvent les ruines de la chapelle ou plutôt de réglise dont je vais en quelques mots donner la description et retracer l’histoire. Elles consistent aujourd’hui en trois panse/de mue railles“, dont l’u’n, à PEs-t, formait le chevet de l’église, les deux autres constituaient en partie les parois latérales, celui qui formait la façade occidentale, et dans lequel se trouvait la grande porte, ayant entièrement disparu sans qu=’il en reste» le moindre vestige.

Ces débris, — quelque déformés qu’ils soient, n’en sont pas moins précieux et méritent de fixer notre attention au point de vue de Parchéologie et de l’histoire locale ; {Pabord parce qu’ils nous offrent un curieux spécimen de Parchitectnre religieuse de notre pays à une époque dut- les monuments sont‘

devenus très-rares aujourd’hui ; et ensuite parce qu’ils nous permettent de rétablir avec exactitude la forme de l’édifice et (l’apprécier son importance. q -Dïiprès les données que nous pouvons tirer de ses ruines. l’église de la Daufinaie consistait dans, un vaisseau rectangulaire orienté de l’Est à l’onest, et mesurant en longueur 20 mètres sur 6 mètres 50 de largeur, entre- lesimurailles ;

Elle était terminée a l’Est par un mur plat, au milieu»

duquel se dessinait une grande fenêtre que l’on admire en ? core aujourd’hui, encadrée dans s’en pignon aigu et dans un ’.

état parfait de conservation. Malgré les nombreuses guirlandes de lierre qui se suspendent à ses meneaux et semblent se jouer au milieu de ses divers compartiments, il est facile de reconnaître la forme et la disposition de la baie, qui est celle d’une grande ogive lancéolée, encadrant trois ogives similaires, lesquelles-jsiont couronnées dans, le tympan par une rose com« posée de sept A contre-loves a moulures circulaires comme celles des meneaux.. x

« Il’égliserétait éclairée des deux côtés par cinq fenêtres, trois dans le mur septentrional, deux dans le. mur méridional ; mais ces fenêtres aideraient esse-nivellement d’un côté a. Feutre. Les trois premières consistaient dan-s une simple baie d’une hauteur de 2 mètres environ et d’une largeur de 0,40 a la base.

A l’intérieur, elles offrent un ébrasement considérable et un amortissement circulaire, tandis qu’a l’extérieur elles s’amortissent en lancettes avec des pieds droits épanelés,

La baie des secondes présentait une ogive géminée encadrée dans une ogive lancéolée. Une seule de ces fenêtres a conservé sa disposition primitive ; l’autre a perdu les meneaux qui la divisaient intérieurement. Le mur dans lequel elle-s sont percées est presque intact et a dû sa conservation a la destination qu’on- lui a donnée, en le faisant servir d’appui à des bâtiments de service qu’on lui a accolés des deux côtés. Seulement cette destination a nécessité quelques dégradations qui en ont un peu altéré le caractère.

Pour finir cette description et donner au lecteur une idée

complète des ruines de notre église, je dirai qu’on y remarque encore, du côté de l’Évangile et près du chevet, une crédence, et dans le bas de l’église, du côté opposé, une grande arcade, destinée sans doute à un enfen, l’une et l’autre d’une époque postérieure à celle de la construction.

Histoire. — Les xn° et sur’siècles virent s’accomplir au

» milieu de nous la plus grande partie de nos fondations religieuses. De même que les grands seigneurs, à l’exemple des souverains, se faisaient un devoir et un honneur de fonder des abbayes sur les terres de leur domaine, de même les chevaliers et les autres vassaux des grandes seigneuries, marchant sur les traces-de leurs suzerains, se plaisaient a fonder dans leurs fiefs, sous le nom de prieurés, des monastères d’un ordre inférieur qu’ils donnaient aux grandes abbayes, à la charge d’en entretenir. le personnel et d’acquitter les ser-vices religieux qu’ils leur imposaient.

Cédant a cet entraînement de l’exemple, mû sans doute aussi par un profond sentiment religieux et poussé petit-eue par les exborlations de l’évêque de Rennes, Jean Gicquel, qui semble avoir, (lès le principe, porté le plus grand intérêt au nouvel établissement, Guillaume Souhric, seigneur de Lara chapt, fonda, vers le milieu du xur’siècle, un prieuré auquel appartenait l’église dont je viens "de décrire les ruines, et qu’il donna a l’abbaye de Notre-Dame-la-Royale de Poitiers.

Ce fut, suivant toutes les apparences, dans le cours de l’année 1257 qu’etttlieu cette fondation, comme l’indique la charte donnée par Guillaume Soubric lui-même, et que l’on trouve dans les actes de Bretagne publiés par D, Morîice (Plu, t. I, col. 967). Mais elle était arrêtée en projet et résolue plusieurs années auparavant. En effet, dès 1254 nous voyons Guillaume Soubric, qui avait acheté de Geoffray de Malnoë certaines portions des dîmes de la paroisse de Parce, solliciter de l’évêque de Bennes la ratification de son contrat, et celui-ci, en Väccordant, lui imposer pour condition expresse d’en faire l’approprie meut ausprofit du prieuré de la Daufinaie. Si dune la charte de fondation est postérieure de trois années a cette concession, il est ä croire que le seigneur de Larehaqpt fut arrêté par les difficultés quelui suscitèrent les religieux de Marmoutiers, possesseurs de l’église de Romagné, dans la dépendance de laquelle étaient situés les domaines affectés à la fondation. l ’ i

Ce ne fut, en effet, qu’at1 mois de janvier 1256 que Geoffroy, alors abbé de blarmotttiers, se désiste, tant en son nom

qu’au nom de sa communauté, de l’opposition qu’il avait manifestée, et consentit ä Félablissement du’prieuré. Les lettres qui constatent son acquiescement laissent apercevoir,

a travers les termes de bienveillance, ressentiments dont il

était animé et l’espèce de contrainte.qu’il dut se faire a lui-même, pour l’accorder‘. ’ ’

C’est, en effet, dit-il en commençant, a la prière et aux instances de Banni et (Y-Isabelle, seigneur et (lame de Fougères, et en considération des mérites et de la valeur de Guillaume Souhric, qu’il l ui accorde l’autorisation de fonder son prieuré, sans préjudice toutefois des droits de Fabbaye de Marmoutiers et du prieuré de Saint-Sauveur, et a la charge par lui et les religieux de se conformer aux conditions suivantes :

1o Le prieur nommé ou son préposé devait, dans les trois jours qui suivaient son institution, prêter serment, sur Jes saints Évangiles, dans l’église de Romagné, en présence du recteur de la paroisse et du prieur de Saint-Sauvenr-des-Landes, on bien de leur représentant, si i’un ou Feutre était absent ou empêché, de ne se permettre ni de permettre à qui que ce soit de sa dépendance aucun acte qui fût de nature à porter atteinte aux droits ou prérogatives de Fahhaye de Marmoutiers, du prieuré de Saint-Sauveur-deséLangdes ou de l’église de Romagné, et (Pensez-ver et de faire, observer, amant qu’il le pourrait‘, les conventions relatives ä l’exercice de la juridiction spirituelle. Or, telles étaient ces conventions, que toutes les personnes attachées au prieuré, a quelque titre que ce fût, soit comme serviteurs, familiers ou commensaux, restaient soumises a l’église de Romagné, et toutes demeuraient, a la vie et a la mort, sujettes. de la juridiction du curé ; de sorte qu’elles étaient tenues envers lui à la même obéissance et aux mémés devoirs que les’autres paroissiens, et que les religieux ne pouvaient entendre. en confession, ni admettre aux honneurs de la sépulture religieuse aucune

d’elles, sans l’agrément du prieur de-Saint-Sauveur ou du recteur de Romagné.

2o Les oblations et les dons mobiliers faits aux religieux ou a leur église, soit qu’ils provinssent d’un acte entre vifs ou d’un acte de dernière volonté, devaient être partagés Inoitié par moitié entre les religieux d’un côté, et le prieur et le recteur de l’autre : ceux-ci avaient régalement droit aux tiers des immeubles qui pourraient leur être donnés’.

3o Les religieux de la Daufinaie s’interdisaient le droit (Paccroître leurs domaines par tfoie (l’acquisition, dans toute l’étendue des fiefs du prieuré de Saint-Sauveur ; et il était stipulé que, dans le cas où il leur serait donné quelque terre, le prieur et le recteur devraient également en prendre le tiers, et que les religieux ne pourraient, plus d’un an et un jour, conserver la jouissance de la portion qui leur revenait, sous peine de voir la propriété tout entière devenir le patrimoine de l’abbaye.. ’ fi ’ ’

Ces conditions ne manquer-eut pas. de paraître dures aux

religieux de Notre-Dame-la-Royale, et c’est peuuêtre a leurs exigences que nous devrons attribuer le retard qu’ils apportèrent à leur acceptation ; car une année tout entière sépare

»l’acte Œacceptaction donné par Pierre, alors abbé de Sainte-

Marie-la-Iioyale, de l’acte de eousentement donné par Geoffray, abbé de Marmoutiers. (Titres du prieuré de SainuSauveur-des-Landesi, aux archives départ, série H“, n” 42.) A

Le seigneur de Larchapt, heureux d’avoir pu enfin’surmonter. toutes les diifiûllilés qu’il avait rencontrées pour Pexéctition de son pieux dessein, u roulant témoignera l’abbaye de Maromoutiers la reconnaissance qu’il éprouvait de la condescendance q’u’el-le avait témoigner ; a sonegard, et en même temps Findenmiser du préjudice-qui pourrait résulter pour elle de rétablissement de son prieuré, lui accorda, par l’acte même de sa i fondation, une rente annuelle de 40 sous, monnaie courante, payable par le prieur de la Dauûnaie entre les mains du’prieur (Le SaintSauveur-desrlaandes, moitié ä

Pàques, -moitié à la Toussaint. Il reconnut, errputre, tous»

les droits de Marmoutiers sur son prieuré ; tels qu’ils avaient été déterminés et définis par la charte. de l’abbé Geoliroy, et, en les confirmant, il imposa à ses religieux l’obligation de les respecter.

Guillaume Sonbric ne survécut pas longtemps ä la fondation

de son prieuré, car trois ans après (1260) nous voyons Perrounelle, sa veuve, la confirmer. *

Elle fut encore confirmée, huit ans plus tard (1268)., par acte passé devant le doyen de Fougères par Perronnelle Souhric, sa fille et sa principale héritière, qui avait porté la seigneurie de Larchapt ä Juhel Le Porc, haronde Vesins, etc., dont les descendants l’ont possédée jusqu’à la fin du xvre ou au commencement du xvn° siècle. —

À Il y avait autrefois dans l’église de la Daufinaierun grand nombre de pierres tombales, ce qui semble indiquer que les fondateurs l’avaient choisie pour le lien de leur sépulture. Du reste, les propriétaires de la terre de Larchapt ne paraissent pas siêtre réservé ce privilège exclusivement pour eux-mêmes, J’ai dit que dans la partie du mur méridional qui subsiste encore, on remarquait une grande arcade à ogive surbaissée, qui m’a semblé indiquer la place d’un enfeu.

La copie d’un acte du xrv“ siècle, qui se trouve aux archives dïlle-et-Vilaine, me semble pouvoir expliquer son existence.

D’après cet acte, Gilyon de Racinoux et Marguerite de Saint-Pern, sa femme, donnèrent, vers 1316, au prieuré de lalDaulinaie, 13 livres de rente pour y fonder, dans l’église même, une chapelle où ils auraient leur sépulture. «Quoique Ïaforme de Parcade accuse une époque plus rapprochée de nous que celle qui est indiquée par l’acte de fondation, il y a tout lieu de croire que ce petit monument se rapporte à cette fondation, et qu’il aura été construit ou restauré a une époque postérieure (1).

l

(t) Richard de Racinoux, leur fils, changea la moitié de cette rente en

L’époque laquellé les religieux abanlilonnèrent le prieuré nous, est entièrement inconnue. Dès la fin au xvn“ siècle, lors de la réformation du (lomaine du roi dans la baronnie de Fougères, l’église était déjà complètement en ruines ; peut-être fut-elle l’objettlïm acte île vandalisme des protestants qui, sans occuper positivement le pays, le parcoururent en diffé-

rents sens et durent nécessairement s’y livrer a des actes (le,

brigandage et de destruction contre les propriétés des catholÎqllCS. a a

À la [in du xvn” siècle, le prieuré de la Daulinaie formait un assez joli bénéfice en commande, dont la collation appartenait au seigneur de Larchapt, et dont le revenu, ’évalué en monnaie de nos jours, potivait s’élever à 7 ou 8,000 fr.

Il se composait des ferrages (les deux métairies de la

Daiifinaie, contenant 122 journaux (59 hectares) ; des redevances dues par lesnfielë et bailliages de sa dépendance, savoir : de la Clémençais, de la Hattais, des Basses-Illoriêres, du Brouillard, de Bonnefontaiite et de -la Morinais, dans la paroisse de Romagué ; dwPetit-Pont, dans la chapelle Saint-Anbert ; du Zlllont-Ilomain, dans le Loroitx ; de" la Boulonzé, en Parigné. l ’ a

a L’ensemble de ces fiefs, qui composait une étendue de territoire d’environ 850 journaux (412 hectares), rapportait au prieur 53 livres 2 sous en argent ; dix boisseaux’de froment rouge (ltthectolitres) ; six mines, dix boisseaux de blé-seigle (près de 20 hectolitres), et deux mines de grosse avoine (6 hectolitres).

quatre mines de seigle, deux mines çPavoinc grosses ct 14 sous en deniers de

rente qu’il assît sur leeficfs de laChaigne et sur les teneurs de la chaussée, du moulin Drouæ, en Lquvignéyfisvcu’de Guillaume Le Bret, seigneur des

Saintgläticnrte, Àvhérilier de Richard de Ilacinoux, son’oncle. Guillaume Le

Brct était fils d’unc fillette Gilyon de Racinotix et de M. de Saiut-Pern.

Arch. Dép.)

vm 24

Le prieur avait droit de basse justice dans tous ces fiefs.

Il avait encore droit à huit boisseaux de blé-seigle sur le lieu de dlontaubert, en Lecousse ; à dix-neuf mines de grain (58 hectolitres) sur les dîmes de la parois-se de Parce, dont les deux tiers en blé-seigle et l’autre tiers en grosse avoine ; enfin, à un trait de dîmes avec contrevenu en vignes et son pressoir, dans la paroisse de Clayes, en Anjou.

Voici les noms des titulaires du prieuréuue j’ai retrouvés :

En 1257, Pierre ;, son nom figure au bas.de la charte de

fondation avec “celui de Guillaume Sonbric. — En 1382,

Pierre Quartier. — En 1563, Jean d’Argentré, archidiacre de Dinan. — En 16…, M. François du Hallier, + 1659. — 1659, M. André Reste ; se démet en 4b1864. — 166 :1, M. Guy de Lopriac de Coëtmadeuc. — 1745, M. François Geffelot de Marigny. —e 17…, M. illaurice-Gabriel Frain de la Villegonlier, docteur en Sorbonne, + 1773. — 1773, M. Hippolfçte Hay de Bonteville, abbé commendataire de Notre-Dame-cie-Celles, en Poitou. — 178…, M. Georges Lezianrt de la Viilorée.

2o Chapelle Sainte-Aune de la Bosseric. — t Cette chapelle, située au village qui’d’elle a tiré son nom, ä environ lroisskilomètres de la ville de Fougères et au bord de la route de Rennes, remonte à l’année 1602. Elle doit son existence à la

piété de Mm Marie Eschard, veuve de M. Pierre Le lileignan, sieur de la Jallonmère, qui la fit construire par suite d’un.

vœu de son mari que la mort lavait empêche d’accomplir lui-même.. ’.

La fondatrice y attache, par acte du 14 mai 16"11, deux pièces de terre qui lui étaient contiguës, et en alïecta le revenu à la célébration d’une messe que l’o’n devait y dire le mardi dechaque semaine, en sa mémoire et en celle de tous les membres de sa famille.

Celle chapelle, à peine construite, donna lieu ä une grande.

contestation dont les différents incidents nous sont inconnus, mais à laquelle la communauté de Fougères paraît avoir pris une part très-active. (Voir la dédicace dé M. de la Devisou : A lllessieurs les nobles bourgeois, lctc., p. 27, de la Notice jrubliée par M. l’abbé Badiche.) Î

Je résume ici en quelques mots les faits relatifs ä cette affaire, tels qu’ils me semblent résulter de quelques documents, malheureusement incomplets, qui se trouvent aux

. archives dd-lle-et-Vilaine.

Quelque temps après la mort de la fondatrice, qui arriva en’ 16H, les Augustins de Vitré" envoyèrent à SÉÏÎIÏHÛAÛIÏC quelques-uns de leurs religieux, qui remparèrent de la cira pelle et y fondèrent un prieuré. En vertu de quel droit agissaientêils ? Avaienùils été appelés par quelques-uns des héritiers de la fondatrice, sans l’assentiment de tous ? C’est ce qu’il est permis de présumer, mais sans pouvoir l’affirmer dfuue manière positive. Le seul fait que je puisse donner comme certain, c’est le fait de leur prise de possession ; et c’est à ce fait, qui semble avoir manqué de la sanction du droit, que M, de la Derison, recteur de Romagné et auteur d’une histoire de cette chapelle, fait plusieurs fois allusion dans son ouvrage. i

Quoi qu’il en soit, une opposition formelle se manifesta contre leur établissement. La communauté de Fougères, comme je l’ai dit, n’y demeura pas étrangère, et les religieux, attaqués de toutes parts, sans rencontrer aucun appui dans les populations, se retirèrent en 1636. l.

Cette retraite futsellevo-loutairæ : ou forcée ? Je suis assez porté a croire quielle ne f i pas volontaire, et qu’elle n’eut lieu que pari suite d’une seÏeucecu d’un jugement qui l’avait ordonnéeî ijintervetttion de la justice dans cette affaire résulte, en’effet, id’une manière évidente de l’existence de quelques pièces de procédure qui se trouvent encore aux archives départementales. i ’ '

Quoi qu’il en soit, les Augustixis partis, la chapelle rentra dans les conditions de sa londatioil, et le service en fut coufié ‘a un chapelain, qui fut M. Eusèhe Le lrleignan, de la même famille que le mari de la fondatrice. Lorsque celui-ci vint à mourir, vers 1662,. de nouvelles tentatives furent faites en faveur des Augustins de Vitré, que quelques personnes, sans doute influentes, voulaient remettre en possession du bénéfice ; mais elles échouèrent devant" l’opposition des pag rois siens de Romagné.

M. André Reste, qui était prieur de la Danlitiaic, rmgappeié‘ à recueillir la succession de M. Eusèbe Le llleignnn, et nous le trouvons encore, en 1679, en possession de sa chapellenie.

Ce ne fut donc que postérieurement à cette époque quelle fut remise aux mains des Eudistes qui tenaient le séminaire de Rennes, et que celui-ci y jetèrent’les fondements d’une maison qui devait être une annexe ou plutôt une dépendance de leur séminaire.

Les circonstances de cette fondation] nous sont entièrement inconnues. Mais s’il mäétait permis de hasarder une eonjecg ture, j’en ferais volontiers les honneurs à M. de Bràgèlonne, alors titulaire du" prieuré de Saintasauvetir-des-Landes, duquel

dépendait l’église de Romagné, et par conséquent la chapelle

Saintevnàntie. Uintérêt et l’affection que M. de Bragelotmp portait a la congrégation des Eudistes étaient tels, que, quelques années plus tard, il la mit, avec l’autorisation du roi, enrossession du prieuré de Saint-Sauveur ; quoi détonnant, après cela, qu’il se soit servi de son influence pour lui obtenir la chapelle Sainte-Aune, surtout si, comme je suis porté à le croire, le concours du recteur de Romagnéet des paroissiens était nécessaire pour en disposer ! I ’

Quoi qu’il en soit, dans les dernières années du xvn“ siècle, nous voyons les Eùdistes installés u Sainte-Aune de la Bosserie et y jeter les fondements (l’une construction qu’ils destinaient a leur séminaire. Il y a moins de vingt ans peut-être qu’on voyait encore and Nord de la chapelle quelques arrosements de murailles qui se rattachaient ä cette tentative. Sans doute queux-mêmes habitaient la maison située à YEst et qui communiquait avec Lachapelle par une porte intérieure, Cette maison a été longtemps désignée sous le nom de Maison du couvent, en souvenir de son ancienne destination.

Il semble même assez probable qu’ils réuniront quelques élèves. M. Fabhé Badiche, dans sa Notice sur la chapelle

" Sainte-Aune, cite le nom d’un M. Fontaine comme stipériettr

de cette maison, et j’ai eusous les yeux une copie presque contemporaine de l’acte de décès de M. François Prières, mort recteur de Sainesanveur-des-Landesen 1692, au bas duquel figure [la signature de M. C. Le Féure, supérieur de

la oraison du séminaire de Sainte-Aune de 1a Bosserie (sic). ville de Fougères, ils dirigèrent si habilement leur opposition i

Cependant, les paroissiens lîle Romagné, dont l’église avait été détachée du prieuré de Saint-Sauveur, et qui voyaient avec peine les’Eudistesen possession d’unc chapelle sur laquelle ils avaient (lcsqdroits, se mirent à lïeuvre pour leur susciter des querelles et des difficultés. Excités par leurgectenr et apptiyés par un certain nomhrmdïiabitants influents de la

et la poussèrent si loin, que les Eudistes durent renoncer à leurs projets (l’établissement et abandonner la chapelle. Leur retraite ont lieu vers "1715 on 1716, en sorte qu’on ne saurait donner plus’de trente-cinq ans de durée 11 leur accu patient. ‘..

La chapelle redevint dès lors un petit bénéfice dont les derniers titulaires furent les abbés Petel de la fiance, Le Mercier et La Gogué, celui-ci mort recteur de Balazé au commencement de ce siècle. ’ t

îlendtie‘, pendant la Révolution, comme propriété nationale,

et achetée par M. Couasnon, la chapelle Sainte-Aune a été donnée par l’acquéreur a la fabriqué de Romagné, qui en touche les revenus et est chargée de son entretien. l

Elle est toujours en très-grande vénération dans le pays,.et le prodigieux concours de pèlerins qui y affluent, chaquei année, dans les semaines qui précèdent et qui suivent la fête de la sainte patronne, en est une éclatante et honorable démonstration. ‘e I

L’histoire de la chapelle Sainte-Aune a été écrite au xvn” siècle par M. de la Devison, curé de Romagné, sous ce t.itre : a Histoire de la Chapelle de Sainte-Aune de la Bosserie, en la paroisse de Romagnè, près la ville de Fougères, au diocèse de Rennes, en la Haute-Brelagne, et de ce qui s’y est passé de plus remarquable depuis l’an 1636. » (Un vol’. Îfl-ÎË. Avranches ; Motays, 1655.)

En 1843, M. l’abbé Badiche a refondu et continué l’œuvre de M. de la Devison et a publié son travail sous ce titre : « Histoire de la chapelle miraculeuse de Sainte-Argue de la Bosserie, sur l’a paroisse de Romagæzé, prés de la ville de Fougères, elc. ; précédée de la vie de sainte Annæret suivie d’un mamtel de prières, etc., à sainte Aime, etc, 1843.

Je renvoie le lecteur à ces deux ouvrages pour deiplus ’

amples détails, et le récit des miracles qui se sont opérés dans cette chapelle.-

3o La chapelle de Notre-Dame du Bourg était située a peu

rès vis-‘a-vis l’é lise paroissiale, du côté o osé de la route P.

de Rennes, là où se trouve aujourd’hui la maison d’école des filles, qui a été bâtie (il y a environ quarante ans) à la place qu’elle occupait, et avec les matériaux provenant de sa démolition. Cette chapelle présentait dans ses détails les principaux caractères de l’architecturefilu xv” siècle. S’il fallait en croire une tradition fort accréditée dans le pays, mais que je regarde néanmoins comme fort douteuse, elle aurait été construite par

les ordres d’Anne de Bretagne en l’honneur de la Sainte Nierge, à l’occasion d’un grand danger auquel elle attirait mi.fabuleusement échappé, et à l’endroit même où elle aurait éprouvé les effets de sa puissante protection.

Les droits deseignetir fondateur et patron (le cette chapelle, prétendus par le seigneur de Larchapt et reconnus par Parrêt de la réformaliou de 1680, semblent un témoignage irrécusable contre l’autorité de cette tradition.

Histoire féodale. — La seigneurie de Romagné appartenait au propriétaire de la terre de Larchapt.

Cettewerre lui donnait droit de haute, moyenne et basse justice dans tous les fiefs de sa dépendance ; droit prohibitif

de seigneur patron et fondateur dans l’église de Romagne et 7 dans la chapelle (le Notre-Dame, dans le bourg, avec toutes

les prëémintences attachées à ces titres ; droit de fondateur et de présentateur du prieuré et de la chapelle de la Daufinanis,

de la chapelle de la Magdelaine, au bas du faubourg Saint-

Léonard, de la chapelle de Pinoche. dans le faubourg du Liarchix, ‘a Fougères ; droit (Yenfeu dans l’église Saint-Sulpice,

’ dans la chapelle Saint-Guiilartnte, avec droit de banc, d’accourdouer, etc., et Œarmoiries a la vitre, etc.

Le seigneur de Lattchapt exerçait dans la paroisse, de Bomagné un droit que l’on nommait le droit de saut, et qui ne doit pas être mis en oubli. r -

Voici l’explication qu’en donnent les anciens aveux :

k : Les suje-ts de la dite seigneurie chantres hommes de la u paroisse de Romagné qui prennent ou épousent fille en icelle, le premier an de leurs épousailles, doivent le devoir

fa‘

2

(4 vepres qui se disenttau retour de la procession. qui. se faisait autrefois autour de la dite paroisse. — » — u Les dits hommes mariés doivent sauter par-ilessus ou

Q

I-a dedans une cave pleine d’eau, estant dans le paty« de la

a Hardottinais, partirois fois, et le dit seigneur, ses fermiers

desaut, lelundi des féeries de la Penthecoste, a. Fissue des ou commis doivent a tous les dits sauteurs dix soulz monnaie, pour être convertis en vin ; et, faute aux dits hommes et sujets de faire le dit devoir, sont condamne-lites’ à l’amende.

Le seigneur, de son côté, pour prévenir les accidents, devait, chaque aimée, faire cnrer et nettoyer ladite me et la faire paver de mottes.

Le seigneur-de Saint-Brise devait au seigneur de Larchapt 8 sous par an, payables en la ’ville de Fougères, dix heures du matin, le jour de la vigile de Pâques fleuries, sousi peine demande.

La terre de Larchapt avait ses seigneurs particuliers dès le x11e siècle.

Les actes de Rillé constatent, en effet, à cette époque l’existence de Guy de Larchapt, qui, en 1161, donna à cette abbaye la terre de Pérouzel, au nom de Sequard, son "oncle.

Au xm“ siècle, elle appartenait, comme nous l’avons vu ; in Guillaume Soubrie. Ce chevalier étant mort sans laisser d’enfants mâles, sa fille aînée, Perronnelle, en hérita et la portaa Jnhel Le Porc, seigneur de Charné et de Vezins, qui ajouta a ses titres celui de Larchapt.

La terre de -Larchapt paraît être restée dans la famille Le Porc jusqu’aux dernières années du xvi” ou aux, premières

années du xvn° siècle. Nous la voyons alors, sans que je‘

puisse savoir a quel titré, possédée par M. René de la, Fcrrière, dont la fille, Perronnelle, la porta à M. Jacques Bertraud do Saint-Germain, dont les descendants la possédaient encore au moment de la Révolution. — La terre de Larchapt’était ainsi composée : ’ ’. l "

Domaine proche. — La métairie de Larchapt.

Jilouvaitees. — En Romagné :"l° le fief Grignard et la mesuré de la Barré, M2 journaux ; 2o le fief des Anges et MBSNZŒS, 20 journaux ; 3o les fiefs de la Mazette-anis, 55 journaux ; 4o de laflueuorais, 27 journaux ; 5o des Tendrièrcs, 110 journaux ; 6o’ (le la Haute et BassevDou-airie, 48 journaux ; 7o {le la Haute et Basse-Galandais, 116 journaux ; 8o de la Longrais, 2 journaux ; 9o de la Chou-tenterais, 57 journaux ; 10o de Éarjurä, 30 journaux ; 11o du Poisscl, 7 journaux ; 12o de la Lande, 21 journaux ; 13o de la Chasserîc, 15 journaux ; 14o du flaubMoulin, 15 journaimx ; 15o de la Ælorihunnaiaet’de la Pnudozzérc ; 16o de la Gfllaudais et de la Illarquelais, 82 journaux ; 17o de la Tanccrais, 73 journaux ;’

18o de la Hardoieinais, 48 journaux ; 19o des illartinais,

. 144 journaux ; 20o le grand fief de Romagné, d’où déboudaient les fiefs de la Touche, du Val, du Bois-Illorihan, du Chanzp-aux-Chiens, de la Valléé, de la Bayes, des Orièras et de la Ælällefoussaïs, 300 journaux ; 21o les fiefs de la Piton’siéré, 118 journaux ;,22o de la Lçriais, 120 journaux ; 23o de la Poussiniêre ; 24o de Hubert, 24 journaux ; 5o (le la Grassclinière ‘elde Vilhaze ;° de la Grigndrdiére, 23 journaux ; 27o du Coudray, 80 journaux ; 28o de Pierrefritte, 50 journaux-, " 29o de Haute-il lori ère, 121 journaux ; 30o de la Bosseric

a et du Ghesnay, 150 journaux ; 31o des- Louuières, 100 journaux. —

En Lecoussefles fiefs nobles de Pérouzel ; de la Ilamelinais, de la Burlais, de la Tangougére et des Chararies, 277 journaux. z, V A

Les autres terres nobles (le la paroisse étaient, en 1680 :

’ I. — La Chasse-Beauvaisjgagc féodé d’une sergenferic de la, recette de Fougères, avec devoir de faire la cueillette des rentes dues au roi dans lesuparoisses de Romagné, la Chapelle-Saimÿ-Aubert, Saint-Marc-surfloësnon, Saint-Sauveur-

(les-Landes et Lecousse. —g Ces roules consistaient, en 1’722, en 1,032 boisseaux d’avoine et un muid de vin., — Les 1,032

— boisseaux dïwoine étaient alors estimés à 1,098 livres 9l sous

6 deniers, cl lclmuid de. : vin 11 30 livres.

Cette terre appartenait alors à messire François de là Vieuxvilie, abbé commendataire de l’abbaye (le Snvigny.

II. — Les terres de FEstoublay, de la Fe-rronnière (Frommière), du Plessis-Hztbert, de la Iljlartiizais, de la Hattais, de la Cholpinais, de la Grande et Petite-Marche, de la Ilaute et Basse-Riboisiëre (le Portail), de la Prais, de la Vaillandais, du Moulin-Neuf, de le Basse-Dauphinois et de la Chapelle-Saint-Étienne ‘, ainsi que les fiefs de la VilIo-Guériryde la Gesmerais et du Brouillard.

XVII. — SAINT-SAUVEUR-DES-LÀNDES.

Ecclesia in Redonensi territorio atque Vendellensi page sita et in Salvatoris ntemoria dicata, vers 1040 (D. Mort’, Pr. I, col. 394). — E. S“ Salvatoris (id., ibid., col. 405, 42-4). —‘-E. S"’hSal. de Lundis, x11e siècle (ibid., col. 774, 7811», 825, 1070 ; archives, dép. dîlle-et-Vilaine, titres de Marmotitiers, série H”, n° 12). ’ '

Il n’est pas, dans tout le diocèsé de Rennes, Œétnblissement religieux dont l’origine soit entourée doutant de lumière que l’est celle de cette petite paroisse, aujonrrfhui presque complètement ignorée.

Les anciens documents, généralement si sobres de détails en ce qui concerne l’origine et les commencements de nos paroisses, abondent en curieux renseignements à l’égard de celle-ci.

La liasse des titres de Marmoutiers, conservés n nos âr-

(1) M. Paul de la Digne Villeneuve a en Pextrême obligeance de me communiquer la copie qu’il a faite lui-même d’un grand nombre des documents du dépôt des archives départementales, concernant notre paroisse. Je me fais undevoir de lui en témoigner ici toute me reconnaissance. chives départementales (série H3, n° 192), ne- renferme pas moins de vingt pièces se rapportant toutes aux années qui si écoulèrent de 1040 à 10721, et qui, en même temps qu’elles nous font. assister a la naissance du prieuré que Main, seig gneur de Fougères, fendu dans son église‘, nous font connaître les généreuses dispositions qu’il prit, de concert avec ses principaux tenanciers, pourdui créer une importance que d’avenir ne devait pas consacrer. Ce n’est pas sans éto’nne— "ment qu’en parcourant la série, assez nombreuse, des actes t de ce seigneur ’qui sont parvenus jusqu’ä nous, on arrive à‘ constater qu’a l’exception d’un seul, qui s’applique à Pëglise de Louvigné, tous les autres se rapportent à l’église de Saint. Sauvetxr, comme si elle eût été l’objet exclusif de son intérêt et de sa sollicitude. Du reste, ces dispositions du seigneur de Fougères semblent trouver leur explication dans un fait. que

la notice relative à la fondation du prieuré de la Trinité, dans

lavîlle de Fougères, vers l’an 1076, s’est chargée de tiorter à notre connaissance.

Cette notice, après avoir rappelé les circonstances dans lesquelles Ad-élaïde, veuve de Main, et Baoul, son fils ; se d éterntnitièrent a faire cette fondation et fait l’énumération des

biens et des revenus dont ils Yaccompagnèrent, termine ainsi :’

a Tentes ces dispositions étant prises, Adélaide fut enlevée a aux choses passagères de ce monde et inhumée à Saint ; a Sauvcur-des-Landes, auprès de Main, 501) mari, et de a Jutltal, son filSN a (D. Mura, Pr. I, col. 424 ; Bulletin de FAss. BreL, t. Iil, Mém, p. 194.)

LÏéglise de Shunt-SauveutLdes-Laudes nous apparaît donc ici comme la demeure s-épttlchrale des premiers possesseurs de la terre de Fougères et des membres, de leur famille. Dès lors le zèle et la sollicitude de lliain m’expliquent par le désir qu’il devait avoir de la mettre en rapport avecsa destin-ation. Mais cette eiiplica-tion admise, se pose la question de savoir quel motif avait pu déterminer le choix de ces seigneurs en faveur de l’église de Saint-Sauveur ?

Cette question, comme on le pense bien, est du nombre de celles sur lesquelles la lumière ne saurait se faire ’d’une manière complète ; cependant, après une étude sérieuse (les monuments primitifs de notre Itistoire, je crois trouvait ? hasarder une conjecture qui me semble avoir tous les caractères de la plus grande vraisemblance.

La sépulture des membres de la famille des premiers seigneurs de Fougères dans l’église de Saint-Sauveur n’a. pas, ä mes yeux, le caractère d’un choix ou d’une préférence accordée ä cette église : elle est tout simplement, pour moi, la conséquence deleur situation et de leur habitation sur le territoire de la paroisse.

Cette conclusion, tout étrange qu’elle paraisse, me semble

parfaitement motivée par toutes les données historiques que

nous possédons, comme je me propose de le démontrer. Reportons-nous en effet, par la pensée, à la fin du Vx” siècle,

époque à laquelle nous commençons a entrevoir les premiers

éléments de formation de la terre de Fougères, et essayons

de nous rendre un compte exact de la manière dentelle se

constitua.,

Mais pour. atteindre ce but, il me semble indispensable,

avant tout, de redresser une erreur fortement accréditée, relativement à cette question.

Tous les auteurs qui ont traité de l’origine des seigneurs de Fougères, s’appuyant sur la "charte de fondation du prieuré de Villamée, donnée en 990 par Conan, ceinte deilïteunes, en faveur de l’abbaye du Mont Saint-Michel, et voyant Main, le neveu de l’archevêque de Dol et Yaïeul du fondateur du

, prieuré de Saint-Sarment‘, figurer dans cette charte comme

feudataire de Connu et tenant de lui trois villas qui dépendaient de l-a terre de Fougères, en ont conclu que cette terre était tzottstitueeâ dès cette époque. (D. Mon, Pr. 1,. col. 350 et 351.).

Grave erreur qu’aurait dù prévenir une Lecture plus attentive de ce même document.

Conan, ’en effet, après (sotte première disposition, en l’ait un : médiateurs-ut une autre par laquelle aux trois villas données, ct qui relèventude Alain, il en ajoute’unequatrièmo, la Ville-

Perd-ue. Mais bien que celle-ci ne soit séparée des premières que par la vallée du Beuvron, elle if est plus du. domaine de»

lllain ; elle relève d’un autre seigneur, auquel la charte donne le nom de Rorges, et qui la tient de Conan au même titre que lllain tient les trois autres.

Voila donc l’état de divisioirdes éléments territoriaux qui servirent ä former la terre de Fougères bien constaté à une

époque où on les a considérés comme réunis.

lrlaintenant, si nous nous repartons nux notions que nous pouvons avoir sur les anciennes divisions géographiques de la contrée, nous verrons que ces quatre villas, bien que très-rapprochées, appartenaient à (Jeux circonscriptipits (lilïérenles, les trois premières au pagus de Loupvigizez et la dorniiaro au Coglais, papas Cogleçiits. (D. llloin, Pr. l ; col. 651,.)

Nous pouvions donc conclure, dhprès cela, que le Coglais était en dehors’du domaine de lllain, et que ce domaine était alors restreint au pays de Loupcigner, dost-à-dire au territoire compris entre les frontières de Normandie et du Moine, jusquhnÿx rivières du Natiçon et du Beuvron.

Du reste, cette condition de Main mesemble parfaitement « l’accord avec les documents contemporains qui ne nous laissent apercevoir aucune trace de. sa présence ou (le son action on (lellors (le ces limites’. r « ’

ce petit territoire, que nous pouvons eonsicleror comme ayant servi de noyau à la formation de la baronnie de Fougères, avaitgsuivant toutes les apparences, fait partie autrefois des Marches de Bretagne, (ion-t les. seigneurs de Mayenne avaient été établis gouverneurs au temps de Nominoê et de Salomon. Main ne me paraît pas aussi Vavoii- tenu prochainement

du comte de Bennes, dont il ne (levait être que l’arrière-vas—

sal, mais bien du seigneur de lHayenne, vassal lui-même du comte de Rennes a raison de cette terre :.c’est du moins la conclusion que je crois devoir tirer de ce devoir Œhemmage auquel les seigneurs de Fougères étaient tenus envers les seigneurs de Mayenue, et dont ils ne satïranchirent qu’au commencement du xnr’siècle, moyennant une importante cession de territoire et le paiement d’une rente annuelle de 50 livres (1). (D. Mon, Pr. I, col. 813.)

Tout me porte a croire que le premier établissement de p

Main fut sur les bords de l’Airon, auprès du sillage auquel son nom est demeuré attaché (2), et à l’endroit où les restes d’une importante fortification en terre, sur laquelle le seigneur de Mayenne construisit un château au 31m“ siècle, semblent encore attester son existence. Ç il Mais la faveur du souverain de Bretagne étant venue ajouter a son domaine primitif les terres voisines, la position du Pont-Main rlevint trop excentrique, et il dut songer-ä se rapprocher du centre de ses domaines. Dans l’absence d’une ville ou d’un eliâteattqui pût le recevoir, le territoire de Saint-Sauveur, situé dans une espèce de plaine, a peu prs au milieu de ses possessions et a l’embranchement deidäeux voies romaines-(inzer duas m’as publicasfacte deJO-ÆO), lui présentait des avantages qu’il aurait difficilement rencontrés ailleurs et qui devaient presque nécessairement l’attirer, en attendant qu’il pût s’installer dans le château qu’il allait ravoir a construire.

(t) Je ne fais ici qu’indiquer les points principaux de la question, que je me propose de traiter dans un Mémoire spécial. (2) Le Pont-Main.

Qu’il ait pris ces avantages en considération et qu’il soit venu planter sa bannière atlimlllûu de ces landes dont le souvenir s’est perpétuê en’shssocian-t au nom de la paroisse dont elles consti-tuàiçitt sans doute la plus grande partie du terri-toii’e, ’les libéralités de Main a l’égard de l’église» de Saint-Sauveur, jointes “älexistenceÿdes tombeaux des membres de sa famille dans cette église, nous ont induits ä le présumer : maintenanLles privilèges et les immunités dont’, nous voyons les habitants ’ de Saint-Sauveur en possession dans notre baronnie semblent donner in cette présomption tous les caractères (Furie certitude.. i

Ces privilèges et ces immunités étaient, en effet, exactement les mêmes que ceux dont les habitants de Fougères, auxquels ils étai-eut complètement assimilés, avaient la jouissance : telsque le droit de bourgeoisie et Péremption du devoir de contnmeqeni soulevait, au profil du seigneur, dans toutes les autres paroisses de la baronnie ;

Ces privilèges et imm-unités reposaient sur une base tellement solide, que la maison de Fougères, en s éteignant, ne les emporta pas avec elle, et que nous voyons Charles dflaleuçon, appelé à la jouissance de la terre de Fougères parsuitedela cession que lui en fit Philippe deVaIois, son frère, s’empresser de les confirmer lors de sa prise de possession (vers 1330).

Ce n’est que vers le milieu du xvi“ siècle que nouslpoug vous constater leur abolition complète, bien qu’il y ait la pré ? sumer que déjà, depuis longtemps, ils eussent subi de graves

atteintes. ’

Mais en1559, fut rédigée une nouvelle pancarte des devoirs que les menons et habitants de la ville et faubourgs de Fougères savaient accoutumé de payer au seigneur, et cette pancarte déclara formellement, dans son art. 2, qu’aussi devaient pareil rîeooir les bourgeois de Saint-Squveur-deseLandes.

t’l n

Ainsi, la qualité est encore respectée, lorsqu-e le. privilège qu’elle conférait est complètement anéanti, i.

Ainsi, les habitants de Saint-Sauveur, après avoir partagé pendant l’espace de cinq siècles avec. les habitants de Fougères les faveurs de leurs maîtres, les virent siéiranouix en même temps, et un seul et même acte les frappa, les uns et

les autres, (l’une commune déchéance…

Maintenant, en remontant a l’origine et au principe de cette assimilation, si nous voulons en rechercher la cause, il me paraît bien difficile de la trouver ailleurs que dans’une simili ;-

. tude de condition entre la ville et la bourgade, résultant du

fait de la résidence du seigneur dans l’une et dans l’autre. Du reste, il ne semble pas que l’établissement des seigneurs de Fougères dans leur château (1) les ait fait renoncer entièrement a leur résidence de Saint-Sauveur. Nous les y voyons encore apparaître de temps à autre, et ce fut dans une grande assemblée de ses barons et autres vassaux tenue à Saint-Sauveur, qu’en 1076 Raoul fonda le prieuré de la Trinité

dans la ville de Fougères, fondation qui devait porter a celui.

de Saint-Sativeur une si grave atteinte. p

Mais quittons le champ des conjectures excentrons sans retard dans celui de l’histoire : les guides ne nous manqueront pas. r

Histoire religieuse. — La fondation de l’église de Saint-

Saureur-des-Landes doit être rapportée aux premières années

du xie siècle, peut-être même aux dernières années du siècle précédent.

Les documents contemporains nous apprennent qu’elle n’était, dans le principe, qu’un simple oratoire, ou plutôt une petite chapelle.

(1) On peut rapporter cet établissement aux années quisÿéconlèrent de 1020 à 1030. v

Desservie (Panerai {tanin prêtre nomme Béàcèett Btîacis, qui iiabflliäiülitta, (lisent les’tioetnnents, (Pane manièré lions teuse, elle lut ensuite desservie par un autre prêtre du nom d’Hermeniot.

Vers l’an 1040 on 1041 (1), Main, seigneur de Fougères, qui Parait agrandie et mise dans un état convenable, la donna

a l’abbaye de Marmoutiers, avec deux inansesmle terre contià.

« gües au cimetière, et trois maisons, dont l’une dans la ville (le Fougères, Fautre dans le bourg de Louvigné, et la" troisième dans le bourg de La Bazouge.

Il affranchit tous ces biens (les droits de coutume ou devairie et (le tous les autres droits établis ou a établir, et étendit même ce privilège a tous les biens que Pabbaye pourrait acquérirpai la suite dans le ressort de son domaine. (n, Priotfl, m. I, eol. 394.) s Pelle fut l’origine du prieuré de Saint-Sauveur, qui, grâce au zèle des religieux, heureusement secondé par les libéralités de Main et (le ses tenanciers, ne tarda pasfia acquérir une très-grande imper-tance. ’ -

Je ne.m’arrêterai pas à suivre le prieuré de Saint-Sauveur (laits-ses accroissements successifs ; je me bornerai a rapporter les donations principales qui lui furent faites et celles qui peuvent preseittei queique intérêt, en raison des circonstances qui les accompagnent. " ’, l

La première libéralité qu’il reçut iui vint de Main lui-même. Ce-seigneur ayant-acheté tic-quelques chevaliers une terre nommée le Chanzpäftainfroi, il la donna au prieuré.

Peu (le temps après, il ajouta a ce don celui de la moitié de l’église de Romagné, avec la part des biens et des revenus

’ qui lui était atïerente.

(t) Cette date est déterminée par Parfaitement de Conan, en" 101.0, et la mort de Gaultier, évêque de Natttesyen 10H, *— tous les deux signataires de l’acte de donation. — ’

vu :. 25

Vers la même époque, le prêtre Hernmniot, qui avait cédé sa place au) ; religieux, leur fil ; aussi dond’une de ses terres.

Clément de Chévrigné et quelques autres seigneur-s ayant acheté en commun une portion deterre qui était située auprès du village de Cliévrigné et qui appartenait à Geoffray (le Peslaine, en disposèrent également en leur faveur.

Cette portion de terre leur avait coûté 40 sous de cens.

Un peu plus tard, une dame nommée Guidonio, veuve de Gradlon, surnommé lvrelin, et épouse en secondes noces d’uu nommé Alverard, leur fit don du moulin de Bulmintc ou de Birmine (Boismine), sur la Minette. (Voir tome Vl, la notice sur la paroisse de Chauvigné.) I i

C’est’aussi vers cette époque (1064) que l’on doit placer Foctroi de l’important privilége que le comte Connu accorda, non pas au prieuré de Saint-Sauveur seulement, mais a l’abbaye de Marmoutiers elle-même, pour toutes ses possessions dans toute l’étendue du Vendelais, en renonçant an «droit de coutume qui lui était dû de tous les tenanciers de l’abbaye et l’autorisant a le faire percevoir à son profit. —

Il est aisé de comprendre quels avantages, en raison de ses nombreuses possessions, le prieuré (le Saint-Sauveur (lut retirer de ce privilège.

Cependant sa prospérité matérielle ne fut pas tout. profil’

pour les religieux : les dilîictiltés et les contestations se présentèrent a la suite (les richesses, et la paix et le calme, parurent sortir du cloître en même temps que cellesci y pénétraient.

La première opposition qu’ils rencontrèrent, et qui leur vint de Main, évêque de Rennes, prit un caractère de gravité squ’il ne leur avait pas "été possible de prévoir.

Lorsqu’ils avaient pris possession de leur église, elle ifétail ; assujettie à (Parure chargtäquîi uneïente de 2 sous que le prêtre Hermeniot, qui la (resservait, payait a l’évêque pour lui

A tenir lieu de droit de repas.

Mais après les accroissements successifs qu’elle avait reçus, l’évêqitte déclara qu’il ne se contenterait plus de cette modique

redevance, et prétendit exiger le droit de repas tout entier, tel qu’il le percevait de. toutes les autres églises du diocèse. Les religieux refusèrent de se soumettre à cette exigence et

invoquèrent les anciens usages pour ne rien payer ait-delà des’

25ans qu’avait payés’leur prédécesseur. L’évêque, de son côté, maintint ses’préteutions, et les’religieux s’obstinant dans leur refus, il fit fermer lïiglise et Police divin cessa d’y être célébré.

Cet état dînterdictiou paraît avoir duré près de trois années,

de 1052 a 1055. “. Alors eut lieu le concile de Tours, auquel assista lfievéque

de Rennes. Ï

Albert, abbé de lllarmontiers, crut devoir profiter de la circonstance pour faire cesser une situation aussi regrettable‘. Il soumit Faffaire au jugement du cardinal romain, qui réussite inspirer a levêque dessentimettts de conciliation et obtint de lui qu’il n exigerait que 3 sous, qui lui seraient fidèlement payéschaqute année pzir l’église de Saiut-Sauveurâ en reconnaissance de sa sujétion (li.

Dé tretour dans son diocèse, le prélat vint faire sa visite à

Saint-Sauveur, et les religieux le reçurent ajour prieuré. avec tous les honneurs dus a son rang. Pendant le séjour qu’il y

fît, il chargea son notaire de dresser l’acte qui devait coustaw

ter le privilège qu’il avait accordé aux religieux, et tous les seigneurs“ qui étaient présents, en assez grand nombre, " furent invités à y apposer leur signature.

Mais ce ne fut pas avec Pantorité ecclésiastique seulement que les religieux eurent des démêlés à soutenir.


(1) Les clauses de cet accord furcni modifiées plus tard ; et lorsque le.

prieuré eut acquis toute son. importance, les religieux durent se résigner à acquitter la procuration tout entière. —

Placés au milieu d’une société en voie de formation, et dans laquelle les grands principes constitutifs de la p ropt’iêtti, non plus que les règles de sa transmission, nïé-iaient pas encore bien déterminés, ils se virent obligés plus {Pane fois de défendre contre (Yavides héritiers les dispositions faites en leur faveur.,

Heureusement pour eux qu’ils trouvèrent toujours-en Main un puissant protecteur qui, tantôt en désintéressant leurs adversaires, tantôt en les amenant à une honnête composition, les fit sortir, sans grand préjudice pour leurs intérêts, des diverses contestations qui leur furent suscitées.,. Le premier qui paraît les avoir inquiétés fut un- seigneur nommé Kinnarottet Le Vicaire.

Ce seigneur avait donné une portion de terre a l’église, (les le temps du prêtre Béace, et comme, sans doute, il avait été mû par une considération purement personnelle, Béace parti, il se crut en droit de revendiquer sa terre ;Main interposa sa médiation, et moyennant un présent de deux chevaux qu’il lui offrit, il obtint qu’il en ferait aux religieux une tourelle donation.

Vers le même temps, le même Kinnaronetfiinquel s’était

joint un de ses clercs, nommé Gaultier, et deux chevaliers,

Yves et Raoul, tous les deux fils d’i in autre Gaultier, contestèrent aux religieux le droit qu’avait eu le seigneurie Fougères de leur donnerléglise de Saint-Sauveur, prétendant qu’il ne pouvait disposer que dÏune moitié, l’autre moitié ayant été antérieurement aliénée par lui en faveur d’eux on de leurs pères, qui levaient tenue en fief. I

Main, ne voulant pas que son équité fût soupçonnée ou sa libéralité diminuée, prit le parti de racheter la poition de l’église, objet de la contestation. Nioyennant ltlivrtrs de deniers qu’il donna à Yves, avec un très-boi1 cheval et tnie.arintii’e complète, 6 livres de deniers à Raoul et à chacun des deux autres, il lesofit consentir a ne plus troubler la jouissance des religieux‘, qui, désirant de leur côté offrir a leurs artciens compétiteurs un gage d’oubli de ce qui sfiétait passé, les admirent ’tous les quatre a la participation de leurs prières et de leurs bonnes. œuvres.’ ’ 0..

Ce fut aussi vers la même époque qu’ils eurent à soutenir,

à l’occasion de l’église de Romagnéfles démêlés dontj’ai parlé plus haut. (Voir Bornage-é.) -

Lasmort de Main, arrivée en 1074, fut un évènement d’autant plus fâcheux pour le prieuré de Saint-Sauveur, qu’elle

fut suivie, comme je l’ai dit, deux ans après (1076) de la,

fondation du prieuré de la Trinité, dans la ville de Fougères. Raoul n’abandonne pas pour cela l’œuvre de son père, et

nos. documents nous l’ont voir que, dans plus d’une circonstance, les religieux eurent a se féliciter de sesbons olîîces et de sa bienveillante intervention, principalement dans leurs rapportss avec les entäuts (PI-Iermeuiot. p ’Celui-ci, qui, comme nous Favons vu, avait (lonné au prieuré la moitié de sa terre, laissa en mourant trois fils, Rainier, AHcrbert et Pinel. a a

Après la mort de Main, les deux premiers rendirent aux

religieux la moitié que sétait réservée leur père, pour le prix

de 47 sons. ’ t

Les religieux considérèrent-ils cette somme comme inférieure à la valeur de la propriétëflet voulurent-ils ofirir aux

. vendeurs une espèce de compensation, ou bien tout simplement leur faire un présent de pure. gracieuseté ? Les documents ne le disent pas. Toujours est-il que ; peu de temps après, nous voyons Publié Barthélemy (av. 1084) donner à Rainier une terre nommée le Ültalnpœ-Viialfpollf en joui-r sa vie durant, avec condition de retour au prieuré-a Fépoque de sa mort ; et 5 sous à Herbert, son frère, qui, en présence de Gaultier Le Vicaire, sïäitgagea, pour lui et tous les membres de sa famille, à ne jamais inquiéter les religieux a l’occasion de la vente que son frère et lui leur avaient consentie.

Mais le troisième des fils d’Hermeniot, Final/était resté entièrement étranger à ces arrangements, et depuis-que les moines avaient pris possession du prieuré, il n’avait cessé de les inquiéter dans leur jouissance, tant à l’endroit du bourg de Saint-Sauveur que de quelques unes de ses dépendances.

Cet état de choses durait depuis assez longtemps, lorsque Bernard, que je suppose avoir été antérieurement prieur de Saint-Sauveur, fut appelé à gouverner Pabbajve de Itiarntoutiers. Désirant mettre un terme a des difficultés dont il avait pu apprécier le caractère, il négocia avec Pinel et, moyennant M0 sous qu’il lui donna, il obtint de lui et de ses fils qu’ils se désisteraient entièrement deleurs prétentions.

Les religieux, satisfaits des bonnes dispositions qu’ils avaient rencontrées chez Pinel et ses fils, leur OÎÏFÎTUHI une place gratuite dans leur monastère, dans le cas où l’un d’entre eux serait appelé à la vie religieuse ; ils donnèrent "en outre a Pinel, dans le bourg de Saint-Sauveur, une maison qu’ils affranchirent de toute charge et de toute redevance, et lui accordèrent, pour lui et ses successeurs, à perpétuité, un droit dengue ou de repas, a venir prendre, une fois chaque année, aleur prieuré. De son côté, le seigneur de Fougères affranchit du droit de relief tous les biens qu’ils tenaient de lui.. t a

C’est aussi vers cette époque que l’on peut placer lanremise d-e la Çhapelle-Saint-Atibert à notre prieuré. La moitié de

cette chapelle lui avait été donnée, quelques années auparavant, par Robert de Vendel ; mais bien que les religieux

eussent donné à ce seigneur une gratification de 35 sous, et

40 sous à Silvestre, évêque de Rennes, ils n’avaient pu obtenir d’en être mis en possession. Enfin, Robert, pressé par le moine Albert, consentit 11 leur en faire la remise ; il se rendit

I a cet effet a l’église de la Trinité. de Fougères, on il déposa sur Faute] un livre, comme symbole de la tradition tpfil en faisait aux religieux. a

Le-moine "Albertlui donna, en cette considération, 6 sous

et 2 écus. —

Après’la mort de Alain. les religieux se virent menacés de

perdre le motilin, de Boismirte, que leur t’avait donné’ Guidonie.

Cette dame avait eu d’un premier mari une fille qui avait épousé un chevalier nommé irlain, fils deBaoul. Celui-ci, dès les premiers temps de son mariage, avait commencé à inquiéter les religieux, relativement à la donation de sa belle-mène ; mais» la considération de la faveur dont ils jouissaient auprès de Main lui avait fait suspendre des poursuites qu’il reprit immédiatement après sa mort.

Les religieux, craignant sans dodte les résultats du procès, prirent le parti de transiger ; et moyennant : le paiement d’une somme de le livres, ’ils obtinrent de- leur cpompeétiteur qu’il reconnut leurs droits et les fit reconnaître à ses enfants.

Llépiscopat Œfiamelîti, qui occupa le siège de Bennes de 11%’ ? à 1140, fut trèsvprofltable ä notre prieuré. -Il avait alors pour titulaire un ancien clerc du diocèse, nommé Jean Cotidieu, qui avait emporté dans le cloître les bonnes grâces de

son tîrêque. Nommé prieur de Saint-Sauveur, il profita de son

crédit pour obtenir la confirmation de tous les privilèges qui avaient été accordés aux religieux dans les églises de Saint-Sauveur, de la ’ChapelleSaint-Aubeirt et de Eomagné. Il obtint même qu’ils jouiraient dans cette dernière des meutes droits et des mêmes» prérogatives. que dans l’église de Saint-Sauveur, iilaqunelle elle fut complètement assimilée.

La dernière moitié du xu” siècle vil’l’importanec de notre prieuré saeeroît-re encore par la donation du tiers d’os dîmes de la paroisse de Landéan, qui’lui fut faite {vers 1150 (‘voir plus haut Landéanfiet celle des dîmes de la paroisse de Chauz vigné, par le seigneur d’Aubigné, dans les «dernières années du siècle. (Voir l’article Chanvigné, canton (l’Antrain.)

Cette donation semble marquer l’apogée de sa fortune,

À partir de cette époque, si nous le voyons recevoir encore quelques dons, ils sont presque toujours sans importance, et ne consistent plus pour la plupart qu’en droits ou redevances que les seigneurs lui accordent sunleurs fiefs, ou dont ils les déchargent lorsqu’ils sont constitués ä leur profit.

Le temps de la prospérité était passé et celui de la décadence allait bientôt commencer. Mais, avant (Fy arriver, nous devons revenir quelques instants sur nos pas.

Nous avons vu que, lors de leur réconciliation avec les Piuel, les religieux leur avaient accordé une proctkrttltoît ou

f

un droit de repas chaque année. Ce droit n’avait. pas été rléfini’

d’une manière assez précise pour que, plus tard, il ne donnat lieu à des difficultés entreJes parties, suivant les exigences des unes on les restrictions des autres. i

Cela ne manqua pas d’arriver, et un siècle tout entier s’écoula avant qu’elles aient pu réussir à s’entendre. Enfin, Pierre de Fougères ayant été promu à Févéché de Rennes (1199-1203), leur fit accepter un arrangements d’après lequel Hamelin Pinel et ses successeurs pourraient exiger, chaque année, du prieur, une procttratioiz pour sept hommes et cinq chevaux.. ’ Ÿ i

Par la même convention, Iilamelin Pinel renonça a tous les droits qu’il pouvait faire valoir contre le prieuré, moyennant l’exemption qui lui fut accordée, à tout jamais, pour les hommes de sa terre de Chaudebœttf, des droits de coutume appartenant aux religieux dans le bourg deSaiut-Sauvetiri

Les religieux n’eurent pas à subir bien longtemps les

charges que leur imposait cette convention, en ce qui con« . I

cernait le (irait de repas : en effet, moins (le quinze aimées

agirès (1214) le mente Hamelin Pinel, qui avait traité avec eux, leur remit l’une de ses procurations ; et on 1243, un clerc nommé lllioliel, fils (‘le Bobon o.u Bovon, de la ville (le Fougères, a qui il airait vendu l’autre, leur en fit également la remise.

a Blais le seigneur (le Çhaudebœuf n’était pas le seul ayant droit a un repas "au prieuré de Saint-Sauveur ; le seigneur de Fougères ypifiétendait également. Nous voyons en effet, ’en 1284, Hugues de Lusignau, qui tenait alors la terre (‘le Fougères du chef de Jeanue de Fougères, sa femme, s’adresser au prieur de Saint-Sauveuret contracter airec lui un emprunt (le 50 livres, monnaie courante, s’engageant, pour lui et ses successeurs, a ne jamais exiger son droit de repris jusqu’à parfait remboursement de cette somme. ’ ".

L’histoire ne nous rlit pas a quelle époque eut lieuce remboursement ; elle nous. apprend seulement qu’en 13241, les genssde Philîppfl. Ce Valois ayanu fait valoir les droits de ce prince pour exiger une procuration du prieur, celui-ci ne leur opposa pas l’exception qu’il’eut pu tirerrdu non remboursement de la somme empruntée, si ce remboursement n’eût pas cu- lieuymais qu’il transigea avec eux et leur abandonna

—quatre sommes de blé qu’il percevait sur les moulins de la

terre de Fougères, à la condition qu’ils le déchargeraient a tout jaînaisgdei son devoir de procuration. I

Le prieuré était dès lors placé sur la pente d’une rapide décadencefet les religieux agissaient comme s’ils avaient perdu ÎÛIIÏAÊSPOÎÎ çle l’y arrêter.- i

Ces dispositions nous sont clairement manifestées par deux visites que fit l’abbé (le [tîarmoutiers au prieuré, l’une le 12 avril 1319, l’autre le 13 mars 1325, et dont la dernière fut suivie de la cession faite aux paroissiens de l’église (les religieux, 11 la réserve glu chœur, de la chapelle de la Sainte-Viergc et (le l’aile située du côté «le Ietir-prietiré, dont ils conserveront la possession. ’ ’

C’était pour eux un moyen de se soustraire aux charges. d’entretien et de réparation de Péd-ifice, des fonts baptismaux et des cloches, qu’ils rejetèrent sur les paroissiens. Ils stipulèrent également que, dans le cas où l’église viendrait a s’é-

erouler ou bien a être détruite par un incendie ou tout autre ’

accident, ceux-ci seraient tenus de la reconstruction tout entière.

Cette remise de Pégli-se se fit solennellement le samedi qui suivit la fête de saint itlartiu, au mois de novembre de Pannée 1&5, dans une assemblée de paroisse à laquelle assis-,

taient tous les principaux habitants, et même des femmes, et qui fut présidée, le siégé étant vacant, par Fofficial de Rennes, au "nom duquel acte fut dressé tant de la remise par les religieux que de Paeceptation parties paroissiens.

Cette assemblée, qui fut composée de pius de eit-nquante des notables de la paroisse (major et sanior pars), est la plus ancienne assemblée d’une paroisse rurale que nous rencontrions dans nos contrées. Elle est une démonstration irréfutable de cette vérité historique, tant de fois répétée et si méconnue de nos jours, que la participation des populations aux, affaires publiques remonte a une époque bien antérieure à 89. ’

Au moment où nous voyons les religieux faire l’a bandoit de leur église, pour se soustraire aux charges de son entretien, il d’est pas sans intérêt de jeter les yeux sur un document conservé aux archives départementales, et qui, en nous faisant connaître les revenus et les charges du prieuré au xui” siècle, établit, de la manière la plus authentique, sa situation financières cétte époque. Cet état, suivant toutes les probabilités, fut dressé à Pouces-ion d’une assiette des dîmes ecclésiastiques, faite dans le diocèse de Rennes en 1268.

Les commissaires nommés par le cardinal-légat s’en étant rapportés, pour Festimation des biens du prieuré, à des’, gens qui n’en connaissaient pas bien la valeur, avaient singulièrement augmenté ses revenus. Le prieur, dont les intérêts se trouvaient par la même grandement froissés, s’adressa aucartiinal-légat pour demander une nouvelle expertise. Celniaci condescendit ärsa demande et enjoignit ait-x nouveaux experts dedétluire, dans leur estimation, les fraisde culture des terres et des vignes, ainsi que les autres. dépenses résultant de la récolte des fruits et-autres’produits, et aussi de tenir compte ’ (les accidents de température qui, survenant au moment ides récoltes, pouvaient en diminuer le rendement. Il est ä présumer que l’état dont je donne ici la ira-ductiou était joint 11 la requête du prieur et avait été dressé pour l’édification du cardinal. i

. État des revenus aimuels du prieuré de Saint-Sauveurdest-Lun des. a

l

Voici quels sont les revenus du prieuré de Saint-Satlveurdes-Landes : A ’ 1, . D’abord en deniers : aux foires des oies, dix livres ou environ. ‘,. I Item E1 la fête de tous les Saints, dix-neuf livres de cens ou environ. l.

V Item 21 dia Nativité de Notre-Seigneur, six livres ou environ. . Item pour la grange de Romagné, quatre-vingt mines de

Ÿhié commun (24311ccL) (1) à la mesure de Itbugères, proveä

nant des dîmes., Item pour la grange de Sens, quarante mines de blé com-

muu ou environ. (121 hect.)  i.Item pour la grange de Chauvigné, trente mines de blé

commun ou environ. (Qi hect.).

(-1) La mine équivalait à 3 hectolitres 038. Item à la Chapelle-Saiut-Aubert, douze mines de blé com-n

Iten ou environ. (36 hem.)

Item ä Snint-Hilaire-des-LandesAet’51 Beanmonl, sis mines de blé commun ou environ. {i8‘hect.‘)

Item à Landéan, six mines de froment. (18 hect.)

Item au moulin de Brimine (Boismine), quatre mines de froment. C2 heet.) e i

Item au moulin de Vendel, deux sous..

Item dans l’église de Saint-Sauveur, la moitié des oblations et des prémices. ’ x ’

Item dans l’église de Romagné, la moitié des ablutions aux quatre fêtes annuelles, la moitié des ’lins et des agneaux ? Item sur les moulins douze mines de seigle. (36 hect.)

Voici quelles sont les charges du prieuré de Saint-Sauveurdes-Landes : ’

À la table de Marmouiiers cent sous tournois.

Item à la fabrique de l’église vingt-cinq sous.

Item ä l’infirmier cinq sous.

Item au sacriste deux sous.

Item au cellérier douze IÏICHÎBTS.

Item à l’aumônier un demi demeau de seigle à la petite

mesure courante. . Item au seigneur de Fougères une procuration entière. Item au seigneur évêque une procuration entière. Item à l’archevêque soixante sous.

Item à Fareliidiacre une procuration.

Item au doyen une procuration]

L’ensemble (le ces diverses charges, lors de la nouvelle assiette ordonnée par le légat, et faite par Poflicial de Rennes et le doyen (le La Guerclîie, fut évaluée ä quarante-cinq livres.

Si l’on rapproche cette somme (le celle que présentait l’ensemble des revenus du prieuré, on se fera aisément une idée de su richesse et de son importance. En compensant, enreffet, les charges évaluées à 45 livres par les revenus en argent se montant à 3E’), livresaî). sous, etile produit des Oblaiions des églises de Saint-Sauveur et de Romagué, qui (levaient parfaire, et bien au-dèlä, la différence, il restait encore au prieur une valeur en grains de 525 hectolitres, dont 30 de virement, et, en outre, les revenus des domaines du prieuré, qui étaient assez considérables à cette époque, et qui ne sont pas compris dans l’état ci-desstts.

Voici les noms des prieurs conventuels que nous trouvons cités dans les actes à diverses époques : Vers 1060, Arenbal» dus ; — M30, Jean Cotidieu, plus lard, Albertt et Hugues ; — 1144, Autïroy ; — M61, Bivallon, puis Ogier, Ernaud, Frémoud ; —.— LElOO, Thomasg, — 1241, Guillaume qSemper, iaiegcuniaume de cuiue, ’ — 1325, Jean de Villencuve.

À cette époque, le nombre des religieux résidant au prieuré,

était réduit a deux ; c’est aussi à cette époque que je crois

devoir faire remonter le commencement de la commande.

Cependant, le premier prieur commendataire dont j’ai pu parfaitement constater la qualité ne remonte qu’a 1/916 : il se nommait Louis de la Chapelle. Voici les noms de quelques-uns de ses successeurs z’ 1430, Jehan de Romillé, — 1476,

GCOiÏl-‘oyBt3Fli1lDd ; — de 1543 ä 1576, Sébastien Tliomé‘,

trésorier de la Cathédrale de Rennes, puis abbé de aine, — 1577, Thomas Rouzé, évêque d’Angers-, —’ 1603, André Guyon, docteur en théologie, vicaire général du diocèse de Rennes ; — 1634, Pierre Citoys, aumônier du roi ; — 1663, René du Broc du Rozet, de Nogent-le-Rotrou, — 1676, l-Iyérosme de Bragelonne, docteur en théologie ; — 1692, Jean Gravois, du diocèse de Coutances. i,

M. de Bragelonue, l’avant-demier titulaire, résigna son

bénéfice en 61691 “et en fit la cession ä M. Eflouf, prêtre de la congrégation des Eudistes, en faveur du grand séminaire (le Rennes, dont il était le supérieur, mais cette disposition resta sans effet, parsnite de l’opposition qu’y forma l’abbé de Nlar» moutiers ; et presque immédiatement aptes la démission de M. de Bragelotme, M. Jean Gravois, prêtre du diocèse de Coutances, reçut des lettres de provision. Celui-ci, qui appaifitenait peut-être lui-même a la congrégation des Eudîstes, mais qui, dans tous les cas, professait pour elle les mêmes sentiments dïntérét et de bienveillance que lui avait témoigné-s son prédécesseur, s’applique, des son entrée en possession, à aplanîr les difficultés qui étaient venues entraver ses projets et à en préparer la réalisation. ’

x

Toutes ses dispositions étant prises, et certain du succès, il’

résigne lui-même, comme l’avait fait son prédécesseunen.

faveur du séminaire de Bennes, auquel le prieuré de Saint-Sauveur fut dès lors annexé, et auquel il est resté uni-jusqu’à l’époque de la Révolution (1). 4

Le prieuré avait dès lors perdu la plus grande partie de son

importance. Il ne lui restait plus de ses anciennes possessions -

que le manoir et la métairie du Prieuré, contenant un peu moins de 100 journaux, avec le droit de haute, moyenne et basse justice, et quelques redevances dans le bourg de Saint-Sauvettr et dans les fiefs de la Carrelais, de la Boÿérerde la Coursonnais, du Bourg de Romagné et de la Chauvelle, en la Cliapelle-Saint-Aubert, qui formaient sa mouvance (‘ertviron 500 journaux). Ses [Jrincipaux revenus consistaient dans les droits qu’il avait sur les dîmes de Saint-Sativeur, de Romas gué, de Sens, de Vieuxvy et de la Chapelle-Saint-Aubert (2).

(1) La résignation de M. Gravois est de janvier 1698 ; le consentement. de Palghe de Mnrmoutiers est du 28 février du la même année ; le décret (Paulorisation Œacceptntion de l’évêque de Rennes du 17 mai 1701, et les lettres patentes du roi, confirmatives de Punion, du 22 décembre.

(2) En 1557, le revenu du prieuré avait été évalué à 1,500 livres ; en 1663, à 4,200, sur lesquelles le prieur avait à payer chaque année, par

I

La fête patronale de l’église se célèbre le jour de la Transfiguration de Notre-Seigneur.

Recteurs de Saînt-Saztveur. —ï— 1604., M ; Jacques Helleu. — 1607‘, M. JeairTropée. — 1636, M. Jean Etnault, + 1673. — 16811, M. Jean Lambert. — M. François Prières, +1692.

— M. Jean Pie-bot, —l— 1-706. — 1707,11]. Pierre Bordier. —

m1, M. René Villeaune, + 1740. — M. Michel Collin, + 1768. -.— M. J43‘. "Iîltébault. i Ï Archéologie religieuse. — Il. y/a tout lieu de croire qu’anté-

pieusement au x1v° sièle il y aveait deux églises à Saint-Sauveur : l’église conventuelle et l’église paroissiale ; c’est du

moins ce qui me semble résulter des termes de l’acte de cession de la première faite aux paroissiens en 1325, dans lequel il n’est pas’dit qu’ils étaient prives (lune église, mais bien queÜzelle qu’ils- possédaient n’était pas convenable : Cum ipsi idonea ecclesia indicèrent.. p

ljéglise actuelle est donc l’ancienne église conventuelle, (levenue paroissiale à cette époque. Le vaisseau, t-el qu’il est aujourd’hui, ne nous représente néanmointsqu’une partie de cette église. [jaile que les moines s’étaient reservée n’existe plus depuis longtemps ; elle a dû être démolie en 1592, époque à laquelle a été refaite une partie de l’enveloppe extérieure, ou bien en 16112, époque a laquelle a été construit le chœur actuel. ’ ' f ’

Il est, en effet, 11 présumer que les prieurs commendataires

n’auront eu d’autre souci que de toucher les revenus du prieuré, sans s’inquiéter des charges qui leur incombaient, du moins de celles dont ils pouvaient sïtttïrauchir ; que, par suite, ils

l

entrent néglige de faire a la portion de l’église dont ils devaient l’entretien, c’est-ä-dire au chœur et ä l’aile septentrion,

abonnement, une somme ne 120 livres à la mense abbatiale. ’— 11,200 livres, en 1663, en représentent au moins 10,000 de nos jours. i nale, les réparations les plus essentielles, et qu’ils atrrent par la même accéléré saruine. Pour s’eu (débarrasser complètement, ils durent fabanrlotiner a la fabrique, qui fut bien ohliä

gée de fttire reconstruire le chœur, mais qui trouva sans doute

— plus avantageux de démolir l’aile dont elle pouvaitrà la rigueur, fort biendse passer.

On conçoit, d’après cela, que l’église de Saint-Sauveur manque aujourd’hui de régularité. Elle se compose de (leu) : nets : une nef principale, terminée à Pljst par une abside

circulaire, et une nef secondaire, terminée par un chevet plat’

a l’entrée de Yabside, et communiquant avec la première au moyen de cinq arcades. n

Ces" arcades, formées par des arceaux à’plein cintre qui reposent sur Œénormes piliers, sont. renforcées a leur intrados par un arc doubleau en retrait, dont les retombées sïtppuietrt, dechaque côté, sur une demi-colonne engagée dans la face interne du pilier {elles constituent les seuls débris qui nous restent (le l’église primitive et remontent évidemment a la fondation de celle-ci, au xi“ siècle.- l

— Les piliers, ainsi que les demi-colonnes qui leur sont ad- V héritâtes, sont construits en moellon, recouvert d’un Jettduitt grisâtre ; leurs bases, formées par un simple renflement du

fût, sont d’une construction analogue.

Les corbeilles des chapiteaux seules sont en granit : elles constituent évidemment ce qu’il y a de plus remarquable dans l’église. Bien que différant toutes par le système de leur or-

— nementation, elles offrent toutes, néanmoins, les caractères de l’époque a laquelle je les ai rapportées. Celle du dernier

pilier, sur laquelle ou a représenté le livre de la loi ouvert entre deux feuilles de lotus, semble plus particulièrement fixer l’attention. ’. d

La façade occidentale a été refaite dans ces dernières années-, celle qu’elle remplacée dataitde 1592, comme Vindiquait ce millésime, gravé sur une pierre, uu-rlesstls d’un ’

écusson placé dans la partie supérieure du pignon. Cet écusson atiait été entièrement effacé pendant la Révolution ; on avait seulement respecté le nom (le Jehem Cabnies, qu’ou

lisait au-dessous : sans doute celui du recteur qui avait préu

sidé æla construction.

Les murs de Pabside sont bâtis en pierres de moyen appareil et soutenus par des eoutreJoi-ts romans. Elle date de. 1642, comme nous Yapprend un acte conservé aux eerehires’ départementales.

Le pävrfiïde l’églisè est en grande partie formé «d’anciennes pierres tombales. l ljune «Telles, placéed-ans lai nef latérale, porte le nom de Chaudebœuf, avec le millésime de MCCC. Le reste de lïuseription est entièrement effacé. I

Une autre porte l’inscription suivante : Cy gist le corps de Franeois Pinel, chevalier de Perdre du roi, seigneur de Chaudebœuf, fondateur de cette paroisse‘, décédé le décembre 1574.

Sur deux autres, j’ai relevé les fragments suivants : Le corps de Jean Pinel, décédé en août 1589. — Corps deunoble dame Jacqueline du Para-dame de Chaudebœuf, décédée le 18 juillet 16…,

Chapelles. "e- Ou comptait en 1680, sur le territoire de cette paroisse, six chapelles, dont celle de Chaudebœuf seule est aujourtVhui rendue au culte., *

Elles étaient aux lieux suivants : l” à Chaudehéul’ ; 2o au Boisnoua-ult, sous Piuvocation de saint Gilles ; 3o au Tertre, fondée. en 1617 par Jean de Fleurville et Perrine Le Douillet, son épouse ; 4o ä Tauut ; 5o à Trouçay ; 6o aux Voiries.

rVoies romaines. — ljacte de le donation du Champ-Rain-

. froieu prieuré de Saint-Souvent‘, vers le milieu duäu ? siècle,

nous apprend que cette terre était située entre deux voies publiques, iuterdzzas’oias ymblicas, ce qui doit s’entendre, VIII A 26 me semble-t-il, d’une voie romaine qui se bifurquait sur ce point, plutôt que de deux voies différentes. Je n’essaierai pas’ de traiter ici les questions’relatives à cette voie, dont Yexistence sur les territoires de Louvigué et de Landéan a été parfaitement constatée ; je les réserve pour Particle Loueigné, auquel elles me semblent plus particulièrement se rattacher, puisque c’est sur le territoire de cette paroisse que l’on en rencontre les vestiges les plus apparents. Je me bornerai i : t

dire iei que cette voie, suivant toute probabilité, pïllflfilt de

Baveux pour se rendre à Rennes et àCorscult, en se ; bifurquant dans les environs de Saint-Sauveur, cÎest-ä-dire qu’elle était destinée a reliera cité des Bajocasses avec les cités des Rhedones et des Curiosolites. Uessentiel pour ie moment est d’essayer de déterminer, au moins d’une manière approximative, le point où lavoie se divisait en deux branches, l’une se dirigeant sur Rennes, l’autre sur Corscult (1).

La solution de cette question serait aisée si nous connaissions la place qubcctipait le Champ-Rainfroi ; mais ni les souvenirs traditionnels, ni les anciens aveux, ni les documents cadastraux que j’ai consultés, n’ont pu me renseignera cetwegard.

(t) La voie de Pltinéraire dflmtonin, ab Alàutna Condate, qui n donne lieulà tant de suppositions parmi les antiquaires, me paraît avoir emprunté à cette voie la partie de son parcours comprise entre les deux stations Fa» mm : Martis et Condate.

Fanum Martis ne me semble pas devoir être considéré comme une cité.

Je suis porté à croire que cette station de Pltinéraire se rapporte tout simplement à un temple élevé par les Romains au dieu Mars, au peint (Pinterslection de cette voie de Baveux à Rennes avec une autre voie qui’parlait de Coutances pour se rendre à Jublains ou au Mans, et dont l’existence a

été reconnue par les archéologues de la lliayexme sur plusieurs points de leur département. — ’ — ’.

Ce point d’intersection devait être dans les environs de Saint-Ililaire-du-Hareouët, peut-être là ou se trouve aujourd’hui Je bourg de Martzîgrty, dont le nom semblerait assez se rattacher au souvenir du Fana-m Illartis.

Quoi qu-‘il en soit, la charte de donation nous donne certaines indications dont la rencontre peut nous faire arriver à la reconnaissance de cette place.

Elle nous apprend, en effet, qu’un petit bois ou une petite forêt dépendait de cette terre : habetur, dit-elle, inter dues

vins publieas cum -nemore parvo ne ! silvula, lequel bois était

a

sur le versant d’une colline aboutissant inest tend-ans ad stagnum. I

Mai-ntenantjsi, tenant compte de ces renseignements, nous jetons les yeux sur une carte de Cassini qui reproduit l’état des, lieux à une époque où ils avaient encore conservé, en grande partie du -moins, leur aspect primitif, nous reconnaîtrons que la terre dulîhantpslîainfroi devait être comprise dans l’espace, défriché seulement depuis quelques années, qui se trouve entre l’ancienne route de Fougères, le chemin vicinal ide Romagné et le bois de Champlion, au iNord-Est du bourg de Saintôauveur. Ce terrain, en effet, avantla Révolution, faisait partie du domaine du prieuré ; le bois dont la charte fait mention a subsiste jusqu’en 17%, qu’il fut abattu, nous apprend un document contemporain, pour ; servir aux réparations du séminaire ; et Pélang, desséché de nos

. jours, a laissé l’empreinte de la place. qu’il occupait dans

le marécage qui remplit la partie la plnsebasse du plateau. Le point de bifurcation des deux voies "dont une des branches, cellepqui conduisait à Rennes, me semble avoir été couverte par Fancienne rouleade Fougères, devait donc se trouver un peu au Nord de ce terrain, à peu près à, l’endroit duvvillage de Champ-Lion ou de Champ-Léomcomme pora tent les anciens actes :. peut-être Castm Légionis. Cette sup». position reçoit une sorte.de confirmation de l’existence d’une très-importante fortification en terre qui occupe l’angle Nord-Ouest du bois de Champlion, et’que l’on pourrait présumer avoir été élevée à l’embranchement des deux iveies, Ce camp,

a un étang z quart‘ car cet ouvrage en a tout les caractères, est-il l’œuvre des Romains ou des Bretons qui occupèrent, le pays après eux ? Nest-il point l’œuvre de Main lui-même, et niant-il point été le siégé de sa puissance pendant" son séjour à Saint-Sauveur ? ou bien encore n’a-t-il pas servi aux deux peuples ? Toute Supposition est permise cet égard, et rien ne saurait démontrer l’erreur des unes et des autres. ’ l,

Histoire féodale. — Saint-Sauveur. ayant été le lieu où se fit la première installation de la petite Cour du seigneur qui devait être un jour le baron de Fougères, il d’est pas surpre» nant que la paroisse compte plus d’anciennes terres et de terres nobles que toute autre de la baronnie ; je ne m’occuperai que’des principales.

I. — La terre de Chaudebœuf. Cette terre, désignée dans les anciens actes sous les noms (ÏESGÏtQItdBÔOÏ, fut érigée en châtellenie, en 1595, par lettres patentes du roi Henri W, en faveur de René Pinel. 7’ ’ ’

Elle donnait à son possesseur droit de haute, moyenne et basse justice dans tous les’fiefs. de sa dépendance, droit de prééminence comme seigneur fondateur, de prières, de banc et de pierres tombales’tant dans le chanceau que proche les autels, dans l’église de Saint-Sauveursjdroit (Pécussons et dïtrmoîries a la troisième vitre du côté de Pépitre, dans l’église Saint-Léonard et dans la chapelle Saint-Guillaume de l’église Saint-Sulpice, nommée la chapelle de Chaudehœul.

Cette terre se composait ainsi qu’il suit :

Donmine pwche. — 1o Le château avec les moulins et autres dépendances ; 2o les métairies de la Bouverie, de Villeneuve et de la Dreurie ?

Mouvances. — Les fiefs de YAuberIière, de la Brunelaie, du Guédïoutrdiat, du Bas-Teillay, de la Monneraye, (le la

Hochaie, dïïcurteloup, de la Caudière et dé la Bcrrb-o-tterie, de Cliçmt et de la Rousais, des Landes, des Haute etBasseGelofraîs, et de Cttpidott dans le faubourg du Gast de la ville de Fougères. l., Ï

, La, terre de Chaudebœuftfut le berceau de la famille Pinel, dont le nom s’est présenté si souvent sous nos yeux dans le cours de cette notice. Le premier membre de cette famille, que plusieurs chartes nous représentent comme fils dïicrnzeniot, figureicomme témoin de la charte de fondation du prieuré de Saint-Sauveur, en 1040 ou 101M.

Plus tard, nous «voyons tlamelin Pinel, sans doute le fils de celuie-ci, figurer parmi les quatre barons què le seigneur deFougères produisit, comme garants de sa foi, dans un engagement quŸil contracte avec l’abbaye de lllarmoutiers, à Foccasion de sa collégiale. (D. M012, Pr. I, col. 423.)

Les Preuves de l’Histoire de Bretagne font passer devant nous un grand nombre de seigneurs de cette famille, dans les positions les plus élevées, aux différents siècles de notre histoire. (D. Mon, Pr ; I, col. 1651 ; Pr. Il, col. 468, 1241-, Pr. III, col. 11-30, 631, etc.) Elle säasvéteinte, en 1677, " dans

la personne de Briant Pinel, -fils de Pierre Bine ! et de Louise

deFroulay. y. A a 7

’ À sa mort, la terre de Chaudebœuf’fut vendue et acquise par M. Purée duParc, conseiller au Parlement due Bretagne, et dame Jacqueline du Guesclin, son épouse, dont les Llescen-

Àdants l’ont possédée jusqwau décès du dernier dfentre eux,

mort dans les premières années de ce siècle. ’ '

La terue de Chaudebœuf futalors acquise par M. le. chevalier de la Haye depSaint-Hilaire, dont. la veuve et légataire a, dans ces dernières années, donné le château, accru par son mari, aux religieuses Adoratrices de la justice divine (i), pour y établir un hospice dansieqtiel elle a fondé des lits en faveur

I

(t) La maison-mètre est dans l’ancienne abbaye de Rille. À Fougères. des pauvres des paroisses de Saint-Sauveur, de Saiut-Îälilaire et de Saint-Ëtienne.

II. — La. terre du Bois-Nouault, composée des métairies du Domaine ou de Saint-Gilles et du Croisé, des moulins de la Charrière et de Taurut, avait dans sa mouvance un grand nombre de fiefs dans les paroisses de Saint-Sauveur, de Romagné, de SaintnOueu-des-Alleux et de la Chapelle-Saiut-Aué bert. À I Elle appartenait, au commencement du xv“ siècle, à Guillaume de la Roche ; à la mort de celui-ci, arrivée en 1433, sa veuve rendit hommage pour elle à François de Bretagne, comte de Montfort et seigneur de Fougères ; leur fille Agaesse la porta ensuite à Jean Le Vayer, sieur de la Renazière, qui

’ possédait également les Vairies.

’ En 1600, Julienne du Chastelier, dame douairière de la Boberie et des Flégés, à qui elle était échue de je ne sais quelle manière, ’la vendit à M. Charles Le Fehure ou Lorfeure, et ä dame Esther Le Roullier, son épouse.

En 1635, M. Lorfeure détache de sa terre le moulin de la

K Charrière et quelque fiefs, qu’il vendit à M. René Gédouyn,

seigneur marquis de la Dobiais, qui, à cette occasion, lui accorda, pour lui et ses successeurs, propriétaires de la terre du Bois-Nouault, droit de banc à queue et accoudoir armoyé dans l’église de la Chapelle-Saint-Aubert. ’

III. — La terre du Tertre. Un acte de l’abbaye de Bille, rapporté par D. MoricelPr. I, col’. 634), nous apprend que, vers M58, Gaultier de Vende] céda la mesure du Tertre, qui lui appartenait, à Silvestre Pinel, son frère. ’

Celui-ci ayant pris le parti de renoncer au monde, la donna à lïabbaye de Rillé, où il s’était retiré, le jour même de sa profession ; ce qu’il fit avec Passeutiment de Gaultier, son frère, cl ; de Raoul, seigneur de Fougères, qui déposèrerïbun

I l livre sur Pïttttûl de Saint-Pierre, comme symbole de leur assentimenL- ",

t Aliénée au commencement du xvr’siècle, la terre du’l’ertre appartenait en 15591 ; M. Louis de Fleurville, qui y fit bâtir

l’a maison qui subsiste encore de nos jours, 1 M. de Fleurville eut de Perrine Le Douillet, sa femme, a

denx filles, dont l’aînée, Nicole, épousa Guy Franchet, et lui porta la terre du Tertre, dont il prit le nom.

Ils meurent qu’une tille, Léonarde, qui, en 1674. épousa François Lasne, sieur de l’Efficerie, et mourut. ainsi que son

mari, 611.1740, sans laisser de postérité.

1V. — La terre de Tronpay. Cette terre ; à laquelle était attaché le droit de basse justice, avait, des la fin du x1e siècle, ses seigneurs particuliers, qui semblent avoir été des juveigneurs de la famille Pinel.

L’un d’eux, que. je suppose avoir été Wigon de Tronçay, donna son moulin au. prieuré, qui en jouit sans opposition tant qu’il vécut ; mais a sa mort, Pinel et son fils, en revendiquèrent la possession, et il ne fallutvrien moins que la bienveillante intervention du seigneur de Fougères pour les faire abandonner leurs prétentions. Les religieux, a cette occasion, leur donnèrent une gratification de 10 sous, qu’ils’prirent sur le trésor de Saint-Martin.

Pinel, du reste, témoigna licattcoup de repentir de sa conduite. Non content d’avoi’r fait aux religieux un premier alicandon de tous ses droits dans Je jardin de Junargande, sa sœur, et} avoir pris {engagement publie de les y maintenir envers et contre tous, il leur renouvela sa donation au lit de la mort, dans sa propre habitation, en présence d’un grand nombre de religieux et de seigneurs laïcs qui étaient venus lui faire visite. l..

À la fin du-pxsu” siècle, la terre de Tronçay, avec le moulin, appartenait, comme celle du Tertre, à M. de Fleurville, dont la fille cadette, Jeanne, en épousant M. François de la Belinaye, seigneur de la Belinaye et du Plessix. la fit pas-sel’dans sa famille, qui la possède encore aujourd’hui.

V. — La terre de Tannt. Cette terre dépendait de Saint-Étienne. Elle possédait autrefois un château et donnait à son possesseur droit de banc dans l’église de Saint-Sauveur, droit qui avait été concédé en 1670 par Briant Pinel, seigneur de Chaudebœuf, à M. Jacques Chouet, seigneur «le Genevreau, époux de Jacquemine Pinel, sa fille.

VI. — La terre de Teillay. Elle appartenait, à la fin du xv” siècle, à Jean de Plumaugat ; en 1680, ä M. Joseph Tuffin, seigneur de la Rouêrie, et formait alors une dépendance de cette seigneurie.

Le moulin du Bas-Teillay était Piimitivenæeut le moulin du

prieuré, et était généralement désigné sous le nom de Illoulilu aux-Moines. — t a

Lors de la levée extraordinaire des deniers, ordonnée par le roi, en 1575, sur les biens des ecclésiastiques, le prieur de Saint-Sauveur, qui avait été d’abord imposé a 700 livres, puis, deux ans plus tard, surchargé de 468 livres, demanda et obtint, pour payer cette somme. Factorisation de vendre son moulin, qui fut adjugé à René Pinel pour la somme de 1,841 livres. ».

Celui-ci le réunit à sa terre de Teillay, dont il prit dès lors le nom, sous lequel il a toujours été désigné depuis.

VII. — La terre des Vairies, avec droit de moyenne et basse justice, appartenait, a la fin du xve siècle, à Jean -Le Voyez, sieur des Vairies ; en 1680, à Jean Gérard, orfèvre de M. Le Prince.

Cette terre était le titre et le gagedune des serpenteriez

féodées de la baronnie de Fougères, démembrée du Tiercent, auquel elle avait été substituée avec la Chasse-Beativais.

Son ressort comprenait les paroisses de Saint-Christophcé de-Valains, de Saint-Ouen-des-Alleux, de Saint-Marèsur-Couësnon, de Baille, du Tiercent, et quelques fiefs des paroisses de Saint-Saqîzéur, de Bomagnéet de Lecousse.

Elle rapportait à la recette de Fougères, en 1720, 1,637 boisseaux dïavoinxe menue (1) et un muid dé vin, estimé 60 livres.

On comptait encore, comme terres nobles, le Bois-Sauvé, ainsi que les fiefs de la Crochais et de la Hochais.

L. MAUPILLÉ,

Ancien conseiller général d’Ille-et-Vilaine.

[46]

POËMES CHOISIS

DE

MARBODE, ÉVÊQUE DE RENNES

1040 — 1123

TRADUITS EN VERS FRANÇAIS, AVEC LE TEXTE EN REGARD.



INTRODUCTION


Dans les derniers mois de l’année 1123, un messager envoyé par l’abbé et les moines de Saint-Aubin d’Angers parcourait les villes épiscopales, les abbayes, les grands prieurés de Bretagne. Il portait au cou un grand rouleau écrit, et pendant qu’il se reposait et réparait ses forces[47], les évêques, les chanoines et les moines lisaient avec attention le parchemin et y inscrivaient à leur tour quelques lignes[48]. Or, voici ce qu’on lisait sur la lettre du messager angevin :

« À tous les fils de l’Église une et sainte, l’humble congrégation du bienheureux Aubin, évêque d’Angers : pleine victoire sur l’ennemi, et pour cette victoire, la couronne.

« L’autorité apostolique nous enseigne que prier les uns pour les autres, porter les fardeaux l’un de l’autre, c’est accomplir la loi du Christ.

« C’est pourquoi, nous, serviteurs du Christ, nous efforçant avec une pieuse sollicitude d’accomplir cette loi chrétienne, nous vous annonçons la mort du seigneur Marbode, vénérable évêque dont la mémoire sera toujours honorée : sa parole était charmante, sa religion éclatante, ses mœurs pleines d’honnêteté et de distinction ; il était profondément érudit dans la science des belles-lettres, sa conversation était remplie de sel, et ses discours coulaient de ses lèvres plus doux que le miel, et bien que de son temps il ne fut bruit, en Gaule, que d’études et de travaux de toutes sortes, il était sans conteste au sommet et proclamé par tous roi des lettres et de l’éloquence gallicanes. Or, le trois des ides de septembre, malade de corps, mais l’esprit plein de force, mourant a ce monde, pour vivre dans Jésus-Christ, il nous a quittés, il nous a laissés accablés d’une intolérable douleur, nous qu’il avait habitués à l’aimer par dessus tout.

« Après s’être longtemps adonné à l’étude et à la pratique des belles-lettres, qui florissaient de tout côté ; après s’être rendu célèbre à juste titre et s’être acquis une immense renommée comme maître des écoles de la ville d’Angers, il fut élu évêque du siège de Rennes et sacré par le très-révérend pape Urbain, durant le concile de Tours. Armé du glaive de l’Esprit-Saint, il porta pendant vingt-huit années cette dignité ou plutôt ce fardeau, au milieu d’un peuple barbare, dont la férocité ne connaissait que les armes. Gouverneur fidèle et prudent, il courba des fronts orgueilleux sous ses justes censures, et à force de raisons, de prières, de sollicitations, il rétablit la paix. Enfin, arrivé au terme de la vieillesse, plein de jours consommés dans la sainte vie que nous avons racontée, il se reposa dans le Seigneur. Entré dans la voie où toute chair aboutit, pressentant sa mort prochaine, il déposa le fardeau de l’épiscopat, fit les vœux monastiques et revêtit l’habit de saint Benoît, en se donnant à Saint-Aubin. Ainsi lui aussi, dépouillé de tout, il se fit pauvre pour mieux suivre le Christ pauvre. Autrefois, comme Marthe, il avait pris souci et peine de beaucoup de choses ; désormais, comme une autre Marie, reconnaissant qu’une seule chose est nécessaire, il avait choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point ôtée. »

C’est dans ces termes que les moines d’Angers annonçaient au monde religieux et lettré la mort d’un homme qui fut à la fois un pieux et saint évêque, un littérateur illustre, et sans contestation possible le plus grand poëte du xie siècle.

Ses contemporains furent unanimes à lui décerner ce titre, et il le méritait.

Cela prouve peu en faveur de son mérite, pensera quelqu’un, qui ne connait les siècles réputés barbares que par les abrégés et manuels soi-disant classiques d’histoire littéraire. Je reconnais que le xie siècle brille peu ; mais c’était cependant un siècle de renaissance, et l’homme qui se met à la tête dans un pareil siècle ne peut pas être sans valeur.

Et ce qui constitue la valeur supérieure de Marbode, c’est qu’il ne se contenta pas, comme ses contemporains, d’employer la forme du vers à des épitaphes, à de pieuses chroniques, à des imitations plus ou moins heureuses des récits bibliques ou évangéliques ; il accueillit souvent la muse profane. Il ne se contenta pas, à un autre point de vue, du vers carlovingien, où la rime, doublée, triplée, quintuplée, embrouillé, enchevêtre, coupe et rompt à chaque pas et la période et la pensée elle-même ; il employa, et employa en maître, le vieux vers latin, le vers classique de Virgile et d’Ovide. Non pas que, suivant le goût et dans la forme de ses contemporains, il n’ait écrit de longs poëmes, ou plutôt de longues chroniques rimées, sur le miracle de Théophile, auquel la Sainte Vierge rendit le traité par lequel il s’était vendu à Satan ; sur les sept Machabées, sur le martyre de saint Laurent, de saint Victor, de saint Maurice, de sainte Thaïs, des saints Félix et Adaucte, et sur la vie pleine de miracles de saint Maurille, l’un des plus illustres évêques d’Angers. Non pas même que ces poèmes ne soient, et de beaucoup, la part la plus volumineuse de son œuvre ; mais il est manifeste qu’il a, dans ces rimes, donné beaucoup plutôt satisfaction à sa piété, au dessein d’édifier ses lecteurs, qu’à sa verve poétique. Bien plus, il confesse lui-même que c’est une sorte d’expiation des poèmes profanes, œuvres de sa jeunesse, qu’il eût voulu n’avoir pas publiés, et qui constituent, sinon aux yeux de ses contemporains, au moins aux yeux de la postérité, son titre réel a la primauté poétique de son siècle.

Pour peu qu’un poëte soit personnel, le meilleur commentaire de son œuvre est la notice de sa vie.

Marbode naquit vers l’année 1040, à Angers[49]. Sa famille y tenait un rang fort élevé à tout le moins comme fortune, et figure au nombre des plus insignes bienfaiteurs de l’abbaye de Saint-Aubin. C’est par le Cartulaire de cette abbaye qu’on sait que son père s’appelait Robert Le Pelletier, et qu’il avait au moins trois frères, Hugues, Salomon et Paganel. Dupaz et Albert Le Grand nomment sa mère Hildeburge. Quelques-uns veulent que ce fut une famille de grande noblesse ; le surnom du père ne l’indique pas. D’autres ont prétendu rattacher Marbode a la famille parlementaire de Marbœuf ; c’est une flatterie qui ne tiendrait pas au plus léger examen, uniquement fondée sur la consonnance du nom.

Quoi qu’il en soit, Marbode, destiné à l’Église, reçut une éducation aussi complète qu’il se pouvait, et il en profita si bien, que ses talents littéraires le mirent en relief dès sa première jeunesse.

L’école épiscopale d’Angers, qui datait du ve siècle et de saint Maurille, était alors la plus célèbre de la France occidentale. On y voyait accourir, comme à Paris, à Chartres, à Reims, non-seulement tous les jeunes hommes des pays voisins, mais encore des Allemands, des Anglais, etc.

Marbode fut d’abord chargé d’enseigner l’éloquence sacrée, et cet enseignement eut bientôt tant d’éclat que Eusèbe Brunon, évêque, d’Angers, l’éleva à la dignité de maître-école, c’est-à-dire à la dignité de chef suprême et de directeur de tout l’enseignement. Jamais la réputation des écoles angevines ne fut telle : tous les contemporains le constatent, et leurs éloges sont si unanimes que beaucoup, parmi les historiens postérieurs, pensent que ce fut sous, la maîtrise de Marbode que les écoles d’Angers prirent le titre et le rang d’Université. Marbode eut surtout le talent d’exciter et d’entretenir une grande émulation entre ses élèves en leur proposant à traiter, dans une sorte de concours, une thèse commune, scientifique ou littéraire. Il y a dans le recueil de ses poésies un certain nombre de lieux-communs poétiques qui pourraient bien être un souvenir de ces concours : le thème de l’écolier revu et corrigé par le maître. C’est sans doute encore de cette époque qu’il faut dater ces jolies épigrammes, ces petits poëmes qui ne dépareraient pas une anthologie classique ; le Forgeron, le Vase brisé, vrais camées antiques d’autant plus séduisants qu’on s’attendait moins à les trouver dans un écrin du xie siècle.

Mais c’est très-certainement le zèle pédagogique qui lui dicta ses traités de rhétorique, et notamment l’Art Poétique, qu’il a dédié à l’un de ses disciples sous le titre : De ornamentis verborum. Je n’oserais pas être aussi affirmatif sur le poëme le plus important de Marbode, celui qui a le mieux conservé sa renommée, puisqu’il fut traduit en vers français dès le xiie siècle, et qu’il était encore classique dans les écoles de pharmacie à la fin du xvie siècle : je veux parler du Lapidaire. Ce n’est point là, je le crois, un manuel auquel on ait donné la forme du vers comme pure mnémotechnie ; c’est un poème écrit avec amour pour résumer et célébrer une science véritablement aimée, et c’est pour cela que ce poème descriptif est resté un des chefs-d’œuvre de la poésie didactique au moyen âge ; c’est une œuvre d’âge mûr, peut-être de première vieillesse. Du reste, le poëte ne le dit-il pas dans son prologue ?

Ce livre est réservé pour mes amis d’élite.
Ce que sait le vulgaire a perdu son mérite.
N’allons point profaner les mystères trahis !

Marbode aimait ces curiosités. Nous avons de lui un autre poëme écrit lorsqu’il avait atteint l’âge de soixante ans, dans lequel il combat les erreurs de l’astrologie, et qui montre jusqu’à quel point il avait étudié les grimoires cabalistiques.

Brunon, le vieil évêque d’Angers, lui-même fort instruit, élève des écoles de Chartres, où il avait eu pour maîtres et le vénérable Fulbert et l’hérésiarque Béranger, admirait avec une affection vraiment paternelle les succès de Marbode. Il ajouta à son titre d’écolâtre celui d’archidiacre, et l’éleva ainsi aux plus hautes dignités ecclésiastiques.

Marbode conserva sa double charge jusqu’à la mort de Brunon (1081). Mais après avoir perdu cet excellent homme, dont il a célébré, dans une épitaphe qui nous a été conservée, les rares vertus, et principalement la bonté et la mansuétude, il se démit de son titre d’écolâtre. On ignore le motif de cette démarche. Craignait-il — car, malgré son esprit satirique, il était véritablement amoureux de la paix — craignait-il d’exciter la jalousie des autres chanoines ? Était-ce, au contraire, le désir de se soustraire lui-même aux applaudissements et d’obéir pleinement aux entraînements de sa piété et de sa modestie ? Il n’avait pas eu de jeunesse. Dès ses plus tendres années, il s’était tellement distingué de ses condisciples par la gravité religieuse de sa vie, qu’il avait été parfois l’objet de leurs sarcasmes.

Quoi qu’il ensuit, en quittant l’école, il y laissa son cœur, et la preuve s’en rencontre dans ses relations ultérieures avec les plus célèbres de ses élèves : Samson, devenu plus tard évêque de Winchester ; Ulger, qui montai sur le siège épiscopal d’Angers ; Geoffroy, abbé de Vendôme, etc.

« L’archidiaconat, que Marbode conserva, n’était pas un titre simplement honorifique ; au moyen âge, l’archidiacre était, disent les vieux canonistes, l’œil et la main de l’évêque, son ministre et son vicaire-général pour toute la juridiction contentieuse et pour l’administration du temporel.

C’est pour-cela que les chartres contemporaines, analysées par D. Chamard dans la notice excellente qu’il a consacrée à Marbode dans son livre des Vies des saints personnages de l’Anjou, nous montrent qu’il « était sans cesse consulté sur des causes litigieuses, assistait à des assemblées ecclésiastiques, à des fondations de monastères, par exemple celui de la Roë ; confirmait des contrats de donations importantes, comme celles de l’église de Saint-Martin de Vertou, du Lion-d’Angers, à l’abbaye de Saint-Aubin ; siégeait comme juge dans tous les graves procès qui surgirent a cette époque en Anjou. »

Les lettres n’étaient pas délaissées ; mais c’est surtout a des œuvres de piété et d’édification que le dévot archidiacre consacta désormais sa plume. Les nombreuses biographies de saints dont il fut l’auteur, datent pour la plupart de cette époque. Les invasions normandes, la destruction (les monastères avaient anéanti un trop grand nombre de légendes contemporaines des premiers évangélisateurs et des premiers civilisateurs de nos contrées. De retour dans leurs cloîtres profanés et ruinés, les plus vieux moines, même avant de réparer les ruines matérielles ; refirent de mémoire l’histoire des saints patrons ; mais trop souvent ces pieux souvenirs avaient pour interprète des plumes malhabiles et peu exercées ; et quand vint la renaissance littéraire qui fut la fleur du pontificat de saint Grégoire VII, comme la renaissance sociale en fut le fruit, les abbés voulurent avoir des Vies des fondateurs de leurs monastères écrites en latin plus élégant et plus correct. C’est ainsi que plusieurs abbés, je dirais mieux, plusieurs abbayes, plusieurs chapitres et plusieurs collégiales, s’adressèrent à Marbode comme à l’écrivain le plus capable de bien répondre a leurs désirs. Il lui vint d’instantes prières jusque du fond du Limousin, ainsi qu’il nous l’apprend dans la préface de la Vie de saint Gauthier.

Quant au salaire qu’il stipulait pour ce genre de travail, il paraîtrait maigre pour un homme de lettres de nos jours.

« Moi, Marbode, est-il écrit à la fin de la Vie de saint Lezin, moi, Marbode, archidiacre indigne de l’église d’Angers, j’ai rédigé et collationné cette Vie du bienheureux Liezin à la prière des chanoines de l’église dédiée à ce saint pontife, lesquels m’ont formellement promis qu’en récompense de mon travail ils me feraient entrer en participation et en communion de toutes les prières et de toutes les bonnes œuvres qu’ils accomplissent dans leur église, en tout temps et chaque jour ; que de plus, ma vie durante, à la messe du matin, ils réciteraient pour moi l’oraison Deus, qui justificat impium, etc. ; qu’après ma mort, ils célèbreraient l’office complet des fidèles défunts avec les oraisons et messes. accoutumées, ainsi que le service anniversaire comme pour l’un (les leurs ; enfin qu’à perpétuité, tous les jours, excepté les jours de fête, après prime, en se rendant au chapitre, ils chanteraient pour moi, le psaume De Profundis avec le capitule Requiem æternam et la collecte Absolve, Domine, etc. Que monseigneur saint Lezin soit le témoin, le médiateur et le garant de cette convention entre les susdite chanoines et moi. »

Cette même formule, identiquement reproduite, termine la Vie de saint Magnobode, qu’il écrivit, étant évêque de Rennes, à la prière des chanoines de Saint-Magnobode.

Ce n’était pas seulement sa plume, c’était aussi sa parole qu’il consacrait à la glorification des saints de son pays. Nous avons encore le texte d’un grand panégyrique en l’honneur de l’illustre thaumaturge angevin, saint Florent Le Vieil.

Dom Chamard analyse fort bien ce curieux monument : « L’orateur, dit-il, y montre un amour si tendre, une confiance si filiale entiers saint Florent, que l’on dirait un enfant faisant l’éloge de son père. Le fondateur de l’abbaye du Mont-Glonne est à ses yeux le protecteur et le père de la patrie. Tous les ressorts de l’éloquence sont mis en jeu pour faire ressortir l’éclat des vertus et le nombre des miracles du grand serviteur de Dieu. »

Au commencement de l’année 1096, Marbode fut enlevé à ses graves et calmes fonctions l’archidiacre, à son pays d’Anjou, à ses amis et à ses proches, pour être porté au dernier sommet de la hiérarchie ecclésiastique, ou l’appelaient sa haute réputation littéraire, la sainteté de sa vie, l’orthodoxie de sa doctrine et sa grande expérience des affaires.

Sylvestre de La Guerche, évêque de Rennes, auquel il succédait, était mort en 1093. Soit qu’il ne fut pas procédé immédiatement aux élections qui, a cette époque, étaient faites par les évêques de la province et par le clergé et le peuple de l’église qu’il s’agissait de pourvoir d’un premier pasteur ; soit, comme le disent d’autres historiens, qu’une partie du clergé rennais se soit évertué à multiplier les obstacles pour empêcher l’accès d’un étranger dont l’austérité égalait la douceur, et dont il n’avait à attendre aucune faiblesse ; toujours est-il que trois années s’écoulèrent entre la mort de Sylvestre et l’intronisation de Marbode, qui ne fut sacré qu’au mois de février 1096, par le pape Urbain II lui-même, au milieu du concile de Tours.

L’élection de Marbode à l’évêché de Rennes eût été impossible quelques années plus tôt ; alors l’Anjou et la Bretagne étaient en guerre continuelle. Alors, Marbode était amené, par les passions générales de son pays, à écrire de sa main, et contre ses futures ouailles, cette chanson sanglante et bizarre, qui a en le singulier privilège de rester la plus populaire comme la plus médiocre de ses, poésies, et qui est trop souvent offerte comme un spécimen assez peu flatteur de son talent. Mais, en 1092, la paix s’était faite entre les deux nations par le mariage de la bienheureuse Ermengarde, fille de Foulques, avec Alain Fergent, et c’est manifestement par l’influence de cette princesse, pieuse, sage, lettrée, l’amie de Robert d’Arbrissel et de saint Bernard, que Marbode fut élevé sur le siégé de Rennes.

Ce fut, certes, par des motifs de foi et de soumission que Marbode accepta ce poste, et non par des motifs d’ambition personnelle et toute humaine. Il était jeté au milieu d’un pays qu’un autre prélat angevin, son contemporain, lettré comme lui, Baldric, évêque de Dol, n’hésitait pas[50] à qualifier de « nid de scorpions et de repaire de bêtes doublement féroces. » Et de fait, la Bretagne était en retard de se lever au réveil de la civilisation dont Grégoire VII avait donné le signal. Après les invasions normandes, elle n’avait trouvé que ruines ; tout un siècle s’usa en guerres, en luttes entre les barons descendants des anciens petits rois émigrants, parmi lesquels la maison des comtes de Rennes acquérant une prépondérance chaque jour moins contestée, assurait les bases du prochain établissement de la monarchie ducale de Bretagne. Tout Breton vivait de la guerre et par la guerre. Guerre au dedans, entre le duc et les grands vassaux, quand ce n’est pas des grands vassaux entre eux : au dehors, guerre sans trêve contre l’Anjou et la Normandie jusqu’au jour où l’immense puissance des Plantagenet, maîtres à la fois de l’Anjou et de la Normandie, rendit toute résistance impossible. Tels sont les seuls actes de la politique bretonne durant le xie siècle. L’abus de la force et du fer, l’anarchie féodale dominaient également l’Église. Sur les ruines des sanctuaires et des cloîtres, amoncelées par les Normands, vivait scandaleusement un clergé ignorant et simoniaque ; les seigneurs laïques s’étaient emparés des paroisses et des dîmes et en trafiquaient ; les prêtres, les évêques eux-mêmes se mariaient publiquement afin de transmettre héréditairement à leurs enfants les bénéfices dont ils faisaient un fief de famille. C’est ainsi qu’on vit une dynastie épiscopale de plusieurs générations sur le siège épiscopal de Quimper et sur celui de Dol. Le grand homme et le grand saint qui s’éleva le premier et le-plus énergique pour lutter, contre ces désordres sacrilèges, Robert d’Arbrissel, était lui-même fils d’un prêtre.

Mais tout le monde sait que c’est à Rennes même que Robert exerça d’abord son zèle de réformateur ; archidiacre de son diocèse natal sous le pontificat du prédécesseur immédiat de Marhode ; il laissait à celui-ci le soin de recueillir les prémiers fruits de ses ardents travaux. Marbode trouvait donc tout vivant l’écho de la parole incomparable de Robert ; il pouvait suivre la trace toute fraîche de ses pas apostoliques ; et pour moi, je suis de ceux qui répugnant absolument à admettre que la lettre anonyme de reproches, quelque dubitative qu’elle soit, adressée par le dernier des évêques à Robert, et qui a été l’objet de tant de controverses au xviie siècle, soit réellement tombée de la plume de Marbode. Il me paraît impossible que dans l’âme si bienveillante de l’évêque le soupçon ait pu trouver place contre l’archidiacre, dont il avait dû mieux que tout autre apprécier les œuvres[51].

Marbode eut la fortune de prendre le bâton pastoral au début d’une période de renaissance et de réparation. Il eut un épiscopat laborieux, mais fructueux. Il vit sans doute les choses saintes dans des mains profanes, et il put écrire la sanglante satire Des Prévôts ; mais il vit plus d’une fois des seigneurs repentants remettre entre ses mains les bénéfices par eux usurpés, afin qu’il en opérât la restitution canonique aux monastères ; sans doute il vit chez plus d’un bandit féodal des repentirs hypocrites trop tôt suivis de retours scandaleux à des habitudes de forban, et il put écrire son chef-d’œuvre, le fabliau Du Loup qui se fait Moine ; mais, d’un autre côté, il vit aussi le zèle de l’aristocratie bretonne à suivre son duc aux croisades, et l’émulation de tous dans la fondation des prieurés et des monastères ; il vit la Bretagne se couvrir d’abbayes et de prieurés, et le clergé régulier réparer en tout lieu les scandales d’un clergé simoniaque et honteusement ignorant. Lui-même, quand il fut obligé de sévir contre les chanoines indignes de la collégiale de Vitré, il trouva dans les seigneurs du lieu un appui énergique pour substituer à ces misérables les édifiants religieux de Saint-Melaine. L’influence que le prélat devait à son caractère, à ses talents, à ses vertus, se doublait de selle que lui donna sur le duc Alain Fergent, et plus tard sur le duc Conan, la haute estime et la confiance sans limites de la bienheureuse Ermengarde, dont il fut toujours le conseiller fidèle et dévoué.

L’épiscopat de Marbode ne fut donc ni stérile pour son diocèse, ni sans consolations pour lui ; et à vrai dire, le grand déboire de sa vie lui vint, non de Rennes, mais d’Angeus. Il nous l’a raconté lui-même dans une lettre vraiment-éloquente de tristesse et d’amertume.

Geoffroy de Mayenne, déposé par le Souverain-Pontife, était docilement descendu du siège episcopal d’Angers, et s’était retiré dans le cloître de Cluny. On procéda au choix de son successeur, et durant ces élections, où les influences diverses se combattaient, le peuple, sans attendre les résultats du vote ecclésiastique, proclama tumultueusement un jeune seigneur angevin, qui n’était pas encore entré dans le clergé, mais dont la famille était influente et bien posée, et qui passait lui-même et à bon droit, il le prouva plus tard, pour un homme de haute valeur ; il se nommait Rainaud de Martigné. Ce choix fut vivement combattu par le chapitre, et surtout pas le doyen Guillaume et l’archidiacre Étienne, qui paraissent avoir été mus par des sentiments moins avouables que le pur zèle de la discipline ecclésiastique. Mais ce zèle seul animait des adversaires bien autrement redoutables de Rainaud. C’étaient les evêques et les abbés de la province de Tours, véritables électeurs au point de vue canonique, et parmi lesquels on comptait des hommes tels qu’Hildebert, évêque du Mans, Guillaume, abbé de Saint-Florient, et Geoffroy, abbé de Vendôme.

En face de cette opposition redoutable, Rainaud sut profiter des circonstances et se fit agréer par le duc et par la noblesse d’Anjou, et surtout il gagna un patron dont l’influence devait aplanir tous les obstacles. C’était Marbode. Rainaud avait été son élève. Marbode se jeta dans la lutte avec l’ardeur d’un père. Il part pour Tours, change les dispositions hostiles de l’archevêque Raoul (1101) ; il se rend de la à Rome, et, après avoir triomphé de tous les obstacles, il revenait à Angers, nanti de la confirmation régulière de l’élection de Rainaud par le Souverain-Pontife.

Mais, pendant son voyage, une réaction, dont l’histoire politique et l’histoire ecclésiastique elle-même n’offrent que trop et de trop scandaleux exemples, s’était opérée à Angers. L’opposition, convaincue de son échec, s’était rapprochéé de l’élu, et l’élu, flatté outre mesure de ce retour, s’était livré tout entier à ses adversaires de la veille, devenus ses adulateurs du jour. La victime de cette transaction, ce fut le vieil ami qui n’avait pas reculé devant les fatigues et les ennuis d’une négociation délicate et d’un long voyage, A son retour à Angers, Marbode se vit dépouillé par Rainaud de Martigné de tous les bénéfices qui lui avaient été concédés dans ce diocèse, dont il avait été la gloire la moins contestable ; bien plus, il se vit ignominieusement chassé de la ville où s’étaient écoulées les premières années de sa vie studieuse et où il avait conquis ses titres à la renommée littéraire, et obligé de repartir pour Rome, pour se défendre lui-même contre les accusations de ce nouvel évêque dont il avait seul obtenu la difficile intronisation. C’est alors que l’évêque de Rennes écrivit et publia sans aucun doute sa lettre à Raynaud, dans laquelle il énumère, avec une éloquente et juste indignation, tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a souffert pour cet ingrat pupille. Cette lettre, nous dirions aujourd’hui cette brochure, est pleine de valeur littéraire en même temps que de curiosité historique, et obtint à l’heure même un résultat trop peu souvent constaté en pareille matière : elle fit reconnaître au jeune évêque d’Angers l’indignité de sa conduite. Il voulut aller lui-même à Rome pour solliciter l’absolution de sa double infraction à la discipline ecclésiastique ; et pour que nul ne se méprit sur la sincérité et la portée de son repentir, il supplia Marbode de prendre en mains l’administration du diocèse d’Angers pendant son absence.

C’est pendant cette administration intérimaire que Marbode approuva la fondation de l’abbaye de Nyoiseau, témoignage indiscutable de ses relations avec Robert d’Arbrissel et ses disciples. Un autre témoignage non moins irrécusable, c’est la lettre écrite par lui au B. Vital pour solliciter l’admisision à l’abbaye de Savigny d’une pauvre jeune fille dont les parents ne pouvaient pas payer la dot : « Faites droit à ma demande, très-doux frère, écrit-il à Vital, je vous en supplie, je ne dirai point pour l’amour de moi, mais pour l’amour de Celui qui est le père des orphelins et le juge des veuves, à la condition que si jamais vous avez besoin de mes services, je vous rendrai celui-ci avec le zèle qui sera en mon pouvoir. » Quand on rapproche cette lettre de celle écrite à Robert d’Arbrissel lui-même, et dont nous ayons déjà parlé, est-impossible d’admettre que les deux soient écrites par la même main et par le même cœur ? Un troisième témoignage peut être joint aux deux premiers. Ce fut Marbode qui bénit et consacra la première abbesse de Saint-Sulpice.

Nous avons dit comment, à propos de Raynaud de Martigné, Marbode s’était trouvé en contradiction avec Geoffroi de Vendôme et avec le vénérable Hildebert, évêque du Mans. Entre ces âmes élevées et ces nobles cœurs, un dissentiment de principes ne pouvait pas dégénérer en une querelle de personnes ; Udabbé de Vendôme se rapproche sans arrière-pensée de l’évêque de Rennes ; et comme Hubert, grand chantre de la cathédrale d’Angers, en témoignait son étonnement : « Vous me reprochez, dit Geoffrey dans la sixième lettre du livre V de ses Épître, vous me reprochez la bonne intelligence qui règne publiquement entre l’évêque de Rennes et moi. Certes, un fait de cette nature, pour quiconque n’est pas privé de l’amour de Dieu, ne doit pas être un objet de scandale, et si votre cœur éprouvait quelque émotion à ce sujet, ce devrait être un sentiment de joie, et non de regret. »

Quant à Hildebert du Mans, il renoua bien vite aussi les liens d’une amitié fondée sur une mutuelle estime, et qui dura autant que la vie des deux illustres prélats.

C’est à Hildehert que Marhode dédia son poème philosophique Des dix Chapitres, écrit, nous apprend-il lui-même, alors que le poëte avait atteint sa soixante-septième l’année. Et Hildebert répondait Marbode : « O vous, mon cœur, ma gloire, les délices des rois, la grâce des princes, l’ornement du clergé, l’amour des peuples, le modèle de la vertu, le miroir de la grâce divine, le type de la foi ferme et sincère, l’Orphée de notre temps, prenez notre lyre et faites résonner les plus doux accords. »

Telle fut, en réalité, la vie toute pieuse et toute littéraire de Marbode. Si les chartes contemporaines nous le montrent, comme évêque, mêlé à toutes les grandes affaires de son temps, le lettré prédomine toujours, et c’est le lettré qui nous attire et qui nous retient. Lui-même, il voulut mourir dans un sanctuaire où la piété et les lettres occuperaient seules toutes ses pensées, et déposant volontairement la charge de l’épiscopat, il vint se retirer dans le monastère de Saint-Aubin d’Angers, où il vécut pendant trois ans, sous le froc bénédictin.

Le 11 septembre 1123, il expirait sur un lit de cendres, au milieu du chœur de la basilique abbatiale. Il fut inhumé dans cette dévote église, qu’un artiste nommé Foulques venait de décorer de magnifiques fresques, dont on peut encore admirer aujourdfhtii quelques débris. Ainsi, la peinture entourait de splendeurs la tombe du poëte qui passait à bon droit pour le premier de son temps et de son pays.

La gloire littéraire de Marbode ne fut pas ensevelie avec lui. Son succès était si incontesté, que moins d’un siècle après sa mort, un poëte français traduisait en cette langue le poème populaire des Pierres Précieuses. Les manuscrits de ses œuvres se multipliaient, au point que la seule bibliothèque du roi à Paris, en compte sept : trois du xiiie siècle, trois du xive, et un de l’an 1467[52].

La première édition imprimée est de Rennes, 1524, chez Jean Macé. Yves Mayeuc, évêque de Rennes et confesseur de la duchesse Aune, l’une des plus grandes gloires du clergé breton par sa science et par sa vertu, fut lui-même l’éditeur des œuvres de son illustre prédécesseur. Cette édition est à peu près introuvable aujourd’hui. Dom Beaugendre en publia une plus ample et plus correcte à la suite des œuvres d’Hildebert ; Paris, 1708, in-folio. Enfin, l’abbé Migne a reproduit l’édition de D. Beaugendre, revue et augmentée de plusieurs pièces inédites par M. l’abbé Bourassé, dans le tome 171 de la Patrologie. Je ne parle pas des éditions fort, nombreuses du poëme des Pierres Précieuses, publié séparément.

J’ai dit que ce poème avait été traduit en vers français au xiie siècle. C’est, je crois, la seule des œuvres de Marbode qui ait été jusqu’ici interprétée dans notre langue.

J’ai voulu aller plus loin. J’ai trié dans les in-folio qui renferment les œuvres du poëte ceux de ses poèmes qui me paraissaient de nature à faire comprendre à des lecteurs français la gloire dont leurs aïeux avaient entouré l’auteur. Le latin, il faut bien le reconnaître, est véritablement pour nous une langue morte. J’ai essayé, par une traduction qui ne fût pas une trahison, de ressusciter au milieu des Bretons cette grande figure littéraire, de laquelle je me suis personnellement épris ; et si mes vers ne sont pas trop infidèles, on connaîtra désormais, autrement que de nom seulement, le poëte le plus justement célèbre de la Bretagne et de l’Anjou au xie siècle.

CARMINA VARIA


POÉSIES DIVERSES

LIVRE PREMIER

ÉPÎTRES


I.

A la duchesse Ermengarde.


Fille de Foulque, honneur du pays Armorique,
Belle, candide, illustre, ingénue et pudique,
Si vous n’aviez pas pris le fardeau de l’hymen,
Si des fils n’étaient pas sortis de votre sein,
J’aurais cru voir en vous la déesse du Cynthe.
Mais, rien ne remplaçant la virginité sainte,
Princesse par l’hymen, princesse par le sang,
Je puis, à tout le moins, vous mettre au premier rang
Des déesses qu’on vit unir leurs destinées
Aux dieux, et contracter d’immortels hyménées.


I. — M. episcopus E. comitissæ.


Filia Fulconis, decus Armoricæ regionis,
  Pulchra, pudica, decens, candida, clara, recens,
Si non passa fores thalamos, partusque labores ;
  Posses esse meo Cynthia judicio.
Sed quia juncta mari castæ nequit æquiparari,
  Est etiam potior virginitatis honor :
In grege nuptarum credi potes una dearum,
  Prima vel in primis, o speciosa nimis !

Parlant d’elles ici, et peignent leur beauté,
Je tracerais de vous un portrait non flatté.
Mais toutes ces splendeurs, dont la femme est si fière,
Passeront comme l’ombre et deviendront poussière,
Ou si votre destin doit prolonger son cours,
Si vous devez compter sur d’innombrables jours,
Subissant des horreurs, presqu’à la mort pareilles,
Vous-même vous serez mise au nombre des vieilles.
Ce visage royal, qu’on vante avec transport,
Qu’on vante avec raison, la vieillesse ou la mort
Le flétriront ; ces yeux, au regard vif et tendre,
Et ces longs cheveux blonds se réduiront en cendre.
On dit que votre esprit, éloquent et subtil,
Ne connaît point d’égal. Et qu’en restera-t-il ?
Ce qui peut en rester de mieux : la renommée ;
C’est-à-dire, du son, du vent, de la fumée.
La mite sait ronger les tissus de drap d’or
Et le voleur ravir diamants et trésor ;

Sed tuus iste decor, sata principe, principis uxor,
  Transiet ut fumus, et cito fret humus.
Aut si dilate current tua tempore fato,
  Heu dirum facinus ! efficieris anus.
Vultus formosus laudatur, et est pretiosus,
  Sed mors vel senium destruet hoc pretium.
Luce micans acies, quæ vulnerat aspicientes,
  Et flavus crinis, fiet utrumque cinis.
Fama refert de te quod non sit femina præ te
  Pollens eloquio, callida consilio.
Hæe quoque deficient, et tantum fabula fient ;
  Narrat et antiquos fabula doctiloquos.
Stragula blattarum, vestis cibus ac tincarun,
  Et mettuens, fures aurea congeries :
Omni prudenti sic sunt quasi flamina venti,
  Flamina prætereunt, nec minus hoc pereunt.
Mollities lecti quid confert murice tecti ?

Le sage prise peu ces choses périssables.
Vos rideaux empourprés font-ils plus délectables
Des nuits que vient troubler la crainte du trépas ?
Les vers prennent leur part de vos riches repas.
Valets, femmes, châteaux, donjons et forteresses,
À la mort il faudra, de toutes ces richesses,
Se séparer. Comtesse, au-delà du tombeau
Que vaudront votre titre, et le royal bandeau,
Et le manteau ducal, fourré de blanche hermine,
Et vos gardes d’honneur, gens de si haute mine ?
Faut-il énumérer tous les trésors divers
Qu’accumulent, pour vous, et la terre et les mers ?
À tous ces biens, Madame, il manque la durée.
Mais votre âme dévote, à Jésus consacrée,
Des pauvres vous faisant le pain, le vêtement,
Voilà, pour l’œil de Dieu, votre bel ornement ;
Voilà votre trésor, voilà votre richesse,
Que ne détruiront point la mort, ni la vieillesse.

  Aufert quippe tori gaudia posse mori.
Delicias mensæ quasi vila fercula cense,
  Charum eum vili vertitur in nihili.
Servos, ancillas, cum turribus, oppida, villas
  Quisquis habet vivens, deseret et moriens,
Arminiæ pelles, exornatusque satelles.
  Quem laudis titulum dant tibi post tumulum ?
Quid maris et terras properem bona cuncta referre,
  Quæ quasi te ditant, et tibi suppeditant ?
Divitiæ tales sunt nulli perpetuales,
  Cum mundo vadunt, cumque cadente cadunt.
At quod amas Christum, quod mundum despicis istum
  Et quod pauperibus vestis es atque cibus,
Hoc te formosam facit et Domino pretiosam ;
  Nec mors, nec senium destruet hoc pretium.

II.

A la reine d’Angleterre.


Me voilà bien récompensé
D’avoir bravement traversé
La mer ménaçante et fatale ;
Car mon courage a mérité
De voir la Reine de beauté,
Qu’aucune autre femme n’égale.
Les plis onduleux et flottants
Des longs et larges vêtements
Dont, par une pudeur nouvelle,
Elle veut toute se voiler,
Ne peuvent pas dissimuler
A quel point Dieu l’a faite belle.
Tel le rayon, doux et vermeil,
Émané du brillant soleil,
Apparaît vibrant sous la nue.
Je devrais parler encor mieux
De son esprit ingénieux.


II. — Ad reginam Anglorum.


Est operæ pretium tentasse pericula Ponti,
  Et dubiæ sortis pertimuisse minas.
Reginam vidisse juvat, quam nulle decore
  Corporis ac vultus æquiparare queat.
Quem tamen occultans laxæ velamine vestis
  Sola pudore novo dissimulare cupit ;
Sed naquit abscondi propria quod luce coruscat,
  Et vibrat radios nubila sol penetrans.
Egregios mores, ac molle fluentia verbe,

De son âme pure, ingénue ;
Mais de tout cela je me tais,
Car je n’en pourrais dire assez.
Le silence est chose plus sûre.
Tant d’autres, à pétrir le fard
Habiles, demandent à l’art
De refaire en mieux la nature !
On a des crèmes pour le teint,
Le visage peint et repeint
Est un arsenal de mensonge.
Un embonpoint trop indiscret
S’enferme en un étroit corset ;
Le flanc court se cambre et s’allonge,
Comme les plis du vêtement,
Qui se prolonge habilement.
En rejetant la chevelure,
On semble avoir un large front,
Où des mains adroites feront
De vrais miracles de frisure.
Que votre cœur est différent !
Madame, vous avez vraiment
Les beautés que d’autres simulent ;
Et, bien loin de les étaler,

  Plus reticere juvat, quam minus inde loqui.
Affectant aliæ quod eis nature negavit,
  Purpureas niveo pingere lacte genas ;
Fucatosque trahit facies medicata colores,
  Distinguendo notas artis adulterio.
Comprimit exstantes quarumdam fascia mammas,
  Et longum fingit vestis adacta latus.
Hæ partim retegunt laxosa fronte capillos,
  Et calamistrait crine placere volunt.
Tu, regina, quod es, metuis formosa videri,
  Quæ coemunt aliæ munera gratis habens.
Præstat habere palam quo te nature beavit,

Vous voulez à tous les céler
Et tous vos soins les dissimulent !
Laissez, laissez paraître aux yeux
Les dons que vous tenez des cieux ;
Pour Dieu, ne soyez pas ingrate.
Sans altérer la chasteté,
Les vierges aiment leur beauté
Et soignent sa fleur délicate.
Et vous, en qui tout est grandeur,
Vous l’enfant, l’épouse et la sœur
Des plus grands rois, reine vous-même,
Vous voulez voiler votre front !
Non, ces voiles sont un affront,
Pour un front ceint du diadème.
Et puis, vous cacheriez en vain,
Madame, ce trésor divin
Qui, de toute part, se révèle :
Désormais, dans tout l’univers,
Partout où l’on lira mes vers,
On saura que vous êtes belle.

  Sis ingrata Deo si sua dona neges.
Accensam modio vis occultais Iucernam,
  Non tua, sed Domini munera dantis habes.
Virgo, pudica licet, tanien optat pulchra videri,
  Et castam mentem candide forma decet.
O regis conjux proavis ex regibus orta !
  Magna tegi nequeunt, parva latere solent.
Vivet fama tui quantum mea cagiua vivent,
  Et te cantabit, qui mea scripte leget.

III.

A Odon, évêque et comte.

A Monseigneur Odon, je souhaite tout bien.
Et d’évêque et de comte ayant le double titre,
A votre double emploi vous convenez si bien,
Que l’on vous obéit au camp comme au chapitre.
A chaque fonction vous êtes tout entier,
Et vos subordonnés, en vous voyant paraître,
Trouvent en vous le chef qui marche le premier,
Comte pour le soldat, et prélat pour le prêtre.
Le sort vous a donné ce qu’on peut souhaiter,
La jeunesse, un grand nom et l’immense richesse,
L’éloquence, un esprit propre à tout méditer,
Des mœurs, et la faveur de peuple et de noblesse.
Je Vous écris ces mots, c’est comme un cri du cœur,


III. — Ad Odonem episcopum simul et comitem.


Veri luera boni Domino Marbodus Odoni.
Præsulis et comitis gemino cum nomine sitis,
Insignis cumque te perficiaris utrumque,
Præbentes æque vos clero militiæque,
Cum communi, sed utrique tamen velut uni,
Nam se quisque coli tantum putat, ut sibi soli
Munera præstari, nec quæ velit ulla negari,
Cum vobis dederit sors quidquid homo sibi quærit,
Gazas, ætatem, personaque nobilitatem,
Linguam quæ fari, mentem quæ scit meditari,
Morum candorem, plebis patrumque favorem,
Audeo pause tamen vobis, velut ad renovamen,
Scribere, ne sitis qui non meminisse velitis,

Pour empêcher aussi que votre cœur n’oublie
Un ami spécial. Non pas, mon cher Seigneur,
Que j’attende pour moi la fortune inouïe
D’un rang tout spécial entre tous vos amis ;
C’est moi qui, plus que tous, vous estime et vous aime ;
Non pas pour les trésors qui vous sont départis,
Et dont je ne veux rien ; mais pour vous, pour vous-même.
Je suis et serai pauvre, et pour tout don je veux
Qu’une même amitié nous unisse tous deux.

Si fus est dici, nostri speciales amici ;
Non quia sim talis, qui vobis sim specialis,
Sed quia vos talem scio, quem faciam specialem.
Nec mihi quid detis, plus vos amo quam quod habetis ;
Et quod habetis amo, sed nou ea bona reclamo.
Munera nolo dari mihi, sod volo pauper amari.
Sufficit ad munus, si nos amer alliget anus.

IV.

À Hildebert, évêque du Mans.

Lorsque, ayant lu vos vers, je repasse les miens,
Il semble, en vérité, que, du ciel, je reviens
  Aux humbles plaines de la terre.
Vous planez dans la nue, et, soutenant son vol,
Votre Muse jamais ne vient toucher le sol.
  Souvent, sous votre phrase austère,
Se cache un sens subtil, aux seuls doctes s’ouvrant,
comme, en un anneau d’or, se cache un diamant.
  coulant d’une veine vulgaire,
Au contraire, mes vers, à peine dégrossis,
Du peuple et des savants, facilement compris,
  Dans leur cours ne s’élèvent guère.
Votre style sachant d’antithèses s’orner,
On vous voit savamment tourner et retourner

IV. — M. Redonensis episcopus H. Cenoman, episcopo.

Dum tua scripta legens oculos ad nostra reduco,
E cœlo terras videor spectare jacentes ;
Sublimi nubes excedunt illa volatu,
Nec terris hærent humili replanta gressu.
Sæpe relecta patent solis sapientiaux illa,
Arcanos sensus brevibus stringentia verbis,
Gemma velut modico vix maxima clanditur auro.
Hæc aditu faeili rudibus doctisque patescunt,
Scilicet artifices minus accurata paratu,
Et de communi Iéviter manantia vena.
Vestra per antithesim flectit se musa frequenter
Exercens refluos sinuoso schemate gyros ;

   Comme en un cercle sans issue.
Moi, je suis trop heureux d’aller au but tout droit,
Et je n’imite point la toile qu’à mon toit
   L’habile araignée a tissue.

Nobis directo satis est procedere calle,
Quamlibet et crassa contexere verba Minerva,
Ne cum subtili radio feriamur aragne.

V.

A Samson, évêque de Wincester.

De mon antique ami, le flot, un flot jaloux,
Me sépare, et la mer se fait large entre nous.
Ce Pont n’a point de pont ; point de radeau tranquille
Qu’aux rives du Liger hale un cheval docile.
Moi, je trouve imprudence à confier aux vents,
Aux flots souvent trompeurs, mes destins chancelants :
Dieu, pour chaque élément, a fait diverses races :
A la mer, les poissons ; aux immenses espaces
De l’air, l’oiseau léger ; nous, au sol montueux ;
Les étoiles, la lune et le soleil, aux cieux.
Neptune règne en roi sur une race unique ;
Envahir son royaume est une chose inique
Pour nous. J’hésite donc, et vraiment je ne sais

V. — Marbodus Samsoni episcopo.

Invidet atiquum pelagi mihi fluctus amicum ;
   Oceani limes séparat unanimes.
Nec pons in Ponte, nec sunt vada pervia conte,
   Ut solet in Ligeri navis adacta geri.
Sed neque prudentis reor aut se tradere ventis,
   Aut sua, se spreto, credere fatu freto.
Æquora sunt tantum generi concessa natantum,
   Tellus gressilibus, aura volatilibus ;
Ut chorus astrorum servait convexe polorum :
   Quadrupla materies fert todidem species.
Regnum Neptuni generi sic competit uni,
   Nostra sed improbitas res it in illicitas.
Inde fit ut dubitem cautus ne pericula vitem,

Si je dois rester coi, comme les gens sensés,
Ou par vive amitié prendre un parti moins sage.
Je désire pourtant voir votre cher visage,
Embrasser le vieillard que jeune j’aimais tant,
À votre front blanchi coller mon front tout blanc,
Serrer dans mes deux mains vos deux mains consacrées,
Et goûter, doux ami, vos paroles sacrées.
Pour vous remercier de vos charmants présents,
Ma plume ne peut pas rendre ce que je sens :
Maître, ne doutez point de ma reconnaissance ;
Je sais trop bien sur moi quelle est votre créance ;
Me donnant tout entier, je ne la paierais pas.
Mais mon cœur est glace, mon corps est vieux et las,
Je ne puis de le mer affronter les tempêtes.
Si je pouvais me rendre en ces lieux où vous êtes,
Par un sentier ouvert aux simples piétons,
Tout aussitôt j’irais à vos chères maisons.
Mais vous, ami chéri, vous avez l’habitude
De le mer et des vents ; et, sans inquiétude,
Vous savez naviguer sur les flots indomptés,
Dont est votre pays cerné de tous côtés :

   An stultus fiam propter amicitiam.
Opto tuum vultum, mi præsul, cornere multum,
   Amplectique senem quem colui juvenem.
Sacratasque manus cano conjungere canus,
   Colloquiumque tui, dulcis amice, frui.
Hospitiique fidem, collataque munera pridem,
   Quæ labor est scribi cemmemerare tibi
Ne pater ingratus cui sum servira paratus,
   Cui si me dedero, non tamen æquus ero.
Sed gelidum pectus, sed fessa labore senectus
   Obstat ne faciam per maris alta viam.
Si fines vestri peterentur celle pedestri,
   Ad charas ædes ferrent, amice, pedes.
At tu qui vegetus, qui ventes spernere suetus,

Vous pouvez aisément visiter notre terre, Si vous le voulez bien. Autrefois, trofre père Véeut dans ce pays ; et vous-même êtes né Tout près d’ici. Voici ce berceau fortuné, Voici votre manoir, vos champs, votre prairie ! Là-bas, c’est seulement la seconde patrie ; Ici, c’est la première. Ici, vous avez pris Le savoir dont lai-bas nous recueillez le prix. Pour revenir. chez vous, hravez l’océan même, Vous êtes exilé dans votre poste extrême ; Revenez, vous aurez ici mêmes honneurs.

Un des vôtres régit, au siège des pasteurs, Votre ville natale, et cet autre moinméme

Vous placera toujours, évêque, au rang suprême ; Et, maître souverain de votre cher séjour, Vous-même fixerez le moment du retour. Veillez-vous qu’à Bayeux nous nous trouvions ensemble ? Ce banc porterait bien trois prélats, ce me semble. Préférez-vous quand même un autre rendez-vous ?

— æ

Undis circumagi nonmetuis pelagi,

More tuæ gentis grave quidlibel : aggredientis, Visere, quando voles, littora nbstra valles. u

Hac tu parte salus, tuus est pater l1inc généra tus, Ad natale solum fas sit inire salum.

Hic domus, hic fendus ; prior hic locus, ille secundus ; Te locushie doeuit, quo loeus ille elu-it.

Ut patriam repetas, maris aude rumpereï metas ; Illis namque plagis præsul et exsul agis.

Est et in his oris æquum tibi cuhnen honoris, Urbem, quæ genuit te, tuus ohtinuit.

Hic stas autistes, lieet istinc eorpore distes, Urbem quippe rego, quam regit alter ego.

Huc igittlr poteris, nisi nos non visera quæris, Bloliri reditum, cuin fuerit lihitum.

Quo si forte vocas, eitus oceuram Bajocas, Vous me verrez de suité accourir près de vous. Mais, en me déclarant votre ordre indiscutable, Songez que de mès jours vous êtes responsable.

Sedes pfesulibus suffièit illa tribus. Aut si displîcet hoc, ’si entrera (lespicis istoc, Dicl quo jussus çam, sed cave 51e percam.

VI.

Allîvallon, archidiacre de Nana-as.

Oui, j’embrasse de cœur, ô mon fils bien-aimé, Ce poème charmant que VOUS avez rime ;

J’embrasse votre Muse, en tous lieux acclamée, Dont le jeu-ne talent fixe la renom-niée.

Vous allez répandant Podeur des bonnes mœurs : Le Christ, qui les Sema, cueille ces chères fleurs. Vous voila bien entre dans le camp (le l’Église : Vous ne pleurerez pas cette sainte entreprise. Naguères vous portiez et casque et bouclier,

Du prince, notre duc, rouspétiez chevalier :

Mais craignant du péché d’iufluonce fatale,

Vous courhates le front sous la main pastorale, Vous vous fîtes petit ; et le Christ, satisfait

VI. — M. episcapus In’. erclzidiacano.

Amplector missos a te, charissime fili, Versus ingenii signa benigna tui.

Amplector landes faune vulgante relates, Indolis acquiruxit quas documente tuæ.

Gratulor auspieiis “vitae nwrumque bonorum, Quos in te Christus, qui dederat, reeipit.

Ecelesiæ castris te gratulor associatunl,

Qui modo su !) mundi principe miles eras ’

Nec te pœniteat, quasi sis pejora secutus, Cito rudis factus milite de veteri.

Scilieet abjeetus magis eligis esse proplieta Quam peeeatoruin eastre nefauda sequi.

Passa tamen non est de te dignatio Christi * De votre sacrifice, en a hâte l’effet. Sans travail, et d’un bond vous atteignez les cimes. Uarchidiaconat aux fonctions sublimes Vous est d’abord donné par le choix des pasteurs, Qui, (l’usage, n7appelle à ce comble (Thonneurs Que les prêtres mûris par un labeur intense ;

Non pas que les canons en portent la défense ;

A leurs yeux, la vertu peut suppléeras temps,

Et permet de cueillir des’fruits mûrs au printemps.

Vous en êtes vraiment un exemple suprême, Et vos mœurs font briller votre fonction même. Juste, chaste, disert, toujours obséquieux, Vous montrez clairement a quel sang précieux Votre âme généreuse emprunte sa noblesse. O mon fils bien-aimé, le Roi, dans sa tendresse, Friomphant du démon, prend notre âme pour lui. Le Christ, divin époux, la caresse aujourd’hui, Ut vilis fieres inferiorc loco. Archidiaconii Inox suhlimatus honore Absque labore capis quod lahor assequltur. Sed non displiceat rectoribus Ecclesarium Accepisse ruïlenyquod forêt emeriti. Censuræ canommi res non præjudicat ista’, Quandoquidem, claudi legc, naquit probitas. Consummata brevi compensât tempora multa Virtus, et merito quod petit anticipât. Altum quippe locum datis tu dotibus impies, Ornas susecptum moribus officium.

Te perhibet justum, perhibet te lama pudicum ; r

Tu bonus alloquio, promptus et ohsequio, x Ut non sit duhium générosi germinis esse,

Queni sicd-commendat nobilitas animi. Rcx te concupüt‘, roi dilectissime fili,

Ut David Uriæ conjugis ohsequium. Dœmone prostate, sociavit te sihi Christus, Et veut créer en elle une race bénie : Ainsi David ravit la compagne (PUrie. Seul, devenu saint Paul, au chemin de Damas, La mitre vous attend. Je ne me trompe pas, Généreux Rivallon ; c’est là mon espérance. Pour ne la point frustrer, acquérez la science. Moi, vous me trouverez toujours là, toujours prêt À vous aider en tout, selon votre souhait. Je suis, dans le Seigneur, votre ami, votre frère, Donc, demandez de moi tout ce que je puis faire.

Ut perte crescat regja orogénies. Saulus eras, nunc Paulus eris, Christoque jubente ï Postmodo pontifiais suscites apicem. Hœe nobis de te spes, générose Riallon, Hue ne frustre mur, nocte dieque stude. Me vero facilem, me promptum semper habebis, Ut tibi non desit quidquid habere queanl. Conservus Domini tibi sim, patronus, amicus, Et quidquid juste plusve minusve potes.

VII.

À son ami Gaultîer.

Quand je veux envoyer vers’vous, à la campagne, Ma Muse accoutumée aux bruits de la cité,

Elle regimbe fort, etmà chère compagne. I Ne croirait pas chez vous être en sécurité.

Vous habitez lai-bas un séjour délectable ; "

Votre lyre a trouvé de lÎéeho dans vos bois,

Et quand vous. réeitËz un poëme admirable,

La verdure tressaille au son de votre voix.

Elle a vraiment grand peur, nia Muse épouvantC-‘e, Si mal ello traduit pour vous mes mandements,

lÿotre dans votre feu toute vive jetée,

Ou de voir déchirés par vous ses vêtements. a Ce n’est point un vilain, me dit-elle bien vite, Ce poëte vers qui vous voulez n’envoyer,

VII. — M. Gaulterio sue salutem.

Assuetàm turbis et luxu (livitis urhis,

Et sic obtusam cum rusfvolo mittere inusam‘, llla retrocedit, sibi 11cc tutum fore crédit

A te, Gaulteri, metuende poeta, videri. A Quippe loco frueris, «quo ; sicut et ipse fateris, Te vacuum curis invitat grsatia ruris, Respondente-lyra, cantante poemata mira.

, Hoe illam terrét ; ne simule jussa referret,

Aut sibi flagra dates, aut se feras igne cremares, Aut tuuica scissa, turpis forêt inde remissa. Est, inquit, villœ nequaquam deditus ille,

Ad queñi neseiolan} me vis mode nvizttere solam : Il n’a point pris pour lui, dans ces champs qu’il habite,

Ce qu’ils peuvent avoir de simple et de grossier. Sous ses yeux, tout le jour, il tient ouvert un livre ; Et quand, après souper, les autres vont dormir, Sans souci, tout entier à sa Muse, il se livre» Et dicte ces beaux vers que lira Pavenjr. Si je ne parle pas comme on parle à la ville, Mes rustiques discours seront bien’censurés ; Et si je n’use pas duplus élégant style, Mes pauvres parchemins seront tous ratures. Eussé-je été longtemps presque irrépréhensible, Pour une simple faute, il me déchirera. Envoyez avec moi, vers ce juge terrible, Le voisin, son ami, qui pour vous saluera. » Et moi je répondais au discours de ma Wuse : « Déesse, ne crains rien : je ne te trahis pas ; Rien ne Ifarrivora de triste, ou je nÿabuse,

Quamvismus habitat, tamen omnia rustica vitat. Nain liber adstat ei magna pro parte diei, Quin et post coenam solet ipse Vocare camœnaln, Et vacuus euris, dietare legenda futuris. Si quid inurbane,.si quid non dixero plane, Judicio vatis fiam rea rusticitatis. Ejus censure dabitur mihi multa litura, Quem mea non temere potuerunt errata latere. Aut etiam certe si dixero plura diserte,

Propter pouce. tamen faeiet mihi grande foramen. Mitte Coturnieum qui voce salutet amicum, Unum de vernis, non est via longe paternis. His verbis usæ respondi talia musœ ; Ne timeas, inquam, nec enim te, musa, relinquam, Si tibi quid triste (quod non pute), fecerit iste. lino libenter ces, ruris visura napæas, Et visura ehorum (quod dehes velle) sororum, — Causa voluptatis fiet tibi visio nati. Les Nymphes de ces lieux, Musc, tu les verras ; Dans leur chœur fiwiternel tu seras bien venue : Tu. verras leur enfant et l’entendras parler. n Ma Muse obéissante arrive et vous salue-z « Vivez aussi longtemps que l’on verra couler De la Maine les îlots dans Phërhe- fine e ; drue. n

Quenndignmn-laudis, cum nunquam vifleris, audîs. Paruit imperio mihi non’incrcdazla Clio,. Et quidquid mittat, sic te tatnen ecce salutat : Totnviyas annis, quot- Minis labitur amnis.

VIII.

Méditation.

Au fond de la forêt mon oncle a son manoir ;

J’y cours aussi souvent que j’en ai le pouvoir, Pour tâcher d’oublier des intérêts sordides,

Des travaux écœurants, des soucis homicides. Prés toujours verdoyants, silencieux bosquet, Doux zéphir, tour-à-tour babillard ou discret, Ruisselet enchanteur, qui chante et qui murmure Dans son lit tout rempli de fleurs et de verdure ; Tout cela qui respire et qui peint le bonheur, Tout me rend à moi-même et me» refait le cœur. Qui pourrait vivre en soi, patient et tranquille», Au milieu du tunmlte enivrant de la ville ? Entraîné hors de soi, »qui ne remplirait pas

Le Vain écho du bruit de ses propres ébats ?

l

VIII. — Sermo de viiiäs et virtutibus. «- Petendant esse solitudmevÿz..

!

Rus habet in silva patruus meus ; hue mihi sæpe Mes est abjectis curarum sordibus, et quæ Exeruciaait homincm, secedere ruris amœna ; Herba virons, et silva silens, et spiritus aurœ Lenis et festivus, et fons in gramme vivus Defessam mentem recreant, et me mihireddunt, Et faciunt in me consistera : nain quisin urbe Sollicite, et variis fervente tumultihus exstat, Qui non extra se rapiatur, et expers

Ipse sui vanis impendattempora rebus i ?‘

Hinc amor, inde odium, timor hinc prenait, inde cupide ;

f C’est la haine, l’amour ; l'ambition, la crainte, Dont sans cesse subit la trompeuse contrainte ; Les vices à leur suite accourent se grouper, À peine un homme est-il qui voudrait échapper. Il veut fuir, et la foule aussitôt le ramène Dans le flot vicieux, qui le couvre et l'entraîne. Il faut, fuyant toujours et la foule et le flot, Trouver, pour prendre pied un solitaire îlot ; Il faut, si le salut occupe la pensée, Chercher sur les hauteurs la vertu délaissée. Peut-être dites-vous : Quelle difficulté De remonter ce fleuve où le sort m’a jeté ! Dites-vous qu'il serait plus difficile encore, Si vous vous, rapprochez du gouffre qui dévore, Si vous allez vous-même à l'abime profond, De regagner le bord : ayant touché le fond. tentons donc le salut, si la fuite est facile,

Inter se diverse quidem, sed lege sub une Ignaras veri falso subdentia meutes. Quatuor hæc sequitur vitioriun exercitus omnis ; Vix adeo est aliquis qui non putet ista sequenda, Vel fugienda putans, qui non tamen ista sequatur ; Quippe renitentem trahit impetus ipse ruentun. Et promit a tergo velut indevexa malorum.

Est igitur primum, turhis elabicr, et sic, Praecipitem fixissc gradnm, cursiumque tenere. Tum demum reditum festinct ad alta relictæ Præmia virtutis, eniîänra est ulla snlutis ;

Scd grave forte putat, q-noilinnl prærnpta secutus Ardua moliri rnrsum neqnit ahsque labore ;

Esse putet gravius in præruptissima mergi Unde referre pedem, vel ibi sine fine manere ; Maximus hoc labor ; illud sors pessima rerum. Ergo quod levius prius aggrediamur oportet, Si leve nil restat, quod restat id aggrediamur. Tontons-le, quand bien même elle est’plus difficile. Si vous êtes mauvais, pour Dieu ! Ifempirez pas ; p Relevez-vous un peu, si vous êtes à bas.

Même lepœur gâte peut se guérir encore.

Plus le combat est dur, et plus il nous honore : i Et si vous méprisez la victoire et son prix,

C’est vous qlfen ce moment vous avez en mépris. Or, comprenez-vous bien l’impiété suprême

De cet insensé qui se méprise soi-même,

Pour donner to’11s ses soins aux biens extérieurs ? Gagnez tous "les trésors par de si durs labours,

Que sera-ce vraiment, si votre âme est perdue ?’ Celui qui, poursuivant cette reeheriehc ardue p Des seuls biens corporels, met son âme en oubli, Et pour elle, ici-bas, ne prend aucun souci, Ressemble au moribond zïson heure dernière :

Il n’a plus rien Œhumain, dçst un peu de poussière ; OlIJDÎGUX, c’est une brute engourdie au soleil

Si malus es, noli pejor, vel pessimus esse ; Quod si sis etiam de terri mus, ad meliorem Paulatim cor rape statum : nam maxima laus est Rem perdifficilem summo superare labore.

Si te contemnis, potes banc contemnere laudem. Sed nimis impius est et homo præpostertis ille Qui sua sollieitus curat, se despieit ipsum. Frustra quippe Iucris inhias, frustre colis agrum Incultæ mentis damno si deficis ipse.

Nam si non sentis luera vel distendra mentis Deditus his solis quæ corporis indicat usus ; Cum sensu careas (lesperatissimus æger, Non homo jam, sed humus veI bestia jure Voearis’. Hic de pestiféra fiteonsuetudine morbus À Lethargo similis ; sedet hinc evadere quosdam Contigit exeeptos mortis de faueibus ipsis ; Stiscitat hos aliquante quidam fortune sinistra

l Dans les rêves malsains d’un morbide sommeil. Et pourtant, quelques-uns par un effort suprême l Échappentsà l’effort de 1a mort elle-même : (Test souvent le malheur qui les a réveilles, Car rien ne frappe plus nos regards dessillés ; z Rien ne démontre mieux à notre indifférenctx Du terrestre bonheur la. fatale inconstance. La douleur que nous fait la perte de ces biens. Prouve que le bonheur ne gît pas dans ces riens. N’est-ce pas être heureux, nnvoir plus rien à craindre ? Et neïroyez-wous pas Combien ilspsont à plaindre Ceux qui ne savent point secouer leur langueur, Etdans de tels soucis "emprisonnant leur cœur ! 4 -Aimer ce qu’on peut perdre, on perdre ce qu’on ïzime, C’est craindre ou c’est pleurer ; et c’est le malheur même. Jamais la volupté ne nous rendit heureux. Si nous avons beaucoup, nous sommes anxieux’ : Riches, nous souhaitons nous enrichir encore ;

Pulsans atque moyens socordie peetora ; quippe

Casibus adÿersis patet inconstantio, rerunn,. Nec fieri quemquarfii fugitives posse heutum Indicatipse (lolor qui de fugientihus exstat. Nunc uno prosper rerum sue ces sus, et ipsa. De non perdendis jem p-ertlita sollicitude Suscitet ostendens etiam hane, impense luborem Exeitnt ; ut videant quanta languere graventur, Sed non ut veleant langue ris pellere causes.


p Qui dolet, aut metuit, patet hune non esse boatum ;

Qui perdit quod omet, vel amat quod perdere possit, Hic dolet aut metuit ; sed non est ulle voluptas Rebus in extremis, quam non cite perderc possis. Ergo voluptatum nullum facit ulla beatum,

lndicat hoe ipsi duplex fortune fruenti,

Tristis in amissis, aut anxizLde retinentlis.

Sors cadem cupidos cannes infestat, et illum

I Pauvres, la jalousie amère nous, dévore,

Comprends’cela, mon âme, éveille ta torpeur ;

Pour guérir, prends [la fuite. À coup sur, un docîeur Ne guérira jamais’un fiévreux volontaire.

Hâte-toi Œappliquer la cure salutaire ;

Si le mal se prolonge, ilion traîne la mort.

L’heure ne fut jemais plus propre cet effort :

Au milieu-des soucis et des labeurs sans trêve, q contemple et réfléchis combien la vie est brève !

Le passé, n’és’t-ce pas l’image de la uïort ?’ ’ Havenir est rempli de cette image encol’. 1

Le présent seul nous reste, et ce moment à peine Est né, que ’Ie passé ss’en empare et l’entraîne.

Et voilà les peusers qui müehsorbent le soir, Lorsque de mon parent j’hah ite le manoir. Qui cum nil habeat, multum tameu optat hahere ; Et qui plura cupit, cum jam sihi multa superstar. His ita compertis, mentis que sopore fugato,

Morbi quære fugam : nem qsponte sua febrieniem Damnat apud medicum pereuñdi prava volantes, Nec tibi differopem, quoniam dilatio curée

Morte repentira noununqixam iuterfioit ægrun}.

Ad resipiscendum præsens est aptior bora, A Intra tot auras infinitosque labores.

Aspice quam breve sit quod vivimus ; omnia vitae i Tempora præteritæ mortfs consumpsit imago. Mortis imago tenet nihilominus omue futurum. Illud tàntillum spatii brevis, atque pusillum Quod vivis præsens, jam præteritum fit et abseus. Hæc et plura mihi lioet, atque lîbet nieditari, Fronde sub agresti d-‘um rure moror patrueli.

l

IX.

Éloge de la vie monastique.

Bienheureux sectateurs du pur dogme-chrétien,

De propre à’chacun dieux, ils ne réservent rien. Soumis à leurubbé, dont la règle est letitïe, Nul ne voudrait agir suîvaîît son propre arbitre. Tous n’ont qu’un cœur‘, tous ont le même sefitîmente, Pareille nourrïtttro et paîeil vêtenïént ;

A moins- que le besËoi-n, ou dïîge ou de faiblesse, Nïautraîne à concéder Lino dispense expresse.

Le luxe est Încolïilll g ràrenferrt du p-ë-ché Uoccasion peut naître. À tous rien. n’es’t caché. Chacun, ’s’il voit Te mai, doit le Tain : connaître ; Et le mal est détruit même avant que de naître. Fuyant Poisiveté qui flous cbrrüfilfrt le cœur,

I

21X. — Lmus vitae monasticœ.

Felix grex honñinmn, qui Christi dogme. sequeiltes Contemptîs opibus, 1111 proprium retinent.

Unius arbitrio quos regula sancta coercet, Quorum quisque vsuo nii agit arbitrio ; f

Cor qui buse est unùnn ; quibus "Îlldîscl-‘üta v-oluutas, Par cunctis habitus, et CÜJUS est tsimilîs ;

Sic tamen ut cap-iatequo ïquisÿque videtul : agora,

Ætas ut fragiljsdebitlitasve juhet.

Luxus ahesfl : dmïris, zpecoandi rara facultas, Cuncti eunctorunl cum «tinreaut oculos.

Lex communis äiabot visasmox -pr-odére culpas, V Ut nascens v-itium pœua seqùens resecet.

Desiglialn fugiusltt 1.211301 Litîliäs occupat omues,

I x Tous poursuivent gaiement queiquïxtile labeur. Pas de confusion. Tout est réglé devance :

Le lever, le coucher, le travail, le silence, l La conversation. Pas un détail menu

Qu’à côté des grands faits la règle n’ait prévu. La nuit comme le jour, ils versent leurs prières

Dans le temple sacré pour eux et pour leurs frères.

Mais pourquoi ce détail ? Tout est gain et profit Dans chaque acte ordonné du corps ou de l’esprit. Le monastère est seul un vaste sanctuaire.

Si l’on a pu bâtir en la forme ordinaire,

. Autour d’un grand préau, quatre corps de logis ouvrent un porche égal sur le même parvis. Trois sont prédestinés auxpsages vulgaires,

Le dernier est le temple, asile des prières. Les moines réunis vivent en cet enclos, Comme dans leur bercail s’abritent les troupeaux.

Noxia tordantes ne suheant animes. Confnsum nihil est ubi fiunt ordine cuneta, Q Curatur totum négligiturque nihil. a, Nee solum vitae, sed constat et ordo loquendi, Dispensant æque maxima cum minimis. Nonnisi præseripto quisquam loquiturve, siletve, V Stat, sedet, incedit ordine quisque suo. Ecclesiæ limen noetesque diesque fréquentant, Et sanctis preeibus seque suosque juvant. Quid moror, et verbis evolvere singula tente ?

Quidquid agunt opus est corporis aut animæ.

Qniquod sic habitant ut sit saeer ipse ïdomorum, ’

Et situs et numerus, sufficiensque sibi.

Quadratam speciem structure domestiqua præfert Atria bis binis inclyta. port ici bus. a Quæ tribus inclusæ domibus ; quas corporis usus Postulat, et quarta quæ domus est Domini, Discursum monachis, vitam dant, et stationner,. C’est d’abord la cuisiné, avec le réfectoire ;

Puis’le dortoir conlmun, puis le laboratoire ;

Enfin, le temple saint, au ÿrai Dieu consacré, Dont-le flanc se prolonge et ferme le carré.

Tel est Pasile chaste et digne de louanges,

ou ces humbles-(l’esprit vivent comme des anges. Je les, comparerais aux soigneuses fourmis,

Qui, pour édifier leur merveilleux logis,

Entraînent des fardeaux quatre fois plus gros quelles, Et remplissent de grain ces cellules nouvelles, Pour’manger en commun durant Phiver brumeux. Je les comparerais, tout aussi bien et mieux,

Aux abeilles du ciel qui, de corps si clietixres,

Sont pour le saint travail si constamment actives. Leur cellule à six pans s’emplit d’un miel épais ; Elles-mêmes ont fait l’admirable palais ’

Où toutes vont, suivañt les mêmes disciplines.

r

Que. velut in caulis contineantur oves. Quarum primajdomus servat potumque cihumque, Ex quibus hos refieit juncta secunda domus ; ’ -Tertia membre fovet lassata laborc diurne ; Quarto. Dei landes assidue resonat. Plilrima prætereo simili condigna relatu, Sed bréviter dicam, nil superest, vel abest. Hos igitur proceres, huflc dignumklaude senatum Exiguum specie, moribus cximium, Compare formîcis qtiarum studlosalaberum Turmula connectât corpore majus onus ; Quæ ne non possint communem ducere vitam Iisdem suh laribus horreaparva locant. Compare divinisl apibus, quæ corpore parvo Ingentes animes egregiasque gerunt. Hcxagonis cellis, quæ mella Iiquentia coudunt, Utile mirifique quocl fahrienntur opus ; Quæ disciplinas, cjitæ jura domestiqua servant,

4s Je les comparerais eaux astres, fleurs divines, Qui brillent chaque nuit à la voûte des cieux, Et décrivent sans fin leur cercle harmonieux. ÿ Blais j’ai parlé des cieux z n’est-ce pas aux archanges Qu’il faudrait comparer ces modestes phalanges ?

Les moines Sur la terre, et les anges aux cieux, Disent le même chant, simple et mélodieux ;

Les chérubins là-haut, les moines iei même,

servent du même Dieu la majesté suprême“

Quasque simul reficit ingeniosa domus. Compare sideribus quîbus aula superna refu-lget, Aera quæ furvum noctizbus irradiant. Quwsemel impositam servant par sæcula legem, Quæ solitos cursus et numeros peragunt. Compara gyranti solemnÿter omnia cœlo ; Insuper angelicis compare virtutiibus. Qui semper Sanctus triplicata voce résultant : In terris monachi qudd modulantm“ idem, Sic cheruhim cœlo, moïraehi tell-ure maneñtest, ’ » l Uni dent unum serlvîtium Domino. V

X.

Éloge de la Chasteté.

Comme une fleur dans la prairie,

La grâce de virginité.

Brille en cette fille aguerrie

Contre lflinfäine volupté.

’ '1‘ont près de lia. vierge est là "veuve Qui, cherchant un suprême bien, Après une première épreuve i, ”a pas voulu ("l’outre lien.

Bien loin, sans doute, bien, loin (Pelles,

Mais au chemin du Paradis, :.

lilaircheilt encore à pas fidèles Les voluptueux convertis.

o fils de la ViergeiMnrie,

Quel bonheur (l’entendre ta voix,

X. — Cammendatio äastitaiis.

Ut Ilos in pratis, sic gratin virginitatis In mulière bona, maribus quoque prima corona.

Ad- rus oontiptäs qiios non trahit ulla voluptas, Proxima castoruin 1ans est virtutiis eofum

Qui semel elïpërti Iwlunt 2rd fonda reverti.

Tertio. non talis’, prior estelæproxima qualis,

Sed pars virtutis tamen est, et causa szilutis Scilicet illorum qui post. grave. fiegitiorunl Assuetumque malum retrahnnt a crinfine talum. O houe Nlessia, de virgino natt ; Bilaria ! Ta douce voix, toujours chérie, Dire à ces vierges de ton choix :

a Vous avez suivi mon exemple. 0 vous, qui m’avez imité, c Venez vous asseoir dans le tenlple De la sainte virginité. n’.

Puis séparant des boucs infâmes, Voués au brasier «éternel,

Les chastes veuves, nobles âmes, Tu leur fais place dans le ciel.‘

0 Christ, que ta miséricorde,

Vers nous, pécheurs, sïncline enfin, Et que notre humble nef aborde Au port, au céleste jardin ! ’

s

Si dans ce gazon diaphane

Je ne suis pas la rose (For, Que je sois le Valériane. Dont le parfum te plaît encor !

Quam sunt felices quibus hoc mitissinme dicos ; Inter virginies sit portio vestra choræas,

Cum quibus est aequum me, quas et pergere mecum. À «

Hos quoque mercedis ratio seceruct ab hædis Quorum vita manda. deeor est in sorte secunda,

Ultimus o Lltinam nostram regat ordo carinam Ad vitæ portum, paradisi scilicet hortum ! Quem colis æterno gaudexls per gramina ver-no

’ Gens felix, cum qua, si non rosa, sim saliunea.

XI.

La Volupté.

Les philosophes grecs ont chacun leur système, Et chacun, obstiné, tout épris de soi-même, Condamne sans pitié les dogmes du eÿoisin. Les principes du monde et le bonheur humain Ont été le sujet de mille commentaires Plus habiles que vrais. La foule, des sectaires, Pipée aux mots subtils, a suivi les erreurs. A Épieure n’est pas le dernier des docteurs Aux yeux de bien des gens. Le sÿstème atomique ’ A du bon, et surtout le système pratique, Qui pour bien souverain prêche, la Voltipté, Tuant Pâme et niant son immortalité,

Disant que rien ne reste au-delà de la vie».

XI. ’— De Voluplate. t.

I

Græeia philosophes hàbuifdiversa sequentes, Dum sibi quîsqite placens alîortnn (Iogmntærdamnat, Ut semel assumptam pudor est deponere partem. Hi de principiis mundi Vitaque beata

Millia verborum studuerunt texere multa,

In quihus ingenio, non re, subtiliser usi

Plura probabilités quam vere composuertlnt, Errorisque sui multosghabuere sequaces "i Artifici captes dicendi commoditate.

Inter quos habitus non ultimus est Epicurus’

Ex atomis perhilaens muudi consister-e molem.

o Iste voluptatem summum deternriiïat esse

Pcrfectumque honum, que quisque fruendo beatus, D’Épicure en ce point la Doctrine est suivie Plus que celle, à coup sûr, «Taucun autre docteur ; Pythagore et Soerate CUL-lis un sectateur ?

îllais qui pourrait compter les régions, les villes, Les gros bourgs, les hameaux et les maisons, dociles, En morale siwtout, au dogme épicurien ?

Et moi-même, à mon tour, je le confesse bien,

Je serais du troupeau, si la volupté même, chassant tout noir souci, jouissance suprême, Pouvait durer toujours. Par contre, s’il est dit Que le plaisir fatigue et le corps et l’esprit,

Ma raison me fait fuir la volupté, qui tue.

Tout (Tabord, il faut bien que l’homme s’évertue Atrouver le plaisir, qui tout seul ne vient pas ; Blais supposons qu’un autre ait pris tout Pemîiarras De ces préparatifs, et voyons, dans l’espèce,

Si le bonheur gît bien parmi cette liesse.

N’ayous pas seulement des mets délicieux, Congaudensque sibi sine sollicitudine Vivat, Seilicet aut animes cum eorporihus périturas,

Aut nullum eredens meritum post fata manere. Ilujus diseipuli plures sunt Pythagoreis, Socraticis plures, nec quisquam philosophorum. Tot propriæ seetæ potuit reperire sequaces.

Quis numerare queat regiones, oppida, vices, Urbcs atque domos Epicuri dogma sequentes ?

Sed nee ego dubitem si corporis 111121 voluptas

Hoc przèstare potest, ut sollieitudine pulsa Perpetno gaudens ætatemsducere possim,

Inter delicias præbçre manus Epieuro.

At si constituoit quod pernioiosa libido

Corpus débiliter, mentis que retundat acumen, Obtiueat ratio quod sit fugiendavoluptas. h Prinium delieias Epieuro efficientes

Nonnisi sollicitus queat ipse parare magister. Que la peinture et 1’or- réjouissent les yeux, i > ’ Queue tous les autres sens trouvent aussi pâture. Dans ce salon, garni d’u ne riche tenture,

Dresse les lits, esclave, et fais-les assez mous

Pour qu’Qn ÿretende à trois cil seraient quatre époux ; » C’est la largeur qu’il faut à de bons lits de table ; Recouvrez bien (le fleurs ce parquet délectable :

’ Puis que vienne le Roi, de perles couronne,

Et tout vêtu derpouupre, au lit de pourpre orné.

Que la laineet le fin mêlent leurs. couleurs vives, Au manteau comme au lit de chacun des convives ; Qu’uvn vêtement paÎreil couvre les serviteurs ; h Que serviettes et nappe étalent leurs bleu-clients. Donne le pain léger, brillant comme le neige ;

Des galettes au miel, aligne le cortège.

Les coupes de cristal, les hassilms éclatants, Les plats divers rempli-s (le mets appétissants,

Rentre-les. Le bétail n’à Potable on en rraisse ; a.7 I. à

Sed, verbi causa, nos illi cunctanparemus

Commodé sollieiti, gratis quibus ipsc fruuttir,

Et videumus utrtlm sil ; luxuriance heatus ;

Nec Vcro tantum demus sibi dulcie gustu,

Sed paseenl : oculos etiam pulcherrimzi visu, Sensibus et ceteris. nrlsit sua- etiique voluptas z, Sterne, puer, lectos, lace terne perato quateru.is., — v Hunc poscit mnnerugp genialis forma triclinium, Cortinisque (lem-um pectique tapetibus orne,

Porque pavimentuigï redelentes spnrgite flores.

, Ipse mieans gemmis princeps, patère-que superbus

Accubet in lecto pretioso muriee tecto, Stragula convives, sen byssine vest-is ztdornet, l Turba mjnistïroruin cul-tu slt amicta decenti ; Poneiflehine neensas, mznlti-lia candide, mappas, Confeetum nivca profer similaginc penem,

liiellitas crieur solemnivter acide placentas, Le gibier, qu’en forêt la même ardente presse ; Les oiseaux, réservés pour les banquets royaux ; Les poissons délicats que nourrit en ses eaux Le fleuve ou l’océan ; les fruits de toute sorte Qu’un jardin cultivé pendant l’automne apporte, Tout ce que ce bas monde à notre goût fournit, Offre-le : des blasés réveille l’appétit.

Use bien tout ainsi de chacun, des liquides ; D’un Falerne de choix laisse les entres vides ; Mélange à la liqueur le miel et le parfum.

Au poste des valets qu’il ne manque pas un ;

Pannetier, échanson, cuisinier, majordome,

Du même pas que tous marchent comme un seul. homme ;.

Car si quelqu’un tardait seulement d’un moment, Le roi souffrirait plus de la faim, que vraiment Il rfaurait de plaisir à manger. Pas de trêve,

Et que chacun des sens par le plaisir s’enIève, Flûte, clairon, guitare, histrions et danseurs,

Fulgentes calices, nitidos appone catinos, Fercula. diversis condita saporibus infer ; L Quadrupedum carnes quas dura domestiqua-nutrit,

Quasque canum si’lvis solet exagitare Iatratus,

Omne genus volncrum quod regia mensa fréquentât, Æquoreos pisces et de Iluvialibus undis Affer, et electos de qualihet arbore fructus, Et quidquid tellus homini producit édile,

De Vilis ut’stomachi dapibus fastidia vincas ; Utque voluptatem capiat subtile palatum, Nec minus et variis distendit potibus utres, Cæcnba non desint, nec desint vina Falerna,

Pocula pigmentis et melle sapora propina,

Bis pister, pincerna, coquus, d api fer que parândus Insistent opus est, et turba miner famulorum, Ne si forte moras protraxerit actio segnis

Sit miser ante l’ame rex quam comédendo beatus.

/ —» lflîä, —

Ciznbales, tambourin, lyre, Ilùtmtzhanteurs,

Et s’il est d’autr e engin que la musique emploie, A l’œuvre ! remplissez les oreilles (le joie ! Que le nard précieux parfume la maison ;

Qu’on répande le baume et l’encens à. foison !

Et puis quand ; l’estomac rassasié digère, Barbier, tiens’prêt le bain où 1’on va se refaire ; Brosses, peignes, onguent, queitout soit sous la main ! Ainsi tout est flatte dans ce royal lestin.

I.es couleurs et les sons, et les senteurs choisies, Avec les mets divers, alarmantes ambroisies, Tout enivre les sens. Est-ce là le bonheur ?

— Non, car tout cela passe, et voilà le malheur. Le bonheur ne gît point aux choses périssables, ’ La crainte et le regret nous rendent misérables, Et nous ne pouvons pas un seul moment jouir,

Ilnterea ne qua lraudetur parte voluptas, Pibicen, tubicen, citharistria, saltriagnima, Cymbale, psalterium, lyre, tympana, fistula, Voces ; Et si quod genus est quod musica dulcius aptet, Singula deleetentfestivis cantibns aures.

Nardi læta clomus pretiosi fragret odore,

Balsama respirent, nec desint galbana, nee thus. Post hæe cum fuerint jam viscera plena heàti, Balnea, tonsores, strigiles, unguenta, silotrum, Queis niteat curata cutis, sint-rite parata.

j Sic color atque sonus, sic et saper omnis, oçlorque,

Sensusäcorporei quibus ail momenta fruuutur, si quos objectant usu præsente beatos

Efficient, miseros cite discedendo relinquùnt ;

Sed neque qui fruitur re quain cito scit péridural Securus. gaudet‘, nee sollicitude beatum Ulla de cet, sine que 11eme fruitur périturis,

Nam cum defuerint, eupit insistitque fruendis ;. ’, n ’ 1mm fruitur meturt ne se lugmva reluquant,

vm 30 Sans penser quï : l’instant ce plaisir va finir.

Ainsi, si nous veillons, le noir souci nous presse. Trouverons-nous an moins le bonheur dans Pivresse ? Le souci, le désir en nous s’est endormi,

(Yest vrai ; mais le bonheur ne (lort-il pas aussi ?

Si le réveil nous rend tout aussi misérable,

Le sommeil éternel serait seul enviable. k Mais contemplez ce corps immobile et, honteux, Dont les mets et le vin ont rempli tout le creux ; Uestomac ne les’peut (ligércr qu’a grand’peine ;

Le poumon oppressé semble être hors (Fhaleinet ;

Le front ne contient plus le cerveau palpitant" ; Hivrogne rote et ronfle. Est-il heureux pourtant ?

— Et de combien de maux tous ces excès sont cause ! Énervé, les canaux remplis (Vun sang morose,

Notre ivrogne est en proie à des fièvres sans fin.

Les membres agités d’un tremblement soudain,

lnque vices nüserum carpunt timor atque cilpiilo. Ergo neqnit vigilans non sollicitndinc pungi, Ailsatur, et multo vino somnoque sepultus

Nil cupiens. et nil metiiens fortasse beatus.-Esse potest, cum se non sentiat esse beatuni.

An siquidem miser est, nisi tempore dormiat omni, Dormiet æternzim, ne sil : miser evigilando. Ridiculum niniis hoc, illndque videtur ineptum Quid quod et cbrietas et crapule corpus onustum Interius vexant, in fla taque viscera rumpunt,

Dum gravis immodicas stomachns non digerit escas, Et male latentes exhalat copia ructus,

Vixque sub hac massa pijilmo respirat anhclus, Lymphatunaque 1ncro cercbrum cava tempora pulsat. Quae poterit, precor, esse quies in turbine tante ? Quin etiam morbos parit immoderata volnpta-s Neuves dis sol vit, venarum cursibæus obstat,

Et générat nimias vitiaito sanguine fcbres, ’ I

46"

A pas précipités il roule vers In tombe.

Rien ne peut relever ni son esprit qui tombe, i Ni ses sens engourdis. Combien est différent

Le sort toujours promis à Phomme temp-érailt !

Il est sobre, et son corps garde son énergie, Son sommeil est léger, son réveil plein de vie, Son esprit excité garde bien son entrain ;

Et ses jours prolongés sont sûrs d’un lendemain. — Où placer le Vertu, quand lu volupté prune ? Quand de la passion nous sonnmes la victime, Que deviennent prudence, ’ordre, justice, honneur ?

Cet homme. est étrangle par les Inains (1’un Voleur ;

(Test que la voluptereelatne sa flepouille ! (Ïest ÏELVO-Ïllplë même, infâme, qui se pouillc

Dans la succession d’un père, dont les voeux

l)’un enfant ont hâte le trépas monstrueux ! p infâme volupté, de tous les maux artiste,

Ac reddit tremulos eonsumptis viribus artns. Denique præcipitätt bpvioris tempora. vitae ; Postremo nihil estfquod sic exstinguere nientis Scintillam queat et vigiles deznergere sensus. Contra sobriétés, mensura quo parce eiborum, Luxuri/æquet modus sensus conserva} ; alaeres, Et natnrali confirmât robore corpus. Et sornnos (litlees, et euneta salubria præstat, Excitat ingenitun, montais custodit ocumen, K nltlltiplicatqile (lies, ac vitae prorogat annos. Quis, rogo, virtuti locus est, ubi terra voluptas Regnat ? N um quisquam dominante libidine prudents,

V Aut justes nuoderansvc potest, seu fertis haberi ? Cul’hominem jugulat manus importuna latronum ?v Scilicet ut spoliis redinmtur infiqua voluptas. Cur frater frntrenï, cur nonnina saneta parentes in nïortem nati votis propernntibus urgent ? Ut SIICCGSSUTÎS contingat i-Iliqua voluptas. Non, tu n’es pas, ainsi que le dit le sopliiste,

Un bien, le plus grand bien ; mais contraire à tout bien, Détruisant la vertu, tu ne nous donnes rien,

Rien, si ce n’est le vice et sa séquelle impure ! Rejetezælone le dogme insensé d-’Épieure,

Si vous voulez vraiment arriver au bonheur ;

Rejetez du plaisir le système menteur.

Si vous ne voulez pas aller aux porcheries ;

Que (liment (le Satan les grandes boucheries !

Denique cunctorum scelernm fit causa voluptas.

Ergo voluptateizi nee summuln constat habendam

Nee medioere bonum, minimum negat ipse sophista. Qui summum prohibet ; sed nos utrumqtie negumus, Quippe bonum tiatura boni neqüit esse repugnans ;

U t vitiunl vitio confligere sæpe videmus,

At eunctis inimica bonis solet esse VOÎUQIIIS,

Quam stunmum iaatel : esse malum, quia destruit emnem Virtutis speciezn ; vitium parit et fovet omne. Quaproptei stultos Epicuri respue sen-sus, -Qui cupis ad vitam quandoque venirebeatam ; Sperme voluptntes iñimieas philosophie, i

In grege poreorzun nisi mavis pinguis haberi

lllisa rigidam passurus {rente seeurizn. LIVRE 11


FABLIAUX E.T SATIREAS-


Le Loup qui se fait Moine.

Au’milieu d’un nofnbrcux troupeau,

Qui se prélassait, gras et beau,

Dans un plzznturemt eärturage,

Un sire Îoup faisàît ràvage.

Le berger, devenu cîîassetlr,

Poursuit én vain le ravisseur.

Bientôt la patience s’us c,

Et, [urenant un plus sur moyen, Il sait fie courir à le ruse, «

Quand le courage ne peut rien :

Au centre de le vaste plaine « - v Sbleÿäit, svelte et droit’, un chêne. l. — Ëwrabola (le fraude a lupo ogyilioni fada.

x

Sæpe lupus quidam per paseua latevagantefs Arripuit multas opinions oves’. e ’ ’

Lædere raptolÿenl postquam virtute nequivit, Illaquearc dolo p-{ISÈOP eum studuit..

Nqmrigiduam {leetit tznjto concubine quereuln,. Ut caput illius tangete passer, lutmuny ; Le pasteur, de son bras nerveux, Courbe au s01 le tronc vigoureux : Il attache au sommet flexible Un nœud coulant, engin terrible, on s’étranglera Pimprudent

Qui viendra toucher seulement

Un bâton léger et mobile,

Disposé par sa main habile.

Sur le milieu de ce bâton,

’ Qui retient la corde homicide, Il dépose, amorce perfide", La tête ÎTun jeune mouton ; , Et ÿéloigne. Bientôt arrive

Notre loup, de loin attiré

Par le fumet de la chair vive.

Il court au piège préparé,

D’un bond sur la proie il sïälance ; Le ressort part : le col pressé‘ Comme un voleur à la potence, Dans Pair le pendu se balance,

An haut du ehene redressé. i

Le berger, tout joyeux, devance, Prend des cailloux et les lui lance :

Et eapiti flexo laqueus sic neetitur unus, lilobilis ut laqueum detineat baculus ;

Sed laqueum terræ baeuluè sic applicat ille,

Ut laqueo pereàt qui baeulum moveat ;

Et medio laquei sie inseritur caput agni, Ut baçulum moveat qui caput arripiat.

Tune abit epilio, lupus ingenium pèfitiillud, Et rapit egninum protinus oie capot. Sed baculo moto, laqueus ligat illico eollum,

Atque rigor quereus tollit in faite lupuni. Ut videt opilio eaptum pandore làtronéni, Mittit illuc lapidès, accelerando necem. Le drôle à peine en est blessé, Cur les méchants ont là ; peau dure. changeant le mode de torture,

Le pasteur saisit son bâton

Pour les sommer ; le loup, d’u11 ton ’ Bien piteux, dit : — à Je vous en prie, Doux berger, oyez mon propos,

Je ne veux dire que deux mots. Faites-moi grâce (iela vie,

Je vous paierai cent fois le prix

Des moutons que je vous ai pris.

Mais je n’ai pas même une obole

lei. Lâchez-moi sur parole, Laissez-moi retourner chez moi.

Je puis vous donner un bon gage,

Car je vous offre comme otage,

Et comme garantde ma. foi,

Mon louveteau : je vous le livre. v Vous-même, décidez du jour

Que vous fixez pour mon retour.

Si vous daignez me laisser vivre,

Tout serait bien’profit pour vous ;

Vulnera mille faeit, lupus ut pereat Iapid-atus ;

Sed nequit expelli z-zipiritns ille malus. Ut magis hurne crueiet tandem «deponip u !) illtû, Atque levaus fustem, protulit «istalup-o : Nil faciunl ; lapides, cerelntuiai jam fuste relidam, Atqile mais agnis inferias faciaux. Mox lupus oxelzrmat : Mieerere, piissimepusrtor, Et tihi-quæ referam pereipe pouce precor. Si mihi dignatus îueris COHCC(1CI’C=VitaID,. "Ofnuia quœ rapui oentupla restituem. ’ Set] nihil hic hubeo ; si mepatiaris alaire,.. Ne tibi sim fallux, utile pignus hebe.

Congruus obses erit lupulusemeus, huno tibi traduira, Que je manquasse au rendez-vous, Car mon fils, à la fleur de Pâgc,

Pourrait vous Lire un grancldommage, Grandis qu’iun vieillard édenté

Ne peut rien. D’un autre côté, Quels fruits pouvez-vous donc prétendre

De ma mort ? na chair n’est plus tendre,

Ce serait un triste ragoût z Vous ne viendriez pas à bout

De tirer même une pantoufle

De ma vieille peau. n — Le marouflc

Se tut enfin. Et le pasteur,

En cela se montrant peu sage, Prit le louveteau pour otage

Et relâche le vieux voleur. Celui-ci poursuivait sa route, D’un pied juvénile et léger,

En secret ruminant, sans doute, Quel tour il jouerait au berger ; Quand, au bout de la vaste plaine, .. Il fait la rencontre soudaine

l)’un moine que suit à pas lent L’humble et discret frère servant.

Ut veniente (lie quam dederis redeam. Ut redeam Illlllqllîtll] minimum clamnum tibi gestat, Pro scne confeeto si juvenis percet. llle nocere potest, ego nec vivondo nocebo, Et tibi si perce, commode nulla dabo. 1 "folle meam pellem, tibi non erit apte cothurno. Tollc meam surnom, non erit opta cibo. Ncscio cur miserum corpus (lispergere qnzeris, Cum tibi (le neutre parte sit ntilitus. Ut bréviter narrem, (piantocius obsièlc smnpto, Dut remeare lupum credultis opilio. lllc par uns artem quu fnllcret opilionom, — à Salut, ô père vénérable, Ditle loup, tombante genoux, ’ Ne repoussez pas un coupable Qui veut se confesser à vous. Je pleure mes erreurs passées, w ’ Mes convoitises insensées ; Je meurs de honte au souvenir 1 Des agneaux que j’ai fait périr. Je quitte ce chemin’funeste, Et, pour tout le temps qui me reste, Je ne veux pas un autre but Que de mériter mon salut. Employer ; le fer et la flamme, Commandez cilice et fouet, Et jeûne et veilles, s’il vous plaît, Homme de Dieu, sauvez mon âme ! Faites un moine du bandit z Coupez, rasez ma chevelure, Ëlargissez bien la tonsure, . Et donnez-moi le saint habit. Ifoute peinturent son salaire. Ne pensez pas, Réverengl Père, Que je vous demande pour rien ’ Un service. J’ai pour tout bien Une brebis, de provenance Un peu suspecte - : la voilà…

’ ÇDum renaeat, Jnonachum repent et faniulum. Mi Pater, inquit, ave, ne flespieeverba preïzantis,

Nee quin peecavi, me reprobare Velis., -Poenitet erroris, boue mundi sumere tædet lnnoeuumque pecus me jugulasse ; pudetu Jugibtts illecebris nil prodest membre foirere, Si sit habeudn mihi nulle salus venige. z Pereute me virgau-vel quovis tundeilagelle ; liane enimam tantum, nvir pie, redde Dee. Si votre règle Œabstinenee

Vous défend la chair, donnez-la.

À ce bon frère ; il restera. Pour-vous, mon Révérend, la laine. n Le moine prend la riche aubaine En homme fait aux gros cadeaux. Il choisit ses meilleurs ciseaux Pour raser, d’une oreille à. l’autre, Le chef crépu du bon apôtre,

Fait un discours en quatre mots Sur la règleménobitique,

Et lui met enfin sur le dos,

Tout Puniforme monastique.. Cependant arrive le jour

Où les loup doit, par son retour, Délivrer sa progéniture.

11 vient, Pair modeste et pieux, l’étude sa robe de bure.

Le berger n’en croit pas ses yeux.

Cæsariem tundeus, latam, rogo, rade eorouam, Et mihi sic raso da monaehi tunieanl. Neve putes frustra tantum perferrelzæborem, a Dum mihi non data sir, de tibi munus ovem.

. Si tibi non placeant. date fercula Garnis oviuæ,

Da famulo carnem, tu tibi vellus habe.

U t recipit monaehus nimis accepta bile donmn, Forficibus sumptis, illico tondet eum ;

Atque caput radens, tantam studet esse coronam, Ut sit ah aurieula eircus ad auricules :

Et docet ulteritis qualis forêt ordo tenendus. 1nde cucullatum præcipit ire lupum.

Venerat ille dies quo reddi dehuit obses, Quo lupus ut redeat pollicitus fiterat. l.‘une redit : at pastel’cognoscere vix valet illum ; Nana mode fulvus erabquem vidaet esse nigruln. — « Quelle est, dit-il, cetteeventure ? ’ Je vois noir ce que j’ai vu gçis ; s Est-ce toi, voleur de brebis ? u L’œil fvlein (Tune larme factice,. Le loup répond : —=— a Dieu vous bénisse ! lC’est bien moi. Lo1’sq’ue, tout meurtri Des innombrables coups de pierres.. Que vous me donneaiïtes neguères, Je nÿen allai mourant (Pici, Le médecin, tàtant ma veine, Me trouvant le poiils fort iiiatrvais, Dit que ce Iÿétait pas la peint : De me traiter, que j’en montrais. , Vient un Inoine plus ëharitæhlc, Qui nfexliorte à me reÿentir ’ De ma conduite àbonlinabl-e, ’ Me rappelant que bien mourir — Silflit pour racheter la Vie,

Et que c’est l’heure (le la mort

’ Qui décide de notre sort. j Il irfinspire enfin Acette cnævie De laisser un, monde maudit Et de revêtir cet habit.

Qualis cras, 111quit ? nhnis es mutatus al) illo Qui pecuïltiïn’räptoïÿräptus eras laqueo. llle caputflectens, Ifostqualnv benezliciäe (IÎXÎË, Ora rigans läzerÿtnîis, talia vçerlaa (ledit :. Vulneribus lapidum mihi quäe (Ioderas maceratus,

Nuper eram lämguens, atlftlit et méditätis.

111e prenions venam, pttlssi1m iñäle currere sensit, Et mihi : Non ÿives, sed morieris, æiit ; lntereamonaôhtis venîtqui viseret œgmm, Et monet ut tandem pœniteam SÔEÏCFIÏÏII} ; Spemqtie (lacet szinïitaln, quia llïlllïllS/Püïdlilÿlls esset, Gui mafia Vitüfuit, si hona mors fieret. Œuvre (le-grâce ou de nature ! V’ ’, À peine avais-je ainsi changé s Etile mœurs et de nourriture, ’ p ’ l Que je me sentis soulagé. p ’ , Pour 11101, quel immense avantage !

Puisqu’au joi1rcl’hui je puis venir, Délivrant mon fils, mont otage,

l’rendre sa place pour mourir !

Je irai point la rançon promise,

Ayant fait vœu de pauvreté. Œïaitez-moi donc à. votre guise ;

Ou pardonnez avec bonté,

Ou que mon trépas soit hâte,

Si je dois périr zil me tarde

D’en finir. n —‘- r : Que le ciel me garde De mettre encor la. main sur vous." Combien je regrette les coups

Que vous porta ce bras rapide ! Pardonnez à mon humble aveu/i

C’est être deux fois homicide

De frapper un homme de Dieu.

Votre fils est libre, et vous, Père : ’ Allez en paix‘. n — C’est le pasteur

Qui fit ce discours dehomaairc.

Denique persuasif penitus contemnere mumliiiii, p "

Et mihi sic rase tradidit huile habifuizi. Ut veteres mores alimenta que prisca reliqui, Qui fileram langueus, illico convalui. Nunc quia (lchebâtimeus obses perdere vitqm, Ne pereat imtus, poncre quæro meam. Hue rcdiens, sieut me iproposui rediturum, Quoi ! tibi restituas, nil hubeo proprium. Fallere nolo fidem, si vis mihi pgtreere, parce.‘ Si placet ut peream, me citius perime. Hæe mea, pastor, ait, te lærlel : ilextera uimquam ; Les loups en tirent (le bon cœur, S’en allant, libres, par la plaine. j Puis le loup dit’au louveteau : 4 à Plus de craintes, mon fils, tout beau !

Arrêtons-nous. pour’prendre haleine.

Je me sens une faim de loup. "Les llêrrttlnes Ifoilt pas degofu,

J’esti.mc..aiçssi peu le fromage,

Que je meure, si je nÿengegc A pratiquer jusques au bout , Cette abstinence, dontÿenrage ! ’ n. Rien n’est véritablement bon, Enfant, que In chair de 11191112011. i» 11 dit, » et d’un seul bonçl sïlailce Sur le bercail épouvante, Q Et de plus belle il rccommeilcc Son brigandage (ÏÔÜOÏIÈÔ. Deux joins après qu’il eut fait grâce, Le berger crédule et bonnaéseljrouve son pénitent nouveæiu —Qui déjeunait (Yen tendre agneau. I Le brave homme se sczmdelise : — u Mon frère, Illelle gourmandise !

Sed quoniam læsit, postule, de veniam.

lnterimens’monachiùn, fierem Onplex homicide,

Obses erit liber, toque domum rennea. lfunc rclncant hilares, tùtique morontilr in aigre, Cnm lupus esuriens rctulit l-nec lupulo : ’

Crcde mihi, fili, nimis est caro dulcis ovine, Et cibus asper crit cziscus et que loba. ’l

Non onus assumam quod noirpossim tolerare Dixit, et ut dudmn eœpit oves rapere.

Sed breve poste tfilnplïls duni raptoi vescitnr agno, Aspicit hune, et sic argnit opilie :

Sonos cs et nmnaclnis, non tlebes carne cibari ;

7 Vous êtes moine et bien PQIÜIZËIl-llt, Me paraît-il, et cependant,

Malgré la loi de saint Basfllc,

Vous oubliez jeûne et vigile. n

— à Il est, répmad le loup pervers, Dans le bien des degrés divers ; Avant-hier, si jüâtais nwiue,

Pour le momexit je suis chanoine. n Et, sautillant d’un air nnrqubis,

Il s’enfuit au fond des grands bois.

Non ira saucta jubet regula Basilii,

Inde lupus : Non est simples, ait, Ordo bdhorumg :

Et 1110110 sum Inonachus, canon-icus modo sum. Et sic in silvis luflus ivit subsilienglo. Se male delpsun} colnperit epilio.

II.

Rimes canoniales.

Oui, le temps est venu de dire en vers sévères De quoi souffrent, de quoi se lamentent nies frères. Saints pasteuçs de l’Église et. du peuple chrétien, Pontife juste et droit, et qui voulez le bien,

Et vous, ses conseillers, princes de la clergie, Ouvrez Pâme et les yeux, oyez çe que je GBÎO. Les fidèles aussi, qnïils soient jeunes ou vieux, Doivent prêter l-‘oreille à me voire quand je-veux Du malheureux clergé traduire iei la plainte.

Je jure de parler sans nlensojage et sans crainte ; Et si quelqu’un pouvait douter de mes propos, Quïl voie autour de lui les actes des prévôtsl Par le venin l’on peut connaître la vipère.

N

Nos règles, lllesseigneurs, ne se ressemblent guère ;

La balance nlest pas équitable pour tous ; u


Il. — Versets canoniales.

Res menet et tennpus fratrnm descrihere quäestlus. Ecelesiae preeeres, præsznl, eleriqtne priores,

’ Qui sapitis recte, qui viverè vultis honestc,

Hue ocnlos cordis, hue auresflectlte. mentis. Andine munis homo, juvenis puer, innuba virgîî, Atqlne senes trelnuli, quæ slt querimonia. eleri. ’ Quidquid penne natal, veri de (lamine Inanat. Qui duhitat verum, seiat actes plæepositornm.

Ex fruetupoterit cognoseere vipera quid sit.

Inter præposltos et nos fil : regula discors.

Res mule pensatur, clum lanx, non æqua tenetur.

l Autre pour les prévôts, autre est la loi pour nous. Ils peuvent sans danger commettre tous les crimes ; Pour complices ils ont les témoins, leurs victimes. Qnïls pillent les autels, chacun de nous se tait ;

’ Qu’ils dépouillent les saints, le gardien e st muet ; Quïls brisent un calice et vendent nue chappe, Ou tout autre ornement, aucun mot ne äéctialppe "De notre bouche. Et qui serait donc insensé Au point de dénoncer ce voleur haut place ? Eurichis par le vol, ils sont une puissance ’

Qu’ancun homme prudent, craintif des coups, Ifoflgensef

Évitant le scandale, il faut taire le mal ; C’est péché que parler même d’un fait banal, x Si ce fait esthbnteux. Cette règle bénie. LaisseTiniquité désormais impunie. Voulez-vous être riche ? I-Iouofez les’bandits ; Si je suis pauvre, c’est que je les ai honnis.

Nlais être pauvre, avec la conscience pure,

Altera præpositis, est altéra regula nohis.

Bis licet impune fascinus quodeunque patrare. Excoriant aras, placet exsecranda potestas ;

Et spoliant sanctos, mntus tacet omnia custos., Si calices fiangant, cortiuas, pallié vendant,

Non mutire licet. Quis demens talia culpet ?

Quis temerct tales nunc diffa mare latroncs ?

Qui reus est furti, donetur munere grandi.

Ne reprobes furtum, metuis si verberis ictum. Qui eulpant fures, hos damnat regula vindex. Non modieum peccat, qui publica criminanarrat. Omne genus scelertttn sine judice vivet Îllllitlllll. Vivere vis (lives ? laudare niemento Iatrones.

Est mihi panperies, quia sæpe redarguo fures

In re. Sed melius volo vivere semper egenus, Quam socius fui-nm sim, servus divitiarnm, Optima paumeras quam ditat mentis honestas. Vaut milieux qEŸÔtlÎC enrichi par le vol, le parjure, La fraude et les moyens dont usent les’filous. Autre pour les prevôts, autre est la loi pour nous. Nous, peuple pauvre et vil, obscure populace, Digne au plus de manger, si nous avons Faudaee De demander ou va la grosse part du bien Consacré (le tout temps au commun entretien Des clercs ; on voit surgir un fantôme effroyable De fraude et de mensonge, artisan détestable, nlaître delïlornieide et du vol protecteur ; Il pousse un beuglement (Yhypoerite douceur : — ce Directeurs du clergé, voyez-vous ce scandale ? Quel orgueil ! quelle audace ! et quelle est la cabale‘ Que vent ourdir enfin ce téméraire auteur ? Punissez, punissez le turbulent docteur,


Non mihi sunt gazæ, quas augent furta, rapinæ, Fraus, præjudicium, perjrtria, factio, lucrum. Altera præpositis, est altéra regula nobis.

Nos vills populus, et non mémorable vuslgus, lllcrcenaria plebs, cui "victus tota supellenä,

Si querilïlul’rite cur sic Aviwramus inepte ; z

Quo bona nestra ruent, car non communia fiant ? Hostis potestatis, frauda ter religionis, r Fous et origo mali, saneti violator asyli, Legum destructeur, fraudis non fictils amator, Testis nequitiæ, eui sunt perjuria curæ,

Qui subito mille mendaeia rilétat ab ore,

Ûnx homicidarum, spes et protection filrum.

Vox asini dulcis hæc rudit cantica nobis.‘

Dicite, rectores, cleri-"censere priores. 4

Quis furorhie subites’ ? Quis tam temerarius ausus alac in plebevenit ! Qnænam vesanîa simgit ? ’

Quo strepitu sævit ? Cur sic furibunda superbit ?

Non innplnaittls erit auctor murmuris’hujus.

vul 31 Il faut faire un exemple et garder qu’on irimite Ce fol. v Tout un troupeau, que ce discours excité, Applauclit Pointeur. Ces valets du démon

Tienuent de lui chacun et son rôle et son nom..

Burburus, sphynx sanglant, monstre aux instincts immondes, Que le Styx a vomi de ses infectes ondes,

D’un ivrogne imitent les ignobles baquets,

Exhale sa fureur en ces termes coquets :

. a — Bien fol serait celui qui vouti-rait tenir tête

À qui fait les déerets, à qui les interprète !

Si je vole, je veux qu’on se taise. Le Roi

De chaque (lésir fait un article de loi.

Les prévôts, tous les jours, valent le Roi lin-même, Et leurs désirs aussi sont 1a règle suprême.

Puisqweux seuls sont chargés entre eux de se juger,

Dénoncer leurs larcins c’est en Pair aboyer.

Devant un vol royal, la loi reste muette ; Elle est pour les prévôts encore plus discrète.

Vivet in exemple Inultis pro erimine tante. Prosequitur totus doctoris dicte muniplius. lmperio larvæ sua stet sententia cuique, Burburus immitis, sphynx semper amicn cruoris, v Bestia crudelis, ferus arhiter, impie. pestis, Quem nobis Stygiis Pluto transmise ah undis, Ilis primum ÿerbis rueta documentalfuroris : Est stulto similis qui vult contendere dietis. A Nos leges regimus, nos jura tenenda docemus, Si faeimus furtum, volumus sit sempei innltum. Pro voto regis pendet sententia legis.

Incassum latrat, qui furum crinaina culpat.

Pro merito furti petiit fur ardue eœli,

Fas estipræpositis propriis ignoscere culpis, " Nec quamvis vere, licet norum furta notare. Re) : et prépositif nulle sunt lege premendi.

Si rex furatur, lex indiscussa tenetur.

o. x Voleurs ou non, il l’eut honorer les puissants,

Et qui les contredit est sirop digie, à mon sens, Du bâton. n Burburus arrête là sa langue.

Son plus} proche voisin trouve que «la harangue Est admirable.’ C’est un maître fort connu

Pour mettré de nos saints les reliques à nu. — à Les maledes entre eux font de lu médecine ; Un sacrilège/doit applaudir la rapine ;

Il faut que les Voleurs se soutiennent entre eux Comme la proxénète, en ses marchés bouton-x, Soutient la courtisane. En vous louant, je loue

Mon fait ; en vous blâment, je me couvre de boue." n — « Voilà, dit Radaniante, un fort sage propos.

Le nombre nous rend forts. Nous sommes tous égaux Dans le crime. Gardons la puissance attachée i À Punion. s Gatulle, et Clade, et itlaniehîâe ; Adhérent à Penvisveilà, "de compte fait,

Pro Cllipa regis dormitat pagina legis. Quamvis sint fures, venerantur llbique patentes.. Palliat infâmenp sua præposituru latronem. Scutum nequitiæ mihi fit fallacia lingnæ.

Qui loquitm verum, flot hostis præpositorum.

Sic censure. petit, sic Iex et reguiu promit.

Qui contradieit, ferularum flagra suhibit., Burhureis dictis favet excoriutor heriiis, Sanctorum costas qui denudavit et ares.

Qui morbnm pvatitnr, ægris persæpc ntedetur. Sacrilego furi lieet optima testifieari. Fur foveät furem, fouet ut meretrix meretricem. Laudando furem, propriam sic augeo Iaudem.

Si furem reprobo, simili nie pollue furto. Prosilit in medio Radamentus gutture crasse : Censes egregie ; numerus facil : arma tîmere.

Store sinïul lieezit, faeinus quos inquinat, æqtlat. Laudat et hoe Catulus, Clodos simul et Mauichæus.

x Que de ces gros bandits, j’ai rlépeint jusque sept. Hais, puisqu’en les comptant, j’ai parlé de Catulle, Je rem conter ici, sans fraude et sans scrupule,

Ce quittait autrefois cet illustre brigand.

Vous souvient-il encor d’un petit mendiant « q Qui demandait du pain aucoin de chaque rue ?

À travers les haillons, ulcérant sa peau nue, Le soleil le brûlait, et, sous Pardent rayon,

Çll était (levenu noir comme un négrillon.

Eh bien ! ce vagabond, dont s’écartait la foule, Cïitait Catulle, alors ; ce Catulle qui roule

Sur l’or, et qui rigide et fier comme un Caton l’ornant au trilmiial, gouverne ce canton.

Le sort a quelquefois des caprices insignes !

C’est Pane qui commande aux lions, l’oie aux cygnes ! Et petit-être demain, par un brusque retour,

Il faudra que notre âne ohéisse à son tour.

De ces revirements, la fortune est peu chiche :

Hic numerus» furum bis ternes complet et unum. Sed quia de Catulo nune eœpit surgere sermo, Quis fuit in puero, quis venit et unde notabo. llunc Inendicantem, nudum, VÎCÈlllnqllG petentem, Solibus æstivis cessit rota fervida solis.

Hinc tremefacta cutis, et nigri plena cruoris : Rumpitur, et foedo (leturpat membre veneno. Æthiopi sinfilis, venit sine tegmine pellis, Pauper, inops, nudus, tifiarnlm cortice CÎnCtllS.1‘alis erat primo qui nunc se proluit auro.‘ Quem rota fortunæ transvcxit ad astra repente, Nunc rigidus Cato, (lat nobis jura tonando. Mirautur proceres, morum prostate vigeutes. Nunc asinus pardis, nuneimperat upupa cygnis. Si tamen in præceps volvatttr cutinus anceps, d’une licct invites, pardis se subdet asellirs

Et nimis elatus salict de rupc Catellus. Cntulle peut eneor redevenir Caniche,

Pour les honnêtes gens de ses succès jaloux. Autre pour les prevôts, autre est la-loi pour nous. Dès que sonne au clochers la, cloche du chapitre, “ Nous devons secourir, simple plèbe, au pupitre..

Les prevôts sont assis et.les chantres debout. v

Ils badinent entre eux ; nous chantons jusqtÿau bout Lïtltttia qui elot un graduel énorme.

Ils descendent au choeur, ce n’est que pour la forme ; Ils sont comme un aveugle, ouvrant un œil vermeil, Et ne percevant pas un rayon du soleil.

De la religionyils Ifiont pas même l’ombre ; Dans leurs stalles eoïichés ; souriant, ils font nombre Et sont charmants à VOÎI‘, plus tlodus que dévots. Autre est la loi pour nous, autre pour les prevôts. Nous IIÏIVOIIS certes pàsune même cuisine.

ll "faut nous contenter (Pou plat de triste mine ;

z

Qui stat sæpe enclit, cnrrens Vestigin lzedit. Dlotibus incertis sic sic, fortune, jocaris. Altera præpositis, est alteru regtrla nohis.

Res vilis populns, ad pulpita Sœpe leganms. Præpositi sedeant, non stoutes psallerc cognnt. Ilos risus pascet, ’nos cantiovlotign fatigot. (“n’es solito more cantat Alleltlin Gradunlo. Præpositi verhis contentant atque cnehinnis. Hoc illis studium, hæc utilitas seniorum.

Ac velut oppansosteneat sieæeus ocellos,

Nil de luce videns, sed aperto lnmine vivons. Haud aliter tales, vultu, non mente nitentes, » Store choro pulchrum, sed non est utile multum. Altera prtepositis est altera, régule nobis.

Non est fas coque partiri fercula mensze.

Sufficiat victus moissine murmure parvus Præpositis pullule, n1il-1i sit tenuissinta costa.

Os dabitur nudum, si costze respno (lonum ;

a Les autres en ont trois, tous des plus délicats. On voit les petits pieds sïätaler sur leurs plots ; On nous srertseulement une côte bien maigre,

’ Etsi nous réclamons, avec un reproche aigre,

On nous envoie un os, de tous points decharné. Si quelquefois poui ; nous le jeûne est ordonné,

Nous avons pour menu (les œufs et du fromage,

Ou des fèves : des fruits, nous ignorons Pusago. Une fois chaque mois, si l’on sert du poisson,

Le crabe que fournit le riÿage, à foison

Uanguilie que nourrit notre mare bourbeuse, chargent insolemment notre table boiteuse :

La iner donne aux prévôts ses poissons ronds ou plats. Pour les prévois, pour nous ; tout autres sembles plats.

Si nous sentons le vin, c’est quand il tourne à Paigrc. Aux uns le pur nectar, aux autres le vinaigre !

Aussi, quand nous disons le D420 gratins,

Tous les coeurs sont aigris, et Dieu n’y gagne pas.

Si mutire V010, depuscar verbere crebro. Præpositis triplex, nobis sit portio simplex. Post tenuem costam carnem non suminlus assznn. Præpositi teneris triplicata sua fercula pullis.

Si jejunamus paueis quaudoque diebus, Suffieiut nobis permistis easeus ovis,

Aut faba, quæ ealidos cogit revireseere ficus. Si semel in nîaenso pisses contingat habefe, (Eammarus, anguillæ, tiberintrs, venin, cloue-æ Commaculant mensas, quosobyivit longs ; VGIJLISÈQS. Præpositi soli satientur pisce receti.

Altera præpositis, datur altéra partie nobis. Nos infliges vini ueseimus adores.

Præpositi vinum, nos degustumus acetuizn. Surgimus a nmeusa, sed non sine lHHPlnllPÎS i-ru. Huile quatitxægru silzis, irllumpxnolestia vontris. Longa failles stomaehi rare fit amica qiiieti. Les nus souffrent de soif, les autres de coliques ;

La faim Ifa. pas pour tous des conseils pacifiques, Quand elle entend un goinfre accumuler les ro-ts. Autre est lolo-i pour nous, autre pour les prévôts. Nous ne pouvons franchir Penclos du monastère ; Hors des murs, nos seigneurs ont leur maison austère, Le feu brille toujours (lans leurs foyers joyeux,

Dans les coupes toujours fume un vin écumeux.

Au choc stridentrlu ve-rre, un docteur qui chancelle, Dicte à Paréopage une règle nouvelle.

Loi de prescription, qui nous opprim-e tous.

Autre pour les piuîvôts, outre est la. loi pour nous. Celui-ci vend nos bois ou. fauche nos prairies ; ’ ’

Cet autre, à son profil, dîme nos métairies ; ’l

Ce troisième, en sonlot, a pris tous nos moulins ; Loutre fraude les droits que doivent les vilains. Tous de nos revenus nous enlèvent l’usage,

Pour en faire, sans doute, un plus juste partage ;

Hoc Domini culpunt, qui tenso gutturc ructant. Altera præpositis, est altéra regula nobis. Nos extra claustrunrprohihemu-r figere gressum : Al : dominis- cameræ lice : ud-suu testa redire.

Fit rogus in medio, celebrantùr et orgie Baccho. Siccantur cuppæ spumanti nectare pleure.

Tune récitant Ieges, illjic prescribiznur omnes. Sub cauda vilis titubat seritentia logis.

Altera prœpositis, est altora regula nobis.

Ille molendinos, hic nosfros subripit agros.

Hic villas deciinat, hie vèctigaliav fraudat.

Hic silvas vendit, hic pratu virentia tollit’. W Nee totus census nostros transferts ; ad usus. Iusuper ceclesias cogunt sibi vendere nostras. i ’ Hoc facit improbités, non paupertatis honestus. Burburus hoc douum Ïe-eit siné luurle houorum. Extranoi mures sic sic bona- nosÎtm furantes Enfin, tant ils sont forts, tant ils peuvent oser, De nos églises même, on les voit disposer ! 1 Ces’rongeurs étrangers grugent les monastères,

, Comme les rats, le grain. On donne aux pzmvres frères,

La paille, et le froment fait crever leurs greniers.

Eu percevant la dîme, ils gardent, les premiers,

La moitié pour le quart : les agneaux’et leurs mères, Les poules, les poussins, trésor des ménagères,

La laine des brebis, et ; le chanvre, et le lin,

Les fèves et les pois, tout grossit leur butin.

Et contre ces abus, si les frères réclament,

Tous les prévôts en chœur ripostent et sexelaïnent : a Quoi donc ! Sevres-vous tondre et savez-vous filer ? Ne faut-il pas pour vous de ces soins se mêler ?

. (Yest nous qui le faisons ou qui Je faisons faire,

Et nous prenons la «lime en guise de salaire.

Si nous allons aux plaids, pour ce qui vous est dû, Nous gardons tout : comment partager un écu ? Que vous faut-il de plus que votre nourriture ?

Ut sures granum, corrodunt omnia fratrimi.

Dant paleas nobis, complent sua tecta medullis. Nec pudor est decimas, cum quartis tollere quartas. Gallinæ, puili, teneri cum matribus agni,

Vcllera vervecnm, faba, lentes, cannuba, linum, Et deeimæ pecudum sunt omnes præpositorum. Stulta nimis res est,.si clament talia Fratres.

Ad respondendum surgit grex præposîtornm. Carpere nec lanam, tenuem nec texerc telam,

Aut fuso tortum sapitis devolverevlinum ;

Talia prépositif faciant, operumve magistri

Pro mereede sua sit eis décimation nostra. Dieite : Quid pecco, mihi si inca commode quæro ? Qui sibimet nequam, eni fiet, die, bonus unquam ? Si teneo plaeitum pro qnæstn denariorum,

Pars mea sit totum, partiri nescio nunnnuin. Le superflu rendrait votre vertu moins pure Ce reste est eux- prévôts, ’suivant les saints canons Et selon les vieux us. l’ailleurs, nous le voulons ;

Notre volonté fait le règle irrévocable. n

O misère ! ô douleur ! et quel temps détestable !

C’est le temps des voleurs ! Et que fait donc le Roi,

Et les juges vengeurs, et le droit, et la loi ?

Le fraude a triomphé d e la loi qui sommeille ; A lÿadroits et gros présents du Roi ferment Pareille,

Et les magistrats sont les premiers à voler.

Dans l’abîme, à coup sur, l’Église va erouler.

Nous voyons rcsîenir les grands brigands antiques, Et Verres, et Simon, et leurs frères cyniques. Pour lancer votre foudre, ô Dieu, qu’atténuez-vous ? Vos temples ravegéspar (Piiffâmes filous,

Des bandits investis de la toute-puissance,

Les bons persécutés ; tout réclame vengeance.

C’est l’ignorant neveu d’un conducteur (P5111011 Snffieiat vieurs vobis et portio eensus.

Omne quod est reliquum fit fiSCuS {iräepositorun}. Sic censent canones, sic traetavere priôres. Sic volumes, sic laudamus, sic esse jubemus. Heu dolor ! heu lueurs ! o Lletestaihile tempes’ ? Heu facinus mirusm ! eur tenta potentia furent ? Dia ubi rex, ubi lex, ubijus, uhi regule vimlex ?-

Fruus superat loges, exeæeunt animera reges.

Regula eum jure (lormitat, judice fu-re

Pro eepitis’vitio membrorum pellet imago.

Principe funeste ruit eeelesiustieus ordo.

ls finem fecit ; sed eur sua larve remlunsit ?

Crudelis Verres, frater que Simonis (libres, lnfamis cleptes, quid vivit in orbe superstes ?

Proh Dee ! quidi cesses ? e111 ; non liune fulmiiie quassus ? Omne deeus templi perii-t sul) jutiice tali.

Quotl tuerat lirmunl ruit hou luetanto revuisum.

l Qui régente aujourcPhni les docteurs de tenant ; O toi, qui d’un seul bond as gravi le Parnasse, Que des Muses le chœur accueillit avec grâce, Devant qui nous courbons notre front abaisse, Savant fils de Pànier, sais-tu ton A B C ?

Sais-tu ce qu’est un clerc, un prévôt, un vidame ? La réponse est aisée ; en vain je la Ijéeiame,

Et je nbbtiens qu’un sourd et grossief grognement. Et c’est là’le docteur qu’on porte au firmament, sQue l’on met au-dessns de-nos docteurs célèbres ! Sa lanterne vraiment ne produit que ténèbres ;

S’il est docteur, ce n’est que pour les’ignorants. Cependant il commande aux prieurs, aux savants.

Il règne. Ce n’est pas pour longtemps, que je pense. a

Satan le veut. Sa place est choisie à l’avance : Bien digne assurément de cet excès (d’honneurs, En enfer il sera le prévôt des voleurs !

Omnia turbavit, nec adhue purgare quiescit ;

Cur tenet imperium ? cm se vult esse magistraux ? Et cur doctores sub se premitvatque priores,

Quem de cet ex atavis asinum deducere silÿis Pegaseo Inonte si suxit meila sophiæ.

Permistus musis dicat mihi littern quid sit ?

Vel quid præpositns, quid/elerieus, aut vice dam nus ? Hæc mihi non tsolvet, nisi quis mnssando susurret ; Tale decus vitæ, tem splendide. gemme sophiæ, Ecclésiæ lampes, qnæ dat pro luce tenebras, Insulsus douter] fatuorum stultus amator -

lmperat hic bréviter, rapiet quem Plnto patienter, Et sibi præpositum faeiet super egmina furum.

lllic sceptre regat, sic et hic erjuria frangat.

III.

Le Messager de Mort.

Les hiboux, nom hideux et (Ïallglllïä funeste, -N’ont jamais fait leur cri, Vi-rgile nous Yattostc, Que pour prophétiser des malheurs et des Inaux. Alpominant ee. cri, {tous les autres oisaux Ont ptoscrit pourîoujours eeàprophètes funèbres, Et c’est là la raison -qu’ils hantent les ténèbres Et qu’ils n’osent bouger quï} la faveur des nuits. S’ils voyaient en plein jour un seul de ces nnautîits, Les habitants de Pair‘, du bec et de la seiro, Le déchirant, bientôt auraient jonché la terre Des restes nmtîltés de lhugure fatal, ’ Justement condamné pouf Œainwr que le ma]. Tu mérites] trop bien aussi -qu’on te hem-lisse, « ’ 0 toi qui du hibou rempîis le triste oftloc,

a

III. — Atl n-untinm mortis.

j » ’- * ’ ä ’ t — -Bubo

forum nomen, dirllflî mortaïlibusvt olnen, z Ut hîuro testatur, «du-m cantatufata minntiur. Illius cantum damnet genus (mm-e V-Dlallttl-fil, Atque pari voto seelns 110c fu-gat acre toto. Noctes êrgo colit, eum lu-cizs tempora nolit ; Noetibtls apparct, qnoniam si" 111cc voler-ct, Ïam caput invis-nm nmlto forêt ungtte rocislæan ’ nleunbraqtle cum plumis divisa quo sparszrqucæïltttnfis, Æarpere pennatiqcttpientibus onnnia vatis, Vatis täçm diräe, dignæ mnla fata sivltairo. Huic volucri foedæ nsimul, proeul ergo rocade, Chartæ funobris letoif, damnänäe tenehris, Exécrable porteur des messages de deuil, Funèbre visiteur, qui ne franchis un seuil Que pour jeter partout l’alarme et la tristesse.

vEt pourtant, comme si, messager de liesse,

Tu portais le bonheur, tu demandes paiement ; Ton importune voix réclame insolemment,

Ici des souliers neufs spart out ta nourriture.

»— Ami du mort, je Veux remplacer ta chaussure. Tiens ces hottes, et tiens encore ce saindoux

Pour les graisser. Blais pars, maintenant laisse-nous, Scélérat, trafiquant de ce commerce infâme,

Qui pilles notre bien et désoles notre âme.

Tu souilles Pair, enfant adoptif de Pluton ;

Rentre dans les enfers, rentre dans ta maison.

— Mais toi, sans t’émouvoir de mon amère plztintc ; Tu répètes toujours ta lugubre complainte :

« Venez à. mon appel, pleurez et gémissez,

Tous ensemble entonnez le chant des trépassés ; Dans les airs attristés que Pairain retentisse !

Notez l’heure et le lieu du funèbre service…..

Qui vice bubonis non unquam læta reponis, Semper moesta canis non’diseessurus inanis ; Nam cum nil portes, nisi tristitiam, nisi mortes, Ceu bene regesta petis es cum pvocc molesta,

Et ne lacescas soccos petis, exigis escas, Propter defunctum soleas Jamus, addimus unctum. Bis nos centristes, mala dans res accipis pistes ; Sic importunus vendis mihi munere funus. lmprobe, vade feras, superas quid polluis oras ? Quid tibi cum vivis, barathri teterrimc civis, Vernula Plutonis, legatio perditions ?

Qnid nos infestas voces iterando molestas ? Conveniat coetus, gemitus date, fundite fletus, Æraque pulsant es clamate velut Gorybantes, Cantica funereis lugubria ferte choræis, Mais si morts sont morts, les survivants ont Falun ; Faites-moi préparer un plantureux festin. »

— Gouffre toujours béant, gourmand’insatiable, Entendrons-nous toujours cette voiaedétestable ? Pleure donc, toi qui viens pour exciter nos pleurs, r Îät tes larmes, bois-les ; Fumer pain des douleurs, Mange-le ; ce paiement convient à ton office.

Le n1alv te réjouit ; que le mal te pu-nisse ! Cependant laisse-nais, tout, à notre chagrin"

Prier le Père Dieudle Christ, son Fils divin, lfiEsprit, qui les unit, ’de nous donner la vie…..

Si tu ne t’en vas pas, j :1i vraiment trop envie

De te faire dîner à grands coups de bâton,

Esclave de ton ventre, insipide bouffon.

Carmina mœsta. date, loea vestra diemque notate, ÎDantes expensam, largam mihi ponite mensam. Escarun} gorges, quid nos tot talibus nrgesï‘

Fle qui flore jubes, plue (listillans quasi nubes, Potuimmœroris bibe, vescere pane doloris,

Qncm mala delectänt, anale te simul omnia. plectant ; Nos sine lætari, Christumque Patremque precari Ut vitæ munus detnobis trinus et unus.

His nisi parueris, dum ventris commode quæris, Fustibus et ferre saturable, pessinie gerro.

Ql La ville de Rennes.

La ville des Redons, Que désertent les bons, Est pleine de fripons.

Ville chère à l’enfer, Où la fraude est dans l’air ; On n’y voit jamais clair.

Amante de la nuit‘, Dans Ponlbre elle poursuit Quelque infâme (léduit.

Là, le plus insensé

1V. — De ciritlMc Redbazis.

Urbs Bedonis, Spoliata bonis, Viduata colonisf

Plena dolîs, Odiosa polis, Sine lamine solis, . In tenehris Vacat illecehris, {îaudetqtle latebris.

Desidiàln Du peuple est encensé ; Le sage est méprisé.

0 (Îannnable cité Où le droit est d’aité Comme une iniquité.

Des avocats Inentcttlfs, Et "retors et rhéteurs, mfendent les voleurs.

Les hommes droits et vrais,

Amoureux de la paix, Perdent tous leurs procès.

L51, fe bon citoyen N’est jugé propre à rien : On le lui nwntre bien.

Putat egregiam, ’ Spernitque sophiäm.

Jus atrmn Vocat omne patrum, hîeritura barathrtm).

9.

Causidicos Per falsidicos

Ahsolvit iniquos.

Veridicos — Et pacifiços Condemnat anlicos.

Qtiisque bonus Reputatur onus, Nequit esse patronus. -’ Là, toujours des débats, Des guerres, des connbats, Qui ne finissent pas.

oh ! que voir je voudrais Ce quîozn ne, vit janmis, Un honnête Rennais !

En quels traits plus hiäenx Te dépeindrais-jc mieux, ûlégèrc aux traits affreux ? Tes soldats, vrais brigands, Pillent lcspaysans

Et sèment dans leurs chanlps

La mort et ses horreurs,

Balla ciet, Neqtle (leficict, Quia pessima fiat.

Nemo quidam Soi" ; habere fidem Nutritus ibidenn.

l Qllld referanl, l Gentemque feram, Sævamque Dlcgæram ?

Ilnricolis Fit ab zlrmicolis

Oppressio solis.

Nlors cnrrit, Le vol et ses fureurs, Ifincendie et les pleurs.

Brigandagc sans frein, Qui brave avec dédain Le châtiment ; (divin !

l’étranger mal venu,

Est bientôt reconnu,

l’épouillé, puis battu.

Aux Incnrliants, enfin, Qui périssent dé faim, Les coups sèrvent de pain.

Quia prædo fufit ;

Villasqznopertarit.

1m Dei Non obstat ci " ’ x Pîcna rabiçi.

Qui gr-aditur Miser exuitur, Pugnisquc feriturÿ

Pauperilnxs lmest inde cilius, Î Sunt vnlnera gibbnsi.

VIII

32

LIVRE III


ÉPIGRAMMES


I.

Le Vase brisé.

À Rome, un jour, je 111’011 allais cherchent Des curiosités, lorsque, sous un portique, A Pétal d’un petit marchand,

Je découvris un vase magnifique.

Il était de saphir ; on Pavait tout renlpli Dïzncens. Le brocanteur en vendait. Mon ami Acquit le contenu pour neuf deniers de France, Et n1oi, comme un prodigue en veine de dépense, J’acquis le contenant pour trois sols et demi.

Il fallait, sans encombre, emporter la merveille ; Jktehetai tout exprès, fort cher, une corbeille. Pour Pemballage, on ne négligea rien.

I. 4- Vas firctctuæn.

Porticus est Roma, quo dum spatiando fero me Bas quæreiido novas, inveni- de saphyro vas. lnstitor ignotus, vendchat cum saphyro thus ; Ïïhus socius noster tres emit deuarios, ter

Vas tribus et semi-solidis ego prodigus en 1i. Hoc 111co11cussun1 dum tollere sollicitus sum, Le vase était intact, je m’en souviens trop 131m1 ! Et voilà qu’on l’extrait brisé, ” Sort lamentable ! (îmnmc cette belle urne eût Iaien orné ma table ! des ; la faute du mèssager, Qui, sous quelque ballot, vécrasa ma patère. Puisse-t-il ne jamais compter un jour prospère ; Et puissé son guignbn, à la finfine vepger !

I. Pro cofino mundo de viæninilæus pretium do. Ponitul’introrsuln sanum vas, inde, memor sum,

Extrahitur fissum : 11’ist’is, ’mÎiser inde, nimis sum. "Inter convivas magni forelï 110c pretii vas

Si forêt allatum, sicut positnlit fuerat tum, " Lator at hoc pressit, cuiprospera nulla. (lies sit.

II.

Le Forgeron.

Le jour et même la nuit, Le Cyclope bat Penclume : La Sicile- en retentit. Toujours Pardent fourneau faune, biais le monstre cède enfin ; Quelquefois il fait relâche, Et le sommeil ou la faim Lu-i font déserte ; sa tâche. J’ai nlaintenanl : pour Voisin Un forgeron plus étrange : Son travail 1’121 pas de fin ; Ilhommo ne dort, ni ne mange ; Les retentissants nmrteaux Jour et nuit sont sans repos : Et partant, nùsère extrême ! Toussses voisins sont de même. Mon Dieu ! que je voudrais bien, Faut devient grande ma gêne !

Il. — Ad inquietmn fabrunz.

Cyclopun} Liparis memoratur habere tabernas, Quos labor excreot nocte dicque gravis ; w Sic tamen ut copiant partem somnique cibique,

"Et recreet fessas tantula pausa menus.

Te, fugiende faber, nec opus, net ; flamma fatigat, QllOmÎnuS incudenn fervida massa premat. Nulla tiubi requies, nullanævicinia sentit, Cum tous infestet proxima quæque Iabor. Que notre mur mitoyen Ne fût autre que la. chaîne

Des Alpes E ou siPEtua, inextinguible fournaise,

Était sa- forge g voilà‘

Ce dont je serais trop aise ! Détestable forgeron,

Tu n’es pas né dîme femme ;‘ Jïmagine qu’un dragon

A fécondé Pœuf i infâme ’

Dont tu sers pourmou tourment. Cependant tout dégénère ;

Car le vigilant’serpent

Que je suppose tonwpère

Était gardiendïin trésor

flou Pou ne voyait rien ’qu’or ;

Diamants, riches merveilles ;

Toi, son lits, d’un cœur moins fier,

Tu travailles et tu veilles,. Pour un vil moreeztu de fer. Un lourd sommeil a du père Autrefois clos les cent yeux ; Que la mort, encore mieux, Du fils, ferme là paupière. -

Communis paries utinam par iflpihus esset, Aut fieret fornax ignihns Ætna tuisn !

Non âreor humana qui sis de stirpeerçatus, lnsopor ac potnit te genuissc draco.

Tu tamen ad ferrum’, cum sis démisstis a !) auro, Pejorilistudio dègénér invaginas.

Aurea pompatpatrem, te fcijrea massa retentnt. Hnie oculos somnus, mors promet atra tuos.

III.

A Faustin.

Ton livre, que je feuillette, Présente souvent, Faustin, Plus d’une page lunette, Dont l’éclatant parchemin Est vierge. Or, pour moi, j’estime Ces pages-là tout autant Que les pages où ta rime Étale complaisamment Son bavardage insipide. Car, bien franchement, je tiens Tout un livre pour tout vide, Qui n’offre que rien ou riens.

III. — Ad Faustinuvn.

Dum partem, Faustine, tni perpendo lihelli, Qna vacuæ pellis pagina mute, jacot,

d’artem quæ loquittlr vaeuana nuagis æstimo, quam te ; Plena superväeuis" pagina namque vacat.

Unde Iibrunl totum vacuum sic colligo, cujus

Altera pars nugas, altéra nil retinet.

IV.

À Robert, évêque de Lincoln.

Nonjil ne fallait pas, ni pour moi, ni pour vous, Dunnen ainsi votre grave parole.

Tromÿer, être trompé, c’est honteux entre nous. biais le trompeur a le plus’mauvais rôlcÿ

Celui-là qui reçoit, vous le savez fort bien, E51 ; àlln-(IOSSOLIS. de celui-là qui donc ; v

Blais celui qui promet, et qui ne donne rien, Ne saurait être excusé par personne.

1V. — M. Redonensis épiscopes, Ihüncolniensi cpiscäpo.

s

Nec milii verba dari, nec te daräverba decehat ; Titrpednihi Iälli, sed plus tibi fallerc turpe 1 Num sicqt qui data‘, uaagis ac/cipiente piflbüttll’, Sic qui promittit, uisi dot, plus vilis hubetur.

—.

V.

À mon Hôte,

En revenant céans, après cinq longs hiveifis,

Vous voulez que pour vous j’ëçrivo quelques vers ; Sur un sujet bien doux, un tout petit poème, Comme en un vase étroit se sert la bonne crème. Or, je veux vous servir selon votre souhait, Carÿaiine autant que vous un poème discret, Courant à. pas pressés dans une éproite voie.

Ce qui vous réjouit me (lonnc aussi la joie.

Donc, que votre sailté chasse bien loin la mort, Et vous permette ici de revenir encor.

V ; 4- Ad amicum hospitem. in partes istas post quinque roveifsus aristas, Vis a me scribi canninznpouoa tibi. Carmina pauca quidam, scd dulcia concupis idem.’ Misti more cibi poscis utijunlq-uo tibi. Quod petis ecce damus, quia quod petis hoc et amamus, Ut carmen brévitel’par love currat iter. Quod vis cunque vole, quod non vis, hoc quoque nolo. Et quod ego nolo, te quoque nolle volo.. Dilato lctho, pèr tempora longs. valeto,. Coneedailtqtie citum fataiibi roditum.

VI.

Des "AbbéS."p./rtal)t les insignes de Plîîpiscopat.

Un simple abbé, — portant les insignes sacrés

Quätux seuls prélats l’Église a con-sucrés, L’anneau, les gants, les sandales ; lamitre, Se met plus bas et plus haut que son tïtru. D’un double personnage, assemblage confus, Évêque, il ne lïest pas ; abbé, ne Pest-il plus ? Je le comparerais volontiers au Centaure, Monstre difformai, homme et cheval. Encore, C’est Peine mvêtü de la peau du lion. Sur les tréteaux, c’est le vil histrion Des enlpercurs qui ccint le diadème, -Et l’empereur reste histrion quand même.


Vl. — De Abbata usa-quanta pontiflcalilz.

Abbas sola gercns’insignin pontificats, Scilicetlannclluiïï, guanlôs, sandalia, mitruni ; Cum super abbatem sit et in-fra. poiltllicalum, Esse potest nentruïn, vol si (li-catul’utiunïque, Centaure simile monslärunl 1’001 esse hÎÎOTmC ; « Quod si -ponl ; ificen 1 simulàt, scd pernmnet alabäs,

Pcrmànct ergo latuns su} ; pelle leonis asellus,

n

Aut valut iu scena personam ferl ; atlicnçun.

VII.

Contre un Jaloux.

Je connais m} homme

Qui, parce qu’à Rame

Le Pape me lit,

Crève de (lépit ;

Il crève d’envie,

Parce qu’aux repas

Où l’on me convie

On ne le voit pas.

Qué j’aie en la ville

Une humble maison,

Jïächauffe sa bile ;.

Et qu’à la saison,

’ Tous les ans ÿhabite

Ma villa des champs,

J Réveille et jfirrite

Ses instincts méchants.

Mais si, dans la rue, i -Chacun me salue ; i l Si j’ai mérigé

La célébrité ;

V11. — Contra inviduzza :

Rumpitur invidia quidam, charissime Juli. Quod me Rama legit, rumpitur invidia. Bunnpitur invidia, qtiod sim j.ocosus amicus. Quod convive. fréquens, rumpîtur invidia. Rumpitur invidia, qûod rus mihidulce sub urhe est. Parvaque in urbe domus, rumpitu-r invidia Si je suis un homme Qu’on aime et renomme, C’est pour l’achever ! — S’il faut qu’il en crève, Min fo’i, ’qü’i1 achève ’ Vite d’en crever !

Rlîlllpilîlll’invjdia, âuod turha semper in ? omni

hlonstrainur digito, rumpitur invidiafl.’ Rumpitur invidia, quo d anaemur atqtle. prolmmur. Ptlllllpalîlll’quisquis rumpimr invidia.

VIII. » Pour un Éventail.

Bel éventail, chasse Pessahn Ilîalldi/t, Chasse la mouche bourdonnante Qui pendant le repas fgruit,

Qui trouble le repos du lit,

Qqi persécute quand on lit,

Quand on pense ouquand on écrit, -Et de toute façon tourmente.

VIII. — Versus in Flabello inscripti. lmproba terretur muscarine turba Ilabello, Quæ gratis mensis esse moles-ta solçt. Essewnolcsÿa solet, eum cylmltur membre quieti, Et quando legimus, esse nmlesta solet. Esse molesta solet, éufil scribinnus, aut nlechtenltxr, Atque nmdis aliis csseinolesta solet. A Sur une Maison en- bois.

La maison, en bois construite,

Peut être du feu détruite ;

Et si, par l’aide de Dieu,

Elle se garde du feu, "

Le temps seul ne tarde guère

À la réduire en poussière.

Si de fer étaient les murs,

En seraient-ils bien plus sûrs ? «

Non. La mort, plus forte encore,

Rouge, mord, use et perfore

blême le fer. En ceci,

L’homme prend un fol souci.

Quïmporte, s’il faut qu’il meure,

Combien dure sa demeure ? l

lllalgré sa peine et ses soins,

Lui-même il durera moins.

l-X. — Epigramma de domo Zignea

Condita de lignis domus esse potest ci bus ignis, Quem si non paseit, tamen it cito : nain veteruseit. Sed quid professer, si murus ferreus esset,

Cui mors dura tamen forêt inventera foramen ? Ergo non curet quantum sua mansio duret,

Qui modieum durat, etiam si talia carat.

X.

La Maison paternelle.

À La maisonnette oiLÿhabite,

Qui me vient de mon aïeul,

Est modeste et si petite,

Que je la remplis tout seul.

Et pourtant on la renomme, » Qirla naontre, aurloin, du doigt, En disant : Joilà letoit

Où vécut un honnête honlme.

æ

X. — Donna patema.

Ærcta domus gouda 4 h i Pou avos porta ? tibi lande.

XI.

Tumultes Populaîres.

Dès le jour qu’à. Pallas, ilotre austère déesse, Symbole non créé de paix et (le sagesse,

Divinement conçu dans un divin cerveau,

Jupiter a donné le céleste escabeau :

Bacchusjtout transporté d’envie et de colère,

À la sage ltlinerve a déclaré la guerre.

Dans Polympe entrepris, ces éclatants débats

ont aisément-trouvé des échos ici-bas.

Les uns sont à Bacehus, les autres à Nlinerve :

Mais quelle différence entre les camps s’observe !

Ici la plèbe inepte, etlà. les gens (l’honneur ;

lei la volupté, là Paustère labeur.

Et certes, les soldats autour du camp baehique

Sont beaucoup plus zlombreux qu’au bivouac pacifique De Pallas. Au prernier courent tous les buveurs,

Et, le vin contrevenus allumant leurs fureurs,

Ils nous voient différents (Peux, et, dans sa méprise, Leur foule méprisable à son tour nous méprise.

Xl. — Contra sechttosgtzn valgus.

Ex quo cœlestenæ meruit Sapientia sedem,

J uncta Jovis lari Pax summo nata parenti,

lnvidja nwtus pugnat eum Pallade Baeehus. Deeidit in terras a eoolo eœiptavsimultas,

Nec nato Semele, "nee desunt castra lllinervæ’ :

Quæ diverse sequi res est non ponderis æqui. Altera quisque probus ; at iners petit altéra Vulgus : Illa. voluptati ; sunt ista dicata labori.

Plures sunt igitur qui Bacchica eastra tuentur ;

Hoc est, Vina liquant, quam qui pro Pallade pugnant. Unde non est mirum si plebs fremit ebria dirum

lu sibi dissimules, rata nos vilissinna viles.

w

XII.

Le Coq volé

Une veuve avait un coq :.. (Ïétait toute sa richesse. La nuit, un lmbile eScrocA Le soustrait avec adresse, . Et le mange. Au magistrat,

lit-énoncé par notre veuve,

Handiment le scélérat Nie : et Fon n’a pas de preuve. Le juge n1et à serment Le damnàblè garnement. Celui-ci, «sans épouvante, Levait sà [Ïarjure main, 0 prodige ! quand, soudain, Dans son ventre, le coq cha-nte !

, XII. — Galli furium a gallo probatum.


Gallus crat cuidam viduæ, gallumque comédit Fur. Furi furtum hæc obicit, ille ncgat.

Dum Sacramento se purgat, gallus in a-lvo ÿ Perjuri- cecinit, rcsque prohata fuit.

XIII.

Règlement pour un Écolier.

Si vous gardez, mon fils, souci de mes leçons, lîant que je passe aux champs la sztison des moissons, Ne vous dissipez pas. Voici la règle sage

Que je veux vous tracer, qui convient à votre âge.

Si vous la transgressez, vous aurez, au retour, n Affaire à moiÎLexrez-vous (l’es le [Joint du jour ; l Quäi la quatrième heure atteigne la lecture.

Une heure après, allez prendre la nourriture

Et buvez peu de vin. Ensuite, allez dormir,

Ou, si vous Paimez mieux, allez vous (livertir

Un temps très-court. Et puis, que votre esprit médite, Et que chaque pensée à l’instant soit écrite. I Je veux,.sur ce carnet, juger de vos progrès, Et vous me Peuverrez par fidèles extraits.

Xlvli. — [nstitutio puer-z tleïseipzeli.

Si præceptorum superest tibi cura meorum, Parce puer uugia-dum rus colo tempore frugis, Præfigam metas, quales tua postulat ætas,2, Quas si trausgrederis, male (le monitore mereris., Contempto strate, silmmo te mane levato,

’ Facque legendo moraux, quartam dum tardat ail horam.

Quinta sume cibum, xïinum bibe, sedi modérateur, Et pransus, bréviter dormi, vel lude parumper. Postquam dormirais, sit mos tuus ut médite ris. Quæ médita tus eris tabulis dare ne pigriteris. Quœ dediseere spero quandoque videre.

Miseris hue quedam faeies, ut eætera eredam." Lisez cncor, jnsqnh : la fin de la journée. (Allez sottper/gaicment. Et sixPhcurre est sonnée, Regagnez votre lit ; sinon jouez un peu. Et voilà tout le jour réglé, sous l’œil de Dieu.

Post hæc, i lectum : cnm legeris, ito comestum. Pnst snmptas escas, si jam nmnet 116m, quiescas. Si tenxppzzs silpbrest, poät »cœn : m1 lnilcre proqesç. Snb tali mcta constat tibïtottffiïiœta. n



wXlVn.

Épîtaphe de Brunnn, évêque clfAngevs.

Brunon, channantfsiîcillarrl, (101px prélat, —tendre père,

Ton cœur était [fleuret ta langue de miel.

Si jamais tu péchas, juge ÿrop débonnaire,

Ce fut pour ménager l’intérêt-fraternel,

Pour ne blesser en rien lännour-propre Œun frère. Pèche-t-on gravement en’se montrant trop doux ?

Ton lmtnple et ton clergé disent dans lèur prière :

« Le Seigneur soit pour toi ce que tu fus 130m nous. n

a ’ ’…

xlv. çiÿpiugphzæaozz.

Brune Pater, jucunde senex,.millésime pœesul, Cujus cor pietas, lingua me ! cf lacprat ;,

Si tibi culpa fait ; quoi ! nullunn Iœderc vèllcs, Qnïale tuum Inèritulïx cum hona ctnlpa fuit. Quid tibi, chars Pater, clerns, popjnlusque preccmur ? Ut quod tu nobis, hnc tibi. sil ; Dominus.

vm 33

NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR

M. LE DOCTEUR AUSSANT

Ancien Président de la Société.


Écrire la vie de M. Aussant, c’est retracer le mouvement intellectuel à Rennes pendant toute l’existence de cet homme dévoué aux progrès des sciences et des arts, et dont les jours furent consacrés à l’étude et au travail.

M. Jules-Marie-François Aussant naquit à Rennes, le 14 février 1805. Son père, médecin distingué lui-même et doyen du corps médical à Rennes, le destina vers la même carrière ; et lorsqu’après de bonnes études à la Faculté de Paris le jeune étudiant passa, le 7 janvier 1828, sa thèse sur les affections de l’âme considérées dans leurs rapports avec l’hygiène et la thérapeutique, l’on vit de suite, par le choix du sujet et la manière élevée dont il était traité, dans quel esprit le nouveau docteur allait aborder l’exercice de sa profession. Il vint se fixer dans sa ville natale qu’il aimait, et presqu’aussitôt les honneurs vinrent trouver sa capacité précoce. L’École secondaire de Médecine et de Pharmacie venait à peine d’être organisée, qu’en 1831 il fut nommé professeur de chimie appliquée, chaire à laquelle en joignit plus tard la toxicologie, et il fut appelé à faire partie de l’intendance sanitaire du département. En 1834, il fut médecin des épidémies, puis il devint médecin du Lycée, puis membre du Conseil d’hygiène et de salubrité. Dans ces différentes fonctions, il apporta toujours un zèle à toute épreuve, auquel se joignait le désintéressement de son état, prodiguant ses soins à tous, et plus encore aux pauvres.

Mais ce n’est pas au point de vue purement scientifique et médical que la Société Archéologique doit avoir à apprécier celui qui fut un de ses membres. Nos études particulières, qui se rapportent à l’art ancien et à toutes ses manifestations, qui embrassent l’histoire de l’homme dans l’exercice de toutes ses forces morales, artistiques et littéraires, doivent rechercher dans M. Aussant ce qu’il eut de commun avec nous.

C’est par l’association que les efforts isolés peuvent prendre corps et produire un effet utile ; ce n’est toutefois que par une suite d’essais qu’on peut arriver au résultat organisé, En 1833, les hommes d’étude se groupèrent tout d’abord à Rennes dans un centre commun qui, sous le nom de Société des Sciences et des Arts, embrassait le champ, peut-être trop vaste, des connaissances humaines. Elle publiait un Compte rendu de ses travaux, et M. Aussant, qui en était le secrétaire, y déposa l’intéressant résumé des travaux de la Société pendant l’année 1835[53]. Elle prit ensuite pour organe de ses publications la Nouvelle Revue de Bretagne, et notre jeune savant, ne se bornant plus à rendre compte des productions des autres, vint l’enrichir des siennes. Dès les deux premières livraisons, en 1838[54], on voit de lui un Mémoire lu à la Société, sous le titre modeste d’Étude sur les météorites, et où l’archéologie, l’histoire, ainsi que la chimie et la minéralogie, montrent que toutes les sciences se tiennent. C’est dans cet ordre d’idées qu’est conçu un travail plus considérable qu’il lut à la Société des Sciences et des Arts, intitulé : Étude sur les origines de la chimie. Des arts métallurgiques chez les anciens, qui y fut également publié en 1838 et 1839 dans une suite de livraisons du même recueil[55]. Les prodigieuses recherches qu’il renferme y indiquent encore que chez lui le chimiste et l’archéologue étaient inséparables.

Par un pieux devoir, la Société des Sciences et des Arts consacrait une notice biographique aux membres qu’elle avait perdus, et c’est comme doublement son confrère que M. le docteur Aussant fut alors chargé de prononcer, un discours aux funérailles de M. le docteur Bertin et d’écrire sa vie, morceaux achevés que la Nouvelle Revue de Bretagne eut encore le triste privilège de publier en 1840[56]. Plus de trente ans après, la Société Archéologique avait à son tour à rendre à M. le docteur Aussant le même et dernier honneur.

Pour que l’association puisse rendre tous les services qu’on est endroit d’en attendre, il faut que le lien projette au loin ses nœuds. C’est ce qu’avait compris M. de Caumont, l’illustre vulgarisateur de la science archéologique, lorsqu’il fonda les Congrès scientifiques de France, la Société française d’archéologie pour la conservation des monuments historiques, et l’Institut des Provinces de France. Les 4 et 5 juin 1840, M. de Caumont vint tenir à Rennes une des assises de la Société Française. Le corps de ce Congrès était naturellement formé par la Société des Sciences et des Arts. M. Aussant, qui en était devenu vice-président, lut un résumé des travaux de la Société, rappelant tous les souvenirs de la vieille Armorique, rapport qu’il laissait volontairement incomplet, oubliant ses travaux personnels pour ne songer qu’à ceux de ses confrères dont il faisait l’éloge [57]. La Société Française l’admit dans son sein ; et il fit ensuite partie de l’Institut des Provinces. C’était la récompense de ses travaux postérieurs, mais on se souvenait des premiers.

L’action de la Société des Sciences et des Arts de Bennes était purement locale. Chaque Société savante de la Bretagne n’avait dans sa ville qu’une influence scientifique restreinte à son foyer. Il fallait l’étendre pour qu’elle portât ses fruits, et à l’isolement du travail substituer une organisation nouvelle, où l’assistance réciproque viendrait augmenter sa force en la réunissant en faisceau. A l’exemple de l’Association Normande, l’Association Bretonne fut alors fondée, avec le concours de M. de Caumont, et elle devait atteindre ce but. Dans chaque département, une Société Archéologique vint se relier à la classe d’archéologie de l’Association générale, et c’est ainsi qu’en 1844 prit sa naissance la Société Archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, qui n’avait été auparavant, à vrai dire, qu’une simple section de la Société des Sciences et des Arts. La Société mère se fondit dans la Société nouvelle, en ce qui touche sa spécialité, et c’est de cette manière qu’entra M. Aussant dans notre sein, dont il ne devait plus être séparé que par la mort. Dans le premier Congrès archéologique de l’Association Bretonne tenu à Rennes à cette époque, M. le docteur Toulmouche, rapporteur, signalait déjà la collection de son confrère M. Aussant comme riche en numismatique et en objets d’art romains ou gallo-romains, trouvés pour la plupart dans l’emplacement que les antiquaires assignent à l’antique cité des Rhedones [58]. C’est cette collection qui lui permit, au mois d’octobre 1846, d’adresser au Congrès de la classe d’archéologie de l’Association Bretonne tenu à Saint-Brieuc une lettre intéressante, où la numismatique bretonne était l’objet de curieuses recherches, à partir des pièces romaines trouvées dans la Vilaine lors de sa canalisation, la suivant dans ses monétaires à l’époque mérovingienne, et dans les deniers de ses premiers ducs à l’époque carlovingienne[59].

M. Aussant avait trouvé sa voie, et il la suivit depuis lors avec cette ténacité que les étrangers remarquent quelquefois dans la race bretonne, mais qui est le moyen assuré d’exécution du projet, la seule garantie d’atteindre le résultat poursuivi. Ce qu’il voulait, c’est que tout objet d’art dû au talent d’un artiste breton ne sortit point de la patrie, que tout ce qui était relatif à la Bretagne restât dans le pays, que chaque tableau, chaque sculpture, œuvre de n’importe quel artiste étranger, une fois acquis à la Bretagne, ne s’en séparât plus. L’histoire, l’archéologie et les beaux-arts s’y trouvaient également intéressés, et ce goût de l’amateur, guidé par une appréciation intelligente, le mit bientôt à même de réunir, avec ses seuls moyens personnels, une galerie de tableaux, une collection d’antiquités et de curiosités, et une suite importante de minéraux et de coquilles vivantes ou fossiles.

Quelques années s’étaient à peine écoulées, et ses collections avaient acquis un tel, développement, son expérience rapide s’était montrée sous un tel jour, que lorsque la XVIe session du Congrès scientifique de France vint se tenir à Rennes au mois de septembre 1849, personne mieux que lui ne fut jugé digne de présider tant la Commission d’exposition que la section des beaux-arts du Congrès scientifique. Il prononça le discours d’ouverture du Congrès, où il sut s’élever aux plus hautes considérations sur l’art, ses nobles tendances et les inspirations supérieures qui doivent guider l’artiste vers la perfection infinie [60]. Il ne se contenta point ensuite de diriger avec sûreté les débats de la section qu’il présidait ; il y intervint lui-même pour retracer l’esthétique de l’art a ces époques primitives où l’école de Giotto et les vieux maîtres italiens, Fra Angelico de Ficsole et Fra Bartolomeo, posaient les principes de la peinture religieuse, que Le Sueur, en France, et Cornelins, en Allemagne, ont à l’époque moderne développés à des degrés divers [61]. Lorsqu’en séance générale, au nom du jury des récompenses, il distribue les médailles aux exposants, il leur rappela dans le plus digne langage quelles devaient être les aspirations du véritable artiste rapportant tout à Dieu, et s’élevant par les merveilles de la création jusqu’au divin Créateur lui-même, cultivant le beau pour arriver au bien, préférant les jouissances éthérées de l’âme à l’appétit des besoins matériels, et se détachant du présent pour ne songer qu’à l’avenir [62]. Le Congrès scientifique n’eût point étudié complètement l’art en Bretagne s’il n’eût visité les collections de M. Aussant. M. Léon de la Sicotière fut chargé, pour en conserver le souvenir, d’en rédiger un rapport lu à l’assemblée générale [63]. En lisant la description de cette galerie de tableaux où l’école d’Italie et d’Espagne, l’école allemande, l’école des Flandres et de Hollande, et l’école française sont représentées partant et de séquelles toiles, où les dessins des maîtres, les gravures, les antiquités, les médailles, les émaux, les porcelaines, tous les genres, toutes les formes : tous les siècles et tous les pays viennent s’étaler pour la culture du goût, la satisfaction de l’esprit et le plaisir des yeux, l’on se demande comment en si peu dé temps un simple particulier, loin des ressources de la capitale, avait pu, autour de lui, parvenir à rassembler tant de trésors et de richesses artistiques.

La Société Archéologique profitait sans cesse de cette mine inépuisable, et ses séances en prenaient un nouvel attrait. Si quelque acquisition récente venait augmenter ce fonds, elle en avait la primeur ; si l’ordre du jour devait amener la discussion sur quelque fait à constater, la pièce se produisait à point nommé ; si quelque fouille, quelque investigation heureuse amenait au jour quelque objet rare ou curieux, acquis aussitôt, il était aussitôt exhibe, et des commentaires précieux venaient instruire en même temps qu’intéresser. C’était presque, toujours la Bretagne, et plus particulièrement la ville de Rennes, qui en faisaient les frais ; mais tous les arts, quelque fussent leur âge et leur provenance, n’en étaient pas exclus et savaient bien y trouver leur place.

Ce serait faire le dépouillement complet des Bulletins de la Société que de vouloir énumérer en entier toutes les communications de M. Aussant. En les présentant par ordre, à la tête de l’art antique il faudra mettre avec lui l’art égyptien des Pharaons [64]. Puis viendront les antiquités celtiques, étude de prédilection des savants de la vieille Armorique : l’âge de pierre avec ses haches polies trouvées tout autour de nous, à Saint-Grégoire, à Chelun, à Langon [65] ; l’âge de bronze quille suivit, avec ses matars, ses haches, ses coins de forme-diverse, ses épées à la poignée si remarquablement petite, ses bracelets pour la toilette, ses rouelles crénelées dont Pesage n’est point encore certain [66], et ses monnaies emblématiques [67], tout ; cela répandu sur le sol breton, enfoui par les évènements, reparaissant par le hasard, décrit par sa science. Puis s’offriront par lui les antiquités gallo-romaines, produit de l’art italien enseigné par la conquête à la civilisation imposée, fruit du paganisme remplaçant le druidisme éteint, remplacé à son tour par la religion chrétienne. La glyptique, cette gravure délicate sur pierre dure, y sera représentée par des camées et des intailles découvertes à Corseul, ancienne capitale des Curiosolites [68]. Le bronze, qui se prête aussi bien aux conceptions les plus élevées de l’art qu’aux usages domestiques les plus vulgaires, viendra de Rennes, de Dol, de Carhaix, de Jublains, des cités, des temples, des camps de l’Armorique et de la Neustrie. On verra paraître dans ses mains des statuettes de Mercure et de Pollux, l’ascia consacrée, des lampes, des clefs, des bracelets, des anneaux, des chaînes et chaînettes, des boucles, des agrafes et des fibules, des épées, des outils, des balances, jusqu’à d’humbles marmites avec leurs écumoires, mais toujours relevées par la forme qui partout y apporte sa distinction, montrant que le génie romain savait faire accepter son autorité non moins par l’influence des lettres et des arts que par la force de ses armes [69]. La numismatique, de tous les

points où les Romains airaient assis leurs établissements, apportera ses témoignages monétaires pour fournir ses indications d’histoire et de géographie, faire voir à son apogée et à son déclin l’art de la gravure en relief. Rennes et ses environs, Aleth, Corseul, déposeront leur tribut, qu’ils paieront en cuivre, en argent, en or. L’antique cité des Rhedones ne saurait manquer à cet appel. La canalisation de la Vilaine mettra à nu l’ancien lit de la rivière, jonché de milliers de pièces, depuis la république romaine jusqu’à la chute de l’empire, et sur l’ancien emplacement de la cité apparaîtra à chaque mouvement de terrain l’effigie du César sur la monnaie impériale [70]. Le fer ne fournira pas moins que les métaux précieux son contingent antique à ses exhibitions, et les hipposandales, ainsi que les fers de chevaux, lui serviront à de curieuses recherches sur leur attribution réelle [71]. Enfin, la céramique gallo-romaine viendra vous exhiber ses statuettes de Vénus Anadyomène, de Latone louant sur son sein ses enfants jumeaux Apollon et Diane ; ses lampes et ses ustensiles

domestiques, ses urnes funéraires, ses lacrymatoires, ses terres cuites, ses argiles rouges décorées de reliefs, ses matériaux de construction, briques et tuiles à rebords, sortis du sol de Rennes, de Casson, de Corseul, partout où le potier savait modeler la pâte pour en tirer un galbe toujours artistique [72]. Puis enfin le musée Campana, don de la libéralité du gouvernement, rangera dans nos collections municipales ses vases grecs, étrusques, romains, enrichis de peintures, triomphe de l’art archaïque[73].

Les objets du moyen-âge, de la renaissance et de l’époque moderne ne se presseront-ils pas également en l’utile devant la Société d’Archéologie sous les mains de M. Aussant ? La numismatique des rois de France et de leurs grands vassaux, des barons et des seigneurs, ne fera point défaufiles tiers de sol de l’époque mérovingienne, les deniers carlovingiens, et cette multitude de pièces de cuivre, d’argent et d’or que la troisième race ne cessait demeure, variant le titre et le poids au gré de ses besoins financiers, paraîtront tour-à-tour. Enfin, le monnayage de la Bretagne, depuis les premiers ducs jusqu’à la bonne duchesse Aune, dernier rejeton de la nationalité bretonne, viendra, avec un intérêt tout spécial, se placer sous vos yeux. Les jetons et les médailles destinés, à perpétuer le souvenir des évènements ne seront pas oubliés, surtout s’ils concernent la Bretagne. La sphragistique bretonne présentera ses sceaux[74] de seigneurs, (d’abbayes, de cours. judiciaires ; ses timbres, ses cachets [75]. L’orfèvrerie, avec ses statuettes de saints, ses croix pour les églises, ses anneaux, ses bagues, ses agrafes, ses bijoux gravés, ciselés, repoussés, prendra le rang distingué qui lui appartient [76]. Le cuivre, le laiton, le bronze, soit au naturel, soit étamés, argentés ou dorés, concourront avec les métaux précieux pour les vases sacrés, les croix processionnelles, les statues vénérées et les objets usuels où l’art viendra rehausser la matière ; puis la dinanderie exercera sur ses plats aux merveilleux reliefs [77]. Les armes, instruments d’attaque et de mort, mais aussi de défense et de salut, brilleront sous vos yeux ; ornés de tout le luxe féodal ; les poignards et les dagues, les épées, les lances et les haches, avec les cottes de mailles, les armures, les casques et les cuirasses, représenteront le moyen âge, tandis

que l’arquebuse à rouet, le poitrinal et le mousquet figureront la renaissance[78]. La ferronnerie et la serrurerie, la fonte de fer, de plomb, d’étain, quoique de plus modeste apparence, n’en sont pas moins le résultat des arts et métiers les plus utiles, et l’on ne verra pas sans fruit les serrures et les cadenas, les clefs ouvragées, les fers de chevaux, les croix à jour, les écussons et leurs supports, tout ce que montrera l’habile investigateur du passé[79].

Mais les beaux-arts proprement dits ne fixeront-ils pas les regards d’une manière plus particulière encore ? L’ivoire s’étalera en fines ciselures sur les petits volets des diptyques et des triptyques, il deviendra des statuettes, la mode en fera des rapes a tabac ou des tabatières[80]. Le marbre, l’albâtre, n’attireront-ils pas vos yeux, et lorsqu’il s’agira du grand sculpteur breton Michel Colombe, nos oreilles ne seront-elles pas attentives[81] ? La pierre qui, dans nos églises, devenait statue, chapiteau, se creusait en bénitier, s’arrondissait en colonne ; ne sera-belle pas digne d’être étudiée avec les architectes qui élevaient nos monuments religieux[82]. Le bois, plus propre aux travaux d’intérieur, débité, détaillé avec la délicatesse d’un artiste jaloux de la beauté de son œuvre, enrichi par la dorure, ne se placera-t-il pas devant nous, sous la figure de ce magnifique retable provenant de l’ancienne cathédrale de Rennes, longtemps abandonné sans soin, sauvé par notre archevêque, conservé par la pieuse sollicitude de l’archéologue, signalé comme devant être restauré à tout prix par M. Aussant, qui en recherchait les pièces disséminées, les rachetait pour les y reporter et en réunir l’ensemble dispersé, le faisait exposer au musée en attendant qu’il revint orner la cathédrale nouvelle ? N’est-ce pas le même esprit de patriotique conservation qui lui faisait acquérir, à Carhaix, la statue de notre dernière duchesse, taillée sous les traits de saint-Anne sa patrone[sic] ? Sans doute que ces grandes occasions ne se renouvelaient pas sans cesse au gré de ses désirs et des vôtres ; mais si le xve et le xvie siècle formaient avec amour dans le bois, des groupes, des statues du Christ, de la Vierge et de saint Joseph ; si des panneaux de bas ou de haut relief retraçaient à la piété les scènes de la vie du Sauveur, l’adoration des Mages, le portement de la croix, le crucifiement, entourés dans les courbes ogivales du style flamboyant ; quand ces sculptures, où le talent se mettait au service de la religion, tombaient entre ses mains, ne vous en applaudissiez-vous pas, et pour lui et pour nous ; pour l’art, dont, les débris se trouvaient arrachés à l’a destruction, pour la religion dont l’art venait ainsi rendre le plus beau et le plus noble des témoignages [83]. Dans cette série, l’émaillerie ne viendra-t-elle pas encore d’autorité prendre sa place, et les vieux émaux champ-levés ou incrustés, ainsi que les émaux des peintres, les chasses, les custodes et les pyxides, ne commanderont-ils pas l’attention ; et lorsque le nom de Jean Laudin sera par lui prononcé, ne vous inclinerez-vous pas ? Limoges ne viendra pas seul, et l’on pourra comparer avec les émaux byzantins, les cuivres émaillés de la Russie, souvenir éloigné d’une origine commune[84].

Au milieu de toutes ces richesses, la peinture ne viendra-t-elle point prendre son rang ? M. Aussant était trop amateur pour la négliger, trop connaisseur pour ne point l’apprécier, et elle fut toujours l’objet de sa prédilection particulière. Mais, sans exclure la peinture moderne, il se portait de préférence vers les vieux maîtres, il aimait à explorer les origines ignorées, et dans ses recherches esthétiques il se reportait vers la peinture religieuse, aux formes graves et austères, telle que la concevait le moyen âge. Aussi les diptyques et les triptyques, les vieux panneaux à fond doré, ces conceptions hiératiques transmises par la tradition de Constantinople à l’Italie, et de l’Italie à l’Empire germanique, constituaient ses préférences ; et lorsqu’à ses exhibitions les noms de Guido de Sienne, de Simon Memmi, du Giottino, venaient s’attacher a la veille école italienne ; les noms de Hans Hemeling, Van Eyck, Lucas de Leyden, Albert Durer à l’école d’Allemagne et des Pays-Bas ; que l’école espagnole venait y paraître à son tour, puis nos Vierges noires, objet d’une vénération remontant aux Croisades, n’avions-nous pas à nous incliner devant ces grands noms, rehaussés de ces grands souvenirs ? Cette opinion, il cherchait à la faire prévaloir ; et lorsque l’église de Saint-Laurent fut décorée de peintures murales qui lui rappelaient ce vieux style, les appréciant haut dans son rapport, il faisait décerner par la Société une médaille d’argent à l’artiste qui avait osé les entreprendre, ouvrant ainsi la voie à ses imitateurs. Toutefois, sa galerie ne s’était pas formée avec des préoccupations exclusives ; elle contenait tout ce que les artistes des xvie, xviie et xviiie siècles avaient laissé de disponible pour ses mains et moyens. Devenu un véritable expert, il discutait soigneusement les attributions, et il étendait en dehors de ce qu’il possédait le cercle de ses discussions. Est-ce à Jean Cousin qu’on doit attribuer le table des Noces de Cana du Musée de Rennes ? Les peintures de la grande salle du Palais-de-Justice sont-elles d’Érard ? Ces questions et bien d’autres étaient débattues dans vos séances, et s’il les agitait, c’est qu’elles se reportaient à des tableaux que possédait la ville de Rennes. Son pays était à tous les points de vue toujours son objectif. S’il exhibait un portrait de femme du xve siècle ; il faisait remarquer qu’elle était en costume breton ; un portrait donné pour celui de Mme  de Sévigné, l’aimable hôte des Rochers de Vitré, il recherchait l’authenticité des divers portraits de cette femme célèbre ; un curieux tableau allégorique, il retrace la création du papier timbré en 1675, satyre suivie d’une révolte comprimée par la plus cruelle répression ; s’il offre un pastel, ce sont les traits de Maupertuis, de Saint-Malo ; cette toile de David, c’est le portrait de Hoche, le pacificateur de Bretagne et de Vendée ; ce cadre de Boilly, c’est le charmant Elleviou, que Paris prit à Rennes pour en faire les délices de la scène. Voici plusieurs peintures bien médiocres ; mais elles représentaient d’après nature la vieille ville de Rennes avant ses transformations modernes ; c’est le seul souvenir qui en doit rester désormais[85]. Dans ses recherches sur les vieux dessins, il était guidé par la même idée, de tout reporter à sa ville natale, ainsi qu’à la Bretagne. Ce qu’il exhibe, ce sont de vieille-s vues dessinées à Rennes, à Fougères, à Dinan, à Nantes, à Brest, retraçant leur ancien état, leurs vieux monuments avant leur démolition ou leur malencontreuse restauration ; ce sont des lavis, des miniatures intéressant les familles, les corporations[86]. Il en est de même pour les gravures : ce sont les portraits des évêques, des gouverneurs, des présidents au Parlement, des savants et des hommes de lettres auxquels la Bretagne a donné le jour ; ce sont les évènements remarquables qui s’y sont passés, les batailles, les fêtes, les funérailles ; ce sont les planches des artistes bretons auxquelles leur burin a donné la vie, remarquable collection à l’accroissement de laquelle il donnait tous ses soins, ne négligeant rien, employant tout pour qu’elle fût complète[87]. Il s’étendait jusqu’aux tapisseries et aux tissus, qui ne sont en effet, sous le rapport de l’art, que des tableaux ouvrés. Les tentures en cuir peint repoussé ou gauffré, représentant des chasses, des oiseaux et des fleurs ; les tapisseries de haute lice ou au petit point, retraçant des sujets de l’Ancien ou du Nouveau-Testament ; les ornements d’église ; un siège semé de fleurs-de-lis et d’hermines, seul reste du mobilier du Parlement de Bretagne

échappé au vandalisme, venaient successivement s’offrir [88]. Les vitraux d’église, c’est aussi de la peinture, et la plus belle, car elle est inaltérable, et si ce n’était la fragilité de l’excipient, elle traverserait les siècles. Que de débris n’en a-t-il pas voulu sauver, et par ses considérations sur l’usage des vitraux dans les églises, combien n’a-t-il pas contribué à en renouveler l’emploi [89] ? La céramique, cette branche de l’industrie du fourneau, objet de tant d’études, n’avait pas moins été étudiée par lui, et ses découvertes en cetté partie ont eu un tel succès pour le pays, qu’on se trouvera forcé tout-à-l’heure d’y revenir d’une manière plus spéciale. Enfin, pour justifier qu’il n’y avait aucun point de l’archéologie sur lequel il n’eut porté ses efforts, la diplomatique et la paléographie avaient fait de lui comme un archiviste émérite. Les vieilles chartes, les vieux manuscrits, parchemins effacés par le temps, les évangéliaires, les heures brillamment enluminées de vives miniatures, les titres, les aveux, les autographes, il les exhumait de la poussière, les déchiffrait et les remettait en lumière. Dans les anciennes reliures, dans les vieux cartonnages par lui défaits et dédoublés, il trouvait des fragments inédits de droit romain ou de droit coutumier [90]. Enfin, la bibliographie, qui résume toutes les connaissances, lui était non moins familière que le reste, et lorsqu’il arrivait, montrant ses vieux incunables, ses curiosités de l’imprimerie et de la librairie bretonnes, il était facile de voir que rien ne lui était étranger [91].

On dit souvent que nul n’est prophète dans son pays, mot qui n’est du moins pas exact pour nous, car la ville de Rennes sut bien reconnaître son mérite. Les arts avaient besoin d’être représentés dans les Conseils de la cité ; en 1852, il est élu conseiller municipal, et malgré les fluctuations de la politique il est constamment réélu. Les administrations municipales avaient jusqu’à ce moment laissé dépérir dans je ne sais quel local obscur et humide les toiles provenant soit des confiscations de la Révolution, soit des dons du gouvernement ; les plus heureuses étaient dispersées dans les églises, les établissements publics et ailleurs ; les collections archéologiques du président de Robien étaient jetées à l’abandon, dans un grenier. M. Aussant s’en émut, et bientôt s’éleva le Palais-Universitaire, où les Musées, les Facultés de droit, des sciences et des lettres, et l’École de médecine, devaient trouver sous le même toit un splendide abri. Lorsque ce palais, achevé en 1855, fut prêt à recevoir ses nouveaux hôtes, une délibération du Conseil Municipal fut prise, et par un arrêté du maire en date du 1er septembre, dont les motifs honorent autant l’administration qui l’a rendu que celui qui en a été l’objet, M. Aussant fut nommé directeur honoraire des Musées de la ville. En 1857, la Société d’Archéologie l’élut pour son vice-président, et en 1858 et en 1859 il fut deux fois de suite élevé a la présidence. Enfin, au mois de juin 1860, l’installation et le classement des Musées étant terminés, les livrets et catalogues rédigés, le Conseil Municipal, par la plus justement flatteuse des délibérations, un décerne, en récompense des services rendus à la ville, une médaille d’or, hommage mérité, ratifié par l’opinion de tous, et que sa seule modestie pouvait regarder comme trop suffisante.

Bien des personnes sont portées à tort à regarder l’amour des arts comme ne pouvant s’allier avec les conditions ordinaires de la vie, mauvais aux travaux professionnels, bon tout au plus à une distraction de luxe. Ce ne peut être vrai que vis-à-vis d’un être assez faible pour se laisser absorber tout entier par une passion exclusive ; mais l’homme aux facultés complètes ne se fait pas ainsi dominer, il sait allier aux nobles délassements de l’esprit des plus exigeants devoirs, cultiver les uns sans manquer aux autres, se reposant de ceux-ci par ceux-là, toujours prêt à répondre à l’appel de la science aimable comme à Paupel de la profession austère. Tel était M. Aussant, praticien des plus distingués, l’un des premiers dans l’exercice de son état, comme dans le professorat. Aussi lorsqu’en 1861 il fut nommé directeur de l’École de Médecine, le corps médical, comme les étudiants, applaudirent-ils à ce choix qui mettait à la tête de l’École l’homme de science en même temps que l’homme d’ordre et de vertu, à qui il appartenait mieux qu’à qui que ce soit de diriger la jeunesse. Et il le prouvait bien chaque année dans ses discours annuels à l’ouverture des Facultés, rendant compte des travaux des professeurs et des élèves, donnant à son prédécesseur défunt le tribut d’éloges qu’il mérita lui-même lorsque la mort devait venir plus tard l’enlever à son tour [92].

Au mois de juin 1863, un concours régional industriel et agricole, embrassant toute la Bretagne, avait été fixé à Rennes, capitale de la province. Il fallait rehausser l’exposition des produits de l’industrie et de l’agriculture par une exposition artistique, où les collections particulières viendraient exhiber au public les tableaux de maîtres anciens et les objets d’archéologie renfermée dans le mystère du domicile, réalisant l’alliance de l’art et de l’industrie, élevant celle-ci par celui là, vitrifiant l’un par l’autre, et par la mise en communication de la foule avec ces trésors de l’art, développant en elle le goût de ces belles choses qu’elle aurait ignorées toujours. Ce fut sous le patronage de la Société Archéologique que cette idée fit son chemin et reçut sa réalisation. Une Commission fut nommée par l’autorité. Qui mieux que M. Aussant pouvait être appelé à la présider ? Il le fut, et le plus éclatant succès vint couronner ses efforts. Le compte rendu qu’il en rédigea a été inséré dans vos Mémoires [93] et justifie combien en fut grand le résultat. L’auteur, se livrant d’abord à ces considérations esthétiques qui lui étaient familières, démontre l’influence de l’art sur la vie intellectuelle, son action sur l’âme au moyen de la contemplation du beau, et la pure jouissance qui en découle par la satisfaction des sentiments les plus élevés. Puis groupant par écoles cette galerie improvisée qui devait si tôt disparaître, ne laissant après elle que sa description, il parle d’abord de la partie archéologique de la peinture, en commençant par les tableaux gothiques inspirés par l’art chrétien du moyen âge ; puis il entre dans les écoles modernes, passe successivement en revue l’école italienne, l’école espagnole, l’école allemande, anglaise, les écoles de Flandre et de Hollande, terminant par l’école française, faisant ressortir les caractères propres à chacune, mettant chaque tableau dans son jour, le décrivant brièvement, n’oubliant rien, appréciant tout, modèle de critique, d’attribution judicieuse, de bon goût et de jugement sûr. La réussite de cette exposition, gage de l’avenir, a porté ses fruits. Dans une circonstance analogue, elle s’est renouvelée au mois de septembre dernier, sous le patronage de l’autorité municipale et de la Société Archéologique. Le succès a été le même et plus grand encore. Pourquoi faut-il que le fondateur n’ait pu jouir du spectacle de la prospérité croissante de l’œuvre qu’il avait entreprise !

Ce n’est pas seulement pour constater l’art tel que le passé l’a fait qu’avait été conçue par M. Aussant l’idée des expositions artistiques. C’était aussi dans sa pensée un instrument de découvertes à faire, et il sut en tirer un merveilleux usage. A cette époque, l’intérêt pour l’industrie céramique se manifestait de toutes parts, et l’on cherchait à la faire revivre en recherchant les vieux débris de nos faïences nationales. La Normandie, le Nivernais, la Provence retrouvaient leurs titres ; la Bretagne restait muette. Interrogée, il la fit sortir de son silence. Déjà quelques pièces avaient : fait soupçonner ce qu’elle avait été : l’exposition de 1863 l’indiqua. Une pièce signée de Bourgouin 1764, représentant la statue de Louis XV, placée au centre de la façade de l’Hôtel-de-Ville de Rennes ; une remarquable pièce de faïence décorée, sous laquelle on lisait : fait à Rennes Rüe hüe 1769, montrait que cette industrie y avait existé et ce qu’elle avait dû être. Il faut que tout à fait on le sache. Son esprit s’excite ; une Commission est organisée sous sa présidence, une exposition spéciale est indiquée pourrie 25 novembre 1864. Un programme habilement rédigé par lui est lancé de toutes parts. De toutes parts, on y répond. Les faïences bretonnes affluent. Les curieux arrivent de Paris, de tous côtés, se joindre aux provinciaux pour ce spectacle nouveau : le vieux Rennes était trouvé et prenait sa place à côté du vieux Rouen, du vieux Nevers, de Strasbourg et de Marseille. Le violet manganèse s’installait à côté de leurs vives couleurs. Nantes, Quimper, Quimperlé, Saint-Main, produisaient leurs ateliers. Les revues, les journaux faisaient trêve à la politique pour s’occuper de l’exposition des faïences de Rennes, pour la décrire, la faire connaître ; et mettant en lumière la vieille faïence de Rennes, en reportaient l’honneur à celui qui Parait fait découvrir [94]. Le but était rempli ; le stock du vieux Rennes était connu, on pouvait, apprécier son origine et sa disparition, sa hauteur et sa décadence. Mais il est indispensable que cet ensemble, qui va se trouver dispersé, ne se disloque point ainsi. A ses collections il veut joindre celle de la céramique bretonne ; il la recueille, et le fruit de ses efforts ne sera point perdu. A vos séances il venait exhiber ses achats, chaque pièce trouvée, exposition ultérieure se renouvelant sans cesse [95].

Son activité ne pouvait s’arrêter, et une circonstance vint lui donner encore un nouvel aliment. Familiarisé qu’il était avec toutes les fouilles qui avaient mis à nu les vestiges de la cité, il connaissait son Rennes ancien comme si, vieux citoyen romain ou bourgeois du xive siècle, il eût, immortel, traversé les âges. Chaque coup de pioche avait été pour lui sujet à explorations et à découvertes [96]. Aussi lorsque l’édilité rennaise voulut faire démolir la porte Saint-Michel, il comprit de suite le profit que la topographie et l’archéologie pourraient en tirer. Une Commission fut nommée à cet client, et, comme d’usage, présidée par lui. A la séance de la Société du 14 mai 1867, il présenta préliminairement un remarquable rapport, dans lequel, décrivant les successives enceintes de la ville, ses accroissements, ses constructions et reconstructions, il : touchait du doigt les édifices détruits comme s’ils existaient encore, indiquant où devaient être leurs ruines, et ce qu’on pouvait espérer y trouver [97]. Et son intuition avait deviné juste. Ce qu’il avait prévu se réalisa dans l’hiver de 1868, et dans les démolitions de la porte Saint-Michel ou put discerner les matériaux de la muraille romaine avec laquelle on Parait bâtie, matériaux de temples détruits, de cippes et d’autels renversés, parmi lesquels le musée de la ville s’enrichît de deux belles inscriptions romaines [98], qui de suite ont fait l’objet d’une suivante étude de notre confrère M. Mowat [99]. Le hasard, dit-on, sert souvent à souhait ; mais il n’est point aussi complaisant qu’on le suppose, il n’obéit qu’à ceux qui le forcent à les servir, et savent l’y contraindre : la science est leur talisman.

Tant de travaux ne pouvaient tarder plus longtemps à recevoir la plus haute récompense. Il fut nommé chevalier de l’Ordre de la Légion-d’Honneur, et nulle distinction ne fut plus méritée.

La Société Archéologique l’appela de nouveau à la présider en 1868 et 1869. C’était un président émérite qui reprenait le service actif, joignant l’expérience à l’autorité. Les temps étaient plus heureux, et la Société aimait à se produire en séance publique, entrant avec tous en communication de ses travaux. Elle était dignement représentée dans ces solennités. Dans l’une de ces séances, il parla des antiquités préhistoriques déterminant l’âge de la pierre taillée, de la pierre poli, l’âge du bronze, du fer, recherchant les origines asiatiques de la race gauloise, retraçant ses migrations vers l’Occident, appuyant ses distinctions de spécimens d’armes et d’instruments déposés sur le bureau, intéressant vivement le public et nous-même par ses démonstrations tangibles [100]. Dans une autre séance publique, il fixa l’attention de l’auditoire en jetant un coup d’œil sur la situation et le caractère de l’art en France au xvie siècle, faisant remarquer l’affinité qu’il avait d’abord avec l’Allemagne plutôt qu’avec l’Italie, signalant l’influence absorbante exercée ensuite par l’art italien ; puis, par le même procédé instructif, il produisait à l’appui de ses idées les objets (Pari ; qui servaient à ses développements [101].

Cependant une maladie qui ne pardonne pas, et l’habile médecin se connaissait bien lui-même, s’était emparée de sa personne ; il renonce aux fonctions publiques, est nommé en 1868 directeur honoraire de l’École de Médecine, ne conservant pour m’attacher a la vie que de derniers travaux à accomplir. Une dernière et importante découverte lui restait encore à faire, et il ne voulait pas y manquer. M. Benjamin Fillon, dans son bel ouvrage l’Art de terre chez les Poitevins, publié en 1864, avait, par des rapprochements ingénieux et des titres jusqu’à lui inconnus, découvert l’explication du mystère qui s’attachait aux fameuses faïences de Henri II, et fait connaître qu’elles étaient dues à Hélène de Hangest, veuve du grand-maître de France, Arthur de Boisy ; seigneur d’Oyron [102]. L’art céramique, dont l’illustre famille des Gouffier avait doté le Poitou, ne devait-il pas aussi, sous quelqu’autre grande influence, se retrouver à la même époque en Bretagne, et pourquoi pas à Rennes même. Déjà quelques pièces bretonnes, et où se faisait voir le désir d’imiter Bernard Palissy, l’avaient mis sur la trace [103] ; et voici qu’aux portes de la vrille, dans une de ses propriétés, près de Châtillon, il découvre, cachés sous d’épaisses couches de badigeon, deux médaillons encastrés : c’étaient deux terres cuites représentant les profils de Henri II et de Catherine de Médicis. Sur le faîtage d’une maison du village de Saint-Laurent, s’élève un vieil épi ; il l’examine, il portait avec l’écusson de France et de Navarre, l’effigie de Marie de Médicis, et pour marque, l’estampille DE FONTENAY [104]. C’était toute une révélation. Et se reportant à haut et puissant seigneur Jean d’Acigné ; sire de Fontenay, chevalier des ordres du Roi et président des États de Bretagne, il : découvrait le protecteur, dont le fief, passant ensuite par alliance entre les mains du maréchal de Cossé-Brissac, gouverneur de Bretagne, avait sinon rivalisé a pour les productions artistiques avec Oyron, du moins montré par toute une série de poteries importantes que la Bretagne, avec ses grands seigneurs, ne marchait pas en arrière du reste de la France dans le grand mouvement artistique qui caractérisait la renaissance au xvie siècle. La Société en fut instruite la première ; et dans une séance publique au moisi d’avril 1870, il fit lire, car il ne le pouvait plus lui-même, un morceau où les auditeurs étaient mis a même d’apprécier que sous le rapport des beaux-arts et de la céramique la Bretagne ne le cédait à nulle autre province [105].

Un Mémoire de M. Aussant, retraçant sa découverte et l’accompagnant de curieux détails, ouvre le volume des Mémoires de la Société, publication posthume dont l’enrichit encore après sa mort celui qui, de son vivant, n’avait cessé de concourir à sa prospérité : c’est sa notice nécrologique qui le termine.

Pendant tout le cours de sa direction, M. Aussant n’avait cessé d’administrer les Musées de Bennes, non-seulement avec le désintéressement de la gratuité, mais encore payant largement en libéralités à l’établissement l’honneur qu’il croyait recevoir d’être à sa tête. Que de tableaux sortis de sa galerie sont venus enrichir celle de la ville ; que de dessins de maîtres sont venus en remplir les cartons pour s’exhiber ensuite. Toujours guidé par l’amour du pays, il avait formé une curieuse collection de gravures où l’iconographie et la topographie de la Bretagne recevaient leur illustration du burin. Il la donne pour qu’elle soit destinée a former une galerie nouvelle où les artistes bretons pourront trouver des modèles certains et authentiques. Il. se pressait d’autant plus qu’il voyait que ses instants étaient comptés. Une collection de minéralogie et de conchyliologie est nécessaire pour compléter les séries de son musée ; il la donne généreusement ; heureux que ce qui fit l’objet des recherches de toute sa vie soit encore, après sa mort, le sujet des études de tout un public.


M. Aussant mourut à Rennes le 18 juin 1872. La Mairie, l’École de Médecine et la Société, qu’il avait présidée avec tant de distinction, ne manquèrent point, en lui rendant les derniers devoirs, de lui payer le tribun de leurs regrets [106], hommage suprême sur la tombe de celui qui emportait avec lui le témoignage d’une carrière si bien remplie par les devoirs de son état, la culture élevée des sciences et des arts, et la constante pratique de moules les vertus qui font l’homme et le citoyen, le vrai savant et le véritable chrétien, honneur de la Bretagne et du pays tout entier.

ANDRÉ.

LISTE

DES

MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIOUE

DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE.


Bureau pour l’année 1872-73.

Président. — M. Pinczon du Sel père.

Vice-Président. — M. de la Bigne Villeneuve (Paul).

Trésorier. — M. du Breil Le Breton

Secrétaire. — M. Philippe-Lavallée.

Secrétaire-Archiviste. — M. Quesnet.


Membres honoraires.

Mgr  Brossais Saint-Marc, O *, Archevêque de Rennes,

MM. de Caumont, O ❄, correspondant de l’Institut national de France, directeur de l’Institut des Provinces et de la Société française pour la conservation des monuments historiques, etc., etc.,

De Léon, ❄, ancien Maire de Rennes.

Lefebvre, O ❄, ancien préfet d’Ille-et-Vilaine.

Malagui, O ❄, Recteur de l’Académie.

M. Moet de la Forte-Maison, membre de plusieurs Sociétés savantes.

Membres titulaires fondateurs.

MM.

1845 Audren de Kerdrel (Vincent), membre de l’Assemblée nationale, ancien élève de l’École des Chartes, membre de, I’Institut des Provinces, à Versailles et au château de Saint-Uhel, Lorient (Morbihan).

Brune (abbé), chanoine de la Métropole, ancien professeur d’archéologie au Grand-Séminaire, à Bennes (rue du Four-du-Chapitre, 3).

Danjou de la Garenne, membre de la Société française d’archéologie, à Rennes (rue d’Estrées, 2).

De Genouilhac (vicomte Paul), membre de l’institut des Provinces et de la Société française d’archéologie, à la Citapelie-Chaussée, par Bécherel.

De la Bigne Villeneuve (Paul), membre de la Société française d’archéologie, à Rennes (rue des Francs-Bourgeois, 12).

De la Borderie (Arthur), membre de l’Assemblée nationale, archiviste paléographe, membre de l’institut des Provinces et de la Société française d’archéologie, à Versailles (rue de la Paroisse, 2) et à Rennes (rue Saint-Louis, 22).

De Langle (vicomte Ferdinand), membre de la Société française d’archéologie, au château des Tesuières (Torcé), par Argentré.

De Langle (vicomte Augustin), au château de la Baratière, Vitré.

Godefroy, professeur à l’École de Médecine, à Rennes (rue du Champ-Jacquet, 15).

Langlois (Charles), architecte, conservateur des bâtiments de l’État, membre de la Société française d’archéologie, à Rennes (rue Lafayette, 6).

MM.

Le Godinec de Traissan (comte Alfred), à Rennes (quai Châteaubriand, 5).

Maupillé (Léon), conservateur de la Bibliothèque publique de Fougères, à Fougères.

Pinczon du sel père, ❄, vice-président du Conseil de préfecture, à Rennes (rue Trassart, 6).

Taslé, ❄, président honoraire à la Cour d’Appel, membre de l’institut des Provinces, à Rennes (rue de Bel-Air, 6).

Vatar (Hippolyte), imprimeur, ancien bibliothécaire de la ville de Rennes, à Rennes (rue Saint-François, 8).

Membres titulaires agrégés depuis la fondation.

MM.

1852 André (Auguste), ❄, conseiller à la Cour d’Appel, correspondant de la Société des Antiquaires de France, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Rennes (quai Saint-Yves, 14).

1855 Philippe-Lavallée, contrôleur des Hospices de Rennes, ancien bibliothécaire de la ville de Quimper, à Rennes (place du Bas-des-Lices, 1).

1857 Morin (Eugène), professeur d’Histoire à la Faculté des Lettres, à Rennes (quai de Nemours, 15).

1858 Quernest, docteur en droit, juge de paix à Lamballe (Côtes-du-Nord).

1859 Quesnet, archiviste du département d’Ille-et-Vilaine, correspondant du ministre de l’instruction publiques pour les travaux historique ; à Rennes (rue Louis-Philippe, 11).

1860 De Palys (comte Élie), à Rennes (rue Saint-Yves, 5.)

De Montessuy (comte Hippolyte) ; membre de la Société française d’Archéologie, à Rennes (rue de Bourbon, 8).

1862 Aubrée (l’abbé), chanoine honoraire, curé de Notre-Dame de Vitré.

Troprée (l’abbé), curé de Sainte-Croix de Vitré.

Ropartz (Sigismond), avocat, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Rennes (rue aux Foulons, 46).

1865 Anne du Portal, à Rennes (faubourg d’Antrain) et à Hedé.

1864 Guillotin de Corson (l’abbé), vicaire à Noë-Blanche, par Bain.

Paris (l’abbé), vicaire à Miniac-Morvan.

1866 Des Buffards, à Rennes (rue Motte-Fablot, 2).

Des Orières (Charles), à Rennes (rue de Bourbon, 8).

Guillot (l’abbé), à Rennes (rue des Dames, 15).

Paillard (Aristide), artiste-peintre, à Bennes (rue Leperdit, 6).

Pinczon du Sel (Thomy), à Rennes (rue Trassart, 6).

Hamard, avocat (rue Louis-Philippe, 42).

1867 Le Hénaff, peintre d’histoire, à Rennes (rue Saint-Melaine, 65).

Leroy fils, imprimeur-lithographe (rue Louis-Philippe, 1)

1868 Bouillet (Ernest), inspecteur de la voirie municipale, à Rennes (rue de Nemours, 10).

Ficquemont, artiste, facteur d’orgues, à Rennes (rue de Paris, 56)

Mallet, notaire à Bréal-sous-Montfort.

Moisan, homme d’affaires, au château de La Couyère, par Le Sel-de-Bretagne.

1869 Des Bouillons, à Rennes (rue de Bourbon, 8), et à Château-Letard, Saint-Erblon.

Léofanti, artiste-peintre, à Rennes (rue des Trente).

Mowat (Robert), chef d’escadrons au 10e régiment d’artillerie, à Rennes (rue du Pré-Perché, 19).

1870 De Matty de Latour, O ❄, ancien ingénieur en chef, à Rennes (Galeries-Méret, 11).

1871 Du Breuil le Breton (Octave), à Rennes (rue de Clisson, 2).

Hérault fils, sculpteur, à Rennes (rue Saint-Hélier, 68).

1872. De Cheffontaines (comte X…), au château de la Mollière (Saint-Senoux), par Guichen.

Michel (Chevalier), ancien magistrat, à Rennes (boulevard Sévigné, 59).

Membres correspondants.

MM. De Keranflec’h de Kernezne (Charles) ; membre de la Société française d’archéologie, correspondant du Cambrian Archeological Association, au château du Quenelec, près Mûr-de-Bretagne (Côtes-du-Nord).

De la Faye de L'Hospital, à Riom (Puy-de-Dome).

De Sailly, ❄, chef d’escadrons au régiment d’artillerie.

Bougoin (Charles), secrétaire de la Société Archéologique de Nantes, à Nantes (Loire-Inférieure).

Duplessis, ❄, vétérinaire au 1er  régiment d’artillerie.



TABLE







Saliens et Ripuaires. — Formation de la monarchie des Francs, par M. E. Morin
 155


I. 
Beaucé
 213
II. 
Billé
 219
III. 
 235
 237
V. 
Fleurigné
 244
VI. 
Javené
 253
VII. 
 258
VIII. 
Laignelet
 273
IX. 
Landéan
 288
X. 
Lecousse
 312
XI. 
Le Loroux
 333
XII. 
Luitré
 335
XIII. 
 341
XIV. 
Parcé
 341
XV. 
Parigné
 343
XVI. 
Romagné
 355
 378


Poëmes choisis de Marbode, évêque de Rennes, traduits en français par M. S. Ropartz — Introduction. 
 411
Livre Ier 
Épîtres
 430
Livre II 
 469
Livre III 
 498



    des 10 février et 10 novembre 1858, p. 158 et 168 ; des 12 janvier et 9 mars 1859, t. I, p. 9 ; des 12 mai et 12 novembre 1863, t. VII, p. 7 et 12 ; du 10 mars 1867, p. 911.

  1. Voy. Cartul. Rotonense, p. 98, 99, 77, 196, 197 ; — Archives d’Anjou, p. 328, 362 et 363.
  2. Dans la Semaine Religieuse de Rennes, j’ai raconté avec détails la curieuse histoire d’Anowareth.
  3. On sait que l’abbaye de Saint-Maur-sur-Loire eut tant à souffrir des invasions normandes, qu’elle ne se releva jamais complètement de ses ruines. De 868 à 1096, elle fut un simple prieuré de l’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés de Paris, et perdit toutes ses possessions en Bretagne.
  4. Preuv. de dom Morice, I, 1007.
  5. Je n’extrais de cet aveu que ce qui s’y rapporte à la seigneurie de Maure proprement dite, mettant de côté ses annexes Lohéac, le Plessix-Anger et les Brieux, qui étaient des terres seigneuriales de première importance.
  6. Archives de la Loire-Inférieure, ancien fonds de la Chambre des Comptes de Bret. — Que M. Remet, archiviste départemental de la Loire-Inférieure, me permette de le remercier ici du soin qu’il a mis à me communiquer les nombreux titres dont je me servirai dans le courant de cette étude.
  7. Hist. ecclés. de la réforme en Bret.
  8. Hist. de la Ligue en Bret.
  9. Déclar. du comté de Maure en 1695.
  10. Hist. Généal. de du Paz.
  11. Déclaration des fabriques de Maure en 1690. (Archives paroiss.)
  12. Qu’on me permette de renvoyer le lecteur à ma notice sur Thomas d’Anast, publiée par la Semaine Religieuse de Rennes, 1870.
  13. M. Racapé a publié dans le Conteur Breton (en 1865) une intéressante notice sur l’horloge de Maure.
  14. Celle intéressante dalle sert maintenant de pierre d’ : mtcl ; elle présente un écusson antique ana : armes pleines de Maure, accosté d’une lance et d’un glaive.
  15. Arch. paroiss. de Maure, obligeamment communiquées par M. le doyen de Maure.
  16. Déclarat. du comté de Maure.
  17. Cartul. Roton, p. 180.
  18. Voici la suite de cette déclaration : à De ladite église ensemble du presbytère et cimetière il est seigneur patron et fondateur, haut justicier du fief dudit bourg et, comme tel il a les [artères nominales aux prones des grand finesses dominicales, aussi litre et ceinture armoriée de ses armes au dedans et au dehors ; et au haut de la grande et principale vitre du chanceau de ladite église a écusson gravé sur pierre et taillés ès charpentes en bosse ; deux bancs à queue dans le chanceau, joignant le balustre, l’un du côté de Févangile, l’autre du côté de Pépître ; cnfeu et droit de sépulture prohibitive dans le chanceau avec la petite chapelle au-dessous de la sacristie nommée la chapelle des Cadets. n (Archives de Nanles.)
  19. Voir la note précédente.
  20. Archives d’Anjou.
  21. Arch. de Nantes.
  22. Dans mon livre Récits histor., tradit. et légendes. de l’arrondiss. de Redon.
  23. J’ai extrait cette inscription du registre paroissial de Mernel.
  24. Arch. de Nantes.
  25. Déclar. de la baronnie de Lohéac en 1695, et du regaire de Saint-Malo en 1682.
  26. Rolle de la par. de Mernel.
  27. Archiv. de Nantes.
  28. Nobiliaire de Brut.
  29. Archtu. de Nantes.
  30. Il a pour titre : Andes, Juliomagus et Andecavi, ou triple emplacement de l’ancienne capitale de l’Anjou. Il fait partie d’un ouvrage intitulé : Villes et Voies romaines de l’Anjou, qui a été l’objet d’une mention honorable au concours des Antiquités de la France en 1855.
  31. La lieue gauloise est estimée par d’Anville à 2,208m 75 ; et d’après M. de Saint-Ferjeux, la lieue gauloise romaine, qui est celle qui paraît devoir être adoptée, est de 2,224m. Toutefois, il y a lieu de remarquer que la différence de 15m 25 entre ces deux espèces de lieues, et de 244m pour les seize lieues en question, est assez petite pour n’être pas de nature à influer sur le choix de remplacement des stations Conbaristum et Sipia.
  32. D’Anville a dit que, d’après les opérations trigonométriques faites en France, la distance en ligne droite d’Angers à Bennes est de 50 lieues.
  33. Une lieue gauloise, évaluée à 1,500 pas romains, est égale à 1,133 toises 1 pied 1/2, ou 2,208m 75.
  34. La distance d’environ 500 mètres de ce point à Visseiche et celle de ce bourg au point signalé par M. Ducrest maintiendrait la voie un peu à l’ouest de ce bourg.
  35. Nous parlons ici d'Angers et non d’Empiré, qui est peu connu, parce que, à cause de la proximité de ces deux points, les voies qui s’y dirigeaient, partant de Rennes, étaient évidemment les mêmes, ne différant entre elles que vers les points d’arrivée.
  36. Nous devons dire ici qu’ayant communiqué notre Mémoire à M. Ramé, procureur général à la Cour de Rennes, il nous a fait savoir qu’il, s’était occupé de la question, et qu’il avait parfaitement reconnu sur le terrain des restes de cette voie romaine. D’après lui, Conbaristum serait à l’emplacement de Châtelais, et Sipia désignerait la rivière de Seiche.
  37. L’un d'eux, le pont suspendu de la Basse-Chaîne, qui est tombé sous la charge d’un régiment, a été remplacé par un pont en pierre.
  38. Ancien curé de l’église de Saînt-Pierre, à Angers.
  39. Mémoire sur le camp romain de Fremur, dit aussi camp de César, au confluent de la Moine et de la Loire.
  40. L'Anjou et ses monuments.
  41. Histoire archéologique de l’époque gallo-romaine de la ville de Rennes.
  42. Cette largeur considérable de la partie conservée, qui est celle à la base de la voie, en fait supposer à la surface une assez grande encore.
  43. L’on peut conjecturer qu'une voie romaine allait de Jublain à Châtelais, en passant par Laval, et qu’elle se rendait à Condivicnum, en passant par Candé. Par son prolongement au-delà de Jublain, elle pourrait être considérée comme ayant mis en communication la capitale des Namnètes avec Noviomagus (Lizieux) et toute la partie nord-est de Gaule.
  44. Zosim., Hist, liv. V1, chnp. 5 et 6 ; — Proc., Guerre des Goths, 1,12. , I
  45. Je dois la communication d’une grande partie des documents que j’ai cités dans ce travail à l’aimable obligeance de mon savant ami et confrère M. A. de la Borderie, qui a bien voulu mettre à ma disposition les nombreux matériaux manuscrits qu’il possède concernant l’histoire de notre pays. Je me fais un devoir de lui en offrir ici Impression de ma plus vive reconnaissance. — L. M.
  46. 1,840 boisseaux en 1608.
  47. Voyez ci-après la satire de Marbode sur la rapacité des porte-rouleaux.
  48. Cette sorte de réponse à la lettre encyclique était tantôt en prose, tantôt en vers ; elle enchérissait sur les louanges données au défunt et contenait des expressions de condoléance. L’œuvre poétique de Baldric, évêque de Dol, est presque exclusivement composée de ces réponses aux rotuli. Voyez sur cet usage le travail spécial et complet de M. L. Delisle, de l’Institut. (Bibliothèque de l’École des Chartes, 2o série, t. III.)
  49. D’autres disent au bourg de Sorges. Du moins, les biens dont sa famille dota l’abbaye de Saint-Aubin étaient situés à Sorges.
  50. Préface de la Vie de Robert d’Arbrissel.
  51. Voir Dissertation apologétique pour le bienheureux Robert d’Arbrissel. — Anvers, 1701, — in-12.
  52. Voyez le très-intéressant article que M. Douët d’Arcq a bien voulu consacrer à notre traduction du Lapidaire, dans la Revue des Sociétés savantes, tome II, p. 336 et suiv.
  53. P. 18 à 33.
  54. Nouv. Rev. de Bret., t. Ier, 1re livraison, p. 36 ; 2e livraison, p.88.
  55. T. 1er livraison, p. 338 ; 9e livraison, p. 441 ; t. II, 2e livraison, p. 116. Ce travail complété lu à la Société Archéologique dans les séances des 14 avril et 12 mai 1852 : Procès-verbaux, 1re livr., p. 72 et 74 ; et il y revint encore séances des 9 et 24 février 1859, t. I, p. 7.
  56. Nouv. Rev. de Bret., t. II, 5e livr., p. 294 et 313.
  57. Nouv. Rev. de Bret., t. II, 12e livr., p. 761.
  58. Ass. Bret., classe d’archéologie, 1re livr., p. 25.
  59. Ass. Bret., classe d’arch., 3e livr., p. 49.
  60. Congrès de Rennes, t. I, p. 81.
  61. Id., t. II, p. 249.
  62. Id., t. II, p. 375.
  63. Id., t. II, p. 396.
  64. P.-V. de-la Soc. d’Arch. ; séance du 11 février 1857, p. 137.
  65. P.-V., séances du 10 avril 1850, p. 46 ; du 3 avril 1865, t. VII, p. 43 ; du 13 novembre 1866, p. 66 ; des 14 mai et 9 juin 1867, p. 78 et 102 ; du 23 décembre 1868, p. 108.
  66. P.-V., séances du 29 juillet 1846, p. 14 ; des 13 mars, 10 avril, 13 novembre 1850, p 44, 46, 52 ; des 14 janvier, 10 mars, 12 mai 1852, p. 68, 72, 73 ; du 12 novembre 1856, p. 134 ; des 11 février et 11 novembre 1857, p. 137, 147 ; du 13 juillet 1359, l. I, p. 20 ; du 12 mai 1863, t. VII, p. 7 ; des 11 avril et 13 juin 1865, p. 43 et 47 ; des 12 juin et 10 juillet 1866, p. 63 et 65 ; du 23 décembre 1368, p. 108.
  67. P.-V., séances des 12 juin et 13 novembre 1850, p. 49 et 52 ; du 1851, p. 59 ; du 11 novembre 1857, p. 147.
  68. P.-V., séances du 11 novembre 1836, p. 16 ; des 12 mai et 8 décembre 12 mars 1857, p. 24 et 28.
  69. P.-V. du 11 novembre 1846, p. 16 ; du 12 mai 1847, p. 24 ; du 28 mars 1849, p. 32 ; du 10 juillet 1850, p. 50 ; du 14 avril 1852, p. 72 ; des 9 mars et 14 décembre 1853, p. 84 et 92 ; du 11 février 1857, p. 137 ;
  70. P.-V. des 19 juillet et 11 novembre 1846, p. 14 et 16 ; du 12 mai 1847, p. 24 ; des 14 avril et 9 mai 1849, p. 33 et 35 ; des 12 juin et 13 novembre 1850, p. 49 et 52 ; du 12 mars 1851, p. 59 ; des 14 janvier et 10 novembre 1852, p.69 et 79 ; des 11 mai, 13 juillet et 14 décembre 1853, p. 79, 86, 90 ; du 8 mars 1854, p. 96 ; des 12 mars et 9 juillet 1850, p. 125, 132 ; des 13 mai, 11 novembre et 9 décembre 1857 ; p, 142, 147, 148 ; des 10 février, 10 mars, 14 avril, 9 juin, 14 juillet 1858, p. 158, 160, 161, 164, 165 ; des 9 février, 24 mars, 13 avril, 13 juillet, 14 décembre 1859, t. I, p. 4, 10, 14, 20, 23 ; du 28 mars 1860, p. 32 ; des 13 février et 10 juillet 1862, t. III, p. 5 et 13 ; du 10 janvier 1865, p. 39 ; des 12 juin et 13 novembre 1866, p. 63 et 67 ; des 10 mars et 12 mai 1867, p. 93 et 98.
  71. P.-V., séance du 10 février 1856, 1. vu, p. 55.
  72. P.-V., séances du 10 juillet 1845, p. 9 ; du 26 mars 1849, p. 32 ; du 14 mai 1851, p. 62 ; du 12 mai 1852, p. 73 ; du 12 janvier 1853, p. 81 ; du 12 mars 1856, p. 124 ; des 11 février, 13 mai, 11 novembre 1857, p. 137, 163, 141 ; du 9 juin 1858, p. 164 ; du 13 février 1862, t. III, p. 5 ; du 14 juillet 1863, t. VII. p. 11 ; des 14 mai et 9 juin 1867, p. 79 et 102.
  73. P.-V., séance du 9 avril 1863, t. VII, p. 7.
  74. P.-V., du 1er avril 1846, p. 10, des 13 janvier et 10 février 1847, p. 18 et 20 ; du 13 novembre 1350, p. 53 ; des 12 mars et 14 mai 1851, p. 59, 61 ; des 14 janvier et 28 juillet 1852, p. 68, 78 ; du 8 juin 1853, p. 90 ; des 8 mars et 14 juin 1854, p. 96, 99 ; des 11 juin et 9 juillet 1856, p. 130, 132 ; des 13 mai, 10 juin, 8 juillet et 11 novembre 1857, p. 142, 145 ; des 9 juin, 14 juillet et 8 décembre 1858 ; p. 164, 165, 168 ; des 24 février, 9 et 24 mars, 11 mai 1859, t. I, p. 8, 9, 11, 18 ; des 14 mars et 11 juillet 1860, p. 23, 38, 39 ; du 10 juillet 1892, t. III, p. 13 ; du 8 décembre 1863, t. VII, p. 13, 14 ; du 9 juin 1867, p. 102 ; du 11 mai 1869, p. 127.
  75. P.-V. des 12 janvier et 9 février 1848, p. 29, 30 ; du 13 juin 1849, p. 35 ; du 12 février 1851, p. 56 ; des 9 juin et 29 juillet 1852, p. 78, 81 ; du 12 janvier 1853, p. 81 ; du 8 murs 1854, p. 97 ; du 9 avril 1856, p. 127 : du 13 janvier 1858, p, 158 ; du 12 janvier 1859, t. I, p. 1 ; des 14 mars et 11 juillet 1860, p. 26, 39 ; du 13 février 1861, t. II, p. 7.
  76. P.-V. des 10 mars et 14 novembre 1847, p. 22, 28 ; du 14 mai 1851, p. 62 ; du 9 février 1853, p. 82 ; du 11 juin 1856, p. 130 ; du 9 mars 1859, t. I, p. 9.
  77. P.-V. du 11 novembre 1846, p. 15 ; du 11 février 1349, p. 31 ; du 10 avril 1850, p. 46 ; du 12 mars 1851, p. 58 ; du 10 novembre 1852. p. 79 ; des 13 mai et 10 juin 1857, p. 142, 145 ; du 14 mars 1860, t. I, p. 27 ; du 13 mars 1861, t. II, p. 10 ; du 13 mars 1866, t. VII, p. 56 ; du 12 janvier 1869, p. 110.
  78. P.-V. du 13 février 1850, p. 42 ; du 10 murs 1852, p. 71 ; des 12 janvier, 11 mai, 13 juillet, 14 décembre 1853, p. 86, 90, 92 ; du 13 mai 1857, p. 142 ; du 10 mars 1867, t. VII, p. 94.
  79. P.-V. du 13 novembre 1850, p. 52 ; du 9 juin 1852, p. 74 ; des 13 février, 12 mars ; 9 avril 1856, p. 123, 124, 127 ; du 10 juin 1857, p. 145 ; du 10 juillet 1866, t. VII, p. 64 ; des 10 mars et 9 juin 1867, p. 102 ; du 8 décembre 1868, p. 107.
  80. P.-V. du 29 juillet 1846, p. 14 ; au 11 juin 1851, p. 65 ; des 10 mars et 8 décembre 1852, p. 70, 80 ; du 11 juin 1856, p. 130.
  81. P.-V. du 29 juillet 1846, p. 14 ; des 10 novembre et 8 décembre 1852, p. 79, 80.
  82. P.-V. des 12 mai et 9 juin 1867, t. VII, p. 99, 102.
  83. P.-V. du 12 février 1851, p. 58 ; des 10 novembre, 8 décembre 1852, p. 79, 80 ; des 9 février et 9 mars 1853, p. 82, 83 ; du 12 décembre 1855, p. 117 ; du 12 novembre 1856, 134 ; des 14 janvier, 11 mars et 9 décembre 1857, p. 136, 138, 159 ; du 12 décembre 1862, t. II, p. 20 ; des 13 mars et 8 mai 1866, t. VII, p. 56, 60 ; du 17 mars 1869, p. 115.
  84. P.-V. du 19 janvier 1858, p. 158 ; du 8 mai. 1861, t. II, p. 14 ; du 8 décembre 1868, t. VII, p. 107.
  85. P.-V. des 9 mai et 12 décembre 1849, p. 35, 39 ; des 3 janvier, 13 mars, 10 avril, 8 mai 1850, p. 41, 43, 45, 47 ; des 9 mai, 11 juin, 12 novembre 1851, p. 61, 65, 67 ; des 9 juin, 14 et 28 juillet, 10 novembre 1852, p. 74, 77, 78, 79 ; du 9 mars 1853, p. 83 ; des 12 mars et 13 mai 1856, p. 124, 128 ; du 11 novembre 1857, p. 147 ; des 13 janvier, 10 février, 9 juin, 14 juillet 1853, p.153, 159, 164, 167 ; des 19 mai et 13 juillet 1859, t. I, p. 18, 20 ; du 11 janvier 1860, p. 24 ; des 13 mars, 13 août 1351, t. II, p. 10, 24 ; du 14 avril 1867, t. VII, p. 96.
  86. P.-V. du 13 mars 1850, p. 43 ; du 12 février 1851, p. 57 ; des 10 mars et 12 mai 1852, p. 71, 73 ; du 14 décembre 1853, p. 92 ; du 13 mai 1856, p. 129 ; du 8 juillet 1857, p. 145 ; du 8 juin 1859, t. I, p. 20 ; du 13 février 1861, t. II, p. 7 ; du 12 mai 1863, t. VII, p. 8.
  87. P.-V. du 12 février 1851, p. 57 ; des 12 janvier et 14 décembre 1853, p. 92 ; du 13 mai 1856, ] ; 129 ; des 10 février, 10 mars, 9 juin 1858, p. 159, 160, 164 ; du 8 juin 1859, t. I, p. 20 ; des 14 et 28 mars 1860, p. 27, 32 ; du 12 mai 1863, t. VII, p. 7 ; du 8 mars 1864, p. 19 ; du 13 juin 1865, p. 47.
  88. P.-V. du 13 février 1850, p. 42 ; des 10 mars et 12 mai 1852, p. 71, 73 ; du 10 juillet 1866, t. VII, p. 64.
  89. P.-V. des 8 janvier et 12 mars 1851, p. 55, 58 ; du 10 juin 1857, p. 144.
  90. P.-V. du 5 juin 1846, p. 12 ; des 10 juillet et 14 décembre 1950, p. 52 et 54 ; des 8 janvier, 14 mai, 11 juin et 9 juillet 1851, p. 56, 61, 62, 65, 66 ; des 9 avril et 9 juillet 1856, p. 127, 132 ; des 11 mars et 11 avril 1857, p. 138, 140 ; du 9 juin 1863, t. VII, p. 10.
  91. P.-V. des 12 février et 11 juin 1851, p. 57, 65 ; du 9 juillet 1856, p. 132 ; du 11 avril 1860, t. I, p. 34 ; du 12 juin 1866, p. 63 ; du 12 février 1867, t. VII, p. 73.
  92. Rentrée solennelle des Facultés et des Écoles préparatoires, années 1861 et suiv.
  93. Soc. Arch., t. III, p. 23.
  94. Ph. Burty, la Presse ; Alfred Darcel, Journal de Rouen du 6 décembre 1864 ; Louis Esnault, le Grand Journal d u 1er janvier 1865 ; le Correspondant du même mois, article reproduit dans le Journal de Rennes du 30 janvier 1865 ; Albert Jacquemard, Gazette des Beaux-Arts de février 1867, et Merveilles de la Céramique, tome III, 1869, page 131.
  95. P.-V. du 13 mars 1352, p. 71 ; du 9 février 1853, p. 32 ; du 14 juin 1354, p. 99 ; des 12 mai, 9 juin, 14 juillet 1863, t. VII, p. 8, 11 ; des 8 novembre et 13 décembre 1864, p. 36 et 38 ; des 12 janvier, 17 mars, 13 avril, 13 juillet 1869, p. 110, 115, 116, 119.
  96. P.-V. du 11 novembre 1846, p.15 ; des 12 mai, 14 novembre, 8 décembre 1841, p. 23, 28, 29 ; du 12 avril 1854, p. 98 ; du 11 juin 1856, p. 131 ; du 11 novembre 1857, p. 147 ; du 24 mars 1859, t. I, p. 10, des 10 juillet et 13 août 1861, t. II, p. 18, 23.
  97. P.-V. des 10 mars et 14 mai 1867, t. VII, p. 79, 93. Rapport inséré au Journal de Rennes du 2 octobre 1867.
  98. T. VI, p. 133. Revue Archéologique, t. XVII, p. 246.
  99. T. VII, p. 291.
  100. Séance du 23 décembre 1868, p. 108.
  101. Séance du 17 mars 1869, p. 115.
  102. B. Fillon, l’Art de terre, p. 58 ; Albert Jacquemart, Merv. de la Cér., t. II, p. 311.
  103. P.-V. des 11 février et 10 mars 1861, t. VII, p. 91 et 92 ; Albert Jacquemart, Merv. de la Cér., t. II, 1868, p. 101, 272, 276.
  104. P.-V. des 9 février, 9 et 17 mars ; 8 juin 1869, t. VII, p. 111, 112, 115, 118.
  105. Journal de Rennes du 8 avril 1810.
  106. Journal de Rennes, les 20 et 21 juin 1872.