Anthologie des poètes français contemporains/Théodore de Banville

Anthologie des poètes français contemporains, Texte établi par Gérard WalchCh. Delagrave, éditeur ; A.-W. Sijthoff, éditeurTome premier (p. 48-59).


THÉODORE DE BANVILLE



Bibliographie. — Les Cariatides (1842) ; — Les Stalactites (1846) ; — Les Nations, opéra-ballet en un acte, musique d’Adolphe Adam (1851) ; — Le Feuilleton d’Aristophane, pièce en deux actes, avec Philoxène Boyer (1852) ; — Les Saltimbanques, prose (1853) ; — Les Odelettes (1856) ; — Le Beau Léandre, pièce en un acte, représentée sur la scène du théâtre du Vaudeville (1856) ; — Odes funambulesques (Poulet-Malassis, Alençon, 1857) ; — Poésies complètes (Poulet-Malassis, Alençon, 1857) ; — Le Cousin du roi, pièce en un acte, avec Philoxène Boyer (1857) ; — Odes funambulesques, édition revue et augmentée (1859) ; — Esquisses parisiennes, prose (1859) ; — Diane au bois, comédie héroïque en deux actes, représentée sur la scène du théâtre de l’Odéon (1863) ; — Les Fourberies de Nérine, comédie en un acte, représentée sur la scène du théâtre du Vaudeville (1864) ; — La Pomme, comédie en un acte, représentée sur la scène du Théâtre-Français (1865) ; — Gringoire, comédie en un acte, représentée sur la scène du Théâtre-Français (1866) ; — Les Exilés (1866) ; — Les Parisiennes de Paris, réimpression des Esquisses parisiennes (1866) ; — Les Camées parisiens (1866) ; — Nouvelles Odes funambulesques (1869) ; — Florise (1870) ; — Idylles prussiennes (1871) ; — Petit Traité de la poésie française, prose (1872) ; — Les Princesses (1874) ; — Trente-Six Ballades joyeuses (1875) ; — Déidamia, comédie en trois actes, représentée sur la scène du théâtre de l’Odéon (1876) ; — Comédies, recueil contenant toutes les pièces de Théodore de Banville, sauf les Nations (1879) ; — Contes pour les femmes, prose (1881) ; — Contes féeriques, prose (1882) ; — Mes Souvenirs, prose (1882) ; — Contes héroïques, prose (1884) ; — Dames et Demoiselles et Fables choisies, mises en prose (1886) ; — Socrate et sa Femme, comédie (1886) ; — Le Forgeron, scènes héroïques (1887) ; — Madame Robert, prose (1887) ; — Le Baiser, comédie en vers, représentée sur la scène du Théâtre-Français (1888) ; — Scènes de la Vie : Les Belles Poupées (1888) ; — Les Cariatides ; Roses de Noël (1889) ; — Les Exilés ; Les Princesses (1890) ; — Petites Études ; L’Ame de Paris ; Nouveaux Souvenirs, prose (1890) ; — Poésies nouvelles ; Sonnailles et Clochettes (1890) ; — Le Sang de la coupe ; Trente-Six Ballades joyeuses ; Le Baiser (1890) ; — Marcel Rabe (1891 ) ; — Idylles prussiennes ; Riquet à la houppe (1891) ; — Occidentales ; Rimes dorées (1891) ; — Dans la fournaise (1892) ; — Ésope, comédie en trois actes 1893).

Les œuvres de Théodore de Banville ont été publiées par Alphonse Lemerre et Charpentier-Fasquelle.

Théodore de Banville a collaboré à la Silhouette, au Corsaire, au Pouvoir (feuilleton dramatique, 1850), au Parnasse Contemporain, au National (feuilleton dramatique, 1869-1870), etc.

Théodore Faullin de Banville, né à Moulins (Allier) le 14 mars 1823, mort à Paris en 1891, fut l’un des « tétrarques » du Parnasse. Poète d’une souplesse et d’une verve extraordinaires, il forme la transition entre l’Ecole romantique et l’Ecole parnassienne : « Il a gardé encore des uns l’enthousiasme, le coup d’aile ; il a déjà, comme les autres, le souci absolu de la forme. » (Aauguste Dorchain.) — Fils d’un capitaine de vaisseau, il vint tout jeune à Paris et terminait à peine ses études quand il publia un premier recueil de poésies : Les Cariatides (1842), qui fut aussitôt l’objet d’un accueil très favorable et qui fut suivi, quatre ans plus tard, des Stalactites (1846). Une série de poèmes satiriques, disséminés dans la Silhouette et le Corsaire, et réunis — après la publication des Odelettes — en un volume sous le titre d’Ode funambulesques (1857), consacra définitivement la gloire du poète. Victor Hugo lui écrivait dès le 15 mars 1857 : « Je viens de lire vos Odes. Donnez-leur l’épithète que vous voudrez (celle que vous avez choisie est charmante), mais sachez bien que vous avez construit là un des monuments lyriques du siecle. J’ai lu votre ravissant livre d’un bout à l’autre, d’un trait, sans m’arrêter. J’en ai l’ivresse en ce moment, et je me dirais presque que j’ai trop bu ; mais non, on ne boit jamais trop à cette coupe d’or de l’idéal. Oui, vous avez fait un livre exquis. Que de sagesse dans ce rire, que de raison dans cette démence, et, sous ces grimaces, quel masque douloureux et sévère de l’art et de la pensée indignée ! » Et Auguste Vacquerie lui adressait ces vers :

Ton volume éclate de rire.
Mais le beau rayonne à travers.
J’aime ce carnaval du vers
Où l’Ode se masque en satire.

C’est méchant et c’est excellent !
C’est la ruade et l’étincelle,
Le coup de poing et le coup d’aile ;
Ça fredonne, même en ronflant.

C’est le babil de toutes choses,
De l’éteignoir et du flambeau ;

C’est le laid qui devient le beau ;
C’est le fumier frère des roses !

C’est l’Idéal dans le réel ;
C’est la Vérité qui s’insurge ;
C’est insolent comme Panurge,
Et c’est charmant comme Ariel !

C’est Rosalinde qui s’enivre !
C’est la rue et c’est le château ;
Ah ! Téniers dispute à Watteau
L’Illustration de ton livre.

Derrière la strophe où tu ris
De mêler l’ortie aux pervenches,
On voit, en écartant les branches,
Régnier embrasser Lycoris.

C’est tous les jurons de l’auberge
Et toutes les chansons des bois.
Un funambule par endroits
Danse sur un fil de la Vierge.

Bottom, à vingt ânes pareil,
Tend son dos à Puck qui le monte,
Et Scapin bâtonne Géronte
Avec un rayon de soleil !

Théodore de Banville a possédé à un très haut degré le sentiment de la beauté extérieure. Il est exclusivement poète ; « pour lui la prose semble ne pas exister ; chaque phrase qu’il écrit est un vers ». Il se délecte au « divin jeu des rimes ». « Il célèbre la gloire et la beauté des choses dans des rythmes magnifiques et joyeux. » Et toujours il plane, il ne touche, il n’effleure « que la surface brillante de l’univers, comme un dieu innocent et ignorant de ce qui est au-dessous, ou plutôt comme un être paradoxal et fantasque, un porte-lauriers pour de bon qui se promène dans la vie comme dans un rêve magnifique et à qui la réalité, même contemporaine, n’apparaît qu’à travers des souvenirs de mythologie, des voiles éclatants et transparents qui la colorent et l’agrandissent. Sa poésie est somptueuse et bienfaisante. » (Jules Lemaitre.)

Banville exerça une puissante attraction sur beaucoup des jeunes poètes parnassiens, qui reconnurent bientôt qu’il avait « pour âme la poésie même », et qui saluèrent en ce glorieux prince de lettres un maître dont le génie féerique et fantaisiste, « lyrique invinciblement, lyrique partout et toujours et presque malgré lui », transformait en beauté, en amour et en joie tout ce qu’il touchait.


À LA FONT-GEORGES


Ô champs pleins de silence,
Où mon heureuse enfance
Avait des jours encor
Tout filés d’or !

Ô ma vieille Font-Georges,
Vers qui les rouges-gorges
Et le doux rossignol
Prenaient leur vol !

Maison blanche où la vigne
Tordait en longue ligne
Son feuillage qui boit
Les pleurs du toit !

Ô source claire et froide,
Qu’ombrageait le tronc roide
D’un noyer vigoureux
À moitié creux !

Sources ! fraîches fontainesI
Qui, douces à mes peines,
Frémissiez autrefois
Rien qu’à ma voix !

Bassin où les laveuses
Chantaient, insoucieuses,
En battant sur leur banc
Le linge blanc !

Ô sorbier centenaire,
Dont trois coups de tonnerre
N’avaient pas abattu
Le front chenu !

Tonnelles et coudrettes,
Verdoyantes retraites
De peupliers mouvants
À tous les vents !

Ô vignes purpurines,
Dont, le long des collines,

Les ceps accumulés
Ployaient gonflés ;

Où, l’automne venue,
La Vendange mi-nue
À l’entour du pressoir
Dansait le soir !

Ô buissons d’églantines,
Jetant dans les ravines,
Comme un chêne le gland,
Leur fruit sanglant !

Murmurante oseraie,
Où le ramier s’effraie,
Saule ou feuillage bleu,
Lointains en feu !

Rameaux lourds de cerises !
Moissonneuses surprises
À mi-jambe dans l’eau
Du clair ruisseau !

Antres, chemins, fontaines,
Acres parfums et plaines,
Ombrages et rochers
Souvent cherchés !

Ruisseaux ! forêts ! silence !
Ô mes amours d’enfance !
Mon âme, sans témoins,
Vous aime moins

Que ce jardin morose
Sans verdure et sans rose
Et ces sombres massifs
D’antiques ifs,

Et ce chemin de sable,
Où j’eus l’heur ineffable,
Pour la première fois,
D’ouïr sa voix !

Où, rêveuse, l’amie
Doucement obéie,
S’appuyant à mon bras,
Parlait tout bas ;


Pensive et recueillie.
Et d’une fleur cueillie
Brisant le cœur discret
D’un doigt distrait,

À l’heure où sous leurs voiles
Les tremblantes étoiles
Brodent le ciel changeant
De fleurs d’argent.

(Les Stalactites.)


SCULPTEUR, CHERCHE AVEC SOIN,
EN ATTENDANT L’EXTASE…


Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l’extase,
Un marbre sans défaut, pour en faire un beau vase
Cherche longtemps sa forme, et n’y retrace pas
D’amours mystérieux ni de divins combats.
Pas d’Alcide vainqueur du monstre de Némée,
Ni de Cypris naissant sur la terre embaumée ;
Pas de Titans vaincus dans leurs rébellions,
Ni de riant Bacchos attelant les lions
Avec un frein tressé de pampres et de vignes ;
Pas de Léda jouant dans la troupe des cygnes
Sous l’ombre des lauriers en fleur, ni d’Artémis
Surprise au sein des eaux dans sa blancheur de lis.
Qu’autour du vase pur, trop beau pour la bacchante,
La verveine mêlée à des feuilles d’acanthe
Fleurisse, et que plus bas des vierges lentement
S’avancent deux à deux, d’un pas sûr et charmant,
Les bras pendants le long de leurs tuniques droites
Et les cheveux tressés sur leurs têtes étroites.

(Les Stalactites.)


LE SAUT DU TREMPLIN


Clown admirable, en vérité !
Je crois que la postérité,
Dont sans cesse l’horizon bouge,

Le reverra, sa plaie au flanc.
Il était barbouillé de blanc,
De jaune, de vert et de rouge.

Même jusqu’à Madagascar
Son nom était parvenu, car
C’était selon tous les principes
Qu’après les cercles de papier,
Sans jamais les estropier
Il traversait le rond des pipes.

De la pesanteur affranchi,
Sans y voir clair il eût franchi
Les escaliers de Piranèse.
La lumière qui le frappait
Faisait resplendir son toupet
Comme un brasier dans la fournaise

Il s’élevait à des hauteurs
Telles, que les autres sauteurs
Se consumaient en luttes vaines.
Ils le trouvaient décourageant,
Et murmuraient : « Quel vif-argent
Ce démon a-t-il dans les veines ? »

Tout le peuple criait : « Bravo ! »
Mois lui, par un effort nouveau,
Semblait raidir sa jambe nue,
Et, sans que l’on sût avec qui,
Cet émule de la Saqui
Parlait bas en langue inconnue.

C’était avec son cher tremplin.
Il lui disait : « Théâtre, plein
D’inspiration fantastique,
Tremplin qui tressailles d’émoi
Quand je prends un élan, fais-moi
Bondir plus haut, planche élastique !

« Frêle machine aux reins puissants,
Fais-moi bondir, moi qui me sens
Plus agile que les panthères,
Si haut que je ne puisse voir
Avec leur cruel habit noir
Ces épiciers et ces notaires !


« Par quelque prodige pompeux,
Fais-moi monter, si tu le peux,
Jusqu’à ces sommets où, sans règles,
Embrouillant les cheveux vermeils
Des planètes et des soleils,
Se croisent la foudre et les aigles.

« Jusqu’à ces éthers pleins de bruit,
Où, mêlant dans l’affreuse nuit
Leurs baleines exténuées,
Les autans ivres de courroux
Dorment, échevelés et fous,
Sur les seins pâles des nuées.

« Plus haut encor, jusqu’au ciel pur !
Jusqu’à ce lapis dont l’azur
Couvre notre prison mouvante !
Jusqu’à ces rouges Orients
Où murchent des dieux flamboyants,
Fous de colère et d’épouvante.

« Plus loin ! plus haut ! je vois encor
Des boursiers à lunettes d’or,
Des critiques, des demoiselles
Et des réalistes en feu.
Plus haut ! plus loin ! de l’air ! du bleu !
Des ailes ! des ailes ! des ailes ! »

Enfin de son vil échafaud,
Le clown sauta si haut, si haut,
Qu’il creva le plafond de toiles
Au son du cor et du tambour,
Et, le cœur dévoré d’amour,
Alla rouler dans les étoiles.

(Odes funambulesques.)


PENTHÉSILÉE


Quand son ame se fut tristement exhalée
Par la blessure ouverte, et quand Penthésilée
Une dernière fois se tournant vers les cieux,
Eut fermé pour jamais ses yeux audacieux,

Des guerriers, soutenant son front pâle et tranquille,
L’apportèrent alors sous les tentes d’Achille.
On détacha son casque au panache mouvant
Qui tout à l’heure encor frissonnait sous le vent,
Et puis on dénoua la cuirasse et l’armure ;
Et, comme on voit le cœur d’une grenade mûre,
La blessure apparut, dans la blanche pâleur
De son sein délicat et fier comme une fleur.
La haine et la fureur crispaient encor sa bouche,
Et sur ses bras hardis, comme un fleuve farouche
Se précipite avec d’indomptables élans,
Tombaient ses noirs cheveux, hérissés et sanglants.
Le divin meurtrier regarda sa victime.
Et, tout à coup sentant dans son cœur magnanime
Une douleur amère, il admira longtemps
Cette guerrière morte aux beaux cheveux flottants
Dont nul époux n’avait mérité les caresses,
Et sa beauté pareille a celle des déesses.
Puis il pleura. Longtemps, au bruit de ses sanglots,
Ses larmes de ses yeux brûlants en larges flots
Ruisselèrent, et, comme un lis pur qui frissonne,
Il baignait de ses pleurs le front de l’amazone.
Tous ceux qui sur leurs nefs, jeunes et pleins de jours,
Pour abattre llios environné de tours,
L’avaient accompagné, fendant la mer stérile,
Frémissaient dans leurs cœurs, à voir pleurer Achille.
Mais seul Thersite, louche, et boiteux, et tortu,
Et chauve, et n’ayant plus sur son crâne pointu
Que des cheveux épars comme des herbes folles,
Outragea le héros par ces dures paroles :
« Cette femme a tué les meilleurs de nos chefs,
Dit-il, puis, les ayant chassés jusqu’à leurs nefs,
Envoya chez Aidés, les perçant de ses flèches,
Des Achéens nombreux comme des feuilles sèches
Que le vent enveloppe en son tourbillon fou ;
Toi cependant, chacun le voit, cœur lâche et mou,
Qui te plains et gémis comme le cerf qui brame,
Tu pleures cette femme avec des pleurs de femme ! »
À ces mots, regardant le railleur insensé,
Achille s’éveilla, comme un lion blessé
Sur le sable sanglant qu’un vent brûlant balaie,

Dont un insecte affreux vient tourmenter la plaie,
Et, voyant près de lui ce bouffon sans vertu,
Il le frappa du poing sur son crâne pointu.
Thersite expira. Car le poing fermé d’Achille
Avait fait cent morceaux de son crâne débile,
De même que l’argile informe cuite au four
Est fracassée avec un grand bruit à l’entour,
Alors que le potier, justement pris de rage
Et fâché d’avoir mal réussi son ouvrage,
En se ruant dessus brise un vase tout neuf.
Il tomba, lourdement, assommé comme un bœuf.
Et, regardant encorla guerrière sans armes,
Achille aux pieds légers versait toujours des larmes.

(Les Exilés.)


LAPINS


Les petits lapins, dans le bois,
Folâtrent sur l’herbe arrosée
Et, comme nous le vin d’Arbois,
Ils boivent la douce rosée.

Gris foncé, gris clair, soupe au lait,
Ces vagabonds, dont se dégage
Comme une odeur de serpolet,
Tiennent à peu près ce langage :

Nous sommes les petits lapins,
Gens étrangers à l’écriture
Et chaussés des seuls escarpins
Que nous a donnés la Nature.

Près du chêne pyramidal
Nous menons les épithalames
Et nous ne suivons pas Stendhal
Sur le terrain des vieilles dames.

N’ayant pas lu Dostoïewski,
Nous conservons des airs peu rogues,
Et certes, ce n’est pas nous qui
Nous piquons d’être psychologues.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Nous sommes les petits lapins.
C’est le poil qui forme nos bottes,
Et, n’ayant pas de calepins,
Nous ne prenons jamais de notes.

Nous ne cultivons pas le Kant ;
Son idéale turlutaine
Rarement nous attire. Quant
Au fabuliste La Fontaine,

Il faut qu’on l’adore à genoux ;
Mais nous préférons qu’on se taise
Lorsque méchamment on veut nous
Raconter une pièce à thèse.

Étant des guerriers du vieux jeu,
Prêts à combattre pour Hélène,
Chez nous on fredonne assez peu
Les airs venus de Mitylène.

Préférant les simples chansons
Qui ravissent les violettes,
Sans plus d’affaire, nous laissons
Les raffinements aux belettes.

Ce ne sont pas les gazons verts
Ni les fleurs dont jamais nous rimes,
Et, qui pis est, au bout des vers
Nous ne dédaignons pas les rimes.

En dépit de Schopenhauer,
Ce cruel malade qui tousse,
Vivre et savourer le doux air
Nous semble une chose fort douce,

Et dans la bonne odeur des pins
Qu’on voit ombrageant ces clairières,
Nous sommes les tendres lapins
Assis sur leurs petits derrières.

(Sonnailles et Clochettes.)