Anthologie des poètes français contemporains/De Ricard Louis Xavier

Anthologie des poètes français contemporains, Texte établi par Gérard WalchCh. Delagrave, éditeur ; A.-W. Sijthoff, éditeurTome premier (p. 202-219).







Bibliographie. — Les Chants de l’aube (1862) ; — La Résurrection de la Pologne (1863) ; — Ciel, Rue et Foyer (1865) ; — Le Cri de la France (1871) ; — Le Fédéralisme (1878) ; — L’Idée latine (1878) ; — La Conversion d’une bourgeoise (1879) ; — Un Poète national [Aug. Fourès] (1888) ; — L’Esprit politique de la Réforme (1893) ; — D’un Monde à l’autre : les Conditions de Claire (1897) ; — La Catalane, drame (1899) ; — Le Premier Empire : Autour de Bonaparte, fragments des Mémoires du général de Ricard ; — Le Premier Empire : les Aventures de M. de Maubreuil [Officier de fortune (Directoire) ; Bonaparte Scapin (Consulat) ; La Bacchante (Consulat) ; Madame de La Valette (invasion de 1814)] ; — Le Second Empire : Histoire mondaine du second Empire, carnet d’une demoiselle de Saint-Denis [I. En attendant l’Impératrice] (Librairie universelle, Paris, 1904) ; — Le Second Empire : Mémoires d’une déclassée [I. Les Foucades de la Duchesse] ; — D’un Monde à l’autre : Idylle d’une révoltée (Librairie universelle, Paris, 1905). En outre : Brune, Blonde, Rousse, nouvelle ; — La Colère, roman ; — et des traductions de l’espagnol et de l’italien.

En Préparation : D’un Monde à l’autre : Un Acte de charité ; Histoire mondaine du second Empire [II. L’Impératrice] ; Mémoires d’une déclassée [II. L’Hôtel du plaisir, Mesdames] ; — Le Martyre d’un peuple [I. Maguelonne détruite] ; Amanieu de Balaruc, croisade contre les Albigeois, xiiie siècle ; Lydie de Ricard, Au Bord du Lot, œuvres posthumes, françaises et languedociennes.

Les œuvres poétiques de M. Louis-Xavier de Ricard se trouvent chez Alphonse Lemerre.

M. Louis-Xavier de Ricard a collaboré à la Revue du Progrès, à l’Art, au Parnasse Contemporain, à l’Officiel (1871), à la Commune Libre, à l’Autonomie Communale, au Montpellier-Journal, au Midi Républicain, à l’Armana de Lengado, à la Lauseta, à la Revue des langues romanes, à la Cigale, à l’Alliance Latine, à la République du Midi, à l’Union Française (Buenos-Ayres), au Rio Paraguay (Paraguay), au Sud-Américain (Rio-de-Janeiro), au Languedoc, au Figaro, au Temps, à la Nouvelle Revue, etc.

M. Louis-Xavier de Ricard, fils du général marquis de Ricard, Dé à Fontenay-sous-Bois en 1843, est l’un des fondateurs du Parnasse. Il débuta à vingt ans par un volume de vers, Les Chants de l’aube, et créa bientôt après la Revue du Progrès. En cette année 1863, la lutte venait de s’engager violemment entre l’Église et la libre pensée. Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, avait publié sa brochure : Avertissement aux pères de famille, dans laquelle il dénonçait le péril que faisait courir à la religion et à la société l’indulgence de l’Empire à l’égard des doctrines des Renan, des Taine, des Littré, etc. M. Xavier de Ricard et ses amis cherchaient une arme de combat. Nous fondâmes, dit-il dans ses Petits Mémoires d’un Parnassien, au quartier latin, une revue mensuelle, la Revue du Progrès. Nous nous lançâmes dans la bataille, non point certes modérément… Je n’avais pas d’illusion sur les conséquences de notre publication, et partant elles m’étaient indifférentes… » Quelques articles de M. de Ricard, publiés dans cette revue, lui valurent, en effet, une condamnation à trois mois de prison, malgré les plaidoiries de Mr Clément Laurier et de Gambetta.

Quelques-uns des rédacteurs de la Revue du Progrès ayant plus tard efficacement collaboré à la fondation du Parnasse, il convient de nous y arrêter un instant :

On ne saurait établir par trop de preuves que le Parnasse ne fut pas l’œuvre d’un seul groupe, mais une sorte de rendez-vous où se trouvèrent appelés, autour d’un même, idéal d’art, des jeunes gens qui, en dehors de cette communion, avaient les conceptions les plus différentes de la vie et des choses. Ainsi Catulle Mendès resta étranger à la politique jusqu’au jour où il devint le Claude Frollo du Petit Parisien, et Paul Verlaine — pour ne citer que les deux plus dissemblables parmi les Parnassiens — ne serait pas le grand poète étrange, complexe et primesautier qu’il fut, si, entre tant de crises par où il passa, il n’eût eu sa crise républicaine et même communarde.

« Nous étions, comme de juste, à la Revue du Progrès, deux fractions : celle des positivistes et des scientifiques, et celle des littérateurs et des artistes, d’ailleurs, sauf une ou deux exceptions, très étroitement resserrées de sympathies dans la communauté du but et de l’effort.

« Ce fut la Revue du Progrès qui publia les premiers vers de Paul Verlaine. Il était alors en sa grande ferveur catholique et espagnole, et avait élu le pseudonyme de Pablo, à cause de la couleur locale sans doute, mais aussi, étant employé à l’hôtel de ville, par une prudence très légitime, pour ne pas compromettre son nom parmi les nôtres, dévolus de toute certitude à l’imminente correctionnelle. »

On ne se voyait pas et on ne discutait pas seulement à la Revue, mais déjà, le soir, chez les parents de M. Xavier de Ricard, où devaient bientôt se rencontrer la plupart des « Parnassiens ».

« Il y avait également à cette époque, sur la rive gauche, d’autres « endroits » où l’on se rencontrait. Beaucoup d’entre nous, par exemple, ont passé par le salon d’une veuve d’académicien, Mme Virginie Ancelot…

« C’est chez Mme Ancelot que je vis pour la première fois Villiers de L’Isle-Adam, assez dépaysé — et il n’était pas le seul — en ce monde solennel d’académiciens, de poètes, d’artistes, plutôt des très anciens régimes que des plus récents. D’ailleurs le salon n’était politique que très discrètement. Au fond, on y souriait et on y potinait un peu contre l’Empire ; mais nul n’eût osé aller au delà, Me Lachaud, avocat bien en cour, étant le gendre de la maison.

« Nous allions quelquefois aussi à l’Institut, chez Philarète Chasles, professeur au Collège de France et critique aux Débats, toujours remuant, toujours inquiet, toujours déplacé… — un des esprits curieux de l’époque, et, par ses enquêtes sur les littératures étrangères, un vrai précurseur. Encore un qu’on a peut-être tort d’oublier trop ! »

Puis, il y eut bientôt le passage Choiseul : « L’indéfectible amitié qui unit Paul Verlaine et Edmond Lepelleticr jusqu’à la fin du pauvre Lélio, datait du collège. Tous deux mes voisins, — P. Verlaine demeurait alors rue de l’Écluse, à Batignolles, — une intime camaraderie s’était établie entre nous.

« Un jour, ils m’amenèrent un de leurs amis, E. B…, garçon non sans littérature, fort épris de latinisme et des poètes de la Pléiade et que sa prédilection pour les poètes du xvie siècle avait mis en relation avec un jeune libraire dont la boutique — sise passage Choiseul, 47[1] — portait pour enseigne : Percepied ; Alphonse Lemerre, successeur. — Mais, déjà, Alphonse Lemerre rêvait une gloire plus personnelle que celle d’être le successeur de Percepied : il voulait attacher son nom à une édition, si possible définitive, des poètes de la Pléiade, qui parut en effet, plus tard, par les soins de M. Marty-Laveaux…

« A ce moment, je venais de terminer un volume de vers, Ciel, Rue et Foyer, et je cherchais naturellement à le publier. E. B… me proposa de me mener chez son ami du passage Choiseul, Lemerre accepta de mettre son nom sur le livre (1865), si bien que, premier en date, mon volume aura eu la bonne fortune de déterminer la vocation de l’éditeur des poètes. Et, de fait, dès lors les poètes commencèrent à s’amener l’un l’autre dans la petite boutique du 47. »

Pourtant l’affluence ne data vraiment que de la publication de l’Art', journal hebdomadaire, fondé par M. Xavier de Ricard et dont le dépôt principal, « le dépôt central et presque le bureau de rédaction », était chez Lemerre.

« L’ancienne boutique de Percepied était fort exiguë ; il s’y tassa bientôt un tel encombrement de poètes et d’amis de poètes que la clientèle effarouchée n’osait plus y aborder. Lemerre nous assigna alors une autre pièce à l’entresol, où l’on gravissait par un escalier en colimaçon. C’est là que se tinrent chaque jour, de quatre à six, les assises parnassiennes. Car, déjà, tout le Parnasse, ou à peu près, était réuni là ! Il n’y manquait que le nom… »

Vers cette époque, des relations s’établirent entre M. Xavier de Ricard et M. Catulle Mendès, qui, quelques années auparavant, avait fondé la Revue fantaisiste :

« Mendès vint aux soirées dans lesquelles mes amis se réunissaient chez mes parents : quelques-uns de ses amis l’y suivirent ; plusieurs des miens me suivirent chez Mendès, et c’est ainsi que s’opéra la formation du groupe qui allait devenir le Parnasse, »

L’Art parut pendant quelque temps chaque samedi en huit pages à cinq colonnes par page. Les collaborateurs furent les anciens collaborateurs de M. de Ricard et de M. Mendès, auxquels se joignirent des amis nouveaux. La politique et la sociologie occupaient une assez large place dans cette feuille, qui publia des vers de Leconte de Lisle, de M. Sully Prudhomme, de M. Catulle Mendès, de Paul Verlaine, etc., et où fut bientôt formulée, non sans exagération, la « doctrine » du Parnasse.

« Nos adversaires, c’étaient les débraillés, les sans-gêne qui croyaient continuer Lamartine et Musset ; les négateurs de tout art et de toute poésie, qui versifiaient à l’instar de M. Ponsard, et c’était aussi — nous avions alors belle matière à nous indigner — l’indifférence agressive du public, et l’hostilité violente de certaines gens de métier contre toute recherche de nouveauté sincère et désintéressée d’art et d’idéal. Car, sincères et désintéressés, nous l’étions, et il fallait l’être bien décidément pour avoir, en ce temps-là, choisi la part que nous choisîmes et qui n’était pas la meilleure au point de vue des satisfactions immédiates.

« C’est dans nos polémiques que nous gagnâmes cette épithète d’impassibles qui nous est si longtemps restée. Mendès constate que je fus un des premiers — mince gloire ! — à l’employer dans une lettre imprimée dans l'Art. Il va sans dire que nous ne donnions pas à ce qualificatif d’impassible le sens absolu qu’y entendirent nos adversaires. Nous ne prétendions pas ne vouloir rien éprouver de la vie : nous voulions dire seulement que la passion n’est pas une excuse à faire de mauvais vers, ni a commettre des fautes d’orthographe ou de syntaxe, et que le devoir de l’artiste est de chercher consciencieusement, sans lâcheté d’à peu près, la forme, le style, l’expression, les plus capables de rendre et de faire valoir son sentiment, son idée ou sa vision…

« À part ce dogme commun, — s’il y a là vraiment dogme, — nous gardions jalousement sur tout le reste notre liberté personnelle. D’école parnassienne, — dans le sens traditionnel du mot, — il n’y en eut jamais. Et même sur les questions de « rendu », d’expression, de forme, — mais là, nos avis étaient loin d’être unanimes ; nos préférences non plus ne l’étaient guère, et nous ne vénérions pas d’une égale admiration tous les poètes dont nous reconnaissions la maîtrise : Théophile Gautier, Leconte de Lisle, Charles Baudelaire, Théodore de Banville… En somme, romantique et néo-romantique avec les uns, le Parnasse fut, avec les autres, au contraire, une réaction contre le romantisme. »

Cependant l’Art coûtait cher et se vendait peu. De même que M. Catulle Mendès, « avec insouciance, s’était vu ruiné par la Revue fantaisiste, M. de Ricard se laissait ruiner par l’Art, avec placidité ». C’est alors que M. Catulle Mendès lui conseilla de transformer son journal en une publication périodique ne contenant que des poésies ; quoique luxueusement imprimée, en grand in-8o, elle coûterait moins cher que l’Art. Ainsi le journal s’achèverait honorablement en volume.

M. de Ricard fut de l’avis de M. Mendès, et, M. Alphonse Lemerre appuyant, on s’entendit avec lui, et la publication du volume fut décidée. Le titre Parnasse Contemporain, recueil de vers nouveaux, fut alors proposé par M. Catulle Mendès et adopté finalement par les poètes.

« D’abord, nous adressâmes, Mendès et moi, une circulaire aux poètes et aux journaux pour leur annoncer la grande décision. Je crois même qu’il y eut quelques affiches. La nouvelle ne produisit pas une immense sensation, et les journaux l’accueillirent plutôt — ceux qui l’accueillirent ! — avec une indifférence ironique, parmi les faits divers de moindre importance.

« Mais la grande besogne était de choisir d’abord les collaborateurs et ensuite les poèmes. Au début, sans doute, il y eut une intention d’élection assez sévère : on était bien résolu à faire un recueil de la « nouvelle école », dont les maîtres reconnus et incontestés étaient le tétrarchat Gautier, Leconte de Lisle, Baudelaire et Banville. Mais l’intention dut un peu fléchir à la nécessité… Catulle Mendés, pendant toutes les premières livraisons, s’occupa avec une grande activité de cette confection littéraire du volume.

« Déjà, d’ailleurs, on se réunissait assidûment, non seulement dans la journée chez Lemerre, mais, comme je l’ai dit, aussi chez mes parents, chez Catulle Mendès, et enfin chez Leconte de Lisle.

« J’avais été présenta à Théophile Gautier, de longue date ; mais pendant toute la période militante de la Revue du Progrès, j’avais interrompu de le voir. Ce fut Charles Ganneau qui m’y ramena, au moment de la publication de l’Art. Quand il s’agit de la transformation du journal, Gautier en regretta la nécessité et ne se montra pas trop partisan du volume. Pourtant, il n’hésita pas à nous donner quelques poèmes, par lesquels nous ouvrîmes, d’ailleurs, le Parnasse, non seulement comme un hommage dû à celui qui, en somme, était l’initiateur de l’évolution que nous prétendions continuer, mais c’était en même temps une véritable déclaration de « principes » et une manifestation significative, que de débuter par lui. »

Le Parnasse Contemporain, recueil de vers nouveaux, fut publié par livraisons grand in-8°, imprimé par l’imprimeur Toinon, sous la direction de M. Alphonse Lemerre. La première livraison parut le 2 mars 1866, et la dernière, la 18e, fin juin de la même année. Les collaborateurs furent au nombre de trente-sept, dont voici les noms par ordre de publication dans le livre : Théophile Gautier, Théodore de Banville, José-Maria de Heredia, Leconte de Lisle, Louis Menard, François Coppée, Auguste Vacquerie, Catulle Mendès, Charles Baudelaire, Léon Dierx, Sully Prudhomme, André Lemoyne, Louis-Xavier de Ricard, Antony Deschamps, Paul Verlaine, Arsène Houssaye, Léon Valade, Stéphane Mallarmé, Henry Cazalis, Philoxène Boyer, Emmanuel des Essarta, Emile Deschamps, Albert Mérat, Henry Winter, Armand Renaud, Eugène Lefébure, Edmond Lepeiletier, Auguste de Chatillon, Jules Forni, Charles Coran, Eugène Villemin, Robert Luzarche, Alexandre Piédagnel, Auguste Villiers de L’Isle-Adam, P. Fertiault, Francis Tesson, Alexis Martin.

En cette « nomenclature », le souci apparaît d’entremêler les jeunes, les nouveaux, aux maîtres et aux poètes qui « jouissaient » alors d’une notoriété justifiée ou non. La plupart d’entre nous avaient déjà publié leurs volumes de vers ou de prose, eu les deux [2]. »

Le premier Parnasse fut suivi de deux autres volumes qui, bien que d’une composition plus éclectique, le continuent pourtant et le complètent, si bien qu’on ne peut, logiquement, l’en séparer. La publication du second Parnasse, préparée en 1869, fut, à cause de la guerre, ajournée à 1871 ; le troisième et dernier parut cinq ans après, en 1876.

Il convient de dire que ce fut Lemerre qui prit l’initiative de ces deux séries. Mais, pour le choix des poèmes, un comité fut institué, qui se réunissait, à la librairie du passage Choiseul, aussi régulièrement qu’ont l’habitude de fonctionner ces sortes de comités. Bien que les Parnassiens y dominassent, il fut admis en principe qu’on accepterait sans examen, en façon de hors concours, les poètes que la notoriété avait plus ou moins justement consacrés. On laisserait la responsabilité de leur réputation au public qui l’avait faite ou subie.

« Il y avait tendance à faire du Parnasse une sorte de Salon d’exposition poétique. Un instant même, on avait songé à un périodicité qui eût été triennale ou quinquennale. Mais les multiples difficultés que rencontrerait une telle entreprise y firent renoncer.

« Comme l’Art s’était transformé en Parnasse, le Parnasse à son tour se clôtura par une Anthologie publiée en quatre volumes chez Lemerre. Les principaux collaborateurs des deux derniers Parnasses furent : Auguste Barbier, Sainte-Beuve, Victor de Laprade, Louis Ratisbonne, Joseph Autran, Auguste Lacaussade, Laurent Pichat, Mme Louise Colet, Marcel Monnïer, Paul de Musset, Mme Blanchecotte, Alfred des Essarts, Achille Millien, Charles Coran, Edouard Grenier, Mme Ackermann, André Lemoyne, Joséphin Soulary, Anatole France, Frédéric Plessis, Charles Cros, Maurice Rollinat, Mme Louisa Siéfert, André Theuriet, Jean Aicard, Armand d’Artois, Alcide Dusolier, Charles Grandmougin, Georges Lafenestre, Eugène Manuel, Maurice Talmeyr, Claudius Popelin, Gabriel Vicaire, C. Delthil, Léon Grandet, Robert de Bonnières, Raoul Gineste, Jules Breton, Albert Glatigny, Léon Cladel, Villiers de L’Isle-Adam, Ernest d’Hervilly, Emile Bergerat, Emile Blémont, Paul Bourget, Antony Valabrègue, Mme Nina de Callias, Mme Mélanie Bourotte, Henri Rey, Gabriel Marc, Gustave Pradelle, Louis Salles, Amédée Pigeon, Alexandre Cosnard, Isabelle Guyon, Myrten, Paul Marrot, Guy de Binos, B. de Fourcaud, Gustave Ringal, N. Richardot, Mme Ponquer, Robinot-Bertrand, P. Saint-Cyr doRaissac. »

« Ce dénombrement, ajoute M. Xavier de Ricard, est la seule réponse convaincante au double reproche — difficilement conciliable — que l’on a fait au Parnasse ; les uns l’ont véhémentement accusé d’avoir été exclusif jusqu’à l’intransigeance, — on vient de voir ce que valait cette accusation devant tant de noms et dont quelques-uns si disparates ! — et les antres, au contraire, d’avoir été un recueil tout grand ouvert, comme une halle, en lequel on finissait par laisser circuler tout le monde.

« Cette critique est aussi équitable que sa contraire. Certes, K toute la poésie contemporaine » n’a pas été contenue dans le Parnasse. Il est facile de citer des noms qu’il est regrettable de ne pas y trouver. Il est également facile d’en citer d’autres — et ce n’est pas une compensation — qu’il est fâcheux d’y rencontrer. Mais il faut considérer avec quelque indulgence les conditions et les difficultés de ce genre de recueils : la perfection n’y est pas plus réalisable qu’en autre chose. »

La grande activité littéraire déployée par M. Xavier de Ricard ne l’empêcha à aucun moment de s’intéresser aux événements politiques qui marquèrent la fin de l’Empire. Un pamphlet qu’il publia en 1870 : Le Patriote français, l’obligea même à fuir en Suisse. A la déclaration de guerre, il revint cependant à Paris et s’engagea au 14e bataillon des mobiles de la Seine. Sous délégué de la Commune au Jardin des Plantes et collaborant à l’Officiel, il dut, après la répression, se réfugier une seconde fois en Suisse.

En 1873, il se fixa à Montpellier et fonda successivement plusieurs journaux : La Commune Libre, L’Autonomie Communale, Montpellier-Journal, Le Midi Républicain (1881), et des sociétés : la Cigale, avec Maurice Faure, et l’Alouette, avec Auguste Fourès et Edmond Thiaudlère.

En 1882, M. Xavier de Ricard se rendit dans l’Amérique du Sud, où, jusqu’en 1885, il fonda successivement les journaux L’Union Française, à Buenos-Ayres ; Le Rio Paraguay, au Paraguay ; Le Sud-Américain, à Rio-de-Janeiro.

En 1885, il revint à Montpellier et devint directeur du Languedoc, journal socialiste ; il se présenta à la députation dans l’Hérault, sans succès, la même année. Depuis, il s’est fixé à Paris. Il est actuellement rédacteur au Figaro [3].

Ses deux volumes de poésies : Les Chants de l’aube, et Ciel, Rue et Foyer, mettentM. Xavier de Ricard au rang des meilleurs poètes contemporains. « Ces deux livres, dit M. Emmanuel des Essarts, pénétrés d’idées humanitaires, expriment, dans une langue mâle et hardie, souvent pleine d’ampleur, les tendances et les aspirations les plus généreuses de notre siècle. Ce poète se rattache à la fois à Leconte de Lisle et à Lamartine pour la solennité du rythme et l’harmonie continue de la phrase. Il s’est distingué par des élans fréquents d’indignation et de passion virile. »

SÉRÉNITÉ


On dirait que ce vent vient de la mer lointaine ;
Sous des nuages blonds l’azur du ciel verdit,
Et, dans l’horizon blême, une brume incertaine
S’amasse à flots épais, se dilate et grandit.

Elle éteint le dernier éclat du soleil pâle
Qui plonge et s’enfouit dans le vague Occident ;
Son front, mélancolique et noirci par le haie,
Cache au fond du ciel gris son diadème ardent.

L’air sonore frissonne, et la Nuit souveraine
Du fond de l’orient se lève lentement ;
Elle monte et s’étend ; sa majesté sereine
D’un immense mystère emplit le firmament.

Sous ses pieds nonchalants, que les ténèbres baignent.
Le sol creux retentit, tremble au loin et frémit ;
Et de rouges éclairs, qui palpitent et saignent,
Crèvent le ciel opaque et pesant qui gémit.

La Nuit rêveuse et douce a ceint sa tête brune
D’un bandeau scintillant parsemé d’yeux ouverts ;
Les rayons d’argent froid, qui tombent de la lune,
Sur ses cheveux de jais plaquent des reflets verts.

Elle allonge ses bras d’où ses voiles noirs pendent
A lents plis, imprégnés des pavots du sommeil,
Et troués de clartés mystiques, qui répandent
Sur l’ébène de l’ombre un or fauve et vermeil.

Et ce vent, qui fraîchit, vient de la mer lointaine ;
La gaze de sa robe a glissé sur les eaux
Et déploie en traînant une odeur incertaine
De sels marins mêlés aux verdeurs des roseaux.

Et les nuages blonds se rembrunissent : l’ombre
Voit, à ses flancs grondants, serpenter des éclairs ;
On dirait d’un vaisseau voguant sur la mer sombre
Avec un bruit confus de canons et de fers.

Courbant, en mugissant, les chênes centenaires,
La Tempête, qui hurle et pleure par moment,

Précipite les lourds chariots des tonnerres
Sur les vastes pavés d’airain du firmament.

Mais que m’importe à moi ce spectacle, ô Nature !
Le voile de l’ennui décolore mes yeux ;
Car je souffre en silence une morne torture
A vivre dans ces temps désenchantés et vieux.

Je sentis quelquefois l’Amour, qui m’accompagne,
Hésiter et pleurer, délaissé par l’Espoir ;
Mon sentier s’obscurcit ; la Nuit, qui monte, gagne
La cime immaculée où je voudrais m’asseoir.

Si je te dis, Nature impassible et sereine :
« Bonne mère ! rends-moi plus puissant et meilleur ! n
Je vois dans tes yeux bleus, éternelle sirène,
Sourire vaguement l’éternelle douleur.

C’est pourquoi, sans amour et sans haine inutile,
Je subirai la vie ainsi qu’il sied aux forts ;
Je serai calme et fier, comme l’arbre immobile
Qui, sous les cieux changeants, croît et vit sans efforts.


(Ciel, Rue et Foyer.)


LA MORT DE ROLLANT


L’auteur suppose que Hugues Capet, qui vient d’être élu roi par les Parisiens, est entré en Champagne pour conquérir cette province contre Asselin, son duc, qui refuse de le reconnaître.

Hugues Capet, égaré dans une foret, y trouve un vieil ermite qui lui donne, pendant un orage, l’hospitalité dans sa grotte, où il s’est retiré. — Tout jeune, il a suivi l’armée do Charlemagne qui revenait d’Espagne, et il a vu le désastre de Roncevaux.

Sur la demande de Hugues, il lui en fait le récit.

Voici donc ce que raconte ce vieil ermite, qui, d’ailleurs, a été trouvère.


LE RÉCIT


A M. G. Walch.


C’était orgueil de vivre en France-La-Louée,
car Dieu l’avait élue et le monde avouée :
et, manifeste en tous ses gestes qu’il dictait,
Dieu s’exprimait par elle — et la Terre écoutait.
Les jeunes d’à présent, vous l’avez appauvrie
de gloires et d’honneurs jusqu’à la ladrerie,

si — qu’à vous observer — nous, les vieux, nous songeons :
la sève du vieux tronc se perd en sauvageons !

Karl, le grand Empereur, s’en revenait d’Espagne :
et, droit contre le ciel, au haut de la montagne,
son beau neveu Rollant planta son pavillon.
L’aube crève : — les preux s’assemblent : Gannelon
dit au grand Karl :
« Rollant, mon beau-fils, est un homme des plus fameux parmi tous ceux que l’on renomme :
si nous voulons rentrer, sans être talonnés
par ces nègres païens, vrais diables incarnés,
à qui pouvons-nous mieux fier l’arrière-garde qu’à Rollant ? »
Or Rollant, très courroucé, regarde son beau-père, chétif dont il se sait haï : « Soit, dit-il, l’Empereur sera tôt obéi ; Gannelon, vous pouvez partir en assurance ; Celui ne perdra rien qui tient la douce France ; nul ne prendra mulet, mule, ni destrier sinon qu’à coups d’épée il les devra payer ! » Et, le tantôt, avec toute sa baronie, la barbe éparse sur sa cuirasse brunie, Karl, angoisseux et triste, a quitté Roncevaux : et la rumeur des pieds, des armes, des chevaux, s’étend autour de nous à plus de quinze lieues !

Les bois de pins sont noirs dans les montagnes bleues :
et les puis sont très hauts, étroits les défilés,
et les vallons profonds de ténèbres comblés.

Nous nous acheminons vers la Terre-Majeure.

Karl sur son grand manteau ’cline la tête : — il pleure :
il se sent en grand deuil pour Rollant ; et tout bas,
il prie :
« O sire Dieu ! ne me le prenez pas !
Ces preux sont fort paillards ; et, très prompts aux querelles,
il effrairait au ciel vos Saints et vos Pucelles :
vieux, il sera plus sage et vaudra moins pour moi
contre mes ennemis et ceux de votre Loi ! »

Nous fûmes très dolents durant cette journée :

tout, à coup, la Gascogne éclate, enluminée,
là-bas, au loin sous des écumes de vapeurs.

Lors, se ramentevant ses fiefs et ses honneurs,
sa dame délaissée ou quelque demoiselle,
nul de nous qui ne pleure au souvenir d’icelle,
et, d’avance, ne rie au plaisir de ses yeux
clairs, et, d’un bon accueil, nous mirant, tout joyeux !
Dévalons !
Au delà de la terre Gascone,
voici la France, ô Franks.
Soudain, chacun s’étonne
tôt se sont arrêtés mules et palefrois :
car, derrière, du fond des défilés étroits,
grossie au formidable écho de mille combes,
tourbillonnante comme un hurlement de trombes,
une clameur sauvage accourt comme un grand vent,
et c’est un vent qui crie et souffre : il est vivant.
Nos cœurs se sont serrés : nous cillons nos paupières :
nos chevaux l’ont senti passer dans leurs crinières.
Ils reniflent, flairant le sol, épouvantés.
Et voici qu’à nos poings nos longs épieux heurtés
balancent les éclairs vibrants de leurs amures,
et que les gonfanons gonflés — sur les murmures
de l’acier et du fer brunoyant au soleil,
sur les hauberts maillés, les heaumes d’or vermeils,
sur les écus lustrés et les claires épées —
font bannoyer, en grand émoi développées,
leurs flammes, pans fleuris rouges, et blancs, et bleus !

Et chacun se regarde avec des pleurs aux yeux.

La clameur se prolonge et s’irrite, affolée
comme le bramement d’une fauve acculée.
Or, sur ses étriers, Karl, debout, s’est dressé ;
il écoute ; — son poil blanchi s’est hérissé.

« Nul cor, sinon le sien, n’aurait si longue haleine !
A l’aide, mes barons, car Rollant est en peine,
et des preux tels que lui n’appellent qu’en mourant ! »

Les grailes, aussitôt, sonnent de rang en rang :
l’Empereur fait crier ses enseignes ; et toute

l’âme du camp attend, angoissée : — elle écoute.
C’est un râle à présent qui sanglote, âpre et long.

Un seul ne pleure point : — et lequel ? — Gannelon !
Les siècles n’ont jamais rien produit qui fût pire.

Tout l’ost a tourné front : — Karl, devant, en grande ire,
chevauche ; et, tous, courbés aux cols de nos chevaux,
dolents et courroucés — par ports, par puis, par vaux,
nous refluons à court, — battu, tout d’une course,
comme un gave grondant, repoussé vers sa source
par l’embâcle de rocs éboulés brusquement :
la terre oscille et fuit en un ébranlement.
Et Karl, nous dominant tous de sa haute taille :
« Dépêchons ! criait-il, nos hommes ont bataille ! »
Ah ! que les puis sont hauts, et ténébreux, et grands !
farouches, les vallons ! rapides, les torrents !
et noirs les bois de pins dans les montagnes bleues !

Le cor souffle vers nous de plus de trente lieues.
Il souffle, par hoquets brisés et haletants.

« Prends pitié de ton preux, sire Dieu qui l’entends !
et vous, grailes, sonnez et devant et derrière ! »
Leur bruit nous enveloppe ainsi qu’une poussière.
Sonnez plus fort ! Sonnez à mort !…

« Holà, Rollant !
Plus vite, mes barons : le grand preux est râlant.
L’haleine de son cor clame toute meurtrie ! »
Et s’arrachant les poils de sa barbe fleurie,
Karl, l’Empereur chenu, se hâte, — et ses barons
se pressent, à sa suite, à coite d’éperons !

O morne chevauchée, effroyable et farouche !

— La flottante lueur du soleil qui se couche
cave les vaux plus creux, dresse les pins plus hauts !

Soudain une rumeur s’élève : — Roncevaux !…

Karl entre le premier au val sombre. — Il s’arrête :
Sur son vieux poil blanchi laisse cliner sa tête :
il appelle ses clercs : il appelle Rollant…
Qui lui répond ?…
Nul bruit… nulle haleine… Néant !
Des morts partout, des morts par tas et par jonchées !

L’ost de Rollant détruite en batailles fauchées !
Pourpres en sont les rocs, et vermeilles les fleurs.
Peu s’en faut que nos yeux ne se fondent en pleurs…
Nos cœurs sont si gonflés de colère et de peines
qu’ils ont failli crever ainsi qu’outres trop pleines.

Du plus haut de ses pics la montagne a croulé :
elle gît tout entière emmi le val comblé :
par vastes éboulis de forêts, ses pinèdes
hérissent ce chaos rocheux de longs fûts raides
écimés par leur chute en énormes épieux,
et, pressés sous ces blocs massifs, vingt mille preux
rendent, en longs filets qui courent par les herbes,
l’âpre sang qui gonflait leurs poitrines superbes ;
et, dans l’ardent couchant déjà mêlé de nuit,
par mares, par ruisseaux, par lacs, tout ce sang luit !
« Seigneurs ! allez le pas, dit Karl, je vous devance :
car, seul, je veux trouver cette belle jouvence
où fleurissaient droiture et vaillance, à foison :
ce mien ami, mon beau neveu, le grand Baron.
Ah ! ma gloire décline et se fait moins hautaine :
j’agonise en la mort d’un si fier capitaine :
les siècles maintenant vont tourner enlaidis :
que Dieu mette ton âme aux fleurs du Paradis,
ami Rollant ! — Dans Aix, il m’en souvient, naguère,
« Bel oncle, si je meurs sur la terre étrangère,
a Qu’on me cherche en avant de vos pairs et des miens, —
« — Dit-il ; — j’aurai le chef tourné vers les païens ;
« Baron, je finirai comme en pleine conquête ! »
Et son brave parler mettait mon cœur en fête ! »

Puis, aussi loin qu’irait un bâton projeté,
Karl, devant tous ses preux, a sur un pui monté !
Ah ! que les puis sont hauts et noirs, et grands les arbres !…
Karl est monté ! — Sur trois perrons, luisant de marbre,
un pin, de l’herbe verte et, dans l’herbe, Rollant
couché sur son épée et sur son olifant,
mains jointes — et son chef est tourné vers l’Espagne.
— Tel gît le grand baron dans la grande montagne,
tranquille, regardant s’enfuir ses ennemis,
et mort en conquérant comme il l’avait promis.
Karl descend de cheval : il court sur l’herbe verte :

son cœur est plein : il prend Rollant à brasse ouverte :
le preux a l’œil plein d’ombre, il a perdu couleur,
et Karl en choit pâmé, tant il a de douleur !

A t’en conter plus long, je perdrais mon haleine :
assez ! — J’avais, voyant cela, quinze ans à peine,
mais, sentant que le siècle allait diminuer,
je jetai là l’armure et me fis besacier,
et, pendant {soixante ans, sans repos, à grand’erre,
j’ai, dans mainte chanson, chanté, par mainte terre,
Karl, le grand Empereur, avec son grand neveu,
et les gestes des Franks qui sont les faits de Dieu.
Puis, lus de souvenirs et courbé d’un grand âge,
je me suis, pour mourir, clos dans cet ermitage.

Voilà ce que je suis, voilà ce que j’étais :
tu me regardes, preux nouvel, et tu te tais.
Ah ! pourquoi Dieu veut-il que les vieux se survivent
tristement, oubliés des jeunes qui les suivent
et raillés pour avoir de l’ombre plein les yeux,
la main droite tremblante et le front tout neigeux !
Béni soit le Seigneur qui t’a mis sur ma route.
Je t’ai conté Rollant à Roncevaux, — écoute !
O successeur de Karl ! nouveau roi couronné !
Sache à quel dur labeur Dieu t’a prédestiné :
il faut venger les Franks sur la race honnie
des hommes d’Aquitaine et de Septimanie :
ils détestent les Franks : ils ont vaincu les Franks.
Nos chevaliers, les plus fameux et les plus grunds,
ont rencontré chez eux d’étranges aventures ;
et tout sonnant de fer et tout tintant d’armures,
ces preux entre les preux furent déconvenus
par ces Romains furtifs, rasés et presque nus.
Ils mouraient — assaillis d’une attaque soudaine
de vils pâtres déchaux vêtus de brune laine,
lestes coureurs, toujours présents, absents toujours,
et qui, traquant nos preux comme ils traquent leurs ours,
à coups de javelots, de flèches et de pierres
tournent en fuite nos batailles les plus fières.
— Les Juifs, les Sarrasins, les Païens, sont mauvais,
certes ; mais cette race est pire : je la hais.

LA GARRIGUE


Puisse ma libre vie être comme la lande
Où, sous l’ampleur du ciel ardent d’un soleil roux,
Les fourrés de kermès et les buissons de houx
Croissent en des senteurs de thym et de lavande.

Que, garrigue escarpée et sauvage, elle ascende
La liberté d’un air fouetté par les courroux
Du mistral, tourmenteur fougueux des arbres fous,
— Puis, dans l’isolement, s’allonge toute grande,

Heureuse de la paix grave des oliviers,
Des parfums de la figue et des micocouliers,
Jaillissant de ses rocs, roussis aux étés fauves

Et — rêvant, avivée au flux du souffle amer,
Sous les horizons fins mouillés de vapeurs mauves,
Regarde s’aplanir dans le lointain — la mer !

  1. Aujourd’hui 23-33.
  2. Il est curieux, à cette distance, de rappeler ceux de ces premiers Parnassiens qui étaient tout à fait inédits, ou presque, c’est-à-dire qui, comme Paul Verlaine et François Coppée, avaient à peine, par-ci, par-là, publié quelques vers. Les voici : José-Maria de Heredia, François Coppée, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Edmond Lepeiletier. » (Xavier De Ricard.)
  3. Au moment de mettre sous presse. nous apprenons que M. Xavier de Ricard vient d’être nommé conservateur du château national d’Azay-le-Rideau, près de Tours.