Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 15/Géométrie transcendante, article 3

GÉOMÉTRIE TRANSCENDANTE.

Constructions approchées du problème de la duplication
du cube ;

Par M. Mayor, de Pétersbourgs.
Communiquée au Rédacteur des Annales par M. Bouvier.
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Les deux constructions du problème de la duplication du cube que j’ai l’honneur de vous transmettre font le sujet d’un opuscule que le hasard a fait tomber entre mes mains, il y a environ un an. L’auteur, qui apparemment fait de la géométrie expérimentale, les donne comme exactes. Bien certain à l’avance qu’elles ne pouvaient l’être, j’ai voulu voir au moins à quel point elles étaient approchées, et j’ai trouvé qu’elles donnaient, en proportion de leur simplicité, une approximation assez satisfaisante pour mériter d’être connues.

Première construction.

Soit (fig. 9) le côté du cube donné, et soit le côté du cube double. Sur comme diamètre, soit décrit une circonférence. Soit mené le diamètre perpendiculaire au premier. Par son extrémité et par le point soit menée une corde se terminant en  ; on aura sensiblement

En effet, on déduit aisément de cette construction et sa véritable valeur devrait être or, on a


donc

c’est-à-dire que ne diffère pas en plus de la véritable longueur du côté du cube double de la moitié d’un centième ; de

Deuxième construction.

Soit encore (fig. 10) le côté du cube donné et le côté du cube double. Sur décrivez un cercle. Portez le rayon de en et de en Tirez la corde sur laquelle du point vous abaisserez la perpendiculaire Portez sur de en Tirez une corde de au milieu de et élevez au point à une perpendiculaire rencontrant cette corde en Menez enfin et se coupant en et vous aurez sensiblement

En effet, on déduit aisément de cette construction

or, on a


donc

d’où l’on voit que la différence en moins de avec la véritable longueur du cube double est environ six fois plus petite que la centième partie de

Si au triple de la dernière valeur approchée de savoir, on ajoute la première et qu’on prenne le quart de la somme on aura qui ne diffère guère que d’un cinquante millième de la véritable longueur du côté du cube double de celui dont le côté est [1].

  1. Ceux de nos lecteurs pour qui ces constructions approchées, dont la première idée paraît due à Viète, peuvent offrir quelque intérêt, trouveront, à la page 245 du VIII.e volume des Annales, quelques rectifications approchées de la circonférence ; ils trouveront aussi, à la page 200 du X.e volume, une construction approchée du problème de la trisection de l’angle, et à la page 242, du même volume, une construction approchée du problème de la duplication du cube.

    La recherche de ces sortes de constructions pourrait, au surplus, être assujettie à des procédés généraux. On sait, en effet, que toute la difficulté des problèmes qui dépendent d’une géométrie élevée tient à ce que les formules qui donnent les valeurs des inconnues renferment des radicaux de degrés plus ou moins élevés, tandis que nous ne savons construire, avec la règle et le compas, que les radicaux du second degré. Tout se réduirait donc à savoir approximativement substituer à ces radicaux des radicaux du second degré, et avec quel degré d’approximation on voudrait. Or, c’est là une chose toujours possible, comme on va le voir.

    Soit la formule

    dans laquelle nous supposons un nombre premier impair et où être un nombre quelconque. Si nous supposons que ce nombre soit grand, nous pourrons poser approximativement

    et disposer ensuite de ce nombre indéterminé de manière que soit une puissance de soit cette puissance, on aura ainsi

    qui se construira sans d’autre difficulté que la longueur des opérations.

    Si l’on a, par exemple, comme dans la duplication du cube,

    en prenant et les signes inférieurs ; à l’exposant on pourra substituer qui n’en diffère que de , et l’on aura ainsi sensiblement

    valeur facile à construire ; mais un heureux hasard sert souvent beaucoup mieux que les méthodes générales.

    J. D. G.